Abymee - Laetitia Felix

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  • Abyme

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  • Latitia Felix

    Abyme

    ditions EDILIVRE APARIS 75008 Paris 2009

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  • www.edilivre.com

    Edilivre ditions APARIS 56, rue de Londres 75008 Paris Tel : 01 44 90 91 10 Fax : 01 53 04 90 76 mail : [email protected] Tous droits de reproduction, dadaptation et de traduction, intgrale ou partielle rservs pour tous pays. ISBN : 978-2-8121-0832-7 Dpt lgal : Mars 2009 Edilivre ditions APARIS, 2009

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  • Sommaire

    PROLOGUE..................................................... 13 LENDEMAIN DE FTE.................................. 15 DCHANCE FAMILIALE ........................... 17 LASSITUDE .................................................... 25 LE DEMENAGEMENT................................... 27 TENSION ......................................................... 29 LES SONGES................................................... 35 ROUGE DE SOLITUDE.................................. 41 NEIGE BORDEE DE SANG ........................... 43 NOIR ................................................................ 45 PILOGUE....................................................... 53

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  • Do nous vient la douleur ? Cest la sur de nos rves, Elle guide nos vers. Nous lui sommes soif et lvres Qui nous font revivre encore.

    Nzik AL-MAL IKA Chansons pour la douleur (1957)

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  • PROLOGUE

    Tout nallait pas pour le mieux, mais tout changea quand ce cancer de merde faucha la vie de ma mre.

    Avant, je jouais avec les autres, mais prsent, les autres baissent les yeux devant moi, Je ne sais plus que faire.

    Je contemple ce vaste trou o ma mre va bientt se reposer, et puis je pleure, je pleure ; pourtant je lui avais promis que je ne le ferais pas, mais, cest tellement trange.

    Dhabitude, dans les films, les enterrements se passent les jours de pluie, mais l, il fait une chaleur denfer, jen suis sre, le petit Jsus ne pleure pas pour ma mre.

    Papa nous a forc mettre des vtements colors, pour la joie dit-il ; mais moi je nai pas envie de lutter contre mes pleurs, derrire ces couleurs, je veux du noir, du noir, du noir et encore du noir.

    Je nai pas envie de jouer les arcs-en-ciel sous prtexte que la vie serait comme le temps et puis quaprs a, elle ne puisse pas tre pire, je ne veux pas le croire.

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  • Jai nai quune envie, celle de me rouler dans ce suaire et de me glisser discrtement dans la fosse pour y recueillir le corps de ma mre.

    Ilka, je le sais, pense la mme chose que moi en ce moment ; son regard fixe la tombe avec le mme dsir de sy faufiler.

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  • LENDEMAIN DE FTE

    a y est, la funeste crmonie a pris fin, dans sa dcadence collective. Quest-ce que jen ai faire de leurs sincres condolances.

    Pourquoi me prennent-ils dans leurs bras avec leurs sourires de faussaires.

    Leurs sourires trahissent leurs penses ; les couleurs vives virent aux pastels chaque fois quils tentent desquisser un sourire, cest pathtique ; jaurais prfr les voir en noir, le regard soumis la gne, leurs visages auraient t aussi blmes mais la mascarade plus sincre

    a fait quelques temps maintenant que je nai plus vu Ilka, je crois quelle est reste dans le cimetire, parce que jai retrouv ce message, cach dans notre Po, cest un nounours ventr, mais Po, ce nest pas pour faire comme un teletubbies, mais comme Edgar Po des Histoires extraordinaires, parce que comme a, quand on fait des cauchemars, on le serre dans les bras si fort que ses horribles histoires chassent les intrus de notre sommeil.

    Enfin, voici la lettre : Sans mme men rendre compte,

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  • jai tu ma mre. Je lai fatigue, ne lai pas coute, Et je nen suis pas fire Je me sens mal, je crie, je braille, je rle ; et malgr ma volont de fer, Mes yeux rougissent de me taire. Jai vomi dans la tombe de ma mre, je voudrais me rouler dans ce suaire Et me glisser discrtement dans cette fosse Pour y recueillir dans mes bras le cercueil de ma

    mre. Au secours ! je me perd, je ne sais plus quoi faire, Je ne peux plus compter sur mon pre, Arrtez-moi l, laisser moi faire, je nen peux plus de cette terre !

    Je trouve quIlka exagre, aprs tout on la reverra dans pas longtemps notre mre, quelle soit au paradis ou en enfer, le cercle infernal de la vie a dj commenc, et puis ma mre, je la verrai quand on maura suicide et je lespre dans pas trop longtemps ; la Terre na pas que a faire que de porter en son sein, des prcheurs de mort.

    ()

    Lge de raison a t glorieusement dpass et pourtant ma petite vie se poursuit dans une continuit irrationnelle, rien ne peut tre gard pour soi, tout est forcement dvoil.

    Avec Ilka, depuis la mort, nous entrons dans de perptuelles confusions dont nous ne percevons pas lissue

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  • DCHANCE FAMILIALE

    a fait maintenant 7 mois, 6 jours, 50403 et je ne sais combien de centimes de secondes que ma mre est dcde. Dcde cest un nouveau mot que les adultes mont appris pour que je parle de la mort de ma mre sans que mes amis soient choqus, parce quil parat que a pourrait les choquer, alors je mefforce de dire dcde sans comprendre pourquoi le mot mort blesse les gens, mais, jai quand mme cherch dans le dictionnaire et jai trouv a :

    MORT, En. Personne dcde DECEDER v. i. (lat. decedere, sen aller) (conj. 5, aux. tre). Mourir de mort naturelle, en

    parlant de lhomme. Alors jai compris que ma mre ntait pas morte

    puisque les morts taient des gens dcds, que les dcds ntaient que des hommes et que a ne concernait que les morts naturelles, hors, moi cest le cancer qui la enleve, alors peut-tre que comme la mort est rserve aux hommes, peut-tre que simplement elle sen est alle comme disent les latins. Mais je fus quand mme surprise de voir que mme le dictionnaire avait peur de la mort, parce que quand je

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  • cherchais les mots, il sest bizarrement mis trembler dans mes mains, je te jure que cest vrai !

    Je ne sais pas pourquoi je mobstine mapitoyer sur mon sort, je vois tellement de choses horribles la tlvision, par exemple, hier je regardais un reportage sur la premire chane et ils parlaient dun gnocide au Rwanda, le tout accompagn dimages totalement atroces que je ne voulais pas regarder, cest ma tl, ma chambre, et je regarde ce que je veux ; mais mon pre ma forc, il disait :

    tu dois regarder, tu vois la misre de ces pauvres gens qui se retrouvent sans le moindre membre de leur famille et qui eux-mmes sont dtruits, ces gens, mme leur corps ne fonctionne plus, ils nont plus que leur esprit pour se souvenir de ces douleurs qui ne cicatriseront jamais, alors toi je veux que tu cesses darborer ce visage de misreuse, tu nas perdu que ta mre, moi je suis encore l, et toi tu te portes bien, tu as encore un toit, des mains, bon sang !!!

    Ce fut le seul dialogue de la journe ; cependant, je compris que ces paroles ne mtaient pas destines, mon pre les prononait dans le seul but de se rassurer lui-mme ; mais, je crois, aussi, pour que je rpte tout Ilka qui sest clotre dans la chambre depuis la mort. Elle est devenue un vrai lgume, elle a pris dix kilos et comme elle ne se lve jamais sans moi, elle fait ses besoins au lit, alors tous les jours avec mon pre, on la dpose par terre, mais elle reste raide comme un clou auquel on aurait frapp la tte, il change les draps, et on la remet au lit, puis, quand je suis seule avec elle, elle se lve et elle parle toute seule face au miroir, comme moi en ce moment. Mon pre ne veut pas appeler de psy, il dit que ce sont tous

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  • des charlatans, quil sen sortira bien tout seul, quil nest pas plus bte quun autre.

    QUAND JE PARLE DILKA, IL DIT QUE CE NEST PAS SA FILLE, QUELLE NEXISTE PAS !

    Mon pre, je ne sais par ce quil a, ce qui lui a donn cette force et la rendu born, mais il dit que le choix a t trs bien fait la naissance de mappeler Mal-ika parce quil ne comprend pas que je garde le sourire et que je porte uniquement du noir depuis laffaire.

    Moi, je crois quil commence devenir fou mon pre et je me demande si ce nest pas Ilka qui lui a aspir ses kilos, on dirait un peu ma mre au dernier stade de la maladie, on voit sa souffrance, elle lobsde. Jai limpression de vivre avec deux morts cliniques comme disent les journalistes quand il y a des gens dont il suffit de dbrancher leur machine pour quils meurent, et bien, la machine dIlka cest la nourriture et celle de mon pre cest moi.

    Au fait, jai racont Ilka lpreuve du reportage tlvisuel (termes qui soudain me parurent ignobles, et je maperue que je ne connaissais pas les mots gnocides et Rwanda , alors jai cherch dans le dictionnaire comme le faisait ma mre auparavant quand je voulais des dfinitions prcises, ses paroles coulaient comme de la confiture de cerises mes oreilles ; mais depuis quelques temps, cest moi qui cherche dans le dictionnaire, et les recherches sassombrissent comme une prise de conscience.

    Enfin, voici ce que jai trouv : GENOCIDE n.m (gr. genos, race, et lat. caedere,

    tuer). Crime commis contre un peuple, un groupe national, ethnique ou religieux.

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  • et RUANDA ou RWANDA, rpublique de lAfrique

    centrale ; 26 338 Km2 ; 5 millions dh. cap. Kigali. Langue officielle : franais. Llevage

    et la culture du cafier sont les fondements de lconomie de ce pays de montagnes et de plateaux, trs peupl, o sopposent les Hutus (cultivateur bantous) et les Tutsis (pasteurs hamitiques).

    Le sous-sol fournit un peu dtain et de tungstne. Je dcidais de ne pas approfondir mes recherches,

    simplement javais compris que depuis cette dition, entre les Hutus et les Tutsis ce ntais plus un simple conflit et que le Rwanda ne devait plus tre si peupl, cest trange comme ces deux mots se sont croiss et comment ils finiront leur vie ensemble dans les nouveaux dictionnaires, comme quoi lhomme peut dcider de faire voluer les mots et pas toujours dans le sens quon espre.

    On ne va plus lcole, papa veut quon reste avec lui, Il dit quil a trs bien russi sans lcole et quon ferait mieux de laider latelier.

    Mais nous on nen a pas envie, alors maintenant on est dans un centre, mais je nai pas le droit de parler Ilka, ils disent quils ne veulent pas entendre parler delle et quil faut que japprenne vivre sans elle ; mais elle, elle est toujours l.

    Je ne comprend pas exactement ce quest ce centre, mais ils veulent me garder, mme la nuit, et je dois parler une dame trs souvent, mais je nai rien lui raconter. L-bas il ny a que des gens bizarres ou plutt qui ne sont pas comme les gens que je vois dans ma tlvision, il y en a un qui me fait peur, il est avec moi dans la chambre des temps calmes, et il me

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  • regarde toujours sans bouger, dans son fauteuil roulettes. Il ne parle pas, il me regarde et il crit, il ne veut pas me montrer ses feuilles. Une fois, il y a une fille qui crie tout le temps qui ma racont, que quand il me regardait comme a ctait pour manger ce quil y a dans ma tte, que cest ce qui lui tait arrive elle quand elle est rentre au centre.

    Aujourdhui je suis alle me promener dans la ville toute seule, jai saut le mur du centre et je suis alle couter les leons des grands luniversit. Je ne comprends pas tout, mais cest tellement beau quand leur matre parle ! On se croirait au thtre. Jen ai marre du centre, le savoir cest bien, sauf quand a ne veut pas rentrer dans la tte. `

    Jai russi rentrer sans me faire remarquer, on voit quil se soucie de nous !, ils sen fichent quon ait mal, on dirait que dans ce centre ils ne prennent que des personnalits originales pour les observer, les tester et que quand la journe est termine il faut fermer le laboratoire et mettre les objets dtudes dans leur cage pour quil ny est pas de rebellions. Le soir, on peut toujours pleurer, hurler ou se cogner dans les portes, personne ne bougera, alors on patiente, comme les loups-garous attendent le soleil. Et puis quand on est puis on coute les autres, et en pleurant doucement on sendort dans la petite cage toute froide.

    Elle magace lducatrice du centre ; elle ne veut pas comprendre que je me fiche de la mort, que si je ne parle pas, cest que je laime trop fort. Mon cur bat trs fort, trop peut-tre, je narrive pas me dcider pour la date de mon suicide.

    Aujourdhui on a fait une sortie, (sil savait le nombre de fois que je suis partie en cachette du centre

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  • et que jy suis revenue sans me faire prendre !!!) on est pass devant la ptisserie, devant la gare, a sentait bon la brioche, hmmm, et puis on est aussi pass devant le fleuriste, quest-ce que jaurais aim offrir des Lys Sophie (lducatrice !).

    On retourne chez mon pre le week-end, il est toujours de mauvaise humeur et passe son temps nettoyer les cadres des photos o il tait avec maman, je lui ressemble beaucoup ma mre et papa naime pas a. Au centre, on a appris la proportionnalit, donc si je men rfre la matresse, Ilka aurait pris 18,2 kg, puisquen 1 mois et 7 jours elle a pris 10 kg et quelle prend environ 10/38 kg par jour soit environ 0,26 kg, elle aurait donc, proportionnellement au jour de la mise en terre, pris 0,26*70 kg soit au total 18,2 kg.

    Mon pre a jet la balance parce quil en a marre. Mon pre il est trop maigre pour la prendre dans

    ses bras Quand je mvade du centre, je dois passer par le

    centre daffaire, et chaque fois je marrte devant la tour scintillante.

    jaime bien ce grand immeuble de verre de la rue Kafka, je mamuse monter les marches jusquau septime, dabord rapidement, et puis en laissant la Terre sappuyer sur mes paules ; jcoute mon cur diriger mes pas, alors, je suis grande et les bruits sloignent, le souffle est intense, et jarrive au septime en volant, lgre comme une fleur de cerisier.

    Et puis cest beau, je massied par terre, pose mon front sur la vitre et elle sefface

    Devant on voit dabord les arbres qui changent tous les jours de couleurs, ils dansent, et le vent joue avec eux lair de loubli..

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  • Derrire, se dresse la modernit, vu dici cest joli, le soleil brille dans les vitres et la ville semble stirer linfini on dirait un pome.

    En bas, des petits bonheurs se sont dtachs de leur arbre par soif de libert

    Jexpire tout mon espoir pour les faire danser ; ds fois, jai limpression que jy arrive, mais mon souffle chaud se dpose sur la vitre et me ramne la ralit. Cest haut le septime, parfois, jai envie de faire disparatre la vitre comme a : HABRACADABRAH ; et je marcherais doucement, religieusement, donc dangereusement sur le bord, et le vent dciderait de mon destin. Mais en ce moment, je nai plus tellement ce genre de vertige. Avant je venais ici quand mon vertige intrieur ne voulait plus squilibrer et je cherchais alors le vertige EXTERIEUR et gocentrique pour le contrebalancer

    mais maintenant, le septime nest plus assez haut, ou alors le vide est de plus en plus profond lintrieur de moi. Jai trouv un nouveau vertige en levant les yeux, couche sur la cime des arbres, le ciel nen finit plus de grandir, je sais maintenant comment je veux mourir, il est plus courageux de vouloir sauter vers le ciel que vers la Terre. Les nuages ont le got de glace litalienne parfum vanille-fraise, comme lenfance, cest doux, a caresse la langue et la gorge mais a fait mal la tte quand on les mange trop vite, et puis on dirait du coton quand on nage dedans.

    Je suis comme les pigeons migrateurs, je vis entre ciel et terre, dans le pays des songes o lon na pas besoin de papiers didentits, parce que chacun vit dans un Etat diffrent et que ce serait trop compliqu

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  • contrler. Et puis ici les papiers on en fait des avions qui volent si haut et si loin que jamais ils ne tombent, et a, mme pas tu y arrives si tessaies de le faire sur Terre

    !!!

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  • LASSITUDE

    Avec Ilka, on dort dans le mme lit, jen ai un peu marre delle, elle put, on dirait lodeur des poissons pourris qui restent dans les cagettes la fin du march.

    Dailleurs elle est pourrie elle aussi, le matelas est infect de pisse et dexcrments de toutes sortes, et lodeur saumtre se propage prsent dans toute la chambre, mais les ducateurs ne veulent pas le jeter.

    Elle a perdu tous ses cheveux. Un matin jai voulu la coiffer, et ils partirent en

    touffes sous le regard vide de ma poupe, qui, comme une montre molle laissait passer sa vie devant elle avec chaque jour la peur que la faucheuse infernale lattrape au collet, la balance dans tous les sens et la fasse dfinitivement basculer dans loubli

    Jai dit a comme a mon pre et il ma tape, il a hurl et il a dit :

    Pure, mais quest-ce que tas fait tes cheveux, tes compltement folle ma parole,

    et puis arrte avec ta Ilka, tes plus marrante, ctait marrant quand ttais ptite, mais maintenant

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  • ton ge, tes compltement cingle, faut qutarrtes, et puis tes cheveux, ta mre serait l,tu crois que jai les moyens de payer le coiffeur, et puis tas encore grossi, et puis et puis et puis et puis, merde dgage tes plus ma fille, tu rssembles rien

    Je ne sais plus o jen suis, je ne sais plus qui je suis, quel ge jai. Sur ma carte, ils mettent que jai 16 ans, mais, moi, ds fois jai limpression de parler comme une grande et ds fois je ne sais plus, je suis sre davoir 8 ans. cest lge qui ne dbouche sur rien, et o tout recommence.

    Jai peur jai peur tout le temps tout le temps jai peur le temps jai peur tout le temps tout peur jai le temps jai peur tout le temps tant jai peur du, tant

    pleure le temps perd le temps tant perd le temps jai peur jentend

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  • LE DEMENAGEMENT

    Papa est au chmage, jai trouv le papier, dans sa corbeille, de toutes faons a fait deux mois quil ne va plus au travail, mais il nest pas fainant, cest parce quil est malade, jen suis sre, dailleurs il va arrter de fumer, parce que moi je ne veux plus quil fume, cest trop moche, et je suis sre quil fait grandir un cancer dans sa poitrine, la dernire fois quand jtais chez le docteur, je lai vu donner un papier papa pour les radios et aprs il ma demand de sortir, comme dans les films quand le docteur a quelque chose de grave a annoncer. De toutes faons, jai jet le paquet de cigarettes qui restait, dans les gouts.

    Jen ai marre quil crie tout le temps aprs le vide Je crois avoir compris quil tait difficile de

    grandir sans perdre de fracheur, moi je crois que ma fracheur rside dans mon vocabulaire, je choisi ce qui peux tre dit ou non, ce qui me rendra vraie ou superficielle, a mamuse beaucoup, mais parfois je ne sais plus o jen suis, si jai lge qui correspond au degr de maturit de mon langage (qui est trs variable), je crois que cest pour a quils mont descolarise.

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  • Mais je ne comprend pas tellement ce que je suis en train de dire, jai limpression dtre programme pour dire des choses peut-tre vraies, peut-tre stupides, mais sans le moindre doute, articules indpendamment de toute rflexion volontaire.

    Jaimerais quon me redonne mon vrai cerveau, les annes me lon ma voles, et maintenant je suis perdue. Do viennent les mots qui vivent dans ma bouche ?

    Mon pre a dit quon allait vendre la maison et quon allait habiter en banlieue, mais un monsieur la appel tout lheure et papa ma dit quon allait dmnager ce soir, que ctait sr maintenant

    Les monsieurs ont emport tous les meubles, alors je me suis cache dans la commode, aprs je me suis fait gronder parce quils mavaient cherche partout, mais je men fous

    Maintenant on habite dans une cite comme ils montrent la tl, mais quand mme a fait moins peur, et puis de toute faon je ne suis l quen fin de semaine puisque je suis toujours en internat, au centre, pendant la semaine.

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  • TENSION

    Je crois que je ne vais pas trs bien, jai plein damis sur MSN mais ils ne me comprennent pas quand je dis que je vais avoir 7 ans.

    Jai essay de leur expliquer que si les annes dfilent et que les vnements surviennent un moment donn, un point prcis de notre existence, mme si les annes continuent de dfiler pour les autres, pour toi le temps recule . Puisque japprend au fur et mesure avoir conscience que je ne sais pas grand choses, et donc que je dsapprend pour revenir lessentiel, ce qui nous tient la naissance, pour ne plus tre corrompu par les diverses connaissances aux bases mouvantes que nous apprend lexistence-par-les-autres ; aussi, regardez les personnes trs ges, certaines ont compris comme moi que le ncessaire est dans lessentiel cest dire linn (cest un mot que jai trouv dans le dictionnaire il y a 3 jours !). Donc, jai compris pourquoi je vais avoir 7 ans mme si a fait 16 ans que je suis sur Terre,en fait, jai arrt de vivre 11 ans 1/2 (quand ma maman est partie) pour commencer exister et a fait mal. Quand jai expliqu a aux autres, ils mont crit que jtais folle et quils ne comprenaient rien ce que je racontais, y

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  • en a mme un qui a crit que sil ne comprenait rien ctait parce que a ne voulait rien dire, et bah moi jles emmerde.

    Jai de moins en moins de contact sur MSN. Jen ai marre Je voudrais vivre dans une salle de classe toute ma

    vie. Jai un niveau scolaire faible, cest pas que je suis

    bte (comme ils le croient tous), mais je sais les rponses quil ne faut pas mettre, au centre ils ont dit que si je ny arrivais pas cette anne, ils devraient me placer dans un centre plus spcialis ; moi je men fiche.

    Je voudrais retourner lcole et y rester toute ma vie pour rver de caravelles partant pour les Amriques, de riches pays aux mille couleurs comme ils disent dans les agences de voyages, et de chiffres dansant ensembles sur les vieilles ardoises, la mienne cest la plus belle, je lai trouve sur le toit de mon ancienne maison et avec maman on la encadre de bois ; mon pre la dernire fois, ma demand o je lavais trouve et quand je lui ai dit, il ma dit que sur notre maison il ny avait pas dardoise mais que des tuiles et que de toutes faons ma mre ne savait pas bricoler, alors il ma demand depuis quand je lavais, et quand je lui ai dit, il a rigol en disant que ma mre tait dj morte cette anne l et que javais encore d piquer a quelque part, alors jai cri trs fort quelle ntait pas morte mais dcde, et mon pre est parti en riant si fort quil en pleurait, a lui arrive de plus en plus souvent, alors comme dhabitude je lai laiss tout seul, jaime pas quand il est comme a, il me fait peur

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  • il est fou.

    Aujourdhui, je peux enfin rver, ce matin jtais face un ocan de sable, le vent me piquait les yeux mais je me sentais immense, je regardais les petits grains dternit danser la gigue du soleil, je cherchais le petit point deau qui aurait pu donner vie un continent. Mais autour de moi que du vent, un vent agressif. Je me suis souvenu alors du temps o je me couchais sur lherbe sans prendre garde au petit monde qui saffolait mon arrive, et le vent alors tait si doux quil me caressait le visage, je nageais dans les nuages, me glissais entre les gouttes deau hmmm

    Puis un ouragan me rveilla, la pluie me parut soudain trs douce

    On est lundi, maintenant je vais au centre toute seule et je peux mme me promener dans le parc, ils ont dit mon pre que je ne rentrerais plus chez lui le week-end parce quils prfraient mobserver quelques temps, et bien ils ne vont pas tre dus

    Lducatrice, elle est encore plus belle quavant ses vacances, elle a des cheveux roux comme le dsir et longs et ondulant, comme de grandes flammes qui tappelleraient ; mais,on ne peut pas la toucher, un peu comme une fe, une image, une illusion qui te donne son essence de savoir et rien de plus

    et ses yeux remplis dune tendre douleur, brillent un peu plus chaque seconde qui scoule, ils ne font jen suis sre, quaccentuer les brlures de souffrances passes.

    ET SES TACHES DE ROUSSEURS dessines comme de petites perles de bonheur sur son visage de dmon anglique me disent, viens, je peux

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  • tentendre, je veux tentendre, ce nest pas moi de venir toi, mais linverse, je sais que tu souffres, je veux taider mais chaque tentative, mon oiseau senvole, me laissant plus que jamais seule

    lespoir sen va, laissant place au dsespoir.

    Je crois que je suis amoureuse de mon ducatrice, elle est comme un chamallow, douce et sucre. Maintenant je sais que jaime les filles, non, les femmes, non, la femme, lunique, celle qui menvahit chaque seconde un peu plus de sa flamme ravageuse.

    Je la suis partout, elle mobsde mais elle nest pas plus prsente que ma mre, elle me fait souffrir.

    La dernire fois, je lai attendue, attendue, nest jamais rapparue, mvite tous prix, suis encore en train de prendre leau lattendre, sentir sa prsence, clotre dans mon silence

    quelquun sapproche, il il,,il, me voit il me regarde oui je suis trempe des yeux jusquaux orteils ,

    jai dcid de marcher pieds nus et de mettre mes vtements dt maintenant quon arrive la saison froide

    Il sapproche Il me regarde Il me fait peur, il a le regard brillant, mais pas

    comme ceux de lducatrice, lui, son regard, il est brillant de convoitise, comme un regard de serpent,

    Il me regarde

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  • Cest dcid, je ne bouge plus Il sapproche un peu plus encore Il me parle Je ne lentend pas Je ne lcoute pas Non, je ne fermerai pas les yeux, non je ne le

    regarderai pas, non tu nes pas beau, tes moche, non je resterai timide, non 7 ans on a pas de relations avec des gens comme toi, non je ne bougerai pas, non je nirai pas labri dans ta voiture

    MAIS QUEST-CE QUE JE FAIS DANS TA VOITURE ?!

    OUI jai mis un pantalon, non tu ne me toucheras pas, enfoir, et quest-ce que cest que ce canif, jai peur, lche-moi, non je ne veux pas mourir, pas aujourdhui, demain peut-tre, pas aujourdhui, je veux voir mon ange dabord, quoi tas pas dit a ?, pourquoi tu menlves mon pantalon, o est-ce que tu mets ta main, non je ne veux pas toucher, non, NON sil te plat, comment a tu sais pas ?, oui tu vas te retenir, quest-ce que tu mas fait ?, pourquoi je peux pas bouger, pourquoi je ne peux plus parler, lches mon tee-shirt, tes moche, tu pus, mais quest-ce que tu fais avec ma main ?, arrte de me toucher salaud ! CONARD ! ENFOIR ! Mais va te toucher tous seul, pourquoi a reste coinc dans ma gorge ?, mais quest-ce que tu fais avec mes jambes ?, on dirait les films de papa, cest crade ; touches-toi le pipi tous seul,mais laisse-moi penser, pourquoi tu fais a ?, tu me fais mal_AU SECOURS, y a per sonne_cest quoi ce truc, quest-ce que tu fais avec ? Aah ! Arrte, arrte, arrte, arrte, arrte ; espce de chiure, de grosse merde, a fais une demi-heure, lches-moi, je

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  • ten supplie ou je te plante le couteau dans le dos._cest fini ? ; Cest fini ?! CEST FINI !, cest fini.

    Je ne peux pas bouger. Non cest pas parce que je npeux pas bouger quil faut recommencer, oui je vais larrire, non, ne viens pas, non ncarte pas mes jambes, je ten supplie, piti, comment tu n peux pas me promettre ?, je men fous, mais arrte de me toucher ! Cest moche ton truc entre les jambes, jai jamais rien vu daussi laid et qui puisse faire aussi mal ! a fait 32 minutes que je suis ici, jen peux plus, quon machve, 38 min, piti quand est-ce que a sarrte, 44 min bordel jai mal, jai froid, jai chaud, je souffre, 52 minutes, putain de merde, et et et lui,, jai mal a me brle il marrache la peau, 54 min et ses yeux qui roulent comme des calots, 1h01 ENFIN CEST FINI ! cest bon tas termin, non, tu membrasses pas, merci ?!, merci de quoi, je ne tai rien donn et tu as tout pris,, salaud, baiseur, violeur, tas les yeux trop verts. Pourquoi ! Tu me laisses sur le trottoir comme une, non, comme une salope,

    JSUIS PAS UNE SALOPE ! Tu as tu mon corps et bless mon esprit,

    MAINTENANT, MON ME, VA POURRIR.

    Je me sens trange, tout change de couleur, des couleurs que je navais encore jamais vu !, et puis

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  • LES SONGES

    , papa voulait fumer mais je lui avais piqu son dernier paquet et je lavais jet dans les gouts, alors il le cherchait partout et il tait hystrique parce quil venait davoir le notaire au tlphone.

    Enfin, il hurlait aprs le vide, javais peur ; ce moment l, des assiettes se cassent et a me fait mal au ventre, il hurle : putain de merde, o qucest quelles sont cte putain dclopes de merde,

    (...) des objets se fracassent dans toute la cuisine,

    comme si le centre de gravit tait soudain situ au plafond

    (...) Mais cest pas possib, si jles rtrouv pas dans

    5 secondes jfais un meurtre () Alors ce moment jai peur (dans mon lit aussi

    mais je ne veux pas me rveiller, je veux savoir la suite)

    Donc, je disais, ce moment l jai peur, jai peur, JAI PEUR

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  • alors je cours me cacher dans le placard balais, jai peur, mais il ne me trouvera pas parce que jai russi me cacher derrire la ralit, et parce que je suis devenue transparente et puis de toutes faons, jai pris, mon pistolet billes, je suis en scurit ici, jai peur, jai mon pistolet billes pour me protger, ma poitrine explose

    (dans mon lit je sue, mais je veux savoir) il hurle, il casse, jtouffe mon cri, non il ne faut pas trembler,

    silence, il entend mon souffle, il a entendu mon souffle, il ma trouv,, , , non, ,non,

    non, ouf IL monte jentend ses pas qui craquent dans lescalier, on est

    encore dans notre ancienne maison, jai, du mal, , respirer, jjjjai pas peur jai, mon, pistolet. Il est dans notre chambre, jen suis sre, faut pas

    quil la tue, tant pis, je sors (jai peur, je sue, je veux savoir) Jai pas peur, jai mon pistolet, chut je monte

    doucement, mes mains sont toutes mouilles et font trembler le pistolet, Il est dans la chambre, jai froid, je tremble, je veux savoir, jai pas peur, plus que dix pas, jai mal dans mon ventre, plus que trois pas et jarrive la chambre. Jy arrive, il ny a pas de porte, quest-ce que je fais ?

    () Non, jne veux pas, PAN !

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  • a lui fait peur, jai tir, a lui a fait peur Il hurle Je ne bougerai pas, a ne fait pas si mal que a une

    bille son ventre pleure du sang, Jai peur,, ctait pas le bon pistolet je ne

    bouge pas, jai peur, Ilka, elle est, toute nue, elle est moche, elle a plein de bleus, elle est dchire de partout, (alors quelle ne sort mme pas du lit dans mon rve), papa a le pipi lair, cest sale, jai envie de vomir (je ne me rveillerai pas)

    je ne bougerai pas, il faut que jappelle le 15 comme quand maman avait ses crises, , allez, courage ! Non excusez-moi je me suis trompe, ,

    quelquun a sonn la porte, nous ne sommes, nous ne sommes, nous ne sommes, nous ne sommes plus plus plus dans la maison, mais dans le salon de lappart, je nai pas vu le changement, , a sonne encore,, je sens que ce sont les voisins, , non je nouvre pas,, cest pas grave, , quest-ce que je fais, je sens mauvais sur moi, je crois que jai vomi,

    (je ne vois plus rien, il ne faut pas que je me rveille, mme si le rveil a dj sonn) je vais boire du porto, juste un ptit peu.

    Non ! je nouvrirai pas. () Les sirnes des policiers, vite, il faut que jhabille

    Ilka. Papa ne hurle plus, il est moche, il est tout blanc jai peur y a plein de gens qui rentrent. je ne bouge plus, non, ils me regardent, nemmenez pas Ilka, il la transporte. Ils lont mis dans un camion blanc, et mon pre, il lemmne dans un camion noir,

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  • je savais bien que la noirceur le rattraperait. jmen fous je ne parlerai pas.

    (Cest bon, je dois me rveiller, sinon je vais devoir rester au lit encore longtemps les yeux ouverts ne rien dire).

    O suis-je ?, jadore ces orchides, la chambre est toute blanche, et il y a des photos de ma famille, quest-ce que je fais l ?.

    Une dame vient de me dire bonjour, elle a lair surprise, sur sa blouse il y a marqu interne

    elle me donne un jouet et me dit que cest mon pre qui lui a demand de me le donner quand je me rveillerais, il parat que je suis ici depuis trois mois, je ne comprend pas ! Ces rves me semblaient si court !

    PEUR jai mal et puis jai peur jai mal, on ne sait jamais o on est dans ce

    monde, et puis on ne sait plus ce qui est bien ou mal dans ce monde, en ce moment on ne sait pas ce qui est bien et ce qui est mal, on a juste peur, on ne sait mme plus si on a su un jour ce qui tait bien ou mal.

    y en a qui croient.

    Plus on croit avoir compris, plus on saperoit quon a tord et que cest difficile de vivre, on nous donne des mdicaments pour nous faire taire, on ne sait plus parler aprs et on a mal partout dans le corps, il faut couter se lamenter le monde pour comprendre,

    alors chuuut coutes-le quelques instant tu lentends ?

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  • Tu lentends battre si fort quon croirait un magma explosif,

    le monde va exploser, on ne sait pas quoi faire, on se sent impuissant,

    tout petit face au monde

    vouloir trop savoir on se dtruit la connaissance engendre des douleurs que je

    naurais jamais souponnes a fait mal et a pique le cur jai peur

    Une larme coule sur ma joue puis meurt, comme mon espoir, la larme est partie avec mon espoir dedans ?, pourquoi petite goutte qui emporte le sel de ma vie au loin ? Gaspillage, oubli, mer damertumes, tumeur insolite ? qui sollicite mon cur. Mon cur enflamm croit pouvoir steindre sous la pluie de mon me,

    IL SE TROMPE Dans mon cur cest comme a, dans mon corps,

    mon corps, je crois quil nest pas comme il est, parce que moi, les gens me disent que a va, quil est beau, que jai de belles choses montrer, et moi, je me vois petite, petite, petite, petite, je me vois toute petite et grosse, mais il parat que ce nest pas comme a que je suis en ralit, il parat que je ne suis pas comme a en fait, je ne comprend pas, comment je suis en ralit, JE NE SAIS PAS COMMENT JE SUIS EN RALIT,

    Par-ce que je ne sais pas ce que cest que la r-a-li-t,

    Peut-tre, quen fait jai dix doigts et que je chante si bien que les sirnes se taisent, Peut-tre, que je

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  • marche si vite que cest moi, QUE Cest MOI qui ferais la premire le tour de lunivers

    Peut-tre quun jour nen dure pas quun, mais deux mais trois mais quatre, mais peut-tre une micro-seconde aussi,

    Peut-tre que je cours si vite que mme la nuit ne peut pas me rattraper, Peut-tre quen fait la lune, elle nexiste pas, peut-tre que simplement, elle est le reflet de notre me et que sa beaut sparpille dans lunivers, Peut-tre que les toiles nexistent pas, peut-tre que les toiles ne sont que de la poussire, peut-tre que les toiles sont dans nos yeux, pourquoi on regarde toujours dans le ciel et jamais dans nos yeux, il y a bien plus dtoiles dans nos yeux que dans toute la constellation universelle , je dis nimporte quoi !, en fait nan, parce que nimporte quoi nexiste pas, puisque on ne sait pas ce que cest que la vrit, mais peut-tre quun jour, je trouverai une dfinition qui me conviendra, et pas seulement celle des autres.

    Mais si a strouve mes ongles doivent pousser, pousser, pousser pour aller gratter le ciel,

    a strouve, comme a, je pourrais attraper les nuages et les manger comme de la barbe papa,

    Peut-tre que les mots ne sont que vermicelles, Peut-tre que lon doit manger les livres alors,

    Peut-tre quon peut lire quelque chose dans la faim

    je ne sais pas

    LES MAUX BARBARES REGRESSION ERRANCE MASOCHISME

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  • ROUGE DE SOLITUDE

    Je ne suis pas toute seule dans le monde et personne nhabite dans ma tte, mme Ilka est partie, un jour elle ma dit quil faisait trop noir dans ma tte et elle est partie, moi je lai tellement aime et elle nexistait pas, ctait juste une image pour de faux et moi jy croyais, elle nexistait pas mais au moins je croyais en quelque chose.

    Dabord elle se trompait, il ne faisait pas trop noir dans ma tte, il faisait trop rouge, pas noir, rouge. Mon cur est emprisonn dans mon corps, il cherche svader, mais toujours les ctes len empchent, et a fait mal. Cest tout rouge dans ma tte.

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  • 42

  • NEIGE BORDEE DE SANG

    La neige pleine de sang coute mes larmes couler. je narrive pas teindre ma passion, pourtant, le nuage dans ma tte jette ce que je crois tre des averses despoirs, mais rien que du feu dans mon corps, lenfer qui brle en moi, petit diable hautain qui joue avec mes nerfs, je ne suis mme pas un tre, je ne suis quun caractre dirig par un auteur malintentionn, je ne suis pas forte, je ne suis pas forte

    bloque, censure la parole, je ncoute pas ce que je dis. Les mots sont lancs par flots mais nteignent pas le feu, rien ne peut teindre cette ternit incendiaire, ternel recommencement, rien ne peut renatre de ses cendres parce que tout brle

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  • 44

  • NOIR

    je suis parterre, je crois que je suis parterre, peut-tre pas mais je crois que je sens quelque chose de dur et odorant qui semble supporter mon corps, mais peut-tre que ce nest pas le sol.

    Cest grand dans ma tte, je navais jamais visit, cest comme quand on imagine un grand fond marin et quon essaie daller toujours plus profond, et alors la profondeur semble infini et cest comme si quelque chose nous tirait vers la surface et nous empchait daller au fond, dans la tte cest pareil, de toute faon on ne peut jamais aller au fond des choses. Aujourdhui je suis coince dans locan, je ne vois plus rien ; au dessus, au dessous, sur les cts, que de leau, de leau, de leau. Je ne cherche plus de point dattache, je ne cherche plus mon corps, il est tendu, comme mort, cest bizarre, je me suis dcroche de lui, je le vois, cest le corps dIlka mon corps, je le vois enfin, jai enfin russi me dcrocher delle, cette fois-ci je la vois vraiment pour la premire fois telle quelle est, je ne lavais jamais vraiment remarque auparavant. NOIR, cest tout noir !!!

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  • Je tiens sur la corde lisse, le corps a disparu, je ne sais o je suis, je mexprime la manire des auteurs de chevet, ma voix se tord vers les graves, quelle est cette trange sensation, pourquoi subitement,

    Sensation trange dun vide insubmersible qui saisi mon corps la vole, la corde raide sallonge dans linfini comme ma pense mon esprit et mes maux au sens de la vie. Apparaissent prsent, au bout des cordes, de petites maisons qui nexistent pas, juste des amas de cellules qui se font lamour et me donne voir ce que jai perdu ; les maisons se balancent comme des pendules accroches au fil du temps qui ne fuit pas mais reste, immobile, pour que point nous ne le voyons quand pendant toute notre vie nous jouons cache-cache avec lui. Le temps se moque de toutes ces mascarades, le temps est pareil une composition mozartienne, on la croit tendue dans le temps et cependant dans la tte du compositeur, tout est crit en mme pas une fraction de seconde comme nous disons avec les codes occidentaux. Je me demande si les phmres ont un calendrier elles aussi, peut-tre quelles apprhendent la vie comme une longue odysse, rude et emplie de dtours.

    Sous les maisons, un fleuve, une mer, un ocan de maux peints en bleu sagitent. Mes mains se librent enfin, je chois, en bas apparat un grand pieu noir et des hommes tirent pour le faire tomber, a fait plus de 573 annes occidentales quils essaient, et moi je risque dans quelques centaines de ces annes de mourir empale ce pieu, je continue de choir

    tout disparu, mme la culture et la jolie langue, jai tout reperdu, jentend des voix qui rsonnent dans ce trou, non, dans ce nant, a ne peut pas tre un

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  • trou, il ny a absolument rien qui lentoure, pour quun trou existe, il faut que la matire lentoure. Ce nest mme pas un espace, cest le nant.

    je ne reconnais pas je dois rver Les mots que je crois entendre, fondent en larmes

    quand ils me voient. Il sont beaux, je navais jamais vu de mots pour de vrai avant darriver ici

    horthmaf Jai mal dans ma poitrine, Maintenant, je ne suis plus au centre, je suis dans

    la tour de Babel, et jai dcid dy rester, ici, je peux rester au lit tout le temps, souffrir, ruminer je ne sais quoi, ne pas parler, les autres viennent me voir, mais je ne vois plus leurs visages, tout se brouille quand ils mapprochent, et quand ils veulent me toucher, tout devient noir, et dans mon corps cest comme si je mourrais.

    Les autres, je ne les reconnais que dans mes rves, mais parfois je me souviens de leur odeur ou de leur voix, et l cest comme, cest comme un big bang lintrieur de moi.

    La dernire fois, je sais que Sophie (mon ancienne ducatrice) est venue, je lai sentie, et jai eu trs mal parce quelle a pleur sur ma joue. Quand cest comme a jai envie de fusiller le monde entier, juste avec mon regard, pour rester seule,

    parce que si jtais seule au monde, je crierais si fort que les sirnes se tairaient, mon cri serait le premier depuis la naissance, un cri de douleur, de terreur entreml de joie, et il deviendrait un lment naturel parce quil durerait le temps que dure lternit, et alors jcrirais une lgende sur mon cri

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  • pour dire quil est n dun tre suprieur qui nen pouvait plus de la souffrance humaine, cet tre suprieur je lappellerais Elohim, et je dirais que ce cri tait si puissant sa naissance que lhumanit entire ft dtruite. Ensuite jexpliquerais comment Elohim sest repos tout en criant, et comment, parce quil sennuyait, il a cr des humains dans sa tte, mais des humains qui puissent construire des barrages pour que le cri nenvahisse pas leurs cits, et les gens en lisant comprendrais quils vivent dans la tte dElohim,

    et moi je continuerais de crier mais je rirais en mme temps, parce que si jtais seule je russirais rire en hurlant.

    Si jtais seule dans ce monde malgr les habitants dans ma tte, au bout de quelques sicles, je rduirais la dure de lternit et je me tairais, je ferais de lternit une seule journe, comme a leurs vies seraient si phmres pour moi que je ne pourrais mattacher aucun dentre eux, et eux oublieraient le cri, ne craindraient plus le cri, alors, au petit matin, aprs un lev difficile, je me clonerais laide dune cellule de mon cerveau. Lenfant dans mon ventre me ferait souffrir, alors je le frapperai de toutes mes forces mais il natrait quand mme.

    Alors aprs lui avoir donn mon sein, avec le couteau de la peur, je le dcouperais en petits morceaux Je le laisserais suspendu au-dessus de la rivire, les tripes remuant au gr du vent. Je marcherais ensuite en comptant chacun de mes pas :

    207 en tout,

    Il tait un petit navire, Il tait un petit navire,

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  • Qui navait ja-ja-jamais navigu Qui navait ja-ja-jamais navigu

    OH OH Il tait un petit navire

    Arrive en haut, je dvalerais les marches la tte la premire, en hurlant silencieusement.

    Une fois descendue, je ramasserais mon corps fracass et continuerais de marcher avec plus de douleur dans le corps mais moins dans la tte. Ensuite, prise de remords, je mangerais lenfant, mieux, je le goberais men touffer mais je ne mtoufferais pas, alors, lenfant vivrait dans ma tte, et semblant venu de nulle part, les habitants dans ma tte croiraient quil est le fils du personnage lgendaire. Alors, je prendrais une douche et je vomirais mon sang, alors ce serait la scheresse dans ma tte.

    Aprs mtre battue en avoir le cur vif, je prendrais un bain et comme un siphon jaspirerais toute leau jusqu en suffoquer et alors comme ils font au petite fille en Afrique, je marracherais le clitoris et je le mangerais, puis je prendrais une douche et je vomirais tout sur moi, et je pourrais alors dormir tranquillement sous la pluie chaude nue, dchire, le pouce dans la bouche, et, adoucie par le sommeil, jarriverais enfin me pendre sans jamais avoir cri pour de vrai.

    la lumire, le bruit de la lumire, chhhhhhhhht, la lumire chante si fort quelle enivre mon corps, chaude, elle transpire tout son bonheur dans mon me, intense, elle mblouit, mmmh si mre elle menivre, la lumire solaire, magntique, lumire lectrique, nophilise, nophilise ?! a nexiste pas mais cest joli ; blouie, elle est l, elle entre dans

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  • notre oeil, elle-en-tre dans notre oeil -blou-i, hy-pno-tii-se, elle hy-pno-tii-se,

    la lumire chante, elle chante, SI FORT, si fort que le cur lui mme ne sait plus quel rythme

    BATtre. Si vite, elle-chante si vite, elle court, elle court, elle

    souffle, elle transpire, el danse, entre noir et blanc elle oscille, son bonheur est tout petit et mais si intense QUIL FAIT DISPARATRE TOUT le mal qui pourrait apparatre autour on ne sait comment ?!, elle la CAPTE, elle lATTRAPE, elle la DECHIIIRE par son in-ten-si-t extrme si extrme, je ne pourrais cesser dans parler, linstant o je parle, peut-tre que je parle, peut-tre pas ; en tout cas, je pense, je pense penser du moins, eh bien, la lumire tend ses longs cils vers mes yeux et floue me regarde, elle nest pas une boule, on la croit sphrique, cependant el man-ge tout lespace. Mais je pourrais passer des nuits manger cette lumire, naturelle, ou pas, hhhmmm

    hhhhhhffffffff ffff figjepnzs bzsrokoltib^fasort bzrtiz

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    PILOGUE

    Je ne suis peut-tre pas dans le vif de lhistoire, mais toujours est-il que cest moi qui ai cris ce, cette chose ; ne croyez surtout pas ce personnage sans nom et sans ge ; elle est ne du vide et y retourne ; jai dcid prsent de lachever, elle me devenait de plus en plus insupportable.

    Ne entre parenthses, elle aura vcu entre guillemets, et aprs une mort fictive elle nest, ds lors, plus quune suspension dans le temps

  • Cet ouvrage a t compos par Edilivre 56, rue de Londres 75008 Paris

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