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brochure-élève III · explication : énoncé de dissertation littéraire, c’est-à-dire portant sur une œuvre ... Ouvrir une école, c’est fermer une prison

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brochure-élève III

séquence nséquence nséquence nséquence noooo 3333 ::::

élaboration du planélaboration du planélaboration du planélaboration du plan

APPRENTISSAGE

DE LA DISSERTATION

brochure-élève III

séquence no 3 :

élaboration du plan

Avertissement

Le genre masculin utilisé dans cette brochure (pour des mots tels que

l’auteur, l’énonciateur, le lecteur, etc., ou tels que l’homme, le citadin, le croyant, etc.)

est purement grammatical et recouvre des termes génériques convenant naturellement

aussi bien à des femmes qu’à des hommes.

table des matières

élaboration du plan

• exercices d’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

♦ théorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

• définition de l’élaboration du plan et remarques préliminaires 69

• élaboration du plan : comment procéder ? 70

I. élaboration du plan-cadre 71

a) définition du thème et des mots-clés 71

b) choix de la démarche 73

c) formulation du problème 75

1. mise au point de la problématique 76

2. recours aux plans types 78

A. exemples de plans types pour la démarche herméneutique 78

B. exemples de plans types pour la démarche dialogique 81

II. élaboration du plan détaillé 88

1. sélection, regroupement et classement des idées 88

2. cohérence et progression logique 90

3. articulation logique 93

4. dimension rhétorique de l’argumentation – style 93 tableau des principales articulations logiques 96

♦ aide-mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

♦ exercice récapitulatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

« Mais avant de chercher l’ordre dans lequel on

présentera ses pensées, il faut s’en être fait un

autre, plus général et plus fixe, où ne doivent

entrer que les premières vues et les principales

idées : c’est en marquant leur place sur ce pre-

mier plan qu’un sujet sera circonscrit, et que

l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappe-

lant sans cesse ces premiers linéaments qu’on

déterminera les justes intervalles qui séparent

les idées principales, et qu’il naîtra des idées

accessoires et moyennes qui serviront à les

remplir. (…)

C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas

assez réfléchi sur son objet, qu’un homme

d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où

commencer à écrire. Il aperçoit à la fois un

grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni

comparées, ni subordonnées, rien ne le déter-

mine à préférer les unes aux autres ; il demeure

donc dans la perplexité. »

BUFFON

« Si la possession de la règle, à sa plénitude,

revient à l’absence de règles, qui désire être

sans règles doit d’abord posséder les règles. »

proverbe chinois

1

exercices d’approche

exercice 1

Au seuil de cette troisième séquence, il convient de préciser brièvement en quoi les deux

premières grandes étapes de la dissertation (analyse de l’énoncé et recherche des idées)

peuvent être utiles à l’élaboration du plan.

L’analyse de l’énoncé (cf. séquence n° 1) procède entre autres à la définition du thème et

des mots-clés en vue de mieux cerner le propos, opération nécessaire à la sélection et à

l’organisation des idées, surtout pour les énoncés de type définitionnel (cf. exemples pp. 72-

73). Elle permet en outre d’opérer le choix de la démarche (herméneutique ou dialogique),

choix qui débouche sur la formulation du problème et influence directement la mise au

point du plan.

Quant à la recherche des idées (cf. séquence n° 2), plus ou moins développée suivant le

temps à disposition (dissertation en temps libre ou en temps limité), elle permet

l’accumulation d’un matériau indispensable certes, mais qu’il convient ensuite d’organiser

de façon cohérente : c’est précisément cette tâche qui constitue l’élaboration du plan.

Concentrons-nous d’abord sur le choix de la démarche, effectué au terme de l’analyse de

l’énoncé. Comme nous l’avons vu précédemment (cf. brochure I), la démarche

herméneutique est essentiellement explicative et illustrative, alors que la démarche

dialogique, par nature, organise un débat, procède à la confrontation de points de vue

contraires à propos de telle ou telle question controversée. Or, ces deux démarches

correspondent à deux types de traitements différents (que nous nommerons traitement

analytique dans le premier cas et traitement critique dans le second), et impliquent à

l’évidence des organisations textuelles spécifiques. Il est donc judicieux de procéder au

choix de la démarche préalablement à toute autre opération conduisant au plan.

Rappelons que la distinction entre démarche herméneutique et démarche dialogique est liée

à plusieurs facteurs possibles : elle repose avant tout sur l’attitude du rédacteur de la

dissertation, et plus précisément sur sa prise de position par rapport au jugement de valeur

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 1

2

qui lui est proposé ; elle peut dépendre également de la consigne de travail du maître-

correcteur (si elle existe) ; elle relève parfois du genre de dissertation imposé (dissertation

générale, générale littéraire ou littéraire au sens strict) ; enfin, dans une moindre mesure, elle

peut être fonction de la nature de l’énoncé (lorsque celui-ci, cas plutôt rare, se prête

difficilement ou ne se prête pas du tout à la controverse).

exemple no

1 :

énoncé : « Electre, pour moi, est avant tout une pure jeune fille, comblée de joie et

d’honneurs, et qui n’en accepte aucun, toute entière dévouée à la recherche

de la vérité sur la mort de son père. » (J. Giraudoux)

Vous analyserez et illustrerez cette remarque de Giraudoux à propos

d’Electre, héroïne de la pièce qui porte son nom.

type de démarche : démarche imposée, herméneutique

explication : énoncé de dissertation littéraire, c’est-à-dire portant sur une œuvre

particulière, et comportant une consigne imposant une démarche d’explici-

tation et non de controverse (cf. « Vous analyserez et illustrerez »).

exemple no

2 :

énoncé : « Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s’ils n’étaient les dupes

les uns des autres. » (La Rochefoucauld)

type de démarche : démarche libre, herméneutique ou dialogique (selon le degré

d’adhésion du rédacteur au point de vue de l’auteur)

explication : énoncé de dissertation générale, sans consigne ; la démarche hermé-

neutique (consistant à se demander pourquoi être « les dupes les uns des

autres » peut apparaître comme une condition de la vie en commun) est

envisageable ; mais l’existence d’un contre-énoncé possible et pertinent

(« Les hommes ne pourraient pas vivre longtemps en société s’ils

n’entretenaient pas entre eux des rapports sincères et amicaux. ») permet

également antithèse et controverse.

remarque : Des explications plus détaillées sur les notions de mots-clés,

thème, propos et démarche figurent dans la brochure I.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 1

3

Observez attentivement les énoncés ci-dessous : certains d’entre eux impliquent un

traitement spécifique (démarche herméneutique ou dialogique exclusivement), alors que

pour d’autres, la démarche est laissée au libre choix du rédacteur, en fonction de sa

prise de position par rapport au jugement de l’auteur. Indiquez qu’elle est (ou quelles

sont) la (ou les) démarche(s) possible(s) pour chaque énoncé, en expliquant brièvement

votre réponse.

énoncés

1. Parlant du « nouveau roman », Jean Ricardou constate que « le roman n’est plus

l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture. »

Expliquez, puis discutez cette affirmation.

2. « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. »

(V. Hugo)

3. Giraudoux écrit dans son Discours sur le théâtre : « Le spectacle est la seule forme

d’éducation morale ou artistique d’une nation. »

Vous expliquerez cette affirmation en illustrant votre commentaire d’exemples précis,

pris dans le théâtre classique ou moderne.

4. « On ne peut pas toujours être une étoile au ciel ; on peut toujours être une lampe à la

maison. » (G. Eliot)

5. « Ce n’est pas notre condition, c’est la trempe de notre âme qui nous rend heureux. »

(Voltaire)

6. Julius K. Nyerere écrit dans Indépendance et éducation : « Attacher trop d’importance

aux connaissances livresques est aussi faux que de les sous-estimer. »

Expliquez et illustrez cette assertion.

7. « La machine a envahi l’humain, l’homme s’est fait machine, fonctionne et ne vit

plus. » (Gandhi)

Appréciez et discutez cette formule.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 1

4

8. « Nous n’avons pas besoin de connaître l’auteur pour comprendre et aimer son œuvre.

On peut légitimement se passer de tout recours à ce que l’on sait de l’auteur en dehors

de l’œuvre pour examiner celle-ci. » (Fr. van Rossum-Guyon)

En prenant appui sur des œuvres ou des textes que vous connaissez bien, vous

donnerez votre point de vue sur cette question.

9. « Les héros tragiques sont des êtres hors du commun, sur lesquels pèse une

mystérieuse culpabilité, des individus qui entrent en conflit avec les dieux, avec les

autres hommes et avec eux-mêmes. Ils expriment de façon exemplaire l’énigme et le

scandale de la condition humaine telle qu’elle est : grandeur et misère. »

Commentez et illustrez ce jugement d’un critique en l’appliquant à Andromaque de

Racine.

10. « La science peut détruire la planète, elle ne peut former un homme. »

(A. Malraux)

réponses

énoncé 1 : .................................................................................................................................

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énoncé 2 : .................................................................................................................................

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énoncé 3 : .................................................................................................................................

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 1

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énoncé 4 : .................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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énoncé 5 : .................................................................................................................................

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énoncé 6 : .................................................................................................................................

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énoncé 7 : .................................................................................................................................

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énoncé 8 : .................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 1 & 2

6

énoncé 9 : .................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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énoncé 10 : ...............................................................................................................................

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exercice 2

Comme nous l’avons indiqué plus haut, à chacune des deux démarches de base définies

dans l’exercice précédent correspond un type de traitement spécifique. Nous nous atta-

cherons tout d’abord à étudier le traitement analytique, qui relève de la démarche

herméneutique.

Compte tenu du caractère essentiellement approbatif ou du moins largement concessif de

cette démarche, le traitement analytique consiste, comme son nom l’indique, à analyser,

sans la moindre intention polémique, différents aspects d’une question, à explorer ses

multiples facettes afin d’en montrer avant tout l’enjeu, l’intérêt, la portée.

Par sa nature même, le traitement analytique se présentera comme une construction non

dialogique, mais cohérente et organisée, mettant essentiellement en œuvre les trois procédés

suivants :

• l’explication, visant à définir de manière précise les notions mises en jeu par l’énoncé ;

• l’illustration, cherchant à donner à l’explication la concrétisation qu’elle requiert par le

biais d’exemples ;

• le commentaire, dont la fonction est de développer, d’approfondir, d’interpréter (c’est-à-

dire également de nuancer, s’il y a lieu) le sens des notions dégagées.

Pour éviter toute confusion, précisons d’emblée que ces trois procédés ne correspondent

généralement pas à trois étapes distinctes du plan de la dissertation (ce qui lui donnerait un

aspect très artificiel), mais interviennent le plus souvent tout au long de l’analyse au fur et à

mesure des besoins, comme le montrent les deux schémas suivants, en guise d’exemples

parmi d’autres possibles.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

7

exemples d’armature générale du plan

(démarche herméneutique – traitement analytique)

variante A :

introduction

(comportant une brève présentation

des principaux aspects du problème à analyser)

partie I : examen du 1er

aspect du problème

– explication – illustration – commentaire

partie II : examen du 2ème

aspect du problème

– explication – illustration – commentaire

partie III : examen du 3ème

aspect du problème

– explication – illustration – commentaire

etc.

conclusion

(comportant un bilan de l’analyse du problème)

variante B :

introduction

(comportant une brève présentation

des principaux aspects du problème à analyser)

partie I :

• examen du 1er

aspect du problème

– explication – illustration

• examen du 2ème

aspect du problème

– explication – illustration

• examen du 3ème

aspect du problème

– explication – illustration

• etc.

partie II :

commentaire (remarques, ajouts, réserves,

nuances, etc.) sur les différents aspects

examinés

conclusion

(comportant un bilan de l’analyse du problème)

développement

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

8

Cela dit, le traitement analytique pose une difficulté concrète dont il s’agira d’être tout à fait

conscient dans l’élaboration du plan : celle de la stratégie à adopter pour organiser au mieux

les données du problème à traiter. Comment, en effet, dans le cadre de la démarche

herméneutique, éviter le piège de la malencontreuse énumération d’informations juxta-

posées ressemblant plus à une espèce de catalogue ennuyeux et informe qu’à une

dissertation digne de ce nom ?

Toute la subtilité du traitement analytique consistera à organiser les données du problème

en les articulant selon un plan qui s’inscrive dans un raisonnement logique et qui suive si

possible une progression dynamique. Plus facile à dire qu’à faire, certes, mais pas

impossible à réaliser avec un peu de pratique ! La notion de problématique, que nous

expliquerons maintenant, peut contribuer à nous y aider.

On peut définir brièvement la problématique comme la sélection et l’agencement des trois

ou quatre aspects fondamentaux du problème à traiter dans la dissertation. La mise au

point de la problématique ne peut bien entendu s’effectuer qu’après avoir clairement défini

le problème à examiner (par le biais de l’analyse de l’énoncé) et après avoir dégagé toutes

les données pouvant s’y rapporter (grâce à la recherche des idées). En fait, la problématique

correspond en quelque sorte au cadre général, à la macrostructure de la démonstration. Elle

est constituée des quelques idées directrices composant les grands axes de la réflexion et,

dans la dissertation, sera le plus souvent succinctement présentée à la fin de l’introduction.

La problématique est d’une importance primordiale dans la mesure où elle constitue

l’armature du travail et préside à l’organisation générale du développement. Elle suppose,

de la part du rédacteur, la capacité d’opérer un choix raisonné parmi les différents aspects à

traiter et de prévoir l’ordre stratégique de leur présentation au sein du développement – ce

que nous désignerons par mouvement argumentatif –, en fonction de l’organisation

logique que l’on se propose d’adopter.

Voici, par exemple, quelques modes d’organisation logique qui peuvent s’avérer très

utiles à la mise au point de la problématique :

• la hiérarchisation traite les différents aspects du problème en fonction du degré

d’importance que leur attribue le rédacteur de la dissertation, et structure généralement le

déroulement de la démonstration au moyen d’éléments considérés comme de plus en plus

significatifs et convaincants ;

• l’ordonnance chronologique présente les différents aspects du problème en suivant

l’évolution du temps (passé – présent – futur), ou en partant de la situation actuelle

(présent) pour remonter ensuite à ses origines (passé) et envisager enfin, s’il y a lieu, son

devenir (futur) ; relevons que l’ordonnance chronologique permet surtout d’opérer une

mise en perspective historique avant d’actualiser le problème, et qu’elle ne concernera

donc le plus souvent qu’une partie du développement ;

• la comparaison établit, tout au long de la démonstration, un parallèle entre deux

domaines de nature apparemment différente, mais dont le rapprochement s’avère toutefois

possible et riche en enseignements ;

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

9

• la relation cause(s) – conséquence(s) fait apparaître l’interdépendance existant entre les

différents aspects du problème, examinée sous l’angle spécifique de l’enchaînement des

causes (origines, motifs) et des effets (résultats, conséquences) ;

• l’opposition instaure une confrontation entre les différents aspects du problème ;

• etc.

Précisons enfin que la formulation du problème, dernière opération de l’analyse de

l’énoncé, et la mise au point de la problématique, première opération de l’élaboration du

plan, constituent les deux opérations majeures de ce que nous appellerons la

problématisation.

exemple :

type de démarche : herméneutique

traitement analytique

énoncé : « Le monde est constamment polyphonique alors que nous n’en avons, par

carence ou par paresse, qu’une lecture monodique. » (N. Bouvier)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

Pourquoi Bouvier a-t-il raison d’affirmer que nous ne percevons qu’une seule

dimension du monde, alors qu’il en contient une infinité ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’appréhender toute la réalité du monde,

de le percevoir dans toutes ses dimensions ? pourquoi cette surdité, ou cette

« paresse » ?

• Quelles sont les conséquences, pour la connaissance du monde et les relations

entre les hommes, de notre difficulté à interpréter et à comprendre la réalité dans

toute sa complexité ?

• Comment faire pour développer nos facultés de compréhension, pour passer

d’une « lecture monodique » à une lecture « polyphonique » du monde ?

Comment s’ouvrir à plus de réalité ?

On relèvera qu’ici, les trois idées directrices suggérées par la problématique renvoient dans

l’ordre aux notions de cause, de conséquence et de solution, notions que l’on retrouvera,

agencées un peu différemment, dans le plan type « problème(s) – cause(s) – solution(s) »

présenté dans l’exercice suivant.

remarque : Des explications plus détaillées sur la formulation du

problème figurent dans les exercices 17 à 19 de la brochure I.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

10

Observez attentivement les énoncés suivants : leur consigne impose de recourir à une

démarche herméneutique conduisant à un traitement analytique.

Procédez à la problématisation de chacun de ces énoncés, en posant tout d’abord

clairement le problème à l’aide d’une reformulation du propos de l’auteur, puis en

construisant, au moyen de trois ou quatre idées directrices, une problématique qui

vous semble logique, cohérente et dynamique.

(Pour mener à bien la mise au point de la problématique, vous pourrez vous fonder sur

le matériau déjà rassemblé dans la brochure II consacrée à la recherche des idées, et

dont nous indiquons ci-dessous pour chaque énoncé les pages de référence.)

énoncé 1

(cf. brochure II, pp. 26-27)

« Si je diffère de toi, loin de te léser je t’augmente. Cette évidence, tous nos réflexes la

nient. » (A. Jaccard)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

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...................................................................................................................................................

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b) mise au point d’une problématique possible :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

11

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énoncé 2

(cf. brochure II, pp. 49-50)

« Il ne peut pas pleuvoir chez le voisin sans que j’aie les pieds mouillés. » (proverbe chinois)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

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...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

b) mise au point d’une problématique possible :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2

12

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énoncé 3

(cf. brochure II, pp. 30-31)

« En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison.

Nous nous enfermons solitaires avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille

la peine de vivre. » (A. de Saint-Exupéry)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 2 & 3

13

b) mise au point d’une problématique possible :

...................................................................................................................................................

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...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

exercice 3

Sur la base de ce que nous venons de voir, nous pouvons donc définir le plan comme une

organisation de la pensée sous la forme d’une construction logique et progressive. Le plan

donne une armature au raisonnement, canalise s’il le faut le courant impétueux d’une

imagination débordante et permet d’éviter les dérives. En effet, si le rédacteur d’une

dissertation ne prend pas la peine de se donner un plan, il risque fort de se noyer dans de

multiples confusions : oublis majeurs, répétitions inutiles, contradictions, voire même hors-

sujet.

En dissertation générale, le plan peut parfois se présenter, nous l’avons vu, comme une

progression chronologique, en opérant par exemple une mise en perspective historique du

problème avant de l’actualiser. Mais bien plus souvent, le plan articule le raisonnement de

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

14

manière à former un « système » dans lequel les différentes étapes de la démonstration sont

solidaires les unes des autres.

L’important, en tout cas, est de choisir un plan qui « colle » bien entendu le mieux possible

au problème à examiner et aux options du rédacteur de la dissertation, lequel dispose ici

d’une grande marge de liberté. On trouvera donc rarement le plan idéal au rayon du « prêt-à-

porter », et il faudra le confectionner, si possible, « sur mesure ».

Cela dit, il existe certaines structures opératoires types, correspondant à des démarches

particulières de la pensée, qu’il serait dommage de ne pas connaître. A ces schémas

classiques appartient par exemple le plan « inventaire » ou plan « par catégories », qui

consiste à explorer un domaine (ou un concept) précis, divisé préalablement, par

catégorisation, en un certain nombre d’aspects distincts que l’on se propose d’étudier

successivement.

Le plan « inventaire », qui répond au souci légitime de décomposer un problème en

plusieurs éléments afin d’en saisir toute la complexité – opération intellectuelle tout à fait

courante –, n’est cependant pas le plus simple à gérer, dans la mesure où il est souvent

difficile de lui ménager une progression suffisamment dynamique. On l’utilisera donc avec

prudence et discernement, pour des énoncés d’ordre définitionnel par exemple, en soignant

tout particulièrement la mise au point de la problématique.

Nous présenterons maintenant, de façon plus détaillée, trois exemples de plans types

relevant généralement du traitement analytique :

1. le plan « suggéré par l’énoncé » ;

2. le plan « problème(s) – cause(s) – solution(s) » ;

3. le plan « comparatif ».

Ces trois plans types ne doivent en aucun cas être considérés comme des recettes miracles

ni comme des succédanés pour la réflexion personnelle, mais ils peuvent s’avérer parfois

très utiles au rédacteur d’une dissertation aux prises avec la délicate opération de

planification.

1. Le plan « suggéré par l’énoncé » intervient, bien entendu, si le jugement d’auteur à

examiner est assorti d’une consigne du maître-correcteur indiquant clairement une

marche à suivre.

Il peut également s’imposer tout naturellement lorsque, cas moins rare qu’il n’y paraît, le

libellé du jugement fournit lui-même, intrinsèquement, l’ensemble des différents aspects

du problème à traiter. Remarquons que, dans ce cas, l’ordre des idées directrices de la

problématique ne sera pas forcément identique à celui des éléments se succédant dans

l’énoncé.

Avec ce type de plan, il conviendra toutefois, comme pour le plan « inventaire » évoqué

plus haut, de soigner particulièrement l’articulation logique des points abordés et la

dynamique de l’ensemble du développement.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

15

exemple :

type de démarche : herméneutique

traitement analytique, plan « suggéré par l’énoncé »

énoncé : « Il est bon de voyager quelquefois ; cela étend les idées et rabat l’amour-

propre. » (Voltaire)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

Pourquoi Voltaire peut-il affirmer que le voyage permet de s’ouvrir l’esprit et de

gagner en modestie ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• A quel type de voyages Voltaire fait-il ici allusion ? Voyager à l’époque des

Lumières et voyager aujourd’hui : quelle évolution, et quelles différences ?

Compte tenu du problème à examiner, quelle signification peut-on attribuer au

terme « voyager » dans le contexte de l’énoncé ?

• Pour quelles raisons les voyages favorisent-ils l’ouverture d’esprit et la

compréhension du monde ?

• En quoi les voyages peuvent-ils nous conduire à rabaisser notre orgueil ?

plan-cadre possible (« suggéré par l’énoncé ») :

introduction

partie I : définition du voyage dans le contexte de l’énoncé

(en vue d’une actualisation du problème)

– explication – illustration – commentaire

partie II : le voyage aujourd’hui, comme source d’enrichis-

sement culturel, intellectuel, psychologique, etc.

– explication – illustration – commentaire

partie III : le voyage comme expérience formatrice (appren-

tissage de la modestie, de la sagesse, du respect

des autres ; relativisation de son propre point de

vue ; etc.)

– explication – illustration – commentaire

conclusion

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

16

2. Le plan « problème(s) – cause(s) – solution(s) » convient généralement bien à des sujets

de dissertation générale portant sur des questions majeures de notre époque (injustice

sociale, xénophobie, violence urbaine, malaise politique, etc.), mais très rarement à des

sujets littéraires.

Il consiste à dresser, dans un premier temps, une sorte d’état des lieux des différents

aspects du problème, à établir le constat de ses symptômes (ou de ses conséquences),

puis à entreprendre une recherche des causes pour parvenir à expliquer l’origine du

problème ; enfin, dans un troisième temps, il s’agira si possible de trouver des réponses à

ce problème, de lui proposer remèdes ou solutions.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

17

exemple :

type de démarche : herméneutique

traitement analytique, plan « problème(s) – cause(s) –solution(s) »

énoncé : « Aujourd’hui, les machines sont admirables et les visages fermés. Nous

avons la technique, il nous manque le sourire. » (Fr. de Closets)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

Pourquoi de Closets a-t-il raison d’affirmer que la mécanisation croissante de la

société nous a fait perdre notre joie de vivre ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Quelles sont les différentes manifestations du problème soulevé ? Quelles

conséquences négatives la technique a-t-elle engendrées sur notre plaisir de

vivre ?

• Quelle est l’origine du problème ? Quelles sont les causes de cette dégradation ?

• Quels remèdes pourrait-on apporter à ce problème ? Quelles solutions aurait-on

à proposer pour améliorer notre relation à la technique ?

plan-cadre possible (« problème(s) – cause(s) – solution(s) ») :

introduction

partie I : état des lieux : effets négatifs de la mécanisation

croissante de notre société

– explication – illustration – commentaire

partie II : recherche des causes de cette dégradation

– explication – illustration – commentaire

partie III : propositions de solutions, de remèdes pour

retrouver, en dépit de la technique ou par son

entremise, bonheur et convivialité

– explication – illustration – commentaire

conclusion

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

18

3. Le plan « comparatif » consiste à établir un parallèle entre deux domaines de nature

différente, mais dont le rapprochement est possible. Relevons qu’il procède donc bien à

une comparaison entre deux concepts (ou notions) hétérogènes, et non pas à une

opposition entre deux thèses antagonistes de même registre.

Dans le cadre de ce plan, deux sortes de progression sont le plus souvent mises en

œuvre, que nous présentons ci-dessous. A noter que la seconde (variante B), plus

dynamique, s’avère généralement préférable.

exemple – variante A :

type de démarche : herméneutique

traitement analytique, plan « comparatif »

énoncé : « Le journaliste s’occupe du temps qui passe, l’écrivain du temps qui dure. Le

journaliste s’intéresse à l’urgent, et l’écrivain à l’essentiel – et il est bien rare

que l’urgent et l’essentiel se recoupent. » (J. d’Ormesson)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

Pourquoi d’Ormesson a-t-il raison d’affirmer que le journaliste travaille dans

l’éphémère, alors que l’écrivain se préoccupe de permanence ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Quels sont les principaux impératifs du journaliste ?

• Quelles sont les préoccupations majeures de l’écrivain ?

• Quelles sont les similitudes et les différences de ces deux activités ?

plan-cadre possible (« comparatif ») :

introduction

partie I : le journaliste : ses impératifs spécifiques

– explication – illustration – commentaire

partie II : l’écrivain : ses préoccupations spécifiques

– explication – illustration – commentaire

partie III : similitudes et différences entre les deux activités

– explication – illustration – commentaire

conclusion

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

19

exemple – variante B :

type de démarche : herméneutique

traitement analytique, plan « comparatif »

énoncé : « Le journaliste s’occupe du temps qui passe, l’écrivain du temps qui dure. Le

journaliste s’intéresse à l’urgent, et l’écrivain à l’essentiel – et il est bien rare

que l’urgent et l’essentiel se recoupent. » (J. d’Ormesson)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème : idem

Pourquoi d’Ormesson a-t-il raison d’affirmer que le journaliste travaille dans

l’éphémère, alors que l’écrivain se préoccupe de permanence ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Quelles sont les similitudes qui permettent en un premier temps de rapprocher

l’activité du journaliste de celle de l’écrivain ?

• Quelles sont les différences essentielles qui distinguent l’activité du journaliste

de celle de l’écrivain ?

• Quelles conclusions peut-on tirer de la comparaison entre ces deux activités ?

plan-cadre possible (« comparatif ») :

introduction

partie I : l’activité du journaliste et celle de l’écrivain :

similitudes

– explication – illustration – commentaire

partie II : l’activité du journaliste et celle de l’écrivain :

différences

– explication – illustration – commentaire

partie III : raisons pour lesquelles ces deux activités ne

peuvent que rarement se recouper

– explication – illustration – commentaire

conclusion

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

20

Lisez attentivement les énoncés suivants. A chacun d’eux peut convenir l’un des trois

plans types présentés ci-dessus (plan « suggéré par l’énoncé », plan « problème(s) –

cause(s) – solution(s) » ou plan « comparatif »).

Commencez par indiquer, pour chacun des trois plans types, le numéro des énoncés

qui pourraient leur correspondre, après avoir imaginé dans chaque cas les grandes lignes

d’une problématique.

Puis choisissez un énoncé par catégorie de plan type et procédez à la rédaction d’un

plan-cadre, en vous fondant sur la formulation du problème.

énoncés

1. « L’homme construit des maisons parce qu’il est vivant, mais il écrit des livres parce

qu’il se sait mortel. » (D. Pennac)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

2. Lecture et voyage. Deux modes de connaissance et de formation bien différents.

Expliquez et illustrez cette affirmation.

3. « Le sport, avec ses rites et ses idoles, est devenu dans l’ensemble de la culture

contemporaine le substitut laïque des aspirations religieuses des masses, le mode le

plus accessible, bien que le plus illusoire, de la communion collective. »

(un sociologue contemporain)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

4. « Les lettres nourrissent l’âme, la rectifient, la consolent. »

(Voltaire)

Expliquez et illustrez cette assertion.

5. « Le travail, entre autres avantages, abrège les heures et étend la vie. »

(D. Diderot)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

6. « La maladie de l’adolescence (…) est de ne pas savoir ce que l’on veut mais de le

vouloir à tout prix. » (Ph. Sollers)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

7. « La machine a envahi l’humain, l’homme s’est fait machine, fonctionne et ne vit

plus. » (Gandhi)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

21

8. Parlant du « nouveau roman », Jean Ricardou constate que « le roman n’est plus

l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture. »

Expliquez et illustrez cette affirmation.

réponses

1. plan type « suggéré par l’énoncé »

liste des énoncés possibles : n° ............................................................................................

formulation du problème pour l’énoncé n° ........ :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan-cadre possible :

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

22

2. plan type « problème(s) – cause(s) – solution(s) »

liste des énoncés possibles : n° ............................................................................................

formulation du problème pour l’énoncé n° ........ :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan-cadre possible :

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 3

23

3. plan type « comparatif »

liste des énoncés possibles : n° ............................................................................................

formulation du problème pour l’énoncé n° ........ :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan-cadre possible :

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

24

exercice 4

Nous examinerons maintenant la question du plan dans le cadre de la démarche

dialogique. Cette démarche suppose, comme on l’a rappelé dans l’exercice 1, un débat (une

discussion, une controverse) et débouche sur un traitement critique. Celui-ci consistera à

organiser au mieux l’intervention des différents points de vue contradictoires qui

s’exprimeront au cours du développement de la dissertation à propos du problème posé.

En plus des principaux moyens à disposition pour le traitement analytique (explication,

illustration, commentaire), il recourt essentiellement aux stratégies classiques de

l’argumentation (concession, justification, contre-argumentation, réfutation, etc.) dans le

but de convaincre le lecteur, de le faire adhérer à un point de vue qui ne correspond pas

forcément à celui qu’exprime le jugement à discuter.1

Quant à la problématisation de l’énoncé, les principes généraux appliqués au traitement

analytique dans l’exercice 2 demeurent tout à fait valables dans le cadre d’un traitement

critique. Seules différences notables : pour la formulation du problème, on ne se conten-

tera plus de s’interroger sur les raisons qui fondent la pertinence du jugement, mais on

indiquera clairement, au moyen d’une « question controversée », les termes de l’alternative

posée par le problème (cf. brochure I, exercices 17, 18 et 19 et théorie pp. 65-69). La

problématique, elle, se composera d’idées directrices se présentant logiquement sous

forme de thèses en confrontation et indiquant le mouvement argumentatif général du

développement.

Concrètement, le traitement critique permet principalement trois possibilités d’organisation

textuelle :

1. Le plan « à controverse constante » instaure une confrontation permanente tout au

long du développement, argument(s) en faveur de la thèse et contre-argument(s) en

faveur de l’antithèse se répondant à chaque étape. Parmi les plans que nous présenterons

ici, le plan « à controverse constante » est sans doute le plus dynamique, mais il demande

au rédacteur une gestion assez subtile de la présentation des différents points de vue pour

éviter de noyer l’idée dominante – c’est-à-dire celle qui cherche à emporter l’adhésion du

lecteur – dans le flot des interventions contradictoires. Voici le schéma d’un plan-cadre

possible « à controverse constante » :

1 Les procédés spécifiques de l’argumentation constituant un domaine à part dans l’apprentissage de la

dissertation et faisant actuellement l’objet de plusieurs traités pédagogiques de qualité, nous nous contenterons

de renvoyer à ce sujet, à titre indicatif, aux ouvrages suivants :

• A. BOISSINOT et M.-M. LASSERRE, Techniques du français, Bertrand-Lacoste,4 Paris, 1989 ;

• H. DJIAN et J.-F. ROUSSEAU, Le texte argumentatif, Hachette Education, coll. Faire le point, Paris, 1995 ;

• H. MIRABAIL, Argumenter au lycée : modules et séquences, Bertrand-Lacoste, coll. Didactiques, Paris, 1994.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

25

plan-cadre possible « à controverse constante »

(démarche dialogique – traitement critique) :

introduction

(comportant une brève présentation des thèses A et B)

étape 1 : discussion du 1er

aspect du problème

• argumentation en faveur de la thèse A

• contre-argumentation plus forte en faveur de

la thèse B, ou antithèse

• éventuellement : conclusion locale en faveur

de l’antithèse

étape 2 : discussion du 2ème

aspect du problème

• argumentation en faveur de la thèse A

• contre-argumentation plus forte en faveur de

la thèse B, ou antithèse

• éventuellement : conclusion locale en faveur

de l’antithèse

étape 3 : discussion du 3ème

aspect du problème

• argumentation en faveur de la thèse A

• contre-argumentation plus forte en faveur de

la thèse B, ou antithèse

• éventuellement : conclusion locale en faveur

de l’antithèse

étape 4 : discussion du 4ème

aspect du problème

• argumentation en faveur de la thèse A

• contre-argumentation plus forte en faveur de

la thèse B, ou antithèse

• éventuellement : conclusion locale en faveur

de l’antithèse

etc.

conclusion

(comportant le bilan de la discussion et

un jugement final validant la thèse B)

remarques

• Sur le plan de la rédaction, chaque étape du développement correspondra à un

paragraphe au moins.

• On notera également qu’en termes argumentatifs, on pourrait schématiquement

synthétiser le mouvement de chaque étape de ce plan par la succession des

connecteurs : certes – mais.

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

26

exemple :

type de démarche : dialogique

traitement critique, plan « à controverse constante »

énoncé : Au cours d’un débat, un homme politique à déclaré : « Les grandes cités ne

répondent ni aux souhaits, ni aux besoins, ni au bonheur des hommes. »

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

Les grandes agglomérations sont-elles ou non en mesure de satisfaire les

aspirations, de répondre aux impératifs et de permettre l’épanouissement des êtres

humains ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Dans quelle mesure les grandes villes répondent-elles ou non aux aspirations

des hommes ? [discussion]

• Dans quelle mesure les grandes villes satisfont-elles ou non aux besoins des

hommes ? [discussion]

• Dans quelle mesure les grandes villes apportent-elles ou non un certain bonheur

aux hommes ? [discussion]

On remarquera que, dans ce cas, l’énoncé lui-même suggère déjà le plan à adopter ; le

plan-cadre proposé correspond donc au plan type « suggéré par l’énoncé », mais adapté,

cette fois, à la démarche dialogique.

2. Le plan « antithétique », quant à lui, est composé de deux séquences justificatives

orientées vers des conclusions différentes ou antagonistes. Sa mise en œuvre consiste,

dans un premier temps, à présenter les arguments du point de vue dont on a choisi de se

démarquer (thèse), puis, dans un second temps, à justifier et à valoriser celui que l’on se

propose de défendre (antithèse). Pour des raisons de stratégie argumentative, il est en

effet préférable de réserver la présentation du point de vue dominant, que l’on reprendra

d’ailleurs logiquement lors de la conclusion finale, pour la seconde partie du

développement.

Si donc, on est plutôt favorable au jugement de l’auteur, on aura avantage à commencer

la discussion par les objections éventuelles qu’on pourrait lui opposer, avant de s’y

rallier dans un second temps ; en cas de désaccord global avec le jugement proposé, en

revanche, il sera judicieux de relever tout d’abord les éléments qui paraissent justifier

partiellement le point de vue de l’auteur, avant de défendre la position personnelle qu’on

a choisi de lui opposer au moyen d’arguments estimés plus forts.

Précisons enfin qu’avec ce type de structure antithétique, la rédaction de la transition

permettant de marquer l’articulation entre les deux parties opposées du développement

demandera un soin tout particulier.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

27

plan-cadre possible « antithétique »

(démarche dialogique – traitement critique) :

introduction

(comportant une brève présentation des principaux aspects du

problème à discuter dans le cadre d’une confrontation

« antithétique » entre une thèse A et une thèse B)

partie I : exposé de la thèse A

• argumentation en faveur de la thèse A dans ses

différents aspects

• conclusion locale en faveur de la thèse A

partie II : exposé de la thèse B, ou antithèse

• contre-argumentation plus forte en faveur de la

thèse B dans ses différents aspects

• conclusion locale en faveur de la thèse B,

valorisée

conclusion

(comportant le bilan de la discussion et un jugement final

validant la thèse B dans ses différents aspects)

remarque

On notera qu’en termes argumentatifs, on pourrait schématiquement synthétiser le

mouvement de l’ensemble du développement « antithétique » par la succession des

connecteurs : certes – mais.

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

28

exemple :

type de démarche : dialogique

traitement critique, plan « antithétique »

énoncé : « La politique est le royaume du malentendu, de l’imposture, à tout le moins

de la déception. » (M. Raymond)

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

La politique est-elle ou non autre chose que communication faussée,

malhonnêteté et désillusion ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Certes, la politique peut s’accompagner de toutes sortes de manipulations,

mensonges et autres dérapages ; elle est parfois desservie par des gens

incapables, peu scrupuleux et corrompus, voire même criminels ; elle n’atteint

pas souvent les idéaux qu’on lui fixe dans les promesses électorales, et engendre

donc souvent déception et amertume.

[argumentation justifiant partiellement le point de vue de l’auteur]

• Mais la politique, c’est « l’art et la pratique du gouvernement » (cf. Petit

Robert) ; c’est à l’origine ce qui permet d’organiser la société, de régir la bonne

marche de la cité et de viser le bien commun ; sans politique, la société en serait

réduite à la « loi de la jungle » et à l’anarchie ; la politique est donc une

composante fondamentale de la vie sociale.

[contre-argumentation plus forte infirmant le point de vue de l’auteur]

3. Le plan « dialectique » se compose de trois séquences bien ordonnées :

• la première (la thèse) sert à présenter et à justifier un point de vue, le plus souvent

celui de l’auteur du jugement soumis à examen ;

• la seconde (l’antithèse) est une contre-argumentation apportée à ce jugement, voire

une réfutation ;

• la troisième (la synthèse) développe un nouveau point de vue cherchant à nuancer ou

à dépasser les contradictions soulevées dans les deux parties précédentes.

L’intérêt de la synthèse consiste essentiellement à permettre d’apporter une vision

personnelle des choses et de proposer un point de vue plus riche, après s’être donné la

peine de bien comprendre tout d’abord celui de l’auteur (première partie) et d’en avoir

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

29

montré ensuite les limites et les insuffisances (deuxième partie). Autrement dit, la

synthèse (troisième partie) se fonde sur les aspects valables du point de vue de l’auteur et

sur les objections qu’on peut lui opposer pour approfondir le débat. Elle n’est pas le

lieu d’un compromis terne et sans consistance, mais cherche au contraire à accéder à une

« vérité supérieure » par le choc des contraires.

plan-cadre possible « dialectique »

(démarche dialogique – traitement critique)

introduction

(comportant une brève présentation des principaux aspects du

problème à discuter dans le cadre d’une confrontation « dialectique »

entre une thèse A et une thèse B)

partie I : exposé de la thèse A

• argumentation en faveur de la thèse A dans ses

différents aspects

• conclusion locale en faveur de la thèse A

partie II : exposé de la thèse B, ou antithèse

• contre-argumentation en faveur da la thèse B

dans ses différents aspects

• conclusion locale en faveur de la thèse B

partie III : exposé d’une thèse C, ou synthèse

• argumentation en faveur d’une thèse C nouvelle,

supérieure (dépassant les contradictions des

thèses A et B) et proposant une solution au

problème posé

• conclusion locale validant la thèse C

conclusion

(comportant un bref bilan de la discussion et un jugement final

confirmant la thèse C)

remarque

On notera qu’en termes argumentatifs, on pourrait schématiquement synthétiser le

mouvement de l’ensemble du développement « dialectique » par la succession des

connecteurs : certes – mais – donc / en définitive.

développement

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

30

exemple :

type de démarche : dialogique

traitement critique, plan « dialectique »

énoncé : « Il ne fait aucun doute que la société est en crise », peut-on lire sous la plume

d’un journaliste contemporain.

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

La société actuelle est-elle en crise ou non ?

b) mise au point d’une problématique possible :

• Certes, la société actuelle présente les signes évidents d’un certain

dysfonctionnement, que ce soit sur le plan économique, politique ou social.

[argumentation justifiant partiellement le point de vue de l’auteur]

• Mais à bien des égards, elle possède aussi des qualités et comporte des avan-

tages que nos ancêtres n’auraient sans doute pas dédaignés, que ce soit sur le

plan matériel, sur la question des droits de l’homme ou dans le domaine des

communications par exemple.

[contre-argumentation infirmant le point de vue de l’auteur]

• Donc / En définitive, reconnaître que la société est en crise témoigne d’une

certaine lucidité, mais se borner à ce constat est insuffisant et ne permet pas de

résoudre le problème. Ne serait-il pas plus judicieux et plus constructif – plutôt

que de participer au concert des éternels insatisfaits et de se complaire dans un

pessimisme passif – de tenter quelque chose de positif en prenant appui sur

l’acquis et sur ce qui fonctionne bien ? de s’engager activement à imaginer des

solutions ? de rejoindre ceux qui, dans la mesure de leurs moyens, œuvrent à

l’amélioration de la situation ?

[proposition d’un point de vue nouveau, visant à apporter une solution au

problème au moyen d’une « vérité supérieure », d’un dépassement de la

contradiction]

Observez attentivement les énoncés suivants : leur consigne implique une démarche

dialogique conduisant tout naturellement à un traitement critique.

Vous procéderez à la problématisation de chacun d’eux, en formulant tout d’abord

clairement le problème à l’aide d’une question controversée ; puis, en fonction de la

réponse personnelle que vous donnez au problème, vous choisirez, parmi les trois plans

types présentés ci-dessus (plan « à controverse constante », plan « antithétique », plan

« dialectique »), celui qui vous semble le plus judicieux et le mieux adapté, avant de

mettre au point, en toute connaissance de cause, une problématique logique, cohérente

et dynamique.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

31

énoncé 1

« A quoi bon s’intéresser au passé, puisque l’important c’est l’avenir ? » (M. Carletti)

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan type choisi : .....................................................................................................................

b) mise au point d’une problématique possible :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

32

énoncé 2

« Plus les moyens de communication se développent, moins nous communiquons. Sans

l’avion, sans les journaux et sans le téléphone, l’homme était plus proche de l’homme. »

(un journaliste contemporain)

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan type choisi : .....................................................................................................................

b) mise au point d’une problématique possible :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 4

33

énoncé 3

« Le sport est l’art par lequel l’homme se libère de soi-même. »

(J. Giraudoux)

Appréciez et discutez cette affirmation.

problématisation de l’énoncé :

a) formulation du problème :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

plan type choisi : .....................................................................................................................

b) mise au point d’une problématique possible :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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...................................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

34

exercice 5

Nous avons présenté jusqu’ici les principales opérations permettant de prévoir les grands

axes du développement d’une dissertation en fonction de la démarche adoptée. Une fois la

problématique mise au point et le plan-cadre établi, il convient de procéder à l’élaboration

méthodique du plan détaillé.

La recherche des idées, pour peu qu’elle se soit avérée fructueuse, a débouché sur une

mosaïque d’observations diverses qui permettront de donner à la réflexion toute sa richesse

et toute sa profondeur. Mais pour exploiter au mieux cette abondante récolte, encore faut-il

opérer un classement judicieux des idées. Une double nécessité s’impose alors, déjà

présente lors de l’élaboration du plan-cadre : structure logique et progression dynamique.

Premièrement, il faut être bien conscient que les idées rassemblées (en vrac) ne se valent

pas toutes : outre celles qui sont déterminantes et que l’on aura retenues pour former les

idées directrices du plan-cadre, certaines seront considérées comme des idées principales et

d’autres comme des idées secondaires (d’autres encore se voyant éliminées après

réflexion) ; cette hiérarchisation contribuera à trouver pour chacune d’elles la place qui lui

convient dans cette sorte de construction logique à emboîtements successifs (comparable

au système des « poupées russes ») pouvant représenter de manière schématique le plan du

développement. Le corps d’une dissertation contient en effet généralement un certain

nombre de grandes séquences ou parties (deux ou trois, plus rarement quatre), englobant

elles-mêmes quelques subdivisions internes, ou paragraphes (deux ou trois le plus

souvent), et c’est au sein de ces différentes entités enchâssées les unes dans les autres que

les idées seront distribuées, en fonction de l’importance et de la portée qu’on leur accordera.

Cela dit, le développement d’une dissertation ne doit en aucun cas ressembler à une

structure figée, et il convient d’associer tout de suite à cette représentation du plan un

complément indispensable : puisque chaque idée du développement constitue idéalement un

irremplaçable rouage assurant le bon fonctionnement de l’ensemble et doit nous conduire à

l’étape suivante du raisonnement, la démonstration devra tout naturellement suivre une

progression dynamique ; il s’agira de mettre les idées en mouvement, en leur faisant

parcourir si possible un itinéraire fluide (comme entraînées dans le courant d’un ruisseau),

sans piétinement, sans répétition, sans contradiction, sans retour en arrière ni omission.

Après ces considérations générales (résumées plus loin en deux schémas figurant dans la

théorie, pp. 70 et 89), nous verrons maintenant très concrètement par quelles phases

successives il est possible de passer pour élaborer un plan détaillé, sur la base d’une somme

d’idées accumulées en vrac pour un énoncé déjà cité (et partiellement exploré) dans la

brochure II (cf. exercice 2, pp. 7-8).

Mais attention :

D’une part, comme nous le verrons, les nombreuses idées servant de base à notre

démonstration ont été volontairement dispersées, dans le but d’expliquer de façon

systématique les différentes étapes à franchir pour réaliser un plan détaillé et d’exercer au

mieux les compétences logiques que requiert l’opération de classification ; en situation

réelle de rédaction, l’éparpillement des idées sera évidemment bien moindre, dans la

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

35

mesure où une mise en ordre spontanée aura déjà découlé de l’analyse de l’énoncé et de la

recherche des idées.

D’autre part, le plan détaillé définitif proposé plus loin est rédigé en phrases complètes et se

présente comme un « produit fini » presque exhaustif ; là aussi, l’idéal théorique diffère de la

pratique la plus courante : habituellement, le temps mis à disposition pour rédiger une

dissertation, en classe du moins, ne permet pas de mettre un tel soin à l’élaboration du plan,

et ce dernier est donc bien plus sommaire. Précisons toutefois que dans le cas d’un plan très

« travaillé », il sera possible de se passer de l’étape du brouillon et d’entreprendre

immédiatement la rédaction définitive de la dissertation.

exemple :

énoncé : « L’enfer est tout entier dans ce mot : solitude. » (V. Hugo)

Appréciez et discutez cette affirmation.

somme d’idées accumulées en vrac :

1. « Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A

en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. » (V. Hugo)

2. La solitude peut représenter un état positif et jouer un rôle bénéfique pour l’individu.

3. Le détenu politique ou la victime d’un enlèvement vit un calvaire d’autant plus tragique que sa

solitude lui est imposée de manière violente et qu’elle s’inscrit dans une durée indéterminée.

4. « Solitude, où je trouve une douceur secrète

Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais,

Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? » (J. de La Fontaine)

5. L’homme a besoin de la solidarité humaine dans nombre de circonstances.

6. La solitude peut procurer à l’homme repos, détente et apaisement.

7. A l’évidence, le sentiment d’ennui et de détresse que provoque généralement une solitude subie à

contrecœur tend à se renforcer avec le temps ; lorsque cette solitude « négative » devient

« structurelle », elle peut même s’avérer insupportable.

8. « Quand j’ai dit « la solitude est sainte », je n’ai pas entendu par solitude une séparation et un oubli

entier des hommes et de la société, mais une retraite où l’âme se puisse recueillir en elle-même, et

rassembler ses forces pour produire quelque chose de grand. » (A. de Vigny)

9. Chef de file du mouvement romantique, fondateur du Cénacle, Hugo revendique la liberté dans l’art

et évolue rapidement vers le libéralisme politique.

10. La solitude est un état généralement très difficile à supporter et peut s’avérer destructrice pour

l’individu.

11. Le personnage d’Alceste, dans Le Misanthrope de Molière, illustre cette aversion du genre humain

qu’on nomme misanthropie, et qui pousse à fuir les hommes dans la solitude.

12. Il suffit souvent d’un bref instant de solitude ou de méditation silencieuse pour combler ou apaiser un

individu stressé, tourmenté ou désireux de se concentrer.

13. « Etre seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit : on devient inconsistant. »

(P. Handke)

14. (orgueil) « L’aigle vole seul ; ce sont les corbeaux, les choucas et les étourneaux qui vont en

groupe. » (J. Webster)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

36

15. La solitude est un état qui peut être durable ou momentané ; elle est généralement ressentie comme

plus difficile à supporter lorsqu’elle se prolonge.

16. (maturité psychologique, indépendance) « Etre adulte, c’est être seul. » (J. Rostand)

17. Pour le commun des mortels, une promenade solitaire hors du tumulte de la ville s’avère souvent

bienfaisante.

18. Le personnage de Célimène, dans Le Misanthrope de Molière, illustre bien l’ennui et la répulsion que

peut susciter chez une jeune femme une vie austère et solitaire.

19. La solitude involontaire et forcée est ressentie comme négative, parce qu’elle représente une

contrainte à laquelle on ne s’attendait pas et à laquelle on ne s’était donc pas préparé ; elle est

particulièrement insupportable et angoissante pour celui qui la subit lorsqu’il n’en connaît pas le

terme.

20. Chez les anciens Egyptiens, il n’y avait pas d’enfer proprement dit. Pour eux, l’âme du mort, son

double, subsistait et résidait auprès de son corps conservé en bon état, mais elle devait aller au

« Royaume d’Occident » et, après un voyage périlleux, semé d’épreuves qu’elle devait surmonter,

comparaître devant Osiris.

21. « La conversation enrichit l’intelligence, mais la solitude est l’école du génie ; et l’uniformité d’un

ouvrage dénote la main d’un seul artiste. » (E. Gibbon)

22. Les régimes totalitaires savent bien comment briser la résistance d’un détenu politique : la solitude

prolongée, accompagnée de menaces, de manque de sommeil et d’autres mesures cœrcitives, finit par

provoquer l’effondrement des fonctions mentales normales de la victime.

23. La solitude peut contribuer à la découverte et à l’épanouissement de soi-même, ainsi qu’à une prise de

conscience de sa condition humaine.

24. La solitude peut correspondre à un état d’isolement, soit non désiré, soit recherché ; elle est pénible et

destructrice dans le premier cas, bénéfique dans le second.

25. « Il faut se réserver une arrière boutique toute nostre, toute franche, en laquelle nous establissons

nostre vraye liberté et principale retraite et solitude. » (M. de Montaigne)

26. On imagine aisément l’immense déréliction que doivent ressentir tous les exclus de la société, que ce

soit le S.D.F., le malade mis en quarantaine ou la personne âgée sans famille ni amis.

27. Le solitaire passe souvent, à tort ou à raison, pour avoir un caractère sombre, farouche, méprisant,

voire même haineux.

28. « La solitude ne dépend pas de l’extérieur ;

C’est une chose du dedans. » (E. Estaunie)

29. Les savants, les chercheurs et les intellectuels doivent le plus souvent s’isoler pour mener à bien leur

réflexion ; les ermites vivent en reclus dans leur retraite et les grands guides spirituels (Bouddha,

Jésus, Mahomet) ont commencé par se retirer du monde avant d’y revenir pour partager ce qui leur

avait été révélé ; la plupart des poètes, romanciers, compositeurs, et, dans une moindre mesure, des

peintres et des sculpteurs sont destinés le plus souvent à travailler seuls.

30. « La solitude est à l’esprit ce que la diète est au corps, mortelle lorsqu’elle est trop longue, quoique

nécessaire. » (Vauvenargues)

31. Dès la seconde partie du XIXème

siècle, toute l’œuvre de Hugo sera marquée par son engagement dans

la lutte sociale : il commence La légende des siècles en 1859 et achève Les Misérables en 1862.

32. L’homme, « animal social », ne peut pas s’abstraire sans risques de la société ; il ne peut vivre sans

relations avec ses semblables.

33. La solitude génère souvent un sentiment très pénible de vide et d’abandon.

34. « Bienheureux est celui qui, très loin du vulgaire,

Vit en quelque rivage, éloigné, solitaire. » (Vauquelin de la Fresnaye)

35. La solitude consécutive à un bouleversement de l’existence (dû à une séparation, à un changement de

profession, à un exil, etc.) contribue à l’apprentissage de l’autonomie.

36. « Même au paradis, il serait insupportable de vivre seul. » (proverbe russe)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

37

37. La solitude peut refléter une forme d’insociabilité et de misanthropie.

38. La recherche scientifique a montré que la solitude forcée est généralement vécue comme une

souffrance intolérable, qui peut notamment provoquer chez l’homme les dégâts suivants : diminution

des performances intellectuelles ; accroissement de la suggestibilité ; hallucinations visuelles, voire

tactiles ou auditives ; peurs irrationnelles et crises de panique.

39. (évocation d’une expérience personnelle) Je me souviens qu’enfant, placé(e) un été chez une tante à

la campagne, loin de tout, j’ai éprouvé un sentiment de solitude morale qui est allé en grandissant

avec les semaines, et qui est devenu si pesant qu’il a contraint mes parents à venir me chercher plus

tôt que prévu.

40. La solitude nourrit la réflexion, la méditation et la créativité.

41. La solitude peut correspondre à un état d’isolement physique ou à une séparation morale ; c’est sans

doute cette dernière qui est la plus difficile à vivre.

42. « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » (S. Johnson)

43. Il arrive que par peur des contacts, par orgueil ou par aversion pour le monde, le solitaire se détourne

progressivement de toute relation humaine et s’enferme dans une existence égocentrique.

44. « Nul ne déploiera jamais les capacités de son propre intellect, s’il n’entrave quelque peu son

existence par la solitude. » (Th. de Quincey)

45. Suivant les circonstances et suivant sa nature, la solitude peut, soit représenter une souffrance, soit

constituer un bienfait.

46. Au cours de son existence, l’homme aspire à connaître l’amour au sein d’un couple ; il a aussi besoin

d’amour maternel, paternel, filial, fraternel, et d’amitié.

47. L’existence réserve à chaque homme des épreuves pénibles ou douloureuses qu’une période de

recueillement solitaire peut parfois aider à surmonter.

48. L’homme a généralement besoin de contacts et souffre donc de se retrouver physiquement isolé de

ses semblables ; mais la souffrance doit être bien plus forte pour l’individu qui éprouve

psychologiquement le sentiment d’être abandonné ou rejeté par la société.

49. En littérature, L’Enfer est le titre de la première partie de la trilogie qui constitue la Divine Comédie

de Dante.

50. Dans la civilisation occidentale, le rythme de la vie moderne impose à l’individu un stress permanent,

et un moment de solitude, loin de l’agitation des hommes, est souvent ressenti comme un bienfait.

51. L’homme éprouve des sentiments pour autrui : chacun a besoin d’aimer et d’être aimé ; la présence

chaleureuse de l’autre, la confiance partagée, la proximité et l’intimité d’un être cher renforcent

l’équilibre intérieur.

52. La grande détresse de tous les exclus s’explique par le fait qu’ils ne se sentent pas aimés, considérés

ni reconnus par autrui.

53. (opprobre, suspicion) « Il n’y a que le méchant qui soit seul. » (D. Diderot)

54. La solitude « positive », celle qui permet de retrouver le calme, de méditer ou de « faire le point » au

cours de son existence, est plutôt faite de moments intenses et de courte durée ; cette solitude

« conjoncturelle » est bien entendu bienfaisante et régénératrice.

55. Dans des conditions extrêmes, la solitude peut même détruire les facultés physiques et mentales de

l’individu.

56. La solitude volontaire est par nature « positive », parce qu’elle est le résultat d’un libre choix et répond

à un besoin ; elle est d’autant plus agréable à vivre pour celui qui en jouit qu’il peut en estimer la

durée, l’interrompre à tout moment et retourner s’il le désire vers les siens.

57. (méfiance) « Le pays où les pierres vous connaissent vaut mieux que le pays où les gens vous

connaissent. » (proverbe berbère)

58. Se voulant d’abord poète, d’inspiration essentiellement romantique, Hugo revendique la liberté des

thèmes et des formes.

59. « La plus grande chose du monde est de pouvoir être à soi. » (M. de Montaigne)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

38

60. « Cette tristesse aride qui naît de l’isolement » (Mme de Staël)

61. La solitude permet de prendre conscience de ses désirs et de ses sentiments les plus intimes et

d’exploiter au mieux ses ressources profondes ; elle apprend à devenir plus indépendant et libre.

62. « Je suis comme un ami qui n’a plus d’amis, comme un père qui a perdu ses enfants, comme un

voyageur qui erre sur la terre, où je suis resté seul. » (Bernardin de Saint-Pierre).

63. L’activité intellectuelle ou spirituelle et de nombreuses activités créatrices sont avant tout solitaires,

parce qu’elles exigent une totale concentration et ont trait à la réalisation de soi dans l’isolement.

64. Chacun doit pouvoir compter sur autrui pour obtenir, un jour ou l’autre, un soutien psychologique,

une aide en cas de difficultés, de soucis, de maladie, etc.

65. « Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée. »

(Ch. Baudelaire)

66. L’homme a besoin de communiquer, de partager, de se confier pour être pleinement heureux ; sans

contacts sociaux, sans affection ni sympathie de la part d’autrui, il tombe tout naturellement dans un

ennui ou une détresse difficile à supporter.

67. Tout homme éprouve, un moment ou à un autre de sa vie, le besoin d’être seul pour « faire le point »,

que ce soit lors d’un échec professionnel, d’une déception amoureuse, d’un deuil, etc.

68. L’intellectuel ou l’artiste a l’avantage de savoir qu’après une période d’activité solitaire, il lui sera

possible et même nécessaire de partager avec autrui les résultats de son travail.

69. La solitude morale peut représenter un état tout subjectif, mais qui n’en est pas moins pénible s’il est

subi.

70. « L’enfer même a ses lois. » (Gœthe)

remarque

Le recours à la numérotation des idées en vrac, indispensable ici en raison de leur

foisonnement, peut aussi s’avérer très utile au rédacteur d’une dissertation qui s’apprête à

élaborer le plan.

préalables issus de l’analyse de l’énoncé :

reformulation du propos : La solitude est un état très difficile à supporter, associé

aux notions de souffrance et de malheur.

contre-énoncé : La solitude est un état très positif, source de bienfaits.

type de démarche : La consigne de l’énoncé exige d’adopter la démarche

dialogique (« discutez ») ; mais même en l’absence de

cette consigne, il serait non seulement possible, mais

tout à fait souhaitable de choisir une telle démarche, le

propos et le contre-énoncé contenant indéniablement

chacun une part de vérité.

formulation du problème : La solitude est-elle un état très difficile à supporter ou

au contraire très positif ? Est-elle plutôt source de

souffrances ou de bienfaits ?

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

39

élaboration du plan-cadre :

mise au point d’une problématique possible :

♦ idée directrice I : La solitude est un état généralement très difficile à

supporter et peut s’avérer destructrice pour l’individu.

(idée n° 10)

♦ idée directrice II : La solitude peut représenter un état positif et jouer un

rôle bénéfique pour l’individu. (idée n° 2)

♦ idée directrice III : Suivant les circonstances et suivant sa nature, la

solitude peut, soit représenter une souffrance, soit

constituer un bienfait. (idée n° 45)

mouvement argumentatif retenu :

– la solitude « négative » (thèse de Hugo)

– la solitude « positive » (antithèse)

– conclusion à tirer de la confrontation de ces deux types de solitude

(synthèse)

plan type correspondant : dialectique (thèse – antithèse – synthèse)

les différentes étapes de l’élaboration du plan détaillé :

1. La première opération consistera à sélectionner les idées accumulées en en vérifiant

soigneusement la pertinence, c’est-à-dire en se demandant pour chacune d’elles s’il

existe bien une relation directe avec le thème et le sens du propos de l’énoncé, ainsi

qu’avec le cadre d’investigation imposé par une éventuelle consigne du maître-

correcteur.

Même si une présélection plus ou moins spontanée et un début d’organisation logique

des idées sont déjà intervenus au terme de la recherche des idées, cette « chasse aux

intrus » réalisée de manière systématique au seuil de l’élaboration du plan permettra de

trier définitivement le bon grain de l’ivraie dans la moisson issue du « remue-méninges »

antérieur.

Si une idée, toute attrayante qu’elle soit (affirmation frappante, exemple original, citation

attrayante, etc.) ne s’avère pas en adéquation évidente avec la problématique du plan-

cadre, on n’hésitera donc pas à l’éliminer pour ne pas risquer de sortir du sujet à traiter.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

40

dans notre exemple :

• Les idées n° 1, 20, 42, 49 et 70 se rapportent au thème de l’enfer, qui n’est pas celui

de l’énoncé de Hugo ; ces idées ne sont pas pertinentes et il convient donc de les

éliminer.

• Les idées n° 9, 31 et 58 concernent certains aspects de la biographie ou de l’œuvre de

Hugo, aspects qui n’entretiennent pas de relation directe avec l’énoncé du même

auteur ; ces idées non pertinentes doivent donc aussi être éliminées.

2. Ensuite, il s’agira de regrouper les idées dans les différentes séquences, ou parties, qui

composent le développement. Chacune de ces parties correspond, comme on l’a vu, à un

aspect important du problème ou à une thèse générale, et est soumise à l’une des idées

directrices retenues pour structurer le plan-cadre (dans notre exemple : idées n° 10, 2 et

45) ; on effectuera alors ce premier classement par affinités de sens, sans préoccupations

d’ordre hiérarchique, en rassemblant, parmi les idées en désordre, toutes celles qui

convergent logiquement vers telle ou telle idée directrice.

Ainsi, au terme de ce regroupement (qui peut faire songer au « jeu des familles »), les

idées seront distribuées, réparties, sectorisées de manière pertinente, en fonction des

grands axes du mouvement argumentatif adopté pour l’ensemble du développement.

dans notre exemple :

♦ idée directrice I : La solitude est un état généralement très difficile à supporter et

peut s’avérer destructrice pour l’individu.

(en vrac) idées n° 5, 11, 13, 14, 18, 22, 26, 27, 32, 33, 36, 37, 38,

43, 46, 51, 53, 55, 57, 60, 62, 64, 66.

♦ idée directrice II : La solitude peut représenter un état positif et jouer un rôle

bénéfique pour l’individu.

(en vrac) idées n° 4, 6, 8, 12, 16, 17, 21, 23, 25, 29, 34, 35, 40, 44,

47, 50, 59, 61, 63, 67.

♦ idée directrice III : Suivant les circonstances et suivant sa nature, la solitude peut, soit

représenter une souffrance, soit constituer un bienfait.

(en vrac) idées n° 3, 7, 15, 19, 24, 28, 30, 39, 41, 48, 52, 54, 56,

65, 68, 69.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

41

3. Une fois opérée cette répartition générale des idées, il conviendra de s’occuper du

découpage interne des parties en articulant nettement les étapes successives du

raisonnement. Cette opération consistera en fait à choisir les idées principales qui

détermineront les différents paragraphes, et à les ordonner ensuite afin de doter la

démonstration d’une progression logique.

Pour ce faire, on pourra recourir, comme pour l’élaboration du plan-cadre, aux divers

modes d’organisation logique présentés dans l’exercice 2, pp. 8-9.

dans notre exemple :

♦ idée directrice I : La solitude est un état généralement très difficile à supporter et

peut s’avérer destructrice pour l’individu.

♣ idée principale 1 : L’homme, « animal social », ne peut pas s’abstraire sans risques

de la société ; il ne peut vivre sans relations avec ses semblables.

(idée n° 32)

♣ idée principale 2 : La solitude peut refléter une forme d’insociabilité et de

misanthropie. (idée n° 37)

♣ idée principale 3 : La solitude génère souvent un sentiment très pénible de vide et

d’abandon. (idée n° 33)

♣ idée principale 4 : Dans des conditions extrêmes, la solitude peut même détruire les

facultés physiques et mentales de l’individu. (idée n° 55)

Les idées principales 1 et 2 entretiennent entre elles une relation d’opposition

fondée sur le contraste établi entre la norme (l’homme est généralement un être

social) et l’exception (l’homme seul vit une situation singulière), qui renforce le

caractère problématique de la solitude, en montrant qu’elle consiste en un état

difficile à supporter pour le commun des mortels et que pour cette raison, les

quelques individus qui s’y installent prennent le risque d’être considérés comme

des misanthropes.

Les idées principales 3 et 4 sont ordonnées selon le mode d’organisation logique

de la hiérarchisation, classant les effets négatifs de la solitude, du moins grave

au plus dramatique.

A l’intérieur de cette première partie du développement (organisée en fonction

de l’idée directrice I), les deux paires d’idées principales (1 et 2 ; 3 et 4) forment

deux phases argumentatives possibles à distinguer : la première examine essen-

tiellement la question de l’homme en rapport avec la société ; la seconde met

l’accent sur les conséquences négatives de la solitude.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

42

♦ idée directrice II : La solitude peut représenter un état positif et jouer un rôle

bénéfique pour l’individu.

♣ idée principale 1 : La solitude peut procurer à l’homme repos, détente et

apaisement. (idée n° 6)

♣ idée principale 2 : La solitude peut contribuer à la découverte et à l’épanouissement

de soi-même, ainsi qu’à une prise de conscience de sa condition

humaine. (idée n° 23)

♣ idée principale 3 : La solitude nourrit la réflexion, la méditation et la créativité.

(idée n° 40)

Les trois idées principales de cette seconde partie du développement (organisée

en fonction de l’idée directrice II) sont ordonnées de manière hiérarchique : des

effets positifs de la solitude les plus simples et les plus communs (dont

bénéficient la plupart des hommes) aux plus essentiels et particuliers (réservés à

quelques-uns seulement).

L’idée principale 3 permet en quelque sorte de fournir une illustration signi-

ficative de l’épanouissement que peut procurer à l’homme ce type de solitude

dans certaines de ses activités les plus intimes.

♦ idée directrice III : Suivant les circonstances et suivant sa nature, la solitude peut, soit

représenter une souffrance, soit constituer un bienfait.

♣ idée principale 1 : La solitude est un état qui peut être durable ou momentané ; elle

est généralement ressentie comme plus difficile à supporter

lorsqu’elle se prolonge. (idée n° 15)

♣ idée principale 2 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement physique ou

à une séparation morale ; c’est sans doute cette dernière qui est la

plus difficile à vivre. (idée n° 41)

♣ idée principale 3 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement, soit non

désiré, soit recherché ; elle est pénible et destructrice dans le

premier cas, bénéfique dans le second.. (idée n° 24)

Les trois idées principales de cette troisième partie du développement (organisée

en fonction de l’idée directrice III) sont également ordonnées selon le principe de

la hiérarchisation : on y examine, de la moins importante à la plus détermi-

nante, les conditions expliquant que la solitude puisse être ressentie par l’homme

de manière positive ou au contraire négative.

Ce procédé permet d’opérer au cours de la synthèse une sorte d’élargissement

progressif, en allant du fait au concept.

4. Lorsque l’ordre de succession des paragraphes du développement aura été déterminé, il

restera encore à hiérarchiser et à disposer les idées à l’intérieur de ceux-ci.

Nous n’examinerons pas maintenant dans le détail la question de l’organisation interne

du paragraphe du développement, qui fera spécifiquement l’objet de la séquence n° 6 de

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

43

la brochure IV. Toutefois, pour la clarté du présent exposé, il n’est sans doute pas inutile

de proposer ici une brève définition : le paragraphe d’argumentation correspond à une

étape distincte du raisonnement et constitue en quelque sorte la cellule de base de toute

démonstration ; il développe généralement une idée principale ou une prise de position

par le biais d’arguments et d’exemples.

Hiérarchiser les idées de chaque paragraphe consistera donc à bien distinguer celles qui

relèvent de l’explication ou de l’argumentation (observations générales, arguments) de

celles qui appartiennent au domaine de l’illustration (exemples concrets, citations).

dans notre exemple :

♦ idée directrice I : La solitude est un état généralement très difficile à supporter et

peut s’avérer destructrice pour l’individu.

♣ idée principale 1 : L’homme, « animal social », ne peut pas s’abstraire sans risques

de la société ; il ne peut vivre sans relations avec ses semblables.

• arguments : idées n° 51, 5.

• exemples : idées n° 46, 64.

♣ idée principale 2 : La solitude peut refléter une forme d’insociabilité et de

misanthropie.

• arguments : idées n° 43, 27.

• exemple : idée n° 11.

• citations : idées n° 14, 57, 53.

♣ idée principale 3 : La solitude génère souvent un sentiment très pénible de vide et

d’abandon.

• argument : idée n° 66.

• exemples : idées n° 18, 26.

• citations : idées n° 60, 62, 36.

♣ idée principale 4 : Dans des conditions extrêmes, la solitude peut même détruire les

facultés physiques et mentales de l’individu. (idée n° 55)

• argument : idée n° 38.

• exemple : idée n° 22.

• citation : idée n° 13.

♦ idée directrice II : La solitude peut représenter un état positif et jouer un rôle

bénéfique pour l’individu.

♣ idée principale 1 : La solitude peut procurer à l’homme repos, détente et

apaisement.

• arguments : idées n° 50, 12, 47.

• exemples : idées n° 17, 67.

• citations : idées n° 34, 4, 25.

♣ idée principale 2 : La solitude peut contribuer à la découverte et à l’épanouissement

de soi-même, ainsi qu’à une prise de conscience de sa condition

humaine.

• argument : idée n° 61.

• exemple : idée n° 35.

• citations : idées n° 16, 59.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

44

♣ idée principale 3 : La solitude nourrit la réflexion, la méditation et la créativité.

• argument : idée n° 63.

• exemple : idée n° 29.

• citations : idées n° 44, 8, 21.

♦ idée directrice III : Suivant les circonstances et suivant sa nature, la solitude peut, soit

représenter une souffrance, soit constituer un bienfait.

♣ idée principale 1 : La solitude est un état qui peut être durable ou momentané ; elle

est généralement ressentie comme plus difficile à supporter

lorsqu’elle se prolonge.

• arguments : idées n° 7, 54.

• exemple : idée n° 39.

• citation : idée n° 30.

♣ idée principale 2 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement physique ou

à une séparation morale ; c’est sans doute cette dernière qui est la

plus difficile à vivre.

• arguments : idées n° 48, 69.

• exemple : idée n° 52.

• citations : idées n° 28, 65.

♣ idée principale 3 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement, soit non

désiré, soit recherché ; elle est pénible et destructrice dans le

premier cas, bénéfique dans le second.

• arguments : idées n° 19, 56.

• exemples : idées n° 3, 68.

5. Sélectionner, regrouper, ordonner, hiérarchiser et disposer les idées constituent donc les

opérations majeures de l’élaboration du plan détaillé. Une dernière phase de vérification

est alors souhaitable. Elle consistera à visualiser l’ensemble du plan du développement

et à en vérifier la cohérence et la progression logique, quitte à opérer, s’il le faut, les

réajustements nécessaires pour améliorer encore l’organisation générale des idées :

suppression d’une prise de position redondante, substitution à un argument d’un autre

argument meilleur, adjonction d’un argument supplémentaire qu’a fait surgir la mise en

ordre des idées ou d’un exemple plus significatif, etc. Ces modifications seront bien

entendu aussi les bienvenues, s’il y a lieu, au cours de la rédaction proprement dite.

dans notre exemple :

• Les idées n° 8 et 12 (exemple et citation regroupées initialement sous l’idée directrice

II) et l’idée n° 36 (citation classée initialement sous l’idée directrice I) méritent de

figurer plutôt dans la troisième partie du développement.

• Les idées n° 14, 25, 34, 44, 57, 59, 62 et 65, citations, soit redondantes, soit d’une

pertinence moindre, peuvent être éliminées sans dommage.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

45

plan détaillé définitif :

énoncé : « L’enfer est tout entier dans ce mot : solitude. » (V. Hugo)

Appréciez et discutez cette affirmation.

♦ idée directrice I : La solitude est un état généralement très difficile à supporter

et peut s’avérer destructrice pour l’individu.

♣ idée principale 1 : L’homme, « animal social », ne peut pas s’abstraire sans risques de la

société ; il ne peut vivre sans relations avec ses semblables.

• argument : L’homme éprouve des sentiments pour autrui : chacun a besoin d’aimer

et d’être aimé ; la présence chaleureuse de l’autre, la confiance partagée,

la proximité et l’intimité d’un être cher renforcent l’équilibre intérieur.

• exemple : Au cours de son existence, l’homme aspire à connaître l’amour au sein

d’un couple ; il a aussi besoin d’amour maternel, paternel, filial,

fraternel, et d’amitié.

• argument : L’homme a besoin de la solidarité humaine dans nombre de circons-

tances.

• exemple : Chacun doit pouvoir compter sur autrui pour obtenir, un jour ou l’autre,

un soutien psychologique, une aide en cas de difficultés, de soucis, de

maladie, etc.

♣ idée principale 2 : La solitude peut refléter une forme d’insociabilité et de misan-

thropie.

• argument : Il arrive que par peur des contacts, par orgueil ou par aversion pour le

monde, le solitaire se détourne progressivement de toute relation

humaine et s’enferme dans une existence égocentrique.

• argument : Le solitaire passe souvent, à tort ou à raison, pour avoir un caractère

sombre, farouche, méprisant, voire même haineux.

• exemple : Le personnage d’Alceste, dans Le Misanthrope de Molière, illustre cette

aversion du genre humain qu’on nomme misanthropie, et qui pousse à

fuir les hommes dans la solitude.

• citation : (opprobre, suspicion) « Il n’y a que le méchant qui soit seul. »

(D. Diderot)

♣ idée principale 3 : La solitude génère souvent un sentiment très pénible de vide et

d’abandon.

• argument : L’homme a besoin de communiquer, de partager, de se confier pour être

pleinement heureux ; sans contacts sociaux, sans affection ni sympathie

de la part d’autrui, il tombe tout naturellement dans un ennui ou une

détresse difficile à supporter.

• exemple : Le personnage de Célimène, dans Le Misanthrope de Molière, illustre

bien l’ennui et la répulsion que peut susciter chez une jeune femme une

vie austère et solitaire.

• exemple : On imagine aisément l’immense déréliction que doivent ressentir tous

les exclus de la société, que ce soit le S.D.F., le malade mis en

quarantaine ou la personne âgée sans famille ni amis.

• citation : « Cette tristesse aride qui naît de l’isolement » (Mme de Staël)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

46

♣ idée principale 4 : Dans des conditions extrêmes, la solitude peut même détruire les

facultés physiques et mentales de l’individu.

• argument : La recherche scientifique a montré que la solitude forcée est géné-

ralement vécue comme une souffrance intolérable, qui peut notamment

provoquer chez l’homme les dégâts suivants : diminution des perfor-

mances intellectuelles ; accroissement de la suggestibilité ; hallucina-

tions visuelles, voire tactiles ou auditives ; peurs irrationnelles et crises

de panique.

• exemple : Les régimes totalitaires savent bien comment briser la résistance d’un

détenu politique : la solitude prolongée, accompagnée de menaces, de

manque de sommeil et d’autres mesures cœrcitives, finit par provoquer

l’effondrement des fonctions mentales normales de la victime.

• citation : « Etre seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui

soit : on devient inconsistant. » (P. Handke)

♦ idée directrice II : La solitude peut représenter un état positif et jouer un rôle

bénéfique pour l’individu.

♣ idée principale 1 : La solitude peut procurer à l’homme repos, détente et apaisement.

• argument : Dans la civilisation occidentale, le rythme de la vie moderne impose à

l’individu un stress permanent, et un moment de solitude, loin de

l’agitation des hommes, est souvent ressenti comme un bienfait.

• exemple : Pour le commun des mortels, une promenade solitaire hors du tumulte

de la ville s’avère souvent bienfaisante.

• citation : « Solitude, où je trouve une douceur secrète

Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais,

Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? »

(J. de La Fontaine)

• argument : L’existence réserve à chaque homme des épreuves pénibles ou doulou-

reuses qu’une période de recueillement solitaire peut parfois aider à

surmonter.

• exemple : Tout homme éprouve, un moment ou à un autre de sa vie, le besoin

d’être seul pour « faire le point », que ce soit lors d’un échec profes-

sionnel, d’une déception amoureuse, d’un deuil, etc.

♣ idée principale 2 : La solitude peut contribuer à la découverte et à l’épanouissement de

soi-même, ainsi qu’à une prise de conscience de sa condition

humaine.

• argument : La solitude permet de prendre conscience de ses désirs et de ses

sentiments les plus intimes et d’exploiter au mieux ses ressources

profondes ; elle apprend à devenir plus indépendant et libre.

• exemple : La solitude consécutive à un bouleversement de l’existence (dû à une

séparation, à un changement de profession, à un exil, etc.) contribue à

l’apprentissage de l’autonomie.

• citation : (maturité psychologique, indépendance) « Etre adulte, c’est être seul. »

(J. Rostand)

♣ idée principale 3 : La solitude nourrit la réflexion, la méditation et la créativité.

• argument : L’activité intellectuelle ou spirituelle et de nombreuses activités créa-

trices sont avant tout solitaires, parce qu’elles exigent une totale

concentration et ont trait à la réalisation de soi dans l’isolement.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

47

• exemple : Les savants, les chercheurs et les intellectuels doivent le plus souvent

s’isoler pour mener à bien leur réflexion ; les ermites vivent en reclus

dans leur retraite et les grands guides spirituels (Bouddha, Jésus,

Mahomet) ont commencé par se retirer du monde avant d’y revenir pour

partager ce qui leur avait été révélé ; la plupart des poètes, romanciers,

compositeurs, et, dans une moindre mesure, des peintres et des

sculpteurs sont destinés le plus souvent à travailler seuls.

• citation : « La conversation enrichit l’intelligence, mais la solitude est l’école du

génie ; et l’uniformité d’un ouvrage dénote la main d’un seul artiste. »

(E. Gibbon)

♦♦♦♦ idée directrice III : Suivant les circonstances et suivant sa nature, la solitude

peut, soit représenter une souffrance, soit constituer un

bienfait.

♣ idée principale 1 : La solitude est un état qui peut être durable ou momentané ; elle est

généralement ressentie comme plus difficile à supporter lorsqu’elle

se prolonge.

• argument : A l’évidence, le sentiment d’ennui et de détresse que provoque généra-

lement une solitude subie à contrecœur tend à se renforcer avec le

temps ; lorsque cette solitude « négative » devient « structurelle », elle

peut même s’avérer insupportable.

• exemple : (évocation d’une expérience personnelle) Je me souviens qu’enfant,

placé(e) un été chez une tante à la campagne, loin de tout, j’ai éprouvé

un sentiment de solitude morale qui est allé en grandissant avec les

semaines, et qui est devenu si pesant qu’il a contraint mes parents à venir

me chercher plus tôt que prévu.

• argument : La solitude « positive », celle qui permet de retrouver le calme, de

méditer ou de « faire le point » au cours de son existence, est plutôt faite

de moments intenses et de courte durée ; cette solitude « conjoncturelle »

est bien entendu bienfaisante et régénératrice.

• exemple : Il suffit souvent d’un bref instant de solitude ou de méditation silen-

cieuse pour combler ou apaiser un individu stressé, tourmenté ou dési-

reux de se concentrer.

• citation : « La solitude est à l’esprit ce que la diète est au corps, mortelle

lorsqu’elle est trop longue, quoique nécessaire. » (Vauvenargues)

♣ idée principale 2 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement physique ou à

une séparation morale ; c’est sans doute cette dernière qui est la plus

difficile à vivre.

• argument : L’homme a généralement besoin de contacts et souffre donc de se

retrouver physiquement isolé de ses semblables ; mais la souffrance doit

être bien plus forte pour l’individu qui éprouve psychologiquement le

sentiment d’être abandonné ou rejeté par la société.

• exemple : La grande détresse de tous les exclus s’explique par le fait qu’ils ne se

sentent pas aimés, considérés ni reconnus par autrui.

• argument : La solitude morale peut représenter un état tout subjectif, mais qui n’en

est pas moins pénible s’il est subi.

• citation : « La solitude ne dépend pas de l’extérieur ;

C’est une chose du dedans. » (E. Estaunie)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

48

♣ idée principale 3 : La solitude peut correspondre à un état d’isolement, soit non désiré,

soit recherché ; elle est pénible et destructrice dans le premier cas,

bénéfique dans le second.

• argument : La solitude involontaire et forcée est ressentie comme négative, parce

qu’elle représente une contrainte à laquelle on ne s’attendait pas et à

laquelle on ne s’était donc pas préparé ; elle est particulièrement

insupportable et angoissante pour celui qui la subit lorsqu’il n’en connaît

pas le terme.

• exemple : Le détenu politique ou la victime d’un enlèvement vit un calvaire

d’autant plus tragique que sa solitude lui est imposée de manière

violente et qu’elle s’inscrit dans une durée indéterminée.

• citation : « Même au paradis, il serait insupportable de vivre seul. » (proverbe

russe)

• argument : La solitude volontaire est par nature « positive », parce qu’elle est le

résultat d’un libre choix et répond à un besoin ; elle est d’autant plus

agréable à vivre pour celui qui en jouit qu’il peut en estimer la durée,

l’interrompre à tout moment et retourner s’il le désire vers les siens.

• exemple : L’intellectuel ou l’artiste a l’avantage de savoir qu’après une période

d’activité solitaire, il lui sera possible et même nécessaire de partager

avec autrui les résultats de son travail.

• citation : « Quand j’ai dit « la solitude est sainte », je n’ai pas entendu par

solitude une séparation et un oubli entier des hommes et de la société,

mais une retraite où l’âme se puisse recueillir en elle-même, et

rassembler ses forces pour produire quelque chose de grand. »

(A. de Vigny)

remarque

Le plan proposé ci-dessus ne constitue évidemment qu’un exemple parmi bien d’autres

possibles. A partir des mêmes idées en vrac, on peut imaginer, pour le plan-cadre comme

pour le plan détaillé, une tout autre disposition, et c’est précisément ce que nous allons

pouvoir vérifier maintenant.

Pour chacun des deux énoncés suivants, vous commencerez par mettre au point une

problématique possible, à l’aide d’idées directrices.

– En ce qui concerne le premier énoncé, vous puiserez dans l’abondant matériau

d’idées à votre disposition (pp. 35-38) pour élaborer un autre plan-cadre que celui

qui vient d’être présenté dans l’exemple ci-dessus.

– Pour le second énoncé, vous pourrez vous fonder sur les idées issues de l’exercice 9,

pp. 47-48 de la brochure II, afin d’élaborer cette fois un plan détaillé, au moyen

d’idées principales, d’arguments, d’exemples et de citations. Vous fournirez un plan

d’une longueur raisonnable (environ deux pages), sans nécessairement rédiger des

phrases complètes, c’est-à-dire comme si vous étiez en situation de dissertation

réelle.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

49

énoncé 1

« L’enfer est tout entier dans ce mot : solitude. » (V. Hugo)

Appréciez et discutez cette affirmation.

• préalables issus de l’analyse de l’énoncé : cf. p. 38.

• élaboration d’un autre plan-cadre possible (à partir du matériau proposé pp. 35-38) :

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

50

énoncé 2

« Une civilisation démocratique se sauvera seulement si elle fait du langage de l’image une

provocation à la réflexion et non une invite à l’hypnose. » (U. Eco)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

a) préalables issus de l’analyse de l’énoncé :

reformulation du propos : ......................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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contre-énoncé : .......................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

type de démarche : ..................................................................................................................

...................................................................................................................................................

formulation du problème : ......................................................................................................

...................................................................................................................................................

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

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b) élaboration d’un plan possible (plan-cadre et plan détaillé), à partir des idées issues

de l’exercice 9, énoncé 3, pp. 47-48 de la brochure II :

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

52

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 5

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

54

exercice 6

En présentant jusqu’ici la mise au point de la problématique du plan-cadre et l’élaboration

du plan détaillé, nous espérons avoir montré que le développement d’une dissertation doit

présenter une structure ordonnée et cohérente, proposant une disposition stratégique des

idées, de manière à permettre au lecteur de franchir avec aisance les différentes étapes de la

démonstration et, si possible, à entraîner son adhésion.

Or, pour que les étapes du raisonnement soient perceptibles, il s’agit de tisser entre les idées

des liens explicites. Ces précieuses connexions, destinées à structurer la pensée du

rédacteur autant qu’à faciliter la compréhension du lecteur, peuvent être de plusieurs

natures : connecteurs grammaticaux (conjonctions, adverbes, prépositions), tournures à

valeur sémantique équivalente (« Il faut ajouter à ceci », « On peut en conclure que » par

exemple), expressions ou phrases entières soulignant les articulations de la réflexion. Pour

plus de précision, on consultera plus loin, à la page 96 de la théorie, le tableau des

principales articulations logiques.

Tous ces « marqueurs d’organisation » ou « signaux indicateurs de la pensée » sont d’une

importance primordiale, dans la mesure où ils renforcent la cohésion du texte et nous

renseignent sur son mouvement argumentatif. Si l’on comparait métaphoriquement les

idées d’un raisonnement aux blocs de pierre constituant le mur d’un édifice, les connexions

seraient alors le ciment : sans liens logiques entre les idées, la construction risquerait de

s’écrouler. Les formules d’articulation sont des guides : elles servent, tout au long de la

démonstration, à poser des jalons pour le lecteur, à lui indiquer le chemin, l’orientation, la

direction à suivre. Il conviendra donc, en tant que lecteur, d’en connaître le sens, et en tant

que rédacteur, de les exploiter au mieux dans la dissertation.

exemple :

extrait de texte :

Il convient d’observer tout d’abord que les auteurs des ouvrages qui nous occupent * ne

sont pas dénués de talent. Ils possèdent incontestablement ce qu’il est convenu

d’appeler les dons de romancier. Ils savent non seulement inventer une intrigue,

développer une action, créer ce qu’on appelle une « atmosphère », mais encore, et

surtout, ils savent saisir et rendre la ressemblance. Chaque geste de leurs personnages,

la façon dont ils lissent leurs cheveux, rectifient le pli de leur pantalon, allument une

cigarette ou commandent un café-crème, et aussi les propos qu’ils tiennent, les

sentiments qu’ils éprouvent, les idées qui les traversent, donnent à tout moment au

lecteur l’impression réconfortante et délicieuse de reconnaître ce qu’il a pu ou aurait

pu lui-même observer. On peut même dire que la grande chance de ces romanciers, le

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

55

secret de leur bonheur, et de celui de leurs lecteurs, réside en ceci, qu’ils viennent

établir tout naturellement leur poste d’observation juste à cet endroit précis où le place

aussi le lecteur. Ni au-deçà, là où se trouvent les auteurs et les lecteurs des romans-

feuilletons, ni au-delà, dans ces pénombres secrètes, dans ce bouillonnement confus où

nos actes et nos paroles s’élaborent, non, juste là où nous avons l’habitude de nous

placer nous-mêmes, quand nous voulons rendre compte assez clairement à nous-mêmes

ou aux autres de nos sentiments ou de nos impressions.

(N. Sarraute, Ce que voient les oiseaux, in L’ère du soupçon, 1956)

* les romanciers pseudo-réalistes ou « formalistes », que Sarraute va ensuite critiquer

analyse des principales articulations logiques et reformulation du raisonnement :

« tout d’abord » : introduit une concession

(En premier lieu, nous accorderons / reconnaîtrons que les romanciers

« formalistes » ne sont pas dénués de dons.)

« non seulement … mais encore » : marque une amplification

« et surtout » : marque une insistance

(Outre leur capacité à imaginer une intrigue, une action, un cadre, ils

sont particulièrement doués dans l’art de la représentation.)

« on peut même dire que » : marque une amplification

(Allons jusqu’à affirmer que ce qui fait aimer ces romanciers par leurs

lecteurs, c’est la communauté de leur point de vue.)

« ni (au-deçà)… ni (au-delà) » : marque une disjonction

(Leur point de vue n’est pas celui des lecteurs et des auteurs de

romans-feuilletons, genre inférieur, et pas non plus celui des auteurs,

de valeur supérieure, qui cherchent à restituer le flot des impressions

confuses qui nous traversent.)

Lisez attentivement les trois extraits de textes suivants (qui portent tous, d’une façon ou

d’une autre, sur… l’art d’écrire). Chacun comporte des formules d’articulation permet-

tant d’organiser la pensée de l’auteur.

Dans ces différents textes, repérez tout d’abord les connecteurs et les locutions d’articu-

lation logique que vous estimez les plus importants (quatre au minimum).

Puis, à l’aide de la liste ci-dessous, précisez dans chaque cas le type de relation qu’ils

établissent entre les idées, et reformulez le raisonnement de l’auteur en termes simples

et concis, en utilisant d’autres formules d’articulation logique de sens équivalent.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

56

liste de relations logiques correspondant aux mécanismes fondamentaux de la pensée :

affirmation – amplification – insistance – adjonction – énumération – but – cause –

justification – conséquence – conclusion – choix – alternance – disjonction –

objection – opposition – comparaison – analogie – équivalence – hypothèse –

condition – concession – réserve – nuance

extrait de texte 1

Bien écrire, c’est à force de limpidité, de transparence, rendre la pensée qu’on veut

exprimer si claire ou la personne qu’on se propose de décrire si présente qu’on ne

s’aperçoive plus du truchement *.

En somme, il y a ceux qui sont plus préoccupés de ce qu’ils ont à dire que de la manière

dont ils le diront et ceux dont l’attention se porte sur la forme de leurs propos et en néglige

le fond essentiel. Or, mieux vaut mille fois, à mon avis, commettre une légère bévue qui

égratigne la grammaire, sans l’offenser, bien sûr, trop gravement et faire une révélation

importante que se montrer d’une correction et d’une banalité achevées. Je n’en reconnais

pas moins que l’idéal, c’est d’être en même temps original et irréprochable. En d’autres

termes, un écrivain qui force la langue jusque dans ses derniers retranchements à sortir de

ses limites et à exprimer quelque chose de nouveau me semble cent fois préférable à un

autre dont on admire la pureté, mais qui, pour suivre les chemins battus, ne saurait faire

courir le plus petit risque à la sensibilité, à l’imagination, aux mots, à la syntaxe, ni à la

pensée. (M. Jouhandeau, Carnets de l’écrivain, 1957)

* personne qui parle à la place d’une autre, exprime sa pensée ; intermédiaire

analyse des principales articulations logiques et reformulation du raisonnement :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

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extrait de texte 2

Une question voisine de celle des images est de savoir si le style d’idées 1 doit comporter

des exemples. Il est certain que l’exemple, comme l’image, rend sensible l’idée abstraite et

que l’écrivain d’idées a intérêt à l’employer. Il doit toutefois se souvenir que l’exemple, s’il

illustre un fait général, pose conjointement un fait particulier ; que l’esprit de la plupart des

lecteurs est ainsi fait qu’ils sont enclins à dériver leur attention sur ce [fait] particulier et à

délaisser le [fait] général ; qu’il doit, en conséquence, avoir soin de préciser, quand il

donne un exemple, qu’il le donne en tant qu’incarnation de l’idée qu’il veut entretenir (…)

et en tant que tel seulement. Ce détournement de l’attention est surtout à craindre quand

l’exemple introduit un objet notoire avec les gens dits du monde 2.

Et cela est naturel, l’immense majorité des hommes s’intéressant aux personnes, non aux

idées.

(J. Benda, Du style d’idées, 1948)

1 le texte argumentatif, l’essai

2 quand l’exemple a trait à des célébrités

analyse des principales articulations logiques et reformulation du raisonnement :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

60

extrait de texte 3

Vomir des injures

Cette phrase ne passe pas seulement pour bonne parmi les bons écrivains, mais aussi pour

élégante, à l’imitation des Latins, qui se servent figurément du mot de vomir, comme nous.

Car tous nos meilleurs livres sont pleins de ces façons de parler, vomir des injures, vomir

des blasphèmes, et autres semblables. Néanmoins, je suis obligé de dire qu’à la Cour ce

mot est mal reçu, particulièrement des dames, à qui un si sale objet est insupportable. Et

certainement il semble qu’elles ont d’autant plus de raison que leur sentiment est conforme

à celui de Quintilien, et de tous les grands orateurs, qui veulent que les métaphores se

tirent des images les plus nobles et des objets les plus agréables. Je sais qu’on répliquera

que cela est vrai aux choses agréables et indifférentes, mais que, dans les choses odieuses

ou qu’on veut rendre odieuses, on se peut servir de métaphores de choses odieuses et

désagréables, et qu’ainsi les meilleurs orateurs latins ont employé le mot lenocinia * et

plusieurs autres mots de cette nature en beaucoup d’endroits hors de leur signification

naturelle.

Mais je réponds que tout cela n’empêche pas que nos dames n’aient une grande aversion à

ces façons de parler, incompatibles avec la délicatesse et la propreté de leur sexe, ni que

ceux qui parleront devant elles, s’ils ont quelque soin de leur plaire, ne s’en doivent

abstenir. Au moins, en le faisant, ils sont assurés de ne déplaire à personne. Mais, soit

qu’elles aient raison ou non de haïr ces phrases, je rapporte simplement la chose, comme

une vérité dont je suis bien informé.

(Vaugelas, Remarques sur la Langue Française utiles

à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, 1647)

* mot souvent employé dans le sens de « parure recherchée, attraits » ou, en parlant du style, de

« séduction rhétorique », mais dont le sens premier est « proxénétisme, activité de souteneur »

analyse des principales articulations logiques et reformulation du raisonnement :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 6

61

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

62

exercice 7

Ce dernier exercice, qui récapitule un certain nombre de notions étudiées précédemment,

vise à faire retrouver, par l’observation, la structure interne de deux textes.

Observez attentivement les fragments de textes ci-dessous, qui ont été disposés comme

des pièces de puzzles.

– En vous fondant notamment sur l’examen des principales articulations logiques,

vous rétablirez tout d’abord l’ordre de ces fragments pour reconstituer dans les deux

cas le texte original (dont votre maître pourra vous fournir un exemplaire).

– Vous dégagerez ensuite les principes de composition qui régissent ces deux textes

(type de démarche et problème central, mode(s) d’organisation logique des idées,

mouvement argumentatif, plan type correspondant).

– Enfin, dans chaque cas, vous reformulerez de manière synthétique le raisonne-

ment de l’auteur, en résumant le contenu des thèses (ou points de vue) en présence.

texte 1

fragments du texte 1 :

a) Ernest Renan, il y a un peu plus de cent ans, déclarait : « J’ai la conviction

que la science ne servira que le progrès – j’entends le vrai progrès, celui qui

est inséparable du respect de l’homme et de la liberté ! »

b) Comment pourrait-il en être autrement ? Le savant par un effort d’objectivité

cherche la connaissance. La politique par la volonté et la passion cherche le

pouvoir. Connaissance et pouvoir peuvent parfois faire bon ménage et

s’aider réciproquement, mais leurs légitimités sont différentes et même

opposées.

c) Devant les nouveaux progrès de la connaissance est née une assurance que

l’on peut ainsi définir : la capacité de l’homme à découvrir les secrets de la

nature ouvre à l’humanité une ère nouvelle. Dégagé des croyances

déraisonnables et apte désormais à dominer ses instincts, l’homme va

accéder à une conception de la vie sociale fondée sur la raison, d’où

découleront la liberté et la paix, voire, disent les plus idéalistes, le bonheur

par la fraternité.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

63

d) Or regardons notre univers tel que nous l’avons vécu et le vivons encore. Ni

la liberté ni la paix ne profitent automatiquement des progrès scientifiques

ou techniques. La science et la politique ne suivent pas le même chemin.

e) En bref, le progrès de la science conduirait au progrès de la morale, et ce

fait capital changerait la politique du monde. De cette noble idée qui éclaire

le travail des chercheurs et justifie leurs veilles, les meilleurs esprits comme

la multitude ne peuvent se détacher.

(M. Debré, Discours de réception à l’Académie française)

reconstitution du texte 1 :

examen des principales articulations logiques :

– « en bref » : marque une conclusion

– ..............................................................................................................................................

– ..............................................................................................................................................

ordre logique des fragments : …..............................................................................................

analyse des principes de composition du texte reconstitué :

type de démarche : ............…...................................................................................................

formulation du problème :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

modes d’organisation logique :

– mode principal : ...................................................................................................................

– modes secondaires : ........................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

64

mouvement argumentatif :

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...................................................................................................................................................

plan type correspondant : ……..................................................................................................

reformulation synthétique du raisonnement :

...................................................................................................................................................

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

65

texte 2

fragments du texte 2 :

a) Les seconds, et parmi eux Montaigne, avec des armes d’une trempe plus

forte que des raisonnements, c’est-à-dire avec des faits, attaquent l’opinion

des premiers ; font voir qu’une action vertueuse au Nord est vicieuse au

Midi ; et en concluent que l’idée de la vertu est purement arbitraire.

b) Pour cet effet, j’exposerai les deux sentiments qui, sur ce sujet, ont jusqu’à

présent partagé les moralistes.

c) Telles sont les opinions de ces deux espèces de philosophes. Ceux-là, pour

n’avoir pas consulté l’Histoire, errent encore dans le dédale d’une

métaphysique des mots ; ceux-ci, pour n’avoir point assez profondément

examiné les faits que l’Histoire présente, ont pensé que le caprice seul

décidait de la bonté ou de la méchanceté des actions humaines. Ces deux

sectes de philosophes se sont également trompées ; mais l’une et l’autre

auraient échappé à l’erreur, s’ils avaient considéré d’un œil attentif

l’Histoire du monde. Alors ils auraient senti que les siècles doivent

nécessairement amener dans le physique et le moral des révolutions qui

changent la face des empires ; que dans les grands bouleversements les

intérêts d’un peuple éprouvent toujours de grands changements ; que les

mêmes actions peuvent lui devenir successivement utiles et nuisibles, et par

conséquent prendre tour à tour le nom de vertueuses et de vicieuses.

d) Les premiers apportent en preuve de leurs opinions les rêves ingénieux mais

intelligents du platonisme. La vertu selon eux n’est autre chose que l’idée

même de l’ordre, de l’harmonie et d’un beau essentiel. Mais ce beau est un

mystère dont ils ne peuvent donner d’idée précise : aussi n’établissent-ils

point leur système sur la connaissance que l’Histoire nous donne du cœur et

de l’esprit humain.

e) Dans tous les siècles et les pays divers, la probité ne peut être que l’habitude

des actions utiles à la nation. Quelque certaine que soit cette proposition,

pour en faire sentir plus évidemment la vérité, je tâcherai de donner des

idées nettes et précises de la vertu.

f) Les uns soutiennent que nous avons de la vertu une idée absolue et

indépendante des siècles et des gouvernements divers ; que la vertu est

toujours une et toujours la même. Les autres soutiennent au contraire que

chaque nation s’en forme une idée différente.

(Helvétius, De l’Esprit, 1758)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

66

reconstitution du texte 2 :

examen des principales articulations logiques :

– « quelque (certaine) que » : marque une concession

– ..............................................................................................................................................

– ..............................................................................................................................................

– ..............................................................................................................................................

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– ..............................................................................................................................................

ordre logique des fragments : …..............................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. D’APPROCHE 7

67

analyse des principes de composition du texte reconstitué :

type de démarche : ............…...................................................................................................

formulation du problème :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

modes d’organisation logique :

– mode principal : ...................................................................................................................

– mode secondaire : ............……............................................................................................

mouvement argumentatif :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

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plan type correspondant : ……..................................................................................................

reformulation synthétique du raisonnement :

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69

théorie

définition de l’élaboration du plan

Indissociable du choix préalable d’une démarche et de la formulation du

problème (qui concluent l’analyse de l’énoncé), l’élaboration du plan constitue

la dernière opération précédant la rédaction proprement dite de la dissertation.

Elle consiste à sélectionner, regrouper et hiérarchiser les idées (observations

générales et exemples) réunies au cours de la recherche des idées, de façon à

donner au développement une structure cohérente et raisonnée, sous la forme

d’une construction logique et progressive.

remarques préliminaires

1. L’idéal dont on rêve, au moment de se mettre à rédiger, c’est bien sûr de pouvoir se

faire confiance et d’improviser sans plan préalable, en se laissant aller librement au

mouvement de l’écriture : « faire le plan d’avance me glace », notait Stendhal, qui s’y

refusait ! Et cependant, comme le dit un proverbe chinois, « si la possession de la

règle, à sa plénitude, revient à l’absence de règles, qui désire être sans règles doit

d’abord posséder les règles ». Même si l’on espère parvenir un jour à se passer des

méthodes apprises pour ne plus suivre, en écrivant, que son intuition, il vaut

nettement mieux, avant de se libérer des contraintes, s’être exercé souvent à

construire un plan solide, à canaliser et à maîtriser son inspiration, à sélectionner et à

organiser ses idées avec rigueur et logique, à structurer parties et paragraphes. On

risque moins, de cette manière, d’oublier l’argument essentiel, de négliger tout un pan

de l’argumentation, de se contredire – ou de sortir carrément du cadre du sujet.

Lors de la rédaction définitive, tout l’art consistera finalement à gommer les marques

trop visibles – ou trop formelles – du plan, pour restituer à la dissertation un

dynamisme et une fluidité qu’une structure trop rigide, trop artificielle ou trop

laborieuse risquerait d’anéantir.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

70

2. Le plan, ses parties successives et les éléments qui les constituent, découlent de

l’analyse de l’énoncé et de la recherche des idées, c’est-à-dire du matériau accumulé

au cours de la réflexion précédant la rédaction : un plan ne doit en aucun cas proposer

un cadre abstrait « à remplir », préexistant à toute réflexion ! Il y aura donc une

infinité de plans possibles, et deux dissertations portant sur le même énoncé ne seront

jamais construites de façon tout à fait identique.

Le meilleur plan sera celui qui, approprié au sujet à traiter, permettra au mieux

d’exploiter, d’organiser comme de mettre en valeur (si possible avec une certaine

originalité) les arguments et les illustrations issus de la recherche des idées.

élaboration du plan : comment procéder ?

Avant d’examiner en détail la question du plan du développement, précisons tout d’abord

un point important : toute dissertation comporte une structure de base, invariable, formée de

trois sections fondamentales et bien distinctes (sur le plan de l’organisation interne

comme sur le plan de la mise en pages) : l’introduction, le développement et la

conclusion.

L’introduction et la conclusion possèdent chacune une structure spécifique qui sera

présentée ultérieurement (cf. brochure IV, séquences n° 4 et n° 5). Quant au dévelop-

pement, qui constitue la part la plus conséquente du travail, il se divise généralement en

différentes parties (deux, trois ou quatre le plus souvent), elles-mêmes constituées de

paragraphes (en ce qui concerne la structure du paragraphe d’argumentation, cf.

brochure IV, séquence n° 6).

exemple de la structure de base d’une dissertation :

INTRODUCTION

CONCLUSION

présente le sujet et

formule le problème

examine le problème

propose un bilan

et donne une réponse

au problème

partie I

(divisée en paragraphes)

partie II

(divisée en paragraphes)

etc.

DEVELOPPEMENT

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

71

Tout ce qui va maintenant être présenté à propos du plan concerne le développement.

On distinguera deux phases d’élaboration : la première – étape absolument nécessaire, que

l’exercice de dissertation s’effectue en temps libre ou en temps limité – consiste à choisir

les idées directrices de la problématique, laquelle permettra d’établir le plan-cadre

constituant l’armature générale de la dissertation ; la seconde phase consiste à mettre au

point, si le temps à disposition le permet, le plan détaillé du développement, à l’aide des

multiples arguments, exemples et citations retenus pour la dissertation.

Remarquons que, parfois, une idée surgie au cours de la rédaction, ou le mouvement même

de l’écriture, pourront amener le rédacteur à s’éloigner quelque peu du plan détaillé

initialement prévu. Mais le plan-cadre, lui, devrait être respecté.

I. ELABORATION DU PLAN-CADRE

Nous avons vu que l’analyse de l’énoncé (cf. brochure I, séquence n° 1) était notamment

déterminante pour :

a) définir le thème et les mots-clés, cerner le propos ;

b) choisir la démarche ;

c) formuler le problème.

a) définition du thème et des mots-clés

Pour éviter de sortir du champ de la question à traiter – ce qui aboutit au « hors-sujet » et

constitue la cause d’une bonne partie des échecs en matière de dissertation, on posera

comme préalable indispensable à toute argumentation la définition lexicale du thème (et

celle des principaux mots-clés) convenant au contexte de l’énoncé.

Afin de cerner avec précision le sens du thème et des mots-clés, la (ou les) définition(s)

proposée(s) par le dictionnaire, le propos ainsi que le contexte d’énonciation seront bien

sûr déterminants. Parfois en effet, il conviendra de limiter la définition du thème fournie

par le dictionnaire à un seul des sens proposés (en tenant compte du contexte syntaxique),

ou bien, d’autres fois, de nuancer et préciser cette définition en tenant compte du contexte

d’énonciation (époque, culture, profession, idéologie de l’auteur, etc.).

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

72

Cette définition lexicale précise du thème et des mots-clés de l’énoncé, ainsi que le sens

général du propos, devront être gardés à l’esprit tout au long de la mise au point de la

problématique, puis de l’élaboration du plan, comme durant toute la rédaction du

développement ; faute de quoi, on risquerait de limiter ou de contester la validité du propos

au nom d’une simple erreur de lecture, ou d’une faute de compréhension !

exemple no

1 :

énoncé : « L’égalité est donc à la fois la chose la plus naturelle et,

en même temps, la plus chimérique. »

(Voltaire)

thème : l’égalité

reformulation du propos :

Voltaire estime que la reconnaissance de l’égalité entre les

hommes est une utopie, un rêve irréalisable, même si cette

notion est la plus naturelle des évidences.

définition lexicale du thème :

L’égalité est à comprendre ici, non pas au sens de « caractère

de ce qui est égal » ou de « qualité de ce qui est constant ou

régulier », mais en tant que « rapport entre individus égaux » et

que concept d’égalité en matière politique, civile et sociale.

La reconnaissance de cette valeur est précisément ce à quoi

tend Voltaire en tant que philosophe du XVIIIème

siècle, tout

en considérant sans doute comme illusoire l’avènement d’une

telle égalité.

exemple no

2 :

énoncé : « Jamais nous n’avons été plus libres que sous

l’occupation allemande. »

(J.-P. Sartre)

thème : la liberté

reformulation du propos :

Selon Sartre, l’occupation allemande a permis aux Français,

mieux qu’à n’importe quelle autre époque, de faire l’épreuve

de leur liberté.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

73

définition lexicale du thème :

La liberté est à comprendre ici comme liberté morale et non

institutionnelle. Elle est à distinguer de la liberté physique, ou

de la liberté d’expression, par exemple.

Au sens sartrien du terme, elle représente ce qui manifeste la

capacité de l’homme à se déterminer et à se construire.

Pour Sartre, donc, la situation dramatique et exceptionnelle de

l’occupation, en forçant les individus à assumer leur

responsabilité, à prendre un parti, à choisir de collaborer ou de

résister, d’agir ou de ne rien faire, etc., renvoyait mieux que

jamais chacun à sa propre liberté morale.

Dans ce cas précis, qui constitue il est vrai un cas limite, le

recours au dictionnaire de langue est insuffisant ; la

connaissance du contexte d’énonciation s’avère quasiment

indispensable.

(Voir également, au sujet de ces deux exemples, respectivement les

pages 19 et 5 de la brochure I, séquence n°1.)

remarque

Dans certains cas, la définition du thème ne constituera pas seulement un préalable

indispensable, mais représentera une partie du problème à traiter, voire même l’enjeu

central de la dissertation.

b) choix de la démarche

• démarche herméneutique

La démarche herméneutique consiste à expliquer, à justifier et à illustrer le point de vue

de l’auteur du jugement soumis à examen – sans avoir à prendre position soi-même de

manière explicite. Elle implique que le rédacteur se tienne en retrait, s’efforçant avant tout

de mettre en lumière et d’illustrer un jugement, en montrant pourquoi, comment et à

quelles conditions ce jugement se justifie.

Cette démarche implique un traitement analytique. Elle convient particulièrement à la

dissertation littéraire, dans laquelle le rédacteur est généralement invité à expliquer,

développer et illustrer le jugement d’un auteur ou d’un critique sur une œuvre donnée, sans

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

74

le discuter. Mais la démarche herméneutique peut aussi être suggérée au rédacteur d’une

dissertation générale :

• en l’absence de contre-énoncé pertinent ;

• en cas d’entière adhésion du rédacteur (après réflexion et en toute connaissance de

cause) au point de vue de l’énoncé : la dissertation se change alors en plaidoirie en faveur

du jugement proposé – ce qui ne doit pas exclure les nuances ;

• ou encore par le biais d’une consigne du maître-correcteur figurant dans le libellé de

l’énoncé.

exemple :

énoncé : « Le gain de notre étude, c’est d’en devenir meilleur et

plus sage. »

(M. de Montaigne)

Expliquez et illustrez le sens de cette affirmation en tenant compte

du contexte dans lequel elle a été écrite ; puis, discutez la question

de savoir si elle peut aujourd’hui encore tenir une place dans les

finalités de l’apprentissage.

Dans ce cas, la consigne impose au rédacteur une formule mixte,

lui demandant :

a) de traiter le sujet, en un premier temps, de façon herméneutique,

en se référant à l’œuvre de Montaigne et à son contexte

historique, puis

b) d’avoir recours à la démarche dialogique tout en actualisant le

propos.

• démarche dialogique

La démarche dialogique, quant à elle, consiste à discuter le bien-fondé du jugement

contenu dans l’énoncé, en procédant à la confrontation de points de vue contradictoires

en vue d’un jugement final. Contrairement à la démarche herméneutique, elle conduira donc

le rédacteur de la dissertation à faire intervenir, à l’issue de son argumentation, le point de

vue personnel propre auquel sa réflexion lui aura permis d’aboutir ; elle implique donc un

traitement critique.

remarque

On observera que toute dissertation comporte une phase herméneutique, explicative et

illustrative ; cette étape préliminaire, qui atteste que le jugement proposé par l’énoncé a été

parfaitement compris par le rédacteur de la dissertation, pourra ensuite être suivie ou non

d’une phase dialogique, instaurant la controverse en toute connaissance de cause.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

75

c) formulation du problème

Mis au jour par l’analyse de l’énoncé qui en fournit les données, le problème est l’élément

essentiel impliqué par l’énoncé. Il représente, nous l’avons vu, la question centrale à

traiter, et formera le fil conducteur de l’ensemble du travail.

Or, contrairement au thème et au propos, le problème varie dans sa formulation selon le

type de démarche adopté. Ainsi, dans le cas de la démarche herméneutique, il représentera

l’objet de réflexion engendrant examen et élucidation, et dans le cas de la démarche

dialogique, la question controversée à discuter tout au long du travail (cf. brochure I,

séquence n° 1).

exemple :

énoncé : « Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. »

(Fr. Nietzsche)

thèmes : le doute / la certitude

(ou)

la cause (philosophique) de la folie

reformulation du propos (paradoxal) :

Contrairement à l’opinion commune (doxa) qui estime le plus

souvent que l’incertitude (ou le doute philosophique) est un

facteur d’angoisse, et que les certitudes (ou les convictions

non remises en question, ou les systèmes d’explication, ou les

dogmes) rassurent, Nietzsche prétend que c’est au contraire la

certitude qui rend fou, et non le doute.

a) démarche herméneutique :

formulation du problème :

Pourquoi, selon Nietzsche, et contrairement à l’opinion

commune qui estime le plus souvent que douter est

facteur d’angoisse et que les certitudes rassurent, est-ce

la certitude, et non le doute, qui rend fou ?

b) démarche dialogique :

formulation du problème :

Est-ce le doute, l’attitude du sceptique, ou au contraire,

comme l’estime Nietzsche, la certitude qui est

susceptible de nous procurer le plus d’angoisse ?

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

76

mise au point de la problématique

Lors des deux premières étapes de l’élaboration de la dissertation, le travail à effectuer était

d’ordre analytique (cf. brochure I, séquence n° 1 : Analyse de l’énoncé), puis prospectif (cf.

brochure II, séquence n° 2 : Recherche des idées). Pour élaborer le plan, en revanche, il ne

s’agit plus de décomposer les différents éléments constituant l’énoncé, ni d’explorer

plusieurs directions comme l’exige la recherche des idées, mais bien de composer un texte,

en construisant une progression rigoureuse et raisonnée à partir de la définition du thème et

des mots-clés, de la démarche envisagée, de la formulation du problème et de tout le

matériau d’idées accumulé.

Pour ce faire, il faudra tout d’abord construire la problématique, c’est-à-dire déterminer,

en vue du plan-cadre, les quelques points fondamentaux ou les idées directrices à aborder

au cours du développement. Celles-ci formeront les étapes successives du raisonnement.

Notons que la formulation du problème et la mise au point de la problématique – éléments

qui figureront, dans la dissertation, à la fin de l’introduction – constituent les deux

opérations majeures de ce qu’on appellera désormais la problématisation de l’énoncé.

La problématique élaborée s’inscrira également dans un mouvement argumentatif

ménageant une progression cohérente, logiquement structurée selon le mode d’organisation

choisi, et conduisant de la formulation du problème à sa résolution, autrement dit de

l’introduction à la conclusion.

a) mouvement argumentatif – démarche herméneutique

Pour construire le mouvement argumentatif du développement dans le cadre de la démarche

herméneutique, on recourra par exemple aux modes d’organisation logique suivants :

• la hiérarchisation, qui consiste à aller par exemple des arguments considérés par le

rédacteur comme les moins importants ou les moins convaincants à ceux considérés

comme les plus importants ou les plus convaincants; ou du plus évident au plus original;

ou encore du particulier au général – ou vice-versa ;

• l’ordonnance chronologique, qui suppose une mise en perspective historique, du passé

au présent – ou vice-versa –, et ne devra être adoptée qu’à bon escient ;

• la comparaison ;

• la relation cause(s) – conséquence(s) ;

• l’opposition.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

77

Ces différents modes d’organisation logique, qui peuvent se combiner entre eux à l’intérieur

d’un même mouvement argumentatif, conduisent à une grande variété de plans possibles ;

ils entrent en composition dans les différents plans types qui seront présentés plus loin,

pp. 78-81.

b) mouvement argumentatif – démarche dialogique

En ce qui concerne la démarche dialogique, qui confronte des thèses contradictoires, le

mouvement argumentatif se fondera principalement sur le mode d’organisation logique de

l’opposition.

Afin de valoriser le point de vue que l’on veut défendre, il sera bon de l’exposer à la fin du

développement : l’argumentation doit en effet nécessairement progresser vers l’argument ou

les arguments décisifs, c’est-à-dire ceux qui sont supposés emporter l’adhésion du lecteur.

Pour l’essentiel, on peut distinguer ici trois mouvements argumentatifs, qui

correspondent aux trois plans types présentés pp. 81-87.

• Dans un premier cas, il est possible d’intégrer la dialectique à chaque partie de

l’argumentation, en traitant le problème par aspects successifs : c’est le plan « à

controverse constante ».

(cf. ci-dessous, pp. 81-82, et exercice 4, pp. 24-26)

• Un autre mouvement argumentatif, correspondant au plan « antithétique », consiste à

confronter deux thèses, A et B :

• si le rédacteur se rallie plutôt à la thèse proposée (thèse A), c’est-à-dire au point

de vue du jugement contenu dans l’énoncé, il lui sera préférable, une fois le

propos reformulé et le problème posé, de commencer par envisager la thèse

opposée (thèse B ou « antithèse ») ou les objections que peut susciter ce jugement,

avant d’en venir à l’argumentation décisive puis à la conclusion, qui rejoindra

(moyennant quelques nuances) le point de vue initial ;

• si en revanche le rédacteur conteste dans l’ensemble la thèse proposée (thèse A),

estimant que celle-ci mérite d’être critiquée, voire même réfutée, il aura avantage

à commencer par exposer cette thèse le plus objectivement ou le plus

impartialement possible, puis à passer à sa critique ou à sa réfutation, qui

constituera l’élément essentiel de l’argumentation.

(cf. ci-dessous, pp. 82-83, et exercice 4, pp. 26-28)

• Au cas où la thèse A n’a pas seulement à être réfutée, mais à être opposée

dialectiquement à la thèse B (ou antithèse), on aboutira en un troisième temps à une

synthèse permettant, soit d’effectuer un choix entre les deux thèses, soit de dépasser,

sans toutefois le rejeter entièrement, le point de vue initial (thèse A). Dans ce cas, la

synthèse fera apparaître les limites, ou les insuffisances, du jugement constituant

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

78

la thèse A, et proposera, le cas échéant, de le compléter, de le moduler, de le préciser ou

de l’élargir. Ce mouvement argumentatif correspond au plan « dialectique ».

(cf. ci-dessous, pp. 83-87, et exercice 4, pp. 28-30)

recours aux plans types

Le plan-cadre, nous l’avons vu, doit être déduit de toute la réflexion antérieure. Mais il faut

savoir qu’il existe aussi quelques plans types dont on pourra s’inspirer. Certains de ces

plans formels, bien connus et présentés dans les manuels scolaires 2, seront brièvement

présentés ci-dessous ; souvent d’une aide appréciable, en particulier dans le cas d’une

rédaction en temps limité, qui exige d’aller plus vite pour élaborer le plan, ils offrent des

cadres utiles facilitant la mise en place des idées. Ils doivent cependant ne représenter qu’un

appui (et ceci, à condition de ne pas réduire ou stériliser la réflexion), et ne sauraient se

substituer systématiquement à l’élaboration personnelle d’un plan. On pourrait ainsi les

comparer au prêt-à-porter dans la confection, alors que le plan idéal relèverait plutôt du

« sur mesure ».

a) exemples de plans types pour la démarche herméneutique

• plan « inventaire »

Ce plan, qui ne se conçoit que dans le cadre d’une démarche herméneutique, permet l’étude

systématique de plusieurs aspects d’une question, ou d’un domaine donné. Mais attention !

Adopter ce plan pour l’ensemble du travail peut facilement générer monotonie ou

impression de pur « catalogue » ; il ne correspond d’ailleurs pas très souvent aux exigences

de l’exercice de dissertation.

exemple :

énoncé : A la définition que donnait ironiquement G. Flaubert

dans son Dictionnaire des idées reçues : « Littérature :

occupation d’oisifs », vous répliquerez en montrant

quelle pourrait être l’« utilité » de la littérature.

mise au point d’une problématique possible :

• utilité de la littérature pour l’investigation du psychisme

humain ;

2

Voir par exemple : P. DESALMAND et P. TORT, Du plan à la dissertation, Hatier, Profil Formation n° 313/314.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

79

• utilité de la littérature pour la confrontation des idées et le

développement de la pensée ;

• utilité de la littérature pour la connaissance des sociétés

humaines ;

• utilité de la littérature pour le dialogue entre les peuples et

les cultures, la connaissance de l’autre ;

• etc.

• plan « suggéré par l’énoncé »

Pour ce type de plan, c’est l’énoncé qui fournit lui-même la succession et parfois

l’articulation des différents aspects du problème à traiter.

exemple :

énoncé : « L’école est le dernier lieu qui résiste encore à l’univers

de la consommation. Celui où l’on s’offre le luxe de

penser dans le calme, de questionner le monde, de

l’analyser afin de construire patiemment sa propre

liberté. »

(A. Finkielkraut)

thème : l’école (l’institution scolaire)

type de démarche : herméneutique

formulation du problème :

Comment l’école parvient-elle à échapper à la logique de la

consommation et à offrir ainsi un espace propice à la réflexion,

au questionnement du monde et à l’apprentissage progressif de

la liberté individuelle ?

mise au point d’une problématique possible :

Les traits obliques suggèrent un découpage possible des

différents éléments de l’énoncé susceptibles d’être organisés

(dans cet ordre ou dans un autre) à l’intérieur du plan :

« L’école est le dernier lieu qui résiste encore à l’univers de la

consommation. / Celui où l’on s’offre le luxe de penser dans le

calme, / de questionner le monde, de l’analyser / afin de

construire patiemment sa propre liberté. »

(autre exemple de plan « suggéré par l’énoncé » : exercice 3, pp.14-15)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

80

• plan « problème(s) – cause(s) – solution(s) »

Ce plan permet l’analyse systématique et approfondie d’un problème donné, parfois

complexe. Il permet de mettre en évidence les tenants et aboutissants de ce problème, de ses

origines (ou de ses causes) aux solutions envisageables.

exemple :

énoncé : « Dans notre monde industriel, le savoir acquis durant la

période scolaire se déprécie rapidement. »

(J. Starobinski)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

formulation du problème :

Pourquoi les connaissances scolaires perdent-elles rapidement

de leur valeur dans le contexte du monde industrialisé

moderne ?

mise au point d’une problématique possible :

• problèmes :

– dévaluation rapide du savoir scolaire ;

– décalage entre la formation reçue et les exigences du

monde du travail ;

– chômage des employés non qualifiés ;

– etc.

• causes :

– progrès toujours plus rapides des techniques, de la

recherche et donc des savoirs ;

– nécessité d’une formation permanente toujours plus

exigeante ;

– etc.

• solutions :

– développer avant tout au sein de l’école l’acquisition

des compétences d’apprentissage et de l’autonomie,

afin de rendre chacun mieux à même de se former en

permanence, c’est-à-dire : apprendre à apprendre ;

– ouvrir l’école aux réalités du monde contemporain, tant

sur le plan des savoirs que sur celui des techniques ;

– développer les échanges entre l’école et le monde

extérieur ;

– etc.

(autres exemples de plan « problème(s) – cause(s) – solution(s) » :

exercice 3, pp. 16-17)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

81

• plan « comparatif »

Ce plan consiste à établir un parallèle entre deux domaines de nature différente, mais

possibles à rapprocher.

exemple :

énoncé : « L’exil est une espèce de longue insomnie. »

(V. Hugo)

Expliquez et illustrez cette affirmation.

thème : l’exil

type de démarche : herméneutique

formulation du problème :

Pourquoi Hugo peut-il comparer l’état d’exil à l’insomnie ?

Quels sont les points communs entre l’exil et l’insomnie ?

mise au point d’une problématique possible :

• définition et aspects caractéristiques (positifs / négatifs) de

l’état d’exil

• définition et aspects caractéristiques (positifs / négatifs) de

l’insomnie

• points communs (positifs / négatifs) à l’exil et à l’insomnie.

(autre exemple de plan « comparatif » : exercice 3, pp. 18-19)

b) exemples de plans types pour la démarche dialogique

• plan « à controverse constante »

Ce plan se fonde sur une confrontation permanente entre arguments en faveur de la thèse et

contre-arguments en faveur de l’antithèse.

exemple :

énoncé : « Cinéma, radio, télévision, magazines sont une école

d’inattention : on regarde sans voir, on écoute sans

entendre. » (R. Bresson)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

82

thème : le cinéma et les médias

type de démarche : dialogique

formulation du problème :

Peut-on ou non affirmer que le cinéma et les médias en général

(radio, télévision, journaux) nous enseignent l’inattention ?

mise au point d’une problématique possible :

• premier aspect du problème :

– Dans quelle mesure peut-on dire ou non du cinéma qu’il

nous enseigne à « regarder sans voir » ? [discussion]

– Dans quelle mesure peut-on dire ou non de la télévision

qu’elle nous enseigne à « regarder sans voir » ?

[discussion]

– conclusion locale au sujet du cinéma et de la télévision

• deuxième aspect du problème :

– Dans quelle mesure peut-on dire ou non de la radio

qu’elle nous enseigne à « écouter sans entendre » ?

[discussion]

• troisième aspect du problème :

– Dans quelle mesure peut-on dire ou non des journaux et

des magazines qu’ils nous « enseignent l’inattention » ?

[discussion]

• plan « antithétique »

Ce plan consiste à opposer, sous la forme de deux séquences, les arguments en faveur de la

thèse, dont on a choisi de se démarquer, aux arguments en faveur de l’antithèse, qu’on se

propose de défendre.

exemple :

énoncé : « Les convictions sont des ennemis plus dangereux que les

mensonges. » (Fr. Nietzsche)

thème : les convictions (nos certitudes intérieures)

type de démarche : dialogique

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

83

formulation du problème :

Les convictions (nos certitudes intérieures) sont-elles ou non

nos ennemis, plus encore que les mensonges ?

mise au point d’une problématique possible :

• exposé de la thèse A :

– aspects négatifs ou dangers liés aux convictions

(certitudes intérieures ou croyances personnelles qu’on

ne remet pas facilement en question, témoignant parfois

d’un excès de confiance en son propre jugement,

susceptibles de nous aveugler, et risquant donc, comme

le mensonge, de nous éloigner de la vérité, de nous

égarer, voire de nous fanatiser, etc.)

– conclusion locale en faveur de la thèse A

• exposé de la thèse B ou antithèse :

– aspects positifs des convictions (certitudes intérieures

qui fondent notre conception des choses, font partie

intégrante de notre personnalité, orientent notre

engagement, constituent la raison d’être de nos actes,

etc.)

– conclusion locale en faveur de la thèse B, valorisée

• plan « dialectique »

Etant le plus usité de tous, ce plan mérite qu’on s’y arrête un peu plus longuement.

Rappelons tout d’abord que la notion de dialectique remonte au philosophe grec

Platon (IVème

siècle av. J.-C.), et que c’est le philosophe allemand Hegel (1770-1831)

qui complète l’instrument du raisonnement dialectique en lui ajoutant la notion de

synthèse.

définition de la dialectique :

(du grec dialektikê, art de discuter)

a) Chez Platon : art de discuter par demandes et réponses. Son maître Socrate

« accouchait » les esprits en dialoguant ; c’est ce qu’on appelle la « maïeutique

socratique », qui met en mouvement la réflexion et laisse la discussion ouverte.

b) D’après le philosophe Hegel : marche de la pensée qui oppose la thèse à l’antithèse

pour parvenir à une synthèse qui en constitue le dépassement. (Cette synthèse peut

cependant aussi engendrer sa propre contradiction et ouvrir à un nouveau

mouvement dialectique.)

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

84

définition du plan « dialectique » :

Le plan dialectique est constitué de trois grandes étapes :

a) la thèse (défense et illustration d’un premier point de vue) ;

b) l’antithèse (défense et illustration d’un autre (ou d’autres) point(s) de vue sur le même

sujet, au moyen d’arguments opposés à la thèse défendue) ;

c) la synthèse (établissement d’une vérité médiane plus nuancée, ou d’un principe fixant

les conditions de validité de la thèse et de l’antithèse, ou mieux encore, établissement

d’une vérité supérieure, par dépassement de la contradiction apparente).

exemple no

1 :

énoncé (à controverse explicite) :

« Faut-il ou non considérer la publicité comme un art ? »

formulation du problème :

La publicité peut-elle ou non se définir comme un art à part

entière ?

mise au point d’une problématique possible :

• thèse :

La publicité, dont le but est de séduire et de faire vendre,

est plus proche du slogan, voire même de la propagande

(avec ce qu’elle suppose de manipulation des esprits et

des désirs) que de l’art.

• antithèse :

– De grands artistes ont produit des affiches publicitaires

qui se sont révélées des œuvres d’art à part entière,

nous proposant des images qui font aujourd’hui partie

de notre bagage culturel.

– Certains artistes se servent aujourd’hui de la publicité

pour faire passer un message critique ou « décalé », ou

encore humanitaire.

• synthèse :

Si sa visée première, intéressée et souvent hypocrite, est

de séduire à des fins purement mercantiles, la publicité

peut se changer en art à condition de se mettre elle-même

au service de ce qui la dépasse.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

85

exemple no

2 :

énoncé (à controverse implicite) :

« Le temps use les œuvres littéraires ; les chefs-d’œuvre

même, quoiqu’on en dise. » (H. de Montherlant)

formulation du problème :

Tous les chefs-d’œuvre de la littérature sont-ils voués à l’usure

et à l’oubli, ou bien existe-t-il des œuvres littéraires

« éternelles » ?

mise au point d’une problématique possible :

• thèse :

La majorité des œuvres d’art sont vouées à l’oubli, même

celles qui connurent un grand succès ou furent à leur

époque considérées comme des chefs-d’œuvre : en effet, le

goût et les esthétiques changent, de même que les menta-

lités et le savoir sur l’homme et la société.

• antithèse :

Certains chefs-d’œuvre du passé plus « universels »

continuent pourtant de faire partie de la culture mondiale,

de nourrir esthétiquement et d’engendrer d’autres œuvres,

de nous concerner, de nous parler de nous et du monde.

• synthèse :

– Même s’il est vrai que le temps rejette dans l’oubli la

majorité des œuvres admirées à leur époque, quelques-

unes, mieux que d’autres, résistent au temps, en raison

de leur universalité, de leur profondeur philosophique

et humaine, de la richesse de leur langue ou de leur

perfection formelle inépuisable.

– (Mais) ces chefs-d’œuvre eux-mêmes ont perdu

quelque chose de leur radicale nouveauté, ils se sont

« usés » en raison des nombreuses imitations et

variations qu’ils ont suscitées, et demandent donc à être

« réveillés » par une approche, une « relecture »

originale.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

86

exemple no

3 :

énoncé (paradoxal) :

« Celui qui se contredit a plus de chances qu’un autre

d’exprimer quelquefois du vrai. »

(A. France)

formulation du problème :

Celui qui se contredit a-t-il ou non des chances d’aboutir à la

vérité ?

mise au point d’une problématique possible :

• thèse (= doxa) :

Le fait de se contredire signifie qu’on se montre

inconséquent, qu’on manque de rigueur et de logique dans

sa pensée, qu’on trahit la vérité.

• antithèse (= point de vue de l’auteur) :

C’est celui dont la pensée affronte ses contradictions

internes et ses paradoxes qui a le plus de chances de se

rapprocher de la vérité.

• synthèse :

Atteindre la vérité absolue n’étant pas donné à l’homme,

qui ne progresse que par l’erreur, c’est le plus souvent au

cœur même de ses contradictions qu’il touchera au

« vrai ».

exemple no

4 :

énoncé : « Il n’y a qu’un devoir, de se rendre heureux. »

(D. Diderot)

Discutez cette affirmation.

définition du thème :

Le devoir est à prendre au sens d’« obligation morale » (c’est-à-

dire ayant pour but idéal le bien, tant sur un plan personnel que

sur un plan collectif ).

type de démarche : dialogique

formulation du problème :

La première obligation morale de chaque individu consiste-t-

elle à faire passer le bien commun avant son propre bonheur

(doxa), ou au contraire le premier des devoirs est-il de se

rendre heureux ?

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

87

mise au point d’une problématique possible :

• discussion de la doxa (thèse A) :

– aspects positifs du « devoir » selon la morale chrétienne

(qui recommande de faire passer le bonheur des autres

avant le sien propre) ;

– aspects négatifs du « devoir » selon la morale chrétienne

(qui est allée jusqu’à préconiser de « se haïr soi-même »

et de se sacrifier) ;

• discussion du point de vue (paradoxal) de Diderot (thèse B

ou antithèse) :

– aspects positifs du « seul devoir » selon Diderot (qui

enjoint à chaque individu de travailler à la réalisation

de son propre bonheur) ;

– aspects négatifs du « seul devoir » selon Diderot (qui

semble faire passer le bonheur individuel avant le bien

collectif) ;

• synthèse :

– deux écueils (ou excès) : le sacrifice de son propre

bonheur et la haine de soi, ou, à l’opposé, l’égoïsme,

l’indifférence, le manque de compassion ou de

solidarité envers autrui ;

– se rendre heureux : un « devoir » envers soi, mais aussi

envers les autres, pour qui l’on ne peut rien si l’on est

soi-même malheureux.

On constatera que la problématique proposée dans l’exemple n° 4

renvoie à la fois au plan « à controverse constante » (thèse et antithèse

faisant ici chacune l’objet d’une discussion opposant aspects positifs et

aspects négatifs) et au plan « dialectique », par la présence finale d’une

synthèse.

remarque

Le plan « dialectique » – dont l’intérêt principal réside dans la synthèse qui constitue le

dépassement de la contradiction initiale – s’avère dans bien des cas efficace. Mais, appliqué

de manière schématique ou artificielle, il peut aussi représenter un double danger : celui de

substituer à une réflexion personnelle et originale une armature rigide et sans vie ; et celui

d’encourager le rédacteur à pousser la thèse à l’absurde pour mieux faire ressortir

l’antithèse – ce qui finit par tenir du sophisme (du raisonnement faux) et donne à

l’ensemble un aspect un peu truqué, laissant au lecteur le sentiment d’une rhétorique creuse

et sans grande sincérité, ou même l’impression désagréable d’avoir été manipulé plutôt que

convaincu.

On en usera donc avec précaution et discernement, sans dogmatisme ni esprit réducteur. Et

surtout, on évitera de « faire entrer » à tout prix la problématique à traiter dans le cadre de ce

plan.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

88

II. ELABORATION DU PLAN DETAILLE

Une fois déterminés les grands axes du plan-cadre (trois ou quatre idées directrices

correspondant aux trois ou quatre parties essentielles du développement), il s’agit

d’ordonner les idées qui vont entrer en composition dans le plan détaillé et formeront

ensuite la substance des paragraphes successifs.

sélection, regroupement et classement des idées

La première étape consiste bien sûr à sélectionner, parmi toutes les idées accumulées

(observations générales et exemples issus de la recherche des idées), celles qui sont les plus

pertinentes et qu’on souhaite retenir pour la dissertation ; ces arguments et exemples seront

ensuite regroupés à l’intérieur des différentes grandes séquences, ou parties, du plan-cadre

(correspondant chacune à une idée directrice de la problématique), puis ordonnés à

l’intérieur de ces parties et éventuellement complétés, pour aboutir à un plan détaillé du

développement (cf. ci-contre) qui permette, si le temps de rédaction est limité, de se passer

ensuite de brouillon.

Précisons qu’en revanche, l’introduction et la conclusion, dotées d’une structure tout à fait

spécifique, devront être particulièrement soignées ; on aura avantage, en tout cas pour

l’introduction, à recourir à un brouillon.

Le plan du développement devra sans cesse être gardé sous les yeux pendant la rédaction

du travail, au cours de laquelle il pourra cependant encore subir des modifications, ou

s’enrichir d’un ou deux éléments supplémentaires. Il permettra :

• de visualiser en une fois l’ensemble des éléments hiérarchisés de l’argumentation ;

• de ne rien oublier en cours de rédaction ;

• de vérifier, au moment d’introduire une idée supplémentaire en cours de rédaction, si elle

n’en répète ou n’en contredit pas une autre figurant déjà sur le canevas ;

• de faire sans cesse le point sur la situation (par exemple en mesurant le temps qui reste

pour la rédaction, et la longueur du travail déjà effectué par rapport au plan prévu), dans le

cadre d’une dissertation en temps limité ;

• de faire l’économie, si le temps dont on dispose est limité, de la rédaction d’un brouillon

du développement.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

89

schéma du plan détaillé :

INTRODUCTION

DEVELOPPEMENT

plan-cadre

idée directrice I

idée principale 1

argument(s) + illustration(s)

idée principale 2

argument(s) + illustration(s)

idée directrice II

idée principale 1

argument(s) + illustration(s)

idée principale 2

argument(s) + illustration(s)

idée principale 3

argument(s) + illustration(s)

idée directrice III

idée principale 1

argument(s) + illustration(s)

idée principale 2

argument(s) + illustration(s)

etc.

CONCLUSION

(exemple de plan détaillé : exercice 5, pp. 45-48)

remarques

• Les idées directrices, les idées principales, les arguments, les illustrations (exemples et

éventuelles citations) pourront bien entendu varier en nombre.

• Les idées directrices correspondront généralement aux grandes parties du développement.

• Les idées principales, accompagnées de leur(s) argument(s), de leur(s) exemple(s) et des

éventuelles citations, correspondront généralement aux différents paragraphes du

développement.

P

R

O

B

L

E

M

A

T

I

Q

U

E

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

90

cohérence et progression logique

Quelle que soit l’originalité du plan adopté, toute dissertation s’apparente à une

démonstration. L’ensemble doit donc être à la fois logique (suivre un plan rigoureux) et

dynamique (entraîner le lecteur de manière comme inévitable d’une idée à la suivante, un

peu comme le feraient les marches successives d’un escalier).

a) arguments

En ce qui concerne les arguments, chaque argument présent dans la dissertation

constituera :

• soit une « preuve » (affirmation attestant le bien-fondé d’une idée) ;

• soit une réfutation ou une opposition ;

• soit une nuance ou une restriction ;

• soit un élargissement.

Si un argument fait double emploi avec un autre, on devra choisir entre les deux ; si un

argument est en contradiction avec un autre, on choisira, soit d’éliminer l’une des deux

idées, soit de trouver l’articulation qui leur permette de coexister au sein de la même

argumentation.

Pour progresser dans l’argumentation, il s’agira d’éviter :

• le piétinement ;

• le retour en arrière ;

• la « marche manquante », qui risque de faire se casser le nez à toute la démonstration.

Une progression logique implique en effet qu’à chaque idée ne convienne qu’une et une

seule place au sein de l’argumentation, chacune d’elles devant constituer le rouage

indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble, et ne pouvoir ni être omise, ni être

déplacée.

b) exemples

En ce qui concerne les exemples, chacun d’eux devra correspondre exactement à

l’argument qu’il doit étayer ; il ne devra donc :

• ni le contredire ;

• ni ne recouper que partiellement l’idée à illustrer ;

• ni s’en éloigner.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

91

Remarquons que plus les exemples seront concrets et évocateurs, plus ils parleront au

lecteur. Ainsi, trop généraux, ils n’étayeront pas de manière convaincante l’argument qu’ils

sont sensés éclairer :

exemple :

Les romanciers naturalistes ne reculent devant aucune évocation

de la réalité, si triviale, si choquante ou peu conforme aux

bienséances soit-elle. C’est le cas de Zola dans L’Assommoir.

sera beaucoup moins convaincant et suggestif que :

Les romanciers naturalistes ne reculent devant aucune évocation

de la réalité, si triviale, si choquante ou peu conforme aux

bienséances soit-elle. Ainsi, dans son roman L’Assommoir, Zola

n’hésite pas à décrire de façon quasi clinique la mort de

Coupeau, victime d’une crise atroce due aux effets de

l’alcoolisme.

Mais, trop particuliers, ils ne convaincront pas non plus :

exemple :

L’apprentissage de la politesse et du respect d’autrui est l’un des

fondements de la bonne éducation. Ainsi, ma voisine exige de son

fils qu’il salue par son nom chaque locataire de l’immeuble qu’il

rencontre.

Dans ce cas, l’illustration de l’argument, anecdotique, voire

caricaturale, est d’une portée beaucoup trop limitée pour pouvoir

convaincre.

Les exemples se composeront, pour l’essentiel :

• ou de l’évocation d’un fait (fait divers, fait historique, fait établi par la science, etc.) ;

• ou de l’évocation d’une expérience personnelle ;

• ou de l’évocation d’un témoignage rapporté ;

• ou de la référence précise à une œuvre (littéraire ou artistique).

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

92

c) citations d’auteurs

Le recours aux citations d’auteurs (cf. brochure II, séquence n° 2, exercice 11) permettra

parfois aussi d’étayer un argument personnel en recourant à la pensée d’autrui ; mais une

citation ne constitue pas une preuve ! Ce n’est pas parce qu’un auteur, même célèbre, a

fait telle ou telle déclaration (qui nous parvient en outre séparée de son contexte) qu’il

exprime pour autant une vérité absolue. Une citation est plutôt là pour formuler mieux

qu’on ne saurait le faire soi-même, ou avec plus de force rhétorique, une impression ou une

idée corroborant l’argumentation développée.

exemple :

Ceux qui reprochent aux écrivains de ne pas servir de cause

politique au moyen de leurs œuvres font erreur. L’essentiel, en art,

est ce que l’œuvre invente, ou ce qu’elle nous révèle à sa manière

de la réalité, et non l’idéologie qui la précède. C’est ce que

formule très bien le romancier Robbe-Grillet quand il dit : « Le

seul engagement possible, pour l’écrivain, c’est la littérature. »

attention !

Dans tous les cas, et quelle que soit la démarche adoptée, on se souviendra qu’il est

essentiel de faire alterner arguments et exemples. Il ne faut ni tomber dans le piège

de l’abstraction (en se limitant aux seuls arguments), ni confondre argumentation et

pur catalogue (en se limitant à une succession d’exemples).

Les exemples sont importants en raison de leur caractère concret et évocateur; ils

témoignent de l’expérience personnelle, de la sensibilité, comme du bagage culturel

ou scientifique du rédacteur. Mais ils ne sauraient tenir lieu d’arguments. Il faudra

donc sans cesse passer de l’argument à l’exemple (pour l’illustrer), ou de l’exemple à

l’argument (en déduisant celui-ci de l’illustration).

Si l’on constate, au moment de la mise en place du plan définitif, que certaines

illustrations ou certaines idées générales font défaut, il s’agira de combler cette lacune

en recherchant des illustrations supplémentaires ou en s’efforçant par exemple

d’abstraire d’un ou plusieurs exemples l’idée générale qu’ils suggèrent.

Remarquons enfin que mieux vaut une seule illustration pertinente et exemplaire que

trois ou quatre illustrations anecdotiques ou peu pertinentes !

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

93

articulation logique

Il faut que, à l’intérieur des grandes parties du plan, c’est-à-dire d’un paragraphe à l’autre,

comme aussi de l’une de ces parties à l’autre, les différentes étapes du travail soient

clairement articulées. Mal agencée, mal charpentée, l’argumentation la plus intéressante ne

saura guère emporter l’adhésion du lecteur, qui n’aura pas l’impression d’être conduit d’une

idée à l’autre ou de progresser logiquement, mais plutôt de « sauter » d’idée en idée.

Remarquons que cette disposition par sauts logiques d’une idée à l’autre, sans articulations

explicites, n’est pas impraticable, puisqu’elle se retrouve chez certains grands auteurs, tel

Montaigne; mais elle exige une pratique de la pensée et du style que l’on possède bien

rarement en commençant à disserter. Mieux vaut, pour commencer, s’en tenir plus

scolairement à l’exigence d’articuler clairement et visiblement parties et paragraphes.

Il conviendra donc d’user, tant entre les grandes étapes du plan qu’entre les différents

paragraphes, ou encore à l’intérieur même de ces paragraphes, de connections logiques se

présentant sous forme :

• soit de termes d’articulation ou connecteurs (cf. tableau des principales articulations

logiques, page 96) ;

• soit de phrases de transition, qui pourront constituer dans certains cas une conclusion

intermédiaire.

La mise en pages permet elle aussi de visualiser l’organisation générale de la dissertation et

d’en souligner les grandes articulations. Pratiquement, on passera en tout cas à la ligne à

chaque nouvelle idée principale. En outre, séparer les trois grandes sections de la

dissertation (introduction, développement, conclusion) par un « blanc » – ligne sautée avant

et après le développement – pourra se révéler efficace afin de mieux mettre en évidence la

structure générale du travail.

dimension rhétorique de l’argumentation – style

Tout au long du travail, l’art de persuader le lecteur ne dépendra pas seulement de la rigueur

logique du plan adopté, de son mouvement ou de son efficacité, mais également des qualités

rhétoriques (et éventuellement poétiques) de l’écriture : style clair, mais aussi vivant,

convaincant et suggestif ; images fortes ; recours à des formulations surprenantes ou

expressives ; originalité de l’entrée en matière (ou amorce) ; caractère convaincant de la

conclusion ; etc.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

94

exemple no

1 :

On comparera les deux passages suivants, défendant la même idée :

a) L’homme doit prendre conscience de sa petitesse par rapport à

l’immensité de la nature; et le monde lui-même n’est rien

encore, comparé à l’infini (de Dieu).

et :

b) « Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute

et pleine majesté… (Puis) Que l’homme, étant revenu à soi,

considère ce qu’il est au prix de ce qui est ; (…) et que de ce

petit cachot où il se trouve logé, j’entends l’univers, il apprenne

à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste

prix.

Qu’est-ce qu’un homme dans l’infini ? » (Bl. Pascal)

Pour mieux frapper son lecteur et le convaincre de la grandeur de

Dieu, Blaise Pascal (un auteur classique du XVIIe siècle maîtrisant

particulièrement bien « l’art de persuader »), au lieu d’énoncer

platement la phrase a), recourt à tout un arsenal rhétorique :

• formulations impératives : « Que l’homme contemple… Que

l’homme considère… (qu’)il apprenne… » ;

• figures de style frappantes (anaphore : « Que l’homme… Que

l’homme… » ; question rhétorique : « Qu’est-ce qu’un homme

dans l’infini ? »; antithèse : « ce qu’il est / au prix de ce qui est » ;

métaphore : « ce petit cachot », pour désigner l’univers).

• En outre, semblable à un geste, sa phrase décrit une sorte de

courbe qui embrasse l’univers… puis ramène brusquement

l’homme à lui-même, pour mieux insister sur sa disproportion et

sa faiblesse, avant d’opposer l’univers lui-même à l’infini divin –

invisible, inconnaissable et sans mesure.

exemple no

2 :

On comparera les deux passages suivants, défendant la même idée :

a) La société marchande (ou de consommation) se sert du sondage

pour séduire et manipuler les jeunes.

et :

b) « Le sondage est donc manipulation : moi, société marchande, je

vous écoute, vous les jeunes, pour savoir ce que vous pensez.

Mais non pas afin de me connaître moi-même à travers vous :

afin de mieux vous imposer, à votre insu (…), ce que je souhaite

que vous pensiez, que vous fassiez, que vous achetiez. Pourquoi

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

95

m’écoutes-tu si bien, pourrait demander le Petit Chaperon

rouge à sa grand-mère la société marchande ; et celle-ci

répondrait : c’est pour mieux te contraindre, mon enfant. Le

Petit Chaperon rouge finit par la croire, trop tard. » (E. Barilier)

Pour mieux convaincre un jeune lecteur de la dangereuse séduction

qu’on exerce sur lui, à son insu, à travers les sondages, Etienne

Barilier (auteur suisse contemporain), au lieu d’énoncer platement

la phrase a), recourt à la figure de style de la personnification 3

: il

donne d’abord la parole à la société marchande (usant par là de

l’artifice rhétorique de la prosopopée 4), puis identifie celle-ci au

loup du conte du Petit Chaperon rouge qui, ayant avalé la grand-

mère, trompe la petite fille et finit par la dévorer.

On constatera pour finir que les recommandations pédagogiques pour l’élaboration du plan

ne recoupent pas forcément la pratique des écrivains. C’est que l’écriture – indissociable de

ce mouvement organique et de cette « couleur » propres que lui confère le style – inclut, au

delà de la rigueur logique de la pensée, un travail sur la langue et un très complexe

« tissage » des différents éléments entrant en composition dans le texte.

3

Personnification : figure qui consiste à personnifier des choses abstraites, des objets inanimés ou des

animaux, en les humanisant. 4

Prosopopée : figure (liée à la personnification) qui consiste à faire prononcer un discours à des morts, des

absents, des animaux, des objets inanimés ou des abstractions.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN THEORIE

96

tableau des principales articulations logiques

adverbes, conjonctions prépositions locutions

affirmation bien entendu, certes, sans aucun doute,

certainement

il est vrai, il est certain que,

il ne fait aucun doute que

amplification,

adjonction,

insistance

également, en outre, de plus, bien plus,

de même, de surcroît, par ailleurs, or,

(et) qui plus est, à plus forte raison,

non seulement… mais encore

surtout que, (ce) d’autant plus que,

outre que

but

pour cela, dans ce but, à cette fin,

dans cette perspective pour, afin de,

en vue de,

dans l’intention de

pour que

cause,

justification

en effet à cause de,

en raison de,

à la suite de,

au nom de

c’est que,

ceci vient du fait que,

résulte de,

découle de,

dépend de,

(pro)vient de,

procède de

parce que, car, du fait que, puisque, si,

comme, étant donné que, dès lors que,

d’autant que, du moment que, vu que

choix,

alternance,

disjonction

ou… ou, ni… ni, soit… soit,

d’une part… d’autre part

soit que… soit que

comparaison,

analogie,

équivalence

de même, de la même façon,

d’une manière approchante, c’est-à-dire,

en d’autres termes, en bref,

plus… plus

à l’instar de ce qui revient à dire que,

(nous) rappelle,

(nous) fait penser à

comme si, de même que, ainsi que,

de la même façon que,

(tout) autant que

concession,

réserve,

nuance

néanmoins, cependant, toutefois,

sans doute… (mais), certes… (mais) malgré quoiqu’il en soit,

il se peut (cependant) que,

mais il est vrai que,

(mais) reconnaissons que

bien que, encore que, quoique,

si… que, quelque…que,

même si, en dépit du fait que,

pour autant que

condition,

hypothèse

à cette condition, moyennant quoi à condition de

si, à condition que, pourvu que,

pour autant que

conséquence,

conclusion

bref, donc, ainsi (donc), dès lors,

finalement, en définitive, en somme,

enfin, d’où, c’est pourquoi, en effet,

pour cette (ces) raison(s), aussi,

par conséquent, en conséquence

assez… pour,

trop… pour

ce qui implique que,

entraîne (le fait) que,

(nous) incite à penser que,

(nous) pousse à,

(nous) amène à

de (telle) sorte que, si bien que,

si… que, au point que

énumération

(tout) d’abord, en premier lieu,

puis, après, ensuite, par la suite,

par ailleurs,

(et) enfin, pour finir, en dernier lieu

en plus de,

en sus de,

outre

commençons par,

il faut (d’abord) rappeler que,

à cela s’ajoute (encore)

objection

opposition

mais, cependant, or (au contraire),

en revanche, au contraire, à l’inverse,

à l’opposé

à ceci s’oppose le fait que

97

Notes

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

98

aide-mémoire

élaboration du plan

I. élaboration du plan-cadre

a) préalables issus de l’analyse de l’énoncé

• Quelle est la définition du thème et des principaux mots-clés de l’énoncé ?

Quelle est la reformulation exacte du propos ?

• Quelle est la démarche adoptée (herméneutique ou dialogique) ?

• Quelle formulation du problème peut-on proposer ?

b) mise au point de la problématique

• Quels sont les différents aspects du problème à traiter ?

• Quelles sont les idées directrices qui organiseront la réflexion ?

c) mise au point du plan-cadre

• Quel(s) mode(s) d’organisation logique choisit-on d’adopter pour les idées

directrices ?

(hiérarchisation ? ordonnance chronologique ? relation cause(s) – conséquence(s) ?

comparaison ? opposition ? autre(s) ?)

• Le mouvement argumentatif retenu pour l’ensemble du développement correspond-il

à l’un des différents plans types de la liste ci-dessous ?

Si ce n’est pas le cas, en constitue-t-il une variante ?

– plan « inventaire »

– plan « suggéré par l’énoncé »

– plan « problème(s) – cause(s) – solution(s) »

– plan « comparatif »

– plan « à controverse constante »

– plan « antithétique »

– plan « dialectique »

démarche

hérméneutique

démarche

dialogique

99

II. élaboration et vérification du plan détaillé

a) sélection, regroupement et classement des idées

• Quel plan détaillé peut-on proposer pour l’ensemble du développement à partir du

classement des idées ?

– Les idées retenues pour l’ensemble du développement sont-elles toutes

pertinentes ?

Entretiennent-elles bien une relation directe avec la problématique ?

– Les idées sélectionnées sont-elles judicieusement regroupées et ordonnées à

l’intérieur de chacune des grandes séquences – ou parties – du développement ?

– Les idées sélectionnées sont-elles correctement hiérarchisées à l’intérieur de

chacune des étapes – ou paragraphes – du développement ?

– A-t-on clairement établi la distinction entre les idées générales (prises de

position et arguments) et les illustrations (exemples et citations) ?

b) cohérence et progression logique

• La démonstration progresse-t-elle logiquement ?

Les idées s’enchaînent-elles de manière cohérente, sans piétinement, sans répétition,

sans contradiction, sans retour en arrière ni omission ?

• Chaque étape du développement offre-t-elle une alternance entre les idées générales et

les illustrations ?

Les exemples retenus correspondent-ils exactement aux arguments utilisés pour la

démonstration ?

c) articulation logique

• Les enchaînements entre les parties et entre les paragraphes du développement

assurent-ils la cohérence et la progression logique de l’ensemble ?

Les phrases de transition et les termes d’articulation (ou connecteurs) utilisés sont-

ils appropriés ?

• La mise en pages met-elle clairement en évidence l’organisation générale du travail ?

100

101

exercice récapitulatif

énoncé

« Envier le bonheur d’autrui, c’est folie ; on ne saurait pas s’en servir. Le bonheur ne se

veut pas tout fait, mais sur mesure. »

(A. Gide)

I. élaboration du plan-cadre

a) préalables issus de l’analyse de l’énoncé

1. Quelle est la définition du thème de l’énoncé ?

• définition lexicale du thème (le bonheur) : ..........................................................................

...................................................................................................................................................

2. Quelle est la définition des principaux mots-clés de l’énoncé ?

• « envier » : ........….......................................................................................................

• « autrui » : ........….......................................................................................................

• « c’est folie » : ........….......................................................................................................

• « tout fait » : ........….......................................................................................................

• « sur mesure » : ........….......................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

102

3. Quelle est la reformulation exacte du propos ?

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

4. Par rapport à la démarche adoptée, quelle formulation du problème peut-on

proposer ?

� démarche herméneutique

formulation du problème : .......................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

� démarche dialogique

formulation du problème : .......................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

b) mise au point d’une problématique possible

5. Quels sont les différents aspects du problème à traiter ?

� démarche herméneutique (deux ou trois aspects)

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

� démarche dialogique (deux ou trois aspects)

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

103

6. En vous fondant sur la liste des idées proposées ci-dessous (pp.104-106),

choisissez, à partir des aspects retenus, les idées directrices qui organiseront la

réflexion.

� démarche herméneutique (deux ou trois idées directrices)

♦ idée directrice I : n° ........

♦ idée directrice II : n° ........

♦ idée directrice III : n° ........

� démarche dialogique (deux ou trois idées directrices)

♦ idée directrice I : n° ........

♦ idée directrice II : n° ........

♦ idée directrice III : n° ........

c) mise au point du plan-cadre

7. Quel type d’organisation logique choisit-on d’adopter pour les idées directrices ?

� démarche herméneutique

type d’organisation logique :

...................................................................................................................................................

� démarche dialogique

type d’organisation logique :

...................................................................................................................................................

8. Le mouvement argumentatif retenu pour l’ensemble du développement corres-

pond-il à l’un des différents plans types (ou en constitue-t-il une variante) ?

� démarche herméneutique

mouvement argumentatif / plan type :

...................................................................................................................................................

� démarche dialogique

mouvement argumentatif / plan type :

...................................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

104

II. élaboration du plan détaillé

somme d’idées accumulées en vrac :

(source : cf. brochure II, exercice récapitulatif)

1. La façon de concevoir le bonheur variera en fonction de la personnalité de chacun.

2. Le bonheur, qui consiste avant tout en une satisfaction d’ordre psychologique, ne peut pas se voir

instrumentalisé (c’est-à-dire réduit à l’état d’objet dont on pourrait faire un usage).

3. Le bonheur, qui se définit comme « l’état de la conscience pleinement satisfaite », est avant tout un état

d’ordre psychologique, subjectif, et donc strictement individuel.

4. Quelles que soient les circonstances de sa vie, ou presque, notre bonheur est tributaire de ce que nous

sommes et de ce que nous pouvons tirer de nos expériences.

5. Pouvoir accéder au bonheur sans que soient satisfaits nos besoins fondamentaux paraît difficilement

concevable.

6. La sagesse et la paix de l’âme tant vantées par les religions et les philosophies constitueront pour les uns

la clé du bonheur et de l’équilibre, alors que les autres ne verront qu’ennui dans une vie dénuée de folie,

de mouvement et de passion.

7. Alors que pour l’égoïste, le bonheur auquel il vise consiste avant tout en la satisfaction de ses désirs ou de

sa réussite propres, pour l’altruiste, au contraire, il n’est pas de bonheur possible sans amour de l’autre ni

partage avec autrui.

8. Rousseau montre dans ses Confessions que la mort de sa mère, à sa naissance, et la privation d’amour

maternel qui s’ensuivit ont déterminé son destin, le culpabilisant et lui faisant rechercher dans d’autres

femmes cette « maman » perdue.

9. Selon Freud, l’inventeur de la psychanalyse (qui vise elle-même à une meilleure connaissance et à une

meilleure acceptation de soi), c’est ce que nous avons refoulé dans notre inconscient qui nous empêche de

bien fonctionner et de nous sentir heureux, en nous trompant sur nos véritables désirs.

10. Pour le croyant, le seul vrai bonheur est en Dieu.

11. Jalouser le bonheur de quelqu’un d’autre est un non-sens et ne peut que nous rendre malheureux.

12. En littérature, on constate que c’est le XVIIIème

siècle qui met pour la première fois le bonheur à la mode.

13. La musique peut constituer une thérapie efficace pour apaiser les angoisses, et contribuer ainsi au bonheur

humain.

14. La réussite d’un autre peut m’inciter à lui ressembler, à trouver en moi l’énergie et la volonté de parvenir

au bonheur que je vise et que je pensais ne jamais pouvoir atteindre – tout en tenant compte de mes

propres forces, de mes possibilités et de mes limites.

15. Epicurisme et stoïcisme sont deux philosophies antiques distinctes qu’on a pris l’habitude d’opposer, mais

qui, de manières différentes, visent l’une et l’autre le bonheur.

16. (évocation d’une expérience personnelle) Quant à moi, qui suis réfugié(e) et qui ai dû tout laisser derrière

moi en quittant mon pays, où la guerre m’a aussi privé(e) de nombreux proches et amis, j’ai compris que

le vrai bonheur ne tient pas aux biens matériels, mais consiste à pouvoir jouir de la présence des êtres qui

nous sont chers.

17. Le bonheur se concevra souvent de manière différente suivant la culture à laquelle on appartient, chaque

civilisation supposant un système de valeurs qui lui est propre.

18. Le climat affectif dans lequel nous avons baigné durant notre enfance peut avoir influencé notre capacité

future à être heureux.

20. Avoir traversé le malheur peut dans certains cas nous avoir révélé à nous-même des forces que nous

ignorions, et nous permettre ensuite de jouir plus profondément du bonheur retrouvé.

21. Certains êtres ne trouveront le bonheur que dans une activité ou une distraction permanentes; d’autres au

contraire ne trouveront l’équilibre que dans le repos, ou le repli sur soi.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

105

22. Le bonheur peut être lié à la jouissance de certains biens matériels, mais ne saurait en dépendre

exclusivement, car il s’agit surtout d’un bien-être intérieur.

23. (témoignage d’une artiste) Mon bonheur, je le trouve dans la création, puis dans le don de cette création à

autrui.

24. La jalousie ronge le cœur de l’envieux et risque de le détruire lui-même.

25. Certaines circonstances tragiques de la vie sociale peuvent entraver, voire interdire l’accès au bonheur.

26. Envier le bonheur de quelqu’un d’autre est l’expression d’une insatisfaction fondamentale (et qui peut

même se révéler pathologique) de l’individu.

27. Certaines femmes se réaliseront pleinement à l’intérieur du cercle familial, en élevant leurs enfants, en se

consacrant à leurs proches et à leur vie de couple; d’autres trouveront leur équilibre en faisant carrière;

d’autres encore en cherchant à concilier les deux choses; et d’autres en se dévouant totalement à une cause

ou à une vocation artistique ou humanitaire par exemple.

28. « Qui est heureux ? L’homme bien portant, riche et instruit. » (Thalès de Milet)

29. Un même type d’expériences peut procurer à l’un un sentiment de bonheur, et à l’autre du déplaisir.

30. Bien plus que susciter notre jalousie, le bonheur d’autrui devrait nous servir d’encouragement, de

stimulant.

31. Il existe tout de même un certain nombre de composantes « objectives » du bonheur qu’on peut considérer

comme universelles, c’est-à-dire valables pour tous les êtres humains, quels que soient leur sexe, leur âge

ou leur origine.

32. « Le bonheur est à notre foyer, ne le cherchez pas dans le jardin des étrangers. » (D. W. Jerrold)

33. Pour tous, le bonheur se verra objectivement facilité par une enfance heureuse, des circonstances de vie

sociale favorables, un revenu décent permettant de subvenir à ses besoins et par un certain nombre de

privilèges tels que la liberté, la jouissance d’une bonne santé, ou celle d’un entourage aimant,

compréhensif et stimulant.

34. « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. » (J. de La Fontaine)

35. « Ce n’est pas notre condition, c’est la trempe de notre âme qui nous rend heureux. » (Voltaire)

36. « Le bonheur est en soi. » (Boèce)

37. « Il est difficile de trouver le bonheur en nous, et impossible de le trouver ailleurs. » (Chamfort)

38. Le bonheur est presque impossible à atteindre.

39. Dans les pays riches également, il y a un fossé entre riches et pauvres.

40. (évocation d’une expérience personnelle) Quoique mon frère et moi nous ressemblions beaucoup et ayons

eu la même enfance, nous réagissons dans certains cas de manière diamétralement opposée aux mêmes

choses : ainsi, se promener en montagne suscite toujours en moi un sensation heureuse d’allégement, de

libération, alors que lui, même quand le décor est grandiose, déteste ces randonnées.

41. Quelqu’un qui a objectivement « tout pour être heureux » peut très bien éprouver un sentiment

d’insatisfaction profonde.

42. Le bonheur renvoie pour l’essentiel à des composantes strictement individuelles.

43. Reconnaissons que celui qui est né en Europe, dans une famille aisée, a objectivement plus de chances de

bonheur que celui qui naît dans une famille misérable d’un bidonville de Lima !

44. « Le bonheur est à ceux qui se suffisent à eux-mêmes. » (Aristote)

45. Qui dispose d’un corps robuste et jouit d’une bonne santé a plus de raisons de susciter l’envie que celui

qui se retrouve handicapé par un accident.

46. Il ne faut pas faire du bonheur le but de sa vie.

47. Certains biens, comme la jouissance de la liberté, du savoir, ou d’une bonne santé physique, sont

unanimement reconnus comme des conditions favorisant le bonheur.

48. (évocation de l’expérience d’un proche) L’un de mes amis vit dans une grande maison avec piscine et

jardin, et ses parents viennent même de lui offrir une superbe voiture; mais il m’a avoué que rien de tout

cela ne lui suffit, qu’il ne se sent pas heureux et ne sait pas pourquoi il vit.

49. Certains ne pourront imaginer vivre en dehors de la société ; d’autres n’aspireront qu’à la fuir.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

106

50. En dépit de son malheur, celui qui a tout perdu pourra retrouver le bonheur s’il ne perd pas l’espoir et fait

preuve de force et de courage.

51. Hommes et femmes, jeunes et adultes peuvent différer quant à leur conception du bonheur; mais ces

différences peuvent tout aussi bien aussi exister d’un homme ou d’une femme à l’autre.

52. Le bonheur, état intérieur d’équilibre et d’harmonie, peut aussi dépendre de certains facteurs extérieurs ou

de certaines circonstances de la vie qui varient d’un être – ou d’un groupe – humain à l’autre.

53. Dans Le Misanthrope de Molière, le couple que forment Alceste et Célimène ne saurait aller que vers

l’échec, car leurs conceptions du bonheur sont opposées : elle ne peut s’imaginer vivre hors du jeu de la

vie mondaine et des distractions qu’offre la Cour, et lui (nettement plus âgé qu’elle) ne souhaite que se

retirer dans la solitude et « fuir le genre humain ».

54. Le contexte géographique et social dans lequel nous avons grandi peut avoir des répercussions sur notre

conception du bonheur.

55. Si certaines conditions du développement affectif ne sont pas remplies, l’enfant peut encourir le risque

d’un déséquilibre mental.

56. On se fera une autre idée du bonheur suivant qu’on est né dans un milieu croyant ou athée, et dans un

milieu chrétien, juif, musulman ou hindouiste, par exemple.

57. La guerre, la persécution, l’exode, la détention ou la torture de parents proches peuvent avoir sur les

individus des influences catastrophiques.

58. « Presque tous les malheurs de la vie viennent des fausses idées que nous avons sur ce qui nous arrive. »

(Stendhal)

59. (évocation de l’expérience de proches) : Grâce à l’aide d’amis qui avaient passé par la même épreuve, et

d’une psychotérapie qui les a aidés à mieux se connaître, mes parents ont réussi à retrouver l’entente qui

avait disparu dans leur couple, et leur amour en est sorti renforcé.

60. Il arrive que des expériences de vie traumatisantes nous ouvrent à un niveau plus profond de réalité; mais

elles peuvent aussi nous blesser au point de nous détourner de tout bonheur.

61. Les recherches ont prouvé que les six premières années de vie sont décisives et constituent pratiquement

la base de tout l’équilibre futur : une carence d’amour, à ce stade, peut avoir des effets destructeurs.

62. « Le bonheur n’est ni hors de nous, ni dans nous : il est en Dieu, et hors et dans nous. » (Bl. Pascal)

63. Contrairement à la mentalité occidentale de plus en plus individualiste, la mentalité africaine a impliqué

jusqu’à aujourd’hui une conception très communautaire de la vie en société, pour laquelle se retrouver à

l’écart ou bien réduit à soi-même équivaut au malheur.

64. La notion de bonheur ne peut pas être dissociée de l’évolution historique des idées : car on n’a ni défini ni

recherché le bonheur de la même manière suivant les époques.

65. L’écrivain Albert Camus estime que le fait d’être né en Algérie, dans un milieu pauvre, et au bord de la

mer, a eu une influence décisive sur son rapport au monde.

66. Disposer du minimum vital pour manger, se loger et se vêtir constitue pour la majorité des êtres humains

une condition du bonheur.

67. Le bonheur renvoie objectivement à un certain nombre de composantes qu’on peut qualifier

d’universelles.

68. Envier le bonheur d’autrui n’est pas toujours dénué de fondement, car on peut considérer que certaines

composantes du bonheur sont universelles. Mais chacun reste fondamentalement responsable de son

propre bonheur, qui n’est absolument comparable à celui d’aucun autre.

69. Le bonheur, état subjectif, émane en grande partie de la capacité qu’a l’individu de se connaître et de

s’accepter tel qu’il est, sans se mentir sur la réalité de ses véritables désirs, de ses possibilités et de ses

limites.

70. Tant que la femme n’aura pas, partout dans le monde, obtenu d’être traitée comme l’égale de l’homme

(sur le plan de l’instruction, du salaire, de la liberté et de l’autonomie, etc.), elle aura de quoi jalouser les

privilèges de ce dernier.

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

107

9. Quel plan détaillé peut-on proposer pour l’ensemble du développement à partir du

classement des idées ?

énoncé

« Envier le bonheur d’autrui, c’est folie ; on ne saurait pas s’en servir. Le bonheur ne se

veut pas tout fait, mais sur mesure. »

(A. Gide)

idées non retenues (non pertinentes pour cette problématique, ou redondantes) :

n° ............................................................................................................................................

choix et classement des idées :

���� DÉMARCHE HERMÉNEUTIQUE

♦ idée directrice I (à recopier) :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

♣ idée principale 1 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

108

♣ idée principale 2 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♣ idée principale 3 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♦ idée directrice II (à recopier) :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

♣ idée principale 1 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

109

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♣ idée principale 2 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♣ idée principale 3 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♦ idée directrice III (à recopier) :

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

...................................................................................................................................................

SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

110

♣ idée principale 1 (à recopier) :

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

..............................................................................................................................................

• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

.......................................................................................................................

.......................................................................................................................

♣ idée principale 2 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♣ idée principale 3 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

111

���� DÉMARCHE DIALOGIQUE

♦ idée directrice I (à recopier) :

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♣ idée principale 1 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♣ idée principale 2 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

112

♣ idée principale 3 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♦ idée directrice II (à recopier) :

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♣ idée principale 1 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♦ idée directrice III (à recopier) :

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SEQUENCE N° 3 : ELABORATION DU PLAN EX. RECAPITULATIF

113

♣ idée principale 1 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♣ idée principale 2 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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♣ idée principale 3 (à recopier) :

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• arguments, exemples, citations (numéros dans l’ordre choisi) :

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114

Notes

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115

Notes

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116

Notes

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Ce projet pédagogique a été réalisé sous la conduite du secteur ressources et

développement, du service enseignement et formation.

Les auteurs de ce travail sont:

Sylviane Dupuis et Daniel Grossen.

Ils tiennent à adresser leurs chaleureux remerciements à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont soutenu leur projet ou participé à sa réalisation :

M. Jacques Fleury, ancien directeur du collège Calvin ;

les anciens responsables du service ressources et développement de l'enseignement secondaire postobligatoire, en particulier Mme Jacqueline Jaccard, MM. François Bugniet, Jean-Michel Bugnion et Laurent Badoud ;

M. Robert Yessouroun, qui nous a fait bénéficier de ses propres recherches et de ses remarques critiques tout au long de l'élaboration de ce matériel ;

Mme Marie-Claire Brianti, qui a collaboré à notre première année de recherche ;

M. Didier Wild, qui a procédé à la mise en pages définitive de cette brochure et en a conçu la couverture ;

Mme Katarina Grossen, pour l'aide apportée à la saisie

du texte ; M. Pierre-Yves Jetzer, auteur des illustrations;

et tous les collègues qui ont bien voulu tester ce matériel et nous faire part de leurs

observations comme de leurs encouragements.

Ce document est publié par le DIP Genève sous licence Creative Commons

-utilisation sans modification autorisée sous conditions.

Département de l'instruction publique, de la culture et du sport

Enseignement secondaire II

Direction générale

Service Enseignement et formation

Chemin de l'Echo 5A – 1213 Onex

Tél. +41 (0)22 388 69 95 • Fax +41 (0)22 388 69 98 • http://edu.ge.ch/sefpo