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1 EMBLEMA XLIV. revu le 27 juillet 2003 Dolo Typhon Osyridem trucidat, artúsque illius Hinc inde dissipat, sed hos collegit Isis inclyta. (Typhon 1 tue Osiris par traîtrise et disperse ses membres mais l’auguste Isis 2 les rassemble.) Epigramma XLIV. Dionysos 3 en Grèce, en Syrie Adonis 4 , En Egypte Osiris, sont le soleil des Sages. Isis, épouse, sœur et mère d’Osiris Unit ses membres saints déchirés par Typhon. Mais le phallus se perd au fil de l’eau marine : Le soufre qui donna le soufre n’est plus là. DISCOURS XLIV. L‘allégorie d’Osiris 5 a été ramenée par nous à sa véritable origine, qui est chymique, et expliquée de façon complète en un autre endroit, à savoir le premier Livre des Hiéroglyphes. C’est pourquoi nous jugeons inutile de répéter ici les mêmes choses (bien qu’il faille dire les mêmes choses à propos des mêmes

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EMBLEMA XLIV.

revu le 27 juillet 2003

Dolo Typhon Osyridem trucidat, artúsque illius Hinc inde dissipat, sed hos collegit Isis inclyta.

(Typhon1 tue Osiris par traîtrise et disperse ses membres mais l’auguste Isis2 les rassemble.)

Epigramma XLIV.

Dionysos3 en Grèce, en Syrie Adonis4, En Egypte Osiris, sont le soleil des Sages.

Isis, épouse, sœur et mère d’Osiris Unit ses membres saints déchirés par Typhon. Mais le phallus se perd au fil de l’eau marine :

Le soufre qui donna le soufre n’est plus là.

DISCOURS XLIV.

L‘allégorie d’Osiris5 a été ramenée par nous à sa véritableorigine, qui est chymique, et expliquée de façon complète en unautre endroit, à savoir le premier Livre des Hiéroglyphes. C’estpourquoi nous jugeons inutile de répéter ici les mêmes choses(bien qu’il faille dire les mêmes choses à propos des mêmes

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choses). Nous entreprendrons néanmoins ici un discours parallèlequi se tiendra toujours et demeurera à l’intérieur de l’enceinte del’antique chymie (qui a été célébrée et figurée tout entière par lespoètes). Me persuaderas-tu qu’Osiris est un dieu ou un roiégyptien ? Je ne le croirai pas, même si tu me persuades de lecroire. Tout autre en effet est l’odeur des chiens et tout autre celledes porcs, comme le dit le proverbe. Je nie donc absolument qu’ilsoit un dieu, et tu te rangeras à mon avis, à moins d’être un païenou d’avoir une opinion déviée de la droite raison. Il ne fut pas nonplus un roi : toutes les circonstances exposées ailleurs ledémontrent. Il est le soleil, mais le soleil philosophique, et ce nomqu’on lui trouve attribué ça et là dans les livres a été interprété dusoleil extérieur par le vulgaire qui ne connaissait pas d’autrelumière que cette lumière du monde. Le soleil des philosophes tire son nom du soleil du monde parcequ’il contient les propriétés naturelles qui descendent de ce soleilcéleste ou qui lui conviennent. Le soleil est donc Osiris, Dionysos,Bacchus, Jupiter, Mars, Adonis, Œdipe6, Persée7, Achille8,Triptolème9, Pélops10, Hippomène11, Pollux12. La lune, de soncôte, est Isis13, Junon14, Vénus15, la mère d’Œdipe16, Danaë17,Déïdamie18, Atalante19, Hélène20, et aussi Latone21, Sémélé22,Europe23, Léda24, Antiope25, Thalie26. Et ce sont les parties ducomposé qui avant l’opération est appelé pierre et du nom de toutmétal, magnésie. Après l’opération son nom est Orcus27,Pyrrhus28, Apollon29, Esculape30. L’artiste est Hercule31, Ulysse32, Jason33, Thésée34, Pirithoüs35. Innombrables sont lestravaux et les périls dont ces artistes épuisèrent la coupe. Voyezles travaux d’Hercule36, les navigations errantes d’Ulysse, lespérils de Jason, les entreprises de Thésée et la rétention dePirithoüs37. Il y a là un volume considérable de matière etd’enseignement où l’on voit, à toutes les pages, aller et venirVulcain, Mercure et Saturne, ce dernier comme père et cause detous, Mercure, comme matière et forme, Vulcain comme agent38. Le soleil prend pour femme la lune sa sœur, Jupiter épouseJunon, comme Saturne prend Rhéa et Osiris Isis. Dionysos estsauvé du corps de sa mère Sémélé consumée par Jupiter, pourêtre placé dans la cuisse de son père Jupiter afin d’y parvenir àmaturité. De même Esculape est arraché à sa mère Coronis.Dionysos devenu grand montre aux hommes le nouveau breuvagedu vin et entreprend une expédition jusqu’en Inde. Osiris etTriptolème enseignent la manière de semer et d’utiliser lescéréales, Esculape celle d’administrer la médecine. Dionysos,ainsi appelé par les Grecs, est Bacchus pour les Romains, Osirispour les Egyptiens, Adonis pour les Syriens. Œdipe tue son pèreet épouse sa mère ; Persée met à mort son aïeul ; Typhon, sonfrère Osiris ; un sanglier, Adonis. Cérès, nourrice de Triptolème,tue son père Eleusios. Hippomène vainc Atalante grâce a unepomme d’or39 ; Tantale, père de Pélops, obtint la main

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d’Hippodamie à la suite d’un concours de chars. Osiris fut coupéen morceaux, et il fut rassemblé par Isis, sa mère, sa sœur et sonépouse L’enfant Pélops, qui avait été cuit et bouilli, et dont Cérésavait mangé l’épaule, fut rendu à la vie, grâce à l’adjonction d’uneépaule en ivoire40. Achille et Triptolème furent placés sous descharbons la nuit et nourris de lait le jour, l’un par sa nourriceCérès, l’autre par sa mère Thétis41. Achille et Hélène furent lescauses de la guerre de Troie, l’une comme cause déterminante,l’autre comme cause efficiente42. Hélène naquit d’un œuf et lapomme d’Erisla, première cause du rapt d’Hélène, fut jetée auxnoces de Pelée et de Thétis d’où naquit Achille. Pollux fut dunombre des Argonautes que l’on suppose avoir vécu (s’ils ontvécu) cinquante ans environ avant le début de la guerre de Troie,et Hélène sortit du même œuf que Pollux. Hélène était donc unevieille femme lorsque Paris l’enleva. Achille épousa, auxChamps-Elysées, Médée, qui devait être alors une vieilleédentée, à moins qu’elle ne se soit rendu la jeunesse àelle-même, comme elle l’avait fait pour Aeson, père de Jason, etcomme Cérès le fit pour Pélops, appelé pour cette raison deuxfois pubère43. Persée reçut un cheval ailé de Pallas et lui apportaen remerciement la tête de Méduse, tandis que Mercure remettaitla harpe et le reste des dieux d’autres armes. Triptolème reçut deCérès un char attelé de dragons ailés. Pendant que Pallasnaissait du cerveau de Jupiter, il plut de l’or à Rhodes, de mêmeque quand le Soleil s’unit à Vénus. Et Jupiter devint or pourséduire Danaë, cygne pour Léda, coucou pour sa sœur Junon,taureau pour Europe, satyre pour Antiope, et ainsi il y aconcordance en toutes choses44.

Notes

1. C'est à un festival olympien et hermétique que nous sommesconviés dans cet emblème. Le parallèle est mis en avant, d'aborddes diverses attributions divines du hiéroglyphe solaire, puis decelui de la lune. Enfin, les opérations touchant à la dissolutionsont abordées par l'examen de pas moins de douze fablesantiques, la plupart d'origine grecque, d'autres se réclamant d'uneorigine encore plus lointaine. Mais l'essentiel du discours tient auxfigurations diverses de la lune et du soleil. La première légendedu présent emblème met à nouveau l'accent sur le processus dedissolution. Nous n'allons plus rappeler ce qui a été dit dans cespages ; aussi on se contentera de références par lienshypertextes pour les points de symbolisme déjà exposés. Noussignalerons entre crochets le nombre d'occurrences internes àl'ensemble du site pour les noms cités. Le tableau suivantpermettra de repérer les pages qui exposent ou qui mettent leplus en lumière les allégories et paraboles s'y rapportant.

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divinité oumonstre

principe alchimique

rapports avec l'Olympe

envisagés dupoint de vue de

l'alchimie

sections où lenom du dieu ou du monstre est

particulièrementmis en lumière

Typhon

menstruefétide

eau et feu - se détruitlui-même premier

mercure hybride,

mosaïque fiel de verre

généralités

Héphaïstos -Héra

Cerbère Osiris

métamorphosesl'hydre de

Lerne Scylla sphinx

surnom de Typhon

fiel de verre

humide radicalmétallique -

Matière - Atalanta, XIX,Atalanta, XLIII philalèthe, VI Atalanta XIII Atalanta, VI

Triomphehermétique Philosophia Reformata

Atalanta, XIII Atalanta, XXVIIIAtalanta, XLIII

Art de la Verrerie

TABLEAU I (Typhon du point de vue de l'alchimie)

A cela, ajoutons que Typhon naît dans la boue, le limon [Pernety,Fables], d'où sans doute son surnom de Σµυ [la pierre à polir se dit

σµυρις]. Que Typhon renvoie au Mercure, directement, par lesmétamorphoses qu'il induit [Diane se transforme en chate aux yeuxperçants et aux moustaches en forme de mérelle ; Mercure se transformeen Ibis - dieu Thot - ; Bacchus se transforme en bouc ; Junon, en une vacheblanche ; Vénus, en poisson]. Notons que les métamorphoses deBacchus et Vénus se rapprochent, quand on les superpose, duhiéroglyphe du Capricorne, moins la chèvre. Voici un extrait surTyphon, que nous n'avons pas encore donné [cf. humide radicalmétallique pour la suite] :

Nous avons dis qu’Osiris était le principe igné, doux & génératifque le Nature emploie dans la formation des mixtes ; & qu’Isisen était l’humide radical ; car il ne faut pas confondre l’un avecl’autre, puisqu’ils différent entre eux comme la fumée & laflamme, la lumière & l’air, le soufre & le mercure. L’humeurradicale est dans les mixtes le siège & la nourriture du chaudinné, ou feu naturel & céleste, & devient comme le lien quil’unie avec le corps élémentaire ; cette vertu ignée est commela forme & l’âme du, mixte. C’est pourquoi elle fait l’office demâle, & l’humeur radicale fait, en tant qu’humide, la fonction defemelle; ils sont donc comme frère & sœur, & leur réunion

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constitue la base du mixte. Mais ces mixtes ne sont pascomposés de la seule humeur radicale ; dans leur formation,des parties homogènes, impures & terrestres se joignent à luipour compléter le corps du mixtes ; & ces impuretés grossières& terrestres sont le principe de sa corruption, à cause de leursoufre combustible, âcre & corrosif, qui agit sans cesse sur lesoufre pur & incombustible. Ces deux soufres ou feux sontdonc deux frères, mais des frères ennemis; & par la destructionjournalière des individus, on a lieu de se convaincre que l’impurl’emporte sur le pur. Ce sont les deux principes bons &mauvais donc nous avons parlé dans les chapitres premier &second de ce livre. [...] Hérodote (In Euterpe.) dit que lesEgyptiens ne comptaient d’abord que huit grands Dieux,c’est-à-dire, les sept métaux, & le principe dont ils étaientcomposés. Typhon était né de la terre, mais de la terregrossière, étant le principe de la corruption. Il fut la cause de lamort d’Osiris, parce que la corruption ne se fait que par lasolution que nous avons expliquée en parlant de la mort de cePrince. [Pernety, Fables, histoire de Typhon]

Typhon représente le principe mercuriel ou pontique, que l'onretire des terres vitrioliques et des terres grasses. De formemi-humaine, mi-bestiale, il est pourvu d'ailes, ayant à la place desdoigts cent têtes de dragons, ceinturé de vipères du nombril auxchevilles, les yeux jetant des flammes si grand qu'il peut aller descolonnes d'Hercule à celles de Dionysos. Contrairement à cequ'on voit écrit, ce n'est pas le plus redoutable ennemi de l'esprit ;bien au contraire, Typhon qui est la quintessence du Mercure enson premier état, est le passage obligé vers le second Mercure,préparé et animé. C'est par vengeance qu'Héra enfanta de cemonstre. La vengeance cache un trait de cabale qui explique unepartie de la conformation de Typhon [cf. Atalanta, XLII, Erinyes], notamment les ailes et les serpents [mais selon toute apparence,Typhon était si déformé et si monstrueux qu'il avait des cheveux à la placedes doigts. Pourquoi ? Nous laisserons au lecteur chercher la solution decette énigme, très facile à résoudre au reste]. Notons que cette riposted'Héra faisait suite à la naissance de Pallas - Athéna, sortie toutearmée du cerveau de Zeus. Cela doit faire l'objet, d'ailleurs, d'undes prochains emblèmes. Il n'est pas facile de trouver une imagetrçant trait pour trait la monstruosité que présente Typhon. Peu deperosnnes l'ont vu, aucun humain ne l'a approché, tous les dieuxqui l'ont vu se sont métamorphosés, hormis Zeus qui au termed'un combat homérique, l'écrasa de sa foudre sous le volcanEtna, ce qui pourrait expliquer d'ailleurs, pourquoi ce volcan esten éruption permanente. Pourtant, nous avons trouvé l'imagesuivante

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FIGURE I

(Typhon - le Mercure des Philosophes, Della transmutatione metallica, Giovanni Battista Nazari, Brescia, 1589)

qui paraît bien en avoir certains caractères, par la difformité destraits qu'elle présente. Observez notamment la Lune, prise dansson premier quartier, au bec de rapace et la TERRE, transforméeen une sorte d'écrevisse monstrueuse. En tout cas, le corpscouvert d'écailles rend notre verdict formel : il s'agit bien d'uneversion très allégée - si l'on peut dire - de Typhon, devant qui lesdieux eux-mêmes se métamorphosaient aussitôt pour éviter dedisparaître.

2. Isis [21].

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divinitéou

monstre

principe alchimique

rapports avec

l'Olympeenvisagésdu point

de vue de l'alchimie

sections où lenom du dieu ou du monstre est

particulièrementmis en lumière

Isis

principe de réunion

matrice tripartite

Lune [1er quartier] Horus

pierre de vautour

noms d'Isis

Déméter -Proserpine

Hécate

Lettre de Limojon

prima materia LapidairesChinois

Triomphe de Limojon

Atalanta, XXII Atalanta, XXXII,

XXXVIIITABLEAU II

(Isis, du point de vue de l'alchimie)

Nous ajouterons à ce tableau qu'Horus représente le Rebis, filsd'Isis et d'Osiris. Que Proserpine cache un point de cabale, par lebiais de son grec Persejonh. Par persea, elle indique que lagraine produit elle-même le fruit [persea désigne un arbre à fruitégyptien dont l'espèce paraît perdue et dont le fruit était produitpar la graine même, parfois confondu à tort avec le pêcher]. Isisest évidemment un symbole complexe qui ne recouvre pas que laLune. C'est une déesse tripartite qui tient à la fois du Mercure,passée le stade la ponticité, du Soufre et du principe degénération. On comprend pourquoi les hermétistes l'ont associéau vautour.

3. Dionysos [19]

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divinité oumonstre

principe alchimique

rapports avec

l'Olympeenvisagésdu point

de vue de l'alchimie

sections où lenom du dieu ou du monstre est

particulièrementmis en lumière

Dionysos

Soufre Rebis

Aurore vin [au

sens du Mercure]

Apollon Bacchus

Horus rapport avec

Athéna

Atalanta, VI Atalanta, XI

Atalanta, XXXIVAtalanta, XXXV

et XXXVIII

TABLEAU III (Dionysos, du point de vue de l'alchimie)

Dionysos a une conception qui ne laisse pas d'intriguer. Il est nédes amours de Zeus et de Sémélé [qui contracte des rapports avecSéléné, Artémis et Hécate]. Sémélé voulut voir son amant divin et soncorps se consuma sur le champ. Zeus, avant que la combustionait été complète, extirpa du corps embrasé de Sémélé dionysos etle logea dans sa cuisse. Il fut déguisé en fille [en fait, il apparaîtcomme un demi frère de Pallas - Athéna]. Il fut métamorphosé enchevreau par Zeus, pour éviter la colère d'Héra. Remarquez quele trio Bacchus [bouc] - Dionysos [chevreau] - Vénus [poisson] finitde compléter l'hiéroglyphe du Capricorne. Parvenu à l'âge adulte,Dionysos manifesta encore des signes mercuriels prononcés,puisqu'il fut à son tour frappé de démence. C'est alors qu'à sontour, il prit son bâton de pèlerin pour enseigner de par le mondecomment cultiver la vigne qui permet de préparer le vin desSages, en transformant le Soufre végétal en Eau de vie qui, parles années, se transforme en terre qui se dépose sur les vieuxtonneaux de chêne. C'est cette terre foliée de tartre que l'on peutemployer dans la préparation du Mercure. Ainsi, parti du soleil quiarrose la vigne de sa lumière, pendant la canicule, le rayon ignéira d'abord se concentrer dans le raisin, avant de sédimenter dansl'eau de vie, et d'être utilisé comme moyen qu'on dit occulte, pourpréparer une nouvelle terre où, ramené sous forme vive, ilretrouvera dans l'escarboucle des Sages sa forme première, maistransfigurée. ΕΝ ΤΟ ΠΑΝ. Dionysos poursuit son périple en allanten Egypte [le limon noir du Nil, les sublimations philosophiques], enSyrie [Συρος, Syrien ; désignant des substances qui coulent ensemble au

grè du Mercure, par συρρεω], en Phrygie [ϑρυγια, désignant la terrede Troie, là où l'on trouve la déesse Cybèle avec sa pierre noire, la pierrephrygienne, sorte d'ocre faite de marbre]. La terre de Troie désigneaussi le mont Œta [Οιτη, aujourd'hui Kumayta ou Kumaita, montagne

de Thessalie ; par cabale, on peut en rapprocher le mot Χηµια, qui

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désignait auparavant l'Egypte et qui, pour les anciens chimistes, désignaientle début de leur Art] où Hercule se brûla, consumé par la tunique deNessus [Atalanta, XXV]. Notez encore que l'on peut rapprocher laPhrygie de l'athanor [ϕρυγευς, ustensile pour faire griller, le poêlon deFulcanelli en somme] et de l'un des principaux composés duMercure [ϕρυγανιτις, feu de broussailles ou de menu bois]confirmant ce que certains laissent entendre quand ils disent que leur dissolvant n'est autre que de la terre de bruyère ou de la terrede pipe. Assez là-dessus. Dionysos poursuit son voyage dans laterre de Troie, où Cybèle [51] va l'initier à ses mystères. Délivréde sa folie, il va jusqu'en Thrace où le roi Lycurgue [Atalanta, XXXV] l'oblige à fuir chez Thétis [la mère d'Achille, cf. Atalanta, VI et XXXV].Peu après, Dionysos revient en vainqueur chez Lycurgue, qu'ilfrappe de folie parce qu'il avait osé arracher des plants de vignepuis il rend la Thrace stérile [par l'eau ignée sans doute : Thétis, divinitémarine, l'une des Néréides, a des rapports avec le feu sacré, Atalanta,XXXV, note 3]. Rappelons que la Thrace désigne par jeu de motsde la pierre de Thrace, dont on disait qu'elle s'enflammait aucontact de l'eau [θρακιασ, cf. Atalanta, I]. Pour apaiser Dionysos,les Bacchantes [que Lycurgue avait fait enchaîner ; les Bacchantes sontles satellites de Dionysos, sorte d'Erinyes à leur manière, vétues de peauxde lion, qui accuse leur inclination vers le Soufre, elles portent le thyrse,sorte de lance entourée de pampre et de lierre, qui est, au vrai, le sceptre deBacchus] écartelèrent leur roi [dissolution du corps, démembrementanalogue à celui pratiqué par Typhon sur Osiris ou par Médée surAbsyrtos]. Le même épisode va se réépter, à peu près, à Thèbesoù Penthée [Πενθευς, proche de πενθεω, pleurer, déplorer, épithètesde la disolution, de la mise au tombeau des corps] sera mis en piècespar sa mère, Agavé [Αγαυη, proche de αγαυος : brillant. Le sens del'allégorie est que la noirceur - la mise au tombeau - soit vaincue afin quel'occulte devienne manifeste, c'est-à-dire que les couleurs de la queue depaon apparaissent, signe de la conjonction des principes], atteinte elleaussi de folie furieuse. Les Proétides, filles du roi Proétos, quin'avaient pas consenti à accueillir le dieu, sombrèrent aussi dansla démence et se répandirent dans la campagne en mugissant[peut-être une allusion à une vache blanche, désignant Junon, cf. supra].On dit que les Proétides ont aussi été atteintes de folie parcequ'elles avaient voulu se comparer, du point de vue de leurbeauté, à Héra, ce qui renforce en un sens, notre dernière noteentre crochets. Le roi Proétos permet de revenir à un autre roi,son frère jumeau, en la personne d'Acrisios, une vieilleconnaissance [faut-il rappeler qu'Acrisios est le père de Danae, que Zeusrejoint dans sa tour obtuse d'airain, sous la forme d'une pluie d'or aumoment, où, chose singulière ! il pleut aussi de l'or à Rhodes...1, 2, 3, 4, 5,6, 7, 8,]. N'oublions pas que, de surcroît, Aganippè [l'une des deuxsources métalliques que cite Fulcanelli dans le Mystère des Cathédrales, avec Hippocrène : il s'agit des deux sources du Lait de Vierge de l'Azoth ; elles forment encore les deux natures métalliques rendues fluides commede l'eau. A charge pour l'Artiste de savoir les maintenir pendant un longtemps, au feu, sans qu'elles soient victimes de la fascination que Zeus atoujours exercé sur les Naïades dévêtues. Marc-Antoine Gaudin a signaléson étonnement de la manière dont se comporte une certaine terre, quand

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on la force au feu ; cf. Soufre-] est la mère de Danae. On peut, d'unléger trait de cabale, rapprocher Acrisios [Ακρισιος] de ακρις.Cela suffira à propulser nos natures métalliques au sommet desmontagnes [ακρις], ce qui hâtera leur conjonction. Voudrait-onavoir le cachet de certification de cette conjecture ? Nous ferionssignaler qu'Acrisios se décline en ακρις et en ιος. Il n'en faut pasplus pour garantir que la conjonction des violettes s'opèredécidément en un lieu azuré, conformément aux assertionsprophétiques de Jean d'Espagnet [1, 2,]. Mais il y a plus : Acrisiosn'est autre que le grand père de Persée qui sut comment vaincreMéduse, en tirant et Pégase, et Chrysaor sur lesquels nous avonsdit tant de choses. Dionysos poursuit sa route et s'embarque pourNaxos [on trouve dans cette île une substance nommée σµυρις, appelée

aussi ναξιος, cf. Atalanta, XXX. Voyee aussi Atalanta, XXXIV pour une histoire de Bacchus]. Pendant la traversée, l'équipage, qui estcomposé de pirates, veut le retenir comme esclave ; alors ilimmobilise le bateau et le couvre de lierre [allusion à une substanceastringente, liée au thyrse de Bacchus et au rémora ; cf. De CyranoBergerac]. Epouvantés, les marins se jettent à l'eau, où ils sonttransformés en dauphin [début de la réincrudation des Soufres]. Naxosest l'une des Cyclades : c'est là que Dionysos épousera Ariane [le fil du labyrinthe], abandonnée par Thésée. On dit encore queDionysos alla chercher sa mère, Sémélé, aux Enfers et se renditdans l'Olympe où elle figure désormais sous la forme d'uneconstellation : Thyoné [θυωνη]. Voilà qui clôt cette histoirerésumée à grands traits, de Dionysos qu'il ne faut pas confondreavec le Bacchus latin, figure plus tournée du côté du Mercure[Atalanta, VI sur le vin des sages] alors que Dionysos a des traits quile rapprochent du soufre, à cause du thyrse. 4. sur Adonis, voyez l'Atalanta, XLI. 5. l'histoire d'Osiris a fait l'objet d'un chapitre des FablesEgyptiennes et Grecques de Pernety. Voici ce chapitre :

Osiris & Isis devenus époux, donnèrent tous leurs soins à fairele bonheur de leurs sujets. Comme ils vivaient dans uneparfaite union, ils y travaillèrent de concert ; ils s’appliquèrent àpolir leur peuple, à leur enseigner l’agriculture, à leur donnerdes lois, & à leur apprendre les arts nécessaires à la vie(Diodore de Sicile, 1.I. c. I. & Plutarque de Iside & Osiride.), ilsleur apprirent entre autres l’usage des instruments & lamécanique, la fabrique des armes, la culture de la vigne & del’olivier, les caractères de l’écriture dont Mercure, ou Hermès,ou Thaut les avait instruit. Isis bâtit, en l’honneur de ses pèresJupiter & Junon, un Temple célèbre par sa grandeur & samagnificence. Elle en fit construire deux autres petits d’or, l’unen l’honneur de Jupiter le céleste, l’autre moindre en l’honneurde Jupiter le terrestre, ou Roi son père, que quelques-uns ontappelé Ammon. Vulcain était trop recommandable pour erreoublié : il eut aussi un Temple superbe, & chaque Dieu,continue Diodore, eut son Temple, son culte, ses Prêtres, sessacrifices. Isis & Osiris instruisirent aussi leurs sujets de lavénération qu’ils doivent avoir pour les Dieux, & l’estime qu’ilsdevaient faire de ceux qui avaient inventé les arts, ou qui les

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avaient perfectionnés. On vit dans la Thébaïde des ouvriers entoutes sortes de métaux. Les uns forgeaient les armes pour lachasse des bêtes ; les instruments & les outils propres à laculture des terres & aux autres arts ; des Orfèvres firent despetits Temples d’or, & y placèrent des statues des Dieux,composées de même métal. Les Egyptiens prétendent même,ajoute notre Auteur, qu’Osiris honora & révéra particulièrementHermès, comme l’inventeur de beaucoup de choses utiles à lavie. C’est Hermès, disent-ils, qui le premier a montré auxhommes la manière de coucher par écrit leurs pensées, & demettre leurs expressions en ordre, pour qu’il en résultât undiscours suivi. Il donna des noms convenables à beaucoup dechoses ; il institua les cérémonies que l’on devait observerdans le culte de chaque Dieu. Il observa le cours des astres,inventa la musique, les différents exercices du corps,l’arithmétique, la médecine, l’art des métaux, la lyre à troiscordes ; il régla les trois tons de la voix, l’aigu pris de l’Eté ; legrave pris de l’Hiver, & le moyen du Printemps. Le mêmeapprit aux Grecs la manière d’interpréter les termes, d’où ils luidonnèrent le nom d’Hermès, qui signifie interprète. Tous ceuxenfin qui du temps d’Osiris firent usage des lettres sacrées,l’apprirent de Mercure. Osiris ayant ainsi disposé tout avec sagesse, & rendu ses Etatsflorissants, conçut le dessein de rendre tout l’Universparticipant du même bonheur. Il assembla pour cet effet unegrande armée, moins pour conquérir le monde par la force desarmes, que par la douceur & l’humanité, persuadé qu’encivilisant les hommes, & leur apprenant la culture des terres,l’éducation des animaux domestiques, & tant d’autres chosesutiles, il lui en resterait une gloire éternelle.Avant que de partirpour son expédition, il régla tout dans son Royaume. Il endonna la régence à Isis, & laissa près d’elle Mercure pour sonconseil, avec Hercule, qu’il constitua intendant des Provinces. Ilpartagea ensuite son Royaume en divers gouvernements. LaPhénicie & les côtes maritimes échurent à Busiris ; la Lybie,l’Ethiopie, & quelques pays circonvoisins à Anthée. Il partieensuite, & fut si heureux dans son expédition, que tous les paysoù il alla se soumirent à son empire. Osiris emmena avec lui son frère que les Grecs appellentApollon, l’inventeur du laurier. Anubis & Macédon, fils d’Osiris,mais d’une valeur bien différente, suivirent leur père ; lepremier avait un chien pour enseigne, le second un loup. LesEgyptiens prirent de là occasion de représenter l’un avec unetête de chien, l’autre avec une tête de loup ; & d’avoir beaucoupde respect & de vénération pour ces animaux. Osiris se fitaussi accompagner de Pan, en l’honneur duquel les Egyptiensbâtirent dans la suite une ville dans la Thébaïde, à laquelle ilsdonnèrent le nom de Chemnim, ou Taille du pain. Maron &Triptolême furent encore de la partie ; l’un pour apprendre auxpeuples la culture de la vigne, l’autre, celle des grains. Osirispartit donc, & l’on a soin de faire remarquer qu’il eut uneattention particulière pour l’entretien de sa chevelure, jusqu’àson retour. Il prit son chemin par l’Ethiopie, où il trouva desSatyres, dont les cheveux descendaient jusqu’à la ceinture.Comme il aimait beaucoup la musique & la danse, il menaavec lui un grand nombre de musiciens ; mais on remarquaitparticulièrement neuf jeunes filles sous la conduite d’Apollon,que les Grecs appelèrent les neuf Muses, & disaient qu’Apollonavait été leur maître ; d’où ils lui donnèrent le nom de musicien,

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& d’inventeur de la musique. Dans ce temps-là, disent les Auteurs, le Nil à la naissance duChien Syrius, c’est-à-dire, au commencement de la canicule,inonda la plus grande partie de l’Egypte, & celle en particulier àlaquelle Prométhée présidait. Ce sage Gouverneur, outré dedouleur à la vue de la désolation de son pays & de seshabitants, voulait de désespoir se donner la mort. Hercule vintheureusement au secours, & fit tant par ses conseils & sestravaux, qu’il fit rentrer le Nil dans son lit. La rapidité de cefleuve, & la profondeur de ses eaux, lui firent donner le nomd’Aigle. Osiris était alors en Ethiopie, où voyant que le dangerd’une telle inondation menaçait tout ce pays, il fit élever desdigues sur les deux rives du fleuve, de manière qu’encontenant les eaux dans leur lit, ces digues laissaientnéanmoins échappée autant d’eau qu’il en fallait pour féconderle terrain. Delà il traversa l’Arabie, & parvint jusqu’auxextrémités des Indes, où il bâtit plusieurs villes, à l’unedesquelles il donna le nom de Nysa, en mémoire de celle où ilavait été élevé, & y planta le lierre, le seul arbrisseau qu’onélève dans ces deux villes. Il parcourut beaucoup d’autres paysde l’Asie, & vint ensuite en Europe par l’Hellespont. Entraversant la Thrace, il tua Lycurgue, Roi barbare, quis’opposait à son passage, & mit le vieillard Maron à sa place. Ilétablit Macédon le fils Roi de Macédoine, & envoya Triprolêmedans l’Attique pour y enseigner l’agriculture. Osiris laissapartout des marques de ses bienfaits, ramena les hommes,alors entièrement sauvages, aux douceurs de la société civile ;leur apprit à bâtir des villes & des bourgs, & revint enfin enEgypte par la mer Rouge, comblé de gloire, après avoir faitélever dans les lieux où il avait passé, des colonnes & d’autresmonuments sur lesquels croient gravés ses exploits. Ce grandPrince quitta enfin les hommes pour aller jouir de la société desDieux. Isis & Mercure lui en décernèrent les honneurs, &instituèrent des cérémonies mystérieuses dans le culte qu’ondevait lui rendre, pour donner une grande idée du pouvoirOsiris. Telle est l’histoire de l’expédition de ce prétendu Roi d’Egypte,suivant ce qu’en rapporte Diodore de Sicile, qui la raconte sansdoute de la manière qu’on la débitait dans le pays. Le genre dela mort de ce Prince n’est pas moins intéressant ; nous enferons mention ci-après, lorsque nous aurons fait quelquesremarques sur les principales circonstances de sa vie. Il n’estpas surprenant que l’on ait supposé Osiris (Diod. loc. cit.) trèsreligieux & plein de vénération envers Vulcain & Mercure ; iltenait de ces Dieux tout ce qu’il était. Suivant l’Auteur cité,Vulcain était Son aïeul, inventeur du feu, & le principal agent dela Nature, pendant qu’Osiris croit lui-même un feu caché. Maisde quel feu Vulcain était-il supposé l’inventeur ? Pense-t-onque ce soit celui dont Diodore parle en ces termes ? « Lafoudre ayant mis le feu à un arbre pendant l’hiver, la flamme secommuniqua aux arbres voisins. Vulcain y accourut, & sesentant réchauffé, recréé & ranimé par la chaleur, fournit au feude nouvelles matières combustibles, & l’ayant entretenu par cemoyen, il fit venir d’autre ; hommes pour être témoins de cespectacle, & s’en préconisa l’inventeur. » Je ne crois pas qu’onadopte ce sentiment de Diodore. Ce feu n’est autre que celuide nos cuisines, qui était très connu même avant le Déluge.Caïn & Abel l’employèrent dans leurs sacrifices ; Tubalcain enfit usage dans les ouvrages de fer, de cuivre & autres métaux.

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On ne saurait dire que par Vulcain, Diodore ou les Egyptiensaient eu en vue Caïn ou Abel. Ce feu dont on attribuel’invention à Vulcain, était donc différent de celui de nos forges,quoiqu’on regarde communément Vulcain comme le Dieu desForgerons. Ce feu, suivant les idées d’Hermès, était le feu dontles Philosophes font un si grand mystère ; ce feu dontl’invention, selon Artéphius, demande un homme adroit,ingénieux & Savant dans la Science de la Nature ; ce feu quidoit être administré géométriquement suivant le mêmeArtéphius & d’Espagnet; clibaniquement si nous en croyonsFlamel, & par poids & mesure au rapport de Raymond Lulle.On peut dire d’un tel feu qu’il a été inventé, & non de celui denos cuisines, qui est connu de tous, & qui, selon toutes lesapparences, le fut dès le commencement du monde. Le peupled’Egypte, duquel Diodore avait sans doute emprunté ce qu’ildisait de Vulcain, ne connaissait pas d’autre feu que lecommun ; il ne pouvait donc parler que de celui-là. Les Prêtres,les Philosophes instruits par Hermès, connaissaient cet autrefeu qui est le principal agent de l’Art Sacerdotal ou Hermétique; mais il se donnait bien de garde de s’expliquer à son sujet,parce qu’il faisait partie du secret qui leur était confié. Vulcainétait ce feu-là même personnifié par eux, & se trouvait en effetpar ce moyen aïeul d’Osiris, ou du feu caché dans la pierre desPhilosophes, que d’Espagnet appelle minière de feu. Pourconcilier toutes les contradictions apparentes des Auteurs surla généalogie d’Osiris, il faut se mettre devant les yeux ce quise passe dans l’œuvre Hermétique, & les noms que lesPhilosophes ont donné dans tous les temps aux différons états& aux diverses couleurs principales de la matière dans le coursdes opérations. Cette matière est composée d’une chose quicontient deux substances, l’une fixe & l’autre volatile, ou eau &terre. Ils ont appelé l’un mâle, l’autre femelle, de ces deuxréunis naît un troisième, qui se trouve leur fils, sans différer deson père & de sa mère, qu’il renferme en lui, quant à lasubstance radicale. Le second œuvre est semblable aupremier. Cette matière mise dans le vase au feu Philosophique appeléVulcain, ou inventé, dit-on, par Vulcain, se dissout, se putréfie& devient noire par l’action de ce feu. Elle est alors le Saturnedes Philosophes, ou Hermétique, qui devient en conséquencefils de Vulcain, comme l’appelle Diodore. Cette couleur noiredisparaît, la blanche & la rouge prennent la placesuccessivement, la matière se fixe, & forme la pierre de feu deBasile Valentin (Char. triomph. de l’Antim.), la minière de feude d’Espagnet, le feu caché signifié par Osiris. Voilà doncOsiris, fils de Saturne. Il n’est pas moins aisé d’expliquer lesentiment de ceux qui le font fils de Jupiter, & voici comment.Lorsque la couleur noire s’évanouit, la matière passe par lagrise avant d’arriver à la blanche, & les Philosophes ont donnéle nom de Jupiter à cette couleur grise. Si l’on réfléchit un peusérieusement sur ce que je viens de dire, on ne trouvera pointd’embarras ni de difficultés à concevoir comment Osiris & Isispouvaient être frère & sœur, mari & femme, fils de Saturne, filsde Vulcain, fils de Jupiter, comment même Osiris a pu êtrepère d’Isis, puisque Osiris étant le feu caché de la matière,c’est lui qui lui donne la forme, la consistance, & la fixité qu’elleacquière dans la Suite. En deux mors, les Egyptiensentendaient par Isis & Osiris tant la substance volatile & lasubstance fixe de la matière de l’œuvre, que la couleur blanche

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& la rouge qu’elle prend dans les opérations.Ces explications,dira quelqu’un, ne s’accordent point avec la fable, qui faitVulcain fils de Jupiter & de Junon, & qui par conséquent nesaurait être père de Saturne. Je réponds à cela que cescontradictions ne sont qu’apparentes ; on en sera convaincu,lorsqu’on aura lu le chapitre qui regarde Vulcain en particulier,auquel je renvoie le Lecteur, pour retourner à Osiris & à sonexpédition.Au seul récit de cette histoire, il n’est point d’hommesensé qui ne la reconnaisse pour une fiction. Former le desseind’aller conquérir route la terre, assembler pour cela une arméecomposée d’hommes & de femmes, de satyres, de musiciens,de danseuses ; se mettre en tête d’apprendre aux hommes cequ’ils savaient déjà : cela n’est pas déjà trop bien concerté.Mais supposer qu’un Roi, avec une armée de cette espèce, aitparcouru l’Afrique, l’Asie, l’Europe jusqu’à leurs extrémités ;qu’il n’y ait même pas un endroit où il n’ait été, suivant cetteinscription : Je suis le fils aîné de Saturne, sorti d’une tigeillustre, & d’un sang généreux ; cousin du jour : il n’est point delieu ou je n’aie été, & j’ai libéralement répandu mes bienfaitssur tout le genre humain (Diodore de Sicile.).Le fait n’est pasvraisemblable, & l’on ne concevrait pas comment M. l’AbbéBanier (Mytholog. T. I.) peut l’avoir raconté d’un aussi grandsang froid, si l’on ne savait pas qu’il adopte volontiers, sansbeaucoup de critique, tout ce qui est favorable à son système,& même ce que rapportent des Auteurs, dont il dit en plus d’unendroit qu’il ne faut pas faire beaucoup de cas. Il est au moins inutile de recourir à l’expédition d’Osiris pourfixer le temps où l’on a commencé à cultiver les terres dansl’Attique, & les autres pays de l’Asie & de l’Europe. Les saintesécritures, le livre le plus ancien & le plus vrai de toutes leshistoires, nous apprennent que l’agriculture était connue avantle Déluge même. Sans relever le faux & le ridicule d’une tellehistoire prise à la lettre, il suffit de la présenter à un homme unpeu versé dans la lecture des Philosophes Hermétiques, pourqu’il décide au premier récit, qu’elle en est un symbolepalpable. [...] [Histoire d'Osiris, chapitre III, F.E.G.]

Toute cette histoire d'Osiris est marquée du sceau del'hermétisme pour Dom Pernety. Nous n'allons pas commenter celong passage, ce qui dépasserait de beaucoup les bornes de cesnotes. Le lecteur intéressé trouvera dans ce site, s'il cherche bien,toutes les pistes et tous les indices lui permettant de réaliser unesynthèse correcte. 6. sur Œdipe : 1, 2, 3, 4, 5, 6, c'est dans l'Atalanta XVI et XXXIX quele symbolisme est le plus développé. Il est clair au vu de l'examendes sections où le nom d'Œdipe apparaît, qu'il figure le principeSoufre. 7. sur Persée [39], voyez en recherche. 8. sur Achille [26], évoqué dans 12 emblèmes. idem 9. sur Triptolème : il renvoie au mythe de Coré-Déméter ; il s'agitde l'embryon hermétique en tant qu'incarnation divine du grain deblé. Ce n'est pas à proprement parler le grain de blé même, maisplutôt l'agent de la germination. On peut y voir les principesminéralisateurs qui sont indissociables du menstrue desalchimistes. Il propage la culture du blé, comme Bacchus, celle dela vigne. C'est dans l'Atalanta, XXXV que son symbolisme est

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développé, en face de celui d'Achille. Article Triptolême dePernety dans l'Atalanta, VI. Michel Maier annonce dans l'AtalantaXXIX qu'il traitera de Triptolème dans l'emblème XXXV. 10. sur Pélops :

Pélops. Fils de Tantale et de Taygette, fut servi cuit dans lerepas que son père fit aux Dieux. Cérès fut la seule qui ne s'enaperçut pas; elle en détacha une épaule qu'elle mangea. LesDieux, par pitié pour Pélops, le ressuscitèrent, et lui donnèrentune épaule d'ivoire à la place de celle que Cérès avait mangée.

11. sur Hippoménès [20] : l'un des deux lions de Cybèle avecAtalante. Principe mâle de la Pierre. 12. sur Pollux : Hermès transporte Castor et Pollux à Pallène[Παλληνη], en rapport avec Athéna [Pallas - Athéna, épithète duSoufre]. Pollux est immortel et contracte des rapports avec Achille.Il figure le SEL incombustible que l'on trouve notamment à Naxos[ναξιος, σµυρις]. Castor, en revanche, est mortel et se dissipeau feu. Il figure le SOUFRE qui doit d'abord périr avant d'êtreréincrudé. [1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,] 13. cf. note 2.

14. sur Junon [36] :

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divinité oumonstre

principe alchimique

rapports avec

l'Olympeenvisagésdu point de

vue de l'alchimie

sections où lenom du dieu ou du monstre est

particulièrementmis en lumière

Junon

Air des Sagesqueue de

paon vautour Mercure

s'oppose à lafixation

premier Mercure

dissolution

nourrit le dissolvant

Lune transformation

vase de l'oeuvre

femme dans l'oeuvre

préside aumariage

enfante Osiris et Isis

humidité del'oeuvre

mère de Mars feu

épouse deJupiter Héra Isis mère

d'Héphaïtos envoie Typhon contre

Latone[Léto]envoie des serpents contre

Hercule pomme de discorde

Mercure Diane vache

blanche coupe àThétis

Minerve protègelebateau Argos

épouse deJupiter

mère desdieux Arès

sororium tigillum

Huginus àBarma

Mutus Liber Atalanta, XLII

Ariadne

Atalanta, VI Alexandre Sethon NouvelleLumière

chymique Lettre de Limojon

;; Triomphe de

Limojon Fables Eg. &

Grec. Mutus Liber Introïtus, V

prima materia Douze Portes Atalanta, XXII Atalanta, XLII

TABLEAU IV (Junon, du point de vue de l'alchimie)

Pour en terminer sur Junon, voici l'article du Dictionnaire dePernety :

Junon. Fille de Saturne et d’Ops, épousa Jupiter son proprefrère jumeau. Elle fut nourrie par les Nymphes, fïlles de

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l’Océan. Jupiter, avant de l’épouser, la trompa sous la forme ducoucou. Elle devint mère de Mars, d’Argé, d’Illithie et d’Hébé.Elle eut aussi Vulcain, mais sans avoir eu affaire à aucunhomme. Elle fit toujours un fort mauvais ménage avec Jupiter,qui, à la vérité, lui fournissait sans cesse des sujets de jalousie,par la quantité de Nymphes avec lesquelles il s’amusait.Jupiter perdit un jour patience, et irrité des mauvaises façonsde Junon, il la suspendit avec une chaîne d’or, et lui attacha unenclume de fer à chaque pied. Les Dieux et Déessesintercédèrent pour elle, et Jupiter se laissa fléchir. Elle fut unedes trois Déesses qui disputèrent la pomme d’or; ellepromettait à Pâris de grands et riches royaumes pour se lafaire adjuger : ces belles propositions ne lui firent pas la mêmeimpression que les promesses de Vénus., à laquelle ill’adjugea. Elle conçut de là une haine implacable contre lesTroyens, et engagea la guerre qui fit périr Pâris et la ville deTroye. Toute cette fiction se trouve expliquée dans le chapitre 5du livre 3 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Nous avons lieu de croire que le coucou [κοκκυ] est un trait decabale qui voile le pépin de grenade [κοκκος] ; κοκκος désigneaussi la cochenille ou le kermès dont nous avons assez parléailleurs [recherche]. Le coucou est donc une indication sur leSoufre rouge. Cette allégorie peut signifier que les principes sontprésents dans le vase de nature dès le début de la coctionpuisque Pernety écrit que Junon se métamorphose en coucouavant de l'épouser, c'est-à-dire avant de former avec lui l'AIR desSages. Citons encore ce passage capital de Jean d'Espagnet,hermétiste de tout premier plan à qui Philalèthe doit beaucoup deson Introïtus :

« Au-dessous de lui, ils ont placé Junon, épouse de Jupiter, commemaîtresse de la région inférieure du ciel, c'est-à-dire de notre air : parce que cette région est toute troublée par des vapeurs, humide, froide, et en quelque manière impure et très proche du tempérament féminin. Mais aussiparce qu'elle est soumise aux décrets des corps supérieurs, qu'elle estsusceptible de leurs impressions, et nous les communique, s'insinuant dansles choses dont la nature est épaisse pour les fléchir et les assouplir aux ordres imprimés par les choses célestes, et enfin parce que le mâle et lafemelle diffèrent seulement de sexe, et non pas d'espèce, ils n'ont pas vouluque l'air ou le ciel inférieur fût un élément différent du ciel supérieur enessence et en espèce, mais seulement différent quant au lieu et auxaccidents. » [Philosophie Naturelle Restituée, chap. LVII]

On n' a jamais donné, depuis, de définition plus juste, plusprécise, de la fonction alchimique représentée par Junon. A cesujet, il nous semble que la meilleure image représentant Junonse situe dans le Livre d'Abraham Juif. Disons encore un

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FIGURE II

(la Junon hermétique)

dernier mot sur certains enfants de Junon dont nous n'avons pointencore parlés. Argè [Αργη] renvoie à une terre brillante [αργης]dont il faut croire que des images d'ammonites s'y trouvent. Argèexplique aussi pourquoi Junon s'est précisément métamorphoséeen vache blanche [αργιβοειος]. Par αργιλος, elle signifie parailleurs la terre glaise ou l'argile, terre de potier dont l'absencerend aveugles les impétrants qui se précipitent sur la stibinevulgaire [l'âne-timon de Fulcanelli]. Sur Ilithye, voyez l'Atalanta, XXXVIII. Sur Hébé, voyez l'Atalanta, XLIII. Les Romains appelaient cette déesse Juventus. Elle dispensait l'éternelle jeunesse etl'immortalité en versant aux dieux de l'Olympe le nectar ouambroisie. Elle fut remplacée dans cette fonction par Ganymèdelorsqu'elle épousa Hercule. Hébé [Ηβη] est le symbole de la fleurdu printemps de l'oeuvre et de la flamme ardente ; c'est l'époquequi prélude à la réincrudation des Soufres. C'est la jeunesse quiporte les armes : comment ne pas y reconnaître Pallas - Athénasortant toute armée du cerveau de Jupiter ? 15. sur Vénus [plus de 100] : voyez Aphrodite [89]. recherche.L'article qu'en donne Pernety, commenté, figure dans lecommentaire de la Monade Hiéroglyphique. Vénus - Aphrodite estl'un des symboles qui recouvrent le plus d'allégories et deparaboles, chose logique puisque Vénus est promise à l'uion etqu'elle constitue, pour les uns le symbole de la partie féminine,pour les autres, la partie saline et terreuse du Mercure. Sonhiéroglyphe représente un cercle, que l'on peut pointer, accolé àune croix qui désigne le creuset. Voyez aussi l'humide radicalmétallique [la planète] et les deux signes du Taureau [domicile diurne]

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et de la Balance [domicile nocturne]. 16. sur Jocaste, voir l'Atalanta, XXXIX. Ιοκαστη, femme de Laïoset mère d'Œdipe. Ce nom peut être décomposé en Ιο [violette] etκαστη, c'est-à-dire καστεια [pureté]. D'après ce que nous avonsdit d'Œdipe - cf. note 6 - il est clair que Jocaste voile le Soufreobtenu à l'état de pureté, c'est-à-dire blanchi. 17. sur Danae : elle figure le principe féminin de l'oeuvre,c'est-à-dire le SOUFRE blanc ou SEL. Enfermée dans la tourd'airain, elle est le REBIS. Pernety ne lui consacre pas d'articlespécifique dans son dictionnaire. En dehors de ce que nous enavons déjà dit [1, 2, 3, 4, 5, 6, 7,8,], nous ajouterons ceci. QueDanae subit un sort qui la rapproche un peu de Latone. Elle estenfermée dans un coffre de bois avec son fils, Persée, parAcrisios [cf. supra] et abandonnée aux caprices de la mer. Lecoffre finit par échouer dans l'île Sériphos où régnait Polydectès.Le tyran essaye d'obtenir les faveurs de Danae, mais Perséedélivre sa mère et revient vivre à Argos. Sériphos [Σεριϕος]renvoie à la grenouille [σεριϕιος] dont nous avons parlé àpropos du crapaud [Atalanta, V] ou de l'ambre [Atalanta, XXXII] ou sur leur repos forcé durant l'hiver [Atalanta, XXXIII]. Enfin, enévoquant une image de l'Hôtel Lallemant [Atalanta, XXXVI]. Quant àPolydectès [Πολυδεκτη], il renvoie au royaume des morts[πολυδεκτη, épithète d'Hadès]. Il devait être pétrifié par Persée enréparation des torts commis contre Danae, lorsque Persée luiprésenta la tête de Méduse. 18. sur Déïdamie : certaines légendes affirment qu'Achille l'auraitséduite et que de leur union serait né Pyrrhos, plus connu dans laguerre de Troie sous le nom de Néoptolème [Atalanta, XX]. Il n'estpas étranger à notre propos de savoir qu'un oracle avait préditque les Achéens ne pouvaient obtenir la victoire, à Troie, qu'enprésence du fils d'Achille. Il fut un de ceux qui se glissèrent dansle cheval de bois. Pyrrhos [Πυρρος] a été évoqué par Maier dansl'emblème VI. Pyrrhos représente une substance d'un rouge de feudont l'équivalent hermétique ne peut être qu'un hybride entrel'aigle, le lion rouge ou le chien de Corascène. En liaison avec lasection précédente où l'on présentait le vautour, c'est un autreoiseau qu'il faut évoquer ici, qui tient à la fois du rouge de feu, ducorbeau [κοραξ] et du chien du Corascène : le crave à becrouge permet d'effectuer cette transition entre le vautour etl'aigle.

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FIGURE III

(le Pyrrhus hermétique - dessin de Yvon Carlo -http://lpo29.free.fr/crave_bec_rouge.html )

C'est le corbeau au bec rouge [πυρροκοραξ]. Rappelons que,dans la guerre de Troie, nous avons assimilé les Achéens auxmétaux ou à leur chaux, et les Troyens au principe salin essentiel.Troie constitue l'athanor. Le cheval de bois représentel'équivalent de la tour d'airain. Pour nous aider, nous allonsexaminer le nom que les vieux alchimistes avaient donné au vasede nature, qu'il faut disposer dans l'athanor. Voici un extrait desFables Egyptiennes et Grecques, qui permettra d'éclairer notrelanterne.

Noms donnés à ce vase par les Anciens. Les Philosophes faisaient en sorte de faire entrer ce vase dansleurs allégories, de manière qu’on n’eût pas le moindresoupçon sur l’idée qu’ils en avaient. Tantôt c’était une tour,tantôt un navire ; ici un coffre ; là une corbeille. Telle fut la tourde Danaé ; le coffre de Deucalion, & le tombeau d’Osiris ; lacorbeille, l’outre de Bacchus & sa bouteille ; l’amphore d’or ouvase de Vulcain ; la coupe que Junon présenta à Thétis levaisseau de Jason, le marais de Lerne, qui fut ainsi appelé decapsa, loculus ; le panier d’Erichthonius ; la cassette danslaquelle fut enfermé Tennis ; Triodite avec sa sœur Hémithée ;la chambre de Léda, les œufs d’où naquirent Castor, Pollux,Clytemnestre & Hélène ; la ville de Troye ; les cavernes desmonstres ; les vases dont Vulcain fit présent à Jupiter. Lacassette que Thétis donna à Achille, dans laquelle on mit les osde Patrocle, & ceux de son ami. La coupe avec laquelleHercule passa la mer pour aller enlever les bœufs de Gérion.La caverne du mont Hélicon, qui servait de demeure auxMuses & à Phœbus ; tant d’autres choses enfin accommodéesaux fables que l’on inventait au sujet du grand œuvre. Le lit oùVénus fut trouvée avec Mars la peau dans laquelle Orion futengendré ; le clepsydre ou corne d’Amalthée, de je cache, &,eau. Les Egyptiens enfin n’entendaient autre chose par leurspuits, leurs sépulcres, leurs urnes, leurs mausolées en forme

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de pyramide. Mais ce qui a trompé davantage ceux qui ont étudié laPhilosophie Hermétique dans les livres, c’est que le vase del’Art & celui de la Nature n’y sont pas communémentdistingués. Ils parlent tantôt de l’un, tantôt de l’autre, suivantque le sujet les amené. Sans qu’aucun en fasse la distinction.Ils font mention pour l’ordinaire d’un triple vaisseau. Flamel l’areprésenté dans ses Hiéroglyphes, sous la figure d’uneécritoire. « Ce vaisseau de terre, en forme d’écritoire dans uneniche, est appelé, dit il, le triple vaisseau ; car dans son milieu ily a un étage, sur lequel il y a une écuelle pleine de cendrestièdes, dans lesquelles est posé l’œuf Philosophique, qui estun matras de verre, que tu vois peint en forme d’écritoire, & quiest plein de confection de l’art, c’est-à-dire, de l’écume de lamer Rouge & de la graisse du vent mercuriel. » Mais il paraît,par sa description qu’il donne de ce triple vaisseau, qu’il parlenon seulement du vase, mais du fourneau. [...] [Du vase del’Art, & de celui de la Nature]

Nous voyons que Pernety assimile directement Troie au vase denature. Mais au passage, il en oublie les confections, c'est-à-direle cheval de Troie, que les Troyens font pénétrer, après bien deshésitations, dans Troie [Timeo Danaos et dona ferentes, etc.]. Alorsmême qu'ils avaient été convaincus de sa nature caverneuse[κητωες] par Laocoon que, perfidement, Apollon va faire immoleravec ses fils, par deux serpents sortis tous droit de l'océan [voyezFontenay]. Ce fut la ruine de Troie, dont on a dit ailleurs qu'elleétait obligée, vu sous l'angle de l'alchimie. 19. Atalante : l'autre lion du char de Cybèle avec Hipoménès.Notons qu'il faut savoir soigneusement peser les poids[αταλαντος] des lions avant de les ajuster au char de Cybèle,sosu peine de rater l'ouvrage. Ajoutons qu'Atalante représentel'élément mercuriel du couple, Hippoménès ayant gagné sacourse contre la déesse, par ruse, en la fixant [son attention] par les pommes d'or qu'il avait jeté derrière lui, à l'instar du petit Poucet, lecélèbre conte de Charles Perrault. 20. sur Hélène : nous avons vu lors de l'examen de la cheminéehermétique d'Avignon [Atalanta, XXV], qu'Hélène était née d'unoeuf, pondu par Léda qui s'était unie à Zeus, sous forme d'uncygne. Elle n'était pas seule, puisque Pollux était né du mêmeoeuf. Ils étaient donc jumeaux. Elle fut, à cause de sa beauté, laconvoitise de tous les héros. Thésée l'épousa en l'emmenant deforce en Attique. Mais alors que son mari partait aux Enfers, ellefut délivrée par les Dioscures [Pollux et Castor]. Elle fut ensuitemariée à Ménélas puis enlevée par Pâris, ce qui fut la cause de laguerre de Troie. Tous les prétendants décidèrent alors de vengerl'affront fait ainsi aux Grecs par les Troyens. A la mort de Pâris,elle épousa Déiphobos mais n'hésita pas, là encore, à trahir cenouvel époux et, même, le livra à Ménélas avec qui elle seréconcilia. Après la mort de Ménélas, les légendes divergent.Pour certains, elle aurait épousé Achille, pour d'autres, elle seserait réfugiée à Rhodes. Pernety, à l'article Hélène, écrit :

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Hélène. Fille de Jupiter et de Léda, sœur de Castor, de Polluxet de Clytemnestre, fut la plus belle femme du monde. Ménélasl’épousa; et Pâtis, fils de Priam, ayant adjugé la pomme d’or àVénus comme à la plus belle des Déesses, Vénus lui mitHélène entre les mains pour récompense de ce qu’il avait portéson jugement en sa faveur. Paris enleva Hélène, et l’emmenaà la cour de Priam. Ménélas, pour s’en venger, mit dans sesintérêts tous les Princes de la Grèce, et conduisit contre Priamune armée formidable qui fit le siège de Troye. Au bout de dixans les Grecs s’emparèrent de cette ville, et Ménélas ramenaHélene avec lui. Après la mort de Ménélas les Lacédémoniensla chassèrent de leur ville : elle se retira à Rhodes chez Polixo,qui pour venger, dit Hérodote, la mort de son mari Tlépolèmetué au siége de Troye, envoya dans le bain où était Hélène,deux femmes de chambre qui la pendirent à un arbre. Voyezles Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6. [Dictionnaire]

On voit que les mythographes ne sont pas tout à fait d'accordentre eux sur le sort de la belle Hélène. Il faut dans cette histoireétudier d'abord les maris successifs d'Hélène. a)- d'abord Thésée, dont Pernety dit ailleurs qu'il faut l'avoir pourguide, au même titre qu'Hercule. C'est dire que Thésée, à l'instard'Hercule, est une image de l'Artiste lui-même. A preuve, cettedescente aux Enfers où il faillit perdre la mémoire sur la « chaisede l'oubli » [c'est-à-dire perdre le Mercure parce que, sans doute, il avaittrop pressé son feu]. b)- ensuite, Ménélas a un nom où la cabale résonne [on peut y voirpar µηνη une allusion à la Lune, c'est-à-dire au Mercure ; et par λααςune allusion aux pierres, en particulier les rochers et les pierres précieuses]puisqu'il nous dit quoi faire de la pierre considérée commepremière matière, c'est-à-dire comme pierre à bâtir : latransformer en un humide radical [littéralement, « µηνη−λαας »,c'est-à-dire lune - pierre, ce qui pour un cabaliste équivaut à pratiquerl'opération que nous avons à l'esprit]. c)- Déiphobos : voyez ce qu'on en dit dans le commentaire duDonum Dei. deux minéraux, au moins, possèdent les attributs qu'onprête à notre héros mythologique. Pour aider l'étudiant, nous luidirons que l'un des sels qu'on a en vue est le lien du Mercure,celui qui s'attache entre l'aigle royal et le crapaud dans l'un desemblèmes du Symbola Aureae Mensae attribué à Michel Maier.

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FIGURE IV

(Symbola Aureae mensae, Michel Maier, 1617)

Et que l'autre est le SEL incombustible que nous avons évoqué àchaque fois que nous parlions de la salamandre. Mais les deuxsels sont également incombustibles, ce qui explique d'ailleursque, sur les blasons ou les tableaux lapidaires, les salamandresaillent souvent par deux.

On voit que dans la fable d'Hélène, la déesse se fixe trois fois et que Pâris [Alexandre] lui sert, en quelque sorte, de moyen desublimation, c'est-à-dire lui permet d'être volatile [on pourrait mêmeajouter volage]. Mais enfin, il est certain que ce n'est pas laconstance qui est le propre de la belle Hélène. De fait, le vent, parson inconstance, sa vanité, ne traduit-il pas les caractères denotre Mercure volage ? Nous donnerons ici à méditer ces lignesde Salomon Trismosin :

« Il est vrai qu'elles sont telles [les Vertus de l'oeuvre] que la plupart ne les pouvant pas bien comprendre, lui refusent cette créance, comme choseimpossible et hors d'une conception naturelle : de sorte que l'ignorancegrossière de ces têtes légères, ne voulant reconnaître en autrui ce quisurpasse leur commune opinion, pensent tenir en bride les minutessurhumaines de ces perfections, et leur river le clou d'un si grand privilègepar les arrêts de quelqu'âme incrédule, Sous le faible compas d'une vaine apparence, Si l'effet d'un bonheur, et si l'expérience ne leur montrait au doigtcette présomption, ou ne relevaient le nez d'outrecuidance à ces âmesbizarres, empoisonnées d'un scrupule volage, et d'une erreur plus que panique et profane, au grand mépris de notre magistère » [Toyson d'or]

Ce sont là paroles d'or pour le Sage qui saura les lire. Ellesformeront, en tout cas, notre conclusion personnelle sur Hélène,prise comme objet hermétique. Néanmmoins, pour aider l'étudiantd'un geste secourable, nous lui conseillerons de voir le rapport,de pure connivence, entre d'une part le scrupule de conscience [c'est-à-dire de l'esprit], ενθυµιον ; d'autre part, la seule étoile de

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l'oeuvre qui doit guider l'artiste vers le point fixe [ανθος µονος],et enfin l'albâtre des Sages de Fulcanelli, c'est-à-dire le véritableantimonium d'Artéphius. 21. Latone [54] ou Léto [18] est née de Kœos et de Phoibé. Kœos[Κοιος] fait partie des Titans, comme Phœbé, Titanide. Il s'agitdes dieux primordiaux, intermédiaires entre d'une part Ouranos etGaïa, et d'autre part les dieux de l'Olympe. Si l'on devait donnerleur mesure dans une vision de l'Univers, nous dirions que le «Big Bang » correspondrait à la mutilation d'Ouranos par Cronos [la survenue du Temps] ; n'oublions pas en effet les deux derniers versde l'épigramme

Mais le phallus se perd au fil de l’eau marine : Le soufre qui donna le soufre n’est plus là.

FIGURE V (la semence d'Ouranos - l'Eridan dans l'atlas de Hevelius, Encyclopédie

Atlas du Ciel, 1985)

vers libres d'une grande beauté poétique [et nous dirions même pouroser ce néologisme, « poïétique »]. Ils montrent que la semence s'estrépandue dans l'univers ; c'est elle que l'on voit avec l'Eridan,constellation magnifique formée de près de trois cents astresvisibles, qui voisine avec le Taureau, la Baleine, Orion, le Lièvre,le Fourneau, le Phénix, le burin, l'Horloge et l'Hydre, c'est-à-direpresque tous les instruments dont doit être pourvu l'Artiste. LesTitans et les Titanides sont les quasars [proto galaxies] ; enfin, les

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étoiles elles-mêmes sont nos dieux mythologiques. Pour en revenir à Kœos [Κοιος], il se rapproche du palmierd'Egypte [κοιξ] dont nous avons mesuré toute l'importance dansnos blasons alchimiques. Par extension, il conduit aux paniers,corbeilles qui ont fait l'objet de tant d'allégories où les naturesmétalliques ont été dissimulées et « exposées » par les dieux,selon que l'oracle consulté, après la naissance de la divinité, étaitou non favorable à l'ascendance...Quant à Phœbé [Phoibè,ϑοιβη], unie à Cœos, elle devint mère, non seulement de Léto,mais aussi d'Astéria. On voit que les deux principes de l'Art, ceuxqui sont cités par Fulcanelli et par le Mutus Liber, sont présentsdès l'origine : la fleur [Latone] et l'étoile [Asteria]. Notez que Délosn'est autre qu'Asteria, origine de tant d'allégories et de parabolessur l'étoile... 22. sur Sémélé : mère de Bacchus [Dionysos]. Nous développonsson sens hermétique dans l'Atalanta, XXXIV. Selon Pernety, Séméléest Latone, si l'on tient compte, d'après notre mythographe, queBacchus et Apollon ne font qu'un.

Sémélé. Fille de Cadmus, devint mère de Bacchus, pour avoiraccordé ses faveurs à Jupiter. Junon déguisée en vieille, etsous la figure de sa nourrice, lui conseilla de demander engrâce à Jupiter qu'il vînt la voir avec toute sa majesté, et de lamême manière qu'il se présentait à Junon, son épouse, Jupitery ayant consenti, vint lui rendre visite avec ses foudres et sestonnerres. Le palais de Sémélé, et Sémélé elle-même en furentréduits en cendres. Jupiter ordonna ensuite à Mercure de tirerl'enfant de ses cendres. Voyez BACCHUS.

Sémélé [Σεµελη] se rapproche du limaçon [σεµελος] du De Lapide Philosophorum de Lambsprinck, où l'on voit deux oisillonss'essayer à voler, en haut d'un chêne où est situé leur nid. 23. sur Europe : cette déesse est fille d'Agénor et de Téléphassa.Belle comme le jour, à la peau blanche et veloutée, elle jouait unjour au bord de la mer lorsque Zeus l'aperçut. Aussitôt, coup defoudre : Zeus, pour échapper à la colère d'Héra, semétamorphose en taureau blanc, aux cornes dorées, en forme decroissant de lune. Il s'unit à elle et trois enfants consacrèrent cetteunion : Minos, Rhadamanthe et Sarpédon [à ne pas confondre avecle guerrier troyen qui devait être tué par Patrocle]. 24. sur Léda : tout a été dit sur elle dans l'Atalanta, XXV. 25. sur Antiope : voyez 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, nous en faisons Léto, àcause d'Amphion et de Zéthos. C'est dans l'Atalanta, XL que nousavons pointé cette analogie.

Antiope. Fille de Nyctée, et femme de Lycus, qui la répudia etla chassa pour épouser Dircé, parce qu’il apprit que Jupiter,métamorphosé en Satyre, avait joui d’Antiope. Amphion etZéthus naquirent de ce commerce. Lorsqu’ils furent devenusgrands, ils vengèrent leur mère en faisant périr Lycus et Dircé.Voyez les Fables Egypt. et Grecques, liv. 3, chap. 14, § 6.

26. sur Thalie : elle a des traits qui la rapprochent de Dionysos.

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Thalie est représentée sous les traits d'une jeune fille enjouée,couronnée d elierre, serrant une guirlande dans la main droite etle masque grimaçant de la comédie dans la main gauche. C'est laMuse des pâtres et des bergers. elle tient parfois une houlette. Onpeut y voir une autre version de Circé, avec sa baguette magique[cf. Atalanta, XLII]. La Comédie n'est-elle pas de la magie ? Nepeut-elle pas fixer l'attention du spectateur, comme Orphée, lesanimaux sauvages, avec sa lyre ? N'est-ce pas, aussi, uneindication sur la magnésie des Sages : les anciens auteurs sontpleins des merveilles de l'aimant, dont le nom, magnes, viendraitselon Nicandre, d'un nommé Magnès qui, le premier, découvritl'aimant sur le mont Ida. Ce Magnès était, paraît-il, un berger qui,en menant paître son troupeau, fut tout à coup involontairementretenu au sol par les clous de se semelles et le fer de sa houlette[Pline, XXXVI, 16]. Nous retiendrons donc de Thalie qu'elle estplutôt orientée vers le fixe, et donc, vers le Soufre. Endouterait-on ? Thalie, c'est Θαλεια, dont le sens est « végétationdes jeunes pousses, florissant, abondant ». 27. Orcus : divinité infernale qui s'apparente au Pluton grec. Apartir de là, les deux éléments de la Piere sont liés et nous affaireau Rebis. Notez que Ploutos n'a pas les caractères infernaux quelui prêtent les Romains. On peut en rapprocher ορκος [serment,proprement : ce qui enferme ou contraint ; c'est le cas, au figuré, puisqueles composants de la pierre sont dits enfermés dans une tour d'airain oudans un oeuf]. Ορκος était le dieu protecteur des serments. 28. Pyrrhus, cf. note 18. 29. Apollon : le soleil. C'est le Soufre rouge, l'un des troisprincipes sans lequel rien ne serait possible. Pourtant, iln'intervient qu'en quantité infime : il est en effet dans un état dedivision extrême et est projeté en masse dans le corps de laPierre. L'hiéroglyphe du soleil ayant été largement analysé dansl'humide radical métallique, on s'attachera ici à son signezodiacal, le Lion. Dans cette partie de l'oeuvre, d'ailleurs, il s'agitdu Lion rouge. Les autres dieux masculins vus avant la note 12sont du côté du Lion vert, avant d'être passés sous les fourchescaudines du crabe, c'est-à-dire sous le sororium tigillum [cf.Atalanta, XLII]. Ou si l'on préfère, avant que d'avoir reçu l'empreintede la croix qui en scelle leur forme. Le lion est un signe diurne, domicile du soleil, lieu d'exil deSaturne. Il désigne les terres brûlantes, les champs phlégréens[ϕλεγρα : la demeure des Géants. Voyez l'emblème XXXVII], les ventsdu sud [1, 2, 3, 4,]. Il marque les choses fixes et attractives. Ildésigne les palais dont l'entrée est sévèrement gardée par desdragons.

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FIGURE VI

(tavole e particolari, Bibliothèque Estense, Université de Modène, Italie)

C'est dans ce signe que l'on peut, nous semble-t-il, trouverl'origine tant recherchée, de la signifiance ésotérique de «Fulcanelli ». Deux hypothèses, au stade actuel de nos recherchessont possibles. Les deux dernières syllabes [nelli] ne posent pasde probléme. Elles se rapportent au nom grec du Nil [Νειλος, en

latin Nilus], quasi-homonyme de νειλιος qui désigne une pierreprécieuse. Nul rapport donc, avec Ηελιος [le soleil vulgaire] commeon a voulu le faire croire. Pourtant, les alchimistes nous onthabitué au fait que ce n'était pas dans le soleil [l'or] vulgaire maisdans le soleil philosophique [qui associe le FEU du Soufre à l'EAU del'Aigle royal, dans les sublimations]. Ce sont les deux premièressyllabes qui posent problème [Fulca]. Nous proposons deuxsolutions. Elles sont basées sur des permutations qui paraissentaller dans le sens de la cabale bien guidée. 1ère solution :ϑυλακη qui désigne « l'action de monter la garde, de veiller sur ».2ème solution : ϕεκλα, qui désigne de la lie de vin brûlée [latinfæcula]. Si nous rapprochons les deux demi-moitiés, nous avonssoit ϑυλ(κ)αηνειλος, soit ϕελ(κ)ανειλος. Bien sûr, il ne s'agitlà encore que de conjectures et nous laissons au lecteur le choixentre cette hypothèse [qui tire entièrement le nom de l'Adepte du grec,avec d'un côté le Nil et de l'autre côté du tartre brûlé par du vitriol :l'arcanum duplicatum] et d'autres hypothèses défendues sur d'autressites [voir liens et partenaires]. Mais revenons au Lion. Dans un despassages du poème astronomique intitulé Les Phénomènes, qui

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représente une encyclopédie des connaissances de son tempsen astronomie et en météorologie, Aratos de Soles [c. 315 - c. 240av. J.-C.] exprime la conviction de ses contemporains à propos deseffets météorologiques dus, selon eux, à l'association du Soleilavec la constellation dédiée au lion de Némée, tué par Hercule.Malgré le décalage actuel entre le zodiaque sidéral [celui des astronomes] et tropical [celui que les astrologues conservent à bon droit,ce en quoi ils furent précédés par les hermétistes], le souvenir del'époque caniculaire nous est parvenu intact et en Italie, on parleencore de solleone [Soleil-Lion]. Les crues du Nil [les Aigles dePhilalèthe] étaient annoncées par l'entrée du Soleil dans laconstellation. Actuellement, c'est en mars et en avril [quicorrespondent selon le zodiaque tropical au mois du Bélier et du Taureauqui marquent, par tradition, le début de l'époque propice au travail] que culmine le Lion. Il apparaît en figures typiques, marquées par unegrande faux dont la poignée se signale par l'éclatante Regulus [αLeonis], tout un programme pour les alchimistes ! Ils y voientencore le signe étoilé du régule [par cabale, Ρεγουλος]d'antimoine, alors qu'il faut y deviner la regula, c'est-à-dire larègle ou si l'on préfère, la constance qui doit marquer cettepériode dan sla conduite du feu. D'une coction réglée dépend, eneffet, la teinture [ρηγος, l'étoffe teinte en parlant de la toyson d'or où laprojection du soufre s'opère en masse]. Pour en revenir un instant àRegulus [le petit roi de l'oeuvre, Βασιλευς], elle fait partie desétoiles qui, en 127 av J.-C., permirent à Hipparque, en mesurantleur position, d'en déduire la précession des équinoxes. Elle a étéutilisée également pour l'établissement des calendriers chaldéenet babylonien. C'est l'étoile de la constellation du Lion parfoisappelée « cor leonis » le cœur du lion. Elle doit son nom Régulus àCopernic qui lui-même s'est inspiré du nom Rex [le roi] donné parPtolémée. Le roi des astronomes lui donna, chose singulière ! lenom curieux de « Gouverneur des affaires célestes » [on remarquera queRegulus se projette presque sur l'écliptique, à l'instar d'Asellus Australispour le Cancer]. On ne sait pourquoi copernic lui donna ce nom,mais il est possible que ce soit parce qu'en astrologie, cet astre,l'un des plus visibles du ciel boréal, présidait aux songes deshommes et réglait les destinées [si l'on peut douter de son activité surle monde sublunaire, en revanche, cette assertion s'inscrit de façon claire,du point de vue de l'hermétisme]. En outre, sa position dans lefirmament coïncide chaque année au zénith du Soleil et confère àcette étoile une sorte de suprématie sur toutes les autres. LesHébreux y voyaient le souvenir du lion de Judée et y liaient lesymbole national de l'étoile de David [le sceau de Salomon des alchimistes, l'EAU et le FEU tête-bêche, une ligne réalisant la séparationdes eaux, ce qui permet d'y lire aussi une TERRE et un AIR]. LesRomains reprirent la définition royale et en firent la Basilica Stella. Les Chrétiens y virent un des lions de la fosse de Daniel [il figure le SEL incombustible, puisqu'il fut léché seulement - c'est-à-dire purifié - par lelion qui devait le dévorer]. Quand on sait que le SEL représente leCORPS de la Pierre, il est remarquable de lire que beaucoupd'œuvres d'art chrétiennes y voient la tentation du péché [cf. infra].

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Les Byzantins reprirent l'expression de Basilica stella et en firent le Basiliscos [Βασιλισχος : petit roi, reptile au sens de basilic] et envinrent à modifier son sens premier, nettement orienté vers le FIXEpour en faire un objet doué d'une certaine viscosité. Nous avonsnoté la proximité de Regulus par rapport à l'écliptique : sesoccultations par la Lune sont fréquentes, ce qui marque la relativefacilité par laquelle on peut obtenir un Mercure. En revanche, lesoccultations planétaires sont très rares. Cela ne saurait nousétonner : peu d'Artistes sont parvenus, en effet, à préparer leSoufre rouge, en sorte d'animer leur Mercure [comprenez, de réussirla conjonction des principes ; or une conjonction parfaite, c'est aussi uneoccultation où l'on peut deviner une disparition et partant, une dissolution]. Les grands alchimistes, ceux qui ont préparé la Pierre, ont vualors s'allumer les feux du 13 novembre [Léonides] lorsque leSoleil est dans le signe du Scorpion. Ces feux constituent unessaim météoritique par lesquelles se signalent les abeillesd'Aristée [Atalanta, XLII]. Par une nuit sans lune, c'est-à-direlorsque la dissolution a disparu, on peut en comptet jusqu'à 70 à80 par heure. Notez que ces Léonides sont particluièrementspectaculaires au retour de la comète qui leur a donné naissance; ce retour s'effectue tous les 33 ans, durée que les alchimistesdonnent généralement pour réussir le grand magistère [àcomprendre, précisons-le tout de suite, avec un grain de sel...Nul nepourrait résister à 33 ans passés en permanence devant son fourneau].Les très rares artistes qui ont vu ce spectacle divin ont rapportésune sorte d'embrasement de la surgface du composé, sous formede sphères de feu, en si grand nombre qu'elles apparaissaient enforme de cristaux de neige, en sorte que le tout le ciel chymiquesembla bientôt embrasé.

- le premier décan représente l'anaimal fabuleux dont triomphaHéraklès dans le vallon de Némée. Alors qu'à l'horizon le soleilflamboyant rougeoie, la noble et altière tête du roi des animaux [et du plus haut arcane de l'oeuvre], frémissante de vie, d'orgueilleusebeauté et d'idéale vigueur, émerge seule, majestueuse etindomptable. Ce décan annnonce toute la puissance contenuedans le vase de nature de l'alchimiste et l'annonce d'unenécessaire tempérance dans la conduite des affaires, si l'Artisteveut aller plus loin.

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FIGURE VII (Hôtel Lallemant, façade interne - cliquez sur l'image pour une vue de

la façade interne de l'hôtel - clichés Alain Mauranne)

La figure VII montre les deux lions de l'oeuvre au travail. Ilsencadrent un blason qui se rapproche de celui que nous avonsexaminé dans l'emblème XLII [figure III, château de la Court d'Aron].On y retrouve le signe du FEU [Λ, formant l'initiale de la lumière] et lestrois pierres de l'emblème XXXVI qui expriment la sublimation, qu'on appelle aussi les Aigles de Philalèthe [les crues du Nil]. A cela, ajoutons le casque, qui symbolise la dissolution [c'est unsymbole d'invulnérabilité], le chapeau phrygien d'Hadès qui protègeles Soufres en les rendant invisibles par l'élévation spirituelle etpar l'union [1, 2, 3, 4,], but de toute sublimation chez lesalchimistes. Ils forment comme le sceau d'Apollon [Ηελιος] et, àson image, sont chargés de ses qualités et de ses défauts.Apollon a été reconnu au plan chronologique d'une façon qui estabsolument conforme aux époques de l'oeuvre : il apparaît dansl'Iliade comme le dieu à l'arc d'argent et il brille comme la lune. Cen'est que plus tard qu'il sera reconnu comme le dieu solaire, dontles flèches seront comparés aux rayons de l'astre. Il se révèle,comme le montre le premier décan, sous le signe de la violence etd'un fol orgueil. Voilà qui définit le premier état du Mercure et sonhiéroglyphe, le Lion vert. Façonné par le feu et l'air, sa figure iraen se transformant, synthétisant en lui nombre d'oppositions, etparviendra à un idéal de sagesse, qui définit le miracle grec : lelion rouge. Sous cette forme sublimée, il réalise l'équilibre desparties, en intégrant des aspects de la Justice et de l'harmoniedégagée de la lyre d'Orphée, dont les cordes se sont autres quedes rayons ignés polarisés, par réflexion de la lumière de la lune.Dans ce second aspect, Apollon n'aura de cesse d'orienter lesassauts des sublimations [les crues du Nil] vers une spiritualisationprogressive, grâce au développement de l'âme dans l'esprit : c'estnommer la conscience. Dès lors, la matière animée [comprenez le Compost] retrouvera la mémoire de son origine basse et fangeuse

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; l'Artiste devra alors lui imprimer le remords [ψυκη, l'âme]nécessaire et ne cesser de la tourmenter [c'est-à-dire d'imprimer enson esprit l'idée fixe du besoin charnel] en sorte qu'elle éprouve, parscrupule [cf. supra], un poids sur son coeur qui formera le préludeà la confession nécessaire [c'est-à-dire qu'elle ouvre son coeur -αποϕαινω : mettre au jour, faire surgir la lumière ou rendre l'occultemanifeste - comprenez la réincrudation]. Apollon prend aussi des traitsprotéiformes qui rendent compte des nombreux changements quiinterviennent dans l'oeuf philosophal : Apollon apparaît ainsicomme un dieu-rat primitif des cultes agraires [Néoptolème], unguerrier vindicatif [Arès, Ajax, Achille], un maître des fauves [l'évangéliste saint Marc], un berger secourable qui protège lestroupeaux et les moissons [sous sa forme dorienne Apellon, cf. Gardes du corps] ; un biaifaiteur des hommes qui les purifie [c'est la flèche duSagittaire]. Il engendre Esculape dont nous parlerons bientôt. Septest son nombre, comme celui des planètes connues dansl'Antiquité [jusqu'à Herschel qui découvrit Uranus] et celui desmétaux. Au total, Apollon apparaît dans le magistère comme lemoyen d'une conquête, celle de l'évolution des principesconjugués de la passion [âme] et de la raison [esprit] sur le Rebis.

- le deuxième décan : l'image représente le grand chien céleste,fidèle et sinueux dans sa marche, l'oeil et l'oreille aux aguets, lenez au vent, fureteur, prêt aux saalcités de sa race, tenace dansses désirs et violent dans ses appétits ; il est dévoué, jaloux etféroce. Ce décan peut être funeste à l'Artiste, car il est prédisposeaux bavardages et aux propos incohérents. En revanche, il peutêtre gage de richesse matérielle ; le guide, ici, doit être le coeurou l'instinct. La constellation du Grand Chien est logée dans uncarré presque parfait, surmonté par la Licorne au nord [Soufrerouge prêt à être réincrudé], cotoyant la Colombe au sud et leLièvre à l'ouest. L'astre dominant est bien sûr Sirius [1, 2, 3, 4, 5, 6,7, 8, 9,] qui tenait un rôle si important chez les Egyptiens. Que diredu chien que nous n'avons déjà écrit dans ces pages ? Rappelonsqu'un certain nombre de mythologies l'ont associé à la mort, auxEnfers et aux divinités relevant de la terre et de la lune. C'est unsymbole complexe, bien mis en valeur par Fulcanelli et sondisciple. Il semble lié à trois groupes : la terre, l'eau et la lune. Lechien aidera l'Artiste à se guider dans les ténèbres de la mort,pendant la dissolution qui s'exerce encore au premier décan duLion. Il assure ainsi la transition entre l'eau et la lune, parl'intermède de la Lune. On le voit lié à Hécate, Hermès ; il prêteson visage à ceux qui guident les âmes. Certains chiens hybridescomme les Cynocéphales ont pour mission de détruire lesennemis de la lumière [le Mercure en son premier état]. En somme, lechien semble pourvu du don de « sentir le bon feu » et permet àson maître de ne se pas se perdre dans certains carrefours, quiaffectent évidemment la forme d'un X. Tel est le cas au début duDeuxième Jour des Noces Chymiques de Christian Rosencreutz où lehéros se voit désigner quatre voies, dont l'une sembleimpraticable, car étant de feu. Nul doute que l'aide d'un chien

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l'aurait aidé à employer cette voie, réservée aux plus grandsArtistes. Voici ce passage :

Etranger, salut : Peut-être as-tu entendu parier des Noces duRoi, dans ce cas, pèse exactement ces paroles: Par nous, leFiancé t’offre le choix de quatre routes, par toutes lesquelles tu pourras parvenir au Palais du Roi, à condition de ne past’écarter de sa voie. La première est courte, mais dangereuse,elle passe à travers divers écueils que tu ne pourras éviter qu’àgrand peine ; l’autre, plus longue, les contourne, elle est planeet facile si à l’aide de l’aimant tu ne te laisse détourner, ni àdroite, ni à gauche. La troisième est en vérité la voie royale, divers plaisirs et spectacles de notre Roi te rendent cette voieagréable. Mais à peine un sur mille peut arriver au but parcelle-là. Par la quatrième, aucun homme ne peut parvenir auPalais du Roi, elle est rendue impossible car elle consume etne peut convenir qu’aux corps incorruptibles. Choisis doncparmi ces trois voies celle que tu veux, et suis la avecconstance. Sa6he aussi que quelle que soit celle que tu aschoisie, en vertu d’un Destin immuable, tu ne peux abandonnerta résolution, et revenir en arrière sans le plus grand dangerpour ta vie. [Noces Chymiques, Deuxième Jour]

Voilà le lieu du calvaire de l'alchimiste, là où l'Artiste a besoin d'unconducteur d'âmes, d'un aimant, rôle joué par le chien. Lecarrefour offre la signification d'un lieu de passage d'un monde àun autre, que l'on peut prendre dans des sens très différents,selon le motif cruciforme de l'entrecroisement. La déesse Hécateprésidait aux carrefours ; d'abord considérée commedispensatrice de richesse, elle devint peu à peu maléfique : enfait, elle traduit l'état d'esprit de l'alchimiste, et, au vrai, de lamatière qui est disposée dans l'athanor. Au début, plein d'entrain,voilà notre Artiste qui commence à chauffer son vaisseau...Plustard, bien plus tard, nous le voyons en lutte à des problèmesinsurmontables, ressemblant de plus en plus à Odysseus ou àJason...L'article du Dictionnaire de Pernety nous laisse sur notrefaim :

Chien. Cet animal était en grande vénération chez lesEgyptiens, sous le nom d’Anubis Il était chez eux le symbole duMercure des Sages; aussi les Anciens l’avaient-ils consacré àce Dieu ailé. Plusieurs ont donné le nom de Chien à la matieredu grand œuvre. L’un l’appelle Chien d’Arménie, l’autre dit quele Loup et le Chien se trouvent dans cette matiere; qu’ils ontune même origine, et néanmoins que le Loup vient d’Orient, etle Chien d’Occident. Rasis. L’un représente le fixe et l’autre levolatil de la matiere. CHIEN D’ARMÉNIE est un des noms que les PhilosophesHermétiques ont donné a leur soufre, ou au sperme mâle deleur pierre. Chienne de Corascene. Est un des noms que les Philosopheschymiques ont donné à leur mercure, ou sperme féminin deleur pierre.

De même, E. Canseliet ne nous semble pas avoir épuisé lesymbolisme hermétique du chien dans son chapitre Les Deux

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Chiens [Deux Logis Alchimiques, Pauvert, 1979]. Il ne fait que les comparer au Mercure et au Soufre. Il ne parle pas d'Hécube[Κυνος, monument de la Chienne], alors que, accablée par desmalheurs de toutes sortes, ayant assisté au massacre de sesenfants, sa solitude autant que sa fermeté d'âme lui ont donnéune grandeur incontestable. Il a oublié de dire qu'Artémis étaitentourée d'une meute de chiens et qu'on l'a surnommait la «tueuse de lièvres ». Enfin, il aurait pu manifester le crépuscule qu'onobserve à cette époque de l'oeuvre, c'est-à-dire à la tombée de lanuit, quand Vénus resplendit comme Hesperus, moment de lajournée on l'on a coutume d'employer l'expression « entre chien etloup », moment où il est facile de prendre un loup pour un chien[autrement dit de commettre une erreur d'appréciation fatale dans cettecanicule]. Ce point, pourtant, n'avait pas échappé aux anciensalchimistes et l'on peut voir la lutte de ces principes dans l'unedes figures du De Lapide Philosophorum.

FIGURE VIII

(cinquième figure : il y a dans une seule maison un Loup et un chien - à la fin cependant d'eux est fait un seul)

C'est, en effet, sous les traits du héros pyrogène ou « pyroxène »que le chien apparaît dans nombre de traditions. Ainsi, on prétendque le chien a volé le feu dans la région où court le Nil blanc.Voyez à cet égard l'emblème XVIII où l'on voit un alchimiste et sonchien. On dit aussi qu'il vole le FEU du ciel pour le donner auxhommes. Il manifeste la poursuite d'une activité des matières làoù les suppose anéanties par le Mercure, définitivement dissouteset évanouies. Son rapport avec le casque est certain, comme entémoigne la fontaine du Vert-Bois, près de Paris. Voici un extrait dupassage où Fulcanelli donne son avis :

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Tous ces symboles convergent, on le voit, vers un seul etmême objet, également indiqué par le petit chien, posé sur lavoûte de l'armet, dont le sens spécial (κπανιος, tête,sommet) marque la partie importante, en l'espèce le pointculminant de l'art, la clef du Grand Œuvre. Noël, dans sonDictionnaire de la Fable, écrit que « le chien était consacré àMercure comme au plus vigilant et au plus rusé de tous lesdieux ». Suivant Pline, la chair des jeunes chiens était réputéesi pure qu'on l'offrait aux dieux en sacrifice, et qu'on la servait dans les repas préparés pour eux. L'image du chien posé surle casque protecteur de la tête constitue, au surplus, unvéritable rébus encore applicable au mercure. C'est unetraduction figurée du cynocéphale (κυνοκεϕαλος, qui aune tête de chien), forme mystique très vénérée des Egyptiens,qui la donnèrent à quelques divinités supérieures, etparticulièrement au dieu Thot, lequel devint par la suitel'Hermès des Grecs, le Trismégiste des philosophes, leMercure des Latins. [Demeures Philosophales, II, 50]

- le troisième décan : l'image représente l'Hydre. Ce monstreignoble, venimeux, horrible et visqueux vit dans un cloaque immonde, pestilentiel et repoussant. Ses têtes multiples et férocessont sans cesse renaissantes. Ce décan montre les difficultéssans nombre qui assaillent l'Artiste. Difficultés qui ne serontsurmontées que si notre alchimiste fait preuve d'esprit de suite etde bon sens. C'est le moment, nous disent les astrologues, dechanger d'air [si l'on nous suit bien], de ne pas se laisser aller à sonemportement. C'est là que l'eau étoilée doit manifester sapermanence. Le symbolisme de l'hydre de Lerne a déjà étéexposé maintes fois, y compris ses rapports avec Typhon etEchidna. Aussi passerons-nous rapidement sur cet arcane. Nonsans toutefois avoir rappelé qu'on peut la considérer, assezsimplement comme un serpent d'eau [υδρα : elle possède sept têtescomme le nombre de planètes et de métaux. L'une est immortelle et c'estl'Or des Sages. C'est l'antithèse de l'arbre solaire, mais ce n'est pas l'arbrelunaire]. L'un des emblèmes de Mylius fait penser à l'hydre tout enrappelant le symbolisme de Typhon. Voyez les Douze Travauxd'Hercule. L'article de Pernety ne nous apporte guère plus dedétails :

HYDRE. Matiere du magistère avant la déalbation. « NotreLion, dit Philalethe, étant mis dans notre mer, devient notreHydre : elle mange ses têtes et sa queue. Et sa tête et saqueue sont son esprit et son âme. Cette âme et cet esprit sontsortis de la boue, dans laquelle sont deux choses contraires,l’eau et le feu. L'un vivifie I’autre, et celui-ci tue celui-là. Il fautles plonger dans notre Hydre, et puis sept fois dans notre mer,jusqu’à ce que tout soit absolument sec, c’est-à-dire, jusqu’aublanc.» Hydre. Serpent à plusieurs têtes qu’Hercule tua dans le maraisde Lerna. Les Philosophes Spagyriques disent que l’Hydrereprésente la semence métallique, laquelle si l’on digère, et sil’on cuit dans le vase philosophique, s’altère et se change demaniere qu’elle subit une espèce de mort, et semble acquérir àchaque instant un nouveau genre de vie par les différents

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degrés de perfection qu’elle prend, de même que l’Hydreprenait dix nouvelles têtes quand Hercule lui en coupait une; cequi est très clairement le symbole de la multiplication de la pierre. Car autant de fois que l’on recuit et que l’on dissout lapierre avec du nouveau mercure, elle acquiert le décuple devertu, et a dix fois autant de force transmutatoire qu’elle enavait avant cette nouvelle décoction. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, Liv. 5, chap. 4.

Autant, la première définition convient au 3ème décan du lion,autant nous ne saurions être d'accord avec la deuxième définitionde Pernety, sauf à convenir qu'il s'agit non pas de lamultiplication, mais de l'accroissement de la Pierre, chose biendifférente. L'Hydre femelle forme, quoi qu'il en soit, la plus grandedes constellations et elle couvre ainsi près d'un tiers de lacirconférence du firmament. De ce fait, l'Hydre est entourée parde très nombreuses constellations, dont trois au moins ont unintérêt direct avec l'Art : le Sextant [Sextans], le Cratère [Crater] etle Corbeau [Corvus]. L'étoile principale de la constellation est aHydrae, dénommée Alphard, ce qui signifie « la solitaire ». LesArabes avaient pour sûr, en vue, notre « seule étoile » [ανθοςµονος], d'un rouge ardent. La figure IX nous montre cettemagnifique constellation qui supporte le Corbeau et le Cratère :elle annonce par là le but que doit poursuivre l'alchimiste dans ledéroulement de la Coction. Ce cratère n'est autre que cettecoupe, vase sacré, ou urne funéraire [arcula, arca] que constitue le vase de nature dont, le temps venu, l'Artiste devra retirer lescendres selon un tour de main qui est un secrets les plus réservésde l'oeuvre.

FIGURE IX

(l'Hydre, atlas de Hevelius)

- l'Hydre n'est guère éloignée du vaisseau Argos, de la Licorne et

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du Centaure. L'aimant que signale Christian Rosencreutz dans saDeuxième Journée des Noces Chymiques est disposé en formede sextant ; l'objet de salut servira à l'alchimiste pour faire le point[le point de croix, s'entend]. Nous n'insisterons pas sur le Corbeaumais remarquerons encore, au passage, l'extraordinaireconcordance entre les figures astrales et le grand oeuvrealchimique, remarquée ailleurs. Ainsi, l'étoile la plus brillante duCratère se nomme Alkes [par cabale, αλκη : force agissante où l'onretrouve l'autorité du Lion rouge, avec une idée d'aide ou de secours où l'onretrouve notre chien - Αλκη, nom de chienne] : si nous faisons duCratère notre vase de nature, le ciel nous indique de façon quasiexplicite qu'il faut y cuire notre AlKali [que l'on doit lire AlKliépuisque en majuscules grecques, Alkh s'écrit ΑΛΚΗ. D'où,s'ensuivant que A exprime le Soufre et L le feu élémentaire, levocable ΑΛ définit le Rebis, Κ signifiant καλια pour prison - levase de nature, appelé aussi la prison du poulet - et Η exprimantla liaison des principes où l'on doit voir dans les deux Ι Ι les Soufres, à en croire Fulcanelli [toute ligne verticale correspond auSoufre sublimé]. Notez encore que le poulet [ορνιθειος] estlittéralement « l'oiseau de Dieu » [de ορνις, oiseau et θειος, Dieu].Voilà qui nous permet de rajouter des notes sur ce volatil [cf.Atalanta XLII]. Les alchimistes ont donné à cet oiseau un surnom,celui d'Hermogène. La Tourbe en parle ainsi :

« Sachez que notre matière est un oeuf ; la coque c'est le vaisseau, et il y adedans blanc et rouge ; laissez-le couver à sa mère sept semaines ou neufjours ou trois jours, ou une ou deux fois, ou le sublimez , lequel que vousvoudrez, deux cent quatre-vingts jours, et il s'y fera un poulet ayant la têterouge, les plumes blanches et les pieds noirs...»

La version de la Tourbe dont nous disposons est de la main de W.Salomn [la Bibliothèque des philosophes chimiques, Paris, 1672 et 1678]qui ne s'est pas gêné pour interpréter, couper ce qui l'embarassaitet ajouter ce qu'il croyait manquant afin de mettre le vieux textelatin en harmonie avec la pensée alchimique du XVIIe siècle.Nicolas Flamel, dans ses Figures Hiéroglyphiques a aussi nommél'oiseau de Dieu d'une manière, il est vrai, assez alambiquée :

« Les Envieux l'on appelé Athanor, Crible, Fumier, Bain-Marie, Fournaise,Sphère, Lion verd, Prison, Sépulcre, Urinal, Phiole, Cucurbite, moi-même enmon Sommaire Philosophique, que j'ai composé il y a quatre ans deux mois,je le nomme sur la fin, la Maison et Habitacle du Poulet, et j'appelle les Cendres de l'Ecuelle la paille du Poulet. »

Cette cendre est la solution du problème, en même temps qu'ellereprésente le résultat de la dissolution radicale de la matière. Ona déjà été amené à établir un parallèle entre le « bouton de retour »d'E. Canseliet et « le retour des Cendres » du poêlon de Fulcanelli[cf. le trait d'humour, dans les Demeures Philosophales, I, p. 154, oùl'Adepte - mais est-ce le même que celui qui a rédigé le Mystère desCathédrales ? Où doit-on voir dans la trilogie fulcanélienne un ouvrage

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mosaïque ?]. La paille renvoie à de la chaume [stramentum] etdonne pratiquement le nom du lien du Mercure. Dans le Chemindes Chemins, attribué à Arnauld de Villeneuve, il est écrit que :

« Vous trouverez au fond une terre calcinée, c'est-à-dire une force ignée,c'est-à-dire de nature ignée. Tu auras donc les quatre éléments, la terre, lefeu et cette terre calcinée qui est la poudre dont parle Morien : " Ne méprisepas la poudre qui est au fond parce qu'elle est dans un lieu bas. C'est laterre du corps, c'est ton sperme et en elle est le couronnement de I'Oeuvre. "».

On ne saurait être plus précis. Ayant pu consulter et annoter lesEntretiens de Morien à Calid, nous engageons le lecteur à y lireMorien dans le texte. Revenons à l'oiseau de dieu : il ne peut en yavoir que trois. Le coq, l'aigle et un curieux volatil dont le nomvulgaire est le Rebet ou troglodytes [Τρωγλοδυται, habitant descavernes. N'est-ce pas là notre véritable oiseau divin ? Celui quis'accomode des gnomes et des ghurs vitrioliques ? Nous laisserons aulecteur le soin de juger de ce point de science], que l'on nomme aussil'oiseau de Dieu, est très respecté, parce qu'il a apporté, dit-on, lefeu du ciel, et l'on est convaincu qu'il arriverait quelque malheur àcelui qui le tuerait. Enfin, pour terminer sur l'étoile Alkes duCratère, nous évoquerons Hermogène à qui appartient ce fameuxpoulet : la paille du poulet d'Hermogène n'est rien d'autre, ensomme que la cendre de l'oiseau divin qui fait du nid son Mercure.- le Corbeau est l'autre nom que l'on donne au laiton, à l'Airain,bref à l'amalgame philosophique. Nous avons vu supra unexmeple type du corbeau hermétique. Les Latins dédièrent cetteconstellation à Apollon, parce qu'il désaltéra le dieu de la lumière.C'est donc l'oiseau du Soleil, ce que l'on aurait tendance à oublier; mais la proximité de Leo et de Corvus dans le ciel permet derappeler à la mémoire ce fait, a priori étrange, les alchimistes necessant de parler de tête de corbeau quand ils veulent signifierleur putréfaction. Peur-être tient-on ici l'explication de cetteparabole obscure de Philalèthe :

« [...] à peine le Mercure a-t-il terminé son règne qu'entre son successeurSaturne, qui occupe le plus haut rang après lui. Le lion mourant, naît lecorbeau. » [Introïtus, XXV]

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FIGURE X

(Hôtel Lallemant - chapelle - détail de caisson - cliché Alain Mauranne)

Dans l'Atalanta, XXVIII, nous avons posé la question du rapportentre ce noir corbeau et ce Soufre rouge, associé au lion de lamême couleur. Qui irait penser que sous ce noir corbeau secache un chien fidèle et que sous ce crâne si expressif ce soit leSoufre qui soit voilé en un chef casqué ? Pour une étudespécifique du corbeau, voyez le Donum Dei. Sur les oiseaux del'oeuvre, voyez l'Atalanta, VIII. Un dernier mot : le corbeau, à l'instardu chien, apparaît comme le messager des dieux en empruntantdes traits au vautour et on lui prête les traits d'un guide et d'espritprotecteur. Il serait, pour certains, un symbole de solitude [cf. suprasur α du Cygne], de celle prise comme isolement volontaire sesituant à un plan supérieur, c'est-à-dire de la sublimation. En cesens, le corbeau se présente comme un gage d'espérance, lecorbeau répétant toujours, selon le mot de Suétone, le vocable :cras ! cras ! c'est-à-dire « demain, demain ». [ce vocable cras ! permetde signaler un trait de cabale entre κρας, sommet d'une montagne, là où a

lieu la conjonction des soufres, et κρασις, action de mélanger deuxsubstances ou alliage d'un métal, que les alchimises appellent leur Electre]. - le Sextant est intéressant non seulement parce que nous avonsdit qu'il constituait pour ainsi dire l'aimant, le chien fidèle quel'alchimiste doit prendre pour guide, celui qui l'aidera à broder sonpoint de croix ; mais encore en raison de la raison qui fit donnerce nom à la constellation.

Le nom de la constellation du Sextant est le fruit del'imagination de Hevelius, infatigable dessinateur des cieux,qui, précisément avec un sextant, avait pu mener à bien, àpartir de son observatoire de Danzig, la lourde tâche quiconsiste à relever lespositions des étoiles visibles « Ce n'estpas que la disposition des étoiles fasse penser a cet instrument

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» confesse Hevelius en faisant allusion a cette constellation, «ni qu'il y soit bien disposé ; mais il m'a servi entre 1658 et 1679a établir la position des étoiles. La bêtise humaine me lamaintenant détruit en même temps que mon observatoire et toutce que je possédais, dans les flammes d'un horrible incendie,l'ai donc décidé de le rappeler dans le ciel afin d'honorer Uranie». C'est donc à la suite d'une circonstance fortuite que lesextant trouva place au firmament, bien que selon certainesinterprétations ce nom rappelle en réalité l'instrument utilisé auXVIe siècle par Tycho Brahe dans son grand observatoire dUraniborg (la ville d'Uranie, au Danemark mais c'est plutôt àl'autre appellation (Uranie) historiquement attribuée a laconstellation du Sextant que cette interprétation fait allusion IInous faut rappeler que, quelques années avant Hevelius. en1643, une autre appellation fut proposée, mais sans un grandsuccès, par le capucin Antonio de Rheita ce dernier, ayantconstruit lui-même une lunette avait prétendu découvrir danscette zone celeste une répartition d'étoiles reproduisant levisage de Jésus-Christ, et, selon les vœux de ce religieux,cette constellation aurait dû s'appeler le Suaire du Christ,c'est-à-dire le Voile de Véronique...[Encyclopédie Atlas du Ciel,1985]

Ainsi s'achève nos supputations sur l'Apollon céleste ethermétique. 30. sur Esculape : il était vénéré sous le nom d'Asclépios. CommeDionysos, il fut tiré du corps enflammé de sa mère, Coronis, parApollon lui-même, qui joua le même rôle que Zeus pour Sémélé.Mais au lieu de le mettre dans sa cuisse, il en confia l'éducationau centaure Chiron, ce grand professeur dans le monde del'Olympe. Son ardeur fut telle sous cet enseignement distinguéqu'Asclépios se mit non seulement à confectionner de bonsremèdes, mais que, de surcroît, il ressuscita des morts, telsGlaucos [Atalanta, XIII], Tyndare [mari de Léda et père de Castor, cf.Atalanta XXV]; et Hippolyte [cette Amazone forme la matière du IXe

travail d'Hercule. L'Hippolyte ressuscité par Asclepios est le fruit des amoursde Thésée et de la reine des Amazones, Antiopé. Pour des raisonscomplexes, Poséïdon fut conduit à perdre Hippolyte et, alors qu'un jour, sonchar longeait la mer, il vit sortir de l'écume blanche des flots, un monstre quiaffola ses coursiers. Ce monstre sortant de la mer et cause de la mortd'Hippolyte rappelle ces serpents sortis de la mer, qui étouffèrent Laocoonet ses deux fils. Quoi qu'il en soit, on l'identifie avec le dieu Virbius.Hippolyte est, par cabale, celui qui maintient le feu ou qui, du moins, lemodère, car ιππολυτος signifie « délier les chevaux » avec le sens de

dissoudre, par λυτος. Hadès, par peur de devoir fermer boutique,alla se plaindre à Zeus qui foudroya Asclépios. Ce dieu médecinportait le serpent, symbole mixte tenant de l'EAU et de la TERRE,puisque visqueux et changeant de peau chaque année. 31. sur Hercule, voyez Fontenay ; 32. Nous ne pouvons ici conter l'histoire d'Odysseus qui nousentraînerait trop loin. Bornons-nous à présenter ce tableausynoptique :

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Episode del'Odyssée nom de cabale sens

hermétiquecorrespondance

alchmique

Télémaque τεληµακος

envoyé de loin -qui combat

avec des armesde jet

Apollon

Nestor νεστορ[νεστορις]

coupe - cratère eau permanente

Protée Πρωτευσ métamorphoses

évolution desmatières dans

le vase de nature

Calypso Καλυψω[καλυπτω]

couvrir, envelopper

durée de laGrande coction

[sept jours]

Lotophages Λωτοϕαγοιamour

immodéré desfruits, du miel

danger de perdre le

Mercure [perte de mémoire]

Hadès oeuvre au noir dissolution - fermentation

Eole Αιολος[αιολος]

agitation, bouillonnement

action du feu [plusieurs

vents]

Lestrygons Λαιστρυγονες mort desmétaux

sublimation des chaux

Charybde et Scylla

cf. Atalanta XIII

rochers flottants Συµπληγαδες sortie de la

noirceurconjonction des

Principes

sirènes Αχελωις naissance du Soufre

réincrudation[ne pas brûler

les fleurs]

Cyclopes Κυκλωψ[κυκλωσις]

bâtisseurd'airain [sens

complexe]

formation du Rebis

Nausicaa Ναυσικαα terre d'accueil Délos

Boeufs du soleil Σεπτεντριον aimant

menstrue des natures

métalliques

Circé Κιρκη[κιρκος]

faucon, animaldédié à Horus.

méthode defixation du

Soufre

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TABLEAU V (l'Odyssée du point de vue de l'alchimie)

Ce tableau a été dressé d'après les épisodes successifs du romande James Joyce, Ulysse [Ulysses, Paris, Shakespeare and Co, 1922] Lecanevas figure dans le James Joyce de Jean Paris [Le Seuil, 1979].Plusieurs choses sont notables :

FIGURE XI

(peinture d'une hydrie ; Ulysse à Alkinoos : « c'est moi qui suis Ulysse.»,

chant IX, 19 et suiv., pinacothèque de Munich)

a)- Ulysse faillit devenir immortel pendant son séjour chezNausicaa [rapport à l'abri, au refuge]. b)- Ulysse a un caractère mercuriel assez accusé : on le voittransformé en vieillard ou en homme dans la force de l'âge , unefois parvenu à Itaque, par la volonté d'Athéna. c)- Lorsque Poséïdon est chez les Ethiopiens [allusion à la phase dedissolution], l'odyssée d'Ulysse ne connaît point d'avatar

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défavorable, signe évident que ce n'est pas la dissolution quipose problème, mais la suite avec les régimes de température. d)- Les prétendants à Pénélope [la Pierre] peuvent être comparésaux métaux vils dont l'un seulement sera élu. Il y a un parallèle àfaire avec le héros des Noces Chymiques, dans la Ière Journée oùles « prétendants » sont tirés 'une caverne avec une corde, etaussi avec la IIème Journée, lorsque riches et pauvres sontconfondus lors d'un banquet. Notez d'ailleurs que ce traité deChristian Rosencreutz va au-delà de l'alchimie et qu'on y note destraits initiatiques des plus accusés qui dénotent d'une intentionmaçonnique évidente. e)- au retour d'Ulysse déguisé en mendiant [le Mercure], seuls quatre le reconnaissent pour tel : le chien Argos, le bouvierPhiloétios, le porcher Eumée et Télémaque. Le bouvier[ϑιλοιτιος], c'est celui qui aime les fêtes de Bacchus ou deCybèle [ϕιλοιστρος]. Le chien [Αργος], représente littéralementla blancheur, le brillant, en proche assonance avec la terreblanche qu'on trouve à Naxos. Le cas d'Eumaios a déjà été vu [onpeut ajouter que, par cabale, Ευµαιοσ peut s'écrire Ευ et µαιος, quidésigne le moi de mai, c'est-à-dire le bon mois pour récolter le Soufre rougedissous dans la rosée de mai]. Nous avons donc plusieurs principesen sommation : le chien [Soufre blanc, sel] ; le bouvier [qui tient duMercure] ; le porcher [qui désigne l'époque où l'on récolte la rosée] etTélémaque [allusion à Apollon, celui qui combat de loin, à l'arc d'argent].Ulysse est l'ordonnateur de ces principes. D'ailleurs son nom peutse décomposer : Ulysse, c'est Οδυσσευς, proche deοδυσσοµαι « le faché ». Facher ou irriter, en grec, s'énoncecomme οργη : « agitation intérieure de l'âme » qui définit à merveillel'état du Mercure préparé. Nous ne saurions, cependant, mettreassez en garde l'étudiant quant aux conclusions à tirer de telsrapprochements et si une chose est sûre et certaine, c'est bienque l'on ne saurait réduire en principes chimiques les mythes,fables, légendes que les Anciens nous ont légué. A nous d'en tirerla signifiance hermétique, à la fois sans insulte pour la mythologiequi a fondé notre civilisation et avec prudence, en nouscontentant d'évoquer de possibles suggestions et des parallèlesdont on sait qu'ils ne se rejoignent qu'à l'infini, c'est-à-dire àl'horizon de l'éternité : c'est ainsi que les kabbalistes juifsdéfinissent, en une manière sublime, Dieu. Les physiciensmodernes parlent de temps de Planck, barrière infranchissablepour le macrocosme ou d'horizon des particules pour le mondeinfinitésimal, ce qui en somme revient exactement au même. 33. sur Jason : voyez le petit canevas hermétique de la sectionchimie et alchimie. Pernety a consacré un chapitre entier desFables Egyptiennes et Grecques au mystère de la Toison d'or. Denombreux hermétistes ont aussi écrit sur Jason et ont donné leurinterprétation, du point de vue de l'alchimie, de la fable desArgonautes. Par exemple, Salomon Trismosin, dans sa Toysond'Or, écrit que les animaux qui gardaient ce trésor [les deux dragons

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de Nicolas Flamel ou les deux Lions] furent endormis par Jason grâceaux conseils de Médée. Voilà un extrait des Figures Hiéroglyphiques:

« Quand tu auras blanchi, tu as vaincu les Taureaux enchantés, qui jettoientfeu et fumée par les narines. Hercule a nettoyé l'Etable pleine d'ordure, de pourriture et de noirceur. Jason a versé le jus sur les Dragons de Coichos, et tu as en ta puissance la Corne d'Amalthée, qui (encore qu'elle ne soit queblanche) peut combler tout le reste de ta vie, de gloire, d'honneur, et derichesse.»

On ne peut s'étendre daavntage, dans les limites de cette page,sur les beautés qui apparaissent, scellées derrière l'allégorie ou laparabole. Mais enfin, vaincre les Taureaux revient à verser le Laitde Vierge sur les Dragons qui gardent le trésor du Jardin desHespérides [toison d'or ou pommes d'or]. On se contentera ici derenvoyer le lecteur à l'humide radical métallique ainsi qu'à l'Atalanta,XXV où nous avons approfondi davantage le sujet, sans toutefoisen épuiser la puissance, toute de cabale hermétique, qui s'endégage. Terminons en affirmant qu'à l'instar de Jason, Bacon, Paracelse et Basile Valentin cherchaient aussi l'art de guérir. 34. sur Thésée : on lit dans les Figures Hiéroglyphiques ce passage assez énigmatique :

« Celui qui lave, ou plutôt ces lavements, qu'il faut continuer avec l'autremoitié, ce sont les dents de ce Serpent que le sage Opérateur, le vaillantThésée, sèmera dans la même terre, dont naîtront des Soldats qui sedétruiront enfin eux-mêmes, se laissant par opposition résoudre en la mêmenature de la terre, laissant emporter les conquêtes méritées. »

Thésée contracte ici des rapports étroits avec Cadmos. Tous lespoints de symbolisme touchant Thésée ont été abordés dans lasection Fontenay, en particulier dans les Douze Travaux d'Hercule. En complément, nous ajouterons l'article de Pernety :

Thésée. Fils d'Egée et d'Ethra, eut le bonheur de se préserverdu poison que Médée sa belle-mère voulut lui faire prendre.Les Athéniens, obligés par traité fait avec Minos, Roi de Crète,de lui envoyer tous les ans sept jeunes Athéniens pourcombattre le Minotaure enfermé dans le labyrinthe, décidaientpar le sort quels seraient les sept qu'on enverrait. Le sorttomba sur Thésée. Avant que de partir Egée lui recommandade mettre des voiles blanches à son retour, en cas qu'il revîntvictorieux, au lieu des voiles noires que l'on mettait en partant.Thésée le promit, s'embarqua, et aborda dans l'île de Crète. Il ygagna les bonnes grâces d'Ariadne, fille de Minos. Elle demanda à Dédale le moyen de sortir du labyrinthe, et il luidonna un peloton de fil, qu'elle remit à Thésée. Muni de cepeloton, Thésée entra dans le labyrinthe, combattit le Minotaureet le tua. Il avait défilé son peloton dès l'entrée, et n'eut que lapeine de suivre son fil et de refaire son peloton pour en sortir.Ariadne, charmée de le revoir, consentit à partir avec lui, etThésée l'emmena. Il l'abandonna ensuite dans l'île de Naxo.Voyez. ARIADNE . Egée voyant approcher le temps du retourdu vaisseau qui avait transporté les sept Athéniens à Crète, avait été l'attendre sur le bord de la mer. Thésée avait oublié de

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changer ses voiles, suivant la promesse qu'il en avait faite àson père. Egée les voyant noires, crut son fils péri, et dedésespoir se jeta dans la mer.

Thésée se proposa Hercule pour modèle, et lia une étroiteamitié avec ce Héros. Il brava, comme lui, toutes sortes dedangers, et eut part à beaucoup de ses exploits. Il tua d'abordle taureau de Gère dans la plaine de Marathon, défit unsanglier furieux qui ravageait les campagnes, purgea le paysd'une infinité de voleurs et de brigands, fit la guerre auxAmazones, emmena leur Reine Hippolite, qu'il épousa, et eneut un fils du même nom; prit le parti des Lapithes contre lesCentaures, et descendit enfin aux Enfers avec Pyrithoûs pourenlever Proserpine. Hercule, son ami, y étant aussi allé pourprendre Cerbère, y trouva Thésée et le ramena dans le séjourdes vivants. Quelques-uns mettent Thésée au nombre desArgonautes. Les uns disent qu'il fut tué par Lycomede, d'autresqu'il mourut d'une chute.

Thésée représente le mercure des Philosophes, appelé pourcette raison le bon ami d'Hercule, symbole de l'Artiste. Toutesles expéditions qu'on lui attribue sont les effets du mercurependant le cours des opérations requises pour la perfection del'œuvre. Il fallait par conséquent le mettre au nombre desArgonautes, et même des principaux. Il mourut en effet par lesmains de Lycomede, et perdit aussi la vie par une chute; maisdans deux circonstances différentes de l'œuvre. La premièreest celle de la dissolution, appelée Mort, Tombeau, Sépulcre.La seconde est celle de la fixation; parce que la volatilisationétant nommée Vie, la fixation qui marque le repos, est aussiappelée Mort. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées,liv. 3, chap. 14, § 5 et le liv. 5, chap. 22. [Dictionnaire]

FIGURE XII

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(Thésée et le Minotaure)

Thésée réussit là ou tant d'Artistes ont échoué : entrer dans lelabyrinthe, ce qui ne constitue pas en soi une grande affaire, pourvu que l'on ait les bonnes matière premières ; trouver lachambre centrale, ce qui est déjà beaucoup plus difficile ;combattre le Mercure en son premier état, incarné ici par leMinotaure. Le peloton de fil qu'Ariadne donne à Thésée n'estautre que celui de la fileuse que l'on retrouve sur la planche 14 duMutus Liber. Ce fil d'Ariane est l'un des plus merveilleux arcanes de

l'oeuvre. Il en constitue pour ainsi dire α et ω. Jetez donc uncoup d'oeil sur la Monade Hiéroglyphique de John Dee et vous verrez que sous ces deux lettres grecques, se cache les deuxcomposants du feu secret. La fileuse du Mutus Liber dévide son filexactement comme l'Artiste file son Mercure, c'est-à-dire le rendvisqueux d'une manière parfaite. Fulcanelli a précisé exactementles difficultés que le héros avait à affronter : a)-accéder à lachambre centrale ; b)- avoir la possibilité d'en sortir [cf. Mercure].Et c'était sans compter le combat avec le monstre. Qu'il s'agissedu périple de Thésée, des Travaux d'Hercule, de l'Odyssée, etc.,toutes les fables de l'Antiquité, pour Pernety et pour d'autres dontJean d'Espagnet [1, 2,], Philalèthe et probablement Isaac Newton,n'étaient que des prétextes pour parler de l'Art sacré.Contrairement à Pernety, nous ne pensons pas que Théséecache le Mercure, mais bien plutôt le Soufre et le fil d'Ariane est àl'image de la mer hermétique sur laquelle vogue le bateau Argos ;la même encore où la pauvre Latone, sur le point d'accoucher, etpoursuivie par le courroux vengeur d'Héra et tarde à trouver uneterre hospitalière ; la même encore où Eole fait souffler la tempêteet empêche nombre d'Achéens de revenir à leur terre d'origine ;ce qui sera à la base de l'Odyssée...Voilà une interprétationplausible du labyrinthe de Salomon, dont on trouvera une image dans la section des Gardes du corps. Thésée [Θησευς], c'estencore, par cabale, τιθηµι [θησοµαι], c'est-à-dire le fondement,la pierre de touche de l'oeuvre. 35. sur Pirithoüs ou Piritoos, voyez Fontenay. 36. voyez Fontenay ; 55 occurrences sur le site 37. sur Ulysse, cf. note 32 ; sur Jason, cf. note 33. La rétention dePirithoüs est l'allégorie de la dissolution du Soufre : l'ami deThésée est retenu par Ploutos qui refuse sa libération. 38. Le père de tous n'est pas Saturne mais Ouranos. C'estCronos qui, en utilisant sa ηαρπη, est cause du monde. Mercureest l'agent, dans le sens de médiateur. Vulcain représente le feuélémentaire. 39. la matière de toutes ces fables a été développée dans lesdifférents chapitres de l'Atalanta fugiens et, pour certaines d'entre ellles, dans cet emblème XLIV. 40. voir note 10. Dans ses Fables, t. I, Pernety parle de Pélops en ledésignant comme la matière au noir. 41. Achille et Triptolème, cf. note 9. Cette alternance de tisons de

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charbons et de lait masque ce que Fulcanelli appellesuccessivement la fleur ou l'étoile, selon que la matière seprésente à l'état de Mercure ou de Soufre. Il faut bien comprendrequ'il s'agit de la même matière, vue sous deux formes différentes. 42. Il doit s'agir de Pâris - Alexandre et Hélène. 43. Pernety prend prétexte de ces incohérences chronologiquescomme preuve que les fables de l'antiquité devaient être luessous un angle purement allégorique. En fait, Michel Maier l'avaitdevancé dans ses supputations. rien ne dit, pourtant, que cesfables aient le moindre rapport avec l'alchimie et nous enprofitions pour rappeler que tout ce que nous avons dit dans cettesection devait être pris non à la lettre, mais à l'esprit, avec ungrain de sel. 44. Il s'agit là des fables où le Soleil [Soufre rouge] et la Lune [Sel]entrent en conjonction. La première phase de cette conjonctionest appelée la grande éclipse par Lulle.