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BANQUES DE DONNÉES ET LIAISONS INTERCULTURELLES VERS UN AUTRE MODÈLE Author(s): Mireille Carrère Source: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 86 (Janvier-Juin 1989), pp. 107-115 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40690379 . Accessed: 10/06/2014 15:36 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.178 on Tue, 10 Jun 2014 15:36:05 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

BANQUES DE DONNÉES ET LIAISONS INTERCULTURELLES VERS UN AUTRE MODÈLE

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BANQUES DE DONNÉES ET LIAISONS INTERCULTURELLES VERS UN AUTRE MODÈLEAuthor(s): Mireille CarrèreSource: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 86 (Janvier-Juin 1989),pp. 107-115Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40690379 .

Accessed: 10/06/2014 15:36

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BANQUES DE DONNÉES ET LIAISONS INTERCULTURELLES

VERS UN AUTRE MODÈLE par Mireille Carrère

RÉSUMÉ

V avènement de la télématique rend accessible à distance et presque ins- tantanément le savoir grâce aux banques de données. Quels sont les enjeux véritables des systèmes mondiaux d'information scientifique et technique ? Un autre modèle de production et de circulation de V information est-il possible et à quelles conditions ?

SUMMARY

The introduction of telematics makes it possible to have access to knowledge from any distance and almost immediately thanks to data banks. Which are the factors really at stake in the scientific and technical information world systems ? Is it possible to establish another pattern for producing and distributing information, and under which conditions ?

L'avènement de la télématique, alliance de l'informatique et des télécommunications, qui rend accessible à distance et presque instantanément les gisements du savoir que sont les banques de données, est souvent présenté comme un progrès historique. Il s'agirait, en effet, d'une ère nouvelle où seraient résolus les problèmes de la diffusion des connaissances et avec eux, les inégalités socioculturelles à l'échelle mondiale.

Une telle maîtrise de l'espace et du temps n'est pourtant qu'apparente et le « progrès technologique » qui la sous-tend correspond à des logiques bien précises qui s'accompagnent de la mise en place d'une véritable industrie de l'information aux partenaires puissants principalement situés dans les pays indus- trialisés (serveurs distributeurs d'information télématique). Cahiers internationaux de Sociologie, Vol. LXXXVI, 1989

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Aussi faut-il s'interroger, dans une telle perspective, sur les enjeux véritables des systèmes mondiaux d'information scienti- fique et technique, avant d'examiner la diversité des conditions socio-économiques pouvant faire voler en éclats les mythes anciens ou nouveaux et déboucher sur de réelles perspectives d'échanges interculturels. Un autre modèle de production et de circulation de l'information est-il possible avec la télématique et à quelles conditions ?

LES LOGIQUES « CULTURELLES » DE LA TÉLÉ-INFORMATIQUE

Afin de faire des propositions qui ne soient pas truffées de pièges idéologiques ou technicistes, c'est-à-dire « aveuglés » par la technique, il convient de rappeler les affinités originelles et structurelles de l'informatique avec la culture occidentale.

Temps linéaire et temps économique

Selon un auteur comme Pierre Lévy, la société occidentale en reconnaissant l'existence d'un temps linéaire se serait engagée dans la folle entreprise de le vaincre, notamment avec les im- menses capacités de la technique. Que l'on songe aux extraordi- naires possibilités des ordinateurs actuels en matière de mémo- risation, de rapidité d'exécution ou de simulation...

Dans une telle logique, l'informatique, plus qu'un outil, serait une « technique structurante » permettant une régulation et un contrôle de la société où les récepteurs d'information doivent répondre aux émetteurs. Ainsi l'espace et le temps seraient-ils progressivement structurés par de telles nécessités « culturelles » : l'espace géographique est remplacé par l'espace des réseaux de télécommunications et le « temps réel » s'impose dans un souci d'efficacité immédiate, grâce à la puissance informatique.

A cette dimension du temps linéaire reste étroitement liée la dimension économique qui commande toutes les autres : interroger une banque de données ou se téléréunir c'est consom- mer : des services ou usages jusqu'alors non « commerciaux », comme rechercher ou échanger de l'information, le deviennent systématiquement, la facturation étant dépendante de la durée de la prestation. On ne s'étonnera pas que la société soit à cet égard perçue sous l'aspect des résistances qu'elle peut opposer à la technique et que les contenus des messages véhiculés ne soient pratiquement pas pris en compte. (Voir les nombreuses

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enquêtes et analyses faisant état des réticences des utilisateurs concernant les usages des terminaux de micro-ordinateurs notamment.)

Dans une telle perspective culturelle, la télématique serait le dernier avatar de l'industrialisation où le temps se « dépen- serait » en production ou en loisirs ; l'essor des jeux électro- niques liés à la micro-informatique qui facilite d'ailleurs le consen- sus social en est la parfaite illustration.

Plus grave, « l'interconnection généralisée construirait un monde où l'intégration croissante des réseaux, des programmes et des banques de données amorcerait l'effacement définitif de l'Autre culturel et linguistique ».

On peut alors se demander si le développement de la société de Communication n'est pas lié à une véritable logique de la rentabilité où les industries de l'information fonctionneraient sur le mode de la duplication, du simulacre, du vide.

De nombreux indices peuvent étayer l'interrogation : n'est-il pas significatif que les acteurs de la distribution de l'information (organismes serveurs, câblo-distributeurs, etc.) soient souvent issus du secteur de l'armement ou plus pacifiquement du secteur de la distribution des eaux... comme si l'amplification du signal à l'infini importait plus que le message. N'est-il pas également parlant que la notion de droit d'auteur ne trouve plus ses mar- ques, dans de telles configurations ?

D'ailleurs, l'examen de certains discours, qu'ils émanent de marchands d'information ou de... chercheurs, le confirme. Le vocabulaire de l'économie, de la gestion, quelquefois de l'urba- nisme y prime.

Lorsqu'il est question des enjeux des télécommunications, on parle de prestations de services et de leurs options plus ou moins rentables par rapport à un marché plus ou moins étroit où la concurrence est vive et l'innovation une nécessité vitale (dans une sorte de temps simultané de plus en plus angoissant). Le secteur de l'information y est un secteur porteur, où il faut gérer des équilibres, avec des investissements et selon certains quotas avec une durée de vie des matériels de plus en plus courte, et où la réception des messages y est parfois considérée comme un « débordement technique inévitable » qui correspond aux zones de réception non prévues des satellites de télédiffusion directe !

On comprend la difficulté, pour les pays en voie de dévelop- pement, de pouvoir suivre une telle course à l'équipement.

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Pouvoir politique et pouvoir technologique

Par comparaison avec la notion de cercle « autoritaire » qui permettrait, selon le degré d'ouverture autorisé par l'Etat, à la société civile de s'exprimer, on pourrait qualifier la toute- puissance technologique de cercle « techniciste » qui menacerait d'enfermement les zones non industrialisées. On peut, en effet, se poser la question de savoir si les banques de données, via la télématique, permettent réellement l'ouverture de nouveaux espaces propices à des échanges de coopération équilibrée et favorables à l'existence de courants d'information remontante de type sud-nord ?

Par ailleurs, et comme pour les justifications du progrès technologique, les théories d'évolutionnisme culturel (Morgan) qui ont introduit une hiérarchie entre les cultures ont trouvé leur terreau dans un tel cercle, où la sociabilité de la technique se joue dans la prolifération d'objets-prothèses.

Or, seule la prise en compte du pluralisme culturel et des complémentarités antagonistes permettra d'envisager de fécondes interférences et de ne pas tomber dans d'autres raisonnements abusifs qui nous feraient considérer le patrimoine technologique comme propriété exclusive des pays industrialisés, et donc de proposer des priorités de développement ou au contraire rejeter sur les seuls pays nantis la responsabilité du déséquilibre des flux d'information...

De la même façon, proposer les microtechnologies comme l'issue miraculeuse au progrès économique en gommant les traditions socioculturelles de leur éventuelle insertion comme la tradition orale par exemple, relève du même type de raison- nement.

LES POSSIBILITÉS INTERCULTURELLES DES BANQUES DE DONNÉES

Gomment favoriser, dans le domaine des échanges téléma- tiques, un véritable processus de « transvaluation culturelle » au sens où l'a défini Northrop Frye, c'est-à-dire une dynamique interne où l'interculturel est constitutif du culturel ?

Un processus qui écarterait les effets pervers des transferts de technologie et pratiquerait le transfert d'imaginaire est-il concevable, lorsqu'on connaît la situation du partage inégal de l'information dans le monde où 70 % des banques de données sont nord-américaines. On peut parler, en ce qui concerne les

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stratégies de développement multimédias des grands groupes, d'un véritable impérialisme culturel et linguistique.

Sans doute faut-il s'interroger ici aussi, non pas sur l'analpha- bétisme informatique, mais sur les conditions de l'éclosion, pour chaque pays, d'une véritable culture technique, étroitement liée à des facteurs non seulement économiques et culturels, mais aussi à la nature des régimes politiques.

Par rapport à de tels déterminismes technologiques et poli- tiques, qui ne sont cependant pas aussi mesurables qu'on voudrait parfois nous le démontrer, quelles sont les conditions nécessaires à l'éclosion d'échanges équilibrés de données entre cultures, ébauche d'un système mondial créatif de l'information scienti- fique et technique ?

Quatre conditions nous semblent déterminantes en vue d'un rééquilibrage socioculturel.

La production et la création de V information

La qualité de l'information est liée aux possibilités de déve- loppement endogène et autonome des systèmes et ne peut s'exalter dans des configurations qui n'ont fait qu' « intérioriser les normes et modèles de production et de distribution domi- nants ». Et comme pour l'emprise du pouvoir technologique, le favorisant parfois, certains pouvoirs politiques ne laissent guère s'exprimer une réflexion sur les besoins d'information spécifiques nécessaires à leur autonomie et à leurs échanges scientifiques et culturels.

Ainsi, face aux enjeux scientifiques et techniques de la révolution télématique, la révolution politique et sociale n'est- elle pas toujours au rendez-vous, ou, si elle l'est, c'est avec des degrés et des situations très diversifiés. Aucun pays ne peut sans doute prétendre échapper complètement à la « trans- nationalisation télématique » et à ses transferts technologiques qui déforment les structures productives et sociales existantes.

De même convient-il d'analyser les systèmes d'information à la lumière de certains paradoxes : si la France, par exemple, appartient au groupe des pays « hégémoniques » en matière de télécommunications, elle est en même temps, avec une réflexion émanant des acteurs concernés (utilisateurs, producteurs, cher- cheurs en information ou même pouvoirs publics...) attentive à l'influence prépondérante des banques de données anglo- saxonnes.

Nous paraît également déterminante la nécessité de consi- dérer, pour chaque pays, les perspectives globales de son système

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d'information en tenant compte de l'interaction des différents moyens d'information et de toutes les expériences présentes dans sa mémoire collective (en matière de documentation comme de diffusion par satellite ou par câble, etc.).

L'Amérique latine est riche d'exemples où une réflexion a conduit (ou conduira) à la production de données en harmonie avec une culture propre, seules capables de permettre de véri- tables échanges et plus encore d'innerver les systèmes mondiaux d'information. Citons par exemple les réalisations de l'Institut brésilien d'Analyses sociales et économiques (ibase) pour éla- borer une information alternative en systématisant et diffusant les moyens de base sur la réalité brésilienne et internationale grâce aux atouts de la micro-informatique, ou encore les réflexions auxquelles ont donné lieu dans les communautés scientifiques brésiliennes ou colombiennes l'entrée dans le système des ban- ques de données médicales (système américain Medlars qui détient un quasi-monopole). Au niveau des pouvoirs publics un organisme a d'ailleurs été créé au Brésil pour contrecarrer la domination des sociétés d'informatique nord-américaines et examiner, cas par cas, les activités des flux transfrontières de données : le Conseil national d'Informatique et d' Automation qui a une action programmée en matière d'information scienti- fique et technique.

En Afrique, les efforts d'organisation de l'information entre- pris par les pays du Sahel dans le cadre du réseau régional Resadoc, qui associe plusieurs pays de cette zone est particuliè- rement porteur d'espoir. Ce réseau documentaire qui fonctionne sur le modèle d'un système décentralisé pourra favoriser l'émer- gence de systèmes nationaux dans un ensemble régional cohé- rent face à des défis économiques brûlants !

Toutes les tentatives de renforcement de la culture médi- terranéenne par le biais d'organismes spécialisés, comme l'Ins- titut méditerranéen de la Communication, ou par la création de banques de données vont dans ce sens. Le dialogue euro-arabe qui s'inscrit aussi dans cet espace de production de l'information verra ses tentatives renforcées, avec notamment les réalisations de l'Institut du Monde arabe à Paris ou d'autres réalisations qui devraient compléter celles des Etats dont l'exemple le plus « visible » est le satellite Arabsal.

Pour que les conditions de la production et de la création de l'information puissent exister, trois autres facteurs leur sont liés : l'appropriation des usages de la technique, l'interactivité de la communication et l'élargissement des zones d'échange. En leur absence, les réalisations risquent d'être peu opération- nelles comme c'est souvent le cas des systèmes internationaux.

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L'appropriation des usages de la technique

Lorsqu'on a pris conscience des « fonctions » qui accom- pagnent l'utilisation des nouvelles technologies, certains auteurs ont pu soutenir que celles-ci pourraient, à elles seules, renouveler les rapports et les habitudes sociales.

Il y a bien un paradoxe de 1' « appropriation » qui semble traverser la modernité technologique puisque, pour d'autres, au contraire, l'innovation sociale ne serait qu'un leurre qui faciliterait la découverte d'usages et la mise au point de produits particulièrement adaptés à l'industrie de l'information.

« L'ingénierie sociale serait une attaque frontale contre tous les réseaux de communication nés des avancées de la société civile », selon Armand Mattelart.

L'analyse semble d'autant moins aisée que la genèse d'un nouveau système de communication est longue, autant au plan technique qu'au plan des usages sociaux et les nombreuses enquêtes sur l'utilisation du « Minitel » par exemple sont souvent contradictoires.

Pourtant, même si le dialogue instantané permis par la messagerie électronique notamment semble correspondre à un temps réel, conversationnel, qui ne serait qu'un temps de l'anony- mat et du simulacre, dépourvu de références sociales, les quêtes d'appropriation de ces nouvelles techniques restent indispen- sables. Elles doivent correspondre à des quêtes d'autonomie et d'identité culturelle pour l'information scientifique et tech- nique et nous proposer des modèles de réflexion-développement qui passeraient par un important travail de recensement pour des pays comme l'Afrique aux besoins d'information encore mal identifiés.

Les cas de l'Inde ou d'autres pays qui ont su se constituer de véritables outils d'information et de formation nationaux sont significatifs.

L'interactivité de la communication

Gomment faire naître, grâce aux banques de données, de réelles possibilités d'échange culturel et qui ne correspondraient pas à une logique d'injonction de communication, où les acteurs doivent communiquer grâce à des systèmes de plus en plus per- formants et où ne doivent subsister ni sous-développés (de la communication) ni conduites anomiques...

Dans un tel modèle techniciste avec son idéal d'interactivité, c'est-à-dire de mode dialogué ou conversationnel, les réalités

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sociales et historiques peuvent être occultées par les facteurs technico-économiques et l'espace de rencontre avec l'Autre dévoyé...

Pourtant, lorsqu'elles sont « appropriées », les capacités de gestion interactive des systèmes télématiques peuvent être jumelées à celles de la micro-informatique et proposer des sys- tèmes originaux où le dialogue homme-machine peut aller jusqu'à sauver des vies humaines par exemple avec 1' « aide au diagnostic ».

L'interaction maximum entre l'utilisateur et la technologie informatique, même si elle ne peut remplacer la richesse du dia- logue humain, peut alors représenter un recours en tissant des liens jusqu'alors inexistants.

C'est pourquoi, même les tentatives qui prônent une « esthé- tique de la Communication », au-delà du système marchand et institutionnel vont, en Occident, dans un sens qui peut remettre en cause une vision trop mécaniste.

Citons notamment les expériences de roman télématique où l'intégration de la créativité à la technicité peut être la source de riches fécondations (inter)culturelles.

L'élargissement des zones d'échange

Face aux grands systèmes mondiaux d'information scienti- fique et technique, l'élargissement géographique des espaces de production et d'échanges nous semble important.

En effet, plus les sociétés, avec leur diversité, tisseront de réseaux d'information, aux multiples échelons transnationaux ou transrégionaux, plus la richesse de la culture scientifique et technique mondiale sera préservée dans des zones d'autonomie et de liberté.

Ainsi, c'est à travers l'affrontement des multiples acteurs sociaux que se dégageront les valeurs d'usage de l'information qui remettront d'ailleurs en cause des postulats irréalistes selon lesquels l'accès de tous à l'information devrait favoriser une planétarisation équilibrée où les conflits internationaux seraient désamorcés. Alors les réalisations des pays du Sud pourraient également éclairer celles du Nord, permettant l'existence d'un véritable système d'échanges interculturels qui fonctionnerait selon un autre modèle où l'immense réseau des télécommuni- cations ne se superposerait à l'espace physique que pour favoriser les espaces de rencontre.

Sans toutefois prétendre pouvoir remettre en cause les énormes contraintes que nous avons analysées, vivifier notre

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imaginaire scientifique et culturel de telles capacités d'échanges et de co-développement nous semble constituer l'amorce d'un changement possible...

Université de Paris VIL Université de Nancy IL

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Enjeux (Les) culturels de l'informatisation, Paris, Documentation française, 1980 (coll. « Informatisation et Société »).

Lévy (P.), L'informatique et la civilisation occidentale, in Esprit, n° 67-68, juillet-août 1982, p. 41-69.

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Miège (B.), Pajon (P.), Salaün (J.-M.), L'industrialisation de raudio-visuel. Des programmes pour les nouveaux médias. Paris, Aubier, 1986.

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arabe (Rima), Paris, Institut du Monde arabe. Actes des Congrès IDT : 1983, 1985 (adbs-anrt), France. Actes des Congrès INFORCOM : 1984, 1986 (sfsic), France. Bulletins de V IDATE, Montpellier, France (Diffusion Documentation

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