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Revue ge ´ne ´ rale Ataxies, parapare ´ sies spastiques et neuropathies he ´re ´ ditaires fre ´ quentes dans l’Est du Canada Hereditary ataxias, spastic parapareses and neuropathies in Eastern Canada N. Dupre ´ a, *, N. Chrestian a , I. Thiffault b , B. Brais b , G.A. Rouleau b , J.-P. Bouchard a a De ´partement des sciences neurologiques, faculte ´ de me ´decine de l’universite ´ Laval, ho ˆ pital Enfant-Je ´sus, CHAU de Que ´bec, 1401, 18 e rue, G1J 1Z4 Que ´bec, Canada b Centre d’excellence en neuromique, universite ´ de Montre ´al, ho ˆ pital Notre-Dame, CHU de Montre ´al, H2L4M1 Montre ´al, Canada revue neurologique 164 (2008) 12–21 info article Historique de l’article : Rec ¸u le 30 March 2007 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 15 mai 2007 Accepte ´ le 16 aou ˆ t 2007 Disponible sur Internet le 25 janvier 2008 Mots cle ´s : Canada Ataxie Parapare ´sie Neuropathie he ´re ´ ditaire Keywords: Canada Ataxia Paraparesis Neuropathy hereditary re ´sume ´ Les dernie ` res de ´ cennies ont vu l’e ´ laboration de meilleurs outils cliniques et mole ´ culaires qui ont re ´ volutionne ´ la classification de nombreuses maladies. La population de l’Est du Canada, compte tenu de son he ´ ritage ge ´ne ´ tique particulier, a contribue ´a ` ces avance ´ es scientifiques en permettant l’identification de maladies conside ´re ´ es comme rares dans d’autres re ´ gions du monde. Sa plus grande homoge ´ne ´ite ´ ge ´ne ´tique a permis d’affiner la description des pre ´ sentations cliniques ainsi que de mettre en lumie ` re des variations phe ´ notypiques. Dans la revue suivante, nous pre ´ sentons diverses formes comptant parmi les plus fre ´ quentes d’ataxies, de parapare ´sies spastiques et de neuropathies he ´re ´ ditaires observe ´ es dans l’Est du Canada. L’article de ´ crit les caracte ´ ristiques cliniques et les causes de ces maladies en les mettant en relation avec l’histoire des migrations des populations dans cette re ´ gion. # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. abstract It has been demonstrated, for many inherited diseases, that historical events have shaped the various regional gene pools of Eastern Canada. In so doing, it has given rise to the increased prevalence of some rare diseases due, to founder effects. The following neuro- genetic disorders were first identified in patients from Eastern Canada: AOA-2, Arsacs, HSN- 2, Arca-1, HMSN/ACC and Arsal. The population of Eastern Canada, we are convinced, will still allow the identification of new rare forms of hereditary ataxias, spastic parapareses and neuropathies as well as contribute to the uncovering of their mutated genes. We have summarized our current knowledge of the various hereditary ataxias, spastic parapareses and neuropathies in Eastern Canada. The study of the more common and homogenous features of these diseases has been largely completed. # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Dupre ´). Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 0035-3787/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. doi:10.1016/j.neurol.2007.08.006

Ataxies, paraparésies spastiques et neuropathies héréditaires fréquentes dans l’Est du Canada

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Page 1: Ataxies, paraparésies spastiques et neuropathies héréditaires fréquentes dans l’Est du Canada

Revue generale

Ataxies, paraparesies spastiques et neuropathieshereditaires frequentes dans l’Est du Canada

Hereditary ataxias, spastic parapareses and neuropathiesin Eastern Canada

N. Dupre a,*, N. Chrestian a, I. Thiffault b, B. Brais b, G.A. Rouleau b, J.-P. Bouchard a

aDepartement des sciences neurologiques, faculte de medecine de l’universite Laval, hopital Enfant-Jesus, CHAU de Quebec,

1401, 18e rue, G1J 1Z4 Quebec, CanadabCentre d’excellence en neuromique, universite de Montreal, hopital Notre-Dame, CHU de Montreal, H2L4M1 Montreal, Canada

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 1 2 – 2 1

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 30 March 2007

Recu sous la forme revisee le

15 mai 2007

Accepte le 16 aout 2007

Disponible sur Internet le

25 janvier 2008

Mots cles :

Canada

Ataxie

Paraparesie

Neuropathie hereditaire

Keywords:

Canada

Ataxia

Paraparesis

Neuropathy hereditary

r e s u m e

Les dernieres decennies ont vu l’elaboration de meilleurs outils cliniques et moleculaires qui

ont revolutionne la classification de nombreuses maladies. La population de l’Est du Canada,

compte tenu de son heritage genetique particulier, a contribue a ces avancees scientifiques

en permettant l’identification de maladies considerees comme rares dans d’autres regions

du monde. Sa plus grande homogeneite genetique a permis d’affiner la description des

presentations cliniques ainsi que de mettre en lumiere des variations phenotypiques. Dans

la revue suivante, nous presentons diverses formes comptant parmi les plus frequentes

d’ataxies, de paraparesies spastiques et de neuropathies hereditaires observees dans l’Est

du Canada. L’article decrit les caracteristiques cliniques et les causes de ces maladies en les

mettant en relation avec l’histoire des migrations des populations dans cette region.

# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

a b s t r a c t

It has been demonstrated, for many inherited diseases, that historical events have shaped

the various regional gene pools of Eastern Canada. In so doing, it has given rise to the

increased prevalence of some rare diseases due, to founder effects. The following neuro-

genetic disorders were first identified in patients from Eastern Canada: AOA-2, Arsacs, HSN-

2, Arca-1, HMSN/ACC and Arsal. The population of Eastern Canada, we are convinced, will

still allow the identification of new rare forms of hereditary ataxias, spastic parapareses and

neuropathies as well as contribute to the uncovering of their mutated genes. We have

summarized our current knowledge of the various hereditary ataxias, spastic parapareses

and neuropathies in Eastern Canada. The study of the more common and homogenous

features of these diseases has been largely completed.

# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (N. Dupre).

0035-3787/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.doi:10.1016/j.neurol.2007.08.006

Page 2: Ataxies, paraparésies spastiques et neuropathies héréditaires fréquentes dans l’Est du Canada

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 1 2 – 2 1 13

Le Canada est l’un des premiers territoires d’Amerique du

Nord colonises par les Europeens. Des 1600, le comptoir

commercial de Tadoussac fut etabli sur la rive nord de la

riviere Saguenay, a l’endroit ou celle-ci se jette dans le fleuve

Saint-Laurent. En 1608, la ville de Quebec est fondee sous le

regne d’Henri IV par Samuel de Champlain. On estime a

10 000 le nombre de pionniers francais qui firent souche au

Canada, parmi lesquels on ne compte que 1200 femmes. Ces

fondateurs ont eu plus de 25 millions de descendants en

Amerique du Nord, repartis sur dix generations et dont les

actuels representants occupent le Quebec et l’Acadie (Bou-

chard & De Braekeleer, 1991). De nos jours, l’Acadie

traditionnelle constitue une partie du territoire des pro-

vinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse,

creees apres 1755 sous le regime britannique (Theriault,

2004).

Andre Barbeau (1931–1986) fut le pionnier de l’etude des

maladies neurologiques hereditaires au Canada. Il entreprit de

multiplesprojets menant a la description de differentes

formes d’ataxies, de neuropathies et de paraparesies spasti-

ques hereditaires (Barbeau, 1980). L’arrivee de l’ere genomique

a permis de poursuivre son œuvre a un tout autre niveau, par

la description de nouvelles entites phenotypiques et surtout,

par l’identification de genes mutes. Dans cet article, nous

presentons une synthese des diverses ataxies, neuropathies et

paraparesies spastiques hereditaires observees dans l’Est du

Canada (Fig. 1), dont certaines sont tirees directement du

travail d’Andre Barbeau. L’identification plus recente des

nouvelles pathologies genetiques, grace a l’etude d’effets

fondateurs regionaux, permet d’affirmer que cette population

est susceptible d’aider a definir des nouvelles maladies

neurogenetiques.

1. Les ataxies hereditaires

1.1. Ataxie avec apraxie oculomotrice de type 2 (AAO-2,AOA-2, Mim 606 002)

1.1.1. Caracteristiques cliniquesL’AAO-2 est une maladie autosomique recessive avec une

penetrance liee a l’age et debutant entre 10 et 25 ans. Elle se

caracterise principalement par une atrophie cerebelleuse, une

neuropathie axonale sensitivomotrice, une apraxie oculomo-

trice et une alphafœtoproteine serique elevee (Moreira et al.,

2004). Le symptome initial est une demarche ataxique

observee chez la plupart des patients, pouvant etre precedee

— chez plusieurs individus — de strabisme, de dystonie ou de

tremblement d’attitude. La maladie progresse lentement : une

minorite de patient se retrouve en fauteuil roulant apres dix

ans d’evolution, alors que d’autres conservent la capacite de

marcher jusqu’a 20 ans apres le debut des symptomes. La

demarche ataxique est presente chez tous les patients, alors

que d’autres caracteristiques peuvent egalement se develop-

per telles les postures dystoniques des mains, mouvements

choreiques et tremblement d’attitude, des membres ou de la

tete (Le Ber et al., 2004). Quelques patients peuvent avoir un

signe de Babinski ou des perturbations sphincteriennes. Des

signes cliniques de neuropathie (disparition ou diminution des

reflexes tendineux, deficits sensitifs ou moteurs) se remar-

quent chez la majorite des patients. Les facultes cognitives

peuvent etre moderement alterees. L’apraxie oculomotrice,

caracterisee par une dissociation des mouvements conjugues

de la tete et des yeux, est presente chez la plupart des patients.

En outre, une poursuite saccadee, un nystagmus dans le

regard fixe et une abduction limitee sont d’habitude presents

(Le Ber et al., 2004). Les resultats d’imagerie par resonance

magnetique (IRM) montrent invariablement une atrophie

cerebelleuse. Les etudes de conduction nerveuse peripherique

montrent des amplitudes diminuees, compatibles avec une

neuropathie axonale sensitivomotrice (Le Ber et al., 2004).

1.1.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieChez les Canadiens-Francais, la description initiale de l’AAO-2

repose sur une famille de 20 enfants dont sept etaient atteints,

la mere provenant de la region de Quebec et le pere etant

d’origine acadienne (Bouchard, Bedard, & Bouchard, 1980).

Plus tard, cette famille fut etudiee en compagnie de dix autres

familles d’ascendance canado-francaise, pour un total de

17 patients atteints (Duquette, Bouchard, & Marchand, 2003).

Tous les patients presentaient un phenotype assez

homogene : une ataxie commencant entre 8 et 16 ans

accompagnee d’une polyneuropathie sensitivomotrice severe.

L’apraxie oculomotrice n’etait jamais presente, sauf chez

quelques patients plus ages. L’alphafœtoproteine etait inva-

riablement elevee et l’IRM cerebrale montrait toujours

une atrophie pontocerebelleuse significative. Chez 13 des

18 porteurs de ces familles canadiennes-francaises, un

haplotype commun fut identifie en utilisant des marqueurs

sur le chromosome 9q34. L’AAO-2 fut egalement decrite dans

d’autres regions du globe : en Algerie, au Vietnam, en France,

au Portugal, en Espagne, au Cap-Vert, en Turquie, au Japon, au

Pakistan, en Tunisie et au Royaume-Uni (Nemeth et al., 2000 ;

Moreira et al., 2004). Des mutations dans le gene codant de la

proteine senataxine causent l’AAO-2 (Moreira et al., 2004). La

fonction de la senataxine est peu connue, mais on pense que

celle-ci aurait une activite ARN et ADN helicase et pourrait

ainsi agir dans la reparation de l’ADN. Des mutations dans le

gene causant l’AAO-2 sont egalement impliquees dans la

sclerose laterale amyotrophique de type 4 (Mim 602 433) (Chen

et al., 2004), mais cette variante n’a jamais ete decrite chez les

Canadiens-Francais.

1.2. Ataxie de Friedreich (AF ; Mim 229 300)

1.2.1. Caracteristiques cliniquesL’ataxie progressive est le symptome principal de cette

maladie, laquelle se manifeste le plus souvent par un trouble

de la marche a la puberte. Selon Harding (1981), les

caracteristiques essentielles sont les suivantes :

� u

ne transmission autosomique recessive ;

� u

n debut avant 25 ans ;

� u

ne ataxie progressive des membres et de la demarche ;

� u

ne areflexie des membres inferieurs ;

� d

es signes electrophysiologiques de neuropathie axonale

sensitive suivie (dans un delai de cinq ans apres le debut) ;

� d

’une dysarthrie ;

� d

’une areflexie aux quatre membres ;

� d

’une perte de proprioception et du sens de la vibration ;
Page 3: Ataxies, paraparésies spastiques et neuropathies héréditaires fréquentes dans l’Est du Canada

Fig. 1 – Carte de l’Est du Canada.

Map of Eastern Canada.

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 1 2 – 2 114

� d

’une reponse plantaire en extension ;

� d

’une faiblesse pyramidale des jambes.

Les autres caracteristiques cliniques comprennent la

cardiomyopathie, la scoliose, le diabete et la surdite. L’IRM

revele une atrophie de la moelle epiniere avec un tronc

cerebral et un cervelet intacts (Alper & Narayanan, 2003).

1.2.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieL’AF est l’ataxie hereditaire la plus frequente dans le monde,

avec une prevalence chez les caucasiens estimee a 1/29 000–1/

50 000 (Alper & Narayanan, 2003). Dans la region quebecoise de

Rimouski, Bouchard et Barbeau ont decrit un groupe de huit

familles, etroitement liees et affectees de la forme typique

d’AF (Quebec) (Bouchard, Barbeau, Bouchard, Paquet, &

Bouchard, 1979). Plus tard, ils ont etudie la genealogie

complete de 14 familles dispersees au Quebec, y compris les

huit familles de la region de Rimouski (Barbeau, Sadibelouiz,

Roy, Lemieux, Bouchard, & Geoffroy, 1984b). Le couple

fondateur, qui a vraisemblablement introduit la copie anor-

male du gene de l’AF au Quebec, est arrive en Nouvelle-France

vers 1634, en provenance du Perche en France (Barbeau,

Sadibelouiz, Roy, Lemieux, Bouchard, & Geoffroy, 1984b).

L’homme possedait une concession de terre a Beauport, pres

de la ville de Quebec ; il n’etait donc pas d’ascendance

acadienne. L’AF a aussi fait l’objet d’etude chez les Acadiens

des provinces maritimes, ainsi que chez les Cajuns de la

Louisiane (Barbeau, Roy, Sadibelouiz, & Wilensky, 1984a). On

pensait, a l’origine, que ces cas pouvaient representer une

entite differente de l’AF, puisqu’ils differaient des cas

classiques, notamment, par la vitesse de progression de la

maladie et par l’incidence limitee de certains signes cardi-

naux. Un total de 14 patients acadiens du Nouveau-Brunswick

atteints de l’AF et 28 patients cajuns de Louisiane d’origine

acadienne furent examines par Barbeau (Barbeau, Roy,

Sadibelouiz, & Wilensky, 1984a). L’AF chez les patients

d’origine acadienne (ou cajun) etait, cliniquement, assez

uniforme et presentait une esperance de vie plus elevee et

une cardiomyopathie moins frequente que chez les patients

originaires du Quebec. Les etudes d’haplotypes ont confirme

que les variantes acadienne et cajun etaient bien liees au locus

de l’AF sur le chromosome 9 (Keats, Ward, Shaw, Wickrema-

singhe, & Chamberlain, 1989 ; Sirugo et al., 1994). Les patients

acadiens et cajun partagent le meme haplotype principal, bien

que cet haplotype soit rare tant au sein de la population

caucasienne atteinte de l’AF que chez les patients du Quebec

qui ne sont pas d’ascendance acadienne (Richter et al., 1996 ;

Sirugo et al., 1992).

On a situe le locus de l’AF (Chamberlain et al., 1989), au

debut, sur le chromosome 9q13-q21.1 et le screening/typage des

patients, pour une mutation dans le gene X25, a mene a

l’identification d’une repetition trop elevee de trinucleotides

(GAA) au sein de son premier intron (Campuzano et al., 1996).

Le gene X25 comprend sept exons et code pour une proteine

appelee frataxine. Cette proteine est exprimee a un niveau

eleve dans la moelle epiniere et a un niveau plus bas dans le

cervelet et le cortex cerebral (Campuzano et al., 1996). Dans de

grandes etudes des patients caucasiens atteints de l’AF, il

existe une forte correlation entre la taille de l’allele, l’age du

debut ainsi que la progression de la maladie (Durr et al., 1996).

Cependant, dans l’AF acadienne, il semble y avoir peu de

correlation entre la taille de l’expansion et la severite clinique

(Montermini et al., 1997). La pathophysiologie de l’AF a ete

intensivement passee en revue ailleurs (Alper & Narayanan,

2003 ; Voncken, Ioannou, & Delatycki, 2004).

1.3. Ataxie recessive spastique avec leucodystrophie(Arsal, ataxie recessive de Portneuf)

1.3.1. Caracteristiques cliniquesL’Arsal se caracterise principalement par la presence d’une

ataxie spastique progressive, dont l’age de diagnostic et le

phenotype sont extremement variables. L’age moyen de debut

est de 15 annees (intervalle de 2–59 ans) (Thiffault et al., 2006).

La majorite des cas presentent les suivants :

� d

es urgences mictionnelles (57 %) ;

� u

ne dysarthrie (74 %) ;

� u

ne dystonie (57 %) ;

� u

n nystagmus horizontal leger (44 %) ;

� u

ne scoliose (35 %) et un retard mental leger (44 %).

Par ailleurs, on ne retrouve pas de polyneuropathie. L’IRM

revele une atrophie cerebelleuse diffuse chez tous les sujets

atteints (100 %), une atrophie cerebrale legere a moderee dans

42,9 % des cas et la presence de leucodystrophie chez plus de

52 % des patients. Ces changements se localisent surtout dans

la zone periventriculaire ou juxtacorticale. Aucune correlation

n’a pu etre etablie entre la presence de leucodystrophie et l’age

du diagnostic ou le declin des facultes cognitives (Thiffault

et al., 2006).

1.3.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieUn total de 23 patients presentant des signes cliniques de

l’Arsal provenant de 17 familles canadiennes-francaises ont

ete recrutes. Les ancetres de plus de 59 % d’entre eux vivaient

dans la region de Portneuf. Une etude genomique complete fut

realisee a l’aide de 500 marqueurs microsatellites a des

Page 4: Ataxies, paraparésies spastiques et neuropathies héréditaires fréquentes dans l’Est du Canada

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 1 2 – 2 1 15

intervalles approximatifs de 7 cm (Thiffault et al., 2006).

L’analyse en multipoints Lod a permis de reperer le locus de

l’Arsal avec un Lod de 2,08 pour le marqueur microsatellite

D2S2321. Un phenotypage affine de la cohorte a permis de

reduire la region candidate de l’Arsal a environ 0,9 cm (1,25 Mb)

sur le chromosome 2q33-34, entre les marqueurs D2S2321 et

D2S2274 (Lod score de 5,95). L’analyse des haplotypes chez

tous les patients Arsal suggere qu’une mutation fondatrice au

sein de la population etudiee est partagee par plus de 97 % des

chromosomes porteurs. L’intervalle candidat de l’Arsal, selon

la base de donnee UCSC (version de mars 2006), contient plus

de 34 genes percus comme responsables (Thiffault et al., 2006).

A ce jour, plus de la moitie des genes candidats ont ete

sequences et aucune mutation n’a ete decouverte. Des

analyses sont en cours, a l’heure actuelle, afin d’identifier

les mutations causales dans les autres genes candidats

concernant cet intervalle.

1.4. Ataxie cerebelleuse autosomique recessive de type 1(Acar-1, Arca-1, Ataxie recessive de la Beauce)

1.4.1. Caracteristiques cliniquesL’Acar-1 se caracterise principalement par une atteinte

progressive et lente, sous forme de dysarthrie ou d’ataxie

cerebelleuse, debutant generalement au cours de la vingtaine

ou de la trentaine (age moyen de debut : 30,4 annees ;

intervalle : 17 a 46 ans) (Dupre, Gros-Louis, Verreault,

Bouchard, & Rouleau, 2006). Il y a peu d’autres signes cliniques

associes, si ce n’est des anomalies mineures des mouvements

extraoculaires (diminution de la vitesse des saccades), une

incoordination des membres ou encore des reflexes osteo-

tendineux parfois vifs aux membres inferieurs. Par ailleurs, on

ne retrouve pas de signe extrapyramidal, d’atteinte du

systeme nerveux autonome ou de polyneuropathie. Sur le

plan des examens paracliniques, l’IRM revele une atrophie

cerebelleuse diffuse sans atteinte du tronc cerebral chez les

sujets atteints et ce, meme apres seulement quelques annees

d’evolution de la maladie ; les conductions nerveuses

peripheriques sont toujours normales.

1.4.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieAu cours des dix dernieres annees, 27 familles canadiennes-

francaises, originaires de la Beauce et du Bas-St-Laurent

(Quebec), ont ete identifiees, dont plusieurs membres presen-

taient des signes cliniques de l’Acar-1. Afin de determiner le

gene responsable de l’Acar-1, une etude genomique complete

fut realisee avec 388 marqueurs microsatellites a des intervalles

approximatifs de 10 cm (Gros-Louis et al., 2007). Cette etude a

permis de localiser le gene causant l’Acar-1 sur le

chromosome 6q entre les marqueurs D6S420 et GATA186B06.

La sequence complete chez tous les patients atteints d’Acar-1

du seul gene inclus dans cet intervalle (SYNE-1) a permis

d’identifier cinq mutations au sein de la population etudiee.

Chaque mutation repose sur son propre haplotype, dont deux

sont nettement plus frequents, ce qui confirme l’effet fonda-

teur. Avant que ne soit decouverte l’implication du SYNE-1dans

l’Acar-1, la fonction alors connue du gene SYNE-1 etait associee

a l’ancrage des noyaux des fibres musculaires au niveau des

jonctions neuromusculaires (Grady, Starr, Ackerman, Sanes, &

Han, 2005). Une etude de localisation avec des anticorps

marquant la proteine exprimee par SYNE-1 a demontre que

ce gene etait present a un degre eleve dans le cervelet (cellules

de Purkinje) et le tronc cerebral (noyaux olivaires) (Gros-Louis

et al., 2007). La proteine encodee par SYNE-1 etant constituee de

nombreuse repetition interagissant avec les spectrines ; on peut

emettre l’hypothese que les mutations retrouvees chez les

patients atteints de l’Acar-1 affectent la capacite de cette

derniere a s’attacher a la spectrine, ce qui pourrait avoir un

impact significatif sur la structure nucleaire des cellules de

Purkinje. Il est ainsi possible de classer l’Acar-1 dans une

nouvelle categorie d’ataxies hereditaires : celles reliees a des

defauts d’attachement a la spectrine, qui comprend desormais

Acar-1, Sca-5 (Ikeda et al., 2006) et 15q-Adca (Ishikawa et al.,

2005), toutes trois caracterisees pas une degenerescence

cerebelleuse progressive et lente.

1.5. Ataxie sensitive autosomique dominante(Asad, Adsa)

1.5.1. Caracteristiques cliniquesTypiquement, le debut des symptomes de cette maladie, qui ne

semble pas affecter l’esperance de vie, survient en general au

cours de la trentaine ou de la quarantaine (entre 28 et 55 ans),

(Valdmanis, Simoes Lopes, Gros-Louis, Stewart, Rouleau,

& Dupre, 2004). Il n’existe aucun signe d’anticipation genetique.

Le mode de transmission est autosomique dominant avec une

penetrance liee a l’age. La plupart des patients eprouvent

d’abord des difficultes a la marche, certains mentionnant de

plus une instabilite qui prend de l’ampleur dans l’obscurite. Les

reflexes osteotendineux sont habituellement diminues dans les

membres superieurs et disparaissent dans les membres

inferieurs. Quelques sujets atteints presentent des reponses

plantaires en extension et une faiblesse des membres infe-

rieurs. La sensibilite a tous les modes (tact, douleur, tempera-

ture, proprioception et vibration) connaıt invariablement une

diminution. Iln’y a jamaisd’ulcerationssignificativesaux pieds.

Les dysfonctionnements du systeme nerveux autonome, tels

que troubles sphincteriens ou hypotension orthostatique, sont

absents. Il n’y a aucun signe d’atteinte cerebelleuse. L’IRM

cerebrale et spinale s’avere normale. Les resultats d’etude de

conduction nerveuse peripherique demeurent dans les limites

de la normale et ce, meme a un stade avance de la maladie.

Cependant, les potentiels somatosensitifs se trouvent ralentis,

voire absents dans les membres.

1.5.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieLa premiere famille decrite est d’origine anglo-saxonne et

comprend dix individus vivants atteints (Valdmanis, Simoes

Lopes, Gros-Louis, Stewart, Rouleau, & Dupre, 2004). Une

deuxieme famille comprenant 9 individus atteints a recem-

ment fait l’objet d’une publication (Valdmanis, Brunet, St-

Onge, Weston, Rouleau, & Dupre, 2006). Ces deux familles sont

originaires de Moncton (Nouveau-Brunswick, Canada) et ont le

meme haplotype, ce qui confirme leur ascendance commune.

Le gene responsable de cette condition n’a pas encore ete

caracterise, mais le locus SNAX1 a ete repere dans l’intervalle

chromosomique de 9,1 cm sur le chromosome 8p12-8q12.1. Un

certain nombre de genes candidats de cet intervalle sont, a

l’heure actuelle, examines. Cette maladie neurodegenerative

se caracterise par une ataxie proprioceptive accompagnee

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r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 4 ( 2 0 0 8 ) 1 2 – 2 116

d’une atteinte des voies pyramidales. Aucune autopsie n’a

encore ete pratiquee. L’Asad partage certaines caracteristi-

ques cliniques avec les neuropathies hereditaires mais, a la

difference de ces dernieres, les etudes de conduction nerveuse

sont normales dans l’Asad ; cette caracteristique revelerait

plutot une atteinte predominante des fibres nerveuse sensi-

tives preganglionnaires (cordons posterieurs).

1.6. Ataxie spastique hereditaire autosomique dominantede type 1 (Ashad-1 ; Sax 1 ; Mim 108 600)

1.6.1. Caracteristiques cliniquesL’age typique du debut se situe au cours des 20 premieres

annees de la vie et la maladie ne semble pas affecter

significativement l’esperance de vie. Le mode de transmission

est autosomique dominant avec une penetrance liee a l’age. A la

premiere consultation clinique, la plupart des patients pre-

sentent un debut de spasticite des membres inferieurs, une

maladresse aux mains et des secousses involontaires a la tete

(Meijer, Hand, Greval, Stefanelli, Ives, & Rouleau 2002b). Dans la

trentaine, la spasticite progresse vers les membres inferieurs et

des nouveaux symptomes apparaissent tels que ladysarthrie, la

dysphagie, les anomalies oculomotrices (saccades lentes,

regard vertical altere, retraction palpebrale) et la dystonie.

Aucun patient ne montre d’amyotrophie. L’imagerie cerebrale

ou les donnees electrophysiologiques s’averent normales.

1.6.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieTrois familles ont ete rapportees, a ce jour, vivant toutes dans

une region rurale isolee de la province de Terre-Neuve. Dans

cette region, l’Ashad-1 contribue d’une facon disproportion-

nee au fardeau des maladies neurodegeneratives chez

l’adulte. Dans ces trois familles anglo-saxonnes, 38 individus

atteints ont ete repertories et evalues. L’Ashad-1 a ete decrite

egalement en Iran (Mahloudji, 1963) et aux Etats-Unis

(Virginie) (Gayle & Williams, 1933), toutefois sans confirmation

de nature genetique. Le gene causant l’Ashad-1 a ete localise

sur le chromosome 12p13 (Meijer, Hand, Greval, Stefanelli,

Ives, & Rouleau 2002b). La recherche des haplotypes a l’aide de

13 marqueurs polymorphiques indique que chacune de ces

trois familles terre-neuviennes partage un haplotype commun

avec des regions recombinantes reduisant l’ensemble a un

intervalle de 5 cm. Les donnees neuropathologiques disponi-

bles montrent une degenerescence des regions corticospinales

et des cordons posterieurs (Meijer et al., 2002b).

1.7. Ataxie recessive spastique du Charlevoix-Saguenay(ARSCS ; Arsacs ; Mim 270 550)

1.7.1. Caracteristiques cliniquesA l’age de 12 a 18 mois, alors qu’ils commencent a marcher, les

patients atteints de l’ARSCS montrent des signes de spasticite

aux membres inferieurs (Bouchard et al., 1998). Les parents

precisent que leurs enfants presentent un trouble de l’equi-

libre et une tendance aux chutes (Bouchard et al., 1998). Le

discours peut etre legerement perturbe dans l’enfance et

devient explosif vers l’age adulte. Les signes neurologiques

precoces comprennent un signe de Babinski, une perturbation

de la poursuite oculaire et la presence des fibres myelinisees,

rayonnant a partir du disque optique au fond d’œil. Bien qu’ils

aient un developpement moteur perturbe, les enfants atteints

de l’ARSCS ne presentent aucun deficit intellectuel (Bouchard,

Barbeau, Bouchard, & Bouchard, 1978). La maladie s’aggrave a

l’adolescence et, vers 20 ans, s’y ajoute une augmentation

progressive du tonus musculaire et des reflexes osteotendi-

neux. Une amyotrophie distale est alors generalement

observee (Bouchard et al., 1998). Le confinement au fauteuil

roulant survient a un age moyen de 41 ans (17–57 ans). L’age

moyen au deces est de 51 ans (Bouchard, 1991). Les etudes de

conduction nerveuse peripheriques montrent des signes de

demyelinisation precoce et de neuropathie axonale progres-

sive, cette derniere etant confirmee par une biopsie de nerf

(Peyronnard, Charron, & Barbeau, 1979). L’atrophie du vermis

cerebelleux superieur est toujours presente a l’IRM, meme

chez les plus jeunes patients. La moelle epiniere est atrophiee

de maniere diffuse.

1.7.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieAvec plus de 300 individus atteints, l’ARSCS est la plus

frequente des ataxies hereditaires du Quebec. La plupart des

familles proviennent des regions de Charlevoix et du

Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour la periode 1941–1985, la fre-

quence des porteurs fut estimee a 1/22 dans la region de

Saguenay-Lac-Saint-Jean (De Braekeleer, Giasson, Mathieu,

Roy, Bouchard, & Morgan, 1993b). L’ARSCS est egalement

decrite dans d’autres pays, tels le Japon (Ogawa et al., 2004), la

Turquie (Gucuyener et al., 2001), la Tunisie (Mrissa et al., 2000),

l’Espagne (Pascual-Castroviejo, Pascual-Pascual, Viano, &

Martinez, 2000), (Criscuolo et al., 2005) et l’Italie (Criscuolo

et al., 2004). Le gene de l’Arsacs est localise dans un intervalle

de 0,42 cm sur le chromosome 13q12 (Richter et al., 1999) avec

un haplotype preponderant chez la plupart des cas canadiens-

francais, confirmant de ce fait l’existence d’un effet fondateur.

Des mutations codantes de la sacsine dans le gene SACS

(Engert et al., 2000) sont responsables de l’ARSCS. On connaıt

peu de chose de la fonction de SACS, qui code pour une

gigantesque proteine de 4579 acides amines et s’exprimant

dans une grande variete de tissus, dont le systeme nerveux

central. La presence d’un domaine DNAJ (heat-shock) dans la

sacsine suggere une fonction chaperon propre a cette proteine

(Engert et al., 2000). Le domaine de liaison HEPN suggere un

role dans la liaison avec l’ATP et l’ADN. Deux mutations dans

le gene d’ARSCS ont ete decouvertes chez les canadiens-

francais : la 6594delT explique environ 94 % des porteurs, alors

que la 5254C-T explique 4 % des autres cas. Il est interessant de

noter que, depuis la decouverte des deux premieres mutations

responsables de cette ataxie au SLSJ, plusieurs autres

mutations ont ete identifiees a l’etranger.

2. Les paraparesies spastiques hereditaires etles ataxies spastiques

2.1. Paraparesie spastique autosomique dominante detype 4 (SPG-4, FSP2 ; Mim 182 601)

2.1.1. Caracteristiques cliniquesL’age de debut de paraparesie spastique autosomique domi-

nante de type 4 est tres variable, s’etendant de l’enfance

jusqu’a l’age adulte avance, cette maladie ne semble pas

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affecter l’esperance de vie (Meijer, Hand, Cossette, Figlewicz, &

Rouleau, 2002a). Le mode de transmission est autosomique

dominant. A la premiere consultation clinique, les patients

peuvent presenter un phenotype complique ou non

complique. Dans le cas du phenotype non complique, les

symptomes seront limites a une paraparesie spastique

progressive avec des degres variables de severite, quelques

patients pouvant etre en mesure de marcher de maniere

autonome jusqu’a un stade avance de la maladie, tandis que

d’autres se retrouveront tot en fauteuil roulant (Meijer, Hand,

Cossette, Figlewicz, & Rouleau, 2002a). Dans le cas de la forme

compliquee, la paraparesie spastique peut etre associee a une

vessie neurogene, a de l’incontinence fecale, a des anomalies

cognitives, a des crises d’epilepsie, ou encore a une neuropa-

thie peripherique (Meijer, Hand, Cossette, Figlewicz, &

Rouleau, 2002a). La resonance magnetique cerebrale et spinale

s’avere invariablement normale. Les conductions nerveuses

peripheriques peuvent etre anormales.

2.1.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieUn total de huit familles canadiennes-francaises atteintes de

cette maladie ont ete repertoriees au Quebec (Meijer, Hand,

Cossette, Figlewicz, & Rouleau, 2002a). La maladie est

egalement decrite dans plusieurs regions du monde, dont

en France (Hazan Lamy, Melki, Munnich, de Recondo, &

Weissenbach, 1993), aux Pays-Bas (Hazan Lamy, Melki,

Munnich, de Recondo, & Weissenbach, 1993), en Angleterre

(origine galloise) (Reid, Grayson, Rubinsztein, Rogers, &

Rubinsztein, 1999), en Amerique du Nord (caucasiens) (Hen-

tati, Pericak-Vance, & Lennon, 1994), en Tunisie (Hentati et al.,

1994) et au Danemark (Nielsen et al., 1997). La paraparesie

spastique autosomique dominante de type 4 est localisee sur

le chromosome 2p22-21. Toutes les familles canadiennes-

francaises decrites presentent des mutations differentes du

gene SPG-4, sauf pour deux d’entre elles qui, dans leur cas,

partagent une mutation apparemment plus commune aux

Caucasiens (G1801A) (Meijer, Hand, Cossette, Figlewicz, &

Rouleau, 2002a). La paraparesie spastique autosomique

dominante de type 4, comme les autres formes de para-

paresies spastiques, est liee a l’atteinte des voies corticospi-

nales. On sait desormais que la proteine spastine interagit

avec les microtubules par leurs regions N-terminale, le tout

par le truchement de l’ATPase. Les mutations de la spastine

semblent ainsi alterer la regulation des microtubules au sein

des longs axones (Errico, Ballabio, & Rugarli, 2002).

2.2. Leucodystrophie autosomique dominante (ADLD,PMD-AD-Late-onset type, MS-like disorder ; Mim 169 500)

2.2.1. Caracteristiques cliniquesL’age typique du debut de la maladie, qui n’affecte pas

significativement l’esperance de vie, se situe dans la trentaine

ou la quarantaine. Le mode de transmission est autosomique

dominant avec une penetrance liee a l’age. Onze patients

canadiens-francais avec la leucodystrophie autosomique

dominante ont ete examines et des etudes genealogiques

ont ete menees a leur sujet (Simoes Lopes, Verreault,

Bouchard, & Rouleau, 2002). Le phenotype des familles

canadiennes-francaises s’est avere semblable a celui des

autres familles precedemment decrites : les six individus

examines ont montre une instabilite progressive a la marche

avec un syndrome du motoneurone superieur (spasticite ;

hyperreflexie ; reponses plantaires en extension), et des

anomalies du systeme nerveux autonome (disfonctionnement

intestinal/vesical ; hypotension orthostatique). L’IRM cere-

brale revele une legere atrophie corticale avec des change-

ments symetriques de la substance blanche, les plus

prononces se localisant dans les regions frontoparietales en

association avec une atrophie diffuse de la moelle epiniere.

2.2.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieQuatre familles atteintes de leurodystrophie autosomique

dominante ont ete repertoriees de par le monde : une etant

d’origine canadienne-francaise (Charlevoix, Quebec) (Simoes

Lopes, Verrault, Bouchard, & Rouleau, 2002 Verreault, Langois,

Thibault, Bouchard, Simoes Lopes, & Rouleau 2002), une

seconde est d’origine ecossaise/irlandaise (Brown et al., 1987),

une troisieme est d’origine americaine/irlandaise (Eldridge

et al., 1984) et la derniere etant d’origine suedoise (Marklund,

Melin, Melberg, Giedraitis, & Dahl, 2006). Des etudes de

localisation ont montre que le locus de la leucodystrophie

autosomique dominante se situait sur le chromosome 5q31,

avec un Lod score de 5,72 sur le marqueur D5S804 (Coffeen

et al., 2000). Par la suite, le gene Lamin B1 fut identifie comme

etant responsable de leucodystrophie autosomique domi-

nante (Padiath et al., 2006). En effet, les sujets atteints de

leucodystrophie autosomique dominante presentent une

duplication genomique ayant pour consequence de placer

une copie supplementaire du gene Lamin B1, produisant ainsi

une surexpression de ce gene, ce qui nuirait a l’integrite de la

membrane nucleaire cellulaire tout en affectant de facon

predominante les astrocytes et en epargnant les oligoden-

drocytes (Padiath et al., 2006).

3. Les neuropathies hereditaires

3.1. La neuropathie sensitivomotrice hereditaire avecagenesie du corpus calleux (NSMH/ACC, HMSN/ACC, ACCPN,syndrome d’Andermann ; Mim 218 000)

3.1.1. Caracteristiques cliniquesLa NSMH/ACC est une maladie autosomique recessive

d’apparition precoce. Elle se caracterise par un retard du

developpement psychomoteur, une neuropathie sensitivomo-

trice severe avec areflexie, un degre variable d’agenesie du

corps calleux, une amyotrophie et une hypotonie (Dupre et al.,

2003). D’autres caracteristiques associees comprennent une

ptose palpebrale, une paralysie du regard vertical, une

asymetrie faciale, un tremblement, une retraction des tendons

d’Achille et une scoliose (Dupre et al., 2003). La maladie se

manifeste d’abord par une hypotonie et un retard dans le

developpement psychomoteur. L’age moyen auquel se pre-

sente le besoin de marche assistee est de 3,8 ans. La maladie

progresse implacablement et, a terme (celui-ci survenant

generalement des l’adolescence), tous les patients se retro-

uvent confines au fauteuil roulant. L’esperance de vie est

ecourtee a 33 ans en moyenne, bien qu’un certain nombre de

patients aient survecu jusqu’a la cinquantaine. Une majorite

de patients presente un retard intellectuel leger a modere, et

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pres de 40 % des patients developpent des caracteristiques

« psychotiques » en fin d’adolescence (idees paranoıdes,

hallucinations visuelles et auditives). Les conductions ner-

veuses sensitives sont invariablement absentes des la nais-

sance (Dupre et al., 2003). La resonance magnetique cerebrale

revele une dysgenesie partielle ou totale du corps calleux

(Dupre et al., 2003).

3.1.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieLa NSMH/ACC se retrouve surtout dans la population

canadienne-francaise du Quebec, dans les regions du Sague-

nay-Lac-St-Jean et de Charlevoix. Le taux d’individus porteurs

est estime a 1/23 habitants dans le Saguenay-Lac-St-Jean ; les

reconstitutions genealogiques ont prouve que tous les porte-

urs ont des ancetres communs, soutenant, de ce fait, un effet

fondateur (De Braekeleer, Dallaire, & Mathieu, 1993a). La

NSMH/ACC est egalement rapportee dans d’autres regions du

globe comme en Italie (Battistella et al., 1987 ; Howard et al.,

2002), en Autriche (Hauser, Bittner, Liegl, Bernert, & Zeitlhofer,

1993), en Tanzanie (Deleu, Bamanikar, Muirhead, & Louon,

1997), en Turquie (Howard et al., 2002), aux Pays-Bas et en

Afrique du Sud (communication personnelle). La preuve d’un

effet fondateur chez la population canadienne-francaise est

confirmee par l’analyse des haplotypes, qui a prouve que le

marqueur D15S1232 etait conserve et se retrouvait dans plus

de 97 % des chromosomes atteints (Howard et al., 2002). Des

mutations dans le gene SLC12A6 codant du cotransporteur

chlore–potassium (KCC3) s’averent etre a l’origine de la NSMH/

ACC. Le KCC3 est exprime a la fois dans le systeme nerveux

central et peripherique (Howard et al., 2002). Il serait implique

dans la regulation de la volemie cellulaire ou dans la

regulation des concentrations intracellulaires de K+ et de

Cl� (Race, Makhlouf, Logue, Wilson, Dunham, & Holtzman,

1999). L’autopsie des patients atteints de NSMH/ACC montre

des gonflements axonaux dans la substance blanche et un

œdeme axonal severe, a la grandeur du systeme nerveux

peripherique (Dupre et al., 2003).

3.2. Neuropathie sensitive hereditaire de type 2 (NSH-2,HSAN-2, HSN-2, neurogenic acroosteolysis, Mim 201 300)

3.2.1. Caracteristiques cliniquesLa NSH-2 est une maladie autosomique recessive debutant au

cours des 20 premieres annees de la vie. La maladie peut

connaıtre une variete de manifestations phenotypiques, mais

la caracteristique principale consiste en une perte de

sensibilite aux extremites. Les cas decrits parmi des familles

canadiennes-francaises (Hould & Verret, 1967 ; Ohta, Ellefson,

Lambert, & Dyck, 1973) ont les caracteristiques suivantes :

� le

s enfants sont habituellement normaux a la naissance ;

� le

ur developpement moteur et leur capacite d’apprentissage

sont normales durant l’enfance ;

� a

u cours des dix premieres annees de leur vie, ils

developpent generalement des troubles sensitifs des extre-

mites (difficultes d’identification des objets a l’aide des

mains, blessures cutanees frequentes, ulcerations).

Par la suite, les patients developpent une acro-osteolyse

mise en evidence par l’examen clinique et par rayons X des

membres. Les cas decrits en Nouvelle-Ecosse et a Terre-Neuve

(Lafreniere et al., 2004) ont les caracteristiques suivantes : les

patients presentent, tot dans l’enfance, un engourdissement

des mains et des pieds (aggrave par le froid), ainsi qu’une

diminution de la sensibilite au toucher, a la douleur et a la

temperature. La perte de sensibilite dans les membres est

surtout distale, mais peut egalement impliquer le tronc chez

quelques patients. Dans certains cas d’autres elements sont

presents, tels une atrophie musculaire, des reflexes osteo-

tendineux diminues, des ulcerations, des infections et

l’amputation des membres inferieurs. Le dysfonctionnement

du systeme nerveux autonome (l’hypotension orthostatique et

une diminution de la transpiration) ne se retrouve pas chez ces

patients. Dans la NSH-2, les conductions nerveuses sensitives

sont toujours anormales (absence de potentiel ou amplitudes

severement diminuees) (Ohta, Ellefson, Lambert, & Dyck,

1973).

3.2.2. Epidemiologie, genetique et pathophysiologieUn total de 13 familles d’origine canadienne-francaise de

diverses regions du Quebec ont ete decrites avec la NSH-2

(Hould & Verret, 1967 ; Ohta et al., 1973 ; Roddier et al., 2005).

Des 16 cas examines pour des mutations dans le gene causant

la NSH-2, neuf etaient homozygotes avec une mutation de

c.943C! T, un etait homozygote avec une mutation c.918–

919insA et six etaient des heterozygotes (Roddier et al., 2005).

Par ailleurs, la NSH-2 fut signalee pour la premiere fois a Terre-

Neuve au debut des annees 1900. Les membres de la famille

principale sont venus du Dorset (Royaume-Uni) et provien-

nent du fort courant d’immigration des colons protestants du

sud-ouest de l’Angleterre et des colons catholiques d’Irlande

meridionale (Rahman et al., 2003). Une grande famille

consanguine multigenerationnelle a ete decrite, ainsi qu’une

plus petite famille. Tous les cas affectes etaient porteurs de la

mutation homozygote c.594delA dans le gene causant la NSH-

2. Une autre petite famille de Nouvelle-Ecosse, d’origine

ethnique incertaine, a ete decrite avec une mutation homo-

zygote c.918–919insA (Lafreniere et al., 2004). Selon la biopsie

et les donnees electrophysiologiques obtenues, le disfonc-

tionnement du gene causant la NSH-2 entraıne des anomalies

autant des fibres nerveuses sensitives que motrices, bien que

les changements soient plus severes au niveau des fibres

sensitives. Les biopsies de nerfs sensitifs montrent une perte

severe ou complete des fibres myelinisees (Ohta, Ellefson,

Lambert, & Dyck, 1973). On ne sait pas, a ce stade, dans quelle

mesure est implique le systeme nerveux autonome. Le gene

causant la NSH-2 est particulier parce qu’il se compose d’un

seul exon qu’on retrouve dans la region intronique d’un autre

gene, le PRPKWNK1. Sa fonction est inconnue, mais il pourrait

induire l’expression d’une proteine jouant un role neuro-

trophique (Lafreniere et al., 2004).

4. Conclusion

Nous avons recapitule ci-dessus les diverses ataxies heredi-

taires, paraparesies spastiques hereditaires et, enfin, neuro-

pathies hereditaires de l’Est du Canada. Le travail preliminaire

fut, en grande partie, mene par des cliniciens astucieux

comme Andre Barbeau et Jean-Pierre Bouchard, qui ont

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contribue considerablement a la description des sous-types

phenotypiques de ces maladies. En tant que tel, les maladies

suivantes ont ete identifiees pour la premiere fois chez des

patients de l’Est du Canada : l’ARSCS, la NSH-2, l’Acar-1, la

NSMH/ACC et l’Arsal. Nous avons presente le contexte

historique particulier qui prevaut presentement dans cette

region du Canada, lequel a produit les effets fondateurs et

l’isolement genetique aboutissant au developpement de

certaines maladies rares au sein d’autres populations. Le

travail de base consistait a demontrer, etudes genealogiques a

l’appui, la presence d’ancetres communs a des individus

presentant un tableau phenotypique semblable. Cela fut suivi,

dans l’ere genomique, de l’identification des haplotypes

fondateurs et de la relative homogeneite genetique de ces

individus. Nous croyons que de tels exposes synoptiques sont

maintenant essentiels a la diffusion de la connaissance aux

echelons locaux et internationaux. Sur le plan local, les

cliniciens, dorenavant mieux informes, formuleront des

diagnostics plus precis et fourniront les conseils genetiques

appropries. Sur le plan international, les divers groupes de

scientifiques pourront faire converger leurs efforts pour

favoriser de nouvelles alliances dans la lutte livree aux

maladies et phenotypes particuliers, observes au sein de

certaines populations.

R e f e r e n c e s

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