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« Quand je serai grand, je serai pompier. » : Dans quelle mesure les élèves adhèrent-ils aux stéréotypes de genre dans leurs représentations de leur vie future ? Mémoire professionnel pour le Bachelor en enseignement préscolaire et primaire Ella Gander Directeur : M. Denis Gay Jury : Muriel Guyaz Lausanne, Haute Ecole Pédagogique Juin 2013

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« Quand je serai grand, je serai pompier. » :

Dans quelle mesure les élèves adhèrent-ils aux stéréotypes

de genre dans leurs représentations de leur vie future ?

Mémoire professionnel pour le Bachelor en enseignement préscolaire et

primaire

Ella Gander

Directeur : M. Denis Gay

Jury : Muriel Guyaz

Lausanne, Haute Ecole Pédagogique

Juin 2013

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Remerciements :

Je remercie sincèrement :

Monsieur Denis Gay, directeur et membre du jury ;

Madame Muriel Guyaz, membre du jury ;

Madame Catherine Felchlin, praticienne-formatrice ;

Les élèves ayant participé à la recherche.

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Table des matières :

1. Introduction .................................................................................................................... 3

1.1. Contexte de recherche ............................................................................................. 3

1.2. Choix de la thématique ............................................................................................. 4

1.3. Objectifs de la recherche .......................................................................................... 4

2. Problématique ................................................................................................................. 6

2.1. Cadre conceptuel ..................................................................................................... 6

2.2. Question de recherche ........................................................................................... 14

3. Méthodologie ................................................................................................................ 16

3.1. Population ............................................................................................................. 16

3.2. Démarche .............................................................................................................. 16

3.3. Hypothèses de recherche ....................................................................................... 17

4. Résultats ....................................................................................................................... 18

4.1. Analyse des entretiens ........................................................................................... 18

4.2. Analyse globale ..................................................................................................... 26

4.3. Analyse selon les conditions socio-économiques ................................................. 31

4.4. Analyse thématique ............................................................................................... 34

5. Conclusion .................................................................................................................... 38

5.1. Pistes d’action ....................................................................................................... 39

5.2. Discussion ............................................................................................................. 40

5.3. Ouverture ............................................................................................................... 41

6. Bibliographie ................................................................................................................ 42

6.1. Ouvrages ................................................................................................................ 42

6.2. Sites ....................................................................................................................... 43

7. Annexes ......................................................................................................................... 44

7.1. Dessins d’élèves .................................................................................................... 44

7.2. Retranscription des entretiens ............................................................................... 58

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« Les forces seraient égales, si l’éducation l’était aussi. »

Montesquieu

1. Introduction

1.1. Choix de la thématique

De nos jours, l’égalité est une valeur dont la promotion occupe les gouvernements depuis des

années déjà : les comportements racistes ou xénophobes, les injustices faites aux homosexuels

ou aux personnes handicapées sont fermement condamnés, mais existent toujours. Ces formes

de discriminations sont proscrites par des lois, notamment, chez nous, par la Constitution

vaudoise, au même titre que les inégalités fondées sur le sexe.

En effet, dans la Constitution fédérale du 18 avril 1999, il est écrit dans l’article 18 que

« L'homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l'égalité de droit et de fait, en

particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail. L'homme et la femme

ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale. ». De plus, la Loi fédérale sur

l’égalité entre femmes et hommes du 24 mars 1995 réitère cette interdiction de discriminer sur

la base du sexe d’un individu.

Par ailleurs, en ce qui concerne la profession d’enseignant, la CDIP a élaboré en 1993 des

« Recommandations en vue de l'égalité de l'homme et de la femme dans le domaine de

l'enseignement et de l'éducation », mentionnant notamment le droit pour les hommes et les

femmes d’avoir accès à toutes les professions et formations, le droit à une orientation scolaire

indépendante du sexe ou encore le devoir de l’école d’être organisée de sorte que les pères et

les mères puissent exercer leur profession.

Cependant, malgré ces textes de loi certaines inégalités entre les hommes et les femmes

subsistent. En Suisse, les femmes font des études moins longues que les hommes, occupent

moins souvent les fonctions dirigeantes, travaillent plus souvent à temps partiel et font plus

d’heures de tâches ménagères. Dans le secteur privé, elles gagnent en moyenne 19,4 % de

moins que les hommes.

Comme nous le verrons, ces inégalités et les choix qui y mènent ne sont pas innés ou

biologiques, mais se construisent : au travers des médias, de la famille, dans l’interaction avec

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les pairs, mais aussi au sein de l’école. Nous verrons que l’école renforce les préjugés des

enfants en présentant presque exclusivement des enseignantes dans les degrés primaires, et

une majorité d’enseignants au secondaire, principalement dans les disciplines telles que les

mathématiques ou les sciences (Baudoux & Noircent, 1997). Nous nous intéresserons

également au rôle que les enseignants et enseignantes peuvent jouer, notamment au travers du

choix du matériel pédagogique ou des exemples utilisés, mais également par le biais de leur

attitude ou de leurs attentes envers les élèves. Le but n’est pas de jeter la pierre au personnel

enseignant : il faut du temps pour changer les habitudes de travail. Pour ma part, et bien

qu’étant consciencieuse quant aux valeurs que je peux transmettre aux élèves, il m’est déjà

arrivé de dire à un élève qui avait taché son pull « Ta maman ne va pas être contente ! ».

Les enseignants et les enseignantes passent auprès des enfants autant de temps que leurs

propres parents. Ils ne transmettent pas seulement des savoirs, mais également des savoirs-

être, des principes, des valeurs. C’est pourquoi, ce sujet est pertinent car il est de notre devoir

de promouvoir l’égalité : l’égalité des chances mais également l’égalité des choix. A travers

ce mémoire professionnel, j’espère combattre, à ma façon, le sexisme ordinaire, de tous les

jours. Ce sexisme, sans doute jugé banal par certaines personnes, peut avoir d’énormes

conséquences sur les choix, non seulement professionnels mais également de vie, des élèves.

1.2. Contexte de recherche

Cette recherche a été menée dans une classe ressource accueillant des élèves de 8 à 11 ans

ayant des difficultés scolaires, principalement en mathématiques et en français. Ces élèves ont

une histoire scolaire problématique et ont toujours été confrontés à l’échec scolaire. C’est un

élément à prendre en compte car les résultats sont propres aux élèves dans cette situation et ne

seraient probablement pas vérifiables dans une classe ordinaire.

Si cet environnement est particulier, il n’en est pas moins intéressant : on peut penser qu’à cet

âge-là, les enfants n’ont pas encore totalement assimilé les stéréotypes de genre et qu’ils

envisagent leur vie future avec cette part de rêve propre aux enfants et sans se conformer aux

attentes des parents, des enseignants, de la société. De plus, il serait intéressant de voir si, à

cet âge-là, ils ont déjà intégré l’échec scolaire ou s’ils envisagent des carrières nécessitant des

études longues, en dépit du fait que les adultes envisageraient pour eux une trajectoire moins

ambitieuse.

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1.3. Objectifs de la recherche

Cette recherche s’intéresse aux représentations des élèves en ce qui concerne leur vie future.

Plus particulièrement, l’objectif de ce mémoire professionnel est de comprendre dans quelle

mesure les élèves adhèrent aux stéréotypes de genre lorsqu’ils se représentent leur avenir. Les

représentations des élèves ont été récoltées à l’aide d’un dessin, dans un premier temps, puis

approfondies lors d’un entretien individuel avec un certain nombre d’élèves.

Toutefois, bien que les dessins et les entretiens aient soulevé bien d’autres aspects, il s’agit

pour moi de m’intéresser prioritairement à la question du genre. Ma question de recherche est

la suivante : « Dans quelle mesure les enfants adhèrent-ils aux stéréotypes de genre lorsqu’ils

se représentent leur vie future ? ». Mon hypothèse est qu’une majorité des élèves aura des

représentations très stéréotypiques et que peu d’entre eux se retrouveront dans des parcours un

peu plus atypiques.

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2. Problématique

Afin d’appréhender au mieux les mécanismes qui conduisent à des stéréotypes largement

acceptés socialement et de comprendre les conséquences de ces stéréotypes sur nos vies et sur

celles des jeunes enfants, il est nécessaire d’expliciter un certain nombre de concepts.

Ces concepts principaux vont nous permettre de comprendre pourquoi et comment le

stéréotype se forme et se transmet, sur quels éléments il se base et pourquoi il est déjà connu

des enfants. Ils nous permettront également de saisir quels sont les enjeux pour toute personne

se trouvant en contact avec des enfants et particulièrement pour les enseignants et

enseignantes.

2.1. Cadre conceptuel

Concepts principaux :

Sexe & Genre

La catégorisation

Les stéréotypes

La socialisation différenciée

Le curriculum caché

L’effet Pygmalion

Sexe & Genre :

Il est important de commencer par différencier les notions de sexe et de genre. L’idée de sexe

est de l’ordre du biologique, du naturel : les différences biologiques entre hommes et femmes

ne peuvent être niées.

Quant à la notion de genre, elle se réfère avant tout à la culture : le genre se construit dans les

interactions sociales et les conditions culturelles. L’identité sexuelle est certes influencée par

le biologique mais c’est également une production sociale. Or, ce n’est pas le sexe qui crée les

différences sociales mais bien la hiérarchisation des genres (Le Feuvre, 2002). Cette idée de

hiérarchisation nous renvoie au concept de catégorisation car le sexe est, avec l’âge, la

première catégorie sociale utilisée par l’enfant. Ainsi, l’enfant construit très vite ce que c’est

que d’être homme ou d’être femme et il est très tôt capable de classer les individus entre deux

catégories : les hommes et les femmes (Dafflon Novelle, 2006). Cet aspect est

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particulièrement intéressant pour cette recherche car il permettra de mettre en lumière

comment les enfants se représentent en tant que futurs hommes ou futures femmes.

La catégorisation :

Selon Vignaux (1999), l’être humain classe pour penser. Il compare, il met des étiquettes pour

mieux comprendre. Ces catégories sont faites grâce aux différences et aux similitudes et elles

sont transmises par l’expérience, la culture, l’école, la tradition et le milieu familial et social.

Cette tendance à catégoriser trouve son origine dans la volonté de mémoriser. Ainsi, durant

toute l’Histoire, on peut observer cette volonté de classer, d’inventorier, de faire des

collections. Si l’être humain a commencé par inventorier les plantes, les animaux ou les

minéraux, il s’est ensuite attelé à la classification des ethnies, des peuples, des cultures. Des

notions de « races », justifiées par des données telles que la taille ou la forme du crâne,

s’installent et gagnent le sens commun. Or cette catégorisation des humains reflète une peur

de l’inconnu, une crainte de se confronter à l’Autre. Cela a donné lieu à une hiérarchisation

des « races », puis à la ségrégation de certaines d’entre elles. Le danger, selon Vignaux,

« c’est de croire que toute catégorie que nous avons faite nôtre, sera aussi universelle,

commune à toutes les cultures » (p.102). Car la catégorisation est avant tout une frontière avec

l’Autre, que je crains mais sans qui je n’existe pas. La frontière ne se crée pas seulement sur

ce que l’Autre est, mais également sur ce qu’il n’est pas : là où il n’est pas comme moi.

Cette catégorisation, cet « étiquetage » de l’Autre est sécurisant : il nous permet de raisonner.

Mais il ne faut pas oublier ce que ces classifications ont d’arbitraire : elles sont basées sur des

représentations qui, elles, sont fondées sur notre propre perception du monde. Ces

représentations dépendent donc du sens qui est attribué à ce que l’on perçoit, de notre

interprétation des faits observés.

Nous verrons dans cette recherche comment les enfants perçoivent les deux catégories

sociales qui nous intéressent ici : les hommes et les femmes. Nous nous intéresserons

également au degré de « perméabilité » de ces catégories : les rôles sociaux « traditionnels »

dévolus à l’homme et à la femme peuvent-ils être échangés ?

Pour pouvoir analyser cet aspect-là, nous utiliserons le concept de stéréotype, qui est une

forme de catégorisation.

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Les stéréotypes

A l’origine, le mot « stéréotype » est un terme d’imprimerie : il a ensuite été utilisé pour

rendre compte de la rigidité d’une représentation et de sa reproduction toujours identique

(Doraï, 1991). Le stéréotype est « un ensemble de croyances, résultant des images construites

dans notre tête, sur n’importe quel groupe de personnes » (p.12). Il se forme en accentuant les

différences entre les groupes et en accentuant les similitudes au sein d’un même groupe

(Baugnet, 1998).

En sociologie, il y a deux courants : le premier courant définit le stéréotype comme une

croyance formée en sur-généralisant, en déformant les faits. Le deuxième le définit comme un

simple processus de catégorisation, servant à conceptualiser, à traiter l’information en se

basant sur l’observation des faits. Dans tous les cas, le stéréotype est caractérisé par sa rigidité

et par le fait d’être élaboré et partagé par les membres d’une même communauté. Son but est

d’obtenir une vision de la réalité commune aux membres d’un même groupe (Bonardi &

Roussiau, 1999).

Le stéréotype s’applique également à son propre groupe d’appartenance : l’individu est

conscient des stéréotypes de son groupe, qu’ils soient positifs ou négatifs. Son identité sociale

est directement influencée par ces stéréotypes : il s’agit pour l’individu de se situer par rapport

à cette catégorisation, d’accepter ou non de se conformer aux caractéristiques du groupe.

Comme nous l’avons vu, les catégories et, donc, les stéréotypes liés, sont transmis par la

famille, l’école etc. Cependant, ce processus de classification ne peut fonctionner qu’avec

l’adhésion des membres d’un même groupe d’appartenance. Dans cette recherche, nous

essayerons de déterminer si les enfants adhèrent au système de classification traditionnel et

stéréotypique : l’homme qui travaille et rapporte de l’argent, la femme au foyer qui s’occupe

des enfants et des tâches domestiques. Nous analyserons également leur degré d’adhésion en

regard de leur situation familiale actuelle, notamment des activités professionnelles des

parents.

Car au sein de la famille, les rapports intra-femmes sont souvent calqués sur ces catégories et

les stéréotypes associés : les mères transmettent à leurs filles quel rôle, quelle place elles

doivent avoir. Elles leur apprennent à se soumettre à l’homme. Les pères, quant à eux,

apprennent à leurs fils l’autorité (Le Feuvre, 2002). On peut donc voir, au sein de la famille, la

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reproduction des rôles de domination / subordination. Cela nous amène à la notion de

socialisation différenciée.

La socialisation différenciée

Pour ce chapitre, je me base principalement, sauf autre mention, sur l’ouvrage « Filles –

garçons. Socialisation différencie ? » écrit sous la direction de Anne Dafflon Novelle (2006).

Nous l’avons vu, la construction de l’identité sexuée doit à la fois au biologique et au culturel.

Cependant, Kohlberg (cité par Dafflon Novelle, 2006, p.12) a défini des étapes par lesquelles

l’enfant passe pour forger son identité de garçon ou de fille :

Identité de genre : jusqu’à deux ans environ, l’enfant pense que le sexe dépend des

caractéristiques de la personne comme la longueur de ses cheveux, les vêtements

qu’elle porte, les jouets qu’elle utilise ou les activités qu’elle fait. Un individu peut

donc être une fille lorsqu’il joue avec une poupée, puis un garçon lorsqu’il se met à

jouer aux petites voitures.

Stabilité de genre : vers trois ou quatre ans, l’enfant comprend que le sexe est une

donnée stable, qui ne change pas. Mais il dépend toujours des attributs (cheveux,

vêtements, etc.).

Constance de genre : entre cinq et sept ans, l’enfant comprend que le sexe est

immuable et qu’il est fonction d’une donnée biologique.

On voit donc que ces stades sont marqués par des aspects socioculturels : la longueur des

cheveux ou le choix des vêtements ne sont pas déterminés biologiquement et l’attribution de

ces éléments à un sexe ou l’autre peut varier d’une culture à une autre, voire d’une époque à

une autre.

Ces stades évoluent et la rigidité des représentations également : plus l’enfant grandit, mieux

il tolère les « transgressions ». Cependant, on remarque que les adolescents sont à nouveau

enclins à condamner celles et ceux de leurs pairs qui ne se conformeraient pas aux

caractéristiques de leur genre. Ceci explique en partie les choix très stéréotypiques du métier :

à l’adolescence, lorsqu’il faut choisir une voie, le poids du regard des autres se fait beaucoup

sentir.

Cette recherche étant menée avec des enfants de 8 à 12 ans, il sera intéressant de relever le

degré de rigidité des stéréotypes auxquels adhèrent les participants. En effet, ils ne sont pas

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encore adolescents, on peut donc faire l’hypothèse qu’ils accepteront plus volontiers les

transgressions de genre. Cependant, l’entretien portant principalement sur le choix du métier,

on peut également imaginer que les enfants subissent déjà une certaine pression sociale les

poussant à choisir un métier conforme à leur genre.

Vers 2 – 3 ans déjà, les enfants sont capables d’associer un jouet avec le genre qui est censé

lui correspondre. Idem avec les métiers, même s’ils n’ont jamais eu l’occasion de rencontrer

une personne l’exerçant. Ainsi, à n’en pas douter, les enfants de cette recherche auront déjà

intégré quelles sont les professions socialement masculines ou socialement féminines.

Comme nous l’avons vu, la catégorie du genre, comme tout processus de catégorisation, est

transmis par la famille, l’école, les médias etc. Au sein de la famille, de l’école ou de la

société en général, les individus ne vont pas se comporter avec un enfant de la même manière

s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille : ce processus s’appelle la socialisation différenciée. Il

est impossible de prendre en compte toutes les variables qui entrent en jeu dans le processus

de construction de l’identité sexuée ; cependant, la famille a un rôle à jouer. Dafflon Novelle

(2006) fait, dans son ouvrage, un compte-rendu des différences faites, au sein de la famille,

entre les enfants de sexes différents :

Projection de la famille durant la grossesse :

o décoration de la chambre

o attentes des parents ou de l’entourage

o achat des habits ou des jouets : les jouets pour garçons font plutôt appel à la

manipulation quand ceux pour les filles sont généralement du domaine

domestique, du ménage.

Propositions de jeux stéréotypiques : les adultes offrent aux enfants des jouets

conformes à leur genre. Il existe également des jouets neutres, mais ils sont plus

facilement proposés aux filles qu’aux garçons. Les adultes invitent plus souvent les

filles à jouer à des jeux où il leur faut beaucoup verbaliser. En découle un

apprentissage du langage différencié.

Encouragement des comportements stéréotypiques et découragement des

comportements contre-stéréotypiques.

Il y a en effet deux grands courants complémentaires concernant la socialisation différenciée :

les théories du schème de genre (Dafflon Novelle cite notamment Bem, 1981 et Martin &

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Halversion, 1981) et la théorie de l’apprentissage social (Dafflon Novelle cite Bandura, 1971

et Mischel, 1966).

Selon la théorie de l’apprentissage social, les adultes renforcent les comportements attendus

des enfants, notamment en encourageant les comportements typiques et en décourageant les

comportements non-conformes. Les garçons sont également plus réprimandés que les filles.

Ces dernières ont, dès lors, plus tendance à transgresser que les garçons puisque leurs

comportements non-conformes semblent moins « inacceptables ».

Selon les théories du schème de genre, les enfants observent et imitent les personnes de leur

sexe dans l’optique de se conformer aux comportements attendus d’un garçon ou d’une fille.

Tous ces éléments font que les enfants ont des expériences de socialisation différentes selon

leur sexe. La famille joue un rôle dans cette construction identitaire, notamment par le biais

des éléments mentionnés ci-dessus mais également par leurs attitudes. En effet, les pères

participent plus aux soins, aux jeux et à l’éducation de leur enfant s’il s’agit d’un garçon

(Dafflon Novelle, 2006, p.32). Les colères seront plus facilement acceptées chez un garçon,

car elles sembleront plus légitimes ou normales (Idem, p.35). Les parents parlent plus

d’émotions avec les filles et encouragent davantage l’autonomie des garçons, préférant la

proximité des filles. Ces aspects ne sont pas forcément conscientisés par les acteurs

concernés. Cependant, ils produisent un apprentissage à la fois formel et informel.

On peut également noter que lorsque le modèle de la famille est traditionnel, par exemple

dans le domaine du partage des tâches ménagères, les enfants ont tendance à être moins

tolérants quant aux transgressions de genre. Ils sont également plus conscients de ce qui est

typiquement masculin ou typiquement féminin. Cet aspect sera pris en compte dans cette

recherche puisque nous nous intéresserons également à la situation familiale actuelle de

l’enfant, notamment aux professions des parents.

Les pairs ont donc également une influence sur le comportement des enfants : ils peuvent

décourager les attitudes non-conformes en arrêtant le jeu ou en se moquant, par exemple. Si la

première partie de la recherche a été réalisée en classe et a donc exposé les enfants au regard

de leurs pairs, l’entretien a été réalisé de manière individuelle afin d’éviter ce biais-là.

Cependant, étant une examinatrice exerçant un métier typiquement féminin, on peut imaginer

que les enfants ne se sont pas sentis totalement libres d’exprimer leurs souhaits quant à leur

avenir, de peur de ne pas être « justes ».

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La famille n’est pas la seule à jouer un grand rôle dans la socialisation différenciée des

enfants : les médias y participent également, notamment par le biais de la télévision. En effet,

les publicités mettent en scène principalement des femmes lorsqu’il s’agit de vanter les

mérites d’un produit ménager et principalement des hommes lorsqu’il s’agit de présenter une

nouvelle voiture de sport, par exemple. Ainsi, même dans une famille où les tâches ménagères

sont également réparties entre le père et la mère, d’autres éléments viennent influencer les

représentations des enfants.

La littérature enfantine y contribue également, en mettant en scène, la plupart du temps, des

personnages très stéréotypiques : on trouve habituellement plus de héros que d’héroïnes, des

femmes plus souvent dans les rôles secondaires et des hommes dans les rôles principaux. La

femme est souvent représentée avec des vêtements propres aux tâches domestiques. Parfois,

elle a un travail mais elle n’est presque jamais représentée comme étant à la fois mère et

femme active. Ce qui n’est pas le cas pour les hommes, qui sont représentés à la fois pères et

travailleurs.

De plus, comme nous allons le voir au paragraphe suivant, l’école et le personnel éducatif

contribuent aussi à cette socialisation différenciée et ce, dès la crèche.

Le curriculum caché

Ce concept concerne particulièrement le personnel enseignant et permet de mettre en lumière

des pratiques qui peuvent être conscientisées dans le but de parvenir à plus d’égalité. Ainsi, ce

concept peut nous permettre d’agir pour éliminer, à notre niveau, la discrimination.

Le curriculum peut être défini comme le parcours éducatif, le plan d’étude. Selon Perrenoud

(1993), il existe trois niveaux de curriculum :

Le niveau du curriculum prescrit, ou formel : il s’agit du parcours éducatif programmé

par les plans d’étude, les textes prescriptifs.

Le niveau du curriculum réel : ce niveau est caractérisé par l’enseignement réellement

dispensé et les expériences effectivement vécues par les élèves.

Le niveau des apprentissages effectivement réalisés par les élèves.

En effet, malgré les prescriptions des plans d’étude, les enseignants ont une certaine liberté,

une marge d’interprétation. Chacun enseigne à sa façon et sélectionne certains éléments du

plan d’étude et d’autres non. Au niveau des élèves, même en suivant les mêmes cours avec les

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mêmes enseignants, les expériences vécues sont différentes et les apprentissages

effectivement réalisés également : tous ne retiennent pas les mêmes « moments forts » d’une

séquence, tous n’apprennent pas au même moment ou de la même façon.

Il existe cependant un autre curriculum : le curriculum caché. Il se définit par les

apprentissages implicites, non-programmés. Les enseignants, les élèves et les parents n’en

sont en général pas conscients. C’est le cas de l’apprentissage des valeurs propres à l’école :

respect des règles, apprentissage de la vie en communauté, respect de l’autorité etc.

Malheureusement, on peut également affirmer que l’école participe à la reproduction de

comportements stéréotypiques. A la crèche déjà, les garçons sont plus souvent réprimandés

que les filles lorsqu’ils sont indisciplinés. Ils obtiennent également plus d’attention de la part

des éducateurs et éducatrices lorsqu’ils participent de manière adéquate aux activités. Le

personnel a également plus d’interactions avec eux et base plus ses interactions avec les filles

sur de l’affectif. Les filles se voient plus souvent poser des questions fermées et les garçons

plus souvent des questions ouvertes (Dafflon Novelle, 2006).

Baudoux & Noircent (1997) présentent dans leur ouvrage un inventaire d’études décrivant des

comportements, dans le cadre de la scolarité obligatoire, qui peuvent être de l’ordre du

curriculum caché, notamment s’ils donnent lieu à un apprentissage :

Temps de parole plus élevé accordé aux garçons

Plus de distance avec les filles

Séparation en groupes de filles ou de garçons

Indiscipline des garçons jugée « naturelle », celle des filles non-réprimandée

Travaux jugés différemment en fonction du sexe

Selon ces auteurs, ces comportements peuvent amener les filles à se sentir inférieures et à

adopter une attitude de retrait à l’école. En tant que future enseignante, cet aspect m’interpelle

et me questionne. Bien que ce concept ne soit pas directement abordé dans l’analyse des

propos des élèves, il me paraît important de relever qu’il pourrait avoir une influence sur le

choix de profession des enfants. En effet, en adoptant une attitude différente avec les garçons

et les filles, notamment en faisant verbaliser beaucoup plus les filles que les garçons, les

apprentissages qui en résultent sont également différents : ceci expliquerait notamment le plus

grand succès des filles en langues et celui des garçons en mathématiques (Ebbeck, cité par

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Dafflon Novelle, 2006, p.77). Habiletés qui orientent, par la suite, les élèves vers un type de

métier plutôt qu’un autre.

Cependant, les enfants de cette recherche étant tous en plus ou moins grandes difficultés

scolaires, il sera intéressant d’observer s’ils prennent en considération cet aspect.

De plus, au-delà des apprentissages effectués implicitement par les élèves, il y a l’influence

des représentations des enseignants. Ceci m’amène donc au dernier concept : celui de l’effet

Pygmalion.

L’effet Pygmalion

L’effet Pygmalion décrit un phénomène où les attentes de l’enseignant ou de l’enseignante

influencent le comportement et les résultats de l’élève concerné, même si les deux n’en ont

pas conscience. Lors des premiers contacts entre l’élève et l’enseignant, celui-ci va « juger »

l’élève, essayer de le cerner. Il va alors lui mettre une étiquette, le ranger dans une catégorie ;

ceci va le pousser à faire une hypothèse sur la réussite ou sur l’échec de l’élève. Hypothèse

qui va effectivement, dans une certaine mesure, se réaliser (Avanzini, 1996).

On observe le même phénomène avec les stéréotypes. Rydell, Rydell et Boucher (2010) ont

réalisé une expérimentation visant à observer « the stereotype threat » : la menace étant

illustrée, dans leur expérience, par le stéréotype « les femmes sont mauvaises en maths ».

Cette menace a été introduite à différents moments durant leur apprentissage de notions de

mathématiques. Les résultats montrent que la menace du stéréotype réduit les performances et

a une influence négative sur l’encodage des informations lors de l’apprentissage.

On peut donc en conclure que l’adhésion des enseignants aux stéréotypes de genre influence

l’attitude et les résultats des élèves, que ceux-ci soient conscients de ces stéréotypes ou non.

Il s’agit d’un élément important pour cette recherche car les enseignants et enseignantes sont

des figures importantes dans la vie des enfants et, à ce titre, peuvent donc influencer la

manière dont ils perçoivent les stéréotypes de genre, ainsi que leur adhésion éventuelle à ces

stéréotypes.

2.2. Question de recherche

Nous avons vu comment les élèves peuvent être influencés, à travers leur famille ou à l’école

notamment, par des stéréotypes de genres. Cependant, la société évolue et les mentalités

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changent. Aujourd’hui, on promeut l’égalité, on s’insurge contre toute forme de ségrégation,

on met en place des structures de surveillance telles que le bureau de l’égalité entre les

femmes et les hommes. La discrimination est ouvertement combattue et les femmes

revendiquent leurs droits, notamment par des actions publiques voire par des actions radicales

comme celles du mouvement Femen.

Face à ce double mouvement – à la fois traditionnel et revendicateur –, je cherche à savoir

comment se situe la nouvelle génération. C’est pourquoi j’aimerais savoir à quel point les

écoliers d’aujourd’hui adhèrent ou non aux stéréotypes de genre.

Ma question de recherche est la suivante :

« Dans quelle mesure les enfants adhèrent-ils aux stéréotypes de genre lorsqu’ils se

représentent leur vie future ? »

Ce sujet m’intéresse tout d’abord en tant que femme mais également en tant que future

enseignante. En effet, je pense qu’il est de notre devoir de promouvoir l’égalité de manière

active. Cela suppose donc de prendre conscience de nos propres valeurs et représentations et

de la manière dont elles peuvent influencer notre pratique professionnelle.

De plus, je cherche à comprendre comment les représentations évoluent et comment les

enfants se situent par rapport au flux d’informations qu’ils reçoivent, de diverses sources.

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3. Méthodologie

3.1. Population

Cette recherche a été effectuée dans un « espace ressource » en campagne lausannoise, qui

regroupait des élèves d’établissements de plusieurs villages alentours. Cette classe accueillait

des élèves en difficultés en mathématiques et/ou français pour une durée allant de 4 à 16

périodes hebdomadaires. Le « noyau » de la classe était constitué de six élèves (deux filles et

quatre garçons) fréquentant l’espace ressource 16 périodes. A ce groupe venait s’ajouter une

fille lors des leçons de maths et deux filles et un garçon lors des périodes de français. En plus

de ces élèves, deux garçons venaient à l’espace ressource pour quelques périodes d’appui.

Les élèves de cette classe avaient tous une classe dite « traditionnelle » où ils se rendaient

lorsqu’ils n’étaient pas dans la classe ressource ou pour les activités particulières, comme les

sorties ou les leçons de piscine.

Pour ces raisons et à cause d’un programme également très chargé, il a été difficile de faire

participer tous les élèves à cette recherche. J’ai donc choisi de mener ma première activité une

matinée où un maximum d’élèves étaient présents. C’est pourquoi une des filles n’a pas pu y

participer.

Les niveaux étaient assez hétérogènes : nous accueillions des élèves du CYP1 au CYP2,

certains suivaient des programmes de degrés différents en français et en mathématiques. Les

élèves étaient âgés de 8 à 12 ans.

3.2. Démarche

Dans un premier temps, j’ai demandé aux élèves de faire un dessin sur le thème « Ma vie dans

20 ans ». J’ai donné la consigne de dessiner comment ils imaginaient leur vie 20 ans plus tard.

Ne voulant pas être inductive, je n’ai d’abord donné que cette instruction. Puis, j’ai proposé

certains éléments qu’ils pouvaient dessiner, notamment le métier, la maison, la vie de famille,

les loisirs.

J’ai ensuite insisté un peu sur la profession, car cela me semblait être un élément déterminant

pour l’analyse des dessins. J’ai alors remarqué que certains élèves étaient un peu désemparés

à l’idée de devoir « dessiner » un métier : s’il est effectivement relativement aisé de

représenter une personne travaillant dans le domaine des soins, par exemple, il est plus

difficile de représenter des professions n’ayant pas d’uniforme ! C’est pourquoi j’ai proposé

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aux enfants qui n’arrivaient pas à dessiner de simplement noter le nom du métier qu’ils

souhaitaient exercer.

Dans un deuxième temps, j’ai mené des entretiens semi-directifs avec une partie des élèves.

Deux filles n’ont pas souhaité participer aux entretiens, me disant simplement qu’elles

n’avaient « pas envie ». Leurs dessins ont néanmoins été pris en compte pour l’analyse

globale et l’analyse thématique.

Durant ces entretiens, j’ai simplement demandé aux enfants de me parler de leur dessin, des

éléments qu’ils avaient représentés. Les relances portaient principalement sur les personnages

figurant ou non sur le dessin. J’ai également amené les enfants à parler de leur métier, de la

manière dont ils imaginaient les journées de travail et des raisons de leur choix.

Nous avons également beaucoup discuté des aspects familiaux, notamment la place de

l’époux ou de l’épouse au sein de la famille ou de sa profession. Mais nous avons également

abordé la question de la garde des enfants, pour ceux qui souhaitaient en avoir.

3.3. Hypothèses de recherche

Mes hypothèses étaient les suivantes :

a) Les garçons représenteront des métiers « masculins » tels que pompier, policier,

mécanicien ou médecin.

b) Les filles représenteront des métiers « féminins » tels que coiffeuse, infirmière,

enseignante ou secrétaire.

c) La majorité des élèves dessinera une famille « traditionnelle » : papa, maman et un ou

deux enfants, devant la maison.

d) Après discussion, il apparaîtra que la majorité se projette dans une répartition des

tâches « traditionnelle » : maman arrête de travailler pour s’occuper des enfants, papa

continue de travailler à plein temps.

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4. Résultats

4.1 Analyse des entretiens

J’ai récolté onze dessins d’enfants, sept de garçon et quatre de fille. Cependant, je n’ai pu

mener que neuf entretiens, deux filles n’ayant pas souhaité participer. Je vais tout d’abord

analyser chacun des entretiens séparément, selon trois angles principaux : la famille, le métier

envisagé et les autres éléments évoqués par l’enfant, tels que les loisirs ou certains éléments

matériels. Ces éléments seront ensuite mis en relation avec la vie actuelle de l’enfant,

notamment sa situation familiale ou les professions qu’exercent ses parents. Je vais relever

dans les discours des élèves les aspects qui me semblent pertinents en vue de comprendre

comment les enfants adhèrent aux stéréotypes de genre,

Je vais donc mettre en évidence des propos qui témoignent d’une assimilation de ces

stéréotypes ou, au contraire, qui démontrent que l’enfant prend le contre-pied de ces

stéréotypes, voire les rejette. Mon objectif est de montrer qu’une majorité des enfants adhère à

ces préjugés et qu’une faible minorité seulement les remet en question.

Entretien 1 : Nelson 1, 11 ans

Dans l’entretien, Nelson dit qu’il souhaite avoir quatre enfants. Sur son dessin, il n’en a

représenté qu’un seul, l’aîné, avec qui il joue au foot. Selon lui, les autres enfants se trouvent

dans la maison. La femme de Nelson les regarde jouer au foot. Nelson ne l’a pas dessinée en

train de jouer avec eux. Il me dit qu’il « aimerait bien » qu’elle joue avec eux mais elle-même

n’en a pas envie.

Nelson a une vision de la famille qu’il qualifie d’« assez cool » : il pense que sa femme

s’occupera de garder les enfants. Il l’imagine maman de jour ou nounou, car si elle faisait

quelque chose d’autre, « qui garderait les enfants » ? Pourtant, pour Nelson, cela n’est pas

« logique » qu’une femme arrête de travailler lorsqu’elle a des enfants.

Concernant la répartition des tâches, Nelson pense qu’ils feront la lessive et le repassage les

deux. Mais pour la garde des enfants, sa femme s’en chargera.

Nelson confie qu’il imagine devenir archéologue. Sa vision du métier est teintée d’aventure :

creuser, trouver des os, des dinosaures etc. Il explique que cette idée lui est venue de la

télévision et de l’école. Il s’agit d’un métier que l’on peut qualifier de valorisant, il est

1 Tous les prénoms utilisés sont fictifs, afin de préserver l’anonymat des enfants.

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positivement connoté. Au-delà du problème pour garder les enfants, Nelson ne verrait pas

d’objection à ce que sa femme travaille avec lui.

Concernant ses loisirs, le football revient comme un élément important, ainsi que les copains

et les fêtes entre amis.

Actuellement, la maman de Nelson est maman de jour, bien qu’elle ait une formation d’aide

pharmacienne. On retrouve cette idée dans la représentation future de Nelson: il pense que sa

femme s’occupera des enfants et n’imagine pas vraiment une alternative. On retrouve

également l’empreinte des parents dans la répartition des tâches : effectivement, Nelson me

confie que son père, qui travaille à 100% alors que sa mère ne travaille qu’à 30%, fait la

cuisine et aide au repassage. On peut donc en conclure que Nelson est influencé par le modèle

de ses parents.

Cependant, Nelson semble faire une distinction entre « sa » femme et les femmes en général.

En effet, il ne verrait pas d’inconvénient à ce que sa femme travaille avec lui. Sauf qu’il y

aurait alors un problème pour garder les enfants. On peut donc en déduire que Nelson ne

rejette pas l’idée qu’une femme puisse travailler avec lui. Même si, à première vue, ce métier

d’archéologue est plutôt marqué par des idées d’aventure, cela ne semble pas en faire un

métier « exclusivement masculin » aux yeux de Nelson.

Entretien 2 : Léo, 11 ans

Léo et Nelson sont frères jumeaux.

Léo me confie souhaiter avoir des enfants. Il en a dessiné deux : un garçon et une fille. Son

dessin comporte deux parties : la partie « maison » et la partie « garage », là où Léo travaille.

Il m’a dit n’avoir pas eu la place de dessiner sa femme car la seule place qu’il lui restait sur sa

feuille se trouvait dans la partie « garage ». Or, cette partie ne lui semblait pas appropriée pour

la dessiner. A la question de savoir si sa femme ne pourrait pas, elle aussi, travailler avec lui

dans le garage, Léo répond qu’elle devrait d’abord « s’occuper des enfants ». On voit ainsi

qu’il hiérarchise les priorités de sa femme : en premier lieu, elle devrait se charger des

enfants. Léo n’envisage pas de confier ses enfants à quelqu’un d’autre pendant que sa femme

travaille, il n’en a « pas envie ». Il préfère que ses enfants soient à la maison, il trouve que

« c’est mieux », sans arriver à expliquer pourquoi. Quand je lui demande s’il serait possible

que lui reste à la maison pour s’occuper des enfants, il me répond immédiatement « non parce

qu’on n’a pas le droit ». Puis, il me confie que sa maman « dit que y’a pas de nounou, enfin

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de… papa de jour. ». Il n’est cependant pas contre l’idée de rester lui à la maison pendant que

sa femme travaille. Il me confie quand même qu’un « homme nounou, ça ferait bizarre ».

Léo me raconte que l’idée d’être garagiste lui vient de son grand frère. Il s’imagine conduire

des machines et travailler au milieu des pneus et des jantes. Cependant, on peut remarquer

qu’il a une vision peu ambitieuse du métier. En effet, il semble vouloir se limiter à s’occuper

des pneus, comme son frère. Il n’évoque pas l’idée de réparer des voitures, par exemple.

Léo me confie que, petit, il voulait garder des enfants. S’il a changé d’avis, c’est parce que sa

maman lui a dit que « c’était pour les filles », qu’il y avait plus de filles qui faisaient ça. Il

pense d’ailleurs que certains métiers sont plus faits pour les filles. Par exemple, travailler dans

un magasin de poupées. Lorsque je lui demande quels métiers sont plus faits pour les garçons,

il évoque la réparation et la construction de voitures. Il n’a cependant pas d’explication à cette

répartition des professions. De plus, il trouve qu’une fille qui ferait un métier de garçon ou

l’inverse cela serait bizarre. Lui-même ne le ferait pas.

Léo et Nelson sont frères jumeaux et pourtant, on peut remarquer que Léo semble moins

enclin à dépasser les frontières du genre. En effet, il est plus catégorique quant aux métiers

réservés aux filles ou aux garçons. On peut toutefois également noter l’influence des parents.

Non seulement Léo souhaite reproduire le modèle de la femme au foyer qui garde des enfants

pendant que le mari travaille à plein temps, mais en plus, il a intégré l’idée, visiblement venue

de sa maman, qu’il ne pouvait pas être « papa de jour » car cela n’était pas pour les garçons.

Concernant les loisirs des deux frères, ils s’inscrivent dans la continuité de leur vie actuelle

puisqu’ils pratiquent ensemble le football.

Entretien 3 : Clotilde, 12 ans

Clotilde a dessiné ce qui, à première vue ressemble à une famille typique : un homme, une

femme et un enfant au milieu. Elle a même inscrit les noms des différents personnages.

Cependant, bien qu’elle dise vouloir deux enfants et qu’elle pense avoir « un papa pour les

enfants », ses explications concernant son dessin sont un peu confuses. En effet, elle semble

gênée lorsqu’elle me dit qu’elle s’est trompée et qu’il s’agit en fait du chef de la garderie qui

se trouve à côté de son magasin et d’une enfant qu’elle garde. Puisqu’il s’est écoulé plusieurs

semaines entre le moment du dessin et l’entretien, j’ai fait l’hypothèse qu’elle était peut-être

perturbée par le prénom écrit en dessus de l’homme, car elle avait peut-être changé

d’amoureux entre temps.

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Il est intéressant de noter que Clotilde ne parle pas directement du papa des enfants : c’est moi

qui dois lui demander si elle imagine vivre avec un mari. Dans sa vie actuelle également, elle

ne parle jamais de son père, uniquement de sa mère, avec qui elle vit. Elle dit n’accorder

aucune importance au métier que son mari fera. Cependant, ses représentations sont déjà très

marquées par des préoccupations d’adultes : elle me confie que le plus important, c’est

« d’avoir des habits, assez pour payer la nourriture pis d’avoir une voiture, pis d’avoir des

vacances quand même ». Elle pense également qu’elle confiera ses enfants à une maman de

jour.

Clotilde souhaite devenir vendeuse dans un magasin de bijoux ou de vêtements. Elle confie ne

pas vouloir être cheffe, « parce que cheffe, c’est du boulot ». On peut noter qu’elle n’a pas

une vision très ambitieuse, puisqu’elle me dit vouloir « mettre les habits en rayon, si c’est

tombé par terre ou plier les habits ». Elle souhaite avoir des horaires flexibles, ne pas

travailler à 100%. Cela est, fréquemment, une préoccupation féminine : se ménager des

moments pour pouvoir quand même s’occuper des enfants. Pourtant, la maman de Clotilde

travaille actuellement à plein temps.

Clotilde imagine également faire une garderie à côté du magasin où elle travaillerait, pour que

les mamans qui vont faire les courses puissent y laisser leurs enfants. Là encore une

préoccupation assez féminine ! Au sujet du patron de la garderie, elle dit de lui que c’est celui

qui « regarde, des fois, comment les employés ils travaillent ». Il ne s’occupe pas des enfants.

Le personnel de la garderie est principalement féminin car elle trouve que ce serait « bizarre

un petit peu » un homme qui s’occupe d’enfants, parce que « dans les garderies on voit pas

souvent des garçons qui s’occupent des enfants ». Elle me dit même « j’en ai vu une fois mais

ça m’a fait un petit peu un choc de voir. ». Clotilde justifie cela par le fait que les hommes

pourraient « maltraiter les enfants » dont ils ont la garde. Elle sait bien que les femmes aussi,

mais seulement si les enfants font des bêtises ! Clotilde préférerait d’ailleurs qu’une femme

s’occupe de ses enfants parce qu’elle « connait son métier », parce qu’une femme « ça a des

enfants et pis le papa il travaille tous les jours ». Concernant les femmes qui n’ont pas

d’enfant, elles peuvent quand même demander conseil à d’autres femmes. Chose que les

hommes ne pourraient pas demander, car les femmes parlent « de trucs de filles » avec les

autres femmes mais pas avec les hommes ! On voit ici que dans l’esprit de Clotilde, s’occuper

d’enfants est une tâche presque exclusivement féminine. Il y a l’idée que c’est inné, que c’est

commun à toutes les femmes, que c’est universel de savoir s’occuper d’enfants. De plus, on

peut dire que, pour Clotilde, ça n’est pas vraiment un métier à part entière. En effet, elle dit

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« le papa il travaille tous les jours », comme s’il y avait l’idée que, lui, fait un vrai métier, un

vrai travail. Pour elle, garder des enfants, ça n’est finalement qu’être une femme, comme si la

mère et la femme étaient forcément indissociables.

On peut dire que Clotilde est influencée par sa situation actuelle. En effet, sa maman la confie

à une maman de jour car elle travaille à 100%. D’après les dires de Clotilde, il semblerait que

son papa, dont elle ne parle jamais, ne soit pas présent et que sa maman doive assurer elle-

même toute la prise en charge, notamment financière, de sa fille.

On peut faire l’hypothèse que Clotilde, qui est très proche de sa maman, souffre de ne pas

pouvoir passer plus de temps avec elle et que c’est pour cela qu’elle-même ne souhaite pas

devenir cheffe. Non seulement à cause des responsabilités mais également parce qu’être

maman semble être une fin en soi pour Clotilde, le but de toute femme et que devoir beaucoup

travailler l’empêcherait de remplir son rôle de mère comme elle le souhaiterait.

On remarque également que Clotilde est marquée par les difficultés, notamment financières,

que rencontre sa maman, puisqu’elle semble avoir déjà intériorisé que sa vie future n’allait

forcément pas être facile.

Entretien 4 : Emilien, 8 ans

Emilien imagine une vie de famille « sympa », avec une femme « qu’il aime » et des enfants

qui n’ont pas de problèmes de drogue ou d’alcool. Cependant, sur son dessin, ces éléments

n’apparaissent pas. Le dessin est plutôt centré sur lui. Il est conscient des difficultés de la vie

adulte, puisqu’il me dit qu’il sait que s’il a une femme, « il faudra acheter à manger » par

exemple. Il me dit qu’actuellement, sa sœur veut trouver un mari riche, même si elle ne l’aime

pas, « même s’il est moche, c’est juste parce qu’elle veut être riche » : ça n’est pas quelque

chose qu’Emilien envisage. Il préfère que ce soit lui qui ait de l’argent, quitte à devoir en

prêter à sa femme.

Il imagine sa femme être coiffeuse ou styliste. Cependant, pour lui, il est évident qu’elle

s’occupera des enfants car elle aura plus de congés que lui. Il me confie néanmoins que cela

ne le dérange pas si elle ne s’en occupe pas beaucoup mais qu’il ne voit pas d’objection non

plus à ce qu’elle prenne des horaires différents pour s’en occuper. Il pense que ce sera

« comme elle voudra ». Toutefois, il ne souhaite pas confier ses enfants à une maman de jour

car il ne ferait pas confiance à quelqu’un d’extérieur à la famille. Il préférerait les faire garder

par sa sœur ou sa maman.

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Quant aux tâches ménagères, Emilien me dit qu’une femme de ménage s’en chargera.

Emilien hésite entre deux métiers : agent du FBI ou cuisinier. Il souhaite être agent du FBI car

il aime « travailler en équipe », il aime l’action et l’espionnage. Il joue d’ailleurs souvent à

faire semblant d’être un espion ou un agent secret. Ses représentations sont très marquées par

les films : arrêter des méchants, faire des enquêtes, porter l’uniforme. C’est un métier très

valorisant, connoté très « masculin ».

Aujourd’hui il hésite à plutôt devenir cuisinier car il aime faire de la pâtisserie, passion qu’il a

héritée de son papa qui était boulanger et qu’Emilien aidait souvent. Emilien précise

également qu’il veut « travailler dur » pour avoir un bon salaire : il souhaite être millionnaire.

Cependant, il est plus important pour lui d’avoir un métier qu’il aime plutôt qu’un métier qui

rapporte beaucoup d’argent.

Emilien se trouve actuellement dans un environnement très féminin, puisqu’il vit avec sa

maman et ses deux sœurs et ne voit que rarement son père, qui vit à l’étranger. On peut dire

que ses représentations sont assez peu stéréotypées, bien qu’il choisisse des métiers qui sont

plutôt réservés aux hommes.

Entretien 5 : Nils, 10 ans

Nils est un élève qui parle très peu, timide et renfermé. Son dessin et ses représentations sont

à son image. Il m’a confié vouloir vivre « plutôt tout seul », au « calme » dans une maison. Il

ne veut pas avoir de famille.

Il souhaite devenir menuisier-charpentier, comme son père. Il a envie de bricoler, de

« construire des toits, des portes ».

En dehors de cela, Nils imagine également « faire des activités tout seul », comme la marche

en montagne. Il a également dessiné une voiture, pour aller travailler.

Si son futur métier est influencé par son papa, on peut dire que l’influence s’arrête là puisque,

actuellement, Nils vit avec ses deux parents.

Nils m’a également confié qu’il avait des difficultés à imaginer sa vie future car cela lui

paraissait trop loin.

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Entretien 6 : Noé, 10 ans

Noé s’est dessiné seul dans sa maison. Il a une vision un peu floue de sa situation future. Il

sait déjà qu’il ne veut jamais avoir d’enfants mais il envisage quand même une vie à deux,

avec une copine. Il ne sait juste pas « si ça va arriver ».

Il me confie vouloir devenir archéologue. Il souhaite chercher et « découvrir des choses ». Il

s’intéresse particulièrement aux pierres et aux fossiles. Cette idée lui est venue « des livres et

des films ». Là encore, on trouve une vision très valorisante de ce métier.

Noé dit pouvoir imaginer que sa copine soit aussi archéologue mais tout cela lui semble assez

vague.

Il confie également qu’il souhaite « voyager beaucoup », cela fait partie des choses très

importantes à ses yeux.

Entretien 7 : Colin, 10 ans

Colin s’est représenté seul sur son dessin. Lorsque je lui demande s’il souhaite avoir des

enfants, il me répond qu’il n’est pas sûr d’en vouloir. Il me dit ne pas vouloir se marier mais

qu’il vivra peut-être avec quelqu’un, bien qu’il ne le pense pas.

Concernant les éventuels enfants, il me dit vouloir les prendre avec lui les week-ends et aller

les chercher à l’école la semaine. Mais il semble qu’il n’envisage pas vraiment les contraintes,

notamment de garde. Il ne souhaite cependant pas les confier à une maman de jour car ils

risqueraient de « faire les fous » !

Colin me confie qu’il souhaite devenir plongeur car il aime « rester très longtemps sous

l’eau ». Pour lui, un plongeur cherche des espèces rares, puis passe à la télévision pour

expliquer ce qu’il a trouvé, comment vivent les espèces rares de poissons etc. Ce qu’il dit

aimer dans ce métier, c’est l’idée de rester longtemps sous l’eau, sans que personne ne puisse

le voir. Il souhaite être seul avec les poissons et les animaux, leur parler. Il accepterait

néanmoins d’avoir un co-équipier.

On retrouve dans le dessin de Colin une influence de sa vie actuelle : il a dessiné un bâtiment,

comme celui qu’il habite aujourd’hui. Ses parents sont divorcés et son père, qu’il voit le

week-end, travaille beaucoup. Il est également intéressant de noter, bien que cela ne semble

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pas avoir d’influence sur les dires de Colin, que sa maman, ergothérapeute, ne travaillait pas

mais a repris une activité professionnelle à 50% depuis la séparation d’avec son mari.

Entretien 8 : Romy, 8 ans

Le premier élément énoncé par Romy est son envie d’avoir « deux jumelles et une grande

maison ». Vient ensuite le souhait d’avoir un mari et d’être chanteuse. Sa première idée serait

que son mari s’occupe des filles pendant qu’elle écrit ses chansons. Elle précise bien qu’elle

n’écrira pas toute la journée.

Lorsque je lui demande si son mari ne travaille pas, elle me répond que oui et qu’ils

alterneront travail et garde des enfants. S’ils doivent travailler les deux en même temps, alors

les filles iront chez une copine ou chez leur grand-maman. Elle ne souhaite pas les confier à

une maman de jour car « après on doit payer ». A la question de savoir si elle pourrait les faire

garder par un homme, Romy me répond que oui mais seulement s’il a déjà des enfants,

« parce qu’après les enfants, ils s’ennuient et puis… Et puis il a pas l’habitude d’avoir des

enfants… ». Elle termine en me disant que ce n’est pas très important que ce soit un homme

ou une femme qui les garde, l’essentiel était qu’il ou elle ait déjà des enfants, si possible du

même âge que les siens, pour qu’ils puissent s’amuser ensemble.

Romy n’imagine pas encore quel métier son mari fera mais elle pense qu’il est envisageable

qu’il arrête de travailler pour s’occuper des enfants et qu’elle-même continue son travail.

Pour elle, sa famille et son métier sont les deux « plutôt importants ». Toutefois, si elle devait

choisir entre l’un et l’autre, elle préférerait vivre seule avec son mari, sans enfant et continuer

à travailler. Elle me confie qu’aujourd’hui, elle hésite à avoir des enfants « parce que c’est

beaucoup de travail ».

On peut conclure que pour Romy, la vie de famille est un souhait mais que cela ne semble pas

être sa priorité. Sa façon d’imaginer l’avenir reflète une grande confiance en elle et une

certaine ambition. On peut également imaginer que son dessin a été relativement influencé par

le stéréotype de ce que devrait être la vie d’adulte pour une femme mais que Romy n’y adhère

pas totalement puisqu’elle préfère mettre l’accent sur sa carrière de chanteuse.

Il est intéressant de noter que le modèle de la famille de Romy est relativement traditionnel :

sa maman travaille à 50% et son papa à 100%. Pourtant, cela ne semble pas être immuable

pour elle puisqu’elle évoque la possibilité et même le souhait de voir les rôles s’inverser.

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26

Entretien 9 : Jonas, 10 ans

Jonas s’est dessiné lui et ses trois enfants. La maman n’est pas présente sur le dessin et il

m’explique alors qu’ « elle est en train de cuisiner ». Lorsque je lui demande si elle aura un

travail, il me répond « ben oui », mais il ne sait pas quel métier elle fera. Cependant, si les

deux parents doivent travailler, ils appelleront une baby sitter. Il me confie qu’il ne verrait pas

d’objection à ce que sa femme ne s’occupe pas des enfants, il ne lui demanderait pas d’arrêter

de travailler pour s’en occuper. Cela ne le dérangerait pas que quelqu’un d’autre s’occupe de

leurs enfants. On peut émettre l’hypothèse que sa vision est influencée par sa situation

présente, puisque les parents de Johann travaillent tous les deux à 80%.

Concernant les tâches ménagères, Jonas me dit qu’il s’occupera de « remettre plein de choses,

quand c’est cassé » et que sa femme s’occupera de nettoyer. Mais il arrivera qu’il nettoie « un

petit peu ». Cependant, il me dit qu’il le ferait si elle le lui demandait. Idem pour la cuisine, ce

qu’il fait déjà actuellement : il aide parfois sa maman à faire la cuisine.

Dans sa vie professionnelle, Jonas me dit qu’il souhaite être réparateur de voiture. L’idée lui

est visiblement venue de gens qu’il connait et qui font ce métier et parce qu’il « aime bien

réparer ».

Il ajoute également qu’il pratique le football durant ses loisirs. Quand je lui demande

comment il imagine la vie de tous les jours, il me répond « moyen, bof ».

4.2 Analyse globale

Pour cette partie et dans le souci d’avoir un échantillon plus représentatif de la classe, je

prendrai également en compte les dessins des deux filles qui n’ont pas souhaité participer à un

entretien.

Il ressort de cette analyse globale que les quatre filles ont toutes dessiné une famille typique :

l’homme, la femme et un ou deux enfants devant ou à côté de leur maison. Elles adhèrent

donc apparemment toutes à une vision de la famille que l’on peut qualifier de traditionnelle.

Cependant, lors de l’entretien, Clotilde n’a pas spontanément mentionné le père de ses

enfants. On peut donc se demander s’il s’agit là d’une influence de sa propre appartenance à

une famille monoparentale.

Sur sept garçons, deux se sont représentés seuls avec leur(s) enfant(s) et un seulement a

représenté la famille au complet. Quatre garçons se sont représentés seuls sur leur dessin. Lors

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des interviews, il est apparu que l’un d’entre eux ne souhaitait pas avoir d’enfants ni de

femme. Deux ne savaient pas encore, ils pensaient peut-être avoir une femme mais pas

d’enfants. Et un seulement voulait avoir une famille. On peut faire l’hypothèse que ces visions

très différentes chez les garçons et chez les filles sont le résultat d’une socialisation

différenciée : les filles apprennent à prendre soin des autres, à devenir des mères. En effet, les

filles apprennent souvent de leur mère le rôle qu’elles vont devoir assumer une fois adultes.

De plus, au travers des jeux habituellement proposés aux petites filles, ces dernières

apprennent à prendre soin d’une poupée ou à faire les tâches domestiques.

Quant aux garçons, ils semblent se représenter moins facilement dans une famille, avec les

responsabilités qu’elle apporte. En effet, les jeux de poupée, par exemple, leur sont en général

interdits. Ils ne font donc pas le même apprentissage à partir des jeux qui leur sont proposés.

Ils grandissent alors sans l’idée omniprésente qu’un jour, ils seront pères.

Ces éléments, intégrés par les enfants, résultent d’un apprentissage à la fois formel et

informel : les adultes leur transmettent leurs attentes implicites, parfois sans même le vouloir

et souvent, sans en être eux-mêmes conscients. Ainsi, les enfants apprennent à se conformer à

leur genre et adoptent les attitudes socialement adéquates, comme en témoigne cette analyse.

Ma troisième hypothèse (c) s’avère donc seulement à moitié confirmée : seules les filles

semblent se projeter dans une image traditionnelle de la famille. Pour les garçons, la vie de

famille apparaît moins comme une évidence : ils ne sont pas encore sûrs de se marier ou

d’avoir des enfants.

Dans l’ensemble, les garçons semblent moins se projeter dans l’avenir ou avoir plus de

difficultés à le faire. Cela leur paraît encore flou, lointain, incertain alors que les filles ont une

vision très précise de ce qu’elles souhaitent.

Concernant la garde des enfants, il ressort des entretiens que sur les quatre garçons qui parlent

d’une vie de famille, trois évoquent en premier lieu l’idée que leur femme s’occupera des

enfants. Ce n’est qu’en second lieu qu’ils envisagent de les confier à une maman de jour ou à

une connaissance. On peut ainsi voir ici l’influence d’un stéréotype : c’est à la femme que

revient la tâche de s’occuper des enfants. On retrouve les caractéristiques du stéréotype : il

s’agit d’une image concernant une catégorie de personnes, s’appuyant sur la sur-

généralisation, qui est partagée par les membres d’une communauté et qui se définit par sa

rigidité. Ici, les garçons ont l’image que le rôle de la surveillance des enfants incombe

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naturellement aux femmes. Concernant la rigidité du stéréotype, on peut remarquer qu’il est

envisageable pour ces garçons que leur femme continue de travailler et que les enfants soient

confiés à une maman de jour. Cependant, ça n’est pas la première option qu’ils envisagent et

l’idée d’inverser les rôles et qu’eux-mêmes restent au foyer ne semble pas être acceptable. On

remarque donc une certaine rigidité quant à ce qui semble être vu comme une transgression de

la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent : un homme doit travailler et non s’occuper de

ses enfants.

Un seul garçon m’a dit clairement que sa femme travaillera et qu’ils engageront quelqu’un

pour s’occuper de leurs enfants. Il faut d’ailleurs relever qu’il s’agit du garçon dont les deux

parents travaillent au pourcentage égal de 80% chacun. On peut donc ici relever l’importance

des représentations des parents : l’enfant se calque principalement sur le modèle de sa propre

famille. Comme nous l’avons vu dans Dafflon Novelle (2006), les enfants venant de familles

traditionnelles sont moins enclins à tolérer les individus qui transgressent les caractéristiques

de la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent.

Cette vision de la mère au foyer n’est toutefois pas partagée par les filles, qui envisagent

toutes les deux de travailler. Pour l’une, il s’agit plutôt d’un choix que l’on peut qualifier de

pragmatique puisqu’elle est déjà bien consciente des difficultés, notamment financières, que

lui réserve l’avenir. Pour l’autre, il s’agit plutôt d’une volonté de continuer à faire le métier

qu’elle aime, ce qui lui semble plus important. Toutefois, bien qu’ayant des raisons

différentes, il est intéressant de noter qu’elles n’adhèrent pas au stéréotype de la femme au

foyer, partagé par la majorité des garçons, même lorsque c’est le modèle qui prévaut dans la

famille, comme c’est le cas pour Romy, puisque sa maman travaille à 50%.

Ma quatrième hypothèse (d) est donc également partiellement erronée : les filles ne

s’identifient pas à cette image de mère au foyer, bien que les garçons semblent y adhérer

majoritairement. Cependant, concernant le rôle du père, aucun élève ne remet en question le

modèle de l’homme qui travaille : personne n’a évoqué l’idée que ce soit peut-être lui qui

cesserait son activité professionnelle pour se consacrer à ses enfants. Ainsi, autant pour les

filles que pour les garçons, on peut voir que la transgression des caractéristiques de la

catégorie sociale d’appartenance est mieux tolérée chez les femmes que chez les hommes.

Il semblerait donc que l’idée que les deux parents travaillent soit plus acceptable qu’une

inversion des rôles : le père au foyer et la mère active, ce n’est pas encore une image qui soit

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envisageable. Néanmoins, lorsque j’ai posé la question, plusieurs enfants m’ont dit que c’était

effectivement une solution possible, bien que cela soit « bizarre ».

Les deux filles ont également une certaine réticence à confier leurs enfants à des hommes.

Elles partagent visiblement l’idée que savoir s’occuper d’enfants n’est pas inné chez les

hommes et qu’ils ne l’apprennent apparemment qu’en ayant eux-mêmes des enfants. On peut

lier à cela les concepts de sexe et de genre : les deux filles partagent l’idée qu’une femme

sait instinctivement s’occuper d’enfants, comme si cela était de l’ordre du biologique, relatif

au sexe. Cependant, l’homme ne possède apparemment pas, selon elles, le même gène

puisqu’il leur faut eux-mêmes avoir des enfants pour apprendre à s’en occuper. Il s’agit là

d’un stéréotype relatif aux hommes et visiblement partagé par ces deux filles : un homme,

contrairement à une femme, ne sait pas naturellement s’occuper d’un enfant, il doit

l’apprendre.

Les choix de métiers des garçons sont tous relativement stéréotypiques, conformément à ma

première hypothèse (a). Deux d’entre eux veulent travailler dans un garage, l’un veut être

menuisier-charpentier : des métiers vus comme masculins dans notre société. Un choix qui est

visiblement influencé par des modèles masculins dans l’entourage de ces garçons. Quant aux

quatre autres garçons, ils ont choisi des métiers qui appellent l’aventure (plongeur), la

découverte (archéologue), voire le danger (agent du FBI). Emilien évoque également l’idée

d’être cuisinier, une profession où, actuellement, une majorité d’hommes brille. On peut voir

ici un effet de la catégorisation : il y a visiblement, dans leur idée, des métiers de garçons et

des métiers de filles. Ce que confirme d’ailleurs l’entretien avec Léo : il le dit, un garçon « n’a

pas le droit » d’être homme au foyer. La transgression est, selon lui, interdite, inacceptable.

Les choix des filles sont également marqués par les stéréotypes de genre : vendeuse ou

chanteuse. Des deux filles avec qui je ne me suis pas entretenue, l’une n’a rien noté

concernant sa profession, ce qui n’est pas arrivé chez les garçons. L’autre souhaite devenir

vétérinaire. Un métier qui fait rêver nombre de petites filles ! Ma deuxième hypothèse (b)

semble donc se vérifier.

Concernant le choix des métiers, on peut noter que la profession de vendeuse est largement

valorisée dans les jeux proposés aux petites filles : dès la crèche, on voit des magasins où les

enfants peuvent aller faire les courses et où, souvent, les filles jouent aux caissières. Le métier

de vétérinaire appartient au domaine du care, bien qu’il s’agisse ici de prendre soin d’animaux

plutôt que de personnes. Les jeux font partie intégrante de la socialisation différenciée et

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participent à l’apprentissage implicite que les enfants font des comportements conformes à

leur genre.

Les filles n’ont pas dessiné ou évoqué spontanément leurs loisirs. De plus, elles se sont

généralement contentées d’un seul tableau : trois ont dessiné une famille que l’on peut

qualifier de traditionnelle et se sont arrêtées là. Une a dessiné la famille typique puis, de

l’autre côté de la feuille, a dessiné un cabinet vétérinaire. Cela donne un aspect très

« statique » à leur vision, comme si leur vie future devait se résoudre à cela. Comme si le but

ultime de leur vie était de parvenir à recréer cette image de la famille parfaite. On a le

sentiment qu’il s’agit là de la destinée de chaque femme, alors que les garçons ont encore la

liberté d’imaginer leur vie comme bon leur semble. Là aussi, on peut émettre l’hypothèse que

cela résulte de la socialisation différenciée. Les filles grandissent avec l’idée qu’il faut être

mère pour « se réaliser », la vie de femme est indissociable de la vie de mère. Comme l’écrit

Martin (1999), « la question de la maternité n’est pas pensée en termes de possibilité comme

une autre dans la vie d’une femme, mais comme intrinsèque à la féminité, voire comme mode

essentiel de réalisation de soi ».

Chez les garçons, on trouve des tableaux plus hétérogènes. Trois dessins représentent deux

aspects : le personnage au travail et le personnage à la maison. Deux dessins représentent le

personnage jouant au football. Les deux autres ont dessiné uniquement leur maison et écrit

leur métier.

Concernant les familles actuelles des enfants interrogés, le modèle en vigueur est celui de la

famille traditionnelle. En effet, dans six des couples mariés ou vivant ensemble, cinq papas

travaillent à plein temps quand leurs compagnes travaillent entre 0 et 50%. Dans un seul

couple seulement, les parents travaillent les deux au même pourcentage : 80%.

Dans les familles dont les parents sont séparés, deux papas sur quatre travaillent à 100%. Une

des mamans ne travaille pas et la seconde travaille à 50% mais ne travaillait pas du temps où

elle était mariée. La troisième maman travaille à 15% et n’a pas d’informations sur son ex-

mari vivant à l’étranger. La dernière maman est celle de Clotilde, qui travaille à 100%,

probablement car elle doit assumer seule la charge de sa fille.

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Les tendances générales se dégageant de cette analyse mettent en évidence plusieurs

éléments :

Le choix du métier est très stéréotypé. Aucun enfant n’a choisi un métier

habituellement réservé à l’autre sexe. Il existe comme un consensus, qui ne repose

apparemment sur rien puisque les enfants sont incapables de l’expliquer, qui limite le

choix de la profession à un nombre restreint de domaines acceptables pour un sexe.

La répartition travail / famille est très stéréotypée chez les garçons. La majorité

envisage en premier lieu que leur femme s’occupe des enfants. Une très faible

majorité pense avoir recours à d’autres moyens de garde ou laisse le choix à la femme

de décider.

Les filles ont une vision moins stéréotypée puisqu’elles veulent les deux travailler.

Concernant le dessin en tant que « produit fini », pour les garçons il est davantage

centré sur soi, le métier et la maison. Quant aux filles, leur dessin représente toujours

une famille « traditionnelle » : le père, la mère et les enfants. Elles n’ont représenté

leur métier que dans un bord, voire de l’autre côté de la feuille. On peut donc relever

l’importance pour les filles de la création d’une famille, élément qui semble beaucoup

moins importer aux garçons. Là encore, un effet probable de la socialisation

différenciée qui pousse les filles à ne s’imaginer que comme de futures mères.

4.3 Analyse selon les conditions socio-économiques

Nous l’avons vu, le modèle des parents peut avoir une influence sur la manière dont les

enfants se représentent leur vie future et sur leur degré d’adhésion aux stéréotypes de genre.

Ainsi, dans le tableau suivant, je vais présenter un récapitulatif des métiers choisis par les

enfants, en regard de la situation socio-économique des parents. Je vais donc relever la

profession des parents, la formation qu’ils ont suivie et leur temps de travail. Pour la

formation suivie, je noterai si les parents ont seulement été à l’école, s’ils ont fait un CFC ou

une formation équivalente ou s’ils ont fait des études supérieures.

Dans la dernière colonne, je noterai des éléments témoignant du degré d’adhésion des enfants

aux stéréotypes de genre.

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Enfant Métier choisi Métiers des

parents

Temps de

travail

Formation

suivie

Degré

d’adhésion

Nelson Archéologue M : accueillante

en milieu

familial

P : responsable

d’équipe

M : 30%

P : 100%

M : CFC

P : école

Famille

traditionnelle ;

Mère au foyer

(alternative

éventuelle) ;

Partage des

tâches.

Léo Garagiste Famille

traditionnelle ;

Mère au foyer ;

Inversion des

rôles :

« bizarre ».

Clotilde Vendeuse M : cheffe

restaurant

M : 100%

M : école

Dessin de la

famille

traditionnelle ;

Veut continuer

à travailler ;

Maman de jour

Emilien Agent du FBI /

cuisinier

M : femme de

ménage

P : chauffeur

taxi à l’étranger

M : 15%

P : ?

M : CFC

P : ?

Mère au foyer

mais alternative

si elle le veut

Veut gagner de

l’argent lui-

même.

Nils Menuisier –

charpentier

M : assistante en

pharmacie /

aroma –

thérapeute

P : menuisier

charpentier

M : à la

demande

P : 100%

M : CFC

P : CFC

Ne veut pas de

famille.

Noé Archéologue M : traductrice

P : chef

d’entreprise

M : 30%

P : 100%

M : études

supérieures

P : études

supérieures

Ne veut pas

d’enfants.

Peut imaginer

qu’une femme

soit aussi

archéologue.

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Colin Plongeur M :

ergothérapeute

P : psychiatre

M : 50%

(avant

divorce :

0%)

P : 100%

M : études

supérieures

P : études

supérieures

N’est pas sûr de

vouloir une

famille.

Peu conscient

des contraintes

liées aux

enfants

Romy Chanteuse M : auxiliaire de

santé

P : policier

M : 50%

P : 100%

M : école

P : CFC

Dessin de la

famille

traditionnelle ;

Inversion des

rôles : « peut-

être » ;

Plus important

son métier que

d’avoir des

enfants.

Jonas Garagiste M : psycho –

thérapeute

P : ingénieur en

informatique

M : 80%

P : 80%

M : études

supérieures

P : études

supérieures

Femme

travaille aussi.

Partage des

tâches

traditionnel,

mais alternative

si elle demande.

On peut dégager de ce tableau une tendance des enfants à suivre le modèle de leurs parents.

En effet, les enfants venant de familles traditionnelles ont tendance à se projeter eux-mêmes

dans des familles traditionnelles. C’est le cas de Léo et Nelson. Jonas et Clotilde viennent tous

deux de familles non-traditionnelles et on peut voir qu’ils imaginent les deux reproduire le

modèle familial.

Seule Romy s’éloigne du modèle traditionnel en vigueur dans sa famille pour se projeter dans

une famille où elle continuerait à travailler et où son mari pourrait éventuellement travailler

moins pour s’occuper de leurs enfants. Elle répond également que son métier de chanteuse est

plus important que le fait d’avoir des enfants.

Il n’est pas possible de dégager une tendance liée au niveau de formation des parents.

Toutefois, on peut noter que tous les pères travaillent à 100%, sauf celui de Jonas, qui a suivi

une formation universitaire. Le fait d’avoir fait de longues études n’empêche pas les mères de

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baisser leur temps de travail, puisque même celles ayant suivi une formation universitaire

travaillent entre 30 et 80%. Celles ayant un CFC ou un titre jugé équivalent travaillent entre 0

et 30% et celles n’ayant pas de formation travaillent entre 50 et 100%. Cette répartition

s’explique peut-être par la nécessité pour ces femmes de subvenir aux besoins de leur famille,

les deux parents exerçant des professions peu rémunérées, ce qui n’est pas ou moins le cas

dans les familles où les parents ont suivi une formation longue et valorisée.

Toutefois on peut en déduire que le modèle transmis à tous ces enfants, excepté Jonas, est que

la femme peut ou doit arrêter de travailler, quels que soient sa profession et son niveau

d’étude, si tant est que son mari peut subvenir aux besoins de toute la famille. Un modèle

auquel semblent adhérer les garçons mais beaucoup moins les filles !

4.4 Analyse thématique

J’ai choisi de mener une analyse plus approfondie sur le thème du métier. En effet, le choix de

la profession est un élément central dans la vie de chaque individu. Très tôt, l’enfant

s’imagine faire tel ou tel travail. Bien qu’il change probablement plusieurs fois d’avis au

cours de sa scolarité, ses choix ne sont jamais anodins, puisqu’ils reflètent la manière dont

l’enfant se projette dans son avenir. La profession renvoie à un statut social (avocat ou

vendeur), aux capacités de celui qui l’exerce (menuisier ou chirurgien) mais également à ses

centres d’intérêt (peintre ou pâtissier).

Actuellement, les enfants et adolescents ont le choix de nombreux métiers. Certains restent

toutefois moins connus ou moins sollicités que d’autres. Les responsables de l’éducation l’ont

bien compris et ont aujourd’hui mis en place, à tous les niveaux, des dispositifs censés faire

découvrir des métiers trop peu connus : la journée « Oser tous les métiers » dans les écoles du

canton de Vaud, les salons de l’étudiant ou des métiers et de la formation à Lausanne, par

exemple. Ces dispositifs ont également pour but de permettre aux filles de découvrir des

métiers masculins et vice versa.

Car le choix du métier reste très stéréotypé. En effet, les filles se tournent plus volontiers vers

des métiers du « care » par exemple, alors que les garçons choisissent plus souvent des filières

techniques ou scientifiques.

Les enfants que j’ai interviewés ne dérogent pas à cette influence : ils ont tous choisi des

métiers stéréotypiques. Les garçons se projettent réparateur de voiture, archéologues,

garagiste, cuisinier, policier, menuisier ou plongeur. Les filles, quant à elles, s’orientent vers

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des professions telles que vendeuse, chanteuse ou vétérinaire. On peut donc en conclure qu’ils

catégorisent les métiers comme étant masculins, féminins ou neutres et que cette

catégorisation est visiblement partagée par tous les élèves de cette classe. Les catégories étant

faites, selon Vignaux (1999) grâce aux similitudes et aux différences, on peut donc imaginer

que les enfants ont appris à classer ces métiers en fonction de la fréquence d’hommes ou de

femmes qu’ils ont rencontrés, réellement ou à travers une représentation, pratiquant ces

métiers. Ainsi, ils ont conscience que garagiste, par exemple, est un métier « masculin » car

ils auront rencontrés plus de figures masculines pratiquant cette profession. Pourtant, la figure

de l’homme garagiste peut devenir un stéréotype dès lors que l’on sur-généralise le métier de

garagiste comme étant exclusivement réservé aux hommes.

Leur manière de parler du métier ou d’expliquer leur choix reflète également une adhésion

aux « codes » du genre. Pour les garçons, on trouve des allusions aux habiletés manuelles :

« J’aime bien réparer », « Faire des maisons, bricoler […] construire des toits, des portes »,

« ce que j’aimerais le plus c’est de conduire une machine ». On peut y voir un effet de la

socialisation différenciée. En effet, les garçons se voient plus souvent proposer des jeux de

manipulation ou de construction, qui favorisent le développement d’habiletés dans les

activités spatiales (Dafflon Novelle, 2006, p. 31).

On retrouve également chez les garçons une idée d’aventure ou de découverte : « je cherche

des choses », « trouver des os, des dinosaures ou des traces, des fossiles […] Retrouver des

choses et creuser », « j’aime bien faire de l’action […] J’aime aussi l’espionnage […] Arrêter

des personnes […] Faire des enquêtes », « rester très longtemps sous l’eau […] ça passe à la

télé et pis ça explique, comment ça vit et pis des espères rares de poissons […] ça peut aussi

chercher s’il y a encore des espèces très rares. ». Cette influence est, selon moi, à chercher du

côté des médias. En effet, la télévision et le cinéma mais également la littérature enfantine

présentent bien plus de figures héroïques masculines. L’identification à ces figures héroïques

est donc plus aisée pour les garçons, qui se projettent dès lors dans ce genre de métiers, que

pour les filles. De plus, la socialisation différenciée a aussi un rôle à jouer puisque, nous

l’avons vu, les garçons sont plus souvent encouragés à devenir autonomes, alors que la

proximité avec les filles est davantage favorisée par les parents. Les petits garçons sont donc

plus souvent incités à partir à l’aventure !

Les garçons expliquent également souvent leur choix par des intérêts personnels : « J’aime

bien aller sous l’eau », « Et depuis ce jour, j’ai toujours aimé mettre le chocolat, en fait j’ai

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toujours aimé faire des croissants, des tresses… », « Parce que j’adore ça ! […] j’ai vu ça à la

télé. », « J’ai vu des livres et des films […] C’est les pierres [qui m’intéressent]. », « Parce

que quand je regarde, c’était trop cool ».

Chez les filles, on retrouve cette idée des centres d’intérêt : « parce que j’aime bien les habits,

pis j’aime bien les bijoux aussi », « écrire des chansons […] je ferai un dossier avec toutes

mes musiques ». Cependant, là encore, les centres d’intérêt paraissent avoir été catégorisés : il

semble y avoir des passions féminines et des passions masculines.

Globalement, les filles parlent moins des raisons de leur choix professionnel. Toutefois, elles

ont parfois une vision très réaliste du métier. Par exemple, lorsque je demande à Clotilde

comment elle imagine les journées, elle me répond « Avoir des jours de congé, travailler le

matin et pas l’après-midi […] mettre les habits en rayon si c’est tombé par terre ou… Plier les

habits. ».

On peut en conclure que les choix professionnels stéréotypiques des enfants sont une

conséquence de leurs centres d’intérêts également conformes au genre. Ils ont appris, petit à

petit, à catégoriser les activités pour filles ou pour garçons, par observation, dans un premier

temps pour construire leur propre identité sexuée. Mais ce processus les a conduit à sur-

généraliser et les a donc mené à partager le stéréotype transmis par leur groupe

d’appartenance.

Toutefois, il est important de relever que la référence à la norme est bien présente : « on n’a

pas le droit. Enfin ma maman elle dit que y’a pas de nounou, enfin de… papa de jour. […] je

voulais quand j’étais petit, de faire ça… […] mais après j’ai… Mais maintenant je veux plus.

[…] parce que c’est maman qui m’a dit ! Enfin c’est… Oui, c’est maman qui a dit que … que

c’est pour les filles, ‘fin y’a plus de filles… qui fait ça. ».

La mère qui dit que c’est un métier « pour les filles » n’a pas forcément conscience du

message qu’elle transmet à son fils. Toutefois, il s’agit là d’un témoignage de découragement

d’une attitude non-conforme à la catégorie de genre, selon la théorie de l’apprentissage social.

On peut alors constater que la norme est bien intégrée chez ces élèves, ce qui explique en

partie leurs choix professionnels. En effet, ils ont visiblement tous conscience des catégories

homme et femme et des différences entre ces catégories. Ils s’y conforment totalement

lorsqu’il s’agit de choisir un métier pour leur futur.

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On peut donc conclure que, concernant le choix du métier, les enfants de cette recherche

adhèrent tous aux stéréotypes de genre. Ils ont une image très précise de ce qui est attendu de

leur genre et s’y conforment.

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5. Conclusion

Cette recherche s’est intéressée à la manière dont les enfants adhèrent ou non aux stéréotypes

habituellement assignés à leur genre lorsqu’ils se représentent leur vie future. Les résultats

mettent en lumière une tendance générale des élèves à choisir un métier conforme à leur

genre : aucun élève n’a choisi une profession transgressant les stéréotypes de genre.

Concernant la répartition du temps de travail au sein du couple, les garçons pensent

majoritairement que leur femme arrêtera de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Cet

élément semble être influencé par la situation actuelle des enfants : toutes les mères des élèves

travaillent à 50% ou moins. Le seul garçon à affirmer que sa femme continuera à travailler

vient d’une famille où, actuellement, les deux parents travaillent au même pourcentage.

Les filles n’adhèrent toutefois pas à la vision des garçons. Elles souhaitent, elles, continuer à

travailler et confier leurs enfants à une tierce personne.

Il existe apparemment une sorte de consensus féminin qui pousse les filles à dessiner une

famille traditionnelle et idyllique : elles ont toutes dessiné une maison derrière ou à côté d’un

couple se tenant côte à côte avec un ou deux enfants. Cette image ne se retrouve pas chez les

garçons, qui n’ont généralement pas dessiné leur femme ou leurs enfants, ou qui les ont

dessinés en action, en train de jouer au football par exemple. Globalement, les garçons

semblent moins se projeter dans l’avenir ou avoir du mal à imaginer leur vie d’adulte.

Ces résultats très contrastés peuvent s’expliquer aisément dans la société dans laquelle nous

vivons. En effet, en regardant la télévision, les enfants reçoivent en abondance des images

extrêmement stéréotypées : des hommes musclés, forts et séducteurs et des femmes

ménagères ou, dans un deuxième cas de figure, simples objets de désir. Ainsi, les enfants

apprennent très vite ce qui est attendu et valorisé chez un homme ou chez une femme.

A l’école également, les stéréotypes sont encore bien présents : les filles sont valorisées pour

la propreté de leurs travaux, de leur écriture et pour leur application, quand les garçons sont

appelés à « montrer comment il faut faire » à la gymnastique (Dafflon Novelle, 2006). Bien

que n’y adhérant pas, je suis obligée de constater que j’ai moi-même tendance à user de ces

stéréotypes, notamment lorsque je dois constituer des groupes dans ma classe. La question de

mélanger ou non les garçons et les filles se pose inévitablement.

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Cependant, la société bouge et change. Le mouvement féministe a obtenu certains acquis, les

études genre font désormais partie du plan d’étude de la HEP, le Bureau de l’égalité entre les

femmes et les hommes fête ses 22 ans, preuve s’il en fallait qu’il est encore indispensable

dans notre société. Ainsi, une transformation des mentalités a lieu, petit à petit, bien qu’elle

soit encore incomplète. Et s’il est encourageant de voir que, dans cette étude en tous cas, les

filles semblent avoir pris conscience qu’elles ne sont pas simplement destinées à devenir

mères au foyer, il n’en reste pas moins que l’ampleur de la tâche aurait de quoi décourager la

plus convaincue des féministes !

5.1 Pistes d’action

Comme nous l’avons vu, l’école joue un rôle dans la transmission des stéréotypes et des

comportements conformes au genre. Bien que parfois inconscient des éléments qu’il transmet

implicitement, le personnel enseignant peut avoir une influence sur la manière dont les

enfants s’approprient et reproduisent ces images. En plus de pouvoir, les enseignants et

enseignantes doivent promouvoir l’égalité, comme le préconise la LEO, article 10 : L’école

veille à l’égalité entre filles et garçons, notamment en matière d’orientation scolaire et

professionnelle.

Alors que peuvent-ils mettre en place pour qu’à l’avenir, garçons et filles soient réellement

sur un pied d’égalité ?

Tout d’abord, chacun peut et doit prendre conscience de ses propres valeurs et

représentations. Ainsi, en les identifiant, il est plus facile de repérer les situations dans

lesquelles on pourrait manquer d’objectivité et y remédier.

Le concept de curriculum caché peut également être développé afin de concevoir des pistes

d’action. En effet, nous avons vu que les enseignants et enseignantes accordent une attention

différente aux garçons et aux filles. Leurs interactions sont également différentes suivant le

sexe de l’élève (Dafflon Novelle, 2006). Par ailleurs, la notation des travaux varie en fonction

du sexe de l’élève noté (Baudoux & Noircent, 1997), ce qui a des conséquences considérables

sur sa scolarité. Tous ces points développés dans le deuxième chapitre sont autant d’éléments

dont il faut tenir compte lorsqu’on veut dispenser un enseignement plus égalitaire. S’il est

difficile de modifier nos attentes implicites envers une catégorie d’élèves, il est toutefois

possible et même nécessaire de prendre conscience de ces attentes et d’œuvrer pour inverser

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la tendance, tant on sait que les attentes du personnel enseignant envers les élèves ont

tendance à se réaliser, comme nous l’avons vu avec le concept d’effet Pygmalion.

Le langage est, par ailleurs, un facteur extrêmement important. En effet, en entendant

systématiquement les termes « une infirmière » et « un avocat», il est difficile pour les filles

de se projeter dans une carrière d’avocate et pour les garçons d’imaginer devenir infirmier.

L’utilisation du langage épicène peut également être une piste d’action : dire « les musiciens

et musiciennes de cet orchestre » plutôt que simplement « les musiciens de cet orchestre ».

Plus concrètement dans une classe, il est préférable de dire « Bonjour à tous et à toutes », afin

de ne pas accorder plus d’importance à un genre.

Le choix des supports pédagogiques est un élément des plus importants. En effet, les

exemples utilisés dans les manuels restent relativement stéréotypés. Voici quelques exemples

tirés du livre de mathématiques officiel des troisièmes primaires actuelles :

Le directeur de l’école (p.24) ; Un chauffeur (p.26) ; Cinq chevaliers (p.31) ; Le fermier

(p.33)

Si l’utilisation de ces manuels prescrits est obligatoire, les enseignants et enseignantes ont

toutefois la liberté de créer également du matériel. Ainsi, il est intéressant d’utiliser dans le

matériel personnel des exemples transgressant les « normes » du genre : une femme médecin

ou un homme au foyer par exemple. Cela permet en effet aux enfants d’être en contact avec

d’autres exemples et ainsi de se projeter dans des professions sans tenir compte des frontières

des genres.

On peut également noter que le choix des histoires lues ou racontées en classe est essentiel :

ne présenter aux élèves que des histoires où le personnage principal est un garçon ne permet

pas aux filles de se projeter dans des rôles d’héroïnes !

5.2 Discussion

Cette étude a été menée dans une classe particulière, avec un nombre restreint d’élèves, tous

en situation d’échec scolaire. Les résultats de cette recherche ne sont donc pas généralisables

et ne seraient pas forcément vérifiables dans un contexte différent. Cependant, on peut

supposer que le fait que ces élèves suivent un cursus parallèle à une classe ordinaire n’influe

que peu sur les résultats obtenus. Le choix du métier sera inévitablement différent d’un

individu à l’autre, compte tenu de ses centres d’intérêts mais également de sa situation

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scolaire et de ses ambitions futures. On peut néanmoins faire l’hypothèse que les choix des

enfants resteront stéréotypiques, conformes à leur genre, quelles que soient la classe ou

l’école qu’ils fréquentent, ce choix étant visiblement influencé par le modèle familial, par la

socialisation différenciée, avant tout.

5.3 Ouverture

Les mentalités évoluent, lentement mais, j’ai envie de le croire, sûrement. Cependant, on ne

peut que constater que la société n’avance pas au même rythme que les individus. Si le

Conseil fédéral se targue d’avoir désormais presque autant de conseillères que de conseillers,

il n’y a actuellement en Suisse que 33,4% de femmes dans des positions dirigeantes Une bien

faible évolution, puisqu’elles n’étaient que 4% de moins en 1996 ! Elles sont par ailleurs

surreprésentées dans les temps partiels (78,1%) (Office fédéral de la Statistique, 2012).

Si les filles continuent de se projeter quasi inévitablement dans une vie de famille, elles ont

acquis une plus grande autonomie, une certaine liberté qui, aujourd’hui, les amène à remettre

en question le modèle de la femme au foyer, mais qui pourrait, un jour, les conduire à devenir

des pionnières dans un domaine où l’on ne les attendra pas.

Quant aux garçons, souhaitons qu’ils s’adaptent également à cette égalité à venir et qu’ils se

tournent eux aussi vers des professions atypiques !

Et puisque l’avenir est entre les mains des enfants, à nous, enseignants et enseignantes, de les

aider dans leurs choix, de les encourager à prendre des chemins nouveaux et de leur apprendre

le respect, des autres, de l’Autre mais également, et surtout, d’eux-mêmes.

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6. Bibliographie

6.1 Ouvrages

Avanzini, G. (1996). Effet Pygmalion et éducation. In G. Vignal (Ed.), L’effet Pygmalion

de la formation initiale à la formation des adultes (pp. 43-52). Ramonville Saint-Agne :

Éditions Erès.

Baudoux, C., & Noircent, A. (1997). L’école et le curriculum caché. In Collectif Laure-

Gaudreault (Eds.), Femmes, éducation et transformations sociales. (pp. 105-128).

Montréal : Éditions du remue-ménage.

Baugnet, L. (1998). L’identité sociale. Paris : Éditions Dunod.

Bonardi, C., & Roussiau, N. (1999). Les représentations sociales. Paris : Éditions Dunod.

Boucher, K., Rydell, R., & Rydell, M. (2010). The effect of Negative Performance

Stereotypes on Learning. Journal of Personality and Social Psychology, Vol.99 (No

6),883-896. doi : 10.1037/a0021139

Dafflon Novelle, A. (Ed.). (2006). Filles-garçons : socialisation différenciée ? Grenoble :

Presses universitaires de Grenoble

Doraï, M. (1991). Les stéréotypes : définition et évolution des recherches. In J.-C.

Deschamps (Ed.), Préjugés, stéréotypes, représentations. (pp. 11-17). Paris : Société pour

l'éducation la formation et la recherche interculturelles.

Le Feuvre, N. (Ed.). (2002). Le genre : de la catégorisation du sexe. Paris : Éditions

L’Harmattan.

Martin, H. (1999). Hommes et femmes, nous et eux, ou comment la culture construit la

différence. In Affectivité et sexualité féminine dans un contexte migratoire. (pp. 8-19).

Lausanne : ARFIS

Perrenoud, P. (1993). Curriculum : le formel, le réel, le caché. In J. Houssaye (Ed.), La

pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui (pp. 61-76). Paris : ESF.

Vignaux, G. (1999). Le démon du classement. Paris : Éditions du Seuil.

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6.2 Sites

Bureau de l’égalité du canton de Vaud. (2012). En ligne : http://www.vd.ch/themes/etat-

droit-finances/egalite/, consulté le 05.06.2012

Conférence romande de l’égalité (2012). En ligne : http://www.leg.ch/, consulté le

05.06.2012

Constitution fédérale de la Confédération suisse (1999). En ligne :

http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19995395/index.html, consulté le

27.06.2013

egalite.ch (2013). En ligne : http://www.egalite.ch/ecole-egalite.html, consulté le

27.06.2013

Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (1995). En ligne :

http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19950082/index.html, consulté le

27.06.2013

Office fédérale de la statistique. (2012). En ligne :

http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/20/05.html, consulté le 02.06.2013

Recommandations en vue de l’égalité de l’homme et de la femme dans le domaine de

l’enseignement et de l’éducation (1993). En ligne : http://www.cdip.ch/dyn/11704.php,

consulté le 27.06.2013

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7. Annexes

7.1 Dessins d’élèves

Nelson, 11 ans :

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Léo, 11 ans :

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Clotilde, 12 ans (recto) :

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Clotilde, 12 ans (verso) :

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Emilien, 8 ans :

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Nils, 10 ans :

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Noé, 10 ans (recto) :

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Noé, 10 ans (verso) :

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52

Colin, 10 ans :

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53

Romy, 8 ans :

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54

Jonas, 10 ans :

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Emma, 9 ans :

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Bérénice, 9 ans (recto) :

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Bérénice, 9 ans (verso) :

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7.2 Retranscription des entretiens

Entretien 1 : Nelson

E : Oui c’est bon, ça enregistre. Alors donc ton dessin… Tu te rappelles un peu ce que j’avais

demandé de faire pour ce dessin ?

N : Oui.

E : C’était quoi ?

N : Euh… expliquer ce qu’on voulait faire pour le travail.

E : Pour le travail seulement ?

N : Euh non pour son… Quand on sera grand.

E : Ouai

N : Ce qu’on voudra faire.

E : Ouai, la consigne c’était dessiner comment tu imagines ta vie dans 20 ans.

N : oui.

E : Voilà. Alors… Tu peux m’expliquer un petit peu ton dessin ?

N : Ben je serai footballeur. Et mon travail ce sera archéologue.

E : D’accord donc ton… ton métier c’est archéologue et puis… Le foot, alors c’est quoi, c’est…

Quand ?

N : C’est du sport. Pour faire du sport.

E : D’accord. Bon alors tu parles du métier alors on peut parler de ça.

N : Ben pour l’archéologue c’est pour trouver des os, des dinosaures ou des traces, des fossils.

E : Oui, et puis ça t’es venu d’où cette idée d’être archéologue ?

N : Parce que j’adore ça.

E : T’adores quoi ? L’histoire ?

N : Non, retrouver des choses et creuser.

E : Aah, d’accord. T’aimes bien creuser dans la terre, trouver des choses ?

N : Oui.

E : Ok, et puis tu as… Je sais pas est-ce que tu connais enfin … D’où ça t’es venu, est-ce que tu as

déjà vu ça, des gens qui faisaient ce métier ?

N : non mais…

E : alors comment t’as su que ça existait ?

N : Parce que j’ai vu ça à la télé.

E : A la télé d’accord

N : Mais sinon… Sinon avec Steve, on fait ça à l’école.

E : Ah ouai ? Vous faites quoi ?

N : L’archéologie. De temps en temps, y’a Michel qui vient.

E : Alors vous faites comment à l’école ?

N : Bah. On fait des fiches et sinon de temps en temps y’a Michel qui vient, on avait creusé… Dans

l’école. Il avait amené des os, on devait faire des photos et creuser la terre pour trouver.

E : D’accord. Ok. Donc t’as jamais rencontré des gens qui seraient archéologues ?

N : Non

E : D’accord et puis…. Alors pour.. Qu’est ce qu’il y a encore d’autre sur ton dessin ? Qu’est ce que tu

as dessiné d’autre ?

N : Ben j’avais des enfants.

E : D’accord.. et les enfants ils sont où sur ton dessin ?

N : Là en bas.

E : D’accord, dans la maison.

N : Oui

E : Ok, la maison c’est tout.. Cette grande maison elle est toute à toi ?

N : Oui… Avec euh…. Comment on dit ? La femme ?

E : oui, tu l’as dessiné la femme ?

N : oui elle est là. Dehors.

E : Et puis toi t’es où alors ? Ah oui toi tu es là, ça c’est ta femme …

N : Et ici c’est le grand frère de ses trois enfants.

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E : Donc t’aurais 4 enfants ?

N : oui.

E : Hé ben dis donc ! D’accord Et puis…. Je sais pas est-ce qu’il y aurait encore autre chose que tu

imaginais mais que tu as peut-être pas dessiné, pas eu le temps ou… ?

N : Avoir des copains, faire la fête ensemble… Et de se retrouver à chaque fois, avec les copains.

E : C’est chouette ça. Et puis alors tu dis que tu as… Enfin voilà, tu as des enfants etc. Tu imagines ça

comment la vie.. Quand on a des enfants ?

N : Euh assez cool.

E : D’accord, un peu comme ton papa et ta maman et puis vous alors ?

N : oui.

E : Et puis alors la femme tu l’as dessinée donc dehors de la maison…

N : oui

E : Elle fait quoi ?

N : elle regarde nous jouer.

E : Elle vous regarde jouer. Elle joue pas au foot avec vous ?

N : non. Elle regarde, elle a pas envie.

E : Elle a pas envie. Pourquoi ?

N : Parce que j’sais pas.

E : D’accord

N : Par contre moi et mon … le … fils , on a des crampons, des chaussures de foot.

E : Ah oui, alors elle joue pas parce qu’elle a pas de crampons ou bien ?

N : Non, elle a pas envie.

E : Elle a pas envie d’accord. Et toi, tu voudrais pas qu’elle joue avec toi ?

N : Si, j’aimerais mais… Elle a pas trop envie !

E : D’accord ! Et puis elle fait quoi ta femme et puis tes enfants ?

N : Elle surveille les enfants, sinon les enfants ils jouent. Dans leur chambre.

E : D’accord, la femme, ta femme elle fait que ça ?

N : Non elle fait euh… Tout.

E : Comment ça, tout ?

N : elle fait du repassage, moi aussi.

E : Toi aussi ?

N : Oui, et la lessive.

E : Donc toi, vous faites les deux ?

N : oui

E : C’est bien. Et puis… Elle a un métier ta femme ?

N : Je sais pas… Encore. Peut-être… Garder des bébés… Être maman de jour.

E : D’accord… Est-ce qu’elle pourrait pas.. Par exemple travailler avec toi ?

N : Oui.. Je sais pas.. Mais après qui va surveiller les enfants ? Je sais pas comment.. Un baby sitter ?

E : Peut-être ouai. Enfin ça… Si elle travaille avec toi hein ! ça t’embêterait qu’elle travaille avec toi ?

N : Non !

E : Tu préférerais qu’elle soit avec les enfants ?

N : Et j’ai pas aussi eu le temps de dessiner un chien !

E : Ah, un chien aussi. Oui.

N : Avoir un chien.

E : oui ..

N : Et un hamster.

E : Et un hamster , d’accord. C’est important pour toi d’avoir des animaux ?

N : oui, j’adore. Sauf moi j’en n’ai pas.

E : T’en n’as pas, toi chez toi ?

N : Pour de vrai, oui.

E : Vous avez pas la place ?

N : Non mais je dois avoir 10 LA de suite pour avoir un hamster. C’est papa qu’a dit. Si je fais pas 10

LA de suite, si je fais AA ben je dois recommencer à faire 10 LA de suite.

E : d’accord c’est dur ?

N : Oui. Sinon on a qu’à faire des paris contre un hamster. J’ai parié mais j’ai pas réussi.

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E : T’as parié avec qui ?

N : J’ai parié qu’on serait en retard, pour arriver au foot et lui…

E : Avec ton papa t’as parié ?

N : Oui, moi j’ai parié contre mon hamster et papa il a dit « Moi j’parie qu’on sera en avance ». Et on

est arrivé en avance.. Parce qu’on était en voiture. Même quand il part à 55, on arrive toujours en

avance.

E : C’est tout le temps ton papa qui t’amène au foot ?

N : oui, ma maman elle aura bientôt son permis de conduire. Pour l’instant elle a pas encore fait les

cours.

E : D’accord ok, donc ton papa il… Vous faites beaucoup de choses avec ton papa ?

N : Oui il fait la cuisine

E : Ah chouette !

N : Sinon il a aussi aidé ma maman à faire du repassage

E : Ah donc vous avez des parents… qui partagent !

N : Oui

E : C’est bien !

N : Par contre mon grand frère et ma grande sœur ils ont déjà une maison.

E : D’accord, ils vivent plus avec vous.

N : par contre, ma grande sœur elle a un enfant.

E : Alors t’es tonton ?

N : ouai

E : Hé ben dis donc, c’est chouette !

N : ouai

(interruption d’une élève)

E : Ouai alors tu disais que tu es tonton alors ! Pis tu le vois souvent ? Ton neveu ? Ou ta nièce ?

N : Nièce, elle s’appelle Jelena.

E : tu les vois souvent ?

N : Oui , mais maintenant plus. Parce qu’on l’entend presque plus au téléphone.

E : Ah d’accord. Alors…

N : Par contre ils ont un chien !

E : Eux ils ont un chien !

N : Et des hamsters. Ils ont un mâle, une femelle et puis deux, trois enfants je sais pas.

E : Et puis ta sœur elle a .. Elle s’occupe des enfants alors ou … ils font comment ?

N : Ben ma sœur elle occupe du… De sa fille, elle nourrit le chien. Les hamsters. De temps en temps

c’est son mari.

E : Mais alors elle travaille pas ?

N : Je sais pas, oui. Avant elle travaillait, avant elle était serveuse.

E : Et puis quand elle a eu.. Elle a arrêté quand elle a eu un enfant ?

N : je sais pas. Je crois elle continue toujours mais je sais pas.

E : D’accord. Et puis pour toi .. Tu me disais que ta femme elle s’occupait des enfants etc.

N : Oui

E : Pour toi c’est… Enfin … c’est logique que, par exemple, une femme elle arrête de travailler pour

quand ils ont des enfants, par exemple ?

N : Non

E : Non ?

N : Non

E : donc toi ça te dérangerait pas toi ?

N : non

E : D’accord et puis…Bien… tu as encore quelque chose à dire, quoi, sur ton dessin, sur ta vie future ?

N : J’espère qu’il y aura des voitures volantes !

E : Dans 20 ans ? C’est vite arrivé 20 ans hein ! Peut-être hein, on ne sait pas.

N : peut-être le monde il s’améliore.

E : Comment ça il s’améliore ?

N : Ben il évolue.

E : Oui ça.. C’est probable.

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N : Voilà c’est bon.

Entretien 2 : Léo

E : Alors… Donc tu te souviens ce qu’il fallait faire en fait dans le dessin ? Pourquoi tu avais dessiné

ça, tu te souviens ce que je vous avais demandé de faire exactement ?

L : Ben quand on sera grand qu’est ce qu’on va faire.

E : Exactement. Très bien, ouai. Alors euh… Ben j’aimerais, ouai, que tu m’expliques un petit peu ce

qu’il y a sur ton dessin, ce qu’on y trouve.

L : Alors euh… Je suis enfin… Je travaille dans… Enfin je sais pas comment dire.

E : Ouai tu peux dire « Je travaille », enfin tu peux utiliser le présent, ça va.

L : Ben j’aimerais être garagiste.. Euh… J’ai une grande.. Enfin j’aimerais avoir une grande maison.

Pis avoir des enfants..

E : Ouai, d’accord. Alors qu’est ce que… Qu’est ce que tu as représenté, qu’est ce que tu as dessiné ?

Tu m’expliques ? En me montrant sur ton dessin… Ici, ce que c’est, par exemple…

L : Ici ben c’est tous les pneus et les jantes et les… Je sais plus comment dire…

E : Alors ça, je peux pas t’aider ! J’y connais rien moi. D’accord donc là c’est le garage alors… Et

puis, qu’est ce qu’il y a d’autre ?

L : Ben… Je.. Enfin …

E : Peut-être les personnes que tu as représentées, que tu as dessinées ?

L : j’ai représenté …. mes enfants.

E : oui. ok. Et puis alors ça c’est… Toi ?

L : oui. Avec une moustache.

E : Une moustache ? Okay, d’accord… Pourquoi pas !

L : (rire)

E : Tu t’imagines avec une moustache plus tard ?

L : oui..

E : Ok

L : enfin je sais pas.. J’ai pas envie d’avoir une moustache, c’était juste comme ça…

E : D’accord… Et puis, alors là y’a la partie garage et puis là ?

L : la partie …. maison.

E : Ok. Elle est comment alors ta maison, tu m’as dit grande ?

L : grande, large.

E : Ok. Donc tu vis dans cette maison avec.. juste tes enfants ?

L : et avec… ma femme ? (rire).

E : d’accord. Tu l’as pas dessinée ta femme ?

L : mhm. non

E : pourquoi ?

L : J’avais pas de place. Si je mettais là ben il… elle était dans le garage. Enfin dans le boulot.. du

garage enfin…

E : D’accord, tu voulais pas la dessiner là parce que… Pourquoi ?

L : Ben parce que c’était le côté des… de.. Mon travail.

E : De ton travail d’accord. Et puis alors je sais pas… Est-ce que tu l’imagines pas.. Travailler avec

toi ? Tu penses qu’elle pourrait pas, par exemple travailler avec toi ?

L : Qui ?

E : Ta femme, future.

L : Ben d’abord.. S’occuper.. des enfants.

E : D’accord. Tu penses plutôt qu’elle s’occuperait des enfants ? Ok. Et alors… Comment ça…

Comment tu imaginerais ça, comment ça se passerait avec les enfants ?

L : Bien.

E : Ouai mais sinon. Je veux dire, au niveau du travail ? Est-ce que toi tu travaillerais tout le temps ?

L : non pas tout le temps

E : Non ? T’aimerais quand même avoir du temps… Du temps libre ?

L : Ben comme mon papa, lundi jusqu’à vendredi pis samedi dimanche…

E : congé ?

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L : oui

E : Ok. Et puis alors ta femme, tu dis qu’elle s’occuperait des enfants ?

L : être nounou.. je sais pas comment dire, être maman de jour.

E : maman de jour d’accord, donc elle s’occuperait de tes enfants et puis..

L : des autres.

E : des autres enfants

L : oui, comme ma maman.

E : ta maman elle fait ça ?

L : oui

E : d’accord. Ok. Du coup tu as toujours plein d’enfants à la maison !

L : Euh… oui. Mais sauf le vendredi, sauf demain. Y’a juste lundi à jeudi y’a tous les enfants mais …

vendredi, non, y’a pas.

E : d’accord, elle prend personne le vendredi.

L : non, personne.

E : d’accord. Donc toi t’imagines… T’imagines comme ça, quand tu seras plus âgé ?

L : oui.

E : est-ce que ça pourrait être différent ? Parce que les enfants qui vont chez une maman de jour, ils

vont pourquoi, à ton avis, chez la maman de jour ?

L : Ben si… leur maman ben il travaille, comme par exemple à Froideville ben.. Pis le papa à ben…

Genève, ben… il faut garder les enfants… Parce que si ils restent tous seuls…

E : Ouai bien sûr. Il faut les garder, c’est sûr. Et toi alors tu penses pas que ta femme elle pourrait

quand même faire… Par exemple travailler, et mettre tes enfants, toi tu aimerais pas que tes enfants ils

soient chez une maman de jour ?

L : non

E : non ? Pourquoi ?

L : J’ai pas envie

E : Tu préfères qu’ils soient à la maison ? Pourquoi ? Tu arrives à dire ?

L : ben ce serait mieux…

E : Pourquoi ce serait mieux ?

L : … Je sais pas comment dire. Euh….

E : parce que ta maman, qui est maman de jour, elle s’occupe bien des autres enfants ?

L : Oui

E : Ben toi tu aimerais pas.. Alors essaie d’expliquer pourquoi peut-être ?

L : Ben…

E : Pourquoi c’est mieux ? D’être à la maison ? Avec sa maman à soit ?

L : mhm… euh… je sais pas.

E : y’a pas de juste ou faux hein c’est toi qui penses !

L : ben.. Vous pouvez redire… vous pouvez redire la question ?

E : Pourquoi est-ce que c’est mieux, pourquoi tu trouves mieux que tes enfants ils soient à la maison

plutôt que chez une maman de jour ?

L : Eumm….

E : pourquoi tu préférerais que ce soit ta femme à toi qui s’occupe des enfants ?

L : Ben parce que sinon…. bah.. C’est mieux. Je sais pas comment dire.

E : d’accord, c’est mieux. Ok. Et… et puis ça pourrait pas être le contraire par exemple ?

L : non parce qu’on n’a pas le droit. Enfin, ma maman elle dit que y’a pas de nounou, enfin de … papa

de jour.

E : De papa de jour, ouai

L : Je sais pas comment on dit

E : Ouai c’est vrai que ça se fait moins hein…

L : oui

E : toi tu… tu trouverais ça bizarre si tu voyais, enfin si tu voyais une famille, que tu connais ou que tu

connais pas, et puis que c’est l’homme qui reste à la maison avec les enfants ?

L : euh oui !

E : tu trouverais ça bizarre ?

L : Enfin avec euh.. si nounou, je sais pas oui…

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E : ouai bon nounou c’est vrai que c’est un terme un peu… C’est vrai que ça fait un peu ridicule pour

un homme !

L : oui ! (rire)

E : Mais sinon, sur le principe, pas sur le mot, tu trouverais bizarre que ce soit un homme qui s’occupe

des enfants plutôt et la femme qui va travailler ?

L : non.

E : d’accord. Alors… Ce que tu as dessiné sur le garage… J’aimerais bien que tu me parles un petit

peu de… Ben du métier… Comment ça t’es venu cette idée… Pourquoi est ce que tu aimerais faire

ça..

L : Ben… En fait euh.. Mon grand frère quand j’suis allé .. ici, ben c’était assez bien, je voulais faire le

même boulot parce qu’il fallait… Parce que quand je regarde c’était trop cool parce que…

E : Parce que ton grand frère il est garagiste ?

L : Non pas garagiste, mais… Je savais même pas… L’idée enfin j’ai pas demandé… qu’est ce qui

fait…

E : Mais il travaille dans un garage ?

L : non, il prend que les pneus, il donne les pneus …

E : Ouai d’accord, je vois ce que c’est alors.. D’accord.

L : Et les, ah voilà, les en… enjoliseur…

E : Les enjoliveurs, d’accord. Et puis alors… Tu as été voir euh.. Comment il travaillait ?

L : oui.

E : C’était chouette alors, ça t’a plu ?

L : Mhm. Plus ou moins. En fait ce que j’aimerais le plus c’est de conduire une machine.

E : Conduire des machines ?

L : oui enfin y’a… Comme une… voiture, pour porter les pneus… je sais pas comment dire..

E : Ah ouai, ouai je vois ce que tu veux dire ! Ok. Et toi ça te plairait bien de conduire ?

L : oui.

E : D’accord, très bien. Euh… Je sais pas… Est-ce que tu as encore quelque chose à dire sur… Sur

comment tu imagines ta vie future ? Des choses que tu aurais peut-être pas dessinées ou en plus que tu

aimerais dire… ?

L : euh non.

E : t’es sur ? Tu veux rien rajouter ?

L : Non.

E : Comment tu imagines ça euh.. au quotidien je veux dire ?

L : euh…. je sais pas..

E : Une journée, une journée classique, on va dire.. Tu feras quoi dans ta journée ?

L : euh… travailler et pis euh… Je sais pas comment dire… je sais pas.

E : d’accord alors tu vas travailler et pis .. ensuite ? Tu fais quand même pas que ça toute la journée ?

L : Pardon ?

E : Tu fais pas que ça toute la journée ?

L : non

E : alors tu ferais quoi d’autre ?

L : Ben… prendre les enfants… et promener.

E : ouai, faire des promenades avec les enfants.

L : oui

E : autre chose ?

L : non.. J’ai pas d’autre idée… euh… aller dans une fête foraine, les carrousels… Luna park.

E : Ouai.

L : C’est là où mon papa il travaille pour.. aider les gens.. Aider ses copains.

E : d’accord. Et toi tu aimerais bien aussi faire ce genre de choses ?

L : Oui.

E : ok. Alors… Juste si on revient un petit peu au métier alors… Toi tu me disais, ouai nounou c’est

bizarre pour un homme…

L : oui

E : toi tu t’imaginerais pas faire ça par exemple ?

L : Non, mais avant.. Je voulais quand j’étais petit, de faire ça..

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E : tu voulais faire ça ?

L : Oui mais après j’ai… Mais maintenant je veux plus.

E : pourquoi… tu as changé d’avis ? Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ?

L : … parce que c’est maman qui m’a dit ! Enfin c’est…. Oui, c’est maman qui a dit que … que c’est

pour les filles, ‘fin y’a plus de filles… qui fait ça.

E : D’accord et alors toi tu penses qu’il y a comme ça des métiers… euh..

L : oui

E : des métiers qui sont pour les filles plus…

L : oui

E : comme quoi ? Par exemple ?

L : mhm.. magasin de poupées

E : mhm ouai ..

L : mhm.. sinon ben… Dans un restaurant. Ah non, y’a deux… Y’a garçon ou fille.. Je sais plus, enfin

je sais pas…

E : Et puis des métiers que pour les garçons alors ?

L : Mhm…. Construire des voitures.

E : Oui d’accord

L : Mais enfin… Réparer la voiture, mettre les pneus.. Enfin non.

E : Pis pourquoi tu penses que c’est comme ça alors.. ? Qu’il y a des métiers qui sont juste pour les

garçons.. ?

L : Alors je sais pas.

E : Tu.. tu trouverais pas d’explications ?

L : non.

E : Alors si y’a pas d’explication, ça veut dire que les filles elles pourraient le faire aussi ?

L : mhm… moui

E : tu trouverais ça bizarre si tu… Tu vas amener ta voiture au garage et c’est une fille qui vient et qui

te prend les clés et qui te dit « Ouai c’est bon laissez-la moi je vais m’en occuper ! »

L : oui !

E : tu trouverais ça bizarre ?

L : Oui.

E : tu lui ferais pas confiance ?

L : Si ! Quand même…

E : Tu te dis « oulala si elle va parquer ma voiture…. » ?

L : moi je fais confiance.. A tout le monde… Voilà et…

E : Et puis si par exemple tu vas…. qu’est ce qu’il y aurait qui est assez pour les filles… si tu vas chez

le docteur, et puis que c’est une femme. C’est UNE docteur, c’est bizarre ?

L : Non, c’est pas bizarre, j’en vois.

E : Ah ouai ? Ok.

L : Quand moi je suis allée à l’hôpital de l’enfance… y’en avait

E : d’accord. Mais est-ce que c’était des médecins ou c’était des infirmières ?

L : des infirmières et des médecins …

E : d’accord

L : et des docteurs..

E : Ok. Alors… Tu dis que ça te déranges pas, mais est-ce que toi tu le ferais, faire un métier de

filles ?

L : mhm.. Non.

E : pourquoi ?

L : en fait je sais pas…

E : Par exemple…. est ce que tu aimerais faire… Je sais pas, coiffeur ou…. ?

L : je sais pas.

E : d’accord ok. Alors.. Pour ton dessin , est-ce que y’a encore autre chose que tu aimerais ajouter sur

ce que tu as dessiné ou pas dessiné ?

L : Non je… On dirait que la vitre elle est cassée…

E : Ouai c’est vrai. C’était peut-être un rideau ?

L : oui... Un rideau cassé.

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E : Un rideau cassé, d’accord.. C’est le hamster qui l’a mangé ?

L : oui. Et … Ah oui avant j’ai pensé aussi à ça… Ou que quelqu’un l’a déchiré…

E : d’accord. Oh et c’est quoi cette petite partie à la maison là ?

L : le garage.

E : Le garage, ok.

Entretien 3 : Clotilde

E : Voilà alors… Euh.. Déjà est-ce que tu peux me rappeler un petit peu euh… Ce qui était demandé

en fait pour ce dessin ?

C : Euh… Ben quand j’aimerais être grande, j’aimerais être dans des magasins ou.. Comme chicorée

ou chez Claire’s parce que j’aime bien les habits pis j’aime bien les bijoux aussi.

E : D’accord.

C : J’ai… Dans ma chambre j’ai une armoire mais elle est très vieille c’est-à-dire que j’ai beaucoup

d’habits, ça veut dire que j’ai beaucoup de bijoux, ça veut dire que … Comme euh… Ce samedi-là on

va aller … On va fêter Noël ça veut dire que les gens qui vont m’offrir des bons pour aller chez

Chicorée ou chez Claire’s.

E : D’accord. Alors toi… Ce que t’as dessiné là, le magasin, c’est quoi exactement dans ta vie ?

C : Ben c’est… Des fois le samedi, quand ma maman elle rentre du boulot on va s’acheter des habits.

E : D’accord mais alors… C’est vraiment comme ça de temps en temps le magasin ?

C : oui c’est comme ça de temps en temps, on va pas tous les jours, parce que…

E : Ouai mais d’accord aujourd’hui tu vas pas tous les jours, ça je comprends bien.

C : Oui parce qu’on doit tout préparer parce qu’on fait pas chez nous mais on fait chez quelqu’un, ça

veut dire comme aujourd’hui je vais chercher des habits juste pour m’habiller parce que j’ai pas

d’autres habits, tous mes habits que j’aime bien ils sont sales.

E : D’accord. Mais alors là tu as dessiné le magasin, pour ta vie dans 20 ans c’était… Alors, ça a quoi

comme place ce magasin dans ta vie dans 20 ans ?

C : Bah… Chais pas comment expliquer. Euh…

E : Mais est-ce que c’est comme maintenant tu vas comme ça de temps en temps ?

C : oui j’y vais comme ça de temps en temps et j’aimerais vraiment travailler…

E : d’accord donc pour…

C : être vendeuse

E : d’accord donc pour ta vie future tu aimerais être vendeuse.

C : Oui, dans un magasin ou chez Claire’s ou chez Tally Weijl ou des trucs comme ça.

E : d’accord. Dans un magasin d’habits donc, ou bijoux.

C : Oui voilà.

E : OK. Comment tu imagines ça un peu le métier de … ?

C : Bah… Peut-être j’habiterai à côté peut-être aussi. Parce que je sais pas où c’est Chicorée, je me

rappelle pas où c’est mais… J’aimerais pas être, habiter à Lausanne parce que j’aime pas tellement

Lausanne.

E : T’aimes pas Lausanne ?

C : Non parce que .. Moi j’ai déjà peur quand je vais à Lausanne avec mes parents déjà.

E : Pourquoi t’as peur ?

C : parce que là-bas y’a beaucoup de brigands de… Ah, de gens qui sont pas très…

E : Ouai

C : Moi j’aimerais habiter quelque part d’autre. Comme euh… j’sais pas moi … J’sais pas où habiter..

Mais…

E : Mais pas dans la ville ?

C : Non pas dans la ville.

E : D’accord.. Ouai.

C : A côté du magasin ou un truc comme ça.

E : Ok donc la magasin il serait pas non plus en ville du coup ?

C : non non il serait pas …

E : d’accord ok. Et puis… Ben tu peux m’expliquer un peu s’que tu as dessiné sur ton dessin ?

C : Euh… ça veut dire que là c’est le magasin. Là c’est la maison à côté.

E : Ouai

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C : Et là y’a le parc.

E : D’accord, derrière tu as dessiné le parc. Alors le parc c’est quoi ?

C : C’est le parc où … Pendant que les enfants.. Pendant que les mamans vont acheter … Les habits,

les enfants, y’aura une garderie à côté peut-être comme ça les enfants il pourra….

E : D’accord donc ça fait partie du magasin alors ?

C : Oui un petit peu

E : Ok

C : mais peut-être je vais pas faire ça, peut-être que je vais juste… Que y’aura juste pour euh… les

mamans vont travailler, leurs enfants vont (inaudible) dans le magasin.

E : Alors les mamans elles laissent leurs enfants à la garderie et elles peuvent faire les magasins ?

C : oui

E : OK bien.. Je comprends, c’est bien, c’est une bonne idée. Ok alors ça c’est pour les enfants ok…

Et puis… Alors sinon, donc là tu m’as expliqué la partie magasin donc ton métier ce serait vendeuse.

C : Oui

E : Pis tu imagines ça comment, les journées ?

C : Bah… D’avoir des jours de congé, d’avoir des fois des jours de congé et pis … Pis de pas

travailler… De travailler le matin pis l’après-midi … Pis travailler pas le matin, c’est ça que

j’aimerais…

E : D’accord donc toi tu aimerais travailler euh.. Pas à 100% comme on dit.

C : Oui, pis des fois, des journées si y’a quelqu’un qui est malade … Si c’est calme dans le magasin,

comme ma maman elle fait ben .. Si c’est calme, ben je pars du magasin pis je peux rentrer chez moi.

E : D’accord ta maman elle fait ça ?

C : Oui des fois, Elle est cheffe dans un restaurant à Chailly, d’un take-away ça veut dire, des fois elle

coupe quand y’a pas beaucoup de monde.

E : Ok d’accord je comprends. Ok… Donc ta maman elle est quand même un peu dans le même…

Domaine hein ?

C : oui, mais y’a pas une garderie à côté.

E : Ouai

C : c’est à Chailly.

E : D’accord, très bien.. Alors donc ça c’était pour la partie boulot, travail hein.. Et puis là, qu’est ce

que tu as dessiné dans cette partie-là ?

C : Ben y’a la maison

E : Mhm mhm.

C : euh… Après y’a.. Ah, je sais pas comment expliquer ça..

E : Alors tu as dessiné une maison, ok, assez… Enfin pas très très grande hein ?

C : Non parce que je voulais pas prendre toute la place

E : Non non et puis ça va très bien .. Et puis euh.. Alors les personnes peut-être, qui c’est ?

C : Moi. ça c’est la fille qu’on garde .. Que je..

E : Ah que tu gardes alors ?

C : Oui mais c’est… Pas maintenant mais dans… Quelques années.

E : Oui tout à fait ouai

C : la fille qui a le magasin, là je … je voulais mettre là, mais à la place je suis mis là.

E : D’accord.

C : Là c’est le… Ah.. Le… Le chef de.. Du truc.

E : Du magasin ?

C : oui. Non du… truc… Du truc baby sitter.

E : Ah, de la garderie ?

C : Oui, j’ai aussi des employés mais je voulais pas faire .. tout. Je voulais les faire … Derrière, mais

j’avais pas le temps.

E : D’accord alors … Parce que moi quand j’ai vu ça, ce que j’ai pensé c’est… que c’était, toi plus

tard, mais le papa la maman et puis une fille, un enfant… Donc c’était pas ça alors ?

C : Non, c’est… Je me suis trompée. Je voulais mettre là et les enfants là.. les deux là, là, mais j’avais

pas le temps.

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E : Ok, pas de souci. Alors du coup toi tu… Si on veut au niveau de la famille, vu que là c’est un

patron et puis une enfant que tu gardes, mais qui n’est pas à toi, au niveau de la famille, par exemple

des gens qui habitent dans ta maison, y’aurait qui ?

C : Bah…. Euh… Les deux enfants.

E : Donc tes enfants à toi ?

C : Oui mes enfants à moi et puis moi-même

E : Ok alors tu veux avoir deux enfants et puis… Y’a pas de papa ?

C : oui un papa.

E : D’accord.

C : Mais il est dans la maison avec les enfants.

E : Ok, d’accord. Donc tu imagines quand même une famille ?

C : Oui une famille, je veux pas rester toute seule, dans la maison.

E : Ouai d’accord. Et puis.. Alors toi tu m’as dit que tu serais vendeuse hein ?

C : Vendeuse, pas cheffe. Parce que cheffe, c’est du boulot

E : Bah oui

C : mais mettre les habits en rayon, si c’est tombé par terre ou…

E : Ouai

C : Plier les habits…

E : Oui, donc ça c’est que ce toi tu ferais ?

C : oui

E : Et puis alors… le papa des enfants, il ferait quoi alors ?

C : Bah j’sais pas.

E : T’imagines pas encore ?

C : Non, je sais pas encore

E : Ah je pense bien que tu sais pas encore avec qui tu vas te marier ! ça j’imagine bien !

C : Ouai.

E : mais est-ce que c’est important pour toi ?

C : Non

E : C’est pas important pour toi ce qu’il fait comme travail, d’accord. Et puis.. Est-ce que, tu m’as dit

que tu voulais travailler … pas tous les jours.

C : non, pas tous les jours.

E : Pourquoi ?

C : Parce qu’après ça serait fatiguant, au bout d’un moment, de travailler tous les jours, presque.

E : D’accord

C : Mais des fois quand… Des fois le samedi, faut travailler tous les jours parce que c’est … Y’a du

monde le samedi.

E : Bien sur ouai. Et puis, je sais que toi, ta maman ben tu m’as dit qu’elle travaillait hein, et puis toi tu

vas chez la maman de jour… ?

C : oui

E : Est-ce que toi c’est quelque chose que tu… Enfin, que tu penserais faire, par exemple toi travailler

et pis mettre tes enfants chez une maman de jour ?

C : Oui.

E : Ouai, donc tu aimerais continuer à travailler ?

C : Oui mais, le matin j’amène mes enfants à l’école et après … la maman de jour va les chercher à

l’école ou ils rentrent tous seuls de l’école … Mais quand ils sont petits, quand ils ont 4 ans ils vont

pas… Quand ils auront 10 ans, ils rentrera tous seuls à midi, pis voilà, pis je viendrai chercher le soir.

E : D’accord.

C : Ou ils rentrent le soir tous seuls.

E : Ok. Et puis.. Ouai, ok. Donc toi tu arrêteras pas de travailler par exemple. Et puis est-ce que tu …

Bon le papa tu l’as pas dessiné, c’est vrai que tu en parles pas beaucoup du papa mais est-ce que tu…

Enfin, est-ce que pour toi ce serait envisageable, enfin est-ce que tu imaginerais travailler plus par

exemple et puis que ce soit le papa des enfants qui reste à la maison pour s’en occuper par exemple,

qu’il y ait pas besoin de maman de jour.

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C : Euh… je pense. Mais moi j’aimerais, si j’ai un… Papa, j’aimerais qu’on … Le plus important c’est

d’avoir des habits, assez pour payer la nourriture pis d’avoir une voiture. Pis d’avoir des vacances

quand même.

E : Ben ouai. Pourquoi c’est important d’avoir des vacances ? Enfin tu les imagines comment les

vacances ?

C : bah.. Pour… Belles, aller à Disney ou à Europa Park.

E : mhm mhm, donc passer du temps avec les enfants quand même hein ?

C : voilà. A la place du boulot.

E : Oui, c’est sûr ! Il faut… ! Ok… Est-ce que tu as encore quelque chose, je sais pas sur le dessin, que

tu aimerais encore rajouter ?

C : Non. J’ai pas d’autres trucs à rajouter.

E : … Oui, dans la garderie tu as dessiné le patron de la garderie. Euh… le patron, c’est celui qui

s’occupe des enfants ?

C : Non, c’est le patron, c’est celui-là qui … Qui regarde des fois, comment les employés ils

travaillent… S’il faut… S’il faut qu’ils arrêtent un petit moment ou bien qu’ils continuent.

E : D’accord, lui il s’occupe pas des enfants ?

C : non, il regarde comment … Je sais pas comment expliquer ça.

E : Comment les employés travaillent ?

C : Oui, comment les employés travaillent.

E : Ouai. ok. Et puis les employés c’est… Enfin dans une garderie, donc travailler avec des enfants, tu

imagines que c’est plutôt des hommes ou des femmes ?

C : Des femmes.

E : Que des femmes ?

C : Oui, que des femmes.

E : Est-ce que tu penses que c’est possible, que le patron, par exemple, il ait commencé par être

seulement … s’occuper des enfants et puis après être… ?

C : je pense mais je pense qu’il travaille pis après y’a le grand chef qui dit que ça peut être le patron.

Je sais pas.

E : Mais ça te semblerait bizarre que ce soit un homme qui s’occupe des enfants par exemple ?

C : Oui ce serait bizarre un petit peu.

E : tu trouverais ça bizarre. Pourquoi ?

C : Ben parce que moi… Chez ma maman de jour, y’a pas, y’a pas… elle est toute seule pour tout

faire. ça veut dire que moi.. J’adore les enfants, tous les enfants ils me courent après quand je suis pas

là, quand je suis partie au camp l’année passée avec ma classe à Froideville, quand je suis rentrée, ils

ont… Ma maman de jour elle avait besoin de moi. Des fois elle a besoin de moi, parce que toute seule

elle arrive pas.

E : Oui bien sûr…

C : ça veut dire que les enfants ils m’adorent…

E : Mais tu trouverais bizarre que … Enfin si toi tu dois mettre tes enfants dans une garderie, tu

trouverais bizarre que ce soit un homme.

C : oui.

E : Et puis tu… Pourquoi tu trouverais ça bizarre ?

C : je sais pas.

E : Parce qu’on en voit pas souvent ?

C : non, on en voit pas souvent. Dans les garderies on voit pas souvent des garçons qui s’occupent des

enfants.

E :Ouai, pourquoi tu penses ?

C : Je sais pas…

E : c’est vrai qu’on en voit pas beaucoup…

C : Non, j’en ai vu une fois mais ça m’a fait un petit peu un choc de voir… y’avait 3 garçons et pis

y’avait 10 filles.

E : Ouai, y’a beaucoup plus de filles. Et tu t’es dit quoi quand tu as vu ces garçons ?

C : je sais pas. Il peut… Des fois il peut maltraiter les enfants.

E : D’accord.

C : Il peut taper les enfants et ça, ça m’inquiète un petit peu des fois.

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E : Mhm. Mais est-ce qu’une femme elle pourrait pas ? Maltraiter les enfants ?

C : Oui, les taper si.. Si il fait des bêtises. Mais il peut maltraiter quand même mais… moi je préfère

plus, parce que les femmes elle sait quand même faire leur métier, parce que les femmes ça a des

enfants et pis le papa il travaille tous les jours. ça veut dire que je préfère avoir une fille qui fait, une

fille qui travaille dans la garderie plutôt qu’un homme. C’est ça.

E : d’accord, Et puis moi alors ? par exemple ? Moi je m’occuper d’enfants hein, enfin vous êtes plus

des petits mais .. je suis avec des enfants toute la journée mais pourtant j’ai pas d’enfants …

C : Non, mais vous travaillez bien.

E : .. merci. Mais alors… Pourtant j’ai pas encore eu d’enfants donc je sais pas comment m’occuper

des enfants ?

C : Ben vous pouvez demander à quelqu’un.

E : mhm mhm. Mais les hommes aussi alors ?

C : les hommes ?

E : ils peuvent demander à quelqu’un, s’ils ont pas encore eu d’enfants.

C : Peut-être… je sais pas encore.

E : mais c’est moins…

C : Moins… Parce que les filles aiment bien parler entre elles.

E : d’accord

C : C’est comme moi j’invite des copines, on parle entre nous. On parle pas de garçons. On parle que

de filles.

E : Ouai, vous parlez pas avec les garçons.

C : non

E : d’accord.

Entretien 4 : Emilien

E : Alors…est-ce que tu te souviens un petit peu ce qu’on s’était dit, enfin ce qui, ce que je vous avais

demandé de dessiner ?

B : Euh oui dessiner quel métier on voulait devenir.

E : Quel métier on voulait faire, oui, exactement. Alors est-ce que tu peux m’expliquer un peu ton

dessin ?

B : Ben en fait j’aimerais être FBI parce que j’aime bien faire de l’action et… J’aime beaucoup les

films d’action alors j’aimerais bien devenir FBI.

E : Travailler au FBI ? Ok et puis parce que t’aimes bien l’action.

B : Oui j’aime bien l’action mais j’aime aussi bien… je sais pas comment expliquer. J’aime bien

travailler en équipe aussi.

E : T’aimes bien travailler en équipe, oui c’est important ça.

B : J’aime aussi l’espionnage.

E : Ouai

B : Parce que mon cousin, à chaque fois qu’il ya une fête, on espionne… les parents.

E : Aah !

B : On trouve ça marrant alors j’aime beaucoup ça.

E : Et tu imagines ça comment alors… D’être policier au FBI ?

B : Ben… j’imagine…. j’sais pas… Mais… Ben en fait avec mon voisin on joue beaucoup aux

(inaudible), c’est des petits pistolets à air comprimé, avec des balles en mousse. Hé ben on aime bien

jouer à ça.

E : Donc vous vous tirez dessus ou… ?

B : Non on se tire dessus ou alors sur des cibles et on doit tirer dessus. Et sinon….

E : Et le métier de… d’agent du FBI, c’est quoi en fait ? Enfin qu’est ce qu’il fait tous les jours ?

B : Bah… arrêter des personnes.

E : Ouai, arrêter des personnes . Tu imagines ça comment ?

B : Faire des enquêtes.

E : Oui, faire des enquêtes ouai.

B : Pis… Ben….

E : Pis t’imagines ça comment quand tu… quand tu seras policier et que tu auras ton uniforme, tu

penses que tu te sentiras comment ?

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B : protégé

E : Protégé d’accord

B : J’aime bien me sentir protégé aussi.

E : mhm mhm d’accord. Pourtant c’est un métier qui est dangereux hein.

B : oui je sais. Mais… en fait maintenant j’ai déjà changé quel métier je voulais devenir.

E : T’as re-changé depuis la dernière fois ?

B : d’accord

E : Et pis tu veux faire quoi maintenant alors ?

B : cuisinier

E : Cuisinier, ah oui c’est moins dangereux !

B : Je voudrais bien faire cuisinier mais… FBI… En fait j’hésite entre les deux. Mes sœurs me disent

de devenir soldat mais… cuisinier… En fait, y’a plusieurs sœurs, ma sœur me conseille de devenir

footballeur, moi je me conseille de devenir cuisinier, et mon autre sœur elle me conseille de devenir

policier FBI.

E : Mhm mhm

B : Bon… j’ai pas encore choisi.

E : Bon tu as encore le temps hein !

B : Ouai. Mais quand j’ai du faire le dessin…

E : Oui ben là tu as dû faire un choix.

B : Oui mais.. Bon.. Je sais qu’il faut travailler dur pour devenir policier .. Mais…. J’essaie de

travailler le plus dur que je peux.

E : C’est bien

B : Voilà.. Et je sais pas trop.

E : Mhm mhm, bon t’as encore le temps !

B : Ouai. oui. Ce qu’est ce que je me dis.

E : Ouai. Et pis alors euh… Bon FBI tu m’as un peu expliqué mais alors le cuisinier c’est comment, le

métier du cuisinier ?

B : J’aime beaucoup cuisiner, j’aime beaucoup faire de la pâtisserie. Ben en fait quand j’étais petit, ma

mère, ma maman elle faisait la boulangerie. Elle faisait serveuse et moi j’aidais des fois mon papa à

faire les pains au chocolat. Et je me rappelle toujours comment on fait. Et pis depuis ce jour, j’ai

toujours aimé mettre le chocolat, en fait j’ai toujours aimé faire des croissants, des tresses… Avec mon

papa.. et.. Quand j’étais petit, je voulais devenir footballeur mais après… Depuis que je suis devenu

assez grand pour faire la boulangerie ben… ça m’est toujours resté dans la tête de.. devenir cuisinier.

E : mhm mhm ok. C’est sympa… alors ça c’était pour le métier hein, maintenant peut-être sur ton

dessin. Alors bon les deux images là ça représente le métier. Et puis alors cette image-là, tu peux

m’expliquer un peu .. ce qu’il y a dessus, etc… ?

B : En fait je dessinais FBI, et ici c’est écrit « millionnaire », parce que j’aimerais devenir

millionnaire. Je me suis sûrement dit … je peux devenir millionnaire quand j’étais plus grand mais

faut que j’travaille très dur. Que je fasse cuisinier et FBI et alors… Je rêve d’avoir une maison comme

ça.

E : D’accord. Et puis… Donc pour toi c’est important de … Enfin, tu te dis déjà maintenant « il faut

que je travaille dur pour arriver à avoir … »

B : Un bon salaire.

E : Un bon salaire ouai. Et puis, est-ce que tu pourrais faire, est-ce que tu te dis, si y’avait quelque

chose qui payait très très très bien mais par contre que t’aimais pas du tout faire.

B : Ben… j’ferai pas.

E : Tu ferais pas.

B : non… mais.. J’trouverai un autre métier et si ça gagne pas beaucoup de sous, je travaillerai quand

même là-bas. Même si j’aimerais beaucoup.

E : D’accord. Donc pour toi c’est quand même plus important d’avoir un métier que tu aimes ?

B : Ouai..

E : D’accord… Alors admettons que dans ton avenir, tu arrives justement à avoir cette maison que t’as

dessiné là.

B : Oui

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E : Alors par contre t’as dessiné juste la maison. Tu t’imagines.. Enfin c’est une grande maison, est-ce

que tu t’imagines tout seul dedans ?

B : J’imagine seulement avoir des enfants.

E : D’accord, seulement avoir des enfants. Et puis, tu sais déjà combien… ?

B : non, pas ça.

E : Non ?

B : Ben, je sais que j’aimerais avoir au moins un garçon

E : ouai

B : mais sinon ça m’est égal si j’ai deux filles après. Ou… mais en fait je sais pas…

E : Mhm mhm. Bon ça tu verras hein… Et puis…

B : Moi et ma sœur on va adopter un. Ma sœur elle veut adopter un p’tit noir mais moi j’sais pas

encore.

E : Elle a quel âge ta sœur ?

B : Elle a 13 ans.

E : D’accord.

B : Et… En fait, normalement, tout le monde rêve de devenir millionnaire..

E : Oui, c’est sûr.

B : mais… ma sœur elle dit déjà qu’elle va avoir un mari riche

E : Ta sœur elle aimerait avoir un mari riche ?

B : Oui, même si il est moche c’est juste parce qu’elle veut être riche.

E : D’accord.. Ouai, c’est une idée.

B : Et moi ben c’est sûr j’voudrais…. Avoir une femme, que j’aime. Mais.. (inaudible) j’sais qu’il

faudra acheter à manger..

E : Alors, est-ce que c’est… Par exemple toi, ta sœur elle te dit « ouai j’aimerais avoir un mari

riche. Pour qu’il… Voilà, pour qu’il me donne de l’argent. » , je peux comprendre hein, mais est-ce

que toi tu peux pas te dire aussi… Parce que toi tu me dis « moi je veux avoir une femme que j’aime,

mais je sais que je vais devoir gagner de l’argent. » mhm ? c’est ça ?

B : ouai

E : est-ce que toi tu pourrais pas te dire « bon ben je me trouve une femme riche » ?

B : non. J’veux pas trop faire ça.. J’veux gagner les sous avec moi-même.

E : D’accord, t’aimerais gagner les sous toi-même. T’aimerais pas que ce soit ta femme qui ait, même

si tu l’aimes hein, je veux dire au-delà de l’argent, t’aimerais pas que ce soit elle qui te paye tes trucs ?

B : Non, j’préfère que ce soit moi.

E : Pourquoi ?

B : Ben… j’sais pas trop. Je préfère. Je préfère que c’est moi qui a des sous.

E : D’accord. Et puis… par contre ça te dérange pas que ta femme elle en ait pas par exemple ?

B : Ben… si elle serait normale c’est sûr que je lui prêterai certains sous, ou je lui donnerai… Bon, je

pense .. ça me dérange pas..

E : Et puis, toi tu as une idée quand même de ce que tu veux faire plus tard et puis, ta femme tu penses

qu’elle fera quoi ?

B : bah qu’elle devienne… styliste, ou coiffeuse.

E : d’accord. Très bien. Et puis, t’imagines comment alors, parce que tu m’as dit que tu allais avoir

deux ou trois enfants ?

B : Oui, deux ou trois…

E : Et puis t’imagines comment la vie avec les enfants et tout ça ?

B : j’imagine.. une vie bonard. Une vie sympa. Et j’imagine pas que… les enfants soient drogués ou

comme ça. J’espère que… il fumera pas, il boira pas..

E : Oui, ça on a tous envie.. C’est sûr hein..

B : Surtout c’est que… ben… j’aimerais vraiment être millionnaire mais je voudrais surtout devenir

millionnaire pour avoir un bon salaire…

E : Et puis euh… Quand ils seront … enfin, au début quand tu auras des enfants, qu’ils seront petits, tu

vas faire comment tu penses ? Enfin vous allez faire comment, avec ta femme, parce qu’il faudra que

quelqu’un s’en occupe ?

B : Ben… pour être cuisinier on n’est presque jamais là et styliste… en fait on peut avoir des jours de

congé mais tu…

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E : Bon c’est vrai que cuisinier ça prend beaucoup de temps hein, c’est des horaires assez….

B : Et ben… elle s’occupera plus des enfants, c’est sûr mais… c’est que…

E : je sais qu’il y a beaucoup d’élèves dans la classe qui vont chez une maman de jour par exemple.

Toi, ça t’irait comme solution de mettre tes enfants chez une maman de jour ?

B : Mhm… Non, j’ai pas trop confiance les mamans de jour… Je donnerai à la grand-mère.

E : mhm mhm ok, donc rester dans la famille.

B : Ou… ou peut-être à ma sœur.

E : Ok.

B : bon… voilà, y’a une de mes sœurs qui aimerait travailler dans un bureau.. En fait ma tata elle

travaille dans un bureau, ça prend pas beaucoup de temps. Alors je pense que c’est un petit peu la

même chose..

E : Ouai, elle peut avoir des horaires un peu plus libres, par exemple congé les après-midis ou comme

ça.

B : Et.. je pense que ce sera un peu la même chose alors… j’lui.. J’lui donnerai pas mais j’lui donnerai

pour…

E : Pour qu’elle s’occupe des enfants, oui. Donc toi, ça t’embêterais pas que ta femme elle s’en occupe

pas beaucoup en fait ?

B : Ben… C’est comme elle voudra. Si elle voudra s’occuper et prendre des horaires.. différents,

ben… C’est comme elle veut.

E : D’accord. Très bien. Et pis… ça c’est pour les enfants, mais et si elle travaille à 100% par exemple,

donc tous les jours. Alors qui c’est qui va faire tout ce qui est ménage, lessive… ? Tout ça ?

B : Ben… une femme de ménage.

E : Mhm mhm, ok, d’accord. Donc toi c’est pas obligé que ce soit…

B : Non

E : Ok. Et pis.. Bon ben très bien. Est-ce que tu as encore quelque chose que tu aimerais dire, sur ton

dessin ou que tu aurais peut-être pas dessiné mais que tu aurais voulu dire ?

B : en fait y’a pas très longtemps que je voulais devenir cuisinier. Alors j’ai pas pu dessiner devenir

cuisinier ici. Et.. Avec mon voisin, lui aussi il veut devenir cuisinier alors on fait de la pâtisserie des

fois.

E : Ah oui ?

B : Ou des fois on fait à manger nous-mêmes… Quelque chose qu’on a inventé..

E : Chouette, super ça !

B : Et.. voilà. Et chez mon voisin des fois, on joue au piano, on va sur l’ordinateur écouter la musique,

on joue à des jeux… Voilà…

E : Ok, il y a encore quelque chose que tu veux dire sur le dessin ?

B : non.

Entretien 5 : Nils

E : Donc tu te souviens un peu ce qu’on avait dit sur ce dessin, ce qu’il fallait faire ?

N : Mhm non.

E : Alors… Là tu as marqué « menuisier-charpentier ». C’est quoi pour toi, enfin c’est… ?

N : Faire des maisons… Bricoler..

E : Mhm mhm, alors le dessin, ce que je vous avais demandé de faire au début de l’année, c’était de

dessiner comment tu imaginais ta vie dans 20 ans. Alors… Toi tu as noté le métier, et puis.. Alors tu

peux m’en dire un peu plus, tu m’as dit faire des maisons ?

N : mhm… construire les toits… Des portes…

E : Et puis, ça t’est venu d’où cette idée, de faire ça ? Tu connais quelqu’un ?

N : Euh ça m’est venu tout seul.

E : d’accord. Tu connais personne qui fait ça ?

N : Euh oui mon père

E : Ah oui d’accord donc tu connais, tu imagines bien le métier comment c’est alors ! Et puis, tu vas

des fois avec lui voir comment… ?

N : euh non.

E : D’accord, mais tu sais que ça te plairait bien ?

N : oui

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E : Ok. Très bien… Euh alors, tu as pas dessiné beaucoup de choses sur ton dessin mais est-ce que tu

peux m’expliquer quand même .. enfin, m’expliquer un peu ton dessin ? S’que tu as dessiné ?

N : euh… Je sais pas trop.

E : Alors là… Tu as une.. enfin, tu as dessiné une maison, et puis là, une voiture.

N : ouai

E : Alors… Ta maison, tu imagines comment la vie dans la maison…

N : mhm.. Un peu calme.

E : mhm mhm. tu vivras tout seul dans ta maison ?

N : mhm je sais pas.

E : tu imagines quand même.. enfin, tu imagines avoir une famille ? Dans 20 ans, tu auras quand

même… Tu auras quel âge dans 20 ans ? Tu as quel âge maintenant ?

N : 9 ans

E : Ah donc tu auras 29 ans. Alors tu imagines comment… tu vas aller travailler et alors quand tu

rentreras du travail le soir…

N : j’irai me changer, et prendre mon souper.

E : mhm mhm.

N : Et … mais après j’sais pas.

E : tu… est-ce que tu sais déjà si tu veux vivre seul ou, je sais pas, si tu as envie d’avoir des enfants ?

N : Plutôt tout seul.

E : Plutôt tout seul, d’accord. Et puis alors, par exemple les weekends, si tu es tout seul, si tu vis tout

seul, tu ferais quoi ?

N : j’irai me promener… Faire des activités tout seul.

E : D’accord, ok. Alors tu imagines comment, ta vie en général ? Qu’est-ce que tu ferais d’autre que le

travail par exemple ?

N : euh…

E : Tu m’as dit te promener…

N : aller en montagne.

E : Et puis tu as dessiné une voiture là. C’est… pour aller travailler ? Ou c’est pour quoi ?

N : c’est pour aller travailler.

E : d’accord. Alors… est-ce que tu as déjà une idée précise de ton futur ou bien est-ce que c’est encore

un peu flou, c’est quand même dans longtemps ?

N : mhm plutôt dans longtemps.

E : Ouai, donc c’est encore un peu… Tu t’es pas vraiment posé beaucoup de questions là-dessus ou ?

N : Non.

E : D’accord, ok.

Entretien 6 : Noé

E : Alors… Est-ce que tu te souviens donc un peu s’que je vous avais demandé ?

N : oui

E : enfin, ce qui fallait faire pour le dessin. Ouai ? Tu te souviens ? C’était quoi ?

N : Ben faire un dessin quand… de quand on serait grand.

E : ouai, alors là tu as mis « quand j’aurai 29 ans » hein, c’était … l’idée c’était de faire dans, 20 ans

plus tard. Euh ouai, c’est juste. Est-ce que.. tu veux m’expliquer un peu, bon tu as fait sur deux côtés

mais peut-être commencer ici, expliquer un peu s’que t’avais dessiné…

N : bah… bah que… quand j’serai grand j’serai archéologue.

E : Archéologue, ouai. Et puis ça t’est venu d’où cette idée ?

N : J’sais pas…

E : T’as vu, je sais pas, t’as vu des films ou est-ce que tu connais quelqu’un qui est archéologue ?

N : J’ai vu des livres et des films.

E : D’accord. Et puis, c’est quoi qui t’intéresse dans ce métier ?

N : j’sais pas… De… Découvrir les choses.

E : Découvrir des choses, ouai. L’histoire, ça t’intéresse ?

N : L’histoire ?

E : Ouai. Par exemple… enfin archéologue, c’est quoi, c’est les dinosaures que tu aimes, par

exemple ?

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N : Non c’est les pierres.

E : Les pierres, d’accord. Ok, mais les pierres, les fossiles ou les pierres-pierres ?

N : Les deux.

E : D’accord, très bien. Et puis tu imagines ça comment le… être archéologue, comment c’est ?

N : Ben… J’sais pas.

E : qu’est c’que tu fais tous les jours ?

N : Ben je… ben je cherche, des choses.

E : mhm mhm, par exemple tu vas dans un endroit et pis tu… quoi, tu grattes ou ?

N : oui.

E : Et puis, tu penses qu’on trouve tout le temps quelque chose ?

N : non.

E : non hein… Ouai. Ok. Et puis…. ben je sais pas, tu veux me dire quelque chose d’autre encore sur

le métier vraiment d’archéologue ?

N : Non c’est bon.

E : Ok, ça t’est venu comme ça alors ? Ok, en lisant des livres ok. Donc ça c’était pour ce côté….

Alors l’autre côté, qu’est s’que tu as dessiné ?

N : une maison au bord de la mer.

E : Une maison au bord de la mer, ok. C’est ta maison ?

N : ouai

E : Enfin c’est la maison que tu imagines avoir dans 20 ans ?

N : oui

E : mhm mhm, et puis tu peux m’expliquer un peu comment elle est cette maison ?

N : Euh… elle est grande et puis elle est au bord de la mer.

E : Ouai. Et puis alors, qu’est ce que tu as dessiné là ? C’est toi ?

N : oui, en train de regarder la télé.

E : En train de regarder la télé. Et puis alors euh… Ouai, donc t’as dessiné toi, la télé, et puis… T’es

tout seul dans cette maison ? Puisqu’elle est assez grande quand même ?

N : ouai

E : T’es tout seul, ok. ça t’embête pas de vivre tout seul ? T’imagines pas… Y’a beaucoup d’autres

élèves qui m’ont dit .. avoir des enfants, par exemple, des choses comme ça. T’imagines ça ou pas ?

N : (inaudible)

E : Pas maintenant ou jamais ?

N : Hein ?

E : Tu voudrais jamais en avoir ou alors ben voilà, pour l’instant t’imagines pas ?

N : jamais

E : Jamais, tu veux vivre tout seul, pas d’enfants. D’accord. Et puis… alors t’aurais pas de femme

alors non plus ?

N : non

E : Non ? pas de copine ?

N : mhm ?

E : pas de copine ?

N : J’sais pas si j’aurai une copine mais… j’sais pas.

E : d’accord. Mais t’es pas contre l’idée d’avoir…

N : hein ?

E : Est-ce que t’as pas du tout envie de te marier par exemple ? Ou est-ce que c’est juste, ben tu sais

pas si ça va arriver pis voilà.

N : J’sais pas si ça va arriver.

E : D’accord. Et puis si ça arrive alors. Si tu trouves… quelqu’un de bien.

N : Ben.. j’sais pas.

E : t’imagines ça comment ? Si elle vivait avec toi par exemple ?

N : J’sais pas.

E : Par exemple est-ce que tu aurais envie peut-être de te marier avec une femme qui est aussi

archéologue, par exemple ? ça te plairait ? Ou tu trouverais ça chouette ?

N : J’sais pas.

E : T’imagines, déjà est-ce que tu peux imaginer qu’une femme soit archéologue ?

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N : oui.

E : Ouai ? mhm mhm. Pis alors, est-ce que tu trouverais ça bizarre ou est-ce que … je sais pas, on

imagine peut-être… l’archéologie c’est quand même l’aventure… est-ce que t’imagine une femme

faire ça ?

N : J’sais pas.

E : Ok. Alors euh… Et puis sinon alors, dans ta vie, en général hein, sauf.. en plus de l’archéologie, et

de ta maison au bord de la mer, est-ce que y’a quelque chose que t’imagines dans ta vie dans 20 ans ?

Comment t’imagines ta vie au quotidien, tous les jours ?

N : J’sais pas.

E : Tu sais pas. Est-ce qu’il y a des choses qui sont importantes pour toi, que t’aimerais absolument

faire ou avoir, quand tu seras plus grand ?

N : ben.. Voyager beaucoup.

E : Tu veux voyager beaucoup, mhm mhm, c’est bien ça ouai. Où par exemple ?

N : Bah… on verra.

Entretien 7 : Colin

E : Est-ce que tu te souviens un petit peu s’qu’on avait dit sur ce dessin, enfin s’qui fallait faire…

C : Bah..

E : S’que je vous avais demandé de dessiner.

C : Juste qui fallait écrire ou dessiner le… un dessin du métier qu’on voulait faire quand on sera plus

grand.

E : mhm mhm. alors tu peux m’expliquer s’que t’as fait sur ton dessin ?

C : Bah j’ai fait… un plongeur, sous une ville…

E : Un plongeur SOUS une ville ?

C : mhm mhm

E : alors tu peux m’expliquer un peu ?

C : Bah… là y’a de l’eau et puis là… la ville elle est en dessus.

E : La ville est en dessus de l’eau ?

C : oui

E : d’accord

C : C’est … sur de l’île.. C’est une île.

E : Ah, une île, ah oui ok ! Et puis alors là, le plongeur c’est toi ?

C : mhm mhm

E : Ok ! Et puis… d’où ça t’est venu cette idée, de devenir plongeur ?

C : Bah… J’sais pas, j’aime bien… aller sous l’eau et pis… j’ai toujours voulu… rester très longtemps

sous l’eau.

E : Tu l’as déjà fait ?

C : mhm mhm

E : Ok ! Avec masque et tuba ou… ?

C : Sans rien.

E : sans rien, d’accord. Et puis.. comment tu imagines alors le métier de plongeur ? Il fait quoi un

plongeur ?

C : Ben…. un plongeur ben… quelques fois ça…. ça peut expliquer la vie des… ça passe à la télé et

pis ça explique, comment ça vit et pis des espèces rares de poissons qui sont en voie d’expa… riss…

d’exp….

E : D’extinction ? Ouai.

C : Et pis… ça peut aussi aller… faire donc un peu … mouai j’pense que ça peut aussi chercher si y’a

encore des espèces très rares.

E : mhm mhm, ouai donc toi tu imagines vraiment avec les poissons, les algues, tout ça ? mhm mhm,

d’accord. Et puis faire des films par exemple ? Des documentaires, tout ça ? D’accord. Et puis ça t’est

venu d’où cette idée ?

C : Bah ça m’est venu quand j’ai pensé que… je serai très très très longtemps sous l’eau, et pis

personne pourrait me voir et pis j’serai tout seul avec les poissons, donc avec les animaux et pis

j’pourrai leur parler.

E : mhm mhm, toi tu as envie de travailler tout seul ?

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C : quoi ?

E : t’as envie de travailler tout seul ?

C : ouai, non, ça m’dérange pas d’avoir un coéquipier mais… que tout… par exemple si y’a une petite

mare et pis on m’voit travailler… ça j’aimerais pas.

E : T’aimerais pas, d’accord.

C : j’préfère dans les grandes mers.

E : mhm mhm. Ok. Et puis… ouai c‘est très intéressant ça, et puis… Là la maison, enfin le bâtiment

que tu as fait, la ville, est-ce que c’est chez toi ?

C : J’avais pensé chez moi

E : mhm mhm

C : parce que… on a aussi un bâtiment et pis… J’avais voulu faire un bâtiment comme ça.

E : Donc c’est où tu habiterais dans 20 ans ?

C : mhm mhm. Enfin je pense.

E : ouai, tu penses bien sûr. On sait pas encore bien sûr ! Et puis alors… Tu m’as parlé de ton métier

hein, c’est très intéressant hein ! Et puis alors pour ce qui est de … ben, quand tu… On travaille quand

même pas toute la journée « non-stop », alors quand tu rentres le soir, ou alors les week-ends ou quand

tu travailles pas ? Tu fais quoi ?

C : bah… j’ferai des … Bah, j’ferai quand même de la plongée et pis j’regarderai des … J’regarde

quelque chose.

E : mhm mhm. Et puis tu t’imagines vivre tout seul, par exemple ?

C : J’sais pas.

E : Tu sais pas. Y’a beaucoup d’autres personnes qui m’ont dit par exemple avoir des enfants ou

comme ça.. Tu voudrais ou… ?

C : mmmouai…

E : Mouai ?

C : Moyennement.

E : Moyennement d’accord. Enfin c’est normal que tu te dises pas forcément déjà maintenant « je veux

avoir des enfants » … mais t’imagines peut-être en avoir, plus tard ?

C : je sais pas.

E : Tu sais pas. Et puis, alors si t’as pas d’enfant, tu aurais quand même une personne avec qui tu vis ?

Ou tu vivrais tout seul tout seul ?

C : Oh ça… J’suis pas… J’suis pas encore décidé… J’sais pas trop si..

E : Bah t’es pas obligé de te décider maintenant hein !

C : Ouai… Mais j’pense pas..

E : tu penses pas quoi ?

C : Que j’vais … être avec quelqu’un d’autre.

E : tu veux pas… te marier par exemple ?

C : Mhm…. non.

E : Non, ok. Donc pas de mariage, pas d’enfant.

C : Pas de mariage, mais les enfants… ça c’est pas… encore.

E : D’accord. Mais il faut que vous soyez deux quand même pour avoir des enfants !

C : Bah oui.

E : mhm mhm. Donc il faudra quand même quelqu’un. Pis si t’as des enfants, t’imagines ça comment

alors ? La vie de tous les jours avec les enfants ? Quand toi tu travailleras, alors ils feront quoi eux ?

C : Bah… J’sais pas. Peut-être qu’ils m’accompagneront !

E : Et pis ils vont pas à l’école ?

C : Ben j’sais pas si… Si, mais seulement le week-end.

E : D’accord. Pis alors la semaine, ils vont à l’école…Et pis le soir alors, tu sais on termine tôt l’école

hein, alors si ils terminent plus tôt que toi ?

C : Bah…. ils ont quand même des devoirs.

E : Ouai mais quand ils seront tout petits ils pourront pas rentrer de l’école tout seuls, par exemple.

C : Ben non

E : alors ils rentreront comment ?

C : Bah…. je sais pas, je viendrai les chercher.

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E : D’accord. Et puis…. Est-ce que t’imagine les mettre chez une maman de jour ou comme ça ? Ou

bien c’est pas une idée qui te … qui te plairait ?

C : Non.

E : Non, tu veux pas les confier à quelqu’un d’autre. Pourquoi ? Tu pourrais dire ?

C : parce que… peut-être qu’ils feront les fous !

E : Et puis… l’autre jour tu m’as dit que… toi, maintenant, ton papa il travaillait beaucoup. Et puis

euh… Tu penses quoi de ça toi ?

C : Bah…. ça me dérange pas parce que le week-end lui il travaille seulement sur son ordi et pis parce

que …. lui c’est un directeur donc il a pas besoin de se déplacer et puis… il y va en vélo, c’est pas très

loin son boulot…

E : mhm mhm. Mais est-ce que t’aimerais… Par exemple qu’il soit là plus souvent ? Ou bien ça t’est

égal ?

C : Bah… en fait.. Moi ça m’est égal parce que je le vois que le week-end.

E : Ah parce que tu vas chez lui que le week-end ?

C : Mhm mhm, ils sont divorcés.

E : d’accord. Et si t’étais chez lui la semaine alors, ça t’embêterait qu’il travaille autant ou… ?

C : Non.

E : D’accord. Est-ce que tu veux dire encore quelque chose sur ça, sur ce dessin ? Ou sur quelque

chose que tu aurais pas dessiné mais que tu voudrais dire sur comment tu imagines la vie après ?

C : Euh… J’sais pas… Bah… Moi j’aimerais bien que la terre sera recouverte d’eau.

E : Ah t’aimerais de l’eau partout toi ?

C : Ouai

E : Ouai ?

C : ce serait style.

E : Ouai ce serait rigolo mais je sais pas si on est vraiment fait, nous les êtres humains, pour vivre que

dans l’eau.

C : Ah non, pas que dans l’eau… Puisqu’on a des bateaux.

E : Ouai ben ouai… Donc toi t’aimerais qu’on vive que sur des bateaux ? Ou comme ça ?

C : Non… J’vais quand même… Y’aura du sable mais y’aura pas de terre.

E : Ok. Très bien.

Entretien 8 : Romy

E : Voilà alors… Est-ce que tu peux m’expliquer un petit peu donc ton dessin ? S’que t’as dessiné ?

R : Bah… en fait là c’est …. j’aimerais avoir deux jumelles. Et une grande maison. J’aimerais avoir

des cheveux bouclés.

E : d’accord.

R : euh… et pis euh… J’ai un mari et pis j’aimerais être chanteuse.

E : D’accord. Ok alors tu sais … Comment t’imagines ce métier de chanteuse ?

R : euh.. je sais pas.

E : Tu penses faire quoi de… pendant… De tes journées ?

R : euh… écrire des chansons.

E : mhm mhm. Donc tu serais à la maison ou tu… ?

R : Je serai dans ma chambre, sur mon bureau et je prendrai des feuilles et je ferai un dossier avec

toutes mes musiques.

E : Ok super. Et puis, euh… donc tu serais à la maison. Avec tes… les deux jumelles alors ça se

passerait comment vu que… ?

R : Ben… ce serait mon mari qui s’occuperait d’eux.

E : d’accord, ton mari s’en occuperait. Alors il travaillerait pas ou… ?

R : Euh en fait il travaillerait mais quand c’est… mais quand il travaillera pas j’arrêterai d’écrire des

musiques, c’est moi qui les garderont. Et pis si on travaille les deux, et ben … on.. Ils iront chez une

copine ou chez ma maman…

E : d’accord. Et puis alors tu m’as dit euh… Tu as .. tu pourrais arrêter d’écrire des chansons par

exemple ?

R : oui mais… j’écrirai pas toute ma journée des musiques.

E : Ah ouai d’accord donc… ouai.

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R : j’écrirai quand j’aurai du temps.

E : d’accord donc ça veut dire que tu mettrais un petit peu ça de côté ?

R : mhm mhm

E : d’accord. Et puis… ce serait possible pour toi, ce serait envisageable de .. dire bon « c’est mon

mardi qui arrête de travailler » par exemple … « pis c’est moi qui continue à travailler pis lui s’occupe

des enfants ».

R : Euh… Je sais pas. Peut-être.

E : Peut-être. mhm mhm. Et puis tu l’imagines faire quoi comme métier par exemple ton mari ?

R : Euh je sais pas du tout.

E : T’as pas une petite idée ?

R : Non

E : Non ok. D’accord et puis sinon tu pensais, si vous travaillez les deux, les mettre chez une amie ou

ta maman ou comme ça.

R : Ouai

E : D’accord, ok. Et puis… Sinon alors qu’est-ce que… Tu peux me parler encore de ton dessin un

peu ?

R : Bah euh.. en fait j’aimerais avoir deux filles, mais deux jumelles. Et euh… pis j’aimerais avoir une

maison à 3 étages et… voilà.

E : Ok et puis comment t’imagines un peu la vie en famille….

R : Euh… Quand on aura chacun le temps, quand il pleut on ira au cinéma. Euh voilà.

E : mhm mhm. Avec les enfants ?

R : ouai

E : d’accord. Et puis… Est-ce qu’il y a autre chose, peut-être que t’as pas dessiné mais que tu voudrais

dire sur comment t’imagines ta vie après ?

R : Ben je me réjouis d’être adolescente.

E : Ouai, pourquoi ?

R : parce que… J’sais pas. J’sais pas du tout.

E : On peut faire plus de choses quand on est adolescente ?

R : Ouai

E : C’est sûr… Et puis la vie quand tu auras, quand tu seras adulte alors ? Parce que là c’était dans 20

ans et toi t’as quel âge maintenant ?

R : Maintenant je vais avoir 9 ans.

E : D’accord.. Alors du coup bah t’auras 28, 29 ans… T’imagines ça comment ?

R : bah euh… J’sais pas.

E : Et puis… Donc toi t’as dessiné un mari et puis 2 enfants, 2 filles.

R : Ouai, deux jumelles, mon mari et une maison.

E : Et puis toi c’est important enfin… c’est important comment pour toi d’avoir une famille ?

R : Moi… Pour moi c’est plutôt important d’avoir une famille et d’être chanteuse.

E : alors qu’est-ce qui est le plus important ? Est-ce que tu préférerais ne pas être chanteuse mais avoir

une famille, des enfants, un mari ? Ou avoir pas de famille mais être chanteuse ?

R : En fait maintenant j’hésite si je veux avoir des enfants ou pas. Parce que c’est beaucoup de travail.

E : Oui, ça c’est sûr. Ben ça va si y’a un mari qui aide !

R : Ouai je sais pas.

E : mhm mhm. Mais alors si tu devais choisir, soit l’un soit l’autre tu préférerais être chanteuse ou

avoir une vie de famille comme ça, des enfants ?

R : Euh j’aimerais pas avoir d’enfants et vivre avec mon mari comme ça toute seule, avec lui ou euh…

et pis être chanteuse en même temps.

E : d’accord. Donc c’est plus important ?

R : Oui

E : ok. D’accord. Est-ce que y’a autre chose, là-dessus sur ce sujet ?

R : non

E : Non ? Et puis tu m’as dit que… Par exemple tu m’as dit que … si les deux vous travaillez, ton mari

et toi, hé ben vous donnerez tes enfants à ta maman ou à une amie. Est-ce que ça pourrait être une

maman de jour par exemple ?

R : Euh une maman de jour après on doit payer.

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E : c’est sûr ouai. Et puis est-ce que ça pourrait être, parce que tu m’as dit une amie ou ta maman, est-

ce que ça pourrait être un ami par exemple ?

R : bah non.. ma maman c’est ma maman…

E : ouai d’accord, mais est-ce que tu pourrais donner par exemple à copain de ton mari ou comme ça ?

A un homme donc ?

R : Bah… mais qui a des enfants oui, mais pas qui a pas d’enfants.

E : d’accord, pourquoi ?

R : parce qu’après les enfants ils s’ennuient et puis… Et puis il a pas l’habitude d’avoir des enfants…

E : d’accord, donc toi tu donnerais qu’à des personnes qui ont déjà eu des enfants ? Ok, même si c’est

une femme il faut qu’elle ait eu des enfants ou… ?

R : Euh non, en fait il faut avoir des enfants de leur âge..

E : Ah ouai d’accord, pour qu’ils puissent s’amuser avec ! D’accord.

R : parce que si c’est des qu’ont 20 ans …

E : Mais ça change pas pour toi que ce soit un garçon ou une fille ? Enfin un homme ou une femme,

qui les garde ?

R : non.

Entretien 9 : Jonas

E : alors, est-ce que tu peux me parler un petit peu juste de ton dessin, s’que t’as dessiné … ?

J : Là c’est la maison, là c’est le jardin, on joue au foot.

E : Ouai. Y’a qui comme personnage ?

J : Moi quand je serai grand, et mes enfants.

E : Tes enfants, d’accord. Alors là… ça c’est toi qui milieu ?

J : Non je suis là moi.

E : Ici ? Ok alors, et puis alors tu as trois enfants ou bien ?

J : Oui.

E : Ok. Alors donc, tu as dessiné toi et tes trois enfants. Et puis…. La maman des enfants ?

J : elle est en train de cuisiner.

E : D’accord. Ok alors… Et puis… Tu as écrit que tu voulais faire réparateur de voitures. Comment ça

t’est venu cette idée ?

J : parce que j’aime bien réparer.

E : mhm mhm, tu connais des gens qui font ça ?

J : oui

E : Ouai ? Et puis tu as déjà pu voir, par exemple aller voir comment ça se passait ou.. Non ?

D’accord. Mais c’est s’que t’as envie de faire.

J : Oui.

E : Ok, très bien. Et alors ta femme tu penses qu’elle fera quoi comme… Enfin ta femme, ta future

femme, tu penses qu’elle fera quoi comme métier, si elle travaille ?

J : …

E : Tu sais pas ? non. Mais, elle va travailler tu penses ou bien non ?

J : Ben oui

E : Ouai ? d’accord. Et puis alors.. Si vous… travaillez,.. toi tu travailleras tous les jours ? Enfin…

sauf le weekend ! Et alors vous allez faire comment avec les enfants ? Quand ils seront petits… Après

c’est bon…

J : On va appeler une baby sitter.

E : Une baby sitter, d’accord. Toi tu aimerais pas que… Enfin tu demanderais pas à ta femme de rester

à la maison pour les enfants ?

J : Non.

E : Tu demanderais ou .. ça t’est égal ?

J : C’est égal.

E : D’accord, donc Ça t’embêterait pas que ce soit pas elle qui s’en occupe.

J : Ouai.

E : d’accord. Et puis , comment tu imagines un peu tout ça, cette vie d’adulte ? La vie de tous les jours

quand on a un travail, une famille… Tu penses que c’est comment ?

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J : Moyen.

E : Moyen ? mhm mhm. Et puis tu imagines ça comment, tous les jours ?

J : Bof…

E : D’accord. Alors… Pour euh… Tu m’as dit là, que ta… que la femme elle était pas sur le dessin,

parce qu’elle était dedans, en train de cuisiner. Alors… Elle fait quoi aussi dans la maison, ta femme ?

J : mhm..

E : Par exemple elle fait la cuisine et puis ? Elle fait quoi ?

J : elle…

E : Quand elle est là, elle travaille mais sinon quand elle est là ? Ou alors toi, tu fais quoi dans la

maison toi ?

J : Je remets plein de choses, quand c’est cassé.

E : D’accord, tu répares les choses qui sont cassées, par exemple la plomberie euh.. Ces choses comme

Ça ? Okay.. Donc toi tu fais plutôt ce qui est réparation. Et puis elle alors ? Elle fait quoi ?

J : elle fait… elle nettoie.

E : mhm mhm d’accord, toi tu fais pas ça ?

J : un p’tit peu.

E : Un p’tit peu, d’accord. Et puis si elle te demandait, de faire ?

J : Je ferai.

E : mhm mhm et puis la cuisine, tu ferais ?

J : Oui je fais.

E : Tu fais, déjà maintenant ?

J : Oui, j’aide ma maman.

E : ah chouette. Super.

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« Quand je serai grand, je serai pompier. » :

Dans quelle mesure les élèves adhèrent-ils aux stéréotypes de

genre dans leurs représentations de leur vie future ?

Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Sur quoi est-il basé ? Comment se forme-t-il chez l’enfant ?

Comment est-il transmis d’une génération à l’autre, d’un individu à un autre ? Ce mémoire

professionnel s’intéresse aux processus par lesquels les stéréotypes de genre sont créés,

transmis et assimilés. Il se penche principalement sur l’aspect familial, à travers le concept de

socialisation différenciée, et sur un aspect lié à la profession enseignante, grâce aux concepts

de curriculum caché et d’effet Pygmalion.

La nouvelle génération se reconnait-elle à travers les stéréotypes habituellement assimilés aux

genres ? Y adhère-t-elle ou les rejette-t-elle ? Ce mémoire s’intéresse à la manière dont les

enfants se représentent leur vie future, à la lumière des stéréotypes de genre. Il analyse

plusieurs aspects des représentations des élèves, notamment le choix du futur métier ou la vie

sociale imaginée. Quelle est l’influence de la situation familiale actuelle dans ces

représentations ? Les représentations des enfants sont mises en relation avec le modèle en

vigueur dans leur propre famille, notamment la profession exercée par les parents et leur taux

d’activité.

Quelle est la responsabilité de la société face aux résultats obtenus ? Quel est le rôle des

enseignants et des enseignantes ? Que peuvent-ils mettre en place pour promouvoir au mieux

l’égalité des sexes ? Des pistes d’action sont proposées dans ce mémoire, allant de la simple

prise de conscience de ses propres représentations à la création d’un matériel pédagogique

plus égalitaire, en passant par l’utilisation d’un langage épicène.

Mots clés :

Genre

Catégorisation

Stéréotype

Socialisation différenciée

Curriculum caché

Métier