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S138 Communications affichées / La Revue de médecine interne 30 (2009) S77–S151 CA175 Œdèmes acraux révélateurs d’une lèpre lépromateuse H. Durox a , C. Martin b , V. Doffoel-Hantz c , P. Pinet a , S. Ducroix-Roubertou a , E. Denes a , J.-M. Bonnetblanc c , P. Weinbreck a a Maladies infectieuses et tropicales, CHU Dupuytren, Limoges, France b Service de bactériologie-virologie, CHU Dupuytren, Limoges, France c Dermatologie, CHU Dupuytren, Limoges, France Introduction.– La lèpre, ou maladie de Hansen, est une pathologie infectieuse due à Mycobacterium leprae qui reste endémique dans certains pays. La symp- tomatologie clinique est polymorphe et parfois trompeuse. Nous rapportons le cas d’œdèmes des extrémités inauguraux d’une lèpre dans sa forme borderline lépromateuse (BL). Observation.– M.F., 25 ans, sénégalais, sans antécédents particuliers, consulte pour des œdèmes des extrémités apparus 3 semaines après son arrivée en France. L’examen initial met en évidence un œdème indolore, infiltré et bien limité des mains, des pieds et de l’hémiface droite, ainsi qu’une lésion pseudo-urticarienne du tronc. Le bilan étiologique initial est négatif et le patient est revu 10 jours plus tard dans un contexte d’altération de l’état général fébrile avec des lésions devenues plus inflammatoires, douloureuses et invalidantes et avec apparition de lésions maculopapuleuses desquamatives, de quelques centimètres de diamètre, sur les membres et le tronc. Le diagnostic de lèpre est évoqué et confirmé par l’histologie cutanée, qui retrouve une dermite granulomateuse correspondant à une lèpre dans sa forme histoïde et par la microbiologie (suc dermique et biopsie cutanée). Le bilan met en évidence une atteinte multiviscérale en particulier ophtalmologique (épisclérite), articulaire (synovites, arthrite) et rénale (néphrite interstitielle aiguë diffuse d’origine immunoallergique). Une trithérapie anti- lépreuse (rifampicine, dapsone, clofamazine) est débutée et devant l’association d’une atteinte rénale sévère et d’une névrite aiguë, une corticothérapie orale à 1 mg/kg/j est ajoutée au traitement. Discussion.– Ce cas clinique est original part sa présentation clinique atypique avec une symptomatologie inaugurale à type d’œdèmes et d’érythème noueux lépreux. Le syndrome des mains boudinées est peu décrit dans la forme lépro- mateuse bien qu’il y serait présent dans deux-tiers des cas. Cependant, ces manifestations constituent rarement le mode de révélation de la maladie. Ceci est important à connaître car le diagnostic de lèpre doit être précoce afin de limiter le risque de complications potentiellement sévères. Conclusion.– La lèpre doit faire partie des diagnostics à évoquer devant des œdèmes de topographie acrale survenant chez des patients originaires du pays d’endémie. doi:10.1016/j.revmed.2009.03.309 CA176 Apport de la tomographie par émission de positons couplée au scanner (TEP-scan) dans le diagnostic de leishmaniose viscérale M. Casadevall a , L. Mambré a , M. Cornet b , N. Caillat-Vigneron c , E. Aslangul a , C. Le Jeunne a a Medecine interne, Hôtel-Dieu, Paris, France b Microbiologie, Hôtel-Dieu, Paris, France c Médecine nucléaire, Hôtel-Dieu, Paris, France Introduction.– Chez les patients non infectés par le VIH, la leishmaniose vis- cérale à Leishmania infantum peut prendre des aspects cliniques trompeurs. L’imagerie peut-elle améliorer le diagnostic ? Patients et méthodes.– Un homme de 19 ans somalien, consulte quelques jours après son arrivée en France pour une fièvre évoluant depuis un mois. Observation.– L’état général est conservé mais il se plaint de pics fébriles quo- tidiens à 40 C. L’examen clinique est normal. Le bilan biologique initial met en évidence une lymphopénie à 800/mm 3 , une neutropénie à 830/mm 3 et une thrombopénie à 89 000/mm 3 sans anémie. La CRP est à 34 mg/l (N < 5 mg/l), la ferritinémie à 9500 g/l (N < 233 g/l) avec un coefficient de saturation à 14 %, le fibrinogène est bas (1,54 g/l), les LDH à 3 N, les triglycérides à 1,74 mmo/l (N < 1.5 mmol/l). Le bilan hépatique et l’ionogramme sanguin sont normaux. L’hémostase est normale, les gammaglobulines sont à 16g/l, polyclonales. Le frottis-goutte épais est négatif. Les hémocultures et l’ECBUsont négatifs. Les sérologies HIV, HBV, HCV, EBV, HHV6, parvovirus B19, VZV, HSV 1 et 2, syphilis, toxoplasmose, légionelle, bartonelle, ricketssies et coxiella sont négatives. Le myélogramme montre une moelle de richesse diminuée avec une dysgranulopoïèse d’aspect toxique, la recherche par PCR de HSV, VZV, Parvo- virus B19, EBV, CMV et HHV6 sont négatives. Les cultures mycobactérie de la moelle et du sang restent négatives à 30 jours. La recherche de leishmanies au direct du frottis de moelle est négative. Devant la persistance de la fièvre, on décide de réaliser une TEP-scan qui retrouve une fixation splénique hétéro- gène isolée. On s’oriente alors vers une pathologie tumorale splénique et une splénectomie est programmée quand la sérologie Leishmania infantum revient positive en IFI à 1/1600 (N < 1/100) et en Western Blot (2 bandes positives, P14 et P16). Un traitement par amphotéricine B liposomale est entrepris : 3 mg/kg/j pendant 5 jours, puis 2 doses à j14 et j21. Le patient guérit en 15 jours. Discussion.– On connaît l’intérêt du TEP-scan pour les fièvres ou les syndromes inflammatoires inexpliqués. En ce qui concerne les pathologies parasitaires, on rapporte un cas de fixation hépato-splénique et médullaire au cours d’une leishmaniose viscérale [1]. La particularité de notre observation est la fixation hétérogène, nodulaire et exclusive, de la rate qui nous a orienté, à tort, vers une pathologie tumorale splénique. Conclusion.– Ce cas illustre l’apport potentiel de l’imagerie par TEP-scan pour le diagnostic des infections parasitaires. L’évaluation de cette technique reste souhaitable dans cette indication. Référence [1] Lupi A, et al. Clin Nucl Med 2006;31:34. doi:10.1016/j.revmed.2009.03.310 CA177 Leishmaniose viscérale : quand une empreinte génétique dévoile le lieu de contamination H. Delacour a , C. Roche b , F. Dutasta c , B. Soullié b , C. Morand d , K. Kuhls e , J.L. Koeck b a Fédération de biologie clinique, hôpital d’instruction des armées Bégin, Saint-Mandé, France b Fédération de biologie clinique, hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué, Bordeaux, France c Médecine interne, hôpital d’instruction des armées Bégin, Saint-Mandé, France d Federation de médecine interne, hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué, Bordeaux, France e Institut de microbiologie et d’hygiène, université de médecine de la charité, Berlin, Allemagne Introduction.– Chaque année, en France, une trentaine de cas de leishmanioses viscérales est rapportée, la majorité étant des cas autochtones. Cependant, la dis- tinction entre cas autochtones et cas importés peut se révéler difficile si le patient a effectué des séjours successifs dans différentes zones d’endémie. Dans ces cas, le typage de l’espèce parasitaire à l’aide de techniques de biologie moléculaire apparaît comme un outil de choix pour identifier le lieu de contamination. Patients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une leishmaniose viscérale à Leishmania infantum chez un patient ayant séjourné successivement à Djibouti, puis dans la région marseillaise. L’évolution est favorable après instauration d’un traitement par N-acétyl-glucamine (20 mg/kg/j i.m. pendant 20 jours). Leishma- nia infantum étant présente dans le bassin méditerranéen et en Afrique de l’Est, il n’est pas possible de conclure sur l’origine de la contamination. Résultats.– Pour répondre à cette interrogation, un typage multi-locus de la souche par la méthode des microsatellites (MLMT) est réalisé (étude de 15 microsatellites). Cet examen met en évidence un variant de L. infantum (zymodème MON-1) présent dans le bassin méditerranéen et permet d’affirmer une contamination autochtone du patient. Discussion.– Tous les organismes (procaryotes et eucaryotes) possèdent dans leur génome des successions de motifs d’ADN identiques. Ils sont appelés mini- ou microsatellites selon leur taille. Leur polymorphisme de longueur est lié au nombre de répétitions du motif qui les compose (nombre variable ou variable number of tandem repeat, VNTR). L’étude de plusieurs mini- ou microsatel- lites hautement polymorphes permet d’établir une « empreinte génétique » de l’organisme. Si ces analyses sont mises en œuvre en médecine légale depuis la fin des années 1980, leur utilisation en microbiologie est plus récente (début des années 2000). Si elles sont principalement employées dans le cadre d’études

Apport de la tomographie par émission de positons couplée au scanner (TEP-scan) dans le diagnostic de leishmaniose viscérale

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Maladies infectieuses et tropicales, CHU Dupuytren, Limoges, FranceService de bactériologie-virologie, CHU Dupuytren, Limoges, FranceDermatologie, CHU Dupuytren, Limoges, France

ntroduction.– La lèpre, ou maladie de Hansen, est une pathologie infectieuseue à Mycobacterium leprae qui reste endémique dans certains pays. La symp-omatologie clinique est polymorphe et parfois trompeuse. Nous rapportons leas d’œdèmes des extrémités inauguraux d’une lèpre dans sa forme borderlineépromateuse (BL).bservation.– M.F., 25 ans, sénégalais, sans antécédents particuliers, consulteour des œdèmes des extrémités apparus 3 semaines après son arrivée en France.’examen initial met en évidence un œdème indolore, infiltré et bien limité desains, des pieds et de l’hémiface droite, ainsi qu’une lésion pseudo-urticarienne

u tronc. Le bilan étiologique initial est négatif et le patient est revu 10 jourslus tard dans un contexte d’altération de l’état général fébrile avec des lésionsevenues plus inflammatoires, douloureuses et invalidantes et avec apparition deésions maculopapuleuses desquamatives, de quelques centimètres de diamètre,ur les membres et le tronc. Le diagnostic de lèpre est évoqué et confirmé par’histologie cutanée, qui retrouve une dermite granulomateuse correspondant àne lèpre dans sa forme histoïde et par la microbiologie (suc dermique et biopsieutanée). Le bilan met en évidence une atteinte multiviscérale en particulierphtalmologique (épisclérite), articulaire (synovites, arthrite) et rénale (néphritenterstitielle aiguë diffuse d’origine immunoallergique). Une trithérapie anti-épreuse (rifampicine, dapsone, clofamazine) est débutée et devant l’association’une atteinte rénale sévère et d’une névrite aiguë, une corticothérapie orale àmg/kg/j est ajoutée au traitement.iscussion.– Ce cas clinique est original part sa présentation clinique atypique

vec une symptomatologie inaugurale à type d’œdèmes et d’érythème noueuxépreux. Le syndrome des mains boudinées est peu décrit dans la forme lépro-

ateuse bien qu’il y serait présent dans deux-tiers des cas. Cependant, cesanifestations constituent rarement le mode de révélation de la maladie. Ceci

st important à connaître car le diagnostic de lèpre doit être précoce afin deimiter le risque de complications potentiellement sévères.onclusion.– La lèpre doit faire partie des diagnostics à évoquer devant desdèmes de topographie acrale survenant chez des patients originaires du pays’endémie.

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Medecine interne, Hôtel-Dieu, Paris, FranceMicrobiologie, Hôtel-Dieu, Paris, FranceMédecine nucléaire, Hôtel-Dieu, Paris, France

ntroduction.– Chez les patients non infectés par le VIH, la leishmaniose vis-érale à Leishmania infantum peut prendre des aspects cliniques trompeurs.’imagerie peut-elle améliorer le diagnostic ?atients et méthodes.– Un homme de 19 ans somalien, consulte quelques joursprès son arrivée en France pour une fièvre évoluant depuis un mois.bservation.– L’état général est conservé mais il se plaint de pics fébriles quo-

idiens à 40 ◦C. L’examen clinique est normal. Le bilan biologique initial metn évidence une lymphopénie à 800/mm3, une neutropénie à 830/mm3 et unehrombopénie à 89 000/mm3 sans anémie. La CRP est à 34 mg/l (N < 5 mg/l), laerritinémie à 9500 �g/l (N < 233 �g/l) avec un coefficient de saturation à 14 %,

e fibrinogène est bas (1,54 g/l), les LDH à 3 N, les triglycérides à 1,74 mmo/lN < 1.5 mmol/l). Le bilan hépatique et l’ionogramme sanguin sont normaux.’hémostase est normale, les gammaglobulines sont à 16 g/l, polyclonales. Lerottis-goutte épais est négatif. Les hémocultures et l’ECBUsont négatifs. Lesérologies HIV, HBV, HCV, EBV, HHV6, parvovirus B19, VZV, HSV 1 et

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, syphilis, toxoplasmose, légionelle, bartonelle, ricketssies et coxiella sontégatives. Le myélogramme montre une moelle de richesse diminuée avec uneysgranulopoïèse d’aspect toxique, la recherche par PCR de HSV, VZV, Parvo-irus B19, EBV, CMV et HHV6 sont négatives. Les cultures mycobactérie dea moelle et du sang restent négatives à 30 jours. La recherche de leishmaniesu direct du frottis de moelle est négative. Devant la persistance de la fièvre,n décide de réaliser une TEP-scan qui retrouve une fixation splénique hétéro-ène isolée. On s’oriente alors vers une pathologie tumorale splénique et uneplénectomie est programmée quand la sérologie Leishmania infantum revientositive en IFI à 1/1600 (N < 1/100) et en Western Blot (2 bandes positives, P14t P16). Un traitement par amphotéricine B liposomale est entrepris : 3 mg/kg/jendant 5 jours, puis 2 doses à j14 et j21. Le patient guérit en 15 jours.iscussion.– On connaît l’intérêt du TEP-scan pour les fièvres ou les syndromes

nflammatoires inexpliqués. En ce qui concerne les pathologies parasitaires,n rapporte un cas de fixation hépato-splénique et médullaire au cours d’uneeishmaniose viscérale [1]. La particularité de notre observation est la fixationétérogène, nodulaire et exclusive, de la rate qui nous a orienté, à tort, vers uneathologie tumorale splénique.onclusion.– Ce cas illustre l’apport potentiel de l’imagerie par TEP-scan pour

e diagnostic des infections parasitaires. L’évaluation de cette technique resteouhaitable dans cette indication.éférence

1] Lupi A, et al. Clin Nucl Med 2006;31:34.

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eishmaniose viscérale : quand une empreinte génétiqueévoile le lieu de contamination. Delacour a, C. Roche b, F. Dutasta c, B. Soullié b, C. Morand d, K. Kuhls e,

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Fédération de biologie clinique, hôpital d’instruction des armées Bégin,aint-Mandé, FranceFédération de biologie clinique, hôpital d’instruction des arméesobert-Picqué, Bordeaux, FranceMédecine interne, hôpital d’instruction des armées Bégin, Saint-Mandé,ranceFederation de médecine interne, hôpital d’instruction des arméesobert-Picqué, Bordeaux, FranceInstitut de microbiologie et d’hygiène, université de médecine de la charité,erlin, Allemagne

ntroduction.– Chaque année, en France, une trentaine de cas de leishmaniosesiscérales est rapportée, la majorité étant des cas autochtones. Cependant, la dis-inction entre cas autochtones et cas importés peut se révéler difficile si le patienteffectué des séjours successifs dans différentes zones d’endémie. Dans ces cas,

e typage de l’espèce parasitaire à l’aide de techniques de biologie moléculairepparaît comme un outil de choix pour identifier le lieu de contamination.atients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une leishmaniose viscérale àeishmania infantum chez un patient ayant séjourné successivement à Djibouti,uis dans la région marseillaise. L’évolution est favorable après instauration d’unraitement par N-acétyl-glucamine (20 mg/kg/j i.m. pendant 20 jours). Leishma-ia infantum étant présente dans le bassin méditerranéen et en Afrique de l’Est,l n’est pas possible de conclure sur l’origine de la contamination.ésultats.– Pour répondre à cette interrogation, un typage multi-locus de

a souche par la méthode des microsatellites (MLMT) est réalisé (étude de5 microsatellites). Cet examen met en évidence un variant de L. infantumzymodème MON-1) présent dans le bassin méditerranéen et permet d’affirmerne contamination autochtone du patient.iscussion.– Tous les organismes (procaryotes et eucaryotes) possèdent dans

eur génome des successions de motifs d’ADN identiques. Ils sont appelés mini-u microsatellites selon leur taille. Leur polymorphisme de longueur est lié auombre de répétitions du motif qui les compose (nombre variable ou variable

umber of tandem repeat, VNTR). L’étude de plusieurs mini- ou microsatel-ites hautement polymorphes permet d’établir une « empreinte génétique » de’organisme. Si ces analyses sont mises en œuvre en médecine légale depuis lan des années 1980, leur utilisation en microbiologie est plus récente (début desnnées 2000). Si elles sont principalement employées dans le cadre d’études