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NOUVEAU VOYAGE d'un Pais plus grand que LtEUROPE Avec des entreprifcs du Sieur delaSalle, fur lesMines de St. Barbe,&c. de IaCute.de ..... es txprelliTes.des m<rur. et manieres de nne de. Sauvages du Nord. & du Sud, de la priCe de Q!lebec Ville Clpital- lede 1& Nouvelle France. par les Anglois. & des anntage. qu'on peut retirer du chemin recourci de la Chine & 4u Japon. plr Ie moien de tlot de Vafte. (onm'e., & de Nouvelles Colonies. At·t( "pproblttion C7 dtJit A [4 GUILLAUME III. RDJ de 14 gr"l1dt BRETAGNE PAR LE It. P. LOU ISH E N }II E PIN. Millionaire Recolle<'l & Noca:rc ApoRoliquc. A UTRECHT, Chez EllNE.S TUS VOSKUYL, lmprimeur 1698.

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LtEUROPE Avec les~Ac:dions des entreprifcs du Sieur
delaSalle, fur lesMines de St. Barbe,&c.
Enric~i de IaCute.de ..... es txprelliTes.des m<rur. et manieres de nne de. Sauvages du Nord. & du Sud, de la priCe de Q!lebec Ville Clpital­ lede 1& Nouvelle France. par les Anglois. & des anntage. qu'on peut retirer du chemin recourci de la Chine & 4u Japon. plr Ie moien de tlot de Vafte. (onm'e., & de Nouvelles Colonies.
At·t( "pproblttion C7 dtJit A [4 .Jf"jt~t
GUILLAUME III. RDJ de 14 gr"l1dt
BRETAGNE PAR LE
It. P. LOU ISH E N }II E PIN. Millionaire Recolle<'l & Noca:rc ApoRoliquc.
A UTRECHT, Chez EllNE.S TUS VOSKUYL,
lmprimeur 1698.
De la grande
SIRE.
r5?1 '~.~~:~ Tant venu par "'-. '", '" i a ~V2fJ Votre lVCU , par ~~ [~ " la permj{]]on .(~C (j~t~I..,." mon Roi de fon , Altdfe EleCtorale de Bavie­ re, & de mes Superieurs dans ces heureu(es Provin­ ces de Hollande, pour y trayailler a la publicatioh de notre grande Decouver.: te , j'ofe efperer que V (Jtre
* 2 ?,-.L1.
EPITRE Majeae m'aiant fait l,hon- neur d'en recevoir Ie pre­ mier livre, Elle aura enco­ l"e la home d' aggreer cc fe­ eond volume, que je prens la liberte de Lui prdenter.
J'y parle du V oiage d'un homme) que j'ai accolTI­ pagne pendant plufieurs Annees dans l' Amerique) & dont Ia mort precipitee, par la fureu! de irs proprc£ /01- dats, fit ccholiel" lcs gramh de/reins, qu'il avoit tllr Ie:> Mines de Sainte Barbc)Jans Ie Nouveau Mexique. Les obfervations, que je fais fur ce d~rnicl" V oiage, fc-
ront
OED I CAT 0 IRE" ront connoitre a la Pofreri­ te , qu'il ne faut jamais etre ingrat a fes Amis, & qu'J l'imitation de V6tre Maje­ tte, il ne faut jamais fe van­ ger de 1~s ennemis, qU'au­ rant que cela regarde Ie bien public, qui doit toujours l'emporter fur l'interell: particulier: c' ellIa auffi , ce qui fait Ie CaraCtere de V 0- tre tres-illufire· !\1aifon de N affau, qui a ~te autrefois fur Ie Throne de I'Empire Romain, dont Vous pour­ fuivezies triomphes dans Ie Champ d"honneur & de la gloire, & que nous voions
* 3 au-
EPITRE aujourdhui revetue du Sou­ verain pouvoir , fur trois grands Roiaumes dans la Perfonne de V atre ~1ajdl:e.
Sire il paroit a tout 1 'U ni­ vers) que la nature, & la grace ont heureufement concouru pour reunir ) dans V otre Perfonne Roiale ) l'i­ dee des vertus Chretienncs , Politiques, & Militaires de Vos Ancdtres: cettc gran- d '1' I e e evatlOn} & cctte etcn- due de Genie univerit:l, qui ne fait rien paroitrc que J~ tres - noble; cc creur ma­ gnifique & liberal, {i Jigne de la nai{fancc de "\ -otrc
j\ 1~-
QED I CAT 0 IRE. Majdh~: cette humeur touJours bicn-faifantc ,m~­ me.a Vos propres ennemii ) eet abord facile & aile, cet­ te grandeur d'ame dan~ tous les changemens de ]a fortune, ou, Sire, V ous na­ aycz ere foutenu que pat V otre grande magnanimi­ te; vaillant) ju£tc, equita­ bl~, droit, ennerni du de­ guifernent, toujOllIs egal a V ous rneme dans la profpe­ ritc & dans l'ad\'er1ire; UD
creur plein de piere ,toujours Superieur en courage & re­ {olution. ~alitl z domi­ nantei qui ont fait l'ame de
* 4 II
EPITRE 1a conduite de V otrc MaJc­ £te,pour Ie bien public, de­ puis rage de vingt deux a vingt trois Ans, que Vous fiftes, Grand Prin­ ce, ,V os premiers coup" d'e{fais dans les ArmeLs, re­ tirant ciu joug en·anger ce~ Puiffants Etats dcHollande, en donnant par tout des nurl1ues de V one Valeur,& du dicernement du plus 111- bile Capitaine General de notre Seide, paroilfant des lors, comme un Arbrc charge de fruits au prin­ temps) qui promettoit a­ bo.odance de fruits dans l' Automnc. Ja-
D E DIe A T 0 IRE. Jamais Prince n'a mieux
(~u adoucir l'humcur de Nations dift~rcntcs, mena­ ger leurs interefis, cc1airer leurs deffeins J difliper leurs faCtions, fixer l'inflabilitc des e~'rits remuans, leur imprimer tout enlemble r .1mour & 1a crainte, 1'0- beiffance & Ie re1petl: J en lorte que qui que ce foit,du­ rant la pretence & l'Jbfence de V 6tre Majette, n';l oze f.lire de rupture avec fes fu­ jets, quelques follicitations que leur en aient faites vos redoutables ennemis.
Tous ces .l\,antages font * 5 :tr-
EPITRE arrivez) Sire, {~ms qu'il y ait eu du f~1Ilg rdpandu parmi les peuples de V otre Domination; mais tout c(­ Ii par V otre ieule adrd1c J
V otre vigilance, Vos Soins J
& par les grandes bcncdi­ t'tions que Dieu a donnees a la droiturc de Vos Inten­ tions ~ iJ {cule gloirc aiam ~te Ie mobile dominant de V otre conduite judicieufe , &'l'ame deVos actions,dans un desinterdlcmem padlit de VOUS memes. Dicu n'a pas pcrmis, Sire, qU'unc conduitdi jufl:e, fi cgale & tranquilc) flh obicllrric de
n.l1-
DE Die A T 0 IRE. niiage~, par Irs mauvais deffeins des pedonnes tres­ mal intenOtionccs , mais leu­ Iement que pour etablir plus iolidement Ie merite de V os Vertus eclatantes , pour rdever V otrc Gloire d'un nOliveau lufire , & fai­ re eclater Ies temoignages publics d'approbations,que tous Ies Hams Allicz ont rcndus a V otreSageffc;cnfin pour referver a v otre Maje­ fie) la plus grande partie de la gIoire de lauver l'Eu­ rope de 1a ruine, dans lcs guerres prcientes, apres J­
voir hcureuiement contri- * 6 hue
ItPITRE hue a la difpofition d'un~ paix perdurable, dont tout
.Ie monde aura l'obligation a v otre Majdte.
V otre Gloire, Sire) eft dans un fi grand eclat, que Vos ennemis ne pourront jamais l·oblcurcir. On voir tous les Ans Vorre Majd1:e ala tcte de Ses Armees, & de cdies des autres Poten­ tat~ Vos Alliez , travailler a la libettc de l'Europe, que l'on vOlldwit opprimer. Vous con{erycz cette heu­ reufe intelligence, qui fait la force de leur grande, de leur longue & de leur rare
Union.
D E DIe AT 0 I It E. Union ~ & qui {era un jour la (aufe de la confervation de tant de Pals, que l'on vell[ mettl'e fous Ie -joug. V6treSageffe pareillc a celIe de C~far, Vorre Valcur,qui furpaffe celIe d' Alexandre J
& cett@ ra~e Prudent:~"SireJ par laquelle comme un au­ tre Anibal, Vous conduifez ces grandes Armees) d'une maniere admirable, {ou­ tiennent ce concert avec gloire, & Ie feront reiilIir heureufernent pour la tran­ quillite de· l'furopc acca­ blee·.
Sire, la Providence, qui * 7 gou-
[PITRE gouverne ru nivers, & qui entretient l'ordre & la beau­ te de ce grand Monde,mal­ gre les changemens & re­ volutions, qui en alterent continuellement la face) a fufcite V otre Ma j dle pour ceU,qu'Elle L'a mife a la te­ tc de trois pui!ra~s Roiau­ mes, ahn qU'en travaillant a,u bien de YOS {ujets, V otre Majefh: peut au mcmc temps procurer la fdicitc de l'Europe, & ddiner ks peuples oc cette fanglante & fundh: guerre.
Jc denillnde pJr20n a v otre Majdl:e rJ Sire fi J" C
" , , ;0.; me
D E Die A T 0 IRE. me plains ici dcvant Elle de quelques particulicrs de cette Ville, c..lui bien llue de meme Religion que rnoi, en apparence, travaillcnt a me rendre odieux , & a me decrier parmi les fimples, fous Ie prctexte 1pecieux, qu'un Rellgieux de Saint F ran~ois , fait im primer deux Volumes dans cette Ville, dediez a v 6tre Maje­ fie, de l'hifioire de la gran­ de Decouverte,que f ai [aite dans l'Arnerique Septen­ trionale.
Je p'y travaille pourtant que par l'approbation de
v ,, 0-
EPITK~
Votre Majette, & la per­ milTlon des Hauts & Puif­ fans t-_ tats de cette Provin­ ce. Ainfi ces gens ne refpe­ aem pas, cornme ils doi­ vent, l' authorite {acn~e de V crre Majdh~, & b prote­ Ction, qU'Elle a eu la bonte de m'accordcr, non plus que l'honncur , quc nos Sei­ gneurs des Etats.m'ont fait.
el'S pedonnes pafIionnt!­ ment attach~cs a leurs intc-
~ . . ret:~, reconnoltront un Jour Iffir erreur. Je n·Ji point d' au.tre but en tout ce que j c fatS, que la gloire de Dieu , & que d'aller reconnoitre,
fous
D E DIe A TO f R E. fous Ies ortires de V otre~la­ jefi:e J Ie pa£1age de la Chi­ ne & du Japcl1 tant recher­ che parIes Anglois & Hol­ bndois) par la Mer Gla­ ciale, ahn d'cviter deux fois la Ligne Equinoetiale, qui caufe tant de peine & de detour. Je1pere, Sire, que j'y pourrai travailler, & je iuis moralement a£lure, qu' avec la grace de Dieu,on en viendra a bout, avant la fin de ce Siecle, par Ie rnoien de notre Decouverte.
Par la rn~me voie, C;ire,le nom du vray Dieu {era con­ nu, a une jnfinite de N a­
tions,
EPITKE (lOllS) jufques a prefent in­ connues de nos I:.uropeens; & comme Ie Fils de Dieu a predit,que fon Saint Evan­ gilc feroit preche dans tout I'll nivers, la piete des £1- deles , ':l' elt toufiours accrue & intereiTee dans l'accom­ pliffement de ceue Prophe­ tie,a l'eg:ud des Peuples & des Nations bacbares.
Permettez done, Sire, que je faffe connoitre a tout l'Univers , que Dieu a re­ [erve auxSoins de V otreMa­ jefre} I.a gloire de faire por­ ter ie flambeau du meme Euangile, dans taGt de palos
de
D E DIe A TO IRE. de notre Decouverre, qui lont encore dans Ies tenc­ bres de hgnor ance) je m'­ dbmerois heurellx, par une li hellreule rencontre) de pouvoir moi meme travail­ ler a I'infhucbon de tant de Nations aveugl~es, en leur donnant connoiffance de la Verite.
Ces Peuples (ans nom­ bre) Sire, 1e feroient une joie, extreme de fe foumet­ rre a l'Empire de V 6tre :Ma­ jette, dont ils tireroient tant d'avantages; on Irs verroit fideles & obeiiTans,penetrez de reconnoiffance & d'a-
mour,
EPITRE mouf, pour un Monarque fi gralxi, fi genereux, & (i cher a ies fujets. Us fe ver­ roient au rneme temps heu­ reufement amenez a 1a Ju­ miere de l'Euangile ) & tant de Nations qui om ctees jl1f­ ques a prefent, privees de 1a paroJle d'un Homme­ Dieu, Ie reconnoitront l l'a ven ir pour leur Som'c­ rain Juge des vivants & des morts dans Ie Ciel, & V 0- tre Ma ,eite auroit la fatis­ fattion de voir Son Nom Auguite revere, dans tont ce nouveau Monde fur la Terre.
Je
D E DIe A T 0 IRE. Je prie Ie Ciel,Sire,qui a(­
compagne par tout 13. Jufii­ ce de V cs Crandcs Attions, qu'il lui plai[e d'accordcr toujours d 'heureux fucces aux entrepriles gloricllles de V bere !\'idjefie,& de con­ fen-erVacre PedonneRoia­ Ie dans b pourfuitc & la de­ fenfe des interez, qu'Elle prend a ccrur, de mon Roi tres-Cacholique, & de tous fes Augufies Alliez, Four It:: bonheur de [es fUlets, & de tou~e I'Europe opprimee.) par cette guerre fatalle.
Ce font les V crux, que je fais continuel1ement du
plus
E PIT RED E 0 I C. plus profond de mon creur : rna plus grande palTlon c­ tant d'adorer mon Dieu), & de continuer ardemment a rendre mes humbles lervi­ cesa V6treMalefic; j'exe­ cmeray toujours hdelemen[ Ies Ordres) qu'fIle aura la bome de me f1ii·c donner) & en reconnoiih,;.:.:e je bif: fe certe nL'!"(~l~Jl' pliblil1ue du plus profonJ & inviola­ ~l~ re~1tct avec leque1 je lUIS.
SIRE, De V otre Majdl:e , Le tres·humble. tres obeifI"ant •
& Ires !idcle Scrviteur
.'''\,(Irc Apofiolique.
PREF AC E.
D: .<.-<- - L In"oit i11fft.ilt' dl! vOllloir ",1"- •.. rngager Ie Lenttn' p41'
- . ,mr p'"ifau itudiit en rd­ . ,0 "UNfP" d~ rt 'volume, qflt jt
Aomu ir; tlf{ pttblir: C(lil/liit' fa '/.'tntl tjt tAme i~ fa prope fjrma de la De[cnption des rJoU"l./ellu De'cotf­ dnus, a troiflt:me Tome que je If?iffe des 1memm.1 fa f'ojientr~ ,i'a pas bifoin d' etl e [outentt & tllltbo­
r~ri par 1111 atftre mdroit : Itt 11011·
veatttl 0' d,ver(itl ont Imr tlt­
trait, qtlfJique ,ltms tme Bar"barie fjNi ,,'fjf pas enctJr pollde: Ie plan tit prls de dettx emts Rattans tlif: fWtnt~s m '{n'g 11 e s , ( dontl ai fait mmtlo'l dAns Wl Difcnptton ae fa Louitianc, dtlnsftn' (ecor.d -& ce l'ffJijieme Volume, que nlJUS avons Jt{fHlVf1"tS, &- parC01~rttS avtc /, S'it1fY R~"l Otvr/ier 'de 14 S' "lIe',-
ttl
ritflx quelque forte d' agreement. , Mais devant que de Jattsfalre ~
tOflt ce qu'on a pH objetter lies .1'-. vres que j' a; donni at.t publIc. fill troll/vi bOn de donner avis ·a14 Le­ £leur des approbations IU;Vtintts tIes Religittlx de mon ordre, dum je retiens les ortginaux.
Je IouJini cert~{ie avoir leu & examine' un livre iN/itt/lila De. fcriptiou de la Louifiane uOfrvel/e­ mlnt DIcON1Jerte au Jud-Outji dt la NtnLveUe France,a'!.'£( les 'lnt£UH
-des r auv"IP tht mhne Pills; com.. pof'parie R.P. Louis Hennepin, Prtdl&4teur Rteolle8, & MijJlIJ.., nllire fip8ftolitfttt,;, & n'1' It.'VfJit rtmremtt"qut tie cmtraire ~ 14 ftJit c," tIll'! bMtnts mlE1lrf;mttiJ f(1"il tfl rtmph de pl1tJietlrs rejkfJinI b
fIIdT-
PRE rAe E.
marques tJ'U utiits, tant POttt" tra­ vailler" fa Convnji07J des S'.l1r,':if­ ges, quO att bun meme de /' Et at & at4 Roiatlmt. Ftut en notre COII­
'Vent des Recol/eEls de Paris, ce 13· Decembre I 681 .
** &
p It [. F ACE.
& Romaine, dUX LOIX dtt ROldfl­ me & aux bonnes mteurs, mais tie plus, qui donne des grandes /u­ mieres p01lr Itab/If fa fOI de JeJIIS Chrifl darts ce Nouveau Moude, & pour ltendre r t.mpire de rJotre In­ vincible lvlonarqlle dans 111'1 /! id"d pais, abondant en touttes fortes de biens. Ffllt CiJ not7'e COlic'lilt des RecolleEls de St. GCl'mam C1I La)'e ce 1+. Dccembre 168 ~ . &- Ji'g,lIc.
F, Innocent 0.ltcllIlr, De­ finireur l~(<; Recoiled, de la Province de St. Denis en France, & Commd:" Caire General en b Pro­ vince dc, Recollects de St. Anthoine en Artois.
I. Je fills perfil/Ide' qtt't/ ya bim des gens de notre Religion Romaine jalotlx de 'tIJ01J boniJeur,olt tl'C"("CIIlfS
de
PRE.FACE.
de pa'/!iorl ,qui "'t/vaillmf a me rm­ Jre odiettx, &- ,f muJicne'f par­ mi les jimpks,f01IS fltl ptwexte JPe­ (lCII.\·, qu'lln Reltgieflx de S tTi1lt
FT'an;o/J fltlhaite, qu'tln Roi po­ tefta1lt lUI faciltu la pomlllgatiort de r £<l.:angile, dans tant de'vafles Contrles ae nos Decouvertes; II m' eft facile de eon'vainere ees purl's momenes; as Critiq1fes Jfavent, que tOfftes les ehofe! ont det/x foces, 6~ qlf 'Oll les tourne eOJlJ1I1e l' on "'e'Cilt, mals pewvmt tls t'J! con{cien­ ee bl.1mer les PlIiffances les plfts Sa­ crees de l' ENrope, qui aglJrent & 't'l'7.:mt de concert poltr Ie bIen de leurs Etats, a"''''·ec Gmla1fme III Roi de la grande Bretagne; & qlland bien meme fa MapJle Bri­ tann/que etendrIJ/t ps Afonar­ chies, parmi tant de Plations Ear­ bares, n' eft il pas plus j1ifle quO 11ne infinite de Pettples, aient fa
'*' * 2 q"([-
PRE F ACE.
qualiti de Chretien, rtle aile d'etre fans fOt ,fans Lozx V fans Dzeu? ces Crttlques de'L'rolmt etre blm aifls, q1fe par fa comzoljJallce, que je donne de nos grandes peco~t'L'cr­ tes,. ta NatIOn flllg!OI/C J o· des Provinces [-mes 'L'temicnt ,1 re:i­ rer de l' Atheifme tant de Bm'bares enft'L'ellS dans les teneh-res de l'tgrlo­ rance , 6~ {cT.'X, qui me cenfllrmt, ici,ne jouijJcnt ITs pas de fa fIber! ( de notre ReligiOil ,(ous les bons ,0'1,::­ firs de Ci:il,l/iijj,'III Rot d>:J/(Jt>­ terre? de l' {ZI.'C!I dill/lie! /(' 1/'0 ( de conttibuer .1l'c.\·/(;l;':;/i/ d;IR(,I,:;'mc
de Jef1l5 C'-'i~/f;i paJprois d'tIll­ lews , po;//' 1II,~j"flt, ji je ne 1'1'­
COJJnoif{otS ce grand Alofltlrqlle des Anglo!s, qlll 11'£115 om (flit t {mt d'hon~Jrjlete~', 0'-- de! . 1~!/;lS ji aVanltlgeux tI 110S MIOllllllltJ"t'S Re­ collects dans l' Amerique, (omme le Leffmr pC:1I" '7 r~flechir fill' La fin de ce mien 'volume; W 'In/lot:
pREFACE.
mon Rui tres-Cf1!holiqtIC, (on Al­ tejJe Ele[loralle de Ril'I.'!C1': , Ie (Oll­
ftntement par lent des 5' upn'leurs de ·mon o,-dre) I'inugriti de ma t~; & fobJtrvtmce Regtllin'e de mes Vtrtlx,qtle fa iVajejll B1'Itormiqut me 101/Te,Jon! les met/leurs garands de la (JrOtture de mes intentions, 6- qui me mettront A l' alny de mer per­ ficuteurs & injufles CmjCars.
2. II J en a qui ne petl'l;ent bien compt'endre , comme j' ai ptt (airt tllnt de chemin, en ji pete de temps, Ie long til! Fleuve AfeJeh.1Ipi) mais ils ne Havent pas) qu' on peut ,a'l/ec JesCanots d'icorce,(aire den o.:Z) • 4 30, lielles tous lei jours, a force t/'avirons, & meme davantage, quand on fi fint prejJez;&quand bien mt11Jt nous n'eu.f!ions f'fit,,, trois que nous hions , que dix lieiies chaque jottrnie ; en trente j01lrs , 1I(JUS pOtlvions aif/ment faire trois
** ~ cents
pRE F ACE,
cents lieites, Et pent/ant les temps, que r/01lS a'L'OllS emplo),ez de~lI~s La Rhiere des IlllllOlS,Jl11t1es ,t I em­ bouchure de Mefchalipi dans Ie S' ein de Mexiqlie, ji nous a'L'I01lS 'L'odtt faire ,plus grande diligence en Ca1lot, notlS euljions pu /lure le chemin deux fois,
3' It Y a des gens parficuliers peu Chretiens, qui ont conJjml ma rllhJe pour quelques interez fordi­ des pretendus, par ce 9ue je leur dOr/nois de l' ombr tlg e, V' pour m' empecher de faire imp,.i"!" mes Decotl'venes, t!.r ont tlit, 011 fai­ re dire ames Libraires d' l' trecht, que tOtU ce que je lettr domlois .1 im­ primer, n' ctoit qu'tlne repulfloll de ltl Defcriptioll de 110m Louifi;.l­ ne, & q1t'zls t1J (t'L'oimt 've11 tme tradttEfion Flamar/de; ces gens Paffion~zfoHt dignes de compa! /iOtt, 0' dlgnes de blames; mais II
~fl
PRE F ACE.
cfl tll(~' de (airt (01l1/Oltre leNt'S im­ pol/in'es; "commmt eft ce, que de mon pHmie1' Li'L'1'C de fa Loui­ {iane, qUI ((llIOlt> en 19. V1f 20,
Fa'IfIJles d'lmj»'~t7i(lIl, faufois ptt f(111"e deff.\' aUfres Volumes, chaClm de 20, tl ~ ~, [(Tfl//!CS, comme It plit'oit 'C ''.fib/ement? Le premier a)'tInt eU dedI! au Roi de France, & mes aeu; .. : autres derr:iers 4 G Itll/Otlme I I I R 01 ae la grande BrttagrJe? Franchement il jaNt aVfii,. tm front d' ainn, potlr en faire ai1ifi acc1'oi,.e aux gens, It eft n,,1'~)' que j'ai fllit mention de ma Louifiane dans mes detlx dernie7's Volumes, ne pouvant pas m' en diffJf.njer, les PUlffances qui m' ont emploil, l'ont ainji fluhtlltl, & ceIa dolt flljfir; mais ces Calom­ niateurs par fa fupprejJion de mon oU'i;rage, ne b1lfoient q1t' a me de­ b1~rqlle7' J' U [rec h t; mais as 1m-
*' * 4- po-
pRE F ACE. pojletfrs ne me :montferon~jamair dans ma Louifiane, la Decouver­ te, que j' aifaite dept/Is l' etn.botlchu­ re de la Rh'zere des IllmOls fur Ie Mefchalipi, jtlfqtt'att Sein, de Afexiqtte, ni Ie Voiage de }./!J4mr de fa Salle, q"e j' at infer!, avec mes refie8ions dans mes deux der­ niels Volumes, avec d'mltres. ad­ ditions de mes memoires {onjidera­ bles,q1fe je n' avo;s point encor mi­ fes en fllmieres, q1fand bien m~me j' at/rois fait parottre en partie ma
. Louiliinc dalls mps deux dernierr Tomes; c'eft mon o1t'vrage~· /m peux, ¢- len dois faire mention, p01lr fatre COn1Wltre mes Dlcou­ v~tes entitres j ce n' eft pas Ie pre­ mitt' Amherlr, qui am'oit fait p/'IIJieurs editions d' un premier li­ vr~, & qui yauro;t fait en fUlte adJouterdes memoires, qu'il au­ rOlf obmiftr ex pres ,comme je rat
fait
PRE F A C E. ['lit eflHh1:tment dt11lS mrs dettx orr'mers Volumes , que je dedie d fin Roi, 1 qui on ne fatt poirlt a(­ cfoire, comme as ifprits d'ara;. gnlrs font (/f(:<.:fimples, qttiJont Otfppts de as Critiques, & 1~( quels n' aiant jomaisfOlt d'tlmons en lettr vie que (ort COmmll1Jes,(ont (ac/Jez fJ1!tlnd d' ofitHS font q'uelqi,e cbofe (I'ext,-aOl dmmre (Ol1 t re leur fen­ timent,.emplifou'l.:ent de baJfeJfes.
+-' 11,1' 0 1In Jftlrc'(l1Jt ('nt/qlle pafNlt!rti , qm 0 t{t rejlechi (if I' Ie temps d'em.:;ron ortze ./ins Ie ma Dlcof("urtr, mtllS tl ne 'L'oit pas que je compte fotlfes les allies & 'L'enues, q"e fai faites, 6- les [ej011rs partrmlten, que fill etl obltgl de fatre, fl'L'tmt que dU:ller fme conn01jJance parraite att public de nOJ grands VOtages, ji vr 'rt q'l' en (('mptont t, Annie 167+- d" mOll depart immedlotement oprls la
** , B;:-
PREFACE.
Bataillt de Senef I 014 je rRr rU,iJ troHvi [ouvent expofe' aux penis de Ja vie. ju(ques a I' Annee ~e, Iii. feconde edition de ma 'De{crtptzon de la Loui {jane, qui Jut m 1688. par wte rupputatiorJ, fliuroi! ;ri oeetep! dans mes Iravtlux de J ola­ ges, C:5 Ii foire imprirtur mrs 'De­ cottvertes, pendant qlJin<;;;e Am , qui fairoimt quatlf Ans da· vantage, que les 011<;;;e Ans, qtU j'.1 i j(lil (on1Joitre au pltblic ~ (.!!
{omme ton dit: la critique du nommeTcali.!,er n'ejl pas !otgours [ellre, f::J il'Y a fort peu d' AUI!Jet4rS, fJNi n'aient tOfUOflY1 que/qut's bou,.. rlls Critiques; fat b,m trouve des f/pritr (:J des btlrllf1lrs. plus criti­ 'JUfS dam Wte Ville d"Vtrecbt, qui (lnt tacbez, f5 qui COltlillumt de m' abimer s ';Is potl'voient, Ct'S der­ niers rlU [ont plfls l'ernilieux qut CtI bomme de It/lre, qNi eft dijlm-
J!,1Ii
PREFACE.
gill par Its ml'rites particttlirrs, (!J qlli p~r homu{tttt 1l'a} " rien die, en particulifre conj~rmce,qlle j' ai ell avec lui.
,. II (e trouvme encore d'au­ tres Critlqllt'S fort /Joltrrtls. ql~i di­ Irlll que purim lesf (wvages,( II Fai ell, que c,'S BarvtJres lIOimnent,en leur langlu , ie r o/til par ie nom de Louis, :'<! que fai dit a/a expres pvur Flatter Ie Roi de France;eom­ "u (i Louis I + 1/ avoil point ti' l1itl;'t'~' parJfgirijtes, (!f l1t!endoit 1I.~I(,S moi, pour eet e'logej it r/y a poiut de plus beau pall[j/fiqllc des grands bommrs, qztt It:!u s adiom ; &equi j'aidit,je/treiterr, (.'1,-/­ lant parmi les IfJati .-~ NodllcjJans, dont j'ai eli fait Eli.iavt dam L' Amerique, J'un des Cheft dej­ quels J tJommt /i quipaguetin, qui tn' avoil adopt! pOllr I i)1J fi!s, pen­ dlJnt Ie Jejour, que j'at fait a'iJec
." 6 Itli
PRE F ACE.
lui ~ parmi us Earbare! • f Ou!' apprendr,- /enr langue; )amalS !t ne tes ai entendu parkr dt~ Soletl, que par t'exprejJion du mot de Lot~is; it eft 'Uray que as S au'Ua­ ges 11fJmmetlt auUi la Lune Louis. mais ils font eette diflinaion, qu' ils appel/ent La L1Inf Louis balat­ che. qui 'Ueut dire m irur idio1lJ( • Ie 1'olel/ qui paroit pendant la nuit, (z ces Critiqrm ne me eraimt pas ,ie pourai dire d'eux avec I' Apo/tre.­ quod ignorant, blafphemant. qu'iis blafphement ce, donr its 10nt ignorans.
6. '1YIlutres non moins Criti. ques, n'lliant plus rim ti dire de mo? prem~er Yolume que j'lIi de­ dI( a GfuilJume I II. Roi de ttl J{rande Br(/~~ne , apres tout di{ent Ils:!e Pere Hennepin ne dit rim d' txtrllordinaire dans {MJ livre, as peCOrfsdubon'Dieu {errndent ri-
di-
PRE F ACE. aiClllts ~ dignes de mepris, peut on rim dirt tIe plus o.:traordinaire, que de faire mentl01J comme je Jais, de _,.. a f. LafS, qui Jont de 3. de of. de s· ~ tun de 700. lieiiu dt cirwit, que "OtIS pONVO'JS apprller dt's t5Jlers dou(fs , ~ ou. jamllis N avirr .,/ a pam. que ctlui de 00- Tonneau;;;;, que nous y aVDrJs (01#­
ftruit ,'-!J avec lequrl ,JOus tlvons na­ vigez de Lac en Lacs. plus de {inq unts lieues de chemi". avec ad­ miration de taus les 5' tluvages de ce grllnd (omment , qui 1Jf pouvoicnt fomprrndre ce Fort ambulant) d' line lV ation Ii "autre, f!J quand its tntmdoirnt Ie br';t du t anon que notiS y 4vions conallit, ers Bar­ bares eri"ienl que Ie tor-naire les .lJoiem abimer? pmt 01# rien de pltls extraordinaire, q1U Ie J!,rand Sault de NIagara? que j',li de­ rrie, <:! qui ejt la plus grande (:f
* * 7 III
PRE F ACE.
la plus prodigiellfe CaJcaJe O?J eheu­ te (J'eau de r[Tllrvers. I ('If que eette (:'aJcade '1'lnt! a tomber d'tme hauteur de 6, a 7. cents pieds, & provient de cesgrartds Lacs qui/or­ mellt ie grand Flettve de ft. Lau­ rent? P cut ort rtm de pl1fs extra or­ dinaire que de dfcrJlt' 1m pais, que n01ls avOtlS decouvert, qf{; eft plus grand que [Europe, 6 re11Jpli de pltu de Jet/x COlts Xat/(ms de Itnl­ g1!es dijferentes? c> dOtltja11Jats hJ­ florien n'd (ait mention devant mOl, & quefimat's tJ.1Icttnes Carles, 11} mappes-mondes, n'0111 fait C0111101-
tre OJ! p1tblzc, Q1t'apre's mOl? res CritiqNes (;,01011 ti1lm.\' d'ddtlli­ t'ff ce q'll'I/.1 n,' pO'1.'fnl Pllf eotn­ prendre, & d' adurer parle Ji'len­ (ue,tfue letldangf.tOi~/1 pM capa­ ble d ~,\'pfl~/er par Ie d~(cOflf, par ce qllzls n ont .1rlltt.l IS rien 'l.)etI,
'file de (omrmm & qtte quelques (oms de pat-s bornl. Lu
PREFACE. 7. us hommes d'un petit g~­
nie, 6~ q~i [om peu 'l.:etftZ dans fa COnllOlJJance des pais (trfmgcfs , om aecouNlml de bldmet',ce qU'lls 11~ peuvmt c,mpreNtit'e. lis s'imagi­ nent f.j1{un j£ ill()([11t d'eux , qtumd tmfelfT' parle d'iln pais pitts !],1'f111d que [Europe, par ce qH'ifs 'He fe ]iguffHt rim de pIllS itmdu, que eette paHte du mOl1de, dans laquefk ifs habltmt. lis ont meme accott­ t1!mi de fl"ep1'~(cnter Ie Canada comme 1m palS rmfe1'mi dam les bornes itrOltes de fa jlm'petite par­ tie de t Amerique.
Ccux, qm b(cnt les Relations de drvers Voiaies, q1l' (jn a fait! dans les tliver[es parties du monde, pottr les deeotJVrlf, font per(uadez au contraire. On ifait done au­ jo-urdhuy qu'il It) a rim de plus fatex que ce prej1!gl J'ai fait 'J..,ftir £1J effit par /e Y oluJlle prece-
dent
PRE F ACE. dent. que fay publii. que Ie Ca­ nada par exemple comp~.erJd p/~ de (ept cenls lieiies de paIs • ~epulf t'Ijle percle ~ la grande Bale. en "emontant Ie rr,rand Fieu'Ve StLau­ rent.1' at flit ce II oiage jtljques Ii (tz [ource.~ j'ai recorm1l, qU:it.ft forme de plujieurs ,~rande; Rlvle­ res. (!J des fUI rtImliontz cinq grands Lacs, ou Mers dou.-es, trrque!s nous avons parcotlrlfJ en Navires, 011 en Canots d'e(orce , comme on peut Ie voir daNs Its Cartes que notes avons dIJHl/tc')"
Je pllis dire ItL mrme cbofe de f if1comparable Fief/vI' v1lefCba/lpi. Ilque! e/I encore de plus grande (_ lendeue, que ce/ui de St. Laurent.' 'J'ai mis auffi dans laearre fimera­ Ie de ma Vecouverlt I~ f!."and F/~u'Ve des 0111azones , que I'on 'VOlt all de/a de L1~ne lquir/Ofila/e dans t> Amerique mendiunate J ce-
pm.-
PRE F ACE. pendant je tie Ie crois 1Ii ,Ii grand. ni fi etendu que Ie MefLbaJipi, it n'ejl pas m(me d'U'Je at1.figrande {orce que Ie Fleuvt de Saint Lau­ rent. Larai(on e1J eft , qu'd coti de us deux Fleuves or; trollve des Vajles Provinces habitles par pltM de deux cents N alions de lan­ gttes difJermus, Totlt aid me fait condure, que Ie paj's de terre fi-r­ me, que i' ai nouvellement "De­ couvert, eft beaucollp plus gra'Jd que toute I'Enrope en(emble. ~ qu'en effit on y pouroit former les pills f/ ajles EmpIres, qui f'oime au u'1londe,
Tai fait deIJein dans ce Volume tie dicrire as divers pais, que j'ai vi(iuz , d'en jaire connolere Ie terToi,., Jes ftuits qui J font pro­ dNits ,~ Ie commerce qu'on y petie Jaire, (j en meme temps Ie gmie , (j Ifs 1n~ursdfS habitans, qu'on
y troll-
PRE F ACE. 'Y troHve, du moins autant, que cda 'paroit 1lCCelfairf, p~ur tintdl;gcnce de la matiere,que}c tralte. , Dans cette veue,,ie crois,qt/ii eft ,7 pr~pos d) joindre h Voiage. que h S'1t"1I~ Robert Caw/ier dda S a/!!' a fatt depuis moi. 1e donneray dOllc il·i. un Itat abrege dr toutes cbofes , qUI
fuffira cependant pour tin/lrH­ [lion dt, LeacHr, 1I,'W ,· .. ddd'llS
ce Volume en Lbapitres comme ie precedent.
Je fmtJ connoilre 'l.:er s /a In de Ct Tome Ie peu de cotJ7.;er(ions des Sauvages,1J01J ob(larJ! kj'<lim­ ds (oins des Mi(]iolJaires ;:,rlc;:" (:J
habi/s, qui travail/tnt dfPU.-S pres d'tm Seicle, ri defrlcber la 'i/i~ne du Se~~neurdans Ie La7Jada. ' Ce(! ce qui nom obfi~e dt' "cormo/lre, a­ vee ~m refPe[l Reiigiw:l(, Irs bon­ tez meompreh:~(ibles de 'Dim, qui 110115 (J appeUe tl fll connoifJance,
pm-
P R £ F ACE. pendant qtlii laiffi rata de p(upfes dalls ies tfnebres de frur avwgie­ ment, etant (ans 'Dieu , lans fli (:J lam efPerance, Ilianl encor Irs yeux ir:rrn1z Ii fa fumier( des ve­ ritez de I' Evangife.
Je {tlis moralement c01JvinCtl aureflr:, que toules Irs Nations, que nou! avons 'DeeDNvertes Ie long du. F/eu'C)( Me/dJa(ipi , {eront plUJ fuJaptib!es du Gbri(lianijme , que les tltltru , par ce qu'ils font pIUJ liociles, mOi1JS Farouches ~ plm deb0n13aires,qut Irs peNf'es,qtti habitmt 7.JfTS Ie Nord. (e"'x-iei ont qurlquecho(e de plus Faroucbe "ans J'eJPrit, ~ par cOt'lfrquene iis {ont moins facHes d ptr(uader, f!! jont ,Maitre meme- plus d'op;. niatrtte, qrJe les Nations du. Mi· di.
Pour ,man ce Volume ict pItH intd},giblt au LeGleur I j'ai fait
des
PRE F ACE. des rejleEfions fttr ie de1~nier Voiage du Steur Robert (a7.'e­ liet' de la SaUe, que j'y rappor­ te J par ce que j' ai pills ~e con­ notjJance de (es Vajies paIs qu~ le R ,P,Chrhlfn le Uercqz, '/)t­ jiniteur aBuel de nos RecoUerf.r d' Artois,qui en a puhl,e NJljloi­ reJce Pere JP01lrqtti pal bien de t'ejilme ftJ dont j' ai tottjours ete Amy; a mle parfaite c01ll1oifftm­ u de l'hiflfJireGaJpefiene .>qu'it a donne au public J & du CaIM­ da.> ou nous aV01JS demrurez cordialement enjemble ~ mats it n'a peu parler .fi jcientl/iqtle_ ment quemoi des petlples de lJ3tre Louifiane, it n' a he qu' en Ca­ nada & a GaJPIe, qui efttntre B~(lon ~ de /' ljle percle J ou p ai feJ01lrne en qualtte de JvliJ]io­ nalfe ~ pendant un FjU entier pour des Pecbetlrs ~ quiy pa-
roiI-
PRE F ACE. ,-oiffi nt tous Ie stAllS" avec plu/ieurs Navires; de forte qtt'tln'a ptl parler d'tm paiS, oil, it n' a jamaiJ he" que par les memOJre~ d' at/trui. La gran. de Baye de Gafple ./ifute dans la Calit' " fitr Ie bord de 1'0. ceall & drt Ca1Jada ,OK ledit Pe­ rele Clercqzaett lvlijJionaire" (ollt dijlatlt s rim de douze Cfltts lu;ies, des terre S de notre Loui. liane. 'l)',Zif/WfS Ie Perl' Ie Ctercqz a ert comm1tnicati01J dtt jourllal de ma Vc'cottverte, dOltt j' avo IS [aijJe prmdre la copie are R. Pere Vale1ltm Ie Roux, Com­ miffaire Provincial eft Canada" comme.ie I' ai remarque dans Ie Volume, qui a precede A quoi Ie Pere Ie Clercqz a joint ce qu'il a p1l recueilh' des memoi. res dtt Pere Zenobe c..7rtambre Recollefl ,pendant qu'tl itoit a
!J...ue.
p It E F ACE. fjl.f1ebec:il eft confla11t d'aillellrs, que tout Ie Style dll Perc Ie Clercqz, eft celtli du R. Pere Vatentin te R01t:~o
J'llllrois bien de fa repug­ fiance d' avoir Ie 110m de Jazre femblables pas de Clel'cqz.1 il me jOt/ViOlt a peu proes /1Ir ce ft/jet.1 du Sietlr de Bodeau qtli a eerit ce s 'Ver s fiti'Vant s :
Menage ce pauvre Poete Dir, qu'il a fait monepitete, le plus commun eft au-
jourdhui, De jOi.iir des reu:vres d'autrui.
']e ~e trOll'lJe PIIS etr(mL~e. q"e tedtt Pert Ie Clerrqz ait eft
deffein de it/ire b0111Jeur en ee- 10. flU Pere Zenobe membre Re­ coUeH.1 q11i hoit [on Cot/fin, ~ qUi a'Voit hI mon Compagnon dans te commencemmt de man Voiage, qtte 1JOtt5 Jlmes enfim.
btt
pRE F ACE. ble JNJqms aux I ltillolS -' on i1 dtmellra -' comme je I' ai fait (011110i'(,·e dans mon autre Volu­ me, pendant qtte je continua"! notre Vtfcouvtrte. Je Juishien aift, qu'on Jfache -' que /e Pe­ re Zellobe etoit mon /Jmy -' & qft' ainfi je ne pretwd pas de nuire.c}a reputation;notts avons toujotlr s VeCII enJemble avec beaf{cou/J de cordia/ite -' & Ie Pere ZflJove etant dlt reto1lr de l?Amerique.> it me Vi'1trendre viJite dans llotre COUVe1Jt des RecolteEl s du Cbajleal~ Cambre­ fis, ou j' etois a/or s vicaire & Superimr aflttel. Apres l' avoir receu fort candidement'. if me die qu'iJretournoit dan; ces pais-ttl a­ vec Ie Sieur de la Salle, pour defcendre depuis les Itlinoujuf­ ques a1l Golphe de Mexique,par le Fictive Meftha/ipi -' & q1l't-
tant
pRE F ACE. tant Itl. il auroit Ie loiftr dt fatre des objervatiollsplus ex.­ aEfes " qlte ecltes qf4e )'''1 a~~/s pu faire m 80. pa; ee qu II~ prctendoient de s y rtn1re a maillS fortes .. ~ hors d mfol­ tes des Barbares.
Le Voiagc du SieTtr de la Sal­ le ne s' eft fait depuis eette Ri­ 'Viere des 'illinois, juPJucs aft Golpbe de Mexique, que dett."( Ans apres moi. j'a'vols fait Ie mien ell 1680. & lillY alta qtt'tn 168z. D'atlleurs aprh m'avoir rendt! Ie meehant offi­ ce t1upres du Pere Hlaei1tthe'/e ftlvrt.. dont j'ai fait mention dalu I' advis a1l Lefleur de mon Voltlme preeed'1/t, Ie SiC1lr de la Salle manrjl/a de P olit iqtte a. mon egad. It pouvoit bien s' imaginer en effet . qu' aprh, fJue ledit Pc/'c Hyaemthe auroit
fJro-
PRE F ACE. procttrt mon exile hors de Prima, re COUV1'ant du manUal~, que j't­ tois fujet d' EfPagne ; je ne man­ que'rots pas Je donner la connoif­ ranee de nos grandes Dlcou'l.:ertes de I' Amerique 4 des gens, qui au­ rOk'nt pitts ae Charitl potIY moi que n'en ont tU ledit Pere H)'tJCInthe & le !lffmentlG1me' Jiwr de la Salle . ./if» Is tOtlt ,les h()mmes n' ont que [ttlr temps, toutes leurs intrigues autont une autre face de'cant Ie Trtbunal de DIetl.
TOtIt afa joillt enfimble fait voir, q1e t01!scesgens, ,-/onuien ,/-'ctI q11'apt'limoi ~ & ql:e mime fa pluspt11 t de leurs Rfla i lO1;s Jont ti­ ries de mon jolttnal,qu'ds MI' entre fesmains,pat'le mmen des dl's R.R. Peres Hyacinthe Ie fhn, & Va­ lentin Ie Raux, ainji Ie LeCfeur doit ;ere aJfeurl de fa veritl de monHi-
*** Hoi-
PRE F ACE. ftoire, & tit tout ce fJ.~e. j~ Ji~ de res Vaftes Pliis ,que J '" vifite~ It pr:emier de totts les Europ/ens, II .eft -uray que j'y at bien eu des m<m­ fires a vaincre, & des precipim .• Jaffer, maisenfin Dieu m'a lINt la grace d'en venir d bottt,& de Irs fttrmonter, II y a un endroit d l' IjIe du Mon-tre41 en Canada qtli eft de 11. lieiies de circuit, ON Ie SietW de la Salle a commence des babitll­ tions, qui[e fOnt d~puis er;gees, en tine grande BOllrg aae, q1ft s' (ljJ­ pelle maintenant ta Chine, pllr tl'O­ nie , par ce q1fe demetlra1'lt en ce lim ld, les babitans .ltli ont (otl­ ven~ mt~1:Jdu dire, que disqtiil fl
Jerott /alji des Mines de Ste. Barbe dal1s Ie ~t)U~a11 Mexique, 'Itlit fe V~ltl()lt rendre tm 10tlr d ltl Chi­ ne & alt JOP(J?J par les DlcoNVtr­ fes, q11e notlS (l<I./om {aites depuis ffl-
r
PRE F ACE. WIt, film p(lffer w Ligfte ]i­ ~.' & qu'il trottveroit '»oim de ft ,.entire 4 III Mer alt Sud , qlli borde les terres ae n;. ','e Louifiane 1 COIn»Je Ie Leaeti,. ~lIIt ffAv," par la Gtrtegentrllle, ,lit lit; mift dans mon Volume prt. ';taent; touttts Its ifptrances, qtti fiufoimt iii pa.Dion preaominante decetexallent Voiageur, &lesmi. nes, ptndant 1lotre fejOltr ae Fort de Frontenac, ne roulerent que for re grand dejJein de n01U rendre i­ 'a Mer pacijiqfle contigule aux ter­ res de notre Louifiane , ceux qui ont l'inteUigence aes Cartes, que ;' ai aonnles au publJe cJ devant ;re­ ronnoiflrtmt aiJ~ment 1.1 veritl de te que je dis; if y a pluJieurs Afl­
theursffavans dans les Mathema­ tiques, & verfez en GeographIc. rJtli aJJeurmt, que Ie J apon tient
:11=:11=:11= 1 aux
p R I!. F ACE.
aux terres de r Amerique fepten­ trion-ale; &. Alonjieur Ie DoCIe Gr.evius, ['un des plus ffavans de notre "lecle dans les htjioires , aiant con(iderimeudment notre grande Dicouverte, m'a fait l'honnettr, dans unea.fJemblle d'hommes habils & dzflinguez en mmte dans eette Ville d'Otrerht , de dire; qft'll eroioit effeClivement, q1fe Ie J a­ pon n' eft po nt 1Ine I.fle, comme on l'a fait, mais que les terres de ce grand Empire abottt~fJent att grand CO}Jt/milt de tJ.J:'l'C Louifr.l­ ne; j' ai joint a If Chapih'e ; 7, de mon Volume precedent, tme preu­ v~ de rette ',.JCrlte'; Ii t01ltes les opi­ nions de ces grands hommes) par une demo,nftratton des Sawvages, qUI venOimt e1t AmbajJades des tm es omdentales ) aux ljJati & NadoueJJans , 011 j' ai demetlrt
com-
PRE F ACE. commp fls fldllpfl( I de l' un des Pre­ mm s Gopr". nc.' de as Rarbt11U, dans 111 grande t'abmme duqtlel, as AmlJcfJodttl1's des te1 res occidwt a­ les, m'on! "jfturl par tr'f(c/;emenf, qtl tI n'y a'7.ctt point de Eetrott d' Agmm, cemme on a cru jufqtle! ;, p' elmt, ce q1fi n01ls faJt C1 Dire que us 't'tljies Contrles de f Ameri. q'le Sfptentricnale, font centigules aes tents du J apon, 6" qU'elles ne (ont point jep(Jrits par atfCllneS Mers, ni tfe Detroit d'Agmep pretendu; quelques efforts, comme f ai fait connol!re CJ de't'lmt, que les Anglois & Bol/mldois, les plus grands Na'viga!eurs de ['Ocean, atent pu {alre dtt paff!, potlr fe rendre ala Chine & au J apon par la Mer. G laciale, ils n' on! pu y reuJlir J11ques" prtJent; mt1u ji lesp,,·tjfoncu,quim'ont fait fhon-
'*' '*' '"' ~ neu,.
PRE F ACE. mur de tn' emploier, nous.(ont rt­ t01l7'ntr dans nos vajles Duouver­ Us; notlS trOWl/trons infalliblement un pajJage commode,pour 1lOUS ren­ dre des terres de notre LouitiJUe , dans la 1rler pacifique, pllr des Rt­ 'vieres, ct.,!i pottent des gros vaif flallx, Jltuies aft dela dfJ fametlX Fleuve de Me{chajipi; d'ou il fi"a aiJl d' aller " fa Chil1e & all Japan, fans paffer par deux fois /a Ligm Ertlino[fia[e) comme on a fte obli­ ge de Jaire Ju!q'leS a prifent) avec /a perte de tant d' hommes. . Pour preuve de la croiance, qui f ai de cette Louable entreprift. je m' offre de tout mon c(£tff,de retour. ~r pOWl' ce fujet dans nos DicOlf .. 'I,,'erw; &- pOftr un Ji gentreux. JeJ[em ~e III g ~otre de Dieu) jt ne dOlls pomt avow moms de zele, que 1I0S Anciens Recollef1s ant tu dam
Ie
PRE F ACE.
It Roimmu de \' oxu, partte O· nentak dn Jdpon, & d(}nt Ie Ro) reC01m1t jadLs par leurs predJca. lions, fa Rtl/sion dtt vrt1} Diw, & ,,;. u Mmt1'l'qut fit Im&r ,It If dt 8oo.ldoles pdr tOtlt Jon Empire, C" 11 drp-utt1 en 1613. lme flUfJ€1lje Ambaj}ttde de cent gentils hommes, q1li s'e1flbarqllerent It ']. 8. OEfu/,ye 16 q. & abor drrmt en EJPlIgne le - 10. NfJ'Vembre 161+. (utulacondllite-du R. Pert LfJ1lis ilt S'otelio,Rtcollefi , qui pre­ (mid l' Ambll/Jadettr dudit Ro;tI1l. me dll Japan-, a Notre Roy ft'es Ca. tholitfNi, & depttis a Ja JahNet' , ajJtttf'll1It,tptt frm R~,. &-fls fisjets reconnoijJoient Ie vray Dietl des ChretimJ,v qu'ds 1't'II()nfoimt a /' lJoltItTit.
Le Le-flf1t1' doit rrmarqlltr qft'd r.An l,..f.O. 6- + I. l'EJPag1U II·
>r. * * + 'Voit
PRE F ACE. voit d~a conquis plus de cent Roi­ aumrs, & Ime des pltfJ vajles t­ tendues de paiJ ,que 1'ic.1I1ope n'tfl grande de trots {ou '. pendant q'!l nos Reirgiet'x de ','amt Franfou, les premms, & les jettls C!uvners E1.;'an~~el:qfles, m:oirnt Joumts tine }arM des .hjets dl! Japon A rEm­ pire de J eJus Chnft·
Je ne dois pomt a'voir moins d' Imtllatioll , pour l' achevemmt Je nos grandes DecoU'vertes, que Ie fameux Chriftophe Colombe , ~c­ pagni de nos Religieux de Saint Fra1lfois, l'An [+92.&93. qui ont (ait la celebre Decouveru (ies Indes Occidentales, autrement de i' Amerique.
Le chemin raeourei tit fa Chine, & du J ({pon , par nos Dleouver­ les, fora autant,& plus con(idera­ ble aux Sieeles futllrs, que les DI-
cou-
PRE F ACE.
rouvtrtes ,que l' on afaiw jttfques i prifmt, at/x Indes Orimtales , & au NOllveatt Afcxiq1lc,dansles bI­ des Oeeidentalu, &. dans l' ./imeri- 1ue feptmtrionale.
Et comme par la grace du S'ei­ gnetlr J' at" des patentes 6~ mes obeif (anees de monGme1"al,& des Supe­ rieur-s Majetfrs de mon Orare, 'Jour feto11rner dans toute r 1- te~due de l' Ameriq1le en qualitl de MiJlionaire , l'iff/re de mon re­ tour en tant de Vafles Contrles, (i les Pll iffances Ie vetll/ent, fera, Dietl aidant, conno/fre la droi­ tttre de mes bonnes i1Jtentions .i tout I'Uni'L'ers j & je pet(x dire rans ajfeffation, que trouvant, wmme len fuis moralement af­ reurl, par mon retour, Ie che­ m;n alJreg I de la Cbine ,& du J a­ ~on, eomme je n'en doute 1I1:0e-
*** ; ment,
P It E F ACE. ment , & que atte mienne D(tou­ verte, que j'ai faite, & que Je fo­ ray, avec la <.~1·ace de Dlftt, [e-
- ront Its plus belles & les plus me­ morables de ce Steele preJent) & a venir.
Le Le[feur petit remarq1lrr en­ COfe, qne les etablijJemens, q1le ies Notl'l:elles Colonies pourfont fai­ re dans nos DecoU'vertes, fe fe­ font pete a pett paf des prrfim­ nes fect/lims, 0'" Lai'ql{tS, & q$t' un petit s' ajJeurer, q1t' apris tin gl'tmd nombre de Sieeles, les Re­ ligletl,'lC de S' aint Ffau fois 1/' at#­ font p~s plus de droit, que ie pre-­ mifr jOftr, fur lu fonds, 0: Irs tenes de ces I aftes -((mtries ; au 1:e1t que le pais 'venant 1m jOf/Y If Je pettpler, II fe tro1l'ueroit, ql~ les p1'lnetpale s S' eignNJrleS, ItS fermes , & les me/ieurs fo1/~!_!!:
I? 1\ EPA C E. rozent ~eJe.z, par quekfuts Aft} flO1ltlirts /,'tlf'~tt[irfs , Mlflltrts egte.­ leMult ~ [pWit#eI,& dN tetllfJorel. eomme nom pOffrons flJwe CfI1mO/·
tt'e dans tin trOtjieme Volume Jans eette Ville d' U tree ht ,ji on Ie tr01l­ 'z;e pam' agreable pour le bim dtf, ptlblie ,que je preferera), ,tOtlte ma 'Vie,.11t bim par-tieulier, jtms eho­ qtler qui que ee flit, que/que oh. Jll1cle que j'1ll effitie' des perfon. nes, qui m'w ont 'zJotdtt, fans que je lmr en aie donlle fltjet, meme de CClIX qt!i 01lt 1 etentt il1-
jtiflement de l'argent, qlleje leur ~)I donne d't.'t'oICf. pour ma [uh­ ftJlt'11re, me FtZlt11lt d'ingrati­ t1!de i1ifigne, 6~ qm {J'/01lt de. nign!, au 1;(1( de me lmd"e ee fjffe je lc1.'1' d'Vois d'Vanci pour ma rlOt!it'1n c, que Ie Roy d' An­ gleterre Gtlllallme II [ m'a don-
*** 6 ni,
PRE F A C ~.
nt, depuis qt'e je filis iei par Jon ~ve1J , & quifll' a fait l' honneur de me demander puur eet effet ames Sttperieurs.
T A-
TABLE DES
CHAPITRE I.
L E SiefIT de la Saae entreprmd 14 D/couvme du Mefch4{ipi par Ie
Golphe de Mexiqlle, cr !tablit une efp~ct de Colonie ~ la RaJe de St, Louis.
Pag. I
C HAP I T REI Y.
AvantHrn mal heureufu, ql(i arri- vmt 41( Sieur de la Sat I e. 19
C HAP I T It E III.
Avantllrts malhtllrell/es de «el(x Yoiagts, qlle Ie Sicllr de III Sa :'e tn­
trrprmd, pOllr fe rmdre chez:. Its /Ili­ mil. .:', 36
*** 7 CH4-
C HAP I T REI V.
Suite del avanturn malheureufo' du Sieur de I., Salle, qui cherchoit Ie F/NI.­ ve Mtfchafipi. On Ie refoit agreabte­ ment parmi InC/nis, d'oui/ part,pour continuer [a Dicouveru. So
C HAP I T REV.
Couru Defeription du. Fort Lo;;~: De I" Situ.,tion .,v.ll1t,a<~eufe, C7' de '" ;eallti do ferro vOijines. 64
C HAP [ T REV I.
Dipart du Siew de la Salle de I" IlII)'e ae Saint Loui/,pow ferend.rtC~ /es I1lmois. 67
CHAPITRE VII.
Le SielU' de Lt S"I/eo eft m.4lhellrttl­ [eme.nr ~f!in/ polrlN gns, 'lu'iLcQ.R­ duj[olt. TrOll hommes tUI:t.avant lui.
71 CHA-
CHAPITRE VIII.
Rejlexionl de l' Authtur dt en Ot(~ '!!rAgt (ur /a vie cr fur /a mort du Sieur de 14 SaJ!~, dOli, IN aiT"'jJim fo Ultrent lu um leI Alltrtl. ~o
C H .\ PIT R E. IX.
Les Ccnis domfent Ie moienat( Sitll7' Cfvelier Prrlre. 4U Pere Anaja[e, cr.i ceux, 'flli Itl IIccompagnoimt, de cont;nu" Iturroute p~rm; pluftellrl Na­ tion! S4UVAgU. S,9
C HAP I T REX.
Voiage du 2rtliY" Cavehtr Prhre. cr JII Pe~t Anafla[e Recollect, en Pyrogllt, poltr [e rmdre aux II/inoj/, (7' plu­ jieurJ. AJltres c;rconjllmces, 'lui clmcer­ nenl Jlurr~tour. 100
. " C HAP I T REX r. . ReJlexiom de r Authtur fll7' It roj"..
ge de [" Chine. Crr",," ek lit plu/­ par.
TAB LED ESC HAP.' part du Sauvages de l' Amerique Sep­ tentrionale, fouchant une efPece de crell­ tion du Monde, C7' touchlVlf l',mmor­ fillit! de /' Ame. I U
CHAPITRE XII.
Moims, par le/quels on peut con­ veytir les Sauvages. 0i (o'1tceux ,.; qui /' on doit retufor, au adminrjlrer Ie Bap,eme. J 2.6
C HAP I T REX I I I.
Lu SauV"'J(eJ de l' Amerique Septm­ frionille ne reconnoiffint'lUcune Divit!. Des pretenduu Ames des ImimauxuI'­ uftres. J35
CHAPITRE XIV.
Des grandu 1ii.f{1culte~, que 1'011 Iroltve .t conv,rtir Ie] SauvIIlTes, de la . "-
,mere par rOMine c:r du MarlJre. 1i 3
C A A PIT REX v. 14 maniere, dont lu Sauvages [ont
lellrs
CHAPITRf- XYl.
MAntere g' "aopt". ges Europ/ms plfrm; les Slfuv"ges. 1 55
CHAPITRE XVII.
M4r;"1.e dt! SAH1I-agIJ ae I' Am";- 1uI Stpltmr-ion"lt. 1 5 9
C HAP 1 T R E. X V I I I.
DIS remeals, donI fo flrVtnt /es SIIU­ 'lI1f~1I allnl leurs m"l"dies lis lint des Ch~rl"tans p"rm, tuX, Opinion, qll';ls lurent du B"ptc'me d'un enfllm, pen­ g,m, qUI J' .Aulh,ur ;'oit p"rm; eux.
1<19
!J!.lllf e(lla ,omplexion aes S4H114- gts. 176
TAB LED ESC HAP.
C HAP I T REX X.
Defcription des S"I/v"ge~, qui jont hAbiUt::{.) cr de ce;u-, 'il/' 111: Ie font p4S. dH
CHAPITRE. XXI.
C HAP I T R E XXII.
M.vzure, dtmt let SIlU'1J.IIf,CJ f",t /" gllerre. lis [oJlt. f,re porrez.. A La. vaz,.. ge""Cl. 191
CHAPITRE XXIII.
CrU4utt des Sauv4gtstn general,(7' des bottuais trI partifi'141i"r. 2. 04
C HAP I T R E XXIV.
Po/iliq!le des Sal/vilges IrtJ1uois. 2.13
CHA-
CHAPITRE xxv. De 14 manje~" bnl lu SIIHV4l,es
chalfont aux btus [aUVN. Indupri, IIdmirllbl, du Caftor s. , 1I 7
C HAP I T 1\ E X X V f.
M4111;.re, Jont/,s SNt'fhl.glsom ItC- IOIJU4ml de pecher. 126
C HAP IT R E XXVU.
Des Utm!ilu, dONI Its SIlI/TI.fj,eJ [e fervent dllns leurs Cabllnnes. Maniere eXlrllrJrd;naire de faire du flu. 131
CHAPITRE XXVIII.
Mtmiere, dont /n Sill/Tlllgu t1lter­ rent I,ur s morts De leur fete des mOrtl IIvec quelqrgJ rejlexions. for l'immorta. litl de rAmi. 138
CHA~
Del SlIperflitiunJ dCJ' SIIH1J4ges (7-
de leurs cr/4nces ridicHles. 246'
C HAP I T REX X X.
Dn olj1{./c/u, if/I I'on trouv: a 14 fonverjion des SIIUV"f,U. 25'
C HAP I T R E XX X I.
M,mitru bArbArel, Cl" incilli/fs dll S4!/V4gtl. 267
C HAP I T REX X X I I.
Del'humeur indiffrente des SIIUt'II. gu. 27'
C HAP [ T R E XX X [II.
[)I [a beaull, cr de I" ferrilit! du PillS des S4UV4i.1J. Q..UI I'on feut Ai.
f/-
TAB LED ESC HAP. Fment It.lblir de puiJJAntes Colonies 414
Nl1rd, ar II,. Sud. I. '180
C HAP I T REX X X I V.
fA mllniere, al1nt Its SlIl4vlIgtstien­ tunt leurs (on1,ils. Leurs rufos poli­ tiques contre I,wrs enntmH, c:r leurs cruilltte~ ionCrt iu E:troplens. Com- ment In Its petit arrerer. 198
C HAP I T R E XXXV.
Moims propres A ftllblir de bonnu Colonies. Penf/es des Sauvagts tou t:h41tt Ie Ciel J &- la Terre. 3 I I
C HAP I T REX X X V I.
Hi(lo;re de l'irruption, que/es An­ glois firent dam Ie Canad'Hn 162."'. Prlfo de Que!" , Cllpil41e de ce p4is en 16, y. Trai ement ,res-honnefte qu'ils
firent IIUX Recollefls de &eltlvilie. 3+3
TAB LED ESC HAP.
CHAPITRE XXXVII.
OJltJme iel R.eligieux lie SRi1lt Fn,rn­ fois ont devanr:ez., p4r toute terre ha­ _bl" J,I Pires Jefo;/rs, Mans tes .MiJliIl1ll. 370
CHAPITRE XXXV Ill.
Sentiment qu'un MiJlionll;re do;t a­ 'Voir dllnl Ie peu de pr~grls,qu'il trl1UVI d.ms frs travaux. 383
VOYA.
VOYAGE d'un paj'S
PLUS GRAND Q..UE
L' E U R 0 P E, Nouvellement decouvert entre la l\lcr
glacialc & Ie Nouveau
CHAPITR.E 1. Le Sietlr de la Salle (JJt;c;/c;:lla
DicOlnerte du l\l~(chajtpi i"r Ie Golphe de i.Vexique, & eiJ­ blit tme. eJPice de Colonie a la BaJe de St. Loiiis.
II Es hommcs doiventfe paler de raifon en to utes chofes,
; & quand ils ne pruvcllt PlS
, excu[er I'intention de ceUle, dont ils ont rcCjC:u quclquc chagrin, il faut au t:loins, qu'en bons Cbriticns ils l'attribuent pluH8t a leurpreoccupa-
A tion
2. NOUV(4Il Voyage entre [" Mer
tion qu'.lleur malice. rai demeure' pres de trois ans en qualite de MifIio­ naire avec Ie Sieur Robert Cavelier de la Salle dans Ie Fort de Katarokoiiy Oll
de Frontenac, dont il ctoit Gouver­ neur & proprietaire. Pendant ce fe­ jour Ilousnous occupions [ouvent en­ fcmble i lire les Voiages de Jean Pon­ ce de Leon, de Pamphile Narvaez, de ChrinoAe Colomb, de Ferdinand So­ to, & de plulicurs autres grands voia­ geurs, afill de nOllS pre parer mieux a la DccouI'erte, que IlOUS avions dclfein de faire.
Le Sicur de la Salle etoit capable des plus grandes entreprifrs, & on peut rappellcr avec jLlfiice l'un des plus ce­ lebres Voiageurs de bcaucoup de Siecles. Et en e!fet il s' en epuife pour ache verla plus grande, la plus importante, & la plustraverfee Decouverte, qui ait ete faite de notre Sihle. II a conferve [on monde dans des P.li"s, ou tous cesgrands Toiageurs Ont peri a \a rclrrve de Chri­ fioAe Colomb, fJl1savoirr.:mporteau­ CUll avamage de leurs emreprilcs, quoi
qu'i1s
a14 SHJ &' au Nord. I:!u'ils y aicnt emploic plus de deuxcens mille hommes. Jamais pcrlonne avant Ie Sieur de la Salle & m'li ne s'eft en­ gage dans un pardl deffcin avec Ii pelt de monde parmi Ie grand nombre de peuples inconnus, que nous y avons decot.\verts.
Notre prcmicrcpenfce, lor5 que nou! etions au Fort de Frontenac, avoit ete de trouver, $'il ctoit pollible 1 Ie pa(f.1- ge, que I'on a cherche depuis fi long. temps ala MerduSud, fms p!lTerlaLi­ gnc EquinoClille. Quoi que Ie F1euve Mefchafipi n'y conduife pas, cepen­ dant Ie Sieur de la Salle avoit tant de lumieres & de couragc, qu'il efperoit de Ie trouver par fcsfoins. Je ne dOll­
te pas, qu'i1 n'cuft reiilli dans fon def· lein, fi Dieu lui cuft conrerve la vie. Mais iI rut maffacre dans cette recherche. & it femble, que Dieu a perm is, que je [uryecu{fe audit ~ieur d~ la Salle J ann que je fournille au public Ie moien de trouvcr Ie chemin de la Chine & dl! J:t­ pon par Ic moien de ma Decouverte. Et m c:fti::c fa fa Majefte Britannique, ou
oil ~ I{s
4 Nouveau VOJage entre ia .'Wer I,cs Hams & Puiffans Seigneurs des E­ tats generJux veulent bien, que j'ac­ compagne ccux,qu'ils envoierontpour lIchever de chercher ce cheminabbrege, je luis moralement af1ilre, que nOll' cn viendrons i bout, s'il plaift aDieu, avant la 6n de ce Sieck.
Le Pais des Illinois, & Ies vafl:es Con trees , qui I' cnvironnent, ctant Ic centre de notre Decouverte,le Sieur de la Salle avoitprisla rCfolution d'y flire un ctablilfement.I1 flut done tout de meme, que Ics Princes, Oll Etats SOllverains, qui travailleront a (ette Ioiiable entrepri .. fc,s'alfurent de ce Vafle Continent par des Forts, & par des Colc)1}:.es, qu'ils ctabliront de lieu en lieu.
Le Sieur de laSaile avo it done deffei!l! d' aller chercher plr Merfur toutes eho­ fes I'embouchure du Fieuve MerchaG~t dms Ie Golphc de Mexiquc, & d'ye..: tablir de bonnes Colonie, fousl'autho­ rite du ROj. fo~ Maitre. Les propo{i~. tion~. quil ht pour cela au ConCeil. furent favorablement re~ues de MQIil"<'" fleur de Seignday Miniftre & Secr,~aj-
rc.
tlu SHd (7' till Nord. ~
re d'Etar,& Sur-Intendant du Commer­ ce & dt: la Naviga.tion de France. Sa Majefic: les agrt:a • & confentit i £wo­ rite r [on entreprile, non feulcment par ks nouveal1X pouvoirs, & paries Com­ mi{fmns, oont elle i'honora, mais en­ core par des [cco~'rs d~ Vaillcaux, de Troupes, & d'argent, dontellcle gra- tifia. , : ...
1 .Le Sieur de 1a S311e ie voiant affifie ceectte maniere s'appliqua a'abord aux moiens d'avancer la gloire de Dieu en ces pai"-IJ. II jetta les yeux [ur deux Corps differens de t\liflionaires8hn d'z­ voir de bons [ujets capablcs de travaill( r utilemcnt au SalutdesAmes, & de po­ Milles fondemensdu ChriHiani{ine dal'S ,cs, Contrces Barbares. II s'addrelfa done a Mon/leur Tron~C'n Superic:rr general de MdIieurs du Seminaire de: S. Sulpiet:a Paris, qui voulut bien plen­ dre part a ee grand Ollvrage. 11 defti­ na trois de fes Eecleliafl:iques,hom­ mes pIe ins de ZeIe, de vertu & de eapaeite pour Ie rendre dans ces Mif­ {ions Nouvelles, & ii cboifit MonIi eur -Jl. A 3 Ca-
(I Nouve4u VOJ4ge mire la Me,.
Cavelier Frere dudit Sieur de la SaUe; Monfieur Chefdeville fon parent, &' Monfieur de Majuile, tous trois Preftra dam cc Seminaire.
J'avois feconde pendant pres de dou .. le ans les delfeins, que Ie Sieur de 13 Salle avoit formcz pour la gloire de pieu, pour Ie Salut des Ames des Vanes PalS deb Loiiifiane, & pourcc qui depend du Fort de Frontenac. Lc Perc Zenobe & moi l'avionsaccompa­ gn e partou t dans ces Contrees, ou notre Pere Gabriel de la Ribourde avoit etc ma/facre par les Barbarcs. II fe fit done un point capital d'avoir des Reeol­ lc{ts pour tra'failler de concert avee lui a l'~tablil1ement du Roiaume de Dieu clans ces Pal; nouvellement de­ couverts.
Le Sieur de la Salle s'addrclfa pour c:la au Perc H vacinthc Ie Fevre, qui rtoit pour la feconde fois Commilfairc provincial de la Province de St. Denis en France, Ce Rcligicux vOlllant fe­ conder de tout fon p~iIible les bonnes iincntions dll dit Sieur de la Salle, lui
ac-
Ju Sud &' Ju Nord. 7 accorda Ies Miffionaires, qU'j] deman­ doir, {avoir Ie Perc Zenobe Mambre natif de Bapaumc pour Superieur, lcs Peres Maxime Ie Clerc de I' I fie en Fian­ dres, Anaftafe Douay du ~le(noi en Hainallt, & Denis Morquet d' Arras, tous quatre RecolleCts de la Province, de St. Antoine en Artois. Le Premier, comme Je I'ai deja dit, avo it ete avec Ie Sieur ele la SaUe & moi ju(qucs aux Illinois fur la 6n de l'an 1679. & ~u commencement de 1680, & en I'an 1681. il avoit ere jurques au Golphc ele Mexique par Ie F1euve MefchaGpi deux ans apres moi. Le fecond avoil: Cervi de Mi(flOnaire durant cinq ans en Canada avec beau coup d'edification, & fur tout dam les Millions des feptlfies, & d' Anticofii. Le troincme, qui dt Vicaire aauel des Recollc& de Carnbrai n' avoit jamais ete dans \' Ame­ rique. Le quatrieme favoir Ie Pere Denis s'etallt trollve fort malade des le troifieme jour dc l'embarquement fUt oblige de rclacher, & de ~'cn re­ tOllmer en Province.
A 1- Le
~ Nouveau r oJage entre 14 Mel
Le Perc Provincial donna avi: cettc Miilion a la Congregation de paganda Fide afin d'obtenir I'autl tc ueeelJ'aire pour l' exereiee des I Clions de MillIonaire. 11 en resu Deerets dans les formes, & Ie Papl Docent X 1. Y ajouta par un Href pres les Pouvoirs, & Ics pennil1 authcntiques en 36". articles, COl
on Ies expedic ordillairemcnt pou Miilio;]aircs, qui par Ie grand elo: ment font hors d'etat d'avoir reeDl l'authoritc d~ l'Ordinaire. Lesd furcnt ainli rcglees nonobflant 1'0j fition de r-.h1!:cur l'f::v~que de ( bee. Ma:s Mon!i<:ur Ie Cardinali trees tit voir, que la diftanee desli ou ils dcvoient [c rendre, ctoit de de nellfeens ou milleliciies depuis ( bee ju[ques a I' embouchure du Mel fipi.
Les efperanccs, que I'onfondoi ceue fameufe Decouverte, que I
;!Vions f.1ite al'ec de Ii grands trav ctoicnt Ii gran des , que ecla porta {iwrs )cllncs Gcntils-hommes i p
CN Sud &' d,: Nord. 9 dre parti avec Ie dit Sieur de la Salle en qualite de Voiontaircs, Ainft Ie Sieur de la Salle pro6toit de la publi­ cation, que j' avois faite de rna Loiiifta­ ne, dont j'avoisfait imprimerJa defcri­ ption avant fon retour de Canada en France. Cela lui avoit acquis line gran­ de reputation, & lui avoit fait trollver du credit dans I'e[prir de Monfieur de Seignclay. Ce Minifhe m'avoit [01.1. vent oblige de l'entretenir dc~ circon­ fiances de notre Decouverte. Cepen-
,<lant je cachayce qu'il y avoit de parti­ culier concernant Ie Fleuve Mcfdufipi depuis la Riviere des Illinois ju[qucs:ll1 Golphe de Mexique. J'avois dcffein en eela de contribuer a donner de bon­ nes & de favorables imprdIions dlldic Sieur de la Salle au Prince de Conti dernier mort, & a nlOndit SiCLlr de Segnelay.
Ayant done Ie vent en poupe, com­ me pn dit, il cut Ie temps de choilir <louze jeunes .Gcntils-hommes, ;1 qui ·Jes nouvea1ltcz plaifent ordiolliremellt, lefqu,J,s liJi p~urc:nt bien refolus Haire
A 5 cc
10 Nouvellu V 0l"ge mIre III Mer ce Voiage. II y avo it entr'autresdeulC de fes N cveux Ie Sieur de Moranger , & Ie Sieur Cavelier, ce dernier n'etoit aage que &: quatorze Ans.Ilengageaencore a la Rochelle I'un des Fils du Sieur Merlin riche Marchand de cette ville. lao Von preparoit dans Ie port de la Rochelle la petire Flotte, q'Ji devoit faire ce voiage. Elle etoit compofee de qllltre Batimens, s'avoir du Joli, Vaiffeau dll Roi, d'une Fregate nom­ mee la Belle, d'une Flute appellee 1'­ Aimable, & d'une CaichefTe nommec Ie St. Fran~ois.
Le VaiHcall du Roi etoit comman­ de par Ie Sieur de Beaujeu, Gentil­ homme de Normandie, a qui j'aifou­ vent parle du depuis dans notre COll­ vent de Dunkerken. C'efl:unhomme connll par fa valeur, par [on experien­ ce, & pa~ fes grands fervices. II avoit pour Lieutenant MonGeur Ie Chellalier de Here, dont Ie Pere avoit cte Do. ien des Confeillers du Parlement de 7'.Ietz. 11 eft aUjourd>hui Capitaine de VaifTeau pour Ie fervice du Roi. L'£n ..
feigne
du Sud (7' au Nord. t 1
feigne etoit Ie Sicur du Hamel Gentil­ hornme de Bretagne, qui avoit bcau­ coup de feu & de courage.
II euft etC a fouhaitcr que Ie refte des Troupes & de l>equipage eut ete auffi bien choifi. Ceux, qui tn curent la commiffion, pendant que Ie SiCllr de la Salle etoit a la Com pour [ol/idrcr res atlaires, ramafferent ccnt cinquantc foldats, tous guel1x, & miferables, qui demandoient I'aumone, dont pluficurs ctoient contrefJits, & n'eroient pas capables de tirer un coup de moufql1et. Le Sicur de la Salle avoit ordonne ou­ tre cela, ql1'on lui choilit desOuvricrs trois ou quatre de chaque fason. Mais il fut encore li mal fervi en cela que quand on fut fur Is Iieux, & qu'on \'Olliut les mettre en reuvre, on recon­ nut, ql1'ils n'entcndoiem pas leur me~ tier. II {e prefcnta huit au dix famil­ ]es, ·affez bonnes gens, qui s'oftrirent d'aller commencer la Colonie. On ac­ cepta leurs offres, & on leur fIt de gran­ des avances de meme J qu'aux .. htifms & 3UX {oJdat$.
A () Tout
12 Jv"oltveauVoJageemre la Mer Tout etant preft on mit ii la voile Ie
24. JuiJlet 16~4' La tempete, qui 5' eleva peu de jours apres, les obligea de rclachcr a Chefdcbois pour y ra­ commoder quelques uns de leurs Mats, qui avoicnt rte brifez par Ia tempete. lIs remircnt a la voiL Ie 5. AoUlt pre­ nant leur route vcrs St. Domingue. Mais une fcconde tempete les furprit, & {epara la £lotte Ie 14- Septcmbre. La Flute nommee I' A imable rella {eule a­ vec Ia Frcgate la Belle, & elles arrive­ rent en[embJe au petit Goave 3. St Do­ mingue, ou par bonheur eIles y trou­ verellt Ie Joli. Pour ce qui eft du St. Fran!ois charge de marchandi{es & de divers diets it ne put {ilivre les autres. 11 s'Jrrcta done au Port de paix, d'ou it partit aprcs que I' orage fUt palle, afill d'aJlcr reJoindre la Flotte. Mais pcnJallt une nuit affez calme Ie Pilote & l'cquipage [e croiant en lieu de feure­ tc neglige rent de faire garde. lis furcnt done furpris par deux Pyrogues e{pa­ gnolcs, qui Ie rendircnt maitres de eet­ tc Caicheffc.
Au-
au 5"d 0- dll Nord. I 3 Autrefois lU.lt dans Ie Canada aVl:C Ie:
Sieur de 1a Salle nom nOllS el1tretenions loll vent au Fort de Frontenac dll pro­ jet, que nOlls faillons de cct:c grande entrepr;fe. II me diloit, qu',l mour­ coit Content, s'il pouvoit Cc rendrc mai­ tre des mines de )ainte Barbe, qui font dans Ie nOllveau Mexique. Et com­ me il rcpetoit fouvent Ie meme dif­ cours dcvant moi, (juoi qu'il f~ut, que (ctois fUle, du Roi d'Efpagne, lenepus m'empce:1cr un jour de faire paroitre mon 3t1cc:iion pour mon fOllverain Je lui dis done ees paroles celebres, Vin­ cit amor patyi..:, l-'amour demJ.PJ.trie l"empone dans mon eCI:ur. . Je n'aurois pelIt etre pas tant fouf­ fert, que j'ai fait .lepuis, 11 J'avois pu difIimuler mes fentimens feerets. Mais en6n je ne pus me rctenir dans ecrte DecaGon. Cepcndant ee mcme pan­ chant pour mon Prince naturcl m'a fait faire ectte reflex ion : C'en, que nos Efpagnols aiant ell l'addreiTe de fe fai-· {ir de ee VaiiTeau charge de marehan-. dues, que Ie Sieur de la Salle avoit
A 7 cbar-
J 4 Nouveau fl"oJtfgtentre Itt Mtr chargc':es pour fon compte, ils eventoknt Ie delfcin, qu'il avoit fur les Minesde Saintc Barbe, dont Ie dit Sieur de la Salle avoit tant d'cnvie de s'emparer. & qu'ils s'indemnifoient a bon conte de fes bonnes intentions.
Ce premier contretemps commen~a a traver[er la Navigltion. Tout I'E­ quipage en fUt dans une grande con-­ fter"a,ion, & Ie Sieur dc la Salle,qtli relevoit d'une fort grande maladie, qui Ie mit a I'extrcmite, en eut line douleur \TI')l'telle. I.'on fejourna a St. Domin­ gue, & on y prit beaucollp de rafrai-
. chi/Tc'mens, & bonne provilion de ble d'lnde, & de toutes fortes de bdl:iaux domefl:iques pour peupler Ie Nouveau, 1)a15, ou on avoit delfein d' aller.
Mellicuf' de S. Laurent Gouverneur general d~s Hles, Regond Intendant, & de Gulli Gouveneur particulier de la plus petite partie lie Saint Domingue les E~agnols aiant la principale, les fa~ vonferent en tout, & retablirent meme l'intelligence rcciproquc, & Ii neceflai­ re pour reiilur dans de pareiUes entre-
pri~
au Sud &' du Nord. I S prifes, par ee que Ie Sieur de ta SaUe avoit des ennemis [eerets, qui traver­ foient fourdement tous fes delfein5. Ce­ pendant les Colebts & tout l'equippage s' etant lieentiez a toutes fortes de de­ bauches & d'intemperanees , eomme eela eft alfez ordinairc en cc pl'is-la, ils fe ga'terent (i fort & (ontraCterent des maladies Ii dangcreufes, que les uns en moururcnt dlns 1'1 Oc mcmc, & les autres en furem tOlljours ineommodez depuis fans pouvoir Ie rctablir.
Cette petite flotte ctant dOlle redui­ tc de quatre Vai{feallx a trois, leva r A n­ ere Ie 1), Novembre I r, S of, & pour­ fuivit fa route affez beureufement Ie long des IOes des Caimans. En paffanr par I'J Oe de Paix apres y avoir moiiillc un jour pour faire de I'eau, on gagna Ie port de Saint Antoine dansl'IOe cle Cu­ ba, ou les trois Vaiffeaux moiiillerent , auffi. La !>eaute & les·agreemens du lieu, & Ia lituation avantageufe de ce Port, les engagerent a s'v arreter, & meme a de­ cendre.n terre. 011 nef~ait parquelle rai­ fonlciEfpagnob y avoientlaiffe araban:"
don
~ <t JI,Toil7Jtall VOJ4ge (ntre la //1er
don pluiieurs fort<~s de ratr.lic:liilemens, & entr'autres ,Iu vin d'Efpagne. Qu~i qu'il en foit on en profita, &. apres deux jours de repos , on en part! t pour colltinuerle Voiage vcrs Ie Golphe de Mexique.
Le Sieur de la Salle ttoit naturelle­ mcnt fort cclaire, & peu d'hume(ir a fe !ailler tromper. Cepcndlnt il crut trop facilement des avis, guilui furent don­ nez par cereaines per(onnes de St. Do­ mingue. 11 reconnut mais trop tard I que toutes les routes, qu'on lui avoit donnees, ctoie11t faulfes. La crainte Ll'etl'e mal-traite par les vents de Nord. qu 'on lui faifoit craindre, comme fort dangereux & fort trcqucns a l'entree de ce Golphe, robligea de rd£Chcr par deux fois avec fa flottc.Mais Ie difcer­ nement & Ie grand courage du Sieur de la Salle lui fit tenter Ie pafTage (Jne tr<~i~ /ieme fois. 0 n y entra fort h,epreufrm~l}£ Ie premier de I' an 1(>85. Le Perc A­ naftafe Recolleet y cdebra la Meae fo­ lemnellement en aetiQn de graces : A • .pres quoi ees Vailfcaux continuandc\)r
route
au Sud (7 d" Nord. 17 route I'on arriva dans quinze jours 1 b velie des terres de la Floride , oU. un grand vent obligea Ie Joly de prendre Ie large. La Flutte & la FregJte [e rangereflt du cote des terres, Ie Siel1l: de la Salle ctant bien ai[e de s'appro­ cher de la Cote.
On lui avoit fait croire aSt. Domin­ gue, quelescol1ransdela~lcrcluGol­ phe portoient avec une incroiablerapi­ pite vers la C:mal de Bahama. Cell: aufli, ce que Ie SiCllr de 1a Salle m'a­ voit dit plus de cent fois aVJnt que d'en­ treprendn: ce Voiage. Ce faux al'is lui fir entierement pcrdre la rome. Car dans la peniee qu'il ttoit beaucoup plus au Nord, qu'iln'ctoit en efb, paffa la Baye du St. Efprit fans la recon­ noitre feulement. Mais on [uivit en­ core la cote bien au dclJ du Fleuve Md­ chafipi. On auro:t meme encoreCOll­ tinuc a la [uivre. fi J> on ne fe fUt ap­ penju par Ie retour, qu'dlcfaitau Sud, & par la hauteur du Pole, que I'on c­ toit a plus de quarante ou cinquante lieiics de l'cmbotlchure de ce Fleuve.
On
1 S Nouveau Y Oltlll,t entre til ,J'vur
On fut meme confirme danscc:ttc:pen­ fee, par ce qu'avant que Ie Mefcliafipi £e decharge dans Ie Golphe, il cotolc Ia Mer du Golphe a I'Oiiefl:, deforte que ne pouvant pa~ bien prendre lalon­ gitucle, par ee qu' elle ell: inconnue aUI Navigatcurs, on trouva pOUl'tant, qu'. 011 avoit pa!fe de beaucollp la ligne para!­ Iele de ee Fleu ve.
Lcs trois Vaillcaux fe joignircnt eo· fin a la my Fevrier dans laBayc: du St. Efprit, olll'on trouvoit une radepref. que eontinuelle. On prit done la rda. lution de retourner au lieu , o'ou on venoit. On avan~a dix ou douze lieties, juiques lune Baye, qu:on nomma de Saint Louis. Comme Ies vines com­ mensoient a manquer, lesfoidatsavoient dep mis i terre. Le Sieur de la Salle fonda la Rae, qui efl: d'unc lieiie de large, & reconnut, qu' elle avoit lin bon fond. II (rut. que ee pour­ roit bien etre Ie bras droit du Mefeha­ lipi. comme il y avoit beaueollp d'ap­ p'arcn(e II y tit done entrer Ia Fregate tort hcurc:u!cment Ie dl. Fc:vrier. Lc:
Canal
du Sud &' du Nord. J 9 Canal en eft profond, jl1fque~ Il me­ me, que fur 1a bature de fable, qui en barre l'entree en quelque forte, il ya pourtant douze ou quinzc pieds d'eau en baffe Maree.
CHAPITRE II.
Avantures mal-heureu{es, qui mrivent au Situr de fa Sa/Ie.
L E Sieur de la Salle avoit ordonne au Capitaine de !.! Flute dencpoint
cntrer da s Ie Canal de la Baye appci. lee de :'It. Louis [1n5 prendre avec lui Ie Pilote de la Fregate, en qui 1'011 J­
voit beaucoup de conhance. De plus illui avoit commande dedechargerfon Canon, & Con eau dans les Chaloupes afin de diminuer fa charge. Sur tout illui avoit cnjoint fort exprdfementde fuivre cx.lctement Ie chemin, qu'on a­ voit balize. 11 ne tit ricn de tOLlt ccla , & cc perfidc malgre I'ayis d'un Mate-
lot.
1 t NoUVt'llu Voillf.t mire IA Mer trouverent enclormis Ie long de la ClIte.
Cependant la Flute demeura bien trois femaines au lieu, au elle avoit c!. choiie, fans fe demembrer. Mais die s'empli{foit de tomes parts. Onenfau· va done tout ce qu'on put avec des Chaloupes,& avec desPyrogues, lOll 'iue Ie Calme permit d'y aborclc:r.
Le Pere Zenohe y etant un jour aile die fe brifa par un grand coup de vent contre Ie Vailfeau. Tout Ie monde manta promptement fur Ie bard, & ce bon Religieux, qui etoit rdU Ie dernier pour faire fauver les autres, edt ete fubmerge, Ii un Matelot ne lui euR jette un cordage. Mais on Ie tira a bard par ce moien dans Ie temps, qu'il commen~oit deja a s'enfonCjer dans la Mer.
Enfin Monfieur de Beaujeu mit a la voile dans Ie Joli avec tout fan mondc: Ie 12. Marspours'en retoumer en Fran· ce, & Ie Sieur de la Salle aiant fait faire un grand reduit ou Hangar avec des pIa n ches, & des p!eces de bois e.. quarices il y tit metttefon monde&,k.
dfets
du Sud cr du N"d. 13 eff'ets en fcurete , & Y Iailfa cent hom­ mes (ous Ie commandement de Mon­ fieur de Moranger, & partit avec Ies cinquante autres. II cmmcna avec lui Ie Sieur. Cavelier Prefirc, . qui avoit clemeure ~uelque temps avec nous pen­ dant que j etois en Mi[fion au Fort de Frontenac. Lcs Peres Zenobe & Ma­ xime RccolleC1:s furent de Ia compa­ gnie, & iis allercnt chercher enfe:nble dans Ie fond de la Baye l'embouchure du FIeuve Mefchalipi , & un endroit propre a y faire un etablilfement.
Le Capitaine de Ia Fregateeutordre de fonder cette Baye en Chaloupe, & d'y conduire fon Vaiifeau Ieplus avant, qu'iI pourroit. II fuivit pendant douxe Iieiies Ielong de Ia Cbte, qui eft du Sud-Eft au Nord-Oueft, & mouilla vis hisd'unepointe, alaquelIeIeSieur Hurier donna fon nom, par ce qu'ily fi1t ordonne Commandant. Ce pofte fervit d'entrepot du Camp de la Mer a celui , 'lue Ie Sieur de la Salle aUa bire au fond de la Baye Ie deuxieme d' Avril. U (toit aVaIlce de deux Iieiics
dans
24 NO£ivfau Voi"gt mtre lit Mer dans une belle Riviere, qu'on nomma la Riviere aux Vaches, par cc ~u>on y trouva une fort grande quantite de ces betes Sauvaacs. Une troupe de Bar-
t> M' bares y vim attaquer nos gens.. als on les rcpou{f.l fans perte.
Le :!. I. Veille de Paques Ie Sieur de la Salle s'ctant rendu au Camp de Ia Mer, on y celebra Ie lcndeHuin & Ies trois joms {uivans ectte grande fete a­ vec toutes Icsfolcmnitez poffibIes. Cha­ cun y communia. Les jours fuivans on tmnfporta des deux Camps, o~ comm:llldoient Ies Sieurs de Morangcl', & Hurier, tous les elfers, & genera­ Iement tout ce qui pOllvoit cere utile au Camp du Sieuf de 101 Salle, aprcs quoi on detruifit ces deux Forts. Le Sieur de la Salle tit traniller pendant un mois a la culture de h terre. Mais Ie hIe ni les legumes, que I' on y fema, ne Ie­ Terent poine, foit qu'ils ellifent ete a1- tere~ par I'ea~ de la Mer, foit que la falCon ne fut pas favorable. Le Sieur de 13 Salle ne fe [olivine pas aIors, de ,e que Je lui avoit dit autrefois en allant
ault
au sud &' du Nora. : )' :IUX Illinois, qu'il faut que Ie ble, & toutes les autres femences, qu'on por­ te de l'Europe dans r Amerique, foient ou dalls les epics, ou dans· leurs gouf­ [es. A utrement tout ccla perd fa [eve: en Mer, & ne pellt pas germer dans des terres Vierges, quin'oAtpas enco· re ete culti vces.
L' on badt un Fort dans un pone cx­ tremt:ment avantageulC, & il fut bicn­ tot en etat de defenfe. On Ie munit de douze pieces de Canon, & on y tit un grand M;lgazin lous terre, pour y Jerrer toutes les marchandi[cs & toutes les provilions, lcs meCUnt i couvert du feu.
II faut rem:>rquer, que cc n'eft pas une grande affaire de confiruire un Fort contre les fleches des Sauvages. II n'y a aucune de ces Nations de l' Amerique, C)ui ait la hacdielfe d'attaquer Ics Euro­ peens a caufe de leurs armes a fell. II n'y a jamais eu que les Iroquois, qui aient ofe attaquer les Frall~ois dans l'Iflc d'Orleal)s, qu'ona depuis appel­ ICe St. Laurent Iez Quebec. Us etoient
B re-
26 NoriVe41l VOi4!.e mIre 14 Mer retranchez, & converts de grands pi­ ens. Mais ce~ peuplcs Barbares, qui lont les plm cruds, & les plus Vaillans de toute l'Amcrique, y mirentle feu, & afin de fe garantirdes eoupsde fUllls, chaeun porta devant [oi, non nnr ron­ dache de fer a 1\~prel1ve du Monfquct, mais de doubles Madriers ou pbnehes, dont ils fe couvroient Contre Ie.s bal­ ks.
Pour cc qui eft de ce Magazin Sou­ terrain, dont je viens de parler, Ie Sieur de b Salle prit toutes les mefurcs nrcelT.lircs ponr Ie mettee a couvert de I'invafion dcs Sauvages. Ricn n'ea a I' epreuve du fcn volant. IIs lttachent dll Tondrc 011 de b ITIcche allumee all
bout de leurs fleche~, qu'ils clecochent avec DCJlICOUp de widcllf. I1s pcrcent en partie les pl.mchcs, qui font.llI fom­ met dcs lTIai[ons, & des Forts, & des ql1'ils om bit !cUI' coup, il~ [c [auvent :Ivec t(lnt de vitelfe, qu'il n'y a point d'Europecn, qui!cs puiffcattrapcrdans les bois, ou ils ontaccoutnmcdefefau­ vcr. All refl:c les maladies, que lesCol-
dats
du Sud &- d~4 Nord. ! 7
Jm avoicnt contraCtces dans l'tOe de Saint Domingue, les minoiem J. vue d a:il. II en mourut une cemainc dan5 peu de jour~, qllelque foin , que I'on Ii: donnat pour les [ccourir avec des boiiJlons, de la Confetl:ion d'H vacin­ the, de Theri:lque, & de Yin ..
Le 9' d'Ooiil1 trois des hommes du Sieur de la Salle ct,1nt J. b Chaf1e, qui (!fl: abondante dans ces Contrces Ii, ou 011 trouve en dfet toutes fortes de Gi­ bier, & de betes fanves, ils fe virent ertvironncz tont d'un coup de plufieurs blndes J~ 'Iauvages armez d'arcs, & d~ ftche" !\bis ces hommes fe mirent en d,~fen[e, & tuerent d'abord Ie Chef de ces B.u·bJres. a qui mcme ils enle­ ycrent la chevelure. Ce coup dE'aia les ennemis &' les diffipa. Ils ne laif1e­ rent pourtl11t pas quelqae tem?s aprcs de tuer un Europeen, qu'ils trOuverellt a l'ecart.
Le 13. d'OCtobre Ie Sieur de b Salle [e voiant continuc:llemcnt infultc p.lC les Sauvages, & voulantd'ail1curs avoir de grc ou de force quelques ullcsdeIeurs
B :. PYo:
~8 NouveAu Voiage entre la Mer
Pyrogues ou Canots de bois, par cc qu' on ne pouvoit 5' en pafl(:r , prida reColution de leur fain: la guerre, a6n d'ell venir ii une plix: avantageufe, $'il eroit poflible.
II partit done avec foixante hommes armez de Corlclets de bois contre lcs flcches des Barbares. II arriva cnfinali lieu, ou ils etoient attroupez, & 01-
pres diverfes rencontres, qu'il cut avec cux de jour & de nnit, il en mit une partie en fLlite) en bIdE plllficllrs, eR tlla lin affez grand nomhre. & fir plu­ ficurs prifonll iers fur eux, entr' autrcs plulicurs enfans, dont une fille ~gee de trois Oll qllatre ans fClt bapti[ce) & monrut queIqlle jours aprcs. Ellc fi1t comme Ic~ premices de cctte Million.
CcpcndJllt ceux, qui cLOient venus pour commencer Ia Colonie, fe bariC· {oient des mai[olls. & defi-ichQient les terres de ce De[en. L'on y [ema ,des grains, qu'on avoit confervcz dans des cpics. lis reiiflirent mieux , que les premiers. L'on paO:, en Canotsdebois ill' autre cote de 1a Baye, & on y trou-
va
du SlId (7 du Nord. :9 va pres d'ul1e grande Riviere grJnde qu:mtite de Chafle, fur tOlltdes T.l1I­ relUX, & des VlchesSauvagesavecdes Cocs d'Inde. Tar deffils tout eela 011
clevoit tomes fortes de bdl:iaux dome­ Hiques dans les habitations, comme: des vaches, des Cochons, & des \"0-
Iailles, qui multiplioie:lt beaucoup. La guerre, que I'on avoit tlite aux S:llIVJ­ ges, avoit mis la petite Colonie un pelt plus en [urete,. qu'cllc n'etoit d'abord. Mais un nouveau malheur [ucceda a tous Ies precedens.
Le Sieur Je b Sane m'avoit parle autrefois d.ms nos V oiages des cruau­ tez inoiiies , que les Efpagnols avoient exercees dans Ie Perou, & danslenou­ veau Mexique contre les peuples de ces grands Empires, au ils avoicnt exter­ mine, autant qu'ils avoient pu, lcs hommes & Ies femmes, & n'avoient conferve que les enfJns, comme pour en faire un nouveau peuple. II desap­ prouvoit e'Ctremement cette conduite des Efpagno)s, & Ja bl1m')itcomme in­ digne de gens, qui porro;ent Ie nom de Chrctiens. B 3 Jc
30 Nouveau V()iage mire III Mer
Je di(ois tout cc que je ponvoispour Ics cxcu(er, & je lui fai(ois connoitre, que s'ils n'euP-ent extermine un grand 110mbre de Mexiquains., ils n'euffent pas manque eux memes de perir dans kur emrepri(e, & que fouventdcsAr­ mees enticrcsctoicnt veniicsles(urpren­ dre dans Ie Nouveau Mexique pOLlrlCS tailler en picces: que la Politique Ics a­ voit obligcz de flire perir ce grand nom­ bre d'hommes pour a1Turer leurs Con­ 'illeteS.
II me [emble, que Ie Sicur de Ja Sal­ le avoit oublic tout cc <ju'il blamoit dans la concluire des Efpagnols a I'e­ S ll'd de leurs nouvelles Decouvertes, il pouvoit bien s'imag;ner. que les Sau­ v.1;:es. qui n'en revienncnt jamais, <juand on Ics a une fois irritez, comme l'eJCpcrience Ie fait voir des Iroquois a I'egard dC's CanJdiens, dont ils (e font VJngcz tot ou t:lrd, <juelque :lCCOmmo­ dement 'lue les CanadiCils cu1Tcnt fait ""cc cux, DC m:mqueroient PJ5 non plus de tirer rai(on de Ia f,(uerrc. qu'J! leur avbit f.li:c. On voir en diet, que
les
all Sua 0~ dll Nwd. ~ I
b h<lbitans dll Ca:laJa font cn.:ort: a­ L1:ucllement en gllerre arcc les iroquoi<. IcfqlleJs cepend.mt n 'ont jamais fJit la gucrrc aux Holbndois, qui font it Ia nouvelle Jo:k. La uifon en eft, qu'ils ont toujours bien menage Ls Iroquois, que1que in!ulte particuliere qu'iIs a~ent pll leur f:lire. .
Le S:eur de b Sa:!c, qui:\Voitb~au­ COllP de penetration, & memc Ie talent de ~aigncr lcs Sauragcs, dcvoitetre af~ filre, que tot ou t.lrd, lui 0U les Kcns fouffriroient d.ms l' etablifIl'ment de1eur C.olonie, puis qu'il fairoit une guerre ouverte aces peuplcs. D'ailleurs il mcttoit en cela un grand obfiacle a la convcrlion de ces B.lrbarcs, & rui:­ noit d'avancc tout Ie travail des Mi!. fionaircs, qu'il avoit avec lui. Et ell cfiet tout Chretien, qui veut conver­ tir des A mC's i D ieu, doit s' y prendre par des voies de douceur. C'eft auffi b le~on, que no us donne Ie Sauveur lui-meme. Apprme:{. de moi, dit i/, que je foil debonn.rtre c:r hl.mb!e de
B i Le
; 1 Nouveau Voiag, mtre La Mer
Le Sieur de la Sane avoit ordonne au Capitaine de la Fr-:-gate, qui luire­ floit de fonder exaaement la Baye. au i/ vouloit s' etablir, & de reconnoitre Ie terrain, a mefure ~u'il avanceraie. U lui avoit recomrnande !ur tout de fai­ re retirer Ion monde a bord de la Fre­ gate taus Ics loirs. t-.his ce Capitaine & fix de Ces hommes L S plus adroits, & Ics plus robu!lcs, channez de 101 dou­ ceur de la failon, & de la bcaute du Pals, aiant lailfc leur Canot, & leurs armes Cur Ies vOICes a maree bOilfe, s"a­ vancerent a nne portce de fufil {ilr Ie pre pour y ctre a. fee. lis s'y en dor­ mirent profondcment. Mais une trou­ pe de SaJ.lVagcs s' cn crant apper~eue, les furprit a b faveur du !ommeil, & de b nuit. IIs les maffacrcrent done cruetlemeot, & briferent leurs armes avec leur Canot de bois Oll Pyrogue. Avanture tragique, qui jetta Ie Camp dans /a derniere conflernation.
A pres avoir rendules derniers devoirs aces malheureux, Ie Sieur de la Salle ~;!{I11t des vivrc:s. pour fix mois a cc:ux,
'lui·
du Sua (7' au Nord. 3 3 qui demeuroient dans ce Camp, par­ tit avec vingt hommes & Ie Sieur Ca­ velier, Prctre fon frere pour aIler cher­ cher plr terre l'embouchure du F1euve Mef.:hafipi. Cette Baye, qu'ilrecon­ nut ctre a 27. degrez 45. minutes de la­ titude, ell la dtcharge d 'un grand nom­ bre de Rivieres, dont pas une ne pa­ roiffoit alTezlaree ni affez profonde pour 6:re un des bras de ee Fleuve. Le Sieur de la Salle les parcourut dans la penfee, que ces Rivieres ctoient peut ctre for­ me~ s plus haut par Ull desbras du Mef­ chafipi, ou qu'au moins en traverlant les terres bien avant it reconnoitroit Ie cours de ce Flcuve. 11 fut bien plus long temps , qu'it n'avoit eru a faire c-ette Decouverte. II etoit oblige de faire des Cajeux pour palTer toutes lei: Rivicrcs, qu'il trollvoiten fon chemin, & par deffils tout crla il falloit, qu'it: fc retranchat tous les foirs pour {c ga,"" remir des infultes des Barblrcs.
Los pillies continuelles rendoient leg c:hemins fort diffieiles, & caufoicntdes torrens par taut. Ennn pourtant it
B.. 5 erue.
34 NouvtltU Voi4gt mtrt III Mer crut avoir trouvc Ie Fleuve1e I 3. de Fe­ vrier 1686. On s~yforti63, &leSicur de la Salle y iaiifa une partie de fesgens. 11 pfit neuf hammes avec lui, & con· tiniia fa Decouverte dans les plus beaux pa'is dl1 mande, traverfant quantite de Villages, & <ks Nations nombreufes, qui les traiterent fort humainement. En6n revenant a fes gens il arriva au Camp general Ie ~ I. de Mars chartne ele la beaute, & de la fertilite des Cam­ p~gnes, de la ql1antite incroiable de tou­ tes fortes de Ch.'lfles , & des peuplcs nombreux, qu'i) avoit trouvcz dans fa route::.
Mais Dien lui preparoit ulle epreu-. v.e bien pllils fenlible que toutes les pre. (dentes plr ]a perte de flFregatc. Ce ffUI Vai{1eJu, qui lui renoit, & avec lcquc\ il efperoit de cottayer Ia Mer, & pa{fer en fuite i So Domingue pour ohte­ nir de nouveaux fecours, cc Vaiifeau, dis-je. (cno:.i.! mllhcureufcment par Ia &lute de celllC', qui Ie conduifoient. Cc (1loc(te accident arriva par Ie pell de­ precaution dUo Pilote, qui De pmt pas
£arde
fl" SuJ (7 all Nml. 3 ~ garde a lui. T outes les marclundifes, qui etoient deffils, perirent fans rdlOur­ ceo Le Navire ie brifa ilaCote. Les Matelots nuent noiez, & a peine le Sieur Chefdeville Pretre, Ie Capitaine, & quatre perfonnes Le {Juvercnt dans un Canot, qu'ils trouverent ida Cote par une efpcce de miracle. On y per­ dit trente fix b.uils de farine, beau coup de vin, les coftres, Ics habits, Ie lin­ ge les equipages, & la plus grande plrtie des Outils. On peut s'imagincc, quel rut Ie chagrin mortel, qu'en eut Ie Sieur de b Salle. Son grand cou­ rage n'auroit point ete capable de lafou­ tenir, fi Dieu ne I'eufl: aide par un k­ cours particulier etc fa grace.
B G CHA.
CHAPITRE III.
Avamures mtllheureufes de deux' J oiag es, que Ie Sieur de la Sal­