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LES TEMPS FORTS Le bien-être au travail apparaît aujourd’hui comme un enjeu fondamental, étroitement lié à la performance et la compétitivité des entreprises. Un levier stratégique moteur pour l’attraction, l’engagement et la rétention des collaborateurs, doublé d’une solution pour minimiser les risques de burn-out, bore-out ou d’absentéisme liés au mal-être professionnel. Le salaire et les responsabilités ne suffisent pas à l’épanouissement des travailleurs, notamment les jeunes, davantage en quête de sens et de reconnaissance. Alors quelles sont les bonnes pratiques pour améliorer les conditions de travail ? Comment concilier individuel et collectif ? Quel rôle peut jouer la RSE ? 9h00 9h20 | Regards croisés - Le bien-être au travail un enjeu fondamental Nouvelle « injonction légitime », le bien-être au travail représente « une vraie demande de la part des collaborateurs, comme des entreprises », insiste Victor Waknine. Il s’articule, selon lui, autour de trois sentiments : « Comment suis-je utile en tant que travailleur ? Comment suis-je compétent en tant que professionnel ? Ai-je envie d’appartenir à cette entreprise en tant que personne ? » Un engagement qui permet « d’exprimer l’intimité au niveau collectif » et constitue un excellent moyen de « recruter, mais surtout de fidéliser » les meilleurs collaborateurs. À condition, toutefois, de proposer « une promesse employeur en contrepartie ». Ainsi, en réponse à l’Ebit (earnings before interest and taxes), qui permet de mesurer la performance économique, et partant du constat que « le capital humain a besoin de se sentir bien pour exécuter correctement », il a créé en 2011 l’Ibet, l’indice de bien-être au travail. Afin de quantifier et contrôler l’engagement au sein de l’entreprise, il a fallu trouver « un modèle prédictif cartographiant tous les métiers » et « mesurer les effets indésirables indiscutables : non-disponibilité du salarié, désengagements et sorties forcées de l’employeur». Un travail qui a permis d’établir le coût du mal-être au travail : 14 580 euros par salarié et par an en 2019. Pour Jean-Stéphane Arcis, il est crucial que les dirigeants d’entreprise « alignent business plan et plan talent », afin de réduire l’écart entre ce que les collaborateurs « vivent tous les jours en tant que citoyens, consommateurs et clients, et l’expérience qu’ils ont dans l’entreprise ». Pour assurer « une meilleure cohérence et moins de contraintes», ce travail sur l’alignement doit être « démarré par le comité de direction ». D’abord, en acquérant « au- delà des compétences techniques, des soft skills ». Puis, en visant deux objectifs : « rendre plus transparents et ouverts les systèmes d’information » et définir précisément des « politiques, règles du jeu et comportements », afin d’éviter les « injonctions contradictoires », sources de souffrance. 9h20 9h50 | La raison d’être de l’entreprise et ses engagements sociaux et environnementaux L’entreprise a bel et bien « une responsabilité envers les autres acteurs de cette société et doit contribuer positivement à l’intérêt général », rappelle Clément Fournier. Sa raison d’être est donc « incontournable et indissociable » de la responsabilité sociale des entreprises, dont elle est somme toute « l’aboutissement ». Elle Victor Waknine Président-fondateur, MOZART CONSULTING Clément Fournier Expert RSE & développement durable ; Rédacteur en chef de YouMatter. world (ex-E-RSE.net) Jean-Stéphane Arcis CEO et Fondateur, TALENTSOFT BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL Mardi 12 novembre 2019 Groupe Les Echos - Le Parisien 1 BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL Synthèse des débats du Mardi 12 novembre 2019

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LES TEMPS FORTSLe bien-être au travail apparaît aujourd’hui comme un enjeu fondamental, étroitement lié à la performance et la compétitivité des entreprises. Un levier stratégique moteur pour l’attraction, l’engagement et la rétention des collaborateurs, doublé d’une solution pour minimiser les risques de burn-out, bore-out ou d’absentéisme liés au mal-être professionnel. Le salaire et les responsabilités ne suffisent pas à l’épanouissement des travailleurs, notamment les jeunes, davantage en quête de sens et de reconnaissance. Alors quelles sont les bonnes pratiques pour améliorer les conditions de travail ? Comment concilier individuel et collectif ? Quel rôle peut jouer la RSE ?

9h00 • 9h20 | Regards croisés - Le bien-être au travail un enjeu fondamental

Nouvelle « injonction légitime », le bien-être au travail représente « une vraie demande de la part des collaborateurs, comme des entreprises  », insiste Victor  Waknine. Il s’articule, selon lui, autour de trois sentiments  : «  Comment suis-je utile en tant que travailleur  ? Comment suis-je compétent en tant que professionnel  ? Ai-je envie d’appartenir à cette entreprise en tant que personne ? » Un engagement qui permet « d’exprimer l’intimité au niveau collectif » et constitue un excellent moyen de «  recruter, mais surtout de fidéliser  »

les meilleurs collaborateurs. À condition, toutefois, de proposer « une promesse employeur en contrepartie ». Ainsi, en réponse à l’Ebit (earnings before interest and taxes), qui permet de mesurer la performance économique, et partant du constat que « le capital humain a besoin de se sentir bien pour exécuter correctement », il a créé en 2011 l’Ibet, l’indice de bien-être au travail. Afin de

quantifier et contrôler l’engagement au sein de l’entreprise, il a fallu trouver « un modèle prédictif cartographiant tous les métiers  » et «  mesurer les effets indésirables indiscutables  : non-disponibilité du salarié, désengagements et sorties forcées de l’employeur». Un travail qui a permis d’établir le coût du mal-être au travail : 14 580 euros par salarié et par an en 2019.

Pour Jean-Stéphane Arcis, il est crucial que les dirigeants d’entreprise « alignent business plan et plan talent », afin de réduire l’écart entre ce que les collaborateurs «  vivent tous les jours en tant que citoyens, consommateurs et clients, et l’expérience qu’ils ont dans l’entreprise  ». Pour assurer «  une meilleure cohérence et moins de contraintes», ce travail sur l’alignement doit être «  démarré par le comité de direction ». D’abord, en acquérant « au-

delà des compétences techniques, des soft skills  ». Puis, en visant deux objectifs : « rendre plus transparents et ouverts les systèmes d’information » et définir précisément des « politiques, règles du jeu et comportements », afin d’éviter les « injonctions contradictoires », sources de souffrance.

9h20 • 9h50 | La raison d’être de l’entreprise et ses engagements sociaux et environnementaux

L’entreprise a bel et bien « une responsabilité envers les autres acteurs de cette société et doit contribuer positivement à l’intérêt général », rappelle Clément Fournier. Sa raison d’être est donc «  incontournable et indissociable  » de la responsabilité sociale des entreprises, dont elle est somme toute «  l’aboutissement  ». Elle

Victor WakninePrésident-fondateur, MOZART CONSULTING

Clément FournierExpert RSE & développement durable ; Rédacteur en chef de YouMatter.world (ex-E-RSE.net)

Jean-Stéphane ArcisCEO et Fondateur,TALENTSOFT

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« consiste à dire que l’entreprise n’est pas simplement le fruit du bénéfice des ses associés, mais a pour but de prendre en compte des facteurs comme l’environnement ou l’impact social ». Aujourd’hui, affirme-t-il, les salariés « plébiscitent » les entreprise qui s’engagent sur ces sujets et voudraient même « s’engager davantage sur la RSE ».

Plus qu’une raison d’être, estime Audrey Deconclois, c’est une véritable «  ambition  » que porte EY via son programme Building Better Working World. Offres, recrutements, projets valorisant l’insertion et la formation, mécénat culturel, accompagnement de métiers manuels, mise à disposition de « collaborateurs à impact »… Il s’agit de montrer «  comment on s’engage dans la cité, la société  » et «  tenter de rendre cette ambition concrète pour la faire vivre ». Un élément qu’elle juge

«  différentiant  » pour le recrutement de talents, surtout dans un milieu aussi concurrentiel que les cabinets d’audit. Par ailleurs, pour contrer un turn-over important, des « actions de proximité » ont été mises en place, afin de « redonner du sens » au travail des salariés et définir « ce qu’ils pourraient faire de plus en matière d’engagement ».

Ce n’est un secret pour personne  : les candidats – et les collaborateurs eux-mêmes – consultent aussi bien les palmarès des entreprises où il fait bon travailler, que les sites permettant de noter sa boîte. Alors comment arriver en tête de ces classements ? D’après Clément Fournier, il est « fondamental » de s’engager sur « des sujets environnement et société ». À la fois pour attirer et pour retenir « des jeunes qui veulent du sens dans leur travail et dans leur entreprise ». Surtout, précise-t-il, l’engagement doit être «  sincère  »  : «  Ce n’est pas la table de ping-pong qui fait le bien-être au travail, mais les pratiques de management ». Il préconise également de « donner les moyens à un département RSE de se mettre en relation avec d’autres services, pour coconstruire ensemble la démarche  » et faire circuler la RSE de manière transversale. Inutile d’y mettre beaucoup d’argent, dit-il, citant l’exemple du télétravail  : «  Le management par la confiance est la première étape vers un management plus positif. Ça donne beaucoup de satisfaction aux salariés, sans mettre beaucoup de moyens  ». Audrey Deconclois, de son côté, estime que «  les collaborateurs veulent être entendus sur la manière dont on construit l’entreprise de demain ». Pour elle, il est « important qu’ils soient engagés plus qu’heureux » et « voient qu’il y a du concret ». Jugeant nécessaire de « leur laisser le temps de s’impliquer sur des sujets et participer avec leurs compétences  », elle suggère d’abord de «  définir cette ambition  », puis de «  voir comment elle se met en œuvre et comment la partager avec le collectif ».

9h50 • 10h20 | L’environnement de travail, facteur de productivité des collaborateurs et d’attractivité des talents

Quel rôle jouent les locaux dans le bien-être des salariés ? Pour Fanny Dupérier, c’est « une formidable façon pour l’entreprise de montrer à ses collaborateurs l’attention qu’elle leur porte ». Lors d’un déménagement ou d’un réaménagement, par exemple : des « momentum » où l’on doit se projeter à long terme et « envisager les évolutions des métiers et modes de travail » pour savoir quelle « expérience proposer à ses collaborateurs ». L’environnement de travail est également « un atout majeur de la marque employeur  », assure-t-elle. Mais puisque la société est toujours en avance sur le monde de l’entreprise, comment s’y adapter ? Un seul mot d’ordre : « La flexibilité ». Télétravail, «  espaces alternatifs  », services… Les entreprises doivent se montrer « créatives et disruptives » pour « favoriser l’attraction et la rétention des salariés » – notamment les jeunes, pour qui «  le travail est un flux », analyse-t-elle. Sans oublier toutefois de « maintenir un lien social et une cohésion ».

Stéphane Bensimon ne dit pas autre chose. Dans une journée, «  il y a des moments différents et des publics différents  ». Les espaces de coworking en sont l’illustration parfaite, « à l’inverse des entreprises monoculturelles  ». Ce «  mélange des gens, des vies  » et des genres, « c’est ce qui crée l’épanouissement au travail », insiste-t-il. Mais il faut rester vigilant sur la taille des espaces de travail, ou «  mètres carrés suffisants  », qui ont tendance à réduire.

Quid du mobilier  ? Faut-il être au bureau comme dans son salon ? C’est en effet une « cohérence » qui « permet le bien-être », observe Sacha Tikhomiroff. Et d’évoquer « le syndrome Stéphane Plaza  »  : les jeunes générations, qui ont découvert

Audrey DeconcloisDirectrice des ressources humaines,EY

Stéphane BensimonPrésident,WOJO

Fanny DupÉrierAssociate Director Workplace & Change Management, JLL

Sacha TikhomiroffRegional Vice-President South Europe, MONDOFFICE, BERNARD, KALAMAZOO et JPG

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les bureaux de Google ou Apple, «  savent ce qu’est un espace moderne  ». La réalité doit donc suivre le discours du côté des entreprises : « Il faut que l’ensemble soit cohérent, même pour les visiteurs et les fournisseurs ». Le spécialiste note également une autre tendance forte, «  l’adaptation des espaces aux différents moments de la journée ou des choses que l’on a à faire ».

Mais tout cela a un coût. Les entreprises peuvent-elles ou veulent-elles investir dans ces nouveaux espaces  ? Pour Sacha Tikhomiroff, «  la difficulté, c’est qu’on a des acheteurs plutôt que des DRH  ». Il préconise donc de «  sensibiliser à la dimension économique et bien-être », ainsi que de « mesurer les coûts indirects et l’impact sur l’environnement de travail » – des éléments « pas toujours tangibles ». Fanny Dupérier, elle, voit cet enjeu comme «  une subtile équation, une résilience entre performance économique et performance sociale de l’entreprise ».

10h20 • 10h50 | Épanouissement et amélioration de la relation aux autres

Initiative à l’honneur : quand la musique est bonne

Si la musique adoucit les mœurs, est-elle pour autant vecteur de bien-être au travail ? Claire Giraudin rappelle que la musique est « un mystère pour les chercheurs, car c’est la seule activité humaine qui nous procure du plaisir sans qu’elle soit liée à aucun impératif biologique » ! Son impact sur le cerveau est double : d’une part, en lien avec la «  plasticité cérébrale  », elle permet de « construire, développer, voire reconstruire les connexions neuronales ». Ensuite, la musique est «  extrêmement liée à nos émotions ». Elle paraît passive,

mais a pourtant « un impact direct sur la production de certains neurotransmetteurs comme la dopamine et le cortisol, qui régule le stress ». Et présente trois bienfaits en environnement de travail  : la convivialité, car elle crée de la cohésion  ; la productivité, car la musique facilite les pensées convergente (concentration) et divergente (créativité)  ; et enfin, une image dynamique et moderne, qui peut faire la différence. Les entreprises l’ont bien compris  : «  La musique en tant qu’outil RSE est en train de monter ».

Solange Rilos Letourneur abonde : « Le corollaire de la musique en entreprise permet d’accompagner la gestion du stress ». Un mal qui coûte 8 % du PIB en France, rappelle-t-elle. Le bien-être au travail est donc « presque une mission d’intérêt général » ! Coaching vocal, orchestres, chorales… Elle regrette que la pratique musicale collective en entreprise soit « sous-exploitée et sous-organisée », à la différence du sport. « Il faut en faire un

sujet d’entreprise, mais pas un sujet de distraction », plaide-t-elle. Bienveillante, intergénérationnelle, « outil de cohésion »… La pratique musicale est aussi une manière de «  travailler dans le management non-verbal, plus intuitif », et d’obtenir la « reconnaissance d’une autre forme de talent ».

Pour Laëtitia de Montgolfier, la musique « fait partie de la culture d’entreprise ». Playlists choisies par les collaborateurs, groupes live pour la fête de la musique, réveil musculaire musical chaque matin sur les sites logistiques ou actions caritatives… Autant d’activités qui « renforcent l’esprit d’équipe » et permettent de « travailler de manière conviviale ». Chez Amazon, « la musique fédère et traduit l’investissement des salariés qui s’expriment pour une cause ». 11h10 • 11h40 | Répondre à la quête de sens et au besoin de

reconnaissance À qui incombe la responsabilité de donner du sens au travail ? Comment transformer une entreprise pour qu’elle ait ce sens ? Quelles sont les attentes des employés et des futurs collaborateurs ?

Essentielle au bien-être, la reconnaissance, est « un sujet assez central dans nos vies, personnelles ou professionnelles  », rappelle Anne-Sophie Godon. La reconnaissance permet en effet de «  s’inscrire dans les transformations, la stratégie et l’histoire de l’entreprise  ». Néanmoins, bien qu’il s’agisse d’un «  driver important de l’engagement  », elle estime qu’on

ne « progresse pas sur ce sujet »  : seuls 6 salariés sur 10 se déclarent reconnus par leur hiérarchie. Un manque de reconnaissance lié, selon elle, «  à une grande difficulté à comprendre ce qu’on

Solange Rilos LetourneurPrésidente de l’ANFP ;Fondatrice de l’OME

Claire GiraudinDirectrice, SACEM UNIVERSITÉ

LaËtitia de MontgolfierDirectrice des ressources humaines, AMAZON

Anne-Sophie GodonDirectrice de l’innovation,MALAKOFF MÉDÉRIC

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attend d’eux, à la méconnaissance de leurs objectifs et l’absence de marge de manœuvre ». Car derrière ce thème, analyse-t-elle, « se cachent des politiques managériales qui doivent encourager confiance et reconnaissance ». Elle va plus loin : « Ne pas être reconnu, c’est ne pas exister en tant que personne  ». Or, un manque de reconnaissance peut entraîner un désengagement, une hausse de l’absentéisme ou des problèmes de santé. Elle est catégorique : « Pour gagner la bataille du bien-être au travail, il faut agir sur tous les leviers : environnement et conditions de travail, pratiques managériales et questions de santé ».

Charles de Fréminville a développé une solution permettant de sonder les collaborateurs en continu, de manière anonyme, chaque semaine, chaque mois ou chaque trimestre, selon les besoins. Grâce aux résultats, les managers « arrivent à suivre, quantifier et factualiser des éléments qui sont parfois de l’ordre du ressenti ». Un outil qui n’est toutefois « pas une baguette magique », rappelle-t-il : « Il faut créer des discussions riches, factuelles et réactives pour que les gens puissent s’exprimer librement, en confiance, et pour mettre en place des actions pertinentes ».

La mission que s’est donnée Alice Vivian, c’est «  mettre l’environnement et l’humain au cœur de nos modèles  » et «  réaligner la tête et le corps, grand oublié du monde du travail  ». À travers le yoga et sa philosophie, elle travaille donc «  l’intelligence émotionnelle et corporelle » pour donner plus de sens aux salariés, à travers trois enjeux. Le sens « en tant qu’orientation de l’entreprise et orientation personnelle  », «  en tant que raison d’être de ce que je suis » et « en tant que « sensations ». Un réalignement qui, dit-elle, aide à « développer ancrage, créativité, adaptabilité et agilité  ». Elle en est convaincue, «  la responsabilité du bien-être au travail est celle du collaborateur autant que celle de l’entreprise », car « pour prendre soin de ses équipes, il faut prendre soin de soi ».

11h40 • 12h10 | Focus bien-être : ces acteurs qui font du bien

En parlant de corps, Anne-Charlotte Vuccino estime que si « l’humain est le nouveau paradigme au sein de l’entreprise », reste que nous sommes devenus «  trop sédentaires  ». Il est crucial, dit-elle, de «  prendre conscience que notre corps est notre principal outil de travail  ». Troubles musculo-squelettiques, mauvaise alimentation, postures inadaptées… Des problématiques qui «  coûtent cher à l’entreprise et à l’individu ». Sa méthode permet de « faire de la prévention santé au travail de manière concrète, pour changer son hygiène de vie au travail comme à l’extérieur ». Une solution qui n’est pas forcément l’apanage des grands groupes, mais « davantage liée à la volonté du management ».

Une vision que partage Richard Dacoury  : «  Les RH doivent être capables d’écouter cette demande, entendre ce besoin et proposer les outils les plus adaptés  ». Lui s’est demandé « comment appliquer à soi-même une communication tournée vers l’extérieur axée sur l’engagement » ? Pour ce faire, il a mis en place différents outils « qui ont permis aux collaborateurs de s’approprier cette expression », notamment via leur participation au triathlon de Deauville. En cinq ans, ils sont passés d’une trentaine de salariés à 350 collaborateurs venus de toute l’Europe pour cette course. Pour lui, au-delà de la performance sportive, « c’est une dynamique générée tout au long de l’année avec des newsletters, du coaching, un suivi personnel… » Une aventure collective qui « crée du lien, nivelle la hiérarchie, permet de se connaître physiquement entre différents services et souligne la modernité de l’entreprise ». n

Charles de FréminvilleCEO et Cofondateur,BLOOMATWORK

Alice VivianFondatrice et Dirigeante, MOJOM

Richard DacouryAncien sportif de haut niveau ; Consultant corporate et communication spécialisé dans le sport, COCA-COLA

Anne-Charlotte VuccinoFondatrice, YOGIST