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actualités | OptionBio | Lundi 8 juin 2009 | n° 420 8 U ne jeune femme âgée de 30 ans se présente avec des antécédents gynécologiques d’aménorrhée secondaire suite à l’ar- rêt de sa contraception orale depuis 6 mois dans le but de concevoir un enfant. Sa puberté était normale avec un début de règles à l’âge de 12 ans. À 18 ans, elle a débuté une contra- ception orale en raison de règles irrégulières. Elle dit être stressée au travail. Son poids est de 59 kg pour une taille de 1,66 m. Elle ne présente ni galactorrhée, ni hirsutisme, ni acné. L’examen clinique est normal, le test de grossesse négatif et le taux de prolactine normal. En revanche, le taux de FSH correspond à celui observé au stade de ménopause. Le diagnostic Devant ce tableau clinique, le dia- gnostic d’insuffisance ovarienne primitive est posé. Ce terme médi- cal est préféré à celui de méno- pause précoce ou d’insuffisance ovarienne prématurée. D’autres termes peuvent être utilisés comme celui d’hypogonadisme hypergona- dotrophique. Dans 90 % des cas d’insuffisance ovarienne primitive, l’étiologie est inconnue. Des anoma- lies structurales du chromosome X peuvent en être une des causes. Deux mécanismes majeurs sont associés : une dysfonction du folli- cule et une déplétion folliculaire. Une dysfonction folliculaire indique que les follicules restent dans l’ovaire mais qu’un processus pathologique les empêche de fonctionner norma- lement. Une déplétion folliculaire indique qu’il ne reste pas de follicu- les primordiaux dans les ovaires. Examens complémentaires et traitement Dans le cas présenté ici, la présence d’un taux élevé de FSH et d’un taux bas d’estradiol confirme le diagnos- tic d’insuffisance ovarienne primitive. Les répercussions psychologiques d’un tel diagnostic doivent être pesées. Une rémission peut cepen- dant survenir dans 5 à 10 % des cas avec la possibilité d’une grossesse. Différents examens complémentaires doivent être réalisés comme l’ana- lyse du caryotype, la recherche d’une mutation FMR1, une auto-immunité rénale, un examen échographique de la région pelvienne et la mesure de la densité osseuse minérale. La prise journalière de calcium et de vitamine D doit être envisagée. Des mesures diététiques doivent être préconisées afin de minimiser les effets secondai- res cardiovasculaires. | O. M. Source Nelson L. M. Primary ovarian insufficiency. N Engl J Med 2009 ; 360 : 606-14. À propos d’insuffisance ovarienne primitive métabolisme Fièvre chez une femme enceinte de retour d’Afrique : quel diagnostic ? virologie U ne jeune femme de 39 ans est vue au premier trimestre de sa grossesse dans un service de gynécologie obstétrique en Flo- ride pour une fièvre. On note un rash maculopapuleux sur les jambes, les bras et le torse. Neuf semaines aupa- ravant, elle avait présenté de la fièvre tous les jours avec une température avoisinant 38,3 °C accompagnée de malaise, de myalgies et de fatigue. L’historique Un premier voyage en Afrique (dix mois auparavant) avait été précédé par des vaccinations (fièvre jaune, polio, hépatites A et B, Neisseria meningitidis et typhoïde). Après ce voyage, elle a présenté de la diar- rhée et une fatigue. La recherche parasitologique des selles est res- tée négative. Du métronidazole a été prescrit dans le cadre d’un diagnos- tic de giardiase. Quatre mois avant l’apparition de la fièvre, elle a fait un second voyage en Afrique de l’Est où elle a travaillé six semaines en attendant l’autorisation d’une adoption. Douze semaines avant le début de la fièvre, elle est retournée aux États-Unis avec l’enfant adopté. Durant chaque voyage et trois semai- nes après chaque retour, elle a pris de la méfloquine tous les jours. Une infection à CMV chez le fœtus ? Les examens biologiques montrent une sérologie pour les anticorps de type IgM et IgG positifs pour le cyto- mégalovirus. Le diagnostic d’une infection à CMV chez cette femme enceinte est donc posé. La question la plus importante est de savoir si le virus a été transmis au fœtus, comme c’est le cas chez environ 40 % des femmes enceintes ayant une primo-infection au CMV. Parmi les fœtus infectés lors du premier trimestre de grossesse, 20 % pré- sentent des séquelles importantes. Dans le cas décrit ici, il n’existe pas de sérologie antérieure et il est difficile de savoir s’il s’agit d’une primo-infection à CMV ou d’une réactivation par une nouvelle sou- che. L’avidité des anticorps montre une réponse limite haute, ce qui laisse supposer une réactivation. L’amniocentèse ne montre d’ailleurs pas de lésion fœtale particulière, le placenta est normal ainsi que le volume du liquide amniotique. | O. M. Source Duff P, William H et al. Case 4-2009 - A 39-year-old pregnant woman with fever after a trip to Africa. N Engl J Med 2009 ; 360 : 508-16. Quarante et un tests de diagnostic rapide du paludisme ont été soumis à une évaluation indépendante de laboratoire en aveugle, avec la participation de l’Organisation mondiale de la santé. Parmi les résultats obtenus, on relève que : – plusieurs tests de diagnostic rapide ont régulièrement dépisté le paludisme lorsque les densités parasitaires étaient faibles (200 plasmodies/μL), ont montré des taux de faux positifs faibles, sont restés stables aux températures tropicales, ont été relativement faciles à utiliser et ont permis de dépister des infections à P. falciparum, à P. vivax, ou les deux ; – l’efficacité des tests a été très variable selon les produits, lorsque la densité parasitaire était faible (200 plasmodies/μL); mais la plupart d’entre eux ont montré un niveau de dépistage élevé lorsque la densité était élevée (2 000 à 5 000 plasmodies/μL) ; – les tests de dépistage de P. falciparum ciblant l’antigène HRP2 ont permis d’obtenir les taux de dépistage les plus élevés, mais certains tests ciblant le pLDH ont également montré des taux de dépistage élevés ; – l’efficacité des tests a été variable selon les lots, avec des variations importantes entre produits semblables. Ces résultats montrent la nécessité pour les fabricants de disposer de suffisamment de matériels de référence pour développer des produits et mettre en circulation des lots. Une deuxième série d’évaluation de l’efficacité de 29 produits est en cours ; les résultats devraient être publiés en 2010. | VALÉRIE LEQUIEN Source : www.who.int, 24 avril 2009. Efficacité très variable des tests de diagnostic rapide du paludisme

À propos d’insuffisance ovarienne primitive

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OptionBio | Lundi 8 juin 2009 | n° 4208

Une jeune femme âgée de 30 ans se présente avec des antécédents gynécologiques

d’aménorrhée secondaire suite à l’ar-rêt de sa contraception orale depuis 6 mois dans le but de concevoir un enfant. Sa puberté était normale avec un début de règles à l’âge de 12 ans. À 18 ans, elle a débuté une contra-ception orale en raison de règles irrégulières. Elle dit être stressée au travail. Son poids est de 59 kg pour une taille de 1,66 m. Elle ne présente ni galactorrhée, ni hirsutisme, ni acné. L’examen clinique est normal, le test de grossesse négatif et le taux de prolactine normal. En revanche, le taux de FSH correspond à celui observé au stade de ménopause.

Le diagnosticDevant ce tableau clinique, le dia-gnostic d’insuffisance ovarienne primitive est posé. Ce terme médi-cal est préféré à celui de méno-pause précoce ou d’insuffisance ovarienne prématurée. D’autres termes peuvent être utilisés comme celui d’hypogonadisme hypergona-dotrophique. Dans 90 % des cas d’insuffisance ovarienne primitive, l’étiologie est inconnue. Des anoma-lies structurales du chromosome X peuvent en être une des causes. Deux mécanismes majeurs sont associés : une dysfonction du folli-

cule et une déplétion folliculaire. Une dysfonction folliculaire indique que les follicules restent dans l’ovaire mais qu’un processus pathologique les empêche de fonctionner norma-lement. Une déplétion folliculaire indique qu’il ne reste pas de follicu-les primordiaux dans les ovaires.

Examens complémentaires et traitementDans le cas présenté ici, la présence d’un taux élevé de FSH et d’un taux bas d’estradiol confirme le diagnos-tic d’insuffisance ovarienne primitive. Les répercussions psychologiques d’un tel diagnostic doivent être pesées. Une rémission peut cepen-dant survenir dans 5 à 10 % des cas avec la possibilité d’une grossesse. Différents examens complémentaires doivent être réalisés comme l’ana-lyse du caryotype, la recherche d’une mutation FMR1, une auto-immunité rénale, un examen échographique de la région pelvienne et la mesure de la densité osseuse minérale. La prise journalière de calcium et de vitamine D doit être envisagée. Des mesures diététiques doivent être préconisées afin de minimiser les effets secondai-res cardiovasculaires. |

O. M.

SourceNelson L. M. Primary ovarian insufficiency. N Engl J Med 2009 ; 360 : 606-14.

À propos d’insuffisance ovarienne primitive

métabolisme

Fièvre chez une femme enceinte de retour d’Afrique : quel diagnostic ?

virologie

Une jeune femme de 39 ans est vue au premier trimestre de sa grossesse dans un service

de gynécologie obstétrique en Flo-ride pour une fièvre. On note un rash maculopapuleux sur les jambes, les bras et le torse. Neuf semaines aupa-ravant, elle avait présenté de la fièvre tous les jours avec une température avoisinant 38,3 °C accompagnée de malaise, de myalgies et de fatigue.

L’historiqueUn premier voyage en Afrique (dix mois auparavant) avait été précédé par des vaccinations (fièvre jaune, polio, hépatites A et B, Neisseria meningitidis et typhoïde). Après ce voyage, elle a présenté de la diar-rhée et une fatigue. La recherche parasitologique des selles est res-tée négative. Du métronidazole a été prescrit dans le cadre d’un diagnos-tic de giardiase.Quatre mois avant l’apparition de la fièvre, elle a fait un second voyage en Afrique de l’Est où elle a travaillé six semaines en attendant l’autorisation d’une adoption. Douze semaines avant le début de la fièvre, elle est retournée aux États-Unis avec l’enfant adopté. Durant chaque voyage et trois semai-nes après chaque retour, elle a pris de la méfloquine tous les jours.

Une infection à CMV chez le fœtus ?Les examens biologiques montrent une sérologie pour les anticorps de type IgM et IgG positifs pour le cyto-mégalovirus. Le diagnostic d’une infection à CMV chez cette femme enceinte est donc posé. La question la plus importante est de savoir si le virus a été transmis au fœtus, comme c’est le cas chez environ 40 % des femmes enceintes ayant une primo-infection au CMV. Parmi les fœtus infectés lors du premier trimestre de grossesse, 20 % pré-sentent des séquelles importantes. Dans le cas décrit ici, il n’existe pas de sérologie antérieure et il est difficile de savoir s’il s’agit d’une primo-infection à CMV ou d’une réactivation par une nouvelle sou-che. L’avidité des anticorps montre une réponse limite haute, ce qui laisse supposer une réactivation. L’amniocentèse ne montre d’ailleurs pas de lésion fœtale particulière, le placenta est normal ainsi que le volume du liquide amniotique. |

O. M.

SourceDuff P, William H et al. Case 4-2009 - A 39-year-old pregnant woman with fever after a trip to Africa. N Engl J Med 2009 ; 360 : 508-16.

Quarante et un tests de diagnostic rapide du paludisme ont été

soumis à une évaluation indépendante de laboratoire en aveugle,

avec la participation de l’Organisation mondiale de la santé. Parmi

les résultats obtenus, on relève que :

– plusieurs tests de diagnostic rapide ont régulièrement dépisté

le paludisme lorsque les densités parasitaires étaient faibles

(200 plasmodies/μL), ont montré des taux de faux positifs

faibles, sont restés stables aux températures tropicales, ont

été relativement faciles à utiliser et ont permis de dépister des

infections à P. falciparum, à P. vivax, ou les deux ;

– l’efficacité des tests a été très variable selon les produits, lorsque

la densité parasitaire était faible (200 plasmodies/μL); mais

la plupart d’entre eux ont montré un niveau de dépistage élevé

lorsque la densité était élevée (2 000 à 5 000 plasmodies/μL) ;

– les tests de dépistage de P. falciparum ciblant l’antigène HRP2

ont permis d’obtenir les taux de dépistage les plus élevés, mais

certains tests ciblant le pLDH ont également montré des taux de

dépistage élevés ;

– l’efficacité des tests a été variable selon les lots, avec des

variations importantes entre produits semblables.

Ces résultats montrent la nécessité pour les fabricants de disposer

de suffisamment de matériels de référence pour développer

des produits et mettre en circulation des lots. Une deuxième

série d’évaluation de l’efficacité de 29 produits est en cours ; les

résultats devraient être publiés en 2010. |

VALÉRIE LEQUIEN

Source : www.who.int, 24 avril 2009.

Efficacité très variable des tests de diagnostic rapide du paludisme