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Annales des sciences psychiques

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  • ANNALESDE5

    Sciences PsychiquesFUBLICflTIon MEHSUELLE ILLUSTRE

    C onsacre a u i R echerches Exprim entales et C ritiques su r le s Phnom nes de TLPATHIE, LUCIDIT, PRMONITION, MDIUMNIT, e tc .

    Comit de. Rdaction :

    Sin W i l l ia m C ro o k es , C am il le F lam m arion , Dr P a u l J o i r e ,

    Marcel Mangin, Dr J oseph Maxw ell ,

    Professeur H e n r i M o r s e l l i ,

    Dr J u l i e n O ciiorow icz , Colonel A l b e r t de Rochas, I)r A l b e r t von S ch renck -N o tz ing

    Fondateur : I)r X a v ie r DARIEX

    O R G A N E

    DE LA

    S O C I E T E U N I V E R S E L L E D E T U D E S

    Directeur : Professeur CHARLES RICHET

    Rdacteur en ehcj : C. de VESME

    XXIIIe ANNEE -- i 9 i 3

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    PARIS - Boulevard Preire, 175, - PARISf Google PRINCIOriginal fromPRINCETON UNIVER5ITY

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  • ' 19

    25

    Annales des Sciences PsychiquesR E V U E M & N S U E I 1 E

    23' Anne Janvier 1913 N 1

    Le Dbat sur les Chevaux dElberfeld

    LiE x p o s d 'u n n o u v e a u T m o in : le D r ROBERT ASSAGIOLil

    M- JVIARCELt ]VIAfJGIfi pour* lH y p o th se T lp a th iq u e

    M. le D r R o b e r t A s s a g i o m , qui est all Klber- feld en mme temps que le I)r William Mackenzie, vient de publier dans la Revue Psiche, de Florence, dont il est le rdacteur en chef, les impressions quil a rapportes de ltude des chevaux de M. Krall. Psiche. est dirige par le Dr Morselli, professeur de neurologie lUniversit de Gnes, et le l)r De Sanctis, professeur lUniversit de Rome.

    Nous croyons utile de reproduire ici plusieurs passages de cet article qui contiennent des observations qui ne se trouvaient pas, au moins aussi compltement, dans la confrence de M. de Yesme, publie dans notre numro de dcembre, et qui sont susceptibles dintresser nos lecteurs.

    COMMENT ON APPREND A COMPTER AUX CHEVAUX.

    ---- LA MTHODE BERLITZ POUR I.k n SEIGNE-

    MENT DES LANGUES.

    Aprs lui avoir enseign diffrents commandements comme : droite, gauche, haut, bas, etc. von Osten commena un vritable enseignement

    :_ intuitif des chiffres au moyen de quilles.Le matre plaait une quille debout devant le

    c cheval ; puis, sagenouillant, il prenait et levait une des pattes antrieures du cheval, puis la baissait en faisant sonner le sabot sur le sol. En meme temps, il indiquait de sa main libre la quille, et disait : U n . Aprs quelques semaines

    ., il continua avec 2, 3, et davantage de quilles, et obtint peu peu que le cheval com ptt, cest- -dire frappt sur demande avec son sabot le nombre de coups correspondants au chiffre prononc. Quand le cheval sut compter jusqu 15 environ, von Osten lui apprit laddition.

    ** Il prparait par exemple quatre petites quilles ^ sur une table, puis deux autres quilles, un peu loignes des premires, caches par une cassette.

    font six . En mme temps, tandis quil prononait. la parole et, il levait la cassette et dcouvrait les deux quilles. Aprs quelque temps, le cheval montra avoir appris ; cest--dire quil commena battre correctement le total des additions pii lui taient proposes.

    Ainsi, continuant toujours la mme mthode gnrale, et ne modifiant quavec opportunit sa technique selon les cas, von Osten apprit lla n s les autres oprations arithmtiques et la signification dun grand nombre de mots. Puis il passa lenseignement de la lecture, dabord des chiffres, puis des lettres de lalphabet, que le cheval apprit connatre laide dune table o chaque lettre correspondait un nombre donn de coups. Le cheval fit des progrs toujours plus rapides, vritablement surprenants, et lon peut dire quaprs deux ans dtude, il comprenait une partie de la langue allemande dune manire analogue celle dune personne instruite au moyen dune mthode du type Berlitz. Mais si les rsultats se trouvaient aussi extraordinaires, la forme et l'in tensit de lenseignement ne ltaient pas moins.

    Chaque jour, matin et soir crit M. Krall le matre travaillait avec son disciple. Soit que les rayons du soleil fussent cuisants, soit (pie de forts tourbillons dautomne soulevassent la poussire de la cour, soit que la rigueur de la gele hivernale fit coller les carottes aux doigts rien ninfluenait le matre. Avec une infatigable rsistance et une inbranlable application, il continuait son pnible enseignement.

    Cest rfn cela surtout que consiste le simple secret des rsultats merveilleux obtenus par von Osten, puis par Krall. Et ceci montre une fois de plus, avec une vidence particulire,toutela valeur des dons moraux dans la recherche

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    Puis il disait au chex+u : l iaIlaus. ((ungle juatre et deux572941

  • annales des sciences psychiques Janvier 1913

    X

    scientifique. Il ne suflit. pas, il nest pas besoin dtre docteur ou professeur pour faire progresser la science. Il nest mme pas, le plus souvent, besoin dune intelligence extraordinaire. Un certain sens critique, une manire de procder mthodique suffisent ordinairement trs bien. Mais trs souvent, lorsquil sagit de recherches longues, fastidieuses et de nature incertain, de rsultats inattendus, tranges et contrastant avec les ides dominantes comme en ce cas des chevaux, comme dans le champ obscur des phnomnes mdiumniques il faut surtout de la tnacit, de lenthousiasme, du mpris du ridicule, et de lesprit de sacrifice.

    Aprs quelques mois, au printemps 1905, von Osten reut une visite qui devait avoir une importance sur la suite des vnements. M. Karl Krall, de Elberfeld, bijoutier de profession, mais culteur passionn des problmes scientifiques, avait suivi avec une grande curiosit les aventures de H ans le savant et ntait pas rest entirement convaincu du bien-fond du verdict de la seconde Commission. Il voulut alors se former une opinion indpendante en assistant en personne aux expriences. Celles-ci veillrent tel point son intrt,quil fit durant lt maintes visites von Osten et prit une part active lorganisation de nouvelles recherches.

    Naturellement, la premire tche des exprimentateurs tait celui de contrler la vrit des affirmations de la seconde Commission. Dans ce but, ils appliqurent la tte de H ans dnor mes illres, qui empchaient le cheval de voir les assistants. Au commencement, les rsultats semblrent confirmer ceux sur lesquels la Commission avait bas sa ngation de lintelligence de Hans. Effectivement, les rponses du cheval, en ces conditions, taient toutes fausses.

    Ces rsultats ngatifs durrent plusieurs semaines. Mais von Osten et Krall eurent une patience et une tnacit plus grande que les Com- maissaires, et en furent rcompenss. En effet, lorsquil se fut enfin habitu au nouvel et incommode appareil, Hans commena donner des rponses exactes tout en n'tant pas mme de voir les exprim entateurs. En outre, tandis que M. P.ngst affirmait que si linterrogatoire avait lieu une distance de plus de 4 mtres et demi, aucun rsultat positif ntait plus obtenu, von Osten et Krall obtinrent peu peu des rponses justes en se plaant des distances toujours plus grandes du cheval,et jusquiih u it mtres (tout ce qui tait possible, vu les dimensions de la cour).

    Il ny avait pins de doute : le cheval nobissait pas des signaux visifs. Toutes autres espces de signaux avaient t exclues par Pfngst, lui-mme:

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    il tait donc dmontr que les rponses du cheval taient le produit de son activit psychique indpendante.

    MM. von Osten et Krall, instruits par ce (fui tait arriv avec les Commissions scientifiques, crurent bon de ne pas refaire tout de suite la via crucis de la constatation officielle des faits dcouverts par eux, et prfrrent continuer pour leur propre compte faire de nouvelles expriences de diffrentes espces. M. Krall, par exemple, entreprit une intressante srie de recherches sur les organes des sens du cheval, non sans avoir vaincre les vives rsistances de von Osten, qui, aprs le verdict de la seconde Commission, avait conu une violente antipahite non certes justifie, mais humainement trs comprhensible pour tout instrument et appareil scientifique.

    Malgr cette difficult et diffrentes autres, Krall put recueillir une moisson de rsultats assez importante. Ainsi, en mesurant lacuit visive du Hans avec les types de Suellen dont on se sert pour les hommes, il trouva que, contrairement ce que lon croyait, le cheval possde une vue extrmement fine, dont lacuit est environ deux fois et demie celle de lhomme. I)e mme, les autres sens du cheval se montrrent d'une finesse extraordinaire. Un dtail curieux et remarquable pour les psychologues est que le cheval ne subit pas les illusions optiques quon tenta de provoquer en lui, en lui montrant les figures gomtriques bien connues qui gnrent chez lhomme les illusions en question.

    Une srie dexpriences encore plus intressantes fut faite pour tudier directement lintelligence de Hans et sa comprhension du langage humain. On put par exemple faire comprendre au cheval la diffrence entre comprendre un ordre et l'excuter. Je rapporterai dune manire dtaille un exemple de ce genre, tel que Krall le raconte.

    Von Osten prsente Hans une tablette sur laquelle est crite la parole unten (sous) et dit au cheval : Comprends-tu ceci ? Le cheval rpond : Oui . Alors fais ce qui est dit ici . Hans abaisse sa tte. Puis von Osten prsente au cheval une autre tablette sur lequel le mot links (gauche) est trac, et. demande : Comprends- tu ceci ? Le cheval tourne la tte gauche. Alors Von Osten lui dit, tout en colre : Non, tu ne dois pas faire ce qui est crit : tu dois, dire si tu le com prends . 1 lans rpond : Oui . Alors, fais-le , ajoute von Osten. Hans tourne la tte gauche.

    Pour plus de sret, on fait tout de suite une exprience de contrle. V. O. prsente au cheval une tablette sur laquelle est crite la parole lefl

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  • LF. DBAT SUR LES CHEVAUX D'F.LBHREKLD

    (gauche en anglais), et demande : Comprends-tu ceci ? Non , rpond Hans. Fais ce qui est crit , ordonne v. O. Hans demeure immobile. V. O. rpte la demande ; alors le cheval sen va et fait un tour dans la cour, ce qui constitue, par exprience, un signe de mauvaise humeur.

    Durant de longues sries de recherches, qui durrent, avec plusieurs interruptions, de 190b 1908, les exprimentateurs recueillirent et dans une mesure bien suprieure ce quils eussent pu esprer une quantit de faits de grande valeur psychologique sur le temprament, lhumeur, lobstination de H ans.Tandis que le cheval donnait des preuves d in te llig en ce plus grande, son caractre devenait mesure plus rebelle et plus ombrageux. Ce qui contribua ce rsultat fut certainement la manire dagir de von Osten, qui, tout en possdant de grandes qualits dinstructeur, avait aussi de graves dfauts. Il tait impatient et irascible et, souvent, prolongeait les expriences un tel point que celles-ci devenaient de plus en plus antipathiques au cheval. Parfois, les soi-disantes erreurs de H ans avaient un caractre tel se dnoncer comme les rsultats dune mauvaise volont dlibre. Trs souvent, crit Krall (1) on vit se produire des pisodes du type suivant :

    Un jour, Hans rpondit pendant une demi- heure de suite, frappant tous les chiffres, de 1 12, excepte le 4, qui tait justement le chiffre demand. Cependant, lorsque Krall lui dit : Hans, si tu rponds prsent comme il faut, tu iras lcurie , le cheval frappa immdiatement 4 coups !

    ...Dans ses tentatives varies et rpts pour

    rendre le cheval docile, Krall nota ensuite un fait qui, non seulement est une utile donne technique, mais qui a une valeur plus gnrale : cest que la mthode qui donna les meilleures rsultats fut celle des agissements affectueux et de la bont.

    En attendant, von Osten, vieux, fatigu et rendu amer par les vnements, stait retir la campagne ds 1907, laissant Krall le soin de continuer les expriences.

    Le courageux pionnier d une nouvelle claircie dans la psychologie animale, le dcouvreur de faits scientifiques d'une importance encore insouponne, mourut dans sa solitude le 29 juin 1909 sans pouvoir jouir des fruits de lu-

    avait tant de sa

    vie. Cest la vieille histoire de tant de prcurseurs : Sic l'os, non cobis...

    ... Pour lenseignement des oprations arithmtiques, Krall se servit dabord dun instrument spcial : le Scheiderische Schiebe- Hechenknecht, qui consiste en un rectangle de bois muni de deux cannelures dans lesquelles g lissent des points colors ; il a en outre un cran qui permet de co u v rir les points dont ou ne se

    sert pas : il sagit au fond dune espce de boulier perfectionn. Le matre se servit aussi plusieurs fois de tables de multiplication et de division varies dun usage courant dans les coles, et surtout de lccriture au tableau noir.

    Les dtails techniques de la mthode et de lenseignement graduel des chevaux sont malaiss rsumer : je renverrai donc pour cela la relation trs tendue et si intressante quon trouvera dans le livre de Krall (1).

    Pour donner une ide trs approximative de la mthode, je citerai quelques exemples.

    1. D tn k tn d e T iere, p. 76.

    Digitized by Google1. I). T ., p. 102 123,

    Original firomPRINCETON UNIVERSITY

  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 19134

    Pour apprendre laddition, Krall disposa les points de la manire suivante : . + . et crivit dessous 1 +3, puis la mme chose pour 1 +4, 1 +5, etc. Pour la multiplication : . . (et dessous : 1x3) , ensuite (et dessous:3x3) , etc. A haute voix, il expliquait alors la signification des oprations, disait les rsultats, les demandait exactement comme sil avait parl un enfant. Avec cette mthode, il fut fort simple de lui apprendre llvation puissance et lextraction de la racine carre, ce qui, premire vue, semble trs difficile. Pour la premire opration, Krall crivit au tableau noir 22 = 2 x 2 ; puis 23 = 2 x 2 x 2 , et ainsi de suite; puis 3 x 2 = 6 et 32 = 3 x 3 = , etc. De mme pour la seconde. On remarquera bien que Krall napprit pas aux chevaux comment nous faisons ces oprations, mais seulement en quoi elles consistent, en les laissant trouver tout seul de moyen de les excuter.

    Cette instruction arithmtique conduisit la dcouverte dun fait extraordinaire et compltement inattendu : les chevaux se rvlrent devritables calculateurs-prodiges ! Kn effet, lorsquils avaient compris la signification dune opration, ils taient capables de lexcuter mme avec des chilres trs levs. Il suffit de dire que M uham ed, qui possde cette facult un degr plus dvelopp que Z arij, est maintenant mme dextraire des racines triples, quadruples et quintuples de nombres de (j et 7 chiffres !

    ...Lenseignement de lpellation fui* aussi riche en surprises. Dabord, on saperut bien vite que les chevaux appartenaient nettement au type auditif. En effet, malgr quon leur apprt lorthographe ordinaire, ils la modifiaient obstinment en ladaptant au son des paroles ; aprs quelque temps, Krall ninsista pas et les laissa faire. Un fait encore plus curieux est le suivant : Krall apprit aux chevaux l'alphabet selon la mthode ancienne, en indiquant les lettres avec leur nom ; cest--dire, en allemand : a, be... ha, ka, em, en, es, etc. Les chevaux prirent ceci... la lettre ; cest--dire que pour eux, le signe b ne correspondait pas au son b, mais b : le signe k indiquait le son ka, et ainsi de suite. Cest pourquoi ils pelrent par exempt les paroles essen. hafer, gehen : sn, hfr, gn. Krall ne parvint jamais les dshabituer de cette mthode. Maintenant encore, kls ont lhabitude domettre presque toujours les voyelles qui seraient comprises dans le nom de la lettre ; et ce nest que si on leur demande : Quest-ce quil manque ? quils les ajoutent.

    Il faut dire pourtant que lorthographe nest

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    pas le fort des chevaux. Ils pellent le mme mot dans les manires les plus diverses et les plus fantastiques. Par exemple pour indiquer la parole : Pferd (cheval) ils se servent de combinaisons de lettres, comme : fard , frt, ferd, fert, feerd, frd, frt, frrt, pferd, p fr t, hferd, vard, vard, etc., etc. Ainsi, Zucher devient zuker, zuclier, zugker, zukr, suer, sukar, suqr, skur, et;. Ces licences orthographiques et les nombreuses erreurs vritables et propres des chevaux rendent souvent assez difficile linterprtation de leurs manifestations lui nguistiques.

    Krall apprit aux chevaux aussi un peu de franais, et ils sont maintenant mme dexcuter des oprations poses haute voix ou par crit (criture phontique) en cotte langue.

    Petit petit, M. Krall et le Dr Sclioller (qui collabora longuement avec Krall linstruction des chevaux), russirent faire apprendre leurs lves lusage du verbe, de certaines prpositions, et la signification des mots w as (quoi ?), warum (pourquoi ?), w eil (parce que), etc. Ainsi les chevaux furent mme de btir de vraies phrases. On on a cit quelques exemples. En voici un autre :

    On montre M uham ed une image colore reprsentant un jeune fille. (Le cheval en avait dj vu dautres, mais pas celle-l. A la question: Quest ce que cest ? , M uham ed rpond : M f.t g e n (= M dchen (jeune fille). On crit, alors sur lardoise : W aru m ist dus metgen ? (pourquoi est-ce une jeune fille ?). - Le cheval rpond : w i l l a n g h r h d (= w eil lange Haare lit : parce quelle a les i heveuxlnn .s).-On demande : Quest-ce quelle na pas, la jeune fille ? - S c h n u r b a r t (moustache) , rpond M u h amed (Ib id ., p. 491).

    ... Le cheval aveugle Berto fut acquis durant mon sjour Elberfeld ; j'eus ainsi la bonne fortune de pouvoir assister la premire leon qui lui fut donne par Krall. Celui-ci tenta de substituer trs ingnieusement le toucher la vue, en dsignant les chiffres avec un doigt pos sur la peau du cheval. La tentative russit pleinement : en effet, j'ai appris de Krall ([ne Berto, le 8 novembre dernier, commena frapper un nombre de coups correspondant au chiffre quon lui dessinait sur la peau et sut donner le rsultat exact de plusieurs additions simples, poses haute voix, comme 65+11) fi5 + 12, etc., et que, quelques jours auparavant, il avait rpondu correctement aux questions : 94, 82 ,3 x 3 , et ainsi de suite.

    ... Cette fois cependant limportance des faits le srieux des expriences, la valeur des argumen-

    X Original fromPRINCETON UNIVERSITY

  • LE DEBAT SUR LES CHEVAUX DELBERFELD 5

    ttions taient telles, que les savants ne pouvaient pas sen dsintresser. Cest, ainsi quils se rendirent Elberfeld, o Krall les laissa exprimenter librement, mme en son absence, et lon peut dire dsormais que la ralit et la sincrit des rsultats obtenus par M . K ra ll sont certifies d'une faon sre et absolue.

    G l a n u r e s d a n s l e s c o m p t e s r e n d u s d e s

    E X P R I E N C E S A U X Q U E L L E S A S S I S T A L E DOCT E U R A s s a g i o l i .

    ... Lexprience a lieu 1 cole des chevaux. Cest une simple et ordinaire curie, dans laquelle sont disposes selon les besoins, les diirents objets ncessaires lenseignement. Devant la place du cheval se trouve un tremplin en bois, exactement semblable ceux dont on se sert pour le saut dans les gymnases.Sur la paroi faisant face au cheval, un tableau noir: au-dessus de celui-ci est pendue la tablette pour lpellation . A ct du tableau noir est accroch un grand calendrier de forme bloc .On y voit, dissmins par-ci par-l, des quilles, des cartons portant des chiffres colors, etc. Moublions pas les choses plus importantes... pour les chevaux : les deux botes contenant des morceaux de carottes, le pain et de sucre, douces rcompenses exactes...

    crit : 2x33+2. Cette fois le pony donne la rponse exacte : 68 . Puis Hanschen, qui semble en bonne forme , excute parfaitement plusieurs autres petites oprations, comme 12+34 + 22 , etc.

    A un certain moment, Krall nous avertit quil est oblig de sabsenter pour un engagement quil a. Nous lui demandons alors, et obtenons facilement, de pouvoir continuer les expriences sans lui. Nous restons donc seuls avec le pony ; mme dans la cour voisine, il ny a personne. Nous crivons sur le tableau 33+44, et Hanschen frappe 77. Puis nous crivons : 12+33+33 :

    C O M M ENT LE S C H E V A U X R E P O N D E N T

    PAU D E S CO UPS F R A P P S SU D UN T R E M P L IN

    D u te m p s d e \1 . v a n O s te n , l usap;(: d u tr e m p lin n a y a n t p a s enc Hans fr a p p a it d e se s s a b o t s su r le s o l ,

    ce q u i d o n n a it lieu p a r fo is d e s m a le n te n d u s .

    t in tr o d u it ,

    aux reponsos

    ... Le 17 septem bre 1912, aprs-m idi. Sont prsents MM. Mackenzie, Assagioli, Krall.

    On amne Hnschen, un gracieux pony de race Shettland, peine plus grand quun gros chien, fl na t instruit que depuis quelques mois et dune manire peu rgulire, de sorte quil ne sait, faire que des calculs trs simples et nest pas encore initi aux mystres de lalphabet.

    Krall crit sur le tableau noir 2x33. Hanschen frappe 35, c'est--dire quil a additionn les deux volumes au lieu de les multiplier. Alors, K.

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    IL frappe 87, cest--dirt les chilfres invertis de la bonne rponse (78).

    Cette erreur dinversion est faite assez souvent aussi par les chevaux plus savants Zarif et Mohamed...

    ... Aprs cela, Hanschen fait alterner quelques rponses exactes avec plusieurs fausses, et donne des signes manifestes dinattention et de paresse. Alors Mackenzie lui fait faire une petite promenade dans la cour, puis le reconduit devant le tremplin et au tableuu noir o javais prpar lopration : 42 + 23, et lui dit que sil lexcute comme il faut, il aura des carottes et que l'exprience sera finie. Le pony frappe tout de suite, rapidement, la rponse exacte, et tout son maintien

    Original ffomPRINCETON UNIVER5ITY

  • G ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 1913

    suggre irrsistiblement limage dun petit colier paresseux qui sempresse dachever lodieux problme, pour tre ensuite laiss en paix !

    Le 21 septembre, m alin. Sont prsents MM. Mackenzie, Assagioli, Krall.

    On am'ne Muhamed,toujours un peu souffrant. Krall se dispose crire des oprations sur le tableau noir ; alors, je lui propose de donner moi- mme les oprations. Krall y consent sans aucune difficult, et je tends Krall un feuillet

    3 ----~o jai crit : \ -1)1125 (sans la solation): (Remarquons i[ue je suis assis droite et trs en

    demande ce que cest. Le cheval frappe SDUMBTGN, puis MTGN. Krall dit : Il manque une voyelle . - M. frappe : E., on obtient ainsi METGN ( = M dchen, jeune fille).

    Krall transcrit les lettres SDH, et dit au cheval Poursuis . Celui-ci frappe L (donc SDHL (curie) et, aprs cela ne donne plus aucune rponse exacte aux questions qui lui sont poses ; un peu aprs seulement, il frappe spontanment N (abrviation habituelle du mot nein, non).

    21 septembre 1912, aprs-midi. Assistants : MM. Bacmeister, Mackenzie, Assagioli, Krall, etc.

    U N E M A C H IN E A CHO IE PO UH C H E V A U X .

    E x p r ie n c e s a v e c u n s im u la c r e d e m a c h in e cr ire s p c ia le , p o u r c o n s ta te r si le c h e v a l en a u r a it fa it fo n c t io n n e r le s to u c h e s a u m o y e n d e sa b o u c h e . C es t e n t a t iv e s n e u r e n t p a s u n r s u lta t b r il la n t . D e r n i r e m e n t , u n in v e n te u r a m r ic a in s e s t p r s e n t M . K ra ll, lu i p r o p o sa n t d e fa b r iq u er u n e m a c h in e cr ire p e r fe c t io n n e p o u r c h e v a u x . M r. K ra ll a r e fu s , p a r c e q u e le c h e v a l n o b ir a it p a s . Il p e n se q u e c e t t e m a c h in e p o u r r a it t r j e m p lo y e p ar d e s l p h a n ts , au m o y e n d e leu r tr o m p e . C ela v ie n d r a p r o b a b le m e n t u n jo u r . V o y e z -v o u s ces g r o sse s b te s fa is a n t u n e c o n c u r r e n c e d lo y a le n o s g e n t i lle s d e m o is e lle s d a c ty lo g r a p h e s ? ...

    On amne Zarif.K rall c rit au tab leau :

    welchs dalurn lieut ( quelle date sommes-nous aujourdhui?) Zarif frappe 34, puis corrige les dizaines en frappant deux coups avec le pied gauche.K. demande haute voix : Ubermorgen ? (aprs-demain ?) Z. : 23. K. : Gcs- tern ? (hier ?). Z. : 20.

    Krall dit : Epelle Mackenzie . Zarif frappe : O JN DI HL HDD IG. K. souligne le groupe D1HL et demande ce quil doit retirer. Z. frappe I. K. : Quelle lettre manque-t-il ? Zarif : S. .K. dit ( peu prs) : J ai compris ; tu veuxdire : ich in S tall (moi dans lcurie), mais ceci nest pas une proposition complte ; continue . Z. : GN (= Gelien, andare). Aprs cette rponse, Zarif donne des signes de paresse...

    Entre Muhamed. Krall crit sur le tableau :

    arrire du cheval. K. copie rapidement sur le tableau lopration et M. frappe aprs quelques secondes le rsultat axect (45).

    Je donne K. un autre feuillet sur lequel jaicrit \ 285(51 ; il le copie et le cheval frappe im m diatem ent le chiUrc exact de la racine quadruple (13)...

    ... Nous rentrons tous dans lcole. Krall montre Muhamed le dessin en couleur dune jeune fille apport par M. Mackenzie (1) et 1

    1. Ce dessin se trouvent sur la couverture du dernier numro de la revue Jugend , qui tait arriv le matin mme Clberfcld. La Jugend ne public que des dessins originaux, donc le cheval ne pouvait absolument pas avoir vu auparavant ce dessin^

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    (\A:i;,

  • LE DEBAT SUR LES CHEVAUX D'ELBERFELD 7

    Voil donc les faits. Faits clairs et prcis, contrls rigoureusement et maintes reprises.

    Et si les faits sont tels, leur unique interprtation possible est que les chevaux possdent une vritable intelligence, capable dinduire, dduire, gnraliser, abstraire, capable en somme dexcuter les oprations ordinaires logiques de lintelligence humaine.

    On a fait, il est vrai sur la base dune connaissance imparfaite des phnomnes, ou par parti-pris de nier tout prix les hypothses les plus diverses et les plus extravagantes : on a parl de truc, de hasard, de tlpathie, de signaux conscients et inconscients visifs, auditifs, mme... odorants ; on a imagin lexistence dun sens lectrique., dun sens... semblable au toucher, dun sens... inconnu !

    Toutes ces hypothses ont t soumises une large et soigneuse rvision critique, dabord par le Prof. Mackenzie dans la belle confrence quil fit sur les chevaux au dernier Congrs de la Socit pour le progrs des Sciences (Gnes, octobre 1912 puis, comme je lai dj dit, par le Prof. Claparde ; et tous deux, indpendamment l'un de lautre, conclurent que toutes ces explications et thories sont absolument insoutenables, parce quelles sont en contradiction vidente avec les faits.

    L)r R. A s s a g i o l i .

    (La fin au prochain numro).

    Le numro de Psiche do cet article est ex tra it nayant paru que vers le 20 janvier, le temps nous a malheureusement manqu pour faire le ncessaire afin den publier entirement la traduction dans ce fascicule des Annales. Nous observerons seulement quen parlant des calculateurs-prodige, M. le D r As- s a g io li conclut : A mon avis, on ne peut bien comprendre cette facult si on n'admet pas l'existence dune activit psychique subconsciente et si on ne cherche pas en elle la clef du phnomne.

    Par ces mots, le D r Assagioli semble se rapprocher de lhypothse mise par M. d e V e s m e dans sa confrence du 22 dcembre dernier.

    Au sujet de la mme hypothse, il nous sera permis de rapporter ici les quelques lignes suivantes de larticle H ypnotism e , crit par le D r O chorowi cz et publi dans le grand Dictionnaire de Physiologie du professeur Charles Richet article dont nous reproduirons une partie im portante dans un de nos prochains numros :

    ... Une observation gnrale que j ai faite et qui me parat im portante est que Y tat de veille des animaux se rapproche beaucoup plus du somnambulisme de lhomme (pie de son tat de veille.

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    Cest avec le plus grand plaisir quaprs avoir publi les motifs qui, notre avis, militent en faveur de lhypothse de la raison subconsciente des chevaux dElberfeld, nous accueillons dans ces colonnes un article de M. Marcel Mangin qui combat notre ide en soulevant une autre hypothse : celle de la tlpathie. Ce nest quen passant ainsi au crible les diffrentes suppositions, quon provoquera lapplication des expriences qui peuvent amener nous faire connatre, par limination ou autrement, quelle est la vraie explication de cette dcouverte sensationnelle et inattendue.

    Nous nous bornerons, toujours pour suivre ce systme de libre discussion, faire, au moyen de Notes au pied des pages, quelques observations, auxquelles M. Mangin rpondra son tour, sil le juge utile.

    C. de Vesme.

    Mon but principal dans cette courte tude est :1 de rpondre aux objections que lon a faites

    lexplication par la tlpsychie, car celle-ci est, suivant moi, lexplication non pas de tout ce cjui se passe Elberfeld, mais de tout ce qui y prend une apparence miraculeuses (1).

    2 de proposer une manire de disposer les expriences qui tranchera dfinitivement cette question de la transmission de pense.

    Auparavant je remettrai sous les yeux du lecteur quelques-uns des faits les plus renversants qui nous ont t rapports par MM. Claparde, Ferrari et Mackenzie.

    Il a suffi M uham ed dun mois (novembre) pour apprendre les quatre rgles et les additions de fraction. En dcembre on lui apprend le franais et il rpond aussi bien aux questions arithmtiques poses en franais qu celles poses en allemand. Au mois de mai il extrait des racines carres, des racines cubiques et excute des oprations comme celles-ci :

    (3 x 4 ) + y/36 y/36 X y/ti43 y/4

    Au bout de quatre mois Z a rif pelle des mots quon prononce devant lui et quil na encore jamais vus crits.

    Tous deux forgent eux-mmes des phrases trs nettes, des rponses imprvues.

    sUne dame propose y/5832, la rponse juste est

    donne en quelques secondes, y/15.378 et

    (1) Des homme tels qu Ernest Hckel ont admis sans peine l'hypothse de lintelligence (consciente et subconsciente) du cheval, et repousseraient celle de la tlpathie comme tant de nature, ou tout au moins d'apparence, miraculeuse. Tel sera aussi lavis de la plupart des autres savants, ainsi que du public en gnral. l'C. V,

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    i ______^456,775 rponses jusles en une dizaine de secondes.

    On crit sur le taMeau, sans rien prononcer :A d ir zw eiu n dw an zig znzw ljZ w eiu n dzw an zig -f- dE in im dzw an z: g t> ri g/ ng.

    Rponses justes (Z a rif).On crit :

    (v/4356 x/r849) X (v/96 \ / W i )4 ____ 4 _____ 4_______y/912 \/2S^7 ^1-874.161

    Aux deux pre rires ques'ions, rponses justes donne par Moha i ed, bien que la pauvre bte et la livre et donnt des signes vidents de fatigue. Les questions avaient t prpares par M. Assagioli linsu de M. Krall.

    Cest loccasion de la 3e question que se produisit un des incidents les plis significatifs : Pas de rponse. M. gratte un peu le plancher et fait signe quil veut sen aller. Alors Krall propose une question beaucoup p lu s facile \J25 X \/8 l, et immdiatement M. rpond : 37, qui est la solution juste de l'avant-dernire questi m !

    Nest-ce pas tout fait ce qui arrive dans les sances de communications typtologiques ? Si ces Messieurs de l-bas avaient pratiqu comme nous depuis vingt-cinq ans les tudes psychiques nauraient-ils pas t subitement frapps de cette ressemblance et compris que ctait l un nouvel et magnifique exemple de tlpathie retarde et la preuve certaine que lanimal ne fait pas les oprations extrmement compliques et difficiles quon lui demande (1).

    Ecoutez encore le Dr Mackenzie :

    L e 24 m a i , c o m m e le c h e v a l Muhamed, t a n t en e x c e l l e n te d i sp o s i t io n , a v a i t e x t r a i t lu n e a p r s la u t r e , sans se tromper et sans hsiter, les racines 3 e et 4 e de nombres de 5 et 7 chiffres, le d i r e c t e u r d u n j o u r n b ie n c o n n u d E lb e r fe ld e u t l ide d e p o se r a u c h e v a l d e s q u e s t io n s a b s o l u m e n t n o u v e l le s ; il e n p r p a r a d e u x s a n c e t e n a n t e e t c r iv i t a u t a b le a u s a n s r ien d i r e p e r so n n e .

    .rly /4dJ84.101

    Le c h e v a l sa n s h s i t a t i o n r p o n d i t 12, ce q u i e s t 1

    (1) M. Marcel Mangin peut voir par notre exemple mme, que plus de vingt-cinq ans dtudes psychiques peuvent porter signaler ce fait comme ayant lapparence d'un cas de tlpathie retarde (ainsi que nous lavons fait dans notre confrence du j!2 dcembre), sans s'arrter toutefois dfinitivement cette hypothse, eu face de lensemble des faits. C. V.

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    5 _______la rponse juste (21) renverse. Ensuite y/371.293. Rponse 14 (errone), 12 (errone), 13 (juste).

    Un mdium nest pas une machine. Rien de plus naturel que la fatigue aprs tant dexpriences et quant au renversement des chiffres ou des lettres nous savons combien il est frquent dans les rsultats de lautomatisme.

    O B J E C T I O N S A L A T H O H I E DF.

    L A T R A N S M I S S I O N M E N T A L E

    Faut-il rpondre lobjection qui consiste dire que de bons rsultats ont t obtenus mme lorsque les assistants se retiraient de la salle et suivaient ce qui sy passait en regardant par des petites ouvertures vitres ? La tlpathie ne sait pas ce que cest quune muraille, une porte. Aucun objet matriel ne larrte. On connait des cas o elle a agi de Londres Calcutta, de Londres au Canada.

    M. de Vesme trouve inconciliable avec lhypothse tlpathique le fait que les chevaux ne sont mme de rpondre pour certaines oprations quaprs quon leur a appris la manire dexcuter cette opration. Ainsi Zarif na pas pu aller plus loin que les racines carres, il ne rpond pas quand on lui propose une extraction de racine cubique. Il nest gure possible de discerner la raison de cette diffrence sans savoir dans tous ses dtails lhistoire des deux ducations ; les mthodes employes par M. Krall. Evidemment lducation joue un grand rle ici, lducateur agit dabord comme un accordeur de piano. Pour que les cordes dun piano vibrent lunisson avec les notes des diapasons ou dautres instruments, il faut quelles aient t dabord bien accordes. Supposez quon nait pu russir pour quelque dfaut de construction a bien donner la tension ncessaire certaines cordes. Elles ne rpondront pas lexcitation extrieure comme les autres.

    Je ne peux pas dire pourquoi toutes les cordes de Zarif nont pu tre accordes ? Il lui en manque peut-tre. Ce serait une bonne raison. Serait-ce parce que dans les rptitions, bien que lanimal soit tout le temps guid pas pas, la mmoire entre en jeu et il en faut plus pour suivre lenseignement lorsquil sagit de racines cubiques, plus que nen possde le pauvre Zarif qui aura donc gard le plus mauvais souvenir de ces rptitions l agrmentes de quelques corrections. Aussi lorsquil voit arriver le signe

    fatidique yJT il en a tout de suite assez et pour parler comme Muhamed ne veut plus rien savoir . En ce cas il suffirait pour sassurer que

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  • LE DEBAT SUR LES CHEVAUX D'ELBERFELD 9

    lexplication est bonne de supprimer lexposant, de lui prsenter une racine cubique sous laspect dune racine carre.

    Mais recommandation trs importante il faudrait que lexprimentateur lui-mme j allais dire le consultant ne ft pas au courant de la supercherie, pour laisser son inconscient- transmetteur vraiment inconscient. Je ne le rpterai jamais assez, puisque ce principe parat encore si gnralement mconnu : la volont est nuisible. M. Krall obtient des rsultats si miraculeux prcisment parce quil ne croit pas la tlpathie (1).

    Dans le cas en question il serait facile de ne rien dranger ltat despoir du consultant, et pour cela de disposer le tableau de faon ce quil ne le voie pas, ne saperoive pas de labsence de lexposant.

    QUESTIONS DANS DES ENVELOPPES FERMES

    Au mois dAvril le Dr Hartkopfde Cologne a obtenu des rponses immdiates, reconnues exactes lorsquon ouvrit les enveloppes correspondantes aux questions suivantes.s 3 3

    V/l824 (= 24), v /'^T (= 31), y''103-823 = 57, ce qui est une erreur, et tout de suite aprs 47, ce qui est juste.

    De semblables rsultats avec la mme mthode ont t obtenus par dautres personnes, parmi lesquelles M. II. Overbeck ; Mohamed, en labsence de Krall cach derrire une porte, donna des rponses justes.

    Ainsi sexprime le l)r Mackenzie, et les dtails pour pouvoir discuter manquent fcheusement. Qui est le Dr llartkopf ? Sans doute un mathmaticien ou du moins un homme instruit, ayant fait des mathmatiques. 11 peut trs bien avoir connu la table qui permet de trouver trs rapidement les racines cubiques dun nombre ne dpassant pas 729.000, ce qui est le cas ici. Et, bien quil nait pas lui-mme prpar les enveloppes, aussitt quil a vu les nombres, les solutions peuvent stre prsentes son esprit consciemment ou plutt inconsciemment. Ou bien lagent est peut-tre M. Krall, puisquon ne nous dit pas positivement quil ntait pas l au moment de louverture des enveloppes. Et enfin, dernire ressource, lagent peut tre distance lauteur des problmes. On dira que, ntant pas prsent, il ne peut savoir quelle enveloppe on ouvre. Ce nest pas ncessaire. Puisquencore une fois, aucune volont nest ncessaire, ni mme utile. 1

    1. Voir pour le dveloppement de cette ide mon analyse de la Psychologie inconnue de M. B o i r a c [Annales 1908, p. 190 et 213).

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    Il suffit quil y ait en son cerveau associa-3

    ti >n entre \/l3.824 et 24 pour que Muhamed, en3

    voyant y/13.824, v >ie 24. Nan noins le plus vrai emblable ces laction de Krall qui doit tre devenu de pre nire force en racines carres et cubiques (1).

    EXPRIENCES d CRITURE

    Cest propos dune de ces expriences l, une des plus tonnantes de la collection, que M. de Vesme fait une autre objection lhypothse tlpathique. On demandait Zarif le produit de \/25 par y/49 et deux fois la rponse tait tout fait fausse. Semonce de M. Krall qui montre M. Claparde au cheval et lui explique que le professeur ne sera pas content, quil crit les rponses fausses. Le pauvre Zarif comprend quon lui montre le professeur et quon parle dcrire. Sans doute il croit quon lui demande dcrire le nom du professeur et abandonnant le fcheux problme de calcul il donne les lettres schlprrd. La difficult est de comprendre comment les ides de la personne et du nom ont pu si vite sassocier dans la cervelle de lexcellent animal. Ici il nous faut certainement faire la part de lintelligence et de la mmoire. Je lai dit en commenant : la tlpathie nexplique certainement pas tout. Lorsque lanimal apprend crire, cest par lassociation dun son avec un signe ; ce qui ne demande que de la mmoire. Et lon sait depuis des sicles que le cheval est un des animaux (y compris lhomme) le mieux dou, peut-tre le mieux dou comme mmoire. M. Krall a cru devoir prfrer pour lenseignement dune lettre la combinaison de deux sries de frappements. J ignore pourquoi un clavier comme celui dune machine crire 11e lui a pas paru plus pratique. Toujours est-il que lintelligence nest pas pour beaucoup dans le travail de lpellation ou de lcriture sous dicte. Un enfant pourrait crire une page entire de Leibnitz ou de Spinosa par

    (1) Voyez quelles miraculeuses thories il faut avoir recours pour admettre lhypothse tlpathique ! Aussi M. Mangin revient l'hypothse de laction de Krall... que, tout l'heure, il supposait absent ! Dailleurs, tous ces raisonnements, en partie justes au point de vue thorique, ont le trs grand dfaut de ne pas pouvoir sappliquer au cas qui nous occupe. En admettant lhypothse tlpathique, ce qui est transmis nest quun nombre, par exemple 25. Que ce numro reprsente le rsultat dune addition, dune division, de lextraction d'une racine carr ou d'une racine cubique, tout cela na pas la moindre importance. Donc, sil s'agissait de tlpathie , Z a r if devrait recevoir et battre ce nombre aussi quand il reprsente le rsultat dune racine cubique. Et il en serait de mme en admettant que ce qui est transmis n'est pas un nombre, mais lordre quil faut commencer frapper du sabot, ou cesser de le faire. En somme,Mr M. Mangin ne rpond pas du tout notre objection. C.V.

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  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 1913

    exemple sans avoir la plus petite ide de ce quil aura crit. M. Krall reconnat, parat-il, de plus en plus que lorthographe quil enseigne ses lves doit tre absolument phontique. Gela nous indique bien que le cheval est un au ditif plus quun visuel. Quoi dtonnant alors ce que retenant le son K, il sembrouille pour lcrire entre des signes qui reprsentent tout fait ou presque ce son.

    Revenons maintenant la tlpathie. M. Krall, je suppose, a pens : Claparde. Sans doute lorsque nous pensons un nom nous pouvons voir mentalement les lettres de ce nom, mais nous pouvons tout aussi bien entendre mentalement les sons qui le composent.. LInc pense, a dit un philosophe, (Fouille je crois), est toujours accompagne dun commencement daction. Voil donc dans l'exprience qui nous occupe ce qui a pu se transmettre Zarif : cest lexpression sonore du mot. De l les variations dans lorthographe. Pourquoi les consonnes frappent-elles plus la ttention de lanimal ? Parce quelles sont bien plus caractristiques dune syllabe que les voyelles. Un mot dont on supprime les voyelles reste comprhensible. Cette remarque est connue et utilise en stnographie. 11 y a donc dans lorthographe chevaline un ct trs curieux qui confirme la loi du moindre elort.

    Je suis donc tout fait daccord avec M. de Vesme pour trouver que la tlpathie nexplique pas cette orthographe.

    Mais aussitt que je vois une phrase, un sujet, un verbe, un complment, oh ! alors cest tout autre chose ! Cela devient humain. Cest, un reflet de la pense humaine. Je voudrais voir ces fragments de phrases forgs entre les leons. Ils doivent ressembler tout fait ce que trace le crayon du mdium crivain ses dbuts.

    Quant aux rponses Parce quil est paresseux ou Parce quil dit quau commencement de la leon il ne veut rien savoir malgr toute ma bonne volont je ne puis franchir labme que japerois entre ces miracles-l et les phnomnes que je viens de citer. Mais ces miracles men rappellent dautres, les plus forts peut-tre de toute la mtapsychique (1): les conversations du mdium dans une langue qui lui tait inconnue.HAPPROCHEMENT AVEC LES CAS DE XENOGLOSSIE

    Lorsque la fille du juge Edmonds rpondait en grec M. Evanglids bien quelle ne st, affirme son pre, pas un mot de grec, tantt elle com prenait, tantt elle ne com prenait pas ce qu'elle d isa it. (Voir Aksakolf, p. 358). Cest que la pense et lexpression de la pense sont deux

    1, Sauf cependant les prophties.

    choses bien diffrentes. Tout le monde sait quil arrive bien souvent quon a une ide et quon ne peut trouver le mot ou les mots pour lexprimer. Inversement un phonographe, ou un appareil Morse, ou un cohreur Branly ne sait pas ce quil raconte. Eh bien ! les rponses senses de Miss Edmonds pouvaient natre dans la subconscience de M. Evanglids, par suite dun ddoublement de la personnalit qui nest pas du tout une chose rare. Combien de fois ne nous arrive- t-il pas en rve dtre stupfait des questions, des rponses, des rflexions quun interlocuteur nous fait ? Miss Edmonds les entendait, ces rponses rves p r Evangelides; elle les entendait en grec et les reproduisait, sans les comprendre comme laurait fait un phonographe si elles avaient t prononces haute voix. Lorsque parfois elle comprenait,cest quen ces moments- l il y avait communication entre sa subconscience et sa conscience normale et quil y avait c ur ex rimer iette pense (1).

    De mme Zarif a entendu les quelques mots de rponse que M. Krall,a rvs aussitt la question faite et il les a crites avec son orthographe chevaline comme sous une dicte,sans les comprendre

    Comment veut-on que, sil tait dou dune intelligence assez grande pour construire une phrase, cet excellent animal ne comprenne rien quand on lui dit : Va trouver M. X. ; il a une carotte pour toi , ou quand on lui demande de compter le nombre des assistants ? (2)

    En mathmatiques, mmes contradictions. Voicij

    une dame qui propose /',50.976 et au bout de dix secondes Muhamed rpond 20, rponse juste quelques instants aprs, il narrive pas pouvoir rpondre M. Claparde combien font 15+7. Les psychist.es savent que parmi les hommes les uns sont de trs lions, les autres de trs mauvais agents ou que les mmes personnes le sont dune faon trs variable (1).

    (1) Ce cas dEvanglids ne loit tre pris ainsi isol. Dabord, lu page 417 de In mme premire dition franaise dAksakof, cite par M. Mangin, se trouvent des dtails sur cette affaire. La personnalit

  • LE DEBAT SUR LES C H E V A U X DELBERFELD 11

    SUGGESTION MENTALE MOTRICE

    Il y a une distinction que l'on devrait faire en convenant une fois pour toutes du sens net et prcis des mots. Il peut y avoir suggestion mentale dun mouvement sans transmission de pense. Dans les clbres expriences dOchorowicz exposes dans Suggestion m entale, dans celles de Boirac ( Psychologie inconnue) on voit l'exprimentateur obtenir du sujet un mouvement comme celui de se lever ou de lever un bras, le bras gauche, par exemple, simplement par la volont. Je crois qticn ces cas-l, il ny a pas. vritable transmission de pense et que linfluence ne passe pas par les centres didation, mais seulement par les centres moteurs. La nature cherche toujours les moyens les plus simples, les voies les plus rapides. Lorsque le docteur Libault obtenait des mouvements dun tout jeune enfant endormi, ou lorsque Lafontaine endormait des lzards, un chien, un lion, il y avait l en jeu une force quil faut distinguer de la tlpathie ou de la transmission mentale dun dessin, par exemple, dun chiffre, d une lettre Faut-il la confondre avec la force paladinienne, de tlkinsie, laction sur la matire inanime. Je ne le crois pas. Car celle-ci, jusqu prsent du moins, ne parat pouvoir tre exerce que par de trs rares individus, tandis que celle-l, sans tre dpartie tout le monde, serait moins rare.

    Mais revenons nos chevaux. Un jour Muha- mcd narrivait pas donner la date de la veille (qui tait le 30 aot). M. Krall lui dit alors imprieusement : L inke F uss a n -s ta n -d ig \ (Pied gauche comme il faut) et le cheval de rpondre immdiatement en frappant 3 coups. M. Claparde remarque que M. Krall scande les trois syllabes an- stan-dig. Serait-ce un truc? se demande-t-il. - Non. Je crois lentire bonne foi de M. Krall mais cest lindice inconscient dune forte volont, dun ordre mental. Cest la preuve que la force dont je viens de parler est en jeu.

    On pourrait ainsi, toutes les fois que M. Krall est prsent et dirige, expliquer trs simplement un trs grand nombre dexpriences ou ce qui serait encore plus simple supposer quaprs le nombre voulu frapp intervient un ordre darrt. Ou plutt - je me trompe Ne parlons pas dordre, le mot est. trs mauvais, il implique une

    qu'on leur pose, n ont aucune valeur conlrc notre supposition fonde sur la conscience sub lim ina le , tel point que, dans notre rcente confrence, nous les avions dj faites (pages 360-361), justement pour appuyer notre thse. Donc, l non plus rien, qui favorise lhypothse tlpathique de prfrence quune autre. C. V.

    volont bien nette. Disons plutt avertissem ent inconscient Chez lanimal il pourrait encore y avoir simplement le sentiment dun manque daccoin- pagnement. Il sagit par exemple de 7. Tant quil frappe 1, 2, 3, 4, etc., lanimal sent une infiniment lgre vibration qui laccompagne, puis brusquement cette sensation sarrte et lui aussi arrt son mouvement.

    Autrement il peut y avoir transmission dune image, du dessin du chiffre et alors application des principes appris : souvenir de la sensation apprise correspondant au 7.

    LES CHEVAUX COMPTENT-ILS ?

    Alors, me dira-t-on, irez-vous jusqu dire que les chevaux ne comptent mme pas ? Non, certes. Ils comptent. Pas comme nous, en pensant chaque coup un nombre de nom diffrent.Ils doivent compter par une mmoire musculaire, un sentiment de la fatigue qui mesure la fatigue avec une prcision inimaginable. M. Claparde a cit l'exemple des chevaux employs dans une mine. J en connais qui, travaillant dans une ferme, savent que le dimanche on ne travaille pas. Tous les matins dans la semaine on les trouve debout, le dimanche couchs. Et lon m'affirme quaucun bruit spcial na lieu cette heure matinale.

    Ou a toujours t frapp de la mmoire du cheval relative aux chemins quil parcourt. M m e la neige quelquefois, paratrait-il, neffacerait pas le souvenir du chemin. Il faut donc bien quil y ait un enregistrement des efforts musculaires dune exactitude inoue.

    On ne saurait aussi trop insister sur la docilit du pauvre animal, docilit qui dpasse les bornes permises, car lhomme en a profit lchement pour lui imposer une existence de tortures. Cent fois plus froce que la bte froce, non seulement il inflige linnocent animal en rcompense de ses services des tortures abominables, mais il se les offre comme spectacle, il organise cette occasion de grandes ftes o viennent les autorits du pays, il se passionne pour ces spectacles hideux.

    UNE SINGULIRE ANOMALIE

    Pourquoi, se sont demand beaucoup dobservateurs Klberfeld, ces chevaux si savants refusent-ils souvent de faire des calculs trs simples,lmentaires,tandis quils sont disposs faire des calculs extrmement compliqus et difficiles .

    Leur amour-propre est offens , rpondOriginal from

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  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 1913

    trs srieusement le L)r Mackenzie ! ! Non cher Monsieur, il y a bien l, en elTet, une question damour-propre, mais cest, celui de M. Krall qui est en jeu. Il a remarqu pendant les leons, sans se lexpliquer, que les bons rsultats taient, obtenus plus souvent avec des problmes difli- ciles quavec des faciles. Cest encore un mystre qtie l,i tlpathie claircit, car lorsque le problme est trs facile, llve essaie de le rsoudre avec son intelligence, sa mmoire ordinaire, tandis que lorsquil ny comprend rien du tout, il nessaie mme pas et se laisse inspirer par son bon gnie subliminal.

    CALCULATEURS PRODIGES ?

    Est-ce dire quil ny a pas l tout de mme une grande dcouverte ? .le suis bien loin de le penser. .le suis tout aussi merveill que le plus merveill des observateurs dElberfeld, mais dune autre manire. Je ne dis pas comme M. Ferrari : Les chevaux de M. Krall sont tout fait comparables aux calculateurs prodiges, lit mme ils doivent avoir eux tout seuls trouv une mthode trs suprieure la ntre. ( ! !) (1). Comment ! dans lespce humaine il faut des sicles pour quun grand gnie close, lit un cheval il suffirait de quelques semaines de rflexion pour trouver un systme gal ou suprieur celui invent par un Bacon ou un Leibnitz.

    lih bien ! oui, rpondra peut-tre M. Ferrari, laissons l Leibnitz. Prenons Inaudi ou mieux encore Mangiamele, le jeune ptre italien, ou Fleury le jeune aveugle n assez dsquilibr pour tre mis dans une asile dalins, et qui en 20secondestrouvaittineracinecubique dun nombre de 4 chiffres avec un restedv 3 chiffres. Ce ne sont pas l des cas comparables celui de nos chevaux. Ce sont des cas dhypertrophie mentale. Il y a des hypertrophies de tout genre. Il y en a pour les facults comme pour les organes. Cest une suractivit tratologique, cest de naissance et cest trs rare. Quelquefois cela disparat comme chez Gauss et Ampre qui ont perdu leur capacit de calcul quand leur vritable gnie sest dvelopp.

    Est-ce que chez Muhamed une semblable hypertrophie a pu tre cre par l'ducation ? Cela me parat tout fait impossible : les sicles nont pas faonn le cerveau de Muhamed comme ils ont faonn celui dun jeune Europen.

    l a n i m a l d e l a v e n i r

    Mais depuis les expriences dElberfeld cest l leur norme intrt il est peut-tre permis de croire que par l'eugnique, par la slection des plus intelligents par une ducation aussi patiente et aussi inventive que eelle inaugure par M. Krall. lhomme pourrait faire profiter les animaux suprieurs de ce que les sicles lui ont appris et obtenir d'eux un trs grand perfectionnement intellectuel. Mais ne serait-on pas arrt par linutilit dune pareille uvre surtout relativement la peine quon se sera donne ? Soyons bons... pour les animaux soignons-lcs comme le mritent de si prcieux serviteurs, mais ne croyons pas bien faire ni leur faire du bien en les levant notre niveau. Si le bonheur peut exister quelque part, ce ne peut tre que dans linc dun animal domestique possd par un bon matre. Cest le seul tre vraiment protg et aim par une Providence. Et il a sur nous cet immense avantage, cette grande supriorit dignorer le mal, il a la paix du cur que donne linnocence et il ne se creuse pas la tte.

    l e x p r i e n c e d c i s i v e

    Pour le moment laissons-l ces visions davenir trop htives. Assurons-nous bien dabord de notre point de dpart. Oui ou non la transmission de pense peut-elle rendre compte de la plupart des phnomnes, particulirement des plus extraordinaires. Si lon sarrange pour quelle soit, absolument limine, est-ce que nous ne verrons plus rien de trs extraordinaire se produire? Il est trs facile de sen assurer.

    Puisque M. Krall prfre les problmes compliqus, profitons-en. Nous avons dit (V. p. 278. Claparde) quune dame a obtenu en 10 secondes

    i _____la rponse juste y 456.976. Essayons de nouveau une racine quatrime dun nombre de six chiffres. Prparons une cinquantaine de chiffres dessins de la mme faon de la mme grandeur

  • LE DBAT SUR LES CHEVAUX D'ELBERPLD 13

    Si la rponse est juste plusieurs fois, je crois que lon pourra considrer la question comme dfinitivement tranche. Je sais bien quun tlpa- thomane enrag essayerait de dire : limage sur le tableau perue par le cheval sest transmise quelqu'un qui a rsolu le problme inconsciemment et la solution est revenue par la mme voie au cheval. Vraiment je noserais pas moi- mme aller jusque l. Ou tout au moins je serais

    terriblement branl dans ma foi tlpathique. Et de toute faon il faut tenter lexprience. Car si au contraire Mohamed ne rpondait plus pie des erreurs, il ny aurait plus aucune espce de doute possible.

    Lhypothse tlpathique serait vrifie.

    p e n s e , q u e j a i a b a n d o n n e e n s u it e , en r e c e v a n t d e s d ta i ls p lu s c o m p le ts su r c e s u je t . M. M a n g in l a rep r ise p o u r so n c o m p te a v e c b e a u c o u p d e c o m p te n c e t e c h n iq u e , M ais je t ie n s b ie n r e m a r q u e r q u e j e su is lo in d e n ie r compltement l in te r v e n t io n d e to u t p h n o m n e t l p a th iq u e l c o le c h e v a lin e d e M . K ra ll. J 'e x p liq u e le la n g a g e ty p t o lo g iq u e d e s c h e v a u x d e la m m e fa o n

    M a r c e l MANGIN.

    L e x p r i e n c e d u D r G r a b o w p o u r L I M I N E R l h y p o t h s e d e l a t l p a t h i e .

    L e D r G r a b o w , m e m b r e d u C o n se il d e l I n s tr u c t io n P u b liq u e , en A lle m a g n e , a fin d lim in e r to u te h y p o th s e d e m o u v e m e n t s o u m u r m u r e s in c o n s c ie n t s , ou d e tr a n s m iss io n d e p e n s e , a fa it l 'e x p r ie n c e s u iv a n t e : Il a v a i t m is d a n s sa p o c h e u n ce r ta in n o m b r e d e fe u ille s d e p a p ie r su r le s q u e lle s il a v a i t c r it u n e le t t r e , ou u n m o t , u n n o m b r e ; il en s o r ta it e n s u ite u n e a u h a sa r d , sa n s la r eg a rd er : le c h e v a l d e v a i t in d iq u e r la l e t t r e , le m o t , le n o m b r e , p a r d es c o u p s fr a p p s . L e x p r ie n c e r u s s is s a it , eu e l f e t , g n r a le m e n t : c h a q u e fo is q u e le c h e v a l t a i t b ie n d isp o s , d it M. K r a ll. E lle a u r a it t a b s o lu m e n t p r o b a n te , si le D r-G r a b o w a v a it o p r le s y e u x f e r m s ; on s a i t , en e l f e t , q u e c e r ta in s s u je t s h y p n o t iq u e s r e c o n n a is s e n t u n e f e u ille b la n c h e , p la c e au m ilie u d u n g ra n d n o m b r e d a u tr e s fe u ille s b la n c h e s q u i n o u s s e m b le n t e n t i r e m e n t p a r e il le s , u n e fo is q u on le u r a su g g r q u e lle p o r te u n e c r itu r e o u u n e im a g e . E n co r e fa u d r a it - i l l im in e r la r e c o n n a is s a n c e p a r le to u c h e r . J u s q u q u e l p o in t 1a s u b e o n s c ie n c e d u n e x p r im e n ta te u r p e u t tr e c o m p a r e , ic i , u n d e ces s u je t s h y p n o t is s ? O n s e n t t o u t e f o is q u e l o b je c t io n q u on p e u t fa ire c e t t e e x p r ie n c e e s t p lu t t th o r iq u e q u e p r a t iq u e m e n t r e lle . ,

    P.-S. Des expriences tout fait semblables pourraient tre tentes dans chaque catgorie de problmes. Pourceux, par exemple, de dicte on se servirait dun phonographe, et lon trouverait facilement une disposition pour (fue seul le cheval entende le mot prononc et pour que le disque plac dans l'appareil soit inconnu tout tre humain. Mais j ai dit que pour la dicte je croyais le phnomne possible sans tlpathie (1).

    M a in t e n a n t , il m e r e s te p rc iser u n p o in t d e m a s i t u a t io n d a n s ce d b a t . D a n s n o tr e l iv r a iso n d u m o is d a o t d e r n ie r , j a i c ru p o u v o ir s o u le v e r , a u s u j e t d e s c h e v a u x d E lb e r fc ld , l h y p o th s e d e la tr a n s m is s io n d e

    q u e la p lu p a r t d e s c o m m u n ic a t io n s m d iu m n iq u e s , c e s t - -d ir e , p a r le tr a v a il s u b c o n s c ie n t d u m d iu m ; m a is d a n s le s c o m m u n ic a t io n s m d iu m n iq u e s se t r o u v e n t s o u v e n t d e s tra ce s d e t l p a th ie ; je su p p o s e q u il d o i t eu tre d e m m e p o u r le s e x p r im e n ta te u r s d,E lb e r fc ld e t leu rs s u je t s c h e v a lin s . C. V .

    |1) Encore un mot. La premire lois que je vous ai parl des chevaux d Klberfeld et de la possibilit quon constate quils raisonnent rellement, dune faon consciente ou subconsciente, vous, Monsieur Mangin, sans connatre encore les lments du dbat, vous mavez dit : Non, ceci je ne ladmettrai jamais. Cest dans notre subconscience, l o sont enracines nos convictions les plus chres et les plus profondes, que nous devons souvent chercher la vraie raison pour laquelle nous croyons ou ne croyons pas !... C. V.

    La base de toute intelligence consiste en mmoire et en raisonnement, en mmoire qui enregistre les faits, en raisonnement qui les met en rapport et les classe.

    Tout tre dou de mmoire et de raisonnement est un tre intelligent, avec des diffrences de plus ou de moins suivant les cas,

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  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 1918

    Le cheval a de la mmoire. Nous le voyons bien au Rgiment o il se rappelle les mouvements isols ou densemble des manuvres, malgr mme lignorance inhabile dune nouvelle recrue qui le dirige mal.

    Il a du raisonnement : il sait en effet faire la diffrence des divers appels et sonneries, et ne se trompe pas, que ce soit pour le rveil, la botte, lavoine, labreuvoir,le pansage, la manuvre, etc. Il sait calculer son lan pour les sauts dobstacles; sarrter, revenir chez lui, mme sans le secours du conducteur maladroit qui laura gar ou abandonn.

    Le cheval est donc un tre intelligent. Dune intelligence qui le rend ducable. On na jamais pu duquer un tre dnu dintelligence, par exemple un idiot.

    Lon nous dit : Il y a une diffrence entre ce quil fait dhabitude et ce que nous le voyons faire aujourd hui, cest--dire penser.

    Je, rponds ; tant intelligent, il a le droit et le pouvoir de penser. Dans le cas actuel nous le voyons soumis aux mthodes inattendues dun ducateur de gnie, il ny a rien dtonnant que le cheval ainsi duqu fasse des rponses diffrentes de celles que nous avons su obtenir de lui autrefois avec nos mthodes plus primitives.

    De ce quil sarrtera ou se cabrera devant une toile peinte il ne faut pas en dduire qu il soit bte. Le cheval na pas t initi aux arts mcaniques et ne sait pas ce que cest quune toile peinte, surtout quand lhomme la dispose pour le tromper. Au contraire lhomme qui sait toutes ces choses, qui,au Muse Grvin, temple de lillusion, frappe sur lpaule du gardien en cire ou veut pntrer dans une glace qui le rflchit, na pas les mmes excuses. Et pourtant nous nen tirons pas la conclusion que lhomme soit inintelligent.

    De plus, le chevalest victime de son organisation physique ; son il exagre les obstacles.

    Le cheval est un animal psychique. Il a des qualits psychiques. Je nen doute pas. Cest alors que la nouvelle mthode dducation et de dveloppement crbrale du cheval va faire surgir des merveilles. Car si cette mthode est vritable, sil ny a pas des causes derreur ou des fautes dinterprtation qui la vicient, alors le cheval va devenir un instrument merveilleux et vivant d'exploration psychique, pouvant, entre autres choses, nous expliquer comme par crit toutes ces sries de pressentiments ou de psychisme

    intime que nous constatons ou que nous croyons constater chez les animaux. Par exemple, il parat que ce camarade cheval ou chien, hurle ou se lamente parce quil sent ou prvoit que son ami, son matre, ou autre, est en danger, meurt ou va mourir. Si mme la mort qui vient peut sinscrire dans le psychisme des animaux, alors nous serons mieux documents sur ce phnomne que nous ne pouvons apprcier quaprs coup, nous autre hommes. Et nous pourrons encore ajouter la liste des services que nous rendent nos frres infrieurs.

    Docteur L o n D e m o n c h y .

    T urin , 18 jan vier 1913.

    M o n s i e u r d e V f.s .m e ,

    Votre article ma fait ressouvenir dune observation sur lintelligence des chevaux que j ai faite souvent. Il marriva parfois, me promenant cheval par la ville sans but prcis, et seulement pour prendre un peu dexercice, de penser : Je veux tourner telle rue qui tait une traverse de celle que je suivais ; et, sans que je fisse le moindre mouvement, mon cheval, arriv au coin, tournait de lui-mme.

    Ayant fait cette remarque, je pensai que ce devait tre un efTet de quelque petit mouvement involontaire de ma part, et dautres fois je rptai lexprience en prenant bien garde de faire aucun mouvement, mais le cheval interprtait galement ma volont.

    Ceci ne marriva quun petit nombre de fois, parce que je sortais rarement cheval pour mon plaisir, et dautant moins seul, ce qui fit que je ne pus pas approfondir lexprience, laquelle, dailleurs, je ne prtai pas grande attention.

    Il me semble que ce fait se produisait avec nimporte quel cheval ; mais, je le rpte, il marriva trs rarement daller seul laventure par les rues dune ville qui ntaient pas celles que je devais suivre dordinaire : celles du quartier, de la place darmes, etc.

    Votre dvou,C. S p i n g a h d i ,

    Colonel de la Rserve.

    # * * # # #

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  • E rnest BOZZANO

    DES PHNOMNES PRMONITOIRES

    (Su ite , voir les numros de Septem bre, Octobre, N ovem bre, Dcembre)

    IIe CATGORIEPRMONITIONS DE MALADIES

    OU DE MORTS REGARDANT DE TIERCES PERSONNES

    Sous-Groupe HP r m o n i t i o n s d e l a m o r t d e t i e r s a b r v e

    C H A N C E , O LA M O R T E S T D U E A D E S C A U S E S

    ACCIDENTELLES.

    Dans tout travail de classification, la subdivision en catgories ne peut revtir quune valeur relative, les faits ne relevant presque jamais dlments assez simples ou harmoniques pour se conformer dune manire complte une seule subdivision. Il ne reste donc dautre parti prendre, que de les classifier en se basant sur llment cardinal quils renferment, et en ngligeant les lments auxiliaires et complmentaires.

    Ce critre nous amnera donc, dans ce sous- groupe et dans le suivant, recueillir les faits o llment cardinal est reprsent par lacci- dentalit par consquent limprvisibilit des morts prannonces.

    .Ic fais observer que bon nombre des cas dj rapports contenaient des lments de nature accidentelle et imprvisible ; mais ils consistaient en incidents complmentaires groups autour dun vnement cardinal dordre diffrent, et ne pouvaient par consquent tre compris dans le sous-groupe prsent. Cela nempche pas que les lments imprvisibles contenus dans les cas en question leur confrent une valeur thorique identique. Et cest une valeur trs importante, puisque rarement ces mmes lments se montrent explicables par des hypothses psychologiques, ou peuvent tre rduits des exemples dinfrences subconscientes ou de concidences fortuites. Au contraire, les hypothses spiritualiste, fataliste, rincarnationniste, dominent le terrain.

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    L Ville C a s . Je lextrais des A nnales des Sciences Psychiques (1897, p. 124), qui le tirent leur tour de lautobiographie du baron L a z a r e H e l l e m b a c h . Celui-ci crit :

    Javais lintention de demander la collaboration du Directeur de la section de chimie de ltablissement gologique de Vienne, M. Hauer, conseiller de mines, au sujet de quelques recherches que javais faites sur les cristaux, ou plutt sur la cristallisation. Je lui en avais parl incidemment, le laboratoire tant prs de chez moi et Hauer tant connu dans le monde scientifique on peut dire de lEurope entire comme spcialiste sur ce sujet. .Javais toujours remis ma visite, mais enfin je me dcidai la faire le lendemain matin. Cette nuit-l mme, jai rv que je voyais un homme ple et dfaillant, soutenu sous les bras par deux hommes. Je ne tins aucun compte de ce rve et je me rendis ltablissement gologique ; mais comme le laboratoire se trouvait dans un autre endroit de la maison les annes prcdentes, je me suis tromp de porte, et trouvant la vraie porte barre jai vu en regardant par une fentre ma porte limage exacte de mon rve. On soutenait Ilauer qui venait de sempoisonner avec du cyanure de potassium, et on le transportait dans le vestibule tout fait comme je lavais rv.

    Le baron Hellembach ajoute ici les observations suivantes :

    Comment, moi qui nai jamais eu un rve ou seulement un pressentiment juste, dont la sant est normale et limpassibilit lgendaire parmi mes amis, me suis-je laiss surprendre par un rve ?.Je ne puis lexpliquer que de la manire suivante : si jtais venu quelques minutes avant, jaurais pu empcher srement le fait de saccomplir quant au prsent, et, qui sait ? peut-tre pour lavenir, le suicide tant caus par des soucis de fainillo et de fortune, et ma proposition aurait pu donner Hauer un nouveau sujet de travail et probablement aussi quelque soulagement matriel. Cette circonstance mmotionna profondment ; je le fus dautant plus mesure que je compris toute la perte que javais faite, au point de vue de mes ides et de mes projets,

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  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 1913

    et en pensant que mes essais taient jamais perdus, ou au moins pour ma vie.

    Il est bien naturel que cette mort entranant mes projets mait beaucoup impressionn ; et cest peut- tre pour cette raison qu mon rveil, ma conscience a gard comme un reste de la clairvoyance ou de lomniscience inconsciente quon rencontre dans toutes les personnes trs impressionnables.

    Dans ce cas, la mort du Professeur Hauer, bien que non naturelle (donc accidentelle), ne pourrait tre considre comme imprvisible, le suicid ayant trs probablement prmdit son acte de dsespoir dans la nuit qui le prcda, provoquant ainsi par tlpathie le rve du baron Hellembach. Mais ceci nexpliquerait pas llment cardinal du songe, la visualisation dun homme au visage livide, agonisant, soutenu aux aisselles par deux autres hommes ; circonstance non tlpathisable, puisquimprvi- sibl .

    LIXe C a s . Du chapitre que C a m i l l e FIam- m a r i o n consacrait aux phnomnes prmonitoires dans son ouvrage : L'Inconnu, j extrais les deux cas suivants (pp. 522-523). Le relateur du premier, M. m i l e B o i s n a r d , crit :

    }Lanne dernire, au mois de septembre, jeus-

    pendant une nuit, la vision trs distincte dun enterrement denfant sortant dune maison dont je con nais les habitants ; seulement jignorais dans mon rve celui des enfants qui tait mort.

    Ce rve me revint la mmoire toute la journe et jessayai en vain de le chasser de mon esprit. Le soir, un des enfants de cette maison, g de quatre ans, tomba accidentellement dans une douve et sy noya. (Emile B o i s m a r d ; Seiches (Maine-et-Loire).

    LXe C a s . Voici le second pisode tir de louvrage cit (pp. 522-523).

    Mon frre ain, Emile Zipelius, artiste peintre, mourut le 16 septembre 1865, lge de vingt-cinq ans, en se baignant dans la Moselle. H habitait Paris, mais se trouvait ce moment-l en visite chez ses parents Pompey, prs Nancy. Ma mre avait rv deux fois, des intervalles assez loigns, que son fds se noyait.

    Lorsque la personne charge dannoncer la terrible nouvelle mes parents se prsenta chez eux, ma mre devinant quil tait arriv un malheur, sinforma dabord dune de ses filles absentes dont elle navait pas eu de nouvelles depuis quelques jours. Lorquon lui rpondit quil ne sagissait pas delle, elle dit : Ne continuez pas, je sais ce que cest : mon fils sest noy. Nous avions eu une lettre de lui dans la journe, de sorte que rien ne faisait prvoir cette catastrophe.

    Mon frre lui-mme avait dit sa concierge peu

    de temps auparavant : Si je ne rentre pas un soir, allez la Morgue le lendemain ; jai le pressentiment que je mourrai dans leau. J ai rv que j'tais au fond de leau, mort et les yeux ouverts

    Cest en eiet ainsi quon la trouv ; il tait mort sur leau de la rupture dun anvrisme. Ma mre et mon frre taient si persuads que cela arriverait, que le jour de sa mort, il avait refus de se baigner dans la Moselle. Mais, vers le soir, il se laissa sduire par la fracheur de leau, et fut enlev ainsi notre affection. ( J. V o g e l s a n g - Z i p e l i u s , Mulhouse).

    LXIe C a s . Lord B i:t e le communiqua la Society /. P . II., et la relation en fut rdige par sur Catherine, de lasile enfantin de Tre- forest , Pontypridd.

    Le dimanche 14 aot 1898, tandis que je conduisais les enfants Rocking Stone pour une promenade, je vis venir vers moi la vieille Madame Thomas (qui habite une maisonnette du Dr Price, sur la route communale), et celle-ci me demanda si quelque enfant de lasile tait mort dans la semaine. Je rpondis que non. et lui demandai mon tour pourquoi elle me posait cette question. Parce pie dit- elle jai vu lenterrement dun enfant pii descendait la colline, venant de lasile ; non point cependant le long de la route pie vous suivez avec les enfants, mais sur le versant gauche, et je crus quil sagissait dun enfant de lasile, parce pie ctaient des enfants de lasile pii portaient le cercueil et laccompagnaient .

    Je minformai pour savoir si pichpion parmi les habitants de lavenue de la Tour, situe au-dessous de lasile, avait perdu un enfant, et j'appris que personne ntait mort, et quaucun entirement navait pass par l.Ce pii ntait pas arriv alors se produisit le mercredi de la semaine suivante, o une enfant de trois ans, fille dun voisin habitant lavenue de la Tour, mourait en se noyant. La mre de la pauvre petite alla trouver sieur Illtyd, lui demandant de permettre que nos enfants accompagnassent le petit corps au cimetire, car, cause de la grve, et dfaut des vtements ncessaires, elle ne trouvait personne qui voult assumer la triste tche. Sur Illtyd y consentit exceptionnellement, car le rglement dfendait aux enfants de lasile dassister un enterrement qui ne ft pas dun des leurs. De sorte pie lenterrement descentlit la colline du versant de gauche, juste comme Mrac Thomas lavait vu deux semaines auparavant. Lhabitation de cette dernire se trouve en face le ce versant de la valle.

    Ds pie sur Illtyd eut accord aux enfants de transporter la fillette au cimetire, je lui rapportai ce quavait vu Mmc Thomas. ( Journal oj the S . P. R., Vol. IX, p. 80). #

    Si, dans ce cas, la vision vridique stait produite en rve, le phnomne prmonitoire aurait pu tre rabaiss jusiju un certain point au niveau dune concidence fortuite ; mais

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  • E. BOZZANO : DES PHNOMNES PRMONITOIRES 17

    comme il sagit de vision vridique en conditions de veille, ce qui suppose un lment supernormal dans lorigine du phnomne; et llment super- normal impliquant lexistence dune intentionnalit quelconque (ou subconsciente ou extrinsque, peu importe) on voit stablir des rapports indissolubles entre le prcdent du fait et le fait lui-mme, et par l lhvpothse des concidences fortuites devient inacceptable.

    Ajoutons cela quune autre circonstance vridique, celle du parcours insolite du cortge funbre le long du versant gauche de la colline, achve dcarter lhypothse discute.

    J observe que les visions de funrailles prmonitoires en conditions de veille sont assez frquentes ; et, le fait tant intressant, je crois utile den citer deux autres exemples.

    LXIIe Cas . Le Rv. P. A. W ood, recteur de Newent, Gloucestershire, membre de la Society f. R. P ., le recueillit. La relatrice. Miss H., ne dsire pas que son nom soit publi :

    Ma inre et moi nous nous promenions un jour en voiture sur une raute de Somersetshire en compagnie dune vieille dame de quatre-vingt ans. Tout coup celle-ci sadressa au cocher en lui demandant de quitter la route et darrter la voiture ; ce qui fut excut, notre grand tonnement, parce que nous ne devinions pas le motif de cet ordre. Quelque temps aprs elle dit au cocher : Maintenant, vous pouvez aller ; puis, se retournant vers ma mre, elle ajouta : Par un sentiment de respect, je fais toujours arrter quand passe un enterrement. La route tait longue et droite, et se montrait absolument libre, mme de pitons ; nous plaisantmes donc de la chose, faisant observer la vieille dame quelle avait t victime d'une curieuse illusion. Elle rpondit : En effet, la chose est trs trange, jai bien vu un cortge funbre ; qui sait ce quaura pens de moi le cocher ?

    Le jour suivant, un de ses vieux amis, son voisin, qui avait lhabitude de venir lui faire chaque jour quelques heures de lecture, mourut subitement . (Procecdings of the S. P. R., Vol. V, p. 303).

    LX IIIe C a s . Le D r A l a s t a i r M a c -g h e g o r rapporte lpisode suivant, trouv dans le journal particulier de son propre pre, ministre vanglique dans lle de Skye.

    Lemploy communal de Dull, petit village du Pertshire, tait souffrant ; et mon grandpre, ministre vanglique de lendroit, lavait remplac. Par une belle soire dt, vers 7 heures, un jeune couple se prsenta pour demander les papiers ncessaires leur mariage. Tandis que mon grand-pre se disposait les chercher, to u s le s t r o i s virent tout-- coup par la croise apparatre un cortge funbre.

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    Des habits quendossaient ceux qui composaient le cortge, on pouvait voir quils taient en grande partie des paysans, et la jeune fdle en reconnut plusieurs, natifs de Dull, mais occups en ce moment Dunkeld. Naturellement, mon grandpre et les jeunes gens stonnrent de lheure intempestive laquelle arrivait le cortge ; et mon grand-pre ne comprenait pas quon ne let pas prvenu. Il consigna les papiers, et courut la recherche de la clef qui ouvrait la grille du cimetire, pour ne pas faire attendre le cortge. Il monta au presbytre la hte, sacheminant vers la grille, o il sattendait trouver le cortge arrt, mais, en y arrivant, il ne trouva rien, en dehors des jeunes (lancs, qui, plus stupfaits encore que lui, ne pouvaient pas sexpliquer le fait.

    Or, la semaine, suivante, au mme jour et la mme heure, survint limproviste le mme enterrement, et cette fois en ralit.Le dfunt tait un enfant de Dull, quun taureau furieux avait assailli Dunkeld, le rduisant littralement en morceaux. Les malheureux restes furent recueillis, dposs dans un cercueil, et transports sans dlai au cimetire de Dull. Le pauvre enfant navait pas de parents, et fut enterr sans autre crmonie. Le jeune couple et mon grand-pre reconnurent parmi les membres du cortge, certains de ceux quils avaient vus une semaine auparavant dans le cortge fantomatique. I,a jeune femme en connaissait personnellement quelques-uns, auxquels elle rapporta ce quelle avait vu ; mais, comme il est naturel, ceux-ci se trouvaient alors Dunkeld, et ne surent rien dire qui put claircir le fait . (Cit par Andrew Lang dans louvrage : The making of Religion, p. 79).

    LVIXe C a s . La N orw alk Gazette le publia dabord le 10 juin 1873 ; il fut ensuite tudi et authentiqu par M. E pf.s S a h u e n t , qui le reproduisait dans son ouvrage : The Scientific basis of Sp iritualisrn (pp. 240-241).

    Le 7 juin 1873, dans le port de Norwalk (Connecticut) une petite embarcation portant neuf jeunes collgiens de lInstitut Selleck, accompagns de leur matre Farnham, tait heurte par le timon dun bateau vapeur, et chavirait. Trois dentre les jeunes gens Eddie Morris, Willie Crne et Charley Bos- twick se noyrent.

    Le jour prcdent, un rve trange stait produit ; et malgr que les protagonistes craignent dtre pris pour des superstitieux, le cas me parut si singulier, que je me dcidai en recueillir les dtails auprs deux-mmes.

    Vendredi dernier (veille de la catastrophe) le Dr Hays, matre supplant et mdecin distingu, dit un de ses collgues : Jai rv deux nuits de suite que trois de nos enfants staient noys. Je sais quil est ridicule de parler srieusement dun rve, mais cest devenu pour moi presque une obsession, et je ne puis mempcher de vous exhorter surveiller

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  • ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Janvier 191s

    attentivement les enfants quand vous les conduirez en bateau .

    Le samedi matin, il observa M. Farnham, qui devait les accompagner 1*le de Peach : Farnham, attention aux enfants ; je ne puis me dlivrer du pressentiment dont je vous ai parl . Lorsquenfin, le samedi soir, il vit arriver avec des vtements compltement tremps Charlcy Wliite qui fut le premier enfant rentr au collge il scria : La catastrophe a-t-elle t grave ? Combien de noys ? Et il svanouit dans les bras de Whitc .

    (Le Directeur de la N orw alk Gazette, M. A. H. Byington, crit pour confirmer le rcit ci-dessus).

    LXVe C a s . M. IIknhi C a r r e r a s communique le fait suivant la Revue Scientifique et M orale du S p ir itism e (1908, p. 274) :

    Mule Caroline Mastropictro, ge de 34 ans, femme du typographe Thophile De Carolis, tait occupe le matin du 9 octobre courant, prparer le caf pour son mari, lorsque par un maudit hasard, elle approcha une allumette de la bouteille contenant lalcool. Celui-ci senflamma en faisant clater la bouteille, de faon que la malheureuse Caroline fut entoure par les flammes.

    Les voisins accoururent ses appels dsesprs, essayrent tout ce qui tait possible pour la sauver, mais la pauvre femme avait subi de telles brlures que cinq heures aprs elle mourut lhpital du Saint- Esprit.

    A peine tait-elle morte, que sa mre arriva lhpital. Cette pauvre vieille est une campagnarde qui habite Castel di Guido, une ferme plusieurs kilomtres de Rome, perdue dans limmense plaine dserte qui environne la ville.

    Depuis quelques jours la vieille mre tait obsde, sans aucune raison plausible, parle pressentiment de quelque malheur qui devait arriver sa Caroline bien-aime. Elle faisait des songes effrayants, o elle entendait des plaintes et les cris de sa propre fille, qui appelait dsesprment au secours.

    Dans la dernire nuit, peu dheures avant la catastrophe, les songes avaient t si terrifiants, langoisse si aigu, quelle stait dcide partir pour aller trouver sa fille : mais hlas ! il tait trop tard.

    La pauvre vieille, accable par lhorrible malheur, se reprochait de ne pas tre jiarlie le jour prcdent.

    Si jtais venue, cela ne serait pas arriv ! scriait la malheureuse. Eh bien ! non, pauvre vieille mre. Je pense, au contraire, que ton arrive naurait rien chang au destin, qui tavait dj signal dans l' a s t r a l la fin de ta bonne et chre fille. Nous sommes, hlas ! des brins de paille que le vent emporte de ci de l, comme la feuille morte, mais (pii toutefois peut-tre excutons tous ces mouvement, apparemment libres et sans but, selon un [dan obscur et tout puissant, contre lequel la lutte est inutile ! Je crois au Destin ! (Sign : E n r i co C a r r e r a s , Rome).

    LXVIe C a s . Recueilli par le Dr H o d g s o n ; le relateur est Mr. K r e d s , de la Society f. P. R ., et lpisode est rigoureusement authentiqu. Le rve prmonitoire fut communiqu la mre et la grandmre de lenfant, laquelle il se rapportait, le matin mme o il eut lieu, et se ralisa environ douze jours aprs. M. Krehs rapporte ce qui suit :

    24 novembre 1902. M. Charles Nolte, demeurant Baltimore, Bank Street, n 1503. g de 25 ans, mcanicien dans la fabrique a Thiemeyer and C. , eut dans les premiers jours de novembre un rve trs marqu et trs douloureux. Il lui semblait retourner chez lui aprs son travail, vers 5 h. 1/2 de laprs-midi, et voir la petite Hlne, fille de sur, enfant trs vive, traverser la rue pour se rendre chez sa grand-mre, qui habitait en face. En mme temps, il voyait avec horreur sapprocher rapidement un tramway lectrique, dont lenfant paraissait navoir pas conscience. Dans son rve, il aurait voulu la sauver du pril, mais il se sentait paralys sa place, et se mit crier pour lavertir, mais inutilement ; et il assistait impuissant cette scne horrible, que, pour pouvoir conjurer il aurait volontiers risqu sa vie. Langoisse fut telle, quil sveilla en sursaut, en poussant un grand soupir de soulagement.

    Le matin mme, il raconta le rve sa mre ; celle-ci en fut tel point impressionne, quelle se rendit immdiatement chez sa fille, Mrac John Liebig, pour le lui raconter, et lexhorter redoubler sa surveillance sur lenfant, afin quaucun mal ne lui arrivt.

    Dans laprs-midi du mardi, 13 novembre, vers 5 h. 30 de laprs-midi, la petite Hlne eut la fantaisie de traverser la rue, probablement pour aller trouver sa grand-mre, et elle fut renverse et tue par un tramway lectrique. Une femme qui passait par l entendit lenfant crier : Grandmre ! Grandmre ! , et la vit renverse .(Journal of tlie S. P. R., vol. XIII , pp. 142-143).

    (Suivent l e s tmoignages de : M. C h a s N o i . t k , Mrs. Dna Nolte, Mrs. J. LiEBir.).

    LXVII C as . Je le tire du travail de Mrs. S i d g w i c k : On the vidences for Prmonitions (Proceedings of the S. P. R., Vol. V. p. 311) : cest un cas dordre mdiumnique. Mrs. Sidgwick crit :

    La dame qui ma communiqu lpisode dsire que son nom soit gard secret. Elle dit que lorsquelle se trouvait en Amrique, une de ses amies Spirites la conduisit une sance mdiumnique, propos de laquelle elle me donne ces dtails :

    Bien que je fusse arrive Boston la veille, 1 esprit-guide du mdium dclara immdiatement (pie j'tais arrive travers locan ; et non seulement elle voqua une grande partie de mon pass, mais elle stendit en rvlations sur mon avenir. A un mo-

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  • E. BOZZANO : DES PHNOMNES PRMONITOIRES 19

    ment donn, elle aiirma que je portais sur moi une photographie reprsentant ma famille entire en groupe. Laffirmation tait exacte, et je sortis la photographie pour la montrer au mdium (en trance), qui mobserva que deux de mes enfants ntaient plus de ce monde, et, mindiquant dans le groupe un troisime fils, dit : Celui-ci aussi sera bientt des ntres, et sa mort sera brusque ; mais vous ne devez pas pleurer, parce que cette mort prmature le sauvera du mal qui lattendrait autrement. Il nest presque jamais permis de confier de tels secrets aux vivants, mais cette fois nous voyons que nous devons le faire pour votre avantage, parce que cela vous convaincra que vous navez pas perdu votre fils par pur accident .

    Et ce qui avait t prdit arriva. .Je me trouvais de retour chez moi depuis quelques semaines, lorsquon me participa un matin lhorrible nouvelle que mon fils, g de 17 ans, avait t tu au cours dune partie de football !

    Ce fait comporte les mmes commentaires que le cas de William Stead (XLIX), cest-j-dire que la signification des phrases : votre fils sera bientt des ntres ; sa mort sera brusque... et vous devrez vous convaincre que ce nest pas p a r pu r accident que vous lavez perdu dmontrent dune manire vidente que la personnalit rn- diumnique tait non seulement informe de sa fin imminente, mais aussi du genre de mort qui lattendait. De l ce raisonnement que si la meme personnalit en avait prvenu la mre, celle-ci aurait pu sauver la vie de son fils en lempchant de se rendre la partie de football fatale. Dans le cas de Stead, nous demandions : Pourquoi lesprit-guide ne la-t-il pas fait ? Pourquoi, le pouvant, ne voulut-il pas dire une parole pour sauver de la mort une personne ? La rponse que nous donnmes cette formidable question est conforme ce que rvle spontanment la personnalit mdiumnique en ce dernier pisode.

    Trois hypothses seules pourraient servir lclaircissement du cas : la Spiritualiste , la Rincarnationniste , la fataliste . Ceux qui pensent diffremment, par suite de leur propension tout attribuer aux /acuits d'injrences subconscientes, auront expliquer dans quel but les personnalits subconscientes sabstiennent en des circonstances semblables de rvler tout ce quelles savent. Qui les empche de sauver une personne de la mort ? Lexistence de cette forme de rticences dans les phnomnes prmonitoires (et elles y sont trs frquentes) quivaut la dmonstration incontestable de lexistence d un monde spirituel.

    On ne peut objecter davantage que, bien qu il apparaisse clairement, dans les cas indiqus,

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    wque les personnalits mdiumniques connaissaient la nature des morts prannonces, cette dernire affirmation est illicite en 1 absence de dclarations dtailles ce sujet. Cette objection ne peut se soutenir qu condition danalyser les faits singulirement ; car, collectivement, ils fournissent la preuve du contraire sous la forme dune question rsoudre : cest quen de semblables contingences, les personnalits mdiumniques se comportent constam m ent de la manire indique, sauf des circonstances spciales ; cest--dire quelles sabstiennent de rvler les seuls dtails dont lintress pourrait profiter pour luder la destine qui lattend ; et, si on leur adresse dexplicites demandes dclaircissement, elles ne rpondent pas, ou le font vasivement, ou sexpriment symboliquement, de faon ne rien laisser transparatre de la vritable signification de leurs paroles jusqu laccomplissement de lvnement. Impossible de dsirer une meilleure preuve pour dmontrer que les personnalits mdiumniques sont pour la plupart connaissance des vnements quelles cachent aux sensitifs.

    Il sensuit que la question rsoudre consiste dans le fait que les personnalits mdiumniques ne veulent pas rvler certains dtails ; et sil en est ainsi, avec quelle logique pourrait-on objecter quelles ne les rvlent pas ? Il est vident quexiger des dclarations p lus explicites de la matire, correspondrait prtendre quelles rvlent ce quelles ne veulent pas rvler.

    Si lon voulait allguer pour renforcer la thse que les personnalits mdiumniques ne cachent rien pour la simple raison quelles ne connaissent rien au-del de ce quelles rvlent le fait que les rticences rencontres dans les cas extrinscation mdiumnique, correspondent aux dfauts des cas extrinscation subconsciente (o le sensitif peroit ou rcepte les dtails secondaires dun vnement futur, et nen peroit ou rcepte pas les essentiels), on narriverait qu dplacer le problme sans le rsoudre, car ceci ne fait que dcouvrir dune faon vidente lexistence dune intentionnalit slectionnatrice des dtails transmis, dans de nombreux pisodes extrinscation subconsciente, comme dans le premier genre de phnomnes ; car si les prmonitions tiraient exclusivement leur origine d 'infrences subconscientes, on ne comprendrait pas comment la subconscience parvienne infrer de causes existantes dans le prsent les dtails insignifiants et imprvisibles dune situation future, et nen infre pas lincident fondamental, dterminateur de la situation.

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