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Besançon littéraire Remparts et citadelle Villes et Pays d’art et d’histoire Besançon

Besançon littéraire

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Besançon littéraireRemparts

et citadelle

Villes et Pays d’art et d’histoireBesançon

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Besançon littéraireRemparts

et citadelle

Villes et Pays d’art et d’histoireBesançon

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En 2007, la France a proposé l’œuvre de Vauban pour une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.

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Nous parlions de ces façades qu’elle connaît si bien et dont elle pouvait m’expliquer les détails, les secrets de pierre et de

lumière cachés dans l’harmonie austère de l’architecture, complexe et riche, qui a donné son apparence à cette Ville. Je me souviens de quelques mots qu’elle a lancé alors, au vent intense venu de la nuit : « Il y a la Surface des objets et des êtres, et puis ce qui est au-delà, ou au-dessous… » Elle s’est tue quelques instants. Un piaillement aigu derrière nous s’est jeté en travers de l’ombre : « Le Temps aussi a une Apparence, à l’intérieur de quoi s’ouvrent d’autres intervalles que ceux que comptent habituellement nos horloges et nos calendriers. Et dans ces profondeurs-là, passé et présent se confondent avec avenir… Il suffit d’y entrer. »

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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[…] arrêtez-vousseul sur le faîte d’une éternité […]

Hisashi Okuyama

Utinam

1997

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Je dirais que Besançon conserve en son sein aussi bien son passé que son présent. Certains plans ne mentionnent aucun détail,

comme si la ville se composait uniquement de la Citadelle et des remparts et tours consolidés par Vauban ; d’autres représentent la ville comme une araignée qui tisse sa toile, un labyrinthe formé par les rues et les cours intérieures. Son repli sur soi, son allure en boule ont en partie pour origine le trompe l’œil que crée son image topographique.

Nedim Gürsel

Besançon

Nature intime du temps

2007

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Un site exceptionnel...

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Jeudi [j’ignore la date exacte] :

J’ai essayé de repartir mais les vents venant de l’est m’en

ont empêché. Pourtant, grâce à la boussole, de nouvelles routes

s’offrent à moi. Plus précisément : toutes les routes s’ouvrent devant

moi. Besançon est à la fois à l’est, à l’ouest, au nord et au sud.

À l’est, si je reprends la mer, à l’ouest si je suis les vents dominants,

au nord si je profite de la courbure de la terre, et au sud pour les

mêmes raisons. Je crois qu’on n’a pas assez mesuré l’importance de

la rotondité de la planète sur notre histoire et qu’il conviendrait d’en

relativiser certains éléments, comme les fuites en avant ou les grands

tournants. […] »

Julien Bouissoux

Une odyssée

2006

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«

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Besançon, dans l’enveloppement de ses montagnes, ceinturée par le Doubs, surveillée par l’altière citadelle que Vauban édifia

sur la crête d’un éperon rocheux, close par des portes romaines ou médiévales, est une ville fière et secrète. Qui l’aborde ne la quitte plus aisément. Chaque détour des quais révèle une perspective imprévue : îlots émergeant des eaux limpides, sommets argentés de soleil ou voilés de brume, sombres frontons alternant avec les verdures fraîches des belles promenades.

Mathilde Alanic

Féli

1936

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Dès que je fus devenu Empereur, après avoir fait campagne contre les Barbares – campagne qui dura trois mois –, en revenant voir

les rivages gaulois, je me mis à faire des recherches et à interroger les arrivants pour savoir si par hasard un maître porteur d’un petit manteau n’y aurait pas abordé. Or, lorsque je fus aux abords de Besançon – c’est maintenant une petite ville repliée sur elle-même, mais autrefois elle était grande et parée de monuments luxueux, puissante par son enceinte et de plus par la nature même du site : le Doubs, en effet, l’entoure et elle se dresse comme un promontoire dans la mer, inaccessible pour ainsi dire aux oiseaux eux-mêmes, sauf aux endroits que la rivière en l’entourant laisse comme des plages avancées –, or donc, près de cette ville se présenta à moi un Cynique, porteur d’un petit manteau et d’un bâton…

Julien, empereurLettre à son maître, le philosophe Maxime

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Après trois jours de marche, on lui apprit qu’Arioviste, avec toutes ses forces, se dirigeait vers Vesontio, la ville la plus importante

des Séquanes, pour s’en emparer, et qu’il était déjà à trois jours des frontières de son royaume. César pensait qu’il fallait tout faire pour éviter que la place ne fût prise. En effet, elle possédait en très grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre ; de plus, sa position naturelle la rendait si forte qu’elle offrait de grandes facilités pour faire durer les hostilités : le Doubs entoure presque la ville entière d’un cercle qu’on dirait tracé au compas ; l’espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds, et une montagne élevée le ferme si complètement que la rivière en baigne la base des deux côtés. Un mur qui fait le tour de cette montagne la transforme en citadelle et la joint à la ville. César se dirige vers cette place à marches forcées de jour et de nuit ; il s’en empare et y met garnison.

Jules César

Guerre des Gaules

52 av. J.-C.

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En tous cas, maintenant, paré des précieuses reliques du protomartyr Étienne, appuyé de plus solides défenses, couronné de plus hautes colonnes, inexpugnable en sa beauté, sa persistance glorieuse, et surtout l’assistance d’innombrables saints, il reste sans égal parmi tous les monts de la Gaule.

Prologue de la Vie de saint Antide

Texte retouché d’après Bibl. mun., Troyes, Ms 1 248

Xe–XIe siècle

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Cette ville de Chrysopolis, fondée par les anciens tribuns romains jouit, dit-on, d’un tel prestige de grandeur, de force, d’agrément,

qu’elle fut prisée plus que toutes les villes de la Gaule… C’est à bon droit qu’on l’appelle « d’Or », elle qui reste debout dans la fermeté inexpugnable de son site, quand presque tous ses remparts faits de main d’homme ont été démantelés, non par la fureur des ennemis mais par la décrépitude.Cette cité spacieuse est en effet ceinturée sur trois côtés, comme par un cercle, d’un cours d’eau très rapide dont les rives, abruptes de part et d’autre, en interdisent l’accès. […] Par ailleurs, du côté où la ville regarde l’Orient, elle est barrée par un mont rocheux qui, abrupt de partout, interrompt de ses flancs altiers, à pic de part et d’autre, le cercle que dessine la boucle du fleuve. Aucune possibilité de passage entre la roche et le fleuve si celui-ci vient à grossir tant soit peu et à troubler ses ondes.Aussi, c’est par trois passages très resserrés, non pas naturels, mais creusés de main d’homme, que ce mont laisse accès à la ville qu’il renferme. L’un d’entre eux, plus fréquenté que les autres, percé à travers un éperon de rocher surplombant le fleuve, apparaît taillé à pic en un ouvrage extraordinaire : alors qu’en largeur il ne permet pas le passage de plus de deux cavaliers, sa longueur est de soixante-dix coudées, sa hauteur de trente-huit. Il y en a un second, escarpé, que l’on gravit par le sommet de la montagne et que ferme une porte aux défenses fortes d’énormes blocs de pierre de taille, à l’étranglement serré et inexpugnable.Ce mont, qui ne se resserre pas en cime aiguë, mais s’orne d’un vaste plateau embaumé de la douceur des herbes odorantes, fut embelli par les palais des rois antiques, comme en témoignent des colonnes fort élevées.

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Premier voyage en 1557. À Besançon, on nous a reçus de la part du Conseil : on nous a présenté quatre pots de vin de Bourgogne

et deux hypocras. Cette ville est longue, comparable à Bâle ; en deux endroits elle est bien protégée mais elle l’est peu du côté de Montbéliard. Le Doubs coule autour de la ville, semblable par sa blancheur à l’Aar autour de Berne. Un rocher élevé s’étend comme un mur, d’un point à un autre de la rivière : à travers ce même rocher sur une longueur de quarante-huit pas, une route a été ouverte pour aller à Pontarlier. Après cela, nous n’avons rien vu de remarquable dans cette ville, si ce n’est une maison d’une étonnante magnificence qu’a bâtie le seigneur de Granvelle…

Les ambassadeurs suisses en Franche-Comté

pendant les années 1557 et 1575

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Besançon s’éveillait. Il avait plu jusqu’au matin. Les bus commençaient leur noria, avalant puis recrachant des passagers

pressés venus des banlieues, des collines. Des parapluies devenus inutiles pendaient à leurs bras : le soleil avait percé les nuages et jouait maintenant avec l’eau du Doubs qui, majestueux, continuait sa lente promenade, enserrant dans sa boucle le centre-ville.

Michel Dodane

Les enfants de la Vouivre

Les herbes noires

2006

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Une ville pleine de charme...

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La ville de B’sançon, on dit qu’elle est fort belle, Elle est fort belle, agréable en tout temps.

Le roi la veut assurément.

La ville de B’sançon, on dit qu’elle est fort belle

Chanson populaire comtoise

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Chéri, aimerais-tu me faire un grand plaisir ? Emmène-moi cet après-midi à Besançon… Ta mère m’a tellement chanté les

charmes de cette ville que j’aimerais la visiter… Nous y ferons une promenade d’amoureux…

Guy des Cars

Le Château de la juive

1958

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Après un arrêt d’une demi-heure, nous repartîmes pour Besançon.

[…] Le chemin, de la gare chez le commandant de place, fut une fois de plus très long : nous dûmes traverser toute la ville. J’eus plus tard l’occasion d’apprendre à la bien connaître, par exemple toutes les fois que je fus appelé à subir des interrogatoires, et je dirai tout de suite quel effet général elle me produisit. L’impression d’ensemble est très bonne, surtout sans doute parce que la ville a un caractère défini, une sorte de physionomie à soi. On se sent tout de suite beaucoup plus à l’aise dans les villes qui ont un cachet particulier que dans celles qui sont tout simplement d’une architecture correcte. Le pittoresque, la beauté picturale, dirai-je, l’emporte sans contredit sur la beauté architectonique, si bien qu’en fin de compte nous ne disons d’une ville qu’elle est belle que si elle agit sur nous comme le ferait un beau tableau.Besançon est une ville comme cela.

Théodore Fontane

Journal de captivité

Voyage dans la France de 1870

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Un ravissement quand la lumière du levant court sur les collines et sculpte dans les moutons de la verdure, des formes

qui s’altèrent comme celles des nuages. Il y a les cornes d’escargot de ces hautes cheminées qui semblent sorties de leur coquille, jetant des ombres rassurantes sur ce que Chesterton appela les écailles des toits. L’on avait alors envie de fuir son bureau et de quitter la géométrie hausmanienne des rues de la Préfecture et de la République pour les traiges, ces redons imbriqués qui conduisaient d’une cour intérieure à une placette et d’une rue à l’autre, dans le sens de la largeur, loin du regard des étrangers.

Mario Absentes

Castor paradiso

2005

Il y avait un certain temps que je flânais dans les rues tranquilles de la curieuse ville de Besançon, qui se dresse comme un

promontoire dans une boucle de la rivière en fer à cheval. Vous trouverez sans doute dans les guides que Victor Hugo y naquit et que c’est une ville de garnison aux nombreux forts, proche de la frontière française. Mais vous ne trouverez pas dans les guides que les tuiles de ses toits semblent d’une teinte plus délicate et plus insolite que les tuiles de toutes les autres villes du monde ; que ces tuiles ressemblent aux nuages menus d’un étrange coucher de soleil ou aux écailles chatoyantes de quelque étrange poisson. Ils ne vous diront pas que dans cette ville le regard ne peut se poser sur rien sans y découvrir quelque attrait, parfois magique : un visage sculpté au coin d’une rue, une arche mutilée par laquelle on voit luire des champs verts, ou quelque couleur inattendue dans l’émail d’un clocher ou d’un dôme.

Gilbert Keith Chesterton

Tremendous Trifles

1909

Traduction M.-C. Hamard

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Remparts et citadelle (une ville de garnison)

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Arrondissement de Besançon. BESANCON (46 961 hab.), préfecture et chef-lieu du

département, divisé en deux cantons, est situé dans un petit coude du Doubs qui l’entoure presque entièrement de ses eaux, à 388 kilomètres de Paris. Ce bassin est environné de montagnes qui rendent difficile l’accès de cette ville, et en font l’une des premières places de guerre de la France ; elle est défendue par les forts du Griffon, de Beauregard, de Brégille, qui sont bâtis extérieurement à la ligne du Doubs, et par la citadelle, qui s’élève à l’endroit où le Doubs se resserre pour former un isthme étroit ; cette citadelle a été construite sur l’emplacement d’un ancien camp romain, puis agrandie par Vauban, et elle est encore défendue par un camp retranché protégé par deux lunettes.

Jules Verne

Géographie illustrée de la France et de ses colonies

1868

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Besançon étoit déjà une ville très importante lorsque César entreprit la conquête des Gaules ; c’est même de cette ville, dont

il avoit fait sa principale place d’armes, qu’il marcha contre Arioviste qui s’avançoit des bords du Rhin avec une armée formidable. Lors de la division de la Gaule en provinces romaines, Besançon devint la capitale de celle qui reçut le nom de Maxima Sequanorum ; à la chute de l’empire, elle conserva sa prééminence et fut le siège ordinaire des premiers rois, et ensuite des comtes de Bourgogne.

Charles Nodier

Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France

1825

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Nous avons quitté Besançon forts contents d’en sortir, malgré le bon et cordial accueil de Weiss, de M. Demesmay, et autres

Francomtois. Mais nous avions hâte d’oublier ces vilaines murailles et ces maisons administratives qui ressemblent toutes à des hôtels de préfecture ; nous aspirions à Strasbourg.

Charles-Augustin Sainte-Beuve à Victor Hugo

Correspondance

Dimanche 25 octobre 1829

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Je ne suis plus à Tournon, mais à Besançon, ancienne ville de guerre et de religion, sombre, prisonnière. Voici de cela un mois.

Peut-être m’en féliciterai-je ?

Stéphane Mallarmé

Correspondance

1871

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Le bruit avait couru qu’on approchait d’une ville où il avait passé autrefois le bachot. Deux jours avant, ils étaient en Alsace.

Il revoyait la ville – réelle ? ou déformée ? – avec ses tours, ses remparts noirs, ses casernes et ses prisons, ses artilleurs, ses forts ; une ville sombre et dure. Pourtant il y avait une promenade, avec des arbres, et une rivière verte et rapide qui introduisaient la botanique et la nature dans cette pierraille.

Alexandre Vialatte

Le Fidèle Berger

1942

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À l’âge où l’on fait ordinairement ses études, et où j’aurois pu faire les miennes comme un autre, si mon inclination m’y

avoit porté, j’habitois Besançon, la vielle ville espagnole de Victor Hugo. Besançon, qui fut plus qu’une ville espagnole, qui porta le titre glorieux de cité libre et impériale, qui en exerça les droits, qui ne dut à l’Espagne, et à la royale maison sous laquelle l’Espagne fleurissoit alors, qu’une reconnoissance légitime imposée par une protection bienveillante et presque gratuite ; Besançon, la petite et fière république des montagnes, renommée par les prouesses chevaleresques de sa noblesse, par le savoir et la gravité de ses magistrats, par la piété, le patriotisme et la bonne foi proverbiale de ses citoyens. Telle étoit Besançon, du moins, quand Louis XIV forma le projet assez bien conçu de l’attacher à son vaste domaine royal. Soumise par le fer ou vendue à l’argent et livrée par la trahison, Besançon subit le destin que lui réservoit le vainqueur. De souveraine elle devint vassale, et de capitale forteresse. Les gens intéressés à la chose trouvèrent même qu’elle avoit gagné au change. Il ne faut pas disputer des goûts.

Charles Nodier

Les Marionnettes

1842

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André ne savait guère conduire ; mais le gendarme lui expliqua comment faire, et il s’appliqua si bien que tout alla à merveille.

On arriva à Besançon le plus gaiement du monde. Julien remarqua que cette ville est une place forte et qu’elle est toute entourée par le Doubs, sauf d’un côté ; mais de ce côté-là, la citadelle se dresse sur une grande masse de rochers pour défendre la ville. Julien, quoique bien jeune, avait déjà assisté au siège de Phalsbourg : aussi les places fortes l’intéressaient. Il admira beaucoup Besançon, et, en lui-même, il était content de voir que la France avait l’air bien protégée de ce côté.

G. Bruno

Le Tour de la France par deux enfants – Cours moyen

1877

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Besançon est une vieille ville. Pas espagnole pour deux sous, n’en déplaise à Hugo. Mais s’accrochant de toutes ses forces

à ses franchises d’autrefois, à son histoire, à ses grands hommes, aventuriers de l’industrie ou du rêve. Jeanne et Bernard ne la connaissent pas, ce printemps 1972. Ils sont bien passés par là, trois ou quatre ans plus tôt, sur le chemin interminable d’un voyage en Forêt-Noire, dans leur 2CV cahotante. Ils en gardent l’image d’une cité endormie, lovée au creux de sa rivière, cernée de collines boisées, hérissée de citadelles et de remparts. Bref entr’aperçu lors des achats pour un pique-nique, le temps de laisser gambader les enfants dans quelque cour pavée, entre des maisons sombres.

Huguette Bouchardeau

La Grande Verrière

1991

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Au-dessus de Besançon, les remparts cachent des joyaux de glace et de givre que personne ne verra.

Là-bas, vers les casernes, piliers et grilles – sentinelles de fer – poirotent sous de minuscules bérets de neige qu’un coup de vent décoiffera. On évite ces vigiles transis ; le métal colle aux doigts gourds ; les enfants poussent les montants et les clenches du bout des moufles.

François Dominique

Parole donnée

1999

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Le jeune M. de Soulas parlait toujours de quitter Besançon, ville triste, dévote, peu littéraire, ville de guerre et de garnison, dont

les mœurs et l’allure, dont la physionomie valent la peine d’être dépeintes.

Honoré de Balzac

Albert Savarus

1842

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Besançon Toi qui fut de César la cité favorite,

Où se prolonge encore un écho de ses pas,Antique Vesontio, que dessine au compasUne boucle du Doubs par tes monts circonscrite !

Oui, je te reconnais, chère ville émérite.Je revois tes vieux quais, tes remparts. Tu n’as pasModifié ton cadre et ses nobles appas,Ni ton roc, citadelle où pointe une guérite.

André Signe

Divertissements

1967

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La ville de Besançon est une des plus vivantes qu’il y ait en France. L’industrie horlogère y fait prospérer une bourgeoisie riche

et pulluler une population de travailleurs. Grâce à la ceinture des remparts, les habitants y paraissent d’autant plus nombreux qu’ils ne peuvent se répandre dans des faubourgs et qu’ils sont forcés de s’entasser à l’étroit, dans un espace très resserré. Aussi les maisons sont-elles hautes et les rues fourmillantes.

Jean Richepin

Sœur Doctrouvé

1877

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Il est vrai que j’errais à présent dans la vieille ville, parfois au bord du Doubs dont le temps est si lent, parfois sur une de ces places

en pente douce dessinées et non sans quelque bonheur par les remparts de Vauban qui les surplombent… Le passé offrait là plus de prétexte à poésie et recueillement que d’évocations de guerre. Plutôt des quêtes mystiques. Même les citadelles sur les hauts de la ville avaient moins l’air de bastions que de fées marraines. Comme s’il n’y avait pas de présent à Besançon…

Maurice Clavel

Les Paroissiens de Palente

1974

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Au redoux du matin avait succédé une pluie de celles qui ne s’arrêtaient jamais. On ne voyait plus les forts de Chaudanne

et de Bregille, pour ne pas parler de la Citadelle. Un chapeau de velours sépia chaussait les sept têtes de la ville et un nuage de lavis maculait leurs épaules. Que restait-il de cette Aix-en-Provence de l’Est, de la Boucle rieuse que Samia avait découverte en mai ?

Mario Absentes

Castor paradiso

2005

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La voiture, gyrophare éteint, s’arrête derrière quelques autres, alignées le long d’un court versant. Adams escalade d’un

mouvement maladroit le petit talus d’herbes glissantes. De l’autre côté, des hommes tournent en rond et réchauffent leurs mains sur des tasses remplies de café noir bouillant, fumant. A cet endroit, juste derrière les Prés de Vaux, le Doubs décrit une longue courbe terreuse, comme s’il avait voulu éviter le conflit avec le fort de Bregille, avant de pénétrer dans l’enceinte de la ville.

Christian Giboudeau

La blancheur du lys

2003

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La nuit, Besançon est une énigme : le centre-ville est un centre-île, qu’une lyre enserre dans ses hanches. Les lumières s’arrêtent

au bord de la rivière pour reprendre au-delà, comme un camp assiégé par une armée dont les feux courent jusqu’à l’horizon. La citadelle semble imprenable, ses remparts épousent le relief sinueux. Le rêve d’un monarque est maintenant la gloire de la ville, son Acropole, sa muraille de Chine. Etrange serpent de lumière aux écailles blondes, aux yeux multiples, semblant digérer quatre siècles d’histoire. Des maisons isolées s’accrochent aux collines. Ces ermitages intriguent : pourquoi si loin, si haut ? On en voit aussi sur la ligne de crête, guirlandes lumineuses soulignant l’horizon. Au-dessus d’elles, les étoiles. Un mystère de plus. L’énigme se referme jusqu’au lendemain.

Michel Dodane

Les enfants de la vouivre

Les herbes noires

2006

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Besançon, sous les premières lueurs du jour. La ville était construite dans un trou, sur les vestiges d’une

forteresse. À mesure qu’on descendait vers le centre, ce n’était plus que remparts, douves et créneaux, entrecoupés de jardins. Le tout évoquait un parcours d’entraînement commando, où il faut courir, grimper, sauter, s’abriter…

Jean-Christophe Grangé

Le serment des limbes

2007

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Le mur qui fait le tour de la ville est réhaussé à travers les siècles, mais de Jules César qui l’occupe en 58 avant J.- C., à Charles

Quint qui considère Besançon comme un bouclier de son vaste empire, personne ne songe à y élever une véritable citadelle. Jusqu’en 1582 où l’idée vint à François de Vergy, alors capitaine de la cité. Cependant, il faudra attendre encore près d’un siècle, et les guerres d’annexion menées par Louis XIV pour qu’un homme reprenne ce projet à son compte : Sébastien Le Prestre de Vauban.

Maxime Peroz

Il était une fois… la Citadelle de Besançon

2000

D Artagnan n’était pas non plus de ces gens qui pensent que la nuit porte conseil ; la nuit d’Artagnan dormait. Mais le

matin, au contraire, tout frais, tout avisé, il trouvait les meilleures inspirations. Depuis longtemps il n’avait pas eu l’occasion de penser le matin, mais il avait toujours dormi la nuit.Au petit jour il se réveilla, sauta en bas de son lit avec une résolution toute militaire, et il se promena autour de sa chambre en réfléchissant. « En 43, dit-il, six mois à peu près avant la mort du feu cardinal, j’ai reçu une lettre d’Athos. Où cela ? Voyons… Ah ! c’était au siège de Besançon, je me rappelle… j’étais dans la tranchée. »

Alexandre Dumas

Vingt ans après

1845

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Si vous voulez conserver la Comté en dépit de toute la terre, hâtez-vous de fortifier la ville de Besançon qui n’est pas une

affaire, et la tête de la citadelle du côté de la campagne : après quoi il n’y aura plus qu’à les munir et comptez que vous aurez la meilleure place d’Europe »

Vauban à Louvois

25 juillet 1675

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Faites achever les desseins de la ville et de la citadelle qui ne peuvent être meilleurs et considérez après Besançon comme

une des meilleures places de l’Europe, et sur laquelle le roi peut se reposer plus que sur une autre qui soit dans son royaume ».

Vauban à Louvois

1678

« «

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Et me persuade avec raison que toutes ces parties de Besançon jointes ensemble feront un composé de fortification qui n’aura

point son pareil en Europe… »

Vauban

1680

« …

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Quelques heures plus tard, Grégoire retrouve la solitude de son appartement, quai Veil Picard, juste en face de la tour

des Cordeliers, devant laquelle s’écoule l’eau brunâtre bordée d’une allée d’arbres givrés. Sur sa gauche s’étend sa majesté le quai Vauban, imposant, faisant front comme autrefois aux dangers de l’extérieur. A le voir s’étirer le long du Doubs, à s’y refléter sans cesse comme Icare le faisait pour s’admirer à la lumière du jour, il a l’air d’une de ces frégates du roi Soleil imposant ordre et soumission à la surface des sept mers. Ses arcades, massives et solidaires, ont supporté durant des années de guerre le poids de ne jamais devoir céder et promettait en silence, pour celui qui, couteau entre les dents s’aventurait sur le pont Battant sans y avoir été invité, de se faire piétiner sans la moindre pitié. Chacune de ses fenêtres semblait prête à s’ouvrir en coup de vent pour découvrir la gueule en feu d’un canon, que des escouades de Bisontins n’auraient de cesse de recharger. Deux architectes avaient construit ce vaisseau de guerre à jamais amarré à un quai. Depuis ces années de fracas, la paix avait drapé les fortifications, apaisé les architectures. Les pierres de la ville, elles, s’étaient définitivement murées dans leur silence, même quand elles avaient été arrachées des remparts devenus inutiles pour bâtir des maisons.

Christian Giboudeau

La blancheur du lys

2003

60 61

Fouilleux s’immobilise au milieu du pont Battant et jette un coup d’œil à droite, un autre à gauche.

Sous ses pieds, les flots du Doubs, coulée de plomb brun et vert, poussent à la roue du Temps.La demi-lune de verre et de métal du Centre de Linguistique réverbère la lumière en direction de Chaudanne, tout soleil et verdure, tandis que de l’autre côté du pont la Tour de la Pelote veille sur sa passerelle.Fouilleux ne bouge plus.Il glisse l’enveloppe que Lécot vient de lui donner dans la poche de son vieux cuir et il pense à Lautrec.Il déploie ses bras de sorte que ses mains recouvrent les deux ailes de ces quais que les bourgeois avaient bâtis contre l’avis de Vauban, et qui avait coûté la vie à l’architecte qui les avait conçus.

Mario Absentes

Castor Paradiso

2005

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Comme le roi est résolu de faire une citadelle à Besançon et quelques fortifications dans les autres places de Franche-Comté,

lesquelles par l’estime que Sa Majesté a pour vous, Elle est bien aise que vous les traciez vous-même à ceux qui les entreprendront »

Louvois à Vauban

7 mars 1668

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Besançon Comme un aigle lassé de l’azur fabuleux

Dont l’aile se repose aux bords abrupts d’un fleuve,La ville toujours franche est là, sans que l’émeuveLe soleil implacable ou le ciel nébuleux.

Ses maisons de moellons veinés, jaunes et bleus,Sont de celles qu’un siècle a pu mettre à l’épreuveEt sa Porte Noire est pareille à quelque veuveDont s’accroche le deuil aux hôtels anguleux.

Au cœur de la cité, le vieux palais GranvelleAvec ses airs de cloître aux fenêtres jumellesTémoigne des beautés d’un âge plus flambant ;

Et dominant le tout, la fière citadelleQui reste le plus sûr chef-d’œuvre de VaubanVoit le Doubs l’enserrer de son large ruban

Gaston Strarbach

S. d.

63

«

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10 mardi. Cinq heures du matin, Besançon. Reçus par MM. Bénard et Weiss. Hôtel de France. Monté

à l’église, à la citadelle, église à deux chœurs comme Mayence (colonnes romanes ?). La citadelle, admirablement pittoresque et forte, dit-on, est, selon les gens de l’art, hors de la ligne des grandes attaques probables. On entrerait vers Lyon et l’Alsace. De la citadelle, on voit Besançon presque entourée d’un repli du Doubs.

Jules Michelet

Sur les chemins de l’Europe

1874

Victor inspire à fond. Il peut apercevoir le bosquet qui conduit à la Madeleine, l’avenue qui plonge place Siffert et, dominant

le tout, la Citadelle qui veille sur les Bisontins comme une Bonne Mère laïque

Mario Absentes

Castor paradiso

2005

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Impassible, secrète comme un gigantesque navire manœuvrant sur cet océan ourlé de zinc et de tuiles vernissées : bâtiments

serrés les uns contre les autres, cheminées en vagues éperdues, un clocher çà et là pointé comme un récif traître, la Citadelle dérive dans la nuit, accrochant l’horizon à ses voiles de pierre, redoutable et muette.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Vous prenez la rue des Granges pour rejoindre le square Castan au cœur de la ville haute. Les façades de pierre

couleur d’eau tombent en surplomb. Loin d’éclaircir les murailles, les anfractuosités des portes cochères et les fenêtres à barreaux accentuent la rigueur militaire des maisons. Corniches en saillies, pilastres rompent la monotonie des bastions de calcaire. Ville de pierre, Besançon prolonge, par l’alignement des immeubles le long des ruelles, l’arc géologique de la colline rocheuse, tel un vieux fossile. Au méandre d’eau enlaçant la ville répond la couronne de pierre de la citadelle, ciselée de tourelles, d’encorbellements et de lanternes. Yolande, vous remontez la rue de la Vieille-Monnaie comme une gorge où le vent s’engouffre. Au fond, la forteresse est transfigurée par la neige en sérac de glacier.

Denys Coutagne

La Mosaïque de Demeter

1986

Le bataillon désordonné des cheminées fluettes repousse en vain la chute d’un ciel noir et gris. Illuminés par la neige, les quais

décrivent, autour de l’orgueilleuse citadelle fortifiée par Vauban, la boucle sage d’une rivière endormie.La ville repose.La symphonie discrète des tuiles grises et des clochers arrondis s’évanouit sur l’accord d’un point d’orgue serein.

Roland Pidoux

Les Clochards d’Asmodée

1966

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Un grand mur. Face au club d’Échecs de Besançon, au trente-trois rue Bersot, Grégoire Adams défie du regard la haute façade.

Il est dix-neuf heures. Le vieux bâtiment recouvert de pierres taillées se situe près de l’abbatiale Saint-Paul, au nord-est de la vieille ville, et s’ouvre sur la ruelle par une porte en chêne, maculée de graffitis. La nuit est froide sur la capitale de la Franche-Comté où cent vingt mille personnes demeurent en paix. Au sud-est, au sommet d’un col, la Citadelle domine de sa courte hauteur la ville.

Christian Giboudeau

La blancheur du lys

2003

La Ville a jusqu’ici vécu comme tant d’autres cités, arrachée à un passé fécond, soumise aux égarements de la technique

et de l’administration confondues ; elle a été développée, ruinée, reconstruite au gré des périodes et des difficultés. Semblable à d’autres, dévorée par l’urgence de cette fin de millénaire sans issue, elle survivait dans le tumulte. Aujourd’hui comme toujours, des éclats de lumière se sont noyés dans la rivière, veillée par les remparts : le ciel s’est échauffé violemment, a pris de la hauteur, au-delà des peupliers qui se mouraient d’ennui sur l’herbe sèche de la gare d’eau. Le soleil en pièces sur les murs répandait une fièvre sauvage. Les griffes de la Citadelle, farouches et inhabitées, s’avancèrent peu à peu sur la Ville. Les murailles s’ouvraient, imposantes telles une vaste fenêtre de pierre, sur les lueurs excessives de l’avenir. Le rocher foudroyé par le soleil d’été grondait et se dégageait du bruissement trop doux des arbustes et des buissons. La tour de la Reine lancée vers l’ouest comme un défi de sang rejoignait sous l’azur par le chemin de ronde l’échauguette de Tarragnoz. Le front royal – escarpes, bastion et pont levant – plus que jamais s’élevait conquérant au-dessus de la Ville. Ce matin-là, la forteresse furieuse semblait se dresser comme en état de siège et sa présence impressionnante rétablissait les exigences d’un rêve inabouti.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Ils partirent, en camarades, côte à côte, sans se donner le bras, et longèrent le quai de Strasbourg, en remontant. Le ciel était sans

nuages, rougi de Rognon à la Viotte par un magnifique coucher de soleil, qui envoyait des reflets ardents sur la citadelle et Chaudanne, où les vitres paraissaient des brasiers d’incendie.

Édouard Droz

Au Petit-Battant

1905

Damien siffla de joie et suivit le V-Noirt sans hésiter. Ils passèrent devant la Porte Noire, contournèrent la Cathédrale puis

gravirent la rampe de la Citadelle. Délaissant la route au-dessus de Rivotte, ils s’engagèrent entre les arbres sur la pente rocailleuse et herbue jusqu’aux premières avancées des fortifications. L’enfant, essoufflé par la montée rapide, vit se lever devant lui un mur épais et redoutable. Tout au bas, une ouverture, une porte aménagée dans la pierre que suivait un escalier descendant, humide, glissant.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Fort belle, mais elle ne parait avoir que les os. »

Vauban, à propos de la citadelle

1674

«

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À Besançon, la cité où certains se firent enterrer face contre terre pour tourner le dos à l’astre, symbole du Roi-Soleil,

la citadelle émergeait de ses brouillards pour dominer le ciel des arêtes coupantes de ses murailles et du casque pointu de ses échauguettes.

Michel Dodane

Les enfants de la vouivre

Les herbes noires

2006

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Moi, je dis… » Il prit le temps, majestueux, d’une pause, « …que la Citadelle est en train de devenir une forteresse au-dessus

de la Ville ! Voilà ! »Superbe envolée, qui s’écrasa sous le rire malicieux de Louis, dont le tour était venu de parler :« Une forteresse ? Ben oui, c’en est une, et depuis longtemps. Déjà avant les Romains, y’a plus d’deux mille ans, c’était une place forte pour les Séquanes, les Gaulois j’veux dire, nos ancêtres. Alors j’vois pas en quoi ça te surprend tell’ment ! »

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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«

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Une seule image, constante et magnifique, m’a aidé à conserver espoir et à ne pas abandonner : cette Citadelle, d’apparence

imprenable toujours au-dessus de la Ville, et dont seul ainsi je pénétrais l’Intérieur…

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Ils descendirent bientôt du tram et s’engagèrent sur la route. Derrière eux, les dominant de son éperon flanqué d’une tourelle

de pierre, l’extrême pointe de la Citadelle se profilait au sommet d’une roche abrupte et tourmentée. À droite sur l’autre rive du Doubs, le fort Chaudanne surplombait la vallée. Les îles Malpas, devant eux, élevaient, au milieu des eaux, des cimes joyeuses de peupliers.

Francis Carco

Les Innocents

1919

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Page 41: Besançon littéraire

Ce soir de nouvelle lune, et d’ailleurs la lune eût brillé bien peu par un temps si couvert, Jeandesboz rentrait chez lui,

en direction de Gouille, par le chemin de halage de Tarragnoz. Sa lanterne clairait mal, ainsi que les réverbères trop espacés. De peur de tomber dans le Doubs, il descendit de bicyclette à la courbe dangereuse, que l’on a bordée, par protection d’un rang de grosses bornes. Il tenait sa machine à la main et marchait avec prudence, tant cela soufflait fort dans la vallée et tant il se trouvait plongé en pleines ténèbres. La lumière n’en parut que plus vive, qui soudain flamba. D’un coup, les choses, qui se cachaient dans la nuit, en sortirent pour entourer notre homme de leur présence formidable : le fleuve qui s’allume, les peupliers élancés de l’île Malpas, les monstrueux gazomètres de l’usine à gaz, le ballon de Chaudanne au fouillis de branches nues ; seuls quelques arbres arrondissaient déjà leur tête printanière, et l’or en reluisait sous les feux. Jeandesboz s’était retourné : derrière lui surgirent, surplombantes, les vagues calcaires qui portent et assaillent le vaisseau gigantesque de la citadelle, à la proue fendante, et l’échauguette vertigineuse du moine. Enfin vous connaissez Tarragnoz et son décor moderne, qui déjà remonte à Louis XIV. Le nom du lieu est antique : au temps des Gaulois, ce couloir conduisait à quelque forêt de hêtres, consacrée au dieu Taranos qui protégeait contre la foudre. Ce soir, dans la splendeur animée de l’incendie, le Tarragnoz de Vauban, complété par les gazomètres, prenait un aspect encore plus saisissant que d’habitude. Il faut ajouter le plafond du ciel, avec ses vastes nues roulantes, qui servaient de réflecteurs.

Léon Cathlin

Kyrie Eleison

1934

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Note architecturale C’était un dimanche après-midi, je serais bien incapable de

préciser en quelle année. Je suis parti seul, par le faubourg Rivotte. L’escalier menant à la tour au-dessus de la porte Taillée n’avait pas encore été détruit. Franchissant la voie ferrée, je suis monté ensuite par la pente escarpée que dominait le front de secours : ce n’était qu’éboulis de pierres coupantes, ronces, herbes hautes et glissantes. J’ai cru ne pas atteindre le sommet de ce talus abrupt et malaisé. Tout en contrebas, comme un autre univers, passaient les voitures qui entraient et sortaient de la Ville. J’avais un sac, avec un appareil photo minuscule et un vieux cahier.Observant le fort de Bregille face à moi, je me demandais si Myriam y était déjà venue pour faire ses premiers dessins.J’ai suivi, parmi les buissons épineux et secs, un vague sentier qui longeait la base du rempart, passé la route aménagée qui accède à la sortie de secours (l’ancienne porte de Varesco que nul ne connaît plus) tournée vers les Alpes, puis j’ai escaladé aussi haut que j’ai pu les rochers sous l’échauguette de Tarragnoz.Je me suis assis sur une étroite plate-forme, au-dessus du vide qui m’oppressait (je suis trop souvent sujet au vertige) et après avoir pris trois photos, j’ai sorti mon cahier. Plus tard, ouvrant les yeux, j’ai aperçu sur le chemin de ronde une femme vêtue de noir qui scrutait l’horizon, avec obstination, presque folle.Le vent est devenu très violent, je suis redescendu, tremblant parfois, et peu sûr de moi.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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La citadelle, que Vauban érigea sur cette colline afin de s’emparer de la ville aux mains des Espagnols, s’élance majestueusement

vers le ciel. Bâtie sur la roche d’où jaillissent des arbres nains, elle paraît inaccessible, avec ses tours, ses remparts et ses créneaux. Je m’y rendis bien sûr. Après avoir franchi le pont menant au bâtiment central, je descendis les escaliers en pierre conduisant aux geôles. La ville est en bas ; avec ses toits de tuiles colorées, brillant au soleil, on dirait un poisson plat dans un aquarium qui oscille lentement, arborant ses écailles.Je me dis que les reclus, face à cette vue, devaient ressentir encore plus profondément la douleur de l’emprisonnement.

Nedim Gürsel

Besançon

Nature intime du temps

2007

Page 43: Besançon littéraire

Jane et Bernard se sentent une âme de touriste pour la ville. Leur appartement donne sur un champ chaotique de toits. Face aux

fenêtres du séjour, la citadelle découpe en fond de paysage une frise de clochetons, de murailles, d’oriflammes indiquant le vent au sommet des tours de la Reine et du Roi. La ligne d’horizon se poursuit sur des collines boisées de sombre.

Huguette Bouchardeau

La Grande Verrière

1991

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Le convoi d’engins poursuivait son ascension vers la Citadelle, gravissant la rampe de Saint-Jean, seule voie d’accès possible.

Ayant passé la demi-lune en avant de la courtine, il pénétra sous la voûte du front Saint-Etienne. Il continua ensuite sa montée à travers l’esplanade jusqu’au Front Royal où il fallut renforcer le pont à l’aide de poutrelles et d’immenses plaques d’acier.Le soir même, on retira – pour cause de nettoyage, fut-il précisé – les drapeaux qui flottaient sur la Tour du Roi et sur celle de la Reine.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Page 44: Besançon littéraire

Enfin il aperçut, sur une montagne lointaine, des murs noirs ; c’était la citadelle de Besançon. Quelle différence pour moi, dit-

il en soupirant, si j’arrivais dans cette noble ville de guerre pour être sous-lieutenant dans un des régiments chargés de la défendre !Besançon n’est pas seulement une des plus jolies villes de France, elle abonde en gens de cœur et d’esprit. Mais Julien n’était qu’un petit paysan et n’eut aucun moyen d’approcher les hommes distingués. Il avait pris chez Fouqué un habit bourgeois, et c’est dans ce costume qu’il passa les ponts-levis. Plein de l’histoire du siège de 1674, il voulut voir, avant de s’enfermer au séminaire, les remparts et la citadelle. Deux ou trois fois il fut sur le point de se faire arrêter par les sentinelles ; il pénétrait dans des endroits que le génie militaire interdit au public, afin de vendre pour douze ou quinze francs de foin tous les ans. La hauteur des murs, la profondeur des fossés, l’air terrible des canons l’avaient occupé pendant plusieurs heures, lorsqu’il passa devant le grand café, sur le boulevard.[…] Ce jour-là, tout était enchantement pour lui.[…] Ce jour-là, mademoiselle de La Mole lui demanda quelle pouvait être la hauteur de la montagne sur laquelle est placée la citadelle de Besançon. Jamais Julien ne put dire si cette montagne était plus ou moins haute que Montmartre.

Stendhal

Le Rouge et le Noir

1830

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Fin juin, il y eut un matin où le soleil, plus que d’autres, se fit aigu, précis comme un jouet entre les doigts d’un enfant.

Myriam monta à pied le chemin des Ragots. Elle avait pris la précaution de s’équiper de bonnes chaussures de marche et ayant franchi une clôture de fil de fer barbelé, s’engagea à gauche dans le sous-bois. Elle gravit la pente en s’agrippant parfois aux branches basses pour se hisser dans les passages trop raides. Approchant le sommet de la colline au sortir des fourrés, elle grimpa encore quelques mètres sans se retourner et arriva sur le talus herbeux : devant elle, le Fort de Brégille du côté du Front de gorge, façade austère d’une caserne, et l’avancée des bastions.Elle longea le rebord de la vaste esplanade pour y choisir le meilleur point de vue, au delà de la cime des feuillages. Tout au bout, elle s’assit sur une grosse pierre blanche et moussue qui affleurait le sol : terre sombre, rocaille, herbe plus rare.En face, au-dessus de la vallée profonde – qu’il fallait deviner puis imaginer parcourue d’eaux froides et noires – se dessinait la Citadelle.Le ciel bruissait des murmures mêlés de la nature et des activités lointaines de la Ville. Un merle siffla sous le couvert des arbres.Myriam tira un premier trait. L’été s’avançait.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Note 25Expédition :

Décidé de vérifier tout ce que j’ai pu noter sur les grottes ou les souterrains. J’établirai un plan de chaque galerie.Premier essai concluant. Relativement facile puisque mentionné dans tous les ouvrages militaires, le passage qui monte du Front Saint-Etienne au Front Royal : long couloir, monotone et peuplé de chauves-souris (j’ai eu honte de troubler leur paix !) donnant accès à deux postes de tir au-dessus de la vallée. Ce dernier point peut présenter quelque intérêt : à retenir !

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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La citadelle, qui défendait jadis la boucle du Doubs, était vaste, composée de plusieurs enceintes et de nombreux bâtiments :

le Musée populaire franc-comtois, le Muséum d’histoire naturelle et l’émetteur de la télévision régionale, sans parler d’une vieille chapelle désaffectée. L’extrémité du promontoire était aménagée en zoo.[…] Du zoo, ils revinrent prendre Kafi qui attendait sagement à l’entrée. Puis Tidou demanda s’il était possible de grimper sur les remparts.« Bien sûr, dit Roger. De là-haut, la vue est magnifique, surtout à droite, elle plonge sur le quartier de Rivotte et la zone industrielle où s’est édifiée, il y a quelques mois, en dehors de la boucle, l’usine Alpha-Dzeta.– Les montres à quartz ? s’exclama la Guille.– Tu les connais ?– Nous en avons entendu parler ; des montres à quartz spécial, plus précises que les autres. Tu vois, nous ne sommes pas besançonnais, nous savons tout de même beaucoup de choses. »Roger pouffa de rire.« Beaucoup de choses, mais pas tout, mon vieux. Les gens d’ici ne s’appellent pas des « Besançonnais » mais des Bisontins… Suivez-moi ! Attention aux marches… »Il entraîna l’équipe sur le rempart, terminé par une petite tour carrée, baptisée tour du Roi.De là-haut, la vue était grandiose.

Paul-Jacques Bonzon

Les Six Compagnons dans la citadelle

1975

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Devant elle, la Citadelle baignée de soleil couronnait la colline. Myriam examina attentivement cette image envoûtante :

sa surprise se mua soudain en incrédulité ! Son dernier croquis, celui précisément qu’elle avait cru erroné correspondait exactement à ce qu’elle voyait à présent. Aucune hésitation n’était possible. Les remparts, dissimulés durant l’hiver et le printemps par de hautes bâches vertes – pour cause d’entretien et de rénovation, semblait-il – étaient bien désormais deux fois plus élevés que sur le dessin qu’elle avait réalisé l’année précédente. Et pourtant cette reproduction de la réalité d’alors devait être nécessairement fidèle. Elle se rappelait y avoir consacré beaucoup de temps et d’application. Myriam se demanda si la différence évidente ne provenait pas de la hauteur de la végétation qui aurait pu jusque là dissimuler le pied des remparts : il suffisait en effet que les arbres et arbustes qui entouraient la base de la Citadelle aient été taillés ce printemps pour restituer à la vue l’intégralité des murailles. C’était la seule explication possible, assez facile à imaginer, même si quelques détails convenaient mal à cette hypothèse : largeur de la Tour du Roi, surface des rochers en contrebas, portée des ombres… Myriam en conclut simplement qu’elle avait encore beaucoup à apprendre sur ce type de travail et sortit ses crayons.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Tiens, j’aurais cru le rempart moins élevé de ce côté-là. C’est une interprétation à toi ?

– Non, il est comme ça. Moi aussi, j’avais un doute et je suis remontée vérifier ce matin.– Tu es vraiment sûre de toi ?– Oui. Les arbres au dessous ont dû être taillés et c’est ce qui donne cette impression. » Myriam montra son autre croquis. « Tu vois, la différence n’est pas considérable.– Effectivement. Mais… comment dire ? C’est comme si la Citadelle était plus haute, plus solide. Presque neuve, tiens ! Pour un peu, on se croirait replongé trois siècles en arrière ! Vauban, qui reviendrait lui-même diriger ces fameux Travaux…»La voix traînante et sèche de Maria l’interrompit :« Tu dis trop de bêtises ce matin, mon fils. Il ne faut pas raconter n’importe quoi !– Vitold plaisante, Maria.– Petite, il est des choses sur quoi on ne doit pas plaisanter…– Allons, je peux quand même parler de cette bonne vieille Citadelle, même en Travaux. Quelle importance ?… Myriam, tu sais ce que je crois ? Tu devrais proposer tes dessins au journal. En ce moment, ça peut les intéresser : ça fait assez « touristique », si tu permet… »

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du temps

1988

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Le musée est en cours d’installation dans l’enceinte de la citadelle. Juste en face de l’endroit où ont été fusillés un grand nombre

de résistants parmi lesquels des lycéens. Les poteaux d’exécution ont été conservés. Tout près d’un puits qui date de la construction de la forteresse, à l’époque de Vauban.

Stéphane Babey

Les assassins de la citadelle

2007

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Il arrive que l’on parle des travaux de la Citadelle. Personne ne sait vraiment en quoi ils consistent : restauration des plus

vieux murs, réaménagements techniques ou amélioration des possibilités défensives de l’ensemble ? Aucune information précise n’a été donnée et les ouvriers eux-mêmes ignorent la raison de tant d’efforts. On dit seulement que les chantiers « là-haut » sont nombreux et urgents, qu’ils dureront sans doute plusieurs mois et que quelques blocs de rochers sont tombés sur le faubourg de Tarragnoz, sans faire de victime apparemment.L’hiver est déjà là, feutré de neige et de silence. Un oiseau noir a traversé le ciel. Et tout s’endort.

Serge Desvigne

Maria ou les Bastions du Temps

1988

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Mes idées sur le respect qu’on doit à une belle vieille ville comme

Besançon ? Quand vous avez une belle maison, vous n’en n’êtes pas le seul propriétaire, surtout si vous ne l’avez point bâtie vous-même, et les plus belles ont été bâties bien avant les Tintins-la-Mouillotte d’aujourd’hui. Cette maison appartient aussi, en particulier sa façade, à ceux qui aiment leur bonne vieille ville et se plaisent à se promener dans ses rues. Ils se reposent en flânant et en admirant. Et ce qu’ils admirent et qui ne devrait point changer, ils sentent bien que c’est à eux, non pour percevoir des loyers, mais pour la jouissance des yeux, et qu’on leur fait du tort à eux-mêmes en l’abîmant… »Ainsi prétendait-il que Besançon n’appartient pas aux seuls propriétaires, mais à tous les Bisontins qui aiment leur ville. Il avait découvert ça de lui-même, dans son bon sens et dans son cœur.

Léon Cathlin

Kyrie Eleison

1934

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Notes

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Si les descriptions ainsi que les événements historiques

énoncés dans les textes ici réunis peuvent nous faire

rêver, ils ne correspondent cependant pas tous à la réalité.

Utinam, « Plût à Dieu », est l’une des devises de la ville de Besançon.(page 11)

Besançon s’inscrit dans un site remarquable : une boucle formée par un méandre du Doubs, fermée par une colline. Cette place forte naturelle a constitué au cours des siècles une exceptionnelle position stratégique. Les fortifications qui sont érigées à toutes les grandes périodes de son histoire ont façonné durablement l’aspect de la cité.La « boucle » désigne le centre-ville de Besançon, à l’intérieur du méandre que forme le Doubs.(page 25)

À l’époque gauloise, le peuple des Séquanes installe sur le site son oppidum maximum ou place forte principale. La colline qui ferme la boucle du Doubs joue alors le rôle de citadelle. (Les Séquanes occupaient un territoire un peu plus étendu que l’actuelle Franche-Comté.)(pages 20, 37, 77)

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En 58 avant Jésus-Christ, l’intérêt stratégique du site est remarqué par Jules César qui l’investit. Les Romains bâtissent la cité et construisent le pont Battant, seul point de passage sur la rivière jusqu’à la fin du XVIIe siècle.Jules César a mené la conquête des Gaules de 58 à 51 avant Jésus-Christ (la date de 52 avant Jésus-Christ, souvent mentionnée, est celle de l’offensive de Vercingétorix : siège et victoire de Gergovie en mai-juin, capitulation à Alésia en septembre).Historien, César a relaté l’histoire de la guerre dans des écrits, De Bello Gallico (la Guerre des Gaules) qui comprennent huit livres (le dernier étant l’œuvre de l’un de ses lieutenants, Aulus Hirtius). C’est dans le premier, vraisemblablement écrit en 52 mais consacré aux événements de l’année 58, que César mentionne Vesontio (Besançon).(pages 20, 47)

Le pied est une unité de mesure antique correspondant à environ 0,30 mètre.(page 20)

L’école des Cyniques était une école philosophique grecque (Ve – IVe siècle av. J.-C.) qui niait la possibilité de la science, rejetait les conventions sociales et les principes moraux pour vivre conformément à la nature et dont le représentant le plus illustre fut Diogène. Voyageurs épris de liberté, les Cyniques se distinguaient en portant habituellement le manteau (de voyage à capuchon) et le bâton, ce pourquoi Julien mentionne ces accessoires qui constituent des attributs vestimentaires susceptibles de lui permettre d’identifier parmi les inconnus le « maître » qu’il recherchait.(page 21)

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Pendant longtemps, le Doubs est considéré comme une barrière naturelle suffisante pour défendre la ville située à l’intérieur du méandre et l’on sait peu de choses sur les fortifications du haut Moyen Âge (de la fin du Ve au Xe siècle). Il semble toutefois qu’à cette période la cité soit composée d’une ville haute et d’une ville basse. Les premiers travaux de fortification concernent donc les parties les plus sensibles : le sommet de la colline, le débouché du pont Battant et les quartiers de la rive droite du Doubs.Le XVIe siècle marque une étape importante dans l’histoire des fortifications de la cité.En 1519, Charles Quint, roi d’Espagne, devient empereur du Saint Empire romain germanique. Il est à ce titre maître de la Franche-Comté et de Besançon, « bouclier de son vaste empire », dont il fait améliorer considérablement les défenses.(page 54)

En 1667, Louis XIV, marié à Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne, réclame la Franche-Comté au titre de l’héritage de son épouse. Le 8 février 1668, c’est la première conquête française. Le 7 mars, Louvois commande la citadelle à Vauban. Du 31 mars au 20 avril, ce dernier séjourne dans la province : au mont Saint-Étienne, il inspecte les lieux, dresse les plans de la citadelle et trace l’ouvrage. Le 2 mai 1668, après trois mois de travaux français à la citadelle, le traité d’Aix-la-Chapelle rend la Franche-Comté à l’Espagne. Le 9 juin, les français ont quitté la Comté. Le 29 septembre, le prince d’Arenberg, gouverneur de la province pour le roi d’Espagne, pose la première pierre de la citadelle qu’il continue de construire.En 1674, la guerre reprend entre la France et l’Espagne. Besançon est assiégée : Louis XIV commande en personne, Vauban dirige le siège. Le 25 avril, la ville est investie ; elle capitule le 15 mai, la citadelle le 22. En 1678, le traité de Nimègue attribue définitivement la Franche-Comté et Besançon à la France. Après la reconquête, le roi décide de faire de Besançon un des bastions de l’est de son

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royaume et charge Vauban de cette réalisation. Les travaux de Vauban à Besançon sont réalisés en trois étapes :- de 1675 à 1683 la ville est pourvue d’une puissante citadelle ;- de 1675 à 1695, les fortifications de la boucle sont reconstruites ;- à partir de 1680 (et jusqu’au XIXe siècle), les casernes Saint-Paul (actuelle caserne Ruty) sont édifiées sur des espaces libres à l’est de la cité pour abriter les 1 500 à 2 000 soldats de la garnison.L’ensemble des travaux est achevé en 1683 à la citadelle et en 1695 pour l’enceinte urbaine. Par la suite, de nombreuses améliorations seront effectuées jusqu’à nos jours.(pages 28, 41)

Bâti sous la direction du directeur des fortifications, Isaac Robelin, ingénieur chargé avec Vauban de la mise en défense de la ville, le quai Vauban est doté d’une escarpe haussée et les façades des maisons qui le composent, sur un plan uniforme à deux étages, possèdent un rez-de-chaussée pourvu d’arcades. Faute de fonds, l’ensemble ne peut être réalisé entièrement et les travaux cessent en 1695. Pour célébrer la gloire de Louis XIV, un arc de triomphe est édifié sur le pont, dans le soubassement duquel sont aménagées des batteries casematées. En mauvais état, l’arc est détruit à la fin du XVIIIe siècle.(pages 60, 61)

En Franche-Comté, le mot trage (ou encore « traje » ou « traige ») désigne un passage qui permet de se rendre d’une rue à une autre, en passant par les cours intérieures des maisons.(page 33)

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Victor Hugo (1802-1885) est né à Besançon (au n° 140 de l’actuelle Grande Rue) car son père, officier, s’y trouvait en garnison. C’est parce qu’il cherche une rime en « ole » qu’il fait de Besançon une ville espagnole dans son poème Les Feuilles d’automne. Besançon, ville libre, devint possession espagnole quatorze ans seulement avant la conquête française de 1674 et n’a pas été hispanisée.(pages 41, 43)

L’Acropole d’Athènes et la grande muraille de Chine sont des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.(page 52)

Le cardinal de Richelieu meurt en décembre 1642, c’est à dire l’année précédant la scène décrite par d’Artagnan ; le siège de Besançon a eu lieu en 1674.(page 55)

Les V-noirts sont des personnages du roman de Serge Desvigne, Maria ou les bastions du temps.(page 73)

La colline de la citadelle de Besançon, avec ses 360 mètres, est plus haute que celle de Montmartre, point culminant de Paris à 130 mètres.(page 86)

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La première édition de cet opuscule a été publiée à l’occasion des Journées du Patrimoine de 1996. Cette manifestation,

organisée par le ministère de la Culture - direction du patrimoine - a pour vocation, depuis sa création en 1984, de faire connaître et mettre en valeur les innombrables richesses culturelles de la France. Cette année-là, Patrimoine et Littérature était l’un des thèmes de ces journées.La présente plaquette regroupe quelques-uns des textes alors réunis, augmentés d’un choix de récits qui mettent plus particulièrement en valeur le patrimoine fortifié de Besançon et qui nous offrent l’occasion de rendre hommage aux écrivains que notre ville a inspirés.

Recherches bibliographiques (avec, pour certaines, la complicité de Danièle Collombet), choix des textes, conception du livret : Marie-Hélène Bloch

Illustrations et mise en page : Guillaume Bertrand [email protected]

Merci à ceux qui ont contribué à la réalisation de ce livret en partageant leurs lectures.

La plupart des ouvrages cités se trouvent dans les bibliothèques municipales de Besançon et plus particulièrement à la bibliothèque d’étude et de conservation ( 1, rue de la Bibliothèque, 25000 Besançon, tél. 03 81 87 81 40 ).

L’orthographe et la ponctuation utilisées sont celles des textes originaux.

Quand je pense à tous les livres qu’il me reste encore à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux »

Jules Renard

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Laissez-vous conter les fortifications, répertoire des ouvrages de

l’enceinte urbaine, de l’époque de Vauban au début du XIXe siècle

Documents édités par la Ville de Besançon - service PatrimoineAdresse postale : 2, rue Mégevand 25034 Besançon [email protected]él. 03 81 41 53 65

Photographies

Couverture : la citadelle depuis Bregille (R. Bois)p. 14 -15 : vue cavalière de Besançon, vers 1710 (© Bibliothèques de Besançon)p. 21 : derrière le bastion de la Ville (G. Bertrand)p. 26-27 : tour bastionnée de Chamars (G. B.)p. 31 : le quartier Battant vu depuis le fort Griffon (G. B.)p. 34-35 : tour bastionnée des Cordeliers (G. B.)p. 45 : alentours de la tour bastionnée de Rivotte (G. B.)p. 59 : bastion de la porte Notre-Dame, au fond, la citadelle (G. B.) p. 67, p.75 : la citadelle (G. B.)p. 81 : la tour Montmart (G. B.)p. 89 : corps de garde du front Saint-Étienne, citadelle (G. B.)p. 95 : front Saint-Étienne, citadelle (G. B.)p. 98-99 : poterne du Porteau (G. B.)

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juin 2008

ISBN

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[...] arrêtez-vousseul sur le faîte d’une éternité [...]

Hisashi Okuyama

Utinam

1997