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19/10/2010
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URGENCES et REANIMATION en
MILIEU TROPICAL URGENCES / REANIMATION=
MEDECINE EN SITUATION DE PENURIE ?
ETAT DES LIEUX
Développement des soins d’hygiène
Médecine préventive
Vaccinations
Santé publique
Réanimation – urgences – anesthesie
Investissement économique +++
Prix de revient +++
Qualification des personnels
VS
« Milieu tropical »
• Existence de pathologies propres liées à l’hygiène ou à l’environnement climatique ou génétique.
• Expression particulière de pathologies ubiquitaires liées à l’environnement culturel, social, (formes historiques, négligées) ou sanitaire (terrain, anémies, dénutrition, épidémies, sida…)
• Conditions très différentes selon les pays
• Précarité et pauvreté des moyens de diagnostic et de traitement qui rendent l’exercice différent.
• Littérature prospective pauvre.
• Tiers-monde : exercice de lamédecine entravé par un manquechronique de moyens matériels,humains et financiers.
• Least developed countries (50% enAfrique).
A review and analysis of intensive care medicine in the least developed countries* Critical Care Medicine 2006
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« Anaesthesia in developing countries – a risk for patients »
The lancet 2008
France : 1 décès / 200 000 anesthésies
Zambie : 1 décès / 1925 anesthésies
Malawi : 1 décès / 504 anesthésies
Togo : 1 décès / 133 anesthésies
Nigéria : 1 décès / 387 césariennes
La majorité des décès surviennent dans les structures rurales et seraient évitables dans 90 % des cas.
Intubation dans 10 % des AG 78% des anesthésies réalisées par infirmier
7 % des hôpitaux ont une réanimation = 29 lits pour l’ensemble du pays (11,7 millions d’habitants) 5 respirateurs
Anesthesia and Its Allied Disciplines in the Developing World: A Nationwide Survey of the Republic of Zambia
Anesthesia Analgesia 2008 Pratiques anesthésiques à YaoundéBinam F, Lemardeley P, Blatt A, Arvis T. Ann Fr Anesth Réanim 1999
Techniques de réanimation
Le problème de l’oxygène dans les pays en développementOccident : produit banal PED : produit cher, difficile à obtenir, manque fréquent
on meurt faute d’oxygène
Hôpitaux de district : Kenya pas d’O2 dans 13 hôpitaux
Tanzanie : O2 25 % de l’année dans 75 % des hôpitaux
Tchad : la moitié des hôpitaux ne disposent pas d’O2
Production cryogénie : (refroidissement – liquéfaction – distillation) O2 gazeux comprimé
bouteilles en rampes ou déplacées selon les besoins
pb : livraison, coût, fuites sur circuit de distribution, détendeurs …
adsorption réversible de l’azote (tamis de zéolithe)
individuel : concentrateur d’O2 débit de 3 à 5 l/min
collectif : centrale de production
pb : maintenance, pièces détachées, électricité …
Techniques de réanimation – ventilation artificielleFaut-il ventiler les patients de réanimation dans les pays en développement ?Durasnel P, Gallet de Santerre P, Merzouki D, et al. Médecine Tropicale 2005;65:537-542
Technique fondamentale mais nombreux problèmes dans PED :Pénurie en matériel, coût, personnel qualifié, approvisionnement en électricité, en O2, climat, maintenance
Influence sur la mortalité ?
Mortalité peu différente des séries occidentales
MAIS : jeune âge des patients caractère aigu et réversible des affections
MAIS : trop de décès illégitimes
formation paramédicale adéquate entretien du matériel ++++
Techniques de réanimation – ventilation artificielle
Intensive care in the developing world.Towney RM, Ojara S Anaesthesia 2007
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Techniques de réanimation – Epuration extra rénale
IRA due au sepsis (bactérien, paludisme) = facteur important de mortalité
E.E.R = un des traitements les plus complexes et les plus coûteux
hors des capacités logistiques et financières de la plupart
des systèmes de santé des PED
Dialyse péritonéale
= technique la plus utilisée
nécessité de formation
approvisionnement en fluides
complications septiques +++
Techniques de réanimation – transfusion sanguine
Principales indications : anémies de l’enfant et de la femme enceintepaludisme – hémoglobinopathies – hémorragies obstétricales – carences
Pb : disponibilité des PSL et sécurité transfusionnelle71 /191 pays membres de l’OMS suivent les recommandations sur la transfusionStructures de transfusions sanguines rudimentaires :
- politique fondée sur utilisation du sang total- absence de conditionnement pédiatrique- absence de politique de recrutement des donneurs rupture de stock ++- sécurité immunologique limitée au phénotypage ABO Rh- sécurité infectieuse : VIH, Hépatites, Tréponème (si réactifs +) Paludisme- absence de déleucocytation- non fiabilité de la chaîne du froid
Souvent chaque hôpital a sa propre organisation ressource : la famille du patientMéconnaissance sur le don (test Dg VIH) croyances
Techniques de réanimation
Personnel technique:Infirmières formées à la réanimation très rare …
Hôpitaux ruraux : réanimation souvent assurée par infirmier anesthésiste
Pour les personnels formés : démotivation liée aux conditions de travail qui ne permettent pas de mettre en pratique l’enseignement reçu.
Laboratoire :NFP, test HIV, radios simples souvent disponibles
Gaz du sang, urée, créatininémie, iono, coagulation : plus rarement (même dans
hôpitaux de référence) bactériologie : très rare ++
TDM : hôpitaux de référence (mais participation financière +++ des familles)
Électricité – eau :
Approvisionnement régulier non garanti même dans les capitales
danger pour les patients ventilés
pannes nombreuses des matériels
• Urgences = problème de santé publique
structures inadaptées – mal équipées – vite débordées
mortalité supérieure à celle des pays développésAVP : 11% Gabon, 25% Rwanda, 11% Côte d’Ivoire
• Retard de prise en charge :
pauvreté, traditions, automédication, carte sanitaire non adaptée, absence de ramassage et de transport médicalisé, couverture sociale
• Utiliser au mieux les personnels et les moyens
à qui les réserver ?
• Intérêt des scores pronostiques et de gravité ?
• Expérience du médecin
TRIAGE – SELECTION DES PATIENTS
La réalité du quotidien
Délais de prise en charge des urgences chirurgicales au CH de LibrevilleSima Zue A, Josseaume A, Ngakansafue D, Carpentier JP Ann Fr Anesth Reanim 2001
Délais moyens de prise en charge UA : 421 min (100 – 2430) UR : 549 min (70 – 4500)
Outcome of mechanical ventilation in Central AfricaSinclair JR, Watters D, Davison M Ann R Coll Surg Engl 1988
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Affections justifiant une prise en charge en soins intensifs en situation de pénurie
Coût
Prise en charge financière des urgences à Dakar
Urgences en milieu tropical : état des lieux L’exemple des urgences chirurgicales au SénégalToure CT, Dieng M Médecine Tropicale 2002
Méningo-encéphalites
Mais : formes intriquées : neuropaludisme et méningite
paludisme et arbovirose
Rechercher état infectieux sévère
« tuphos »
coup de chaleur classique ou d’effort
grande déshydratation
Orientations diagnostiques en réanimation et médecine d’urgence dans un contexte tropical
Coma fébrile
Orientation diagnostique – diarrhée aiguë grave
Choléra +++ déshydratation choc brutal
Colibacilles entéropathogènes, staphylocoques
diarrhées cholériformes graves
retard thérapeutique ++
particulièrement graves chez l’enfant
Diarrhées dysentériques amibiase, shigelloses
choc septique
Dg : ne pas méconnaitre une méningite chez le nourrisson
Orientation diagnostique – hémorragie digestive
Rupture de varices +++ cirrhose post-hépatitique UGD
NFP bilan hépatique FOGD
Orientation diagnostique – hépato-néphrite
Arboviroses Fièvre jaune
Ne pas méconnaître une étiologie curable ++
paludisme
angiocholite aiguë (drépanocytaire)
coup de chaleur (hépatite fulminante)
Orientation diagnostique – insuffisance cardiaque aiguë
Insuffisance ventriculaire gauche
valvulopathies +++ et HTA maligne +++
Penser aux Ic à haut débit : anémies chronique sévères
carence en thiamine
Ic congestive : rechercher une Insuffisance rénale chronique terminale
Ic droite : Tamponnade (BK ++)
Mais : transition épidémiologique pathologies ischémiques
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Orientation diagnostique – intoxication aiguë
Intoxication à la chloroquine
Fréquente
Effets: stabilisant de membrane, inotrope négatif, vasodilatateur artériel
Souvent asymptomatique mais : brutalité et gravité des complications cardio-vasculaires: ESV, TV, FV, asystolie, repolarisation évolution imprévisible +++
Signes neurosensoriels = alarme ! Flou visuel, vertiges, vomissements, agitation hypoK+
Lavage gastrique Diazépam 0,5 à 1 mg/kg/j
Intoxication aux organophosphorés
Pesticides insecticides
Action par voie cutanée ou respiratoire (ingestion suicidaire plus rare)
Bloque la dégradation de l’Ach réponse exagérée de tous les récepteurs cholinergiques
Réanimation respiratoire Atropine
Intoxication au kérosène
• Pétrole : utilisé pour de multiples usages domestiques
• P.E.D : Intoxications aux hydrocarbures = 1ere cause d’intoxication accidentelle de l’enfantOchigbo SO . Accidental childhood poisoning in Calabar at the turn of the 20th century. Nigerian J Paed 2004.Syeda A. Risk factors in acute poisoning in children – A retrospective study. Kuw Med J 2006.
Ake Assi MH. Aspects épidémiologiques des intoxications aiguës chez l’enfant en pédiatrie à Abidjan. Med AfrNoire 2001.
• Kérosène = distillat du pétroledépresseur du SNCirritant du tractus pulmonaire
Signes cliniques
Symptômes No. patients Patients (%)
Haleine typique 14 82.3
Vomissements 4 23.5
Fièvre 4 23.5
Toux 7 41.1
Tachypnée 7 41.1
Bronchospasme 3 17.6
Ronchis 4 23.5
Hypoxémie 8 47
Convulsions 1 5.8
Somnolence 5 29.4
Agitation 2 11.7
Clinique• Les signes pulmonaires surviennent dans 65 % des cas
47 % des patients sont hypoxémiques en air ambiant à l’arrivée (SpO2 94%)
les signes neurologiques surviennent dans 47 % des cas
• Dans 41 % des cas la radio pulmonaire était anormale :
une pneumopathie systématisée
un OAP
5 pneumopathies intersticielles
Thérapeutique
• 6 enfants transférés vers dispensaire familial pour observation de 12 h
pas de complication évolutive
• 11 enfants transférés en réanimation
perfusion – oxygénothérapie – aérosols de β2 mimétiques
8 ont eu une antibiothérapie iv
4 ont reçu une corticothérapie iv pour bronchospasme sévère
recours à une ventilation mécanique dans deux cas
durée moyenne de séjour : 3 1 j [1 – 17 j]
82 % des séjours 48 h
pas de séquelles à distance
1 décès à J+17 (SDRA + surinfection +sténose
laryngée et encéphalopathie)
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• Début des symptômes rapide
• 2 / 3 des patients ont des signes pulmonaires
• Les anomalies radiologiques peuvent apparaître dans les deuxpremières heuresBamouni YA. Aspects radiologiques de l’intoxication aigue au pétrole en milieu hospitalier pédiatrique. Med Afrique
Noire 1999
• 35 % des patients sont asymptomatiques
• L’oxygénothérapie est la base du traitementWHO Emro A clinical decision rule for triage of children under 5 years of age with kerosene aspiration in developingcountries Clin Tox 2008
• La ventilation artificielle est rare
• Antibiothérapie largement prescriteMalangu N. Paraffin poisoning in children : what can we do differently ? SA Fam Pract 2005
• Vidange gastrique proscritePress E. Cooperative kerosene poisoning study: evaluation of gastric lavage and other factors in the treatment of
accidental ingestion of petroleum distillate products. Pediatrics 1962
• Mortalité faible 0 – 0,3 % - 0,7 %Lifshitz M. Hydrocarbon poisoning in children : A 5-year retrospective study. Wild Env Med 2003Truemper E. Clinical characteristics, pathophysiology, and management of hydrocarbon ingestion : case report and review of the literature. Ped Emerg Care 1987
• Incidence stable (la moitié des intoxications chez les enfants < 5 ans)Baldachin BJ. Clinical and therapeutic aspects of kerosene poisoning : a series of 200 cases. Brit Med J 1964Marandian MH. Accidental hydrocarbon ingestion in children. Clinical, radiological, biological andpathological findings in 3462 cases. Ann Ped 1981Nagi NA. Kerosene poisoning in children in Iraq. Postgrad Med J. 1995
• Causes : mauvais stockagedéfaut de surveillance parentale
• Education sanitaire et prévention +++de Wet B. Paraffin (kerosene) poisoning in childhood – is prevention affordable in South Africa ? S Afr Med J 1994
• Incidence élevée : foyers mobiles au ras du sol, bouteilles de gaz nonsécurisées, secours professionnels rares, prévention déficiente …
• Morbidité et mortalité élevées : absence de services spécialisés, traitementcoûteux en matériels, en soins (pansements quotidiens), en personnel, enmédicaments (substituts dermiques artificiels,antibiotiques, topiques, anesthésiques)
• 1eres minutes : hypoxie 1ères heures : choc puis infection
• Facteur pronostique UBS = % SCB + (SCB 3°degré)X 3 (>100 = gravissime)
• TTT : voie veineuse (analgésie + remplissage) intérêt Kétamine
RL (en ml) = 4 X poids en kg X % SCB ( ½ dans les 8 premières heures)
objectif : diurèse = 1 ml/kg/h
problèmes d’approvisionnement programme de perfusion
problèmes chirurgicaux greffes – dermatomes – durée du ttt
• Brûlure grave = hôpital de référence national seuil : 40 % de SCB ?
PATHOLOGIES RENCONTREES
Brûlures
Accidents Vasculaires Cérébraux
• 2ème cause de mortalité au monde et dans les PED
• Coût de la prise en charge + coût du handicap pour les familles
• Données parcellaires (registre décès – réseaux surveillance – séries hospitalières)
• Prise en charge limitée: populations urbaines – couverture sociale –
Inde : 1 patient / 25 avec AVC sera hospitalisé
Nigéria : 9% des patients avec tableau d’AVC ont un scanner
• Mortalité à un mois : Occident 22,9 % vs 20 à 56 % Afrique sub-saharienne
83 % patients comateux d’emblée
• Âge moyen de survenue plus jeune : 44 à 61 ans (vs 65 – 75 ans)
• Facteurs de risque : HTA et diabète
Ghana : 7 % des patients hypertendus prennent un traitement
Gambie : 13 % des survivants à un an ont un traitement
Transition épidémiologique = maladies cardiovasculaires et AVC 23 millions en 2030 ?
« Le diabète : un enjeu de santé publique pour les PED : l’exemple du Mali »
Médecine des maladies métaboliques 2007 170% 366 millions en 2030 ? 76% dans PED
Pays d’Afrique pour lesquels il existe des données sur les AVC.
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Déshydratation aiguë de l’enfant
• Déshydratation bénigne (PP < 5 %)
soluté oral de réhydratation
voie per os
protocole : 100 ml /kg/j (sans dose de charge)
• Déshydratation modérée (PP de 5 à 9 %)
soluté oral de réhydratation
1ère intention : per os 2ème intention : SNG
protocole d’attaque : 100 ml/kg en 6 heures
entretien : 100 ml/kg/j
• Déshydration sévère (PP > 10 %)
soluté par voie veineuse : RL + 80 ml de G30% /l + 1g/l de gluconate de calcium + 2g/l de KCl
protocole d’attaque : 100 ml/kg en 6 heures entretien 100ml/kg/j puis relais SRO
collapsus : macromolécules IV ou intra osseux 20ml/kg en 30 min
Eclampsie
• Toxémie gravidique = HTA du 3eme trimestre + protéinurie > 1g/24h
complication = éclampsie = crise convulsive pronostic vital ++
• Problème majeur de santé publique en Afrique
• Physiopathologie : ischémie placentaire
enfant : RCIU ou mort in utero
mère : dysfonction endothéliale atteintes cardiaques, rénales, hémostase, hépatiques, neurologiques
Pays développés : entre 27 et 56 / 100000 naissances mortalité maternelle 2,2%Dakar 10,75 pour 1000 accouchements mortalité 35% IRA 32%
HELLP 40 % de mortalité à Dakar (1,1 à 24 % séries occidentales)
HRP fréquence au Bénin : 3,6 % mortalité maternelle 5,1%incidence stable
Traumatologie - chirurgie
Grands centres urbains – accidents routiers – agressions – conflits armés
Urgence = mode d’admission essentiel dans les services chirurgicaux
chirurgie réglée = portion congrue
Pathologies non spécifiques du milieu +++
Fréquence des formes vues tardivement (coût, absence de centre, difficultés de déplacements, état des routes, fatalisme culturel, tradipraticien)
Pathologie infectieuse ++ (abcès liés aux inoculations, myosites tropicales)
gangrène et tétanos
Inadéquation entre besoins du patient et moyens diagnostiques et traitements
recours importants aux tractions, plâtres et amputations.
CONCLUSIONS
• Urgence / Réanimation = évidence du dysfonctionnement sanitaire en milieu tropical.
• Spécificités « tropicales » :- adulte souvent jeune
- état pathologique évolué / retard de traitement
- terrain carencé ou immunodéprimé
- tableau clinique complexe / affections multiples
- insuffisance des structures
- moyens diagnostiques et thérapeutiques faibles
- mortalité élevée
- absence de système d’assurance médicale
• Inadéquation entre besoins et moyens :
Utilisation rationnelle des ressources