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Carnet de voyage : Découverte des Carpates roumaines Stage : biodiversité et écologie de montagne Juillet 2016 Alice Dauvrin, Emilie Séleck & Adrien Marquet

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Carnet de voyage : Découverte des Carpates roumaines

Stage : biodiversité et écologie de montagne Juillet 2016

Alice Dauvrin, Emilie Séleck & Adrien Marquet

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ..................................................................................................................... 3

PREMIÈRE ÉTAPE : LA RÉGION DE SASCHIZ ET DU TARNAVA MARE .................... 3

4 juillet 2016 ........................................................................................................................................................... 3 La forêt de Breite ............................................................................................................................................... 3 Les pelouses calcaires de Vanatori-Est - Livada poieninor ................................................................................ 5 Les pelouses calcaires de Mihai viterazu ........................................................................................................... 6

5 juillet 2016 ........................................................................................................................................................... 7 Les pelouses calcaires de Vanatori-Ouest - Deatul Dealul Furcilor ................................................................... 7 La bergerie d'Archita .......................................................................................................................................... 8 Rencontre avec un agriculteur - méthodes de fauche ......................................................................................... 9 Affût aux animaux à Saschiz ............................................................................................................................ 11

6 juillet 2016 ......................................................................................................................................................... 11 La pelouse steppique de Viscri ......................................................................................................................... 11

DEUXIÈME ÉTAPE : LA RÉGION DE MIERCUREA-CIUC ............................................. 12

7 juillet 2016 ......................................................................................................................................................... 12 Présentation des prairies de fauche par l'association du Pogány-Havas ........................................................... 12 Rencontre avec un boulanger - fromager ......................................................................................................... 13 Rencontre avec un fermier traditionnel à Ghimes ............................................................................................ 14 Visite d'une fromagerie .................................................................................................................................... 15

8 juillet 2016 ......................................................................................................................................................... 17 Inventaire dans les prairies sub-montagnardes de la passe de Ghimes ............................................................. 17 Visite d'une zone humide autour de l’église St. John ....................................................................................... 18

9 juillet 2016 ......................................................................................................................................................... 19 Wolf Life Project .............................................................................................................................................. 19

TROISIÈME ÉTAPE : LA RÉGION DU PIATRA CRAIULUI ............................................ 21

11 juillet 2016 ....................................................................................................................................................... 21 Le Parc National de Piatra Craiului .................................................................................................................. 21

12 juillet 2016 ....................................................................................................................................................... 22 La forêt primaire de Şinca Nouă ...................................................................................................................... 22

13 juillet 2016 ....................................................................................................................................................... 25 L'écotourisme à Moieciu de Sus ....................................................................................................................... 25 Le cron de Moieciu de Sus ............................................................................................................................... 27 L'affut aux ours dans la forêt de Şinca Nouă .................................................................................................... 27

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 30

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Introduction Dans le cadre du Master en Biologie de la Conservation : Biodiversité et Gestion, nous avons effectué un stage d’écologie alpine dans les Carpates roumaines, organisé du 3 au 15 juillet 2016. Notre voyage était organisé autour de deux thématiques : l’avenir des pratiques traditionnelles en Roumanie et les grands carnivores. Pour s’intéresser à ces questions, nous sommes allés à la rencontre d’acteurs locaux. Nous avons visité trois régions des Carpates : la région de Saschiz, la région de Miercurea-Ciuc et la région de Piatra Craiului, nous permettant de découvrir différents étages de végétation. Ainsi, en plus de discuter des pratiques traditionnelles, nous avons pu nous intéresser à la flore de ces sites de haute valeur biologique, notamment au travers de la réalisation d’inventaires botaniques. Nos découvertes effectuées lors de ce séjour sont décrites et commentées dans ce carnet de voyage. Première étape : la région de Saschiz et du Tarnava Mare En Roumanie, 17% du territoire est en Natura 2000 et lors de cette première étape, tous les sites visités se trouvaient dans le site Natura 2000 du Tarnava Mare. Il s’agit du plus grand site de Roumanie en dehors des montagnes des Carpates, qui est également reconnu comme site d'intérêt communautaire (SIC). L'activité agricole très développée de ce site lui confère des propriétés paysagères et écologiques remarquables (Jones et al. 2010). Nous nous sommes intéressés aux prairies, les problématiques principales de ces milieux étant le surpâturage et l'abandon des pratiques agricoles traditionnelles. La question que l'on se pose est de savoir si ce type de milieu peut se maintenir sans l'intervention de l'homme, s’il existe un phénomène naturel qui peut assurer sa présence. 4 juillet 2016 La forêt de Breite Ce site, globalement en bon état de conservation, correspond à un pré-bois, c'est-à-dire un habitat caractérisé par l'ouverture d'un milieu forestier. On y retrouve des zones à hydrométrie variable, dues à la présence de micro-reliefs. La présence de nombreux chênes éparpillés dans le site offre des refuges de choix pour plusieurs espèces d'oiseaux comme le pic vert et le grand corbeau (figure 1). De plus, la mosaïque "forêt-zone ouverte" permet aux rapaces de trouver de bons sites de chasses à proximité de leurs sites de nidification, à l'image de la bondrée apivore que nous avons pu observer.

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La structure de ce milieu majoritairement ouvert est assurée par les chênes, évoqués précédemment, caractérisés par une différence morphologique entre les plus vieux individus ayant poussé en compétition avec d'autres, et ceux qui ont grandi alors que le milieu était déjà ouvert, leur conférant une couronne plus large avec de nombreuses branches latérales.

D'origine semi-naturelle, ce site doit son existence à certaines pratiques agricoles telles que le pâturage extensif ou le fauchage ayant permis l'ouverture du milieu. Si la fauche a graduellement diminué jusqu'à disparaître dans ce site, le pâturage, autrefois assuré par des races bovines et des cochons, a été graduellement supplanté par le pâturage d'ovins, comme nous avons pu nous en rendre compte par la présence d'un troupeau de mouton (fig. 2). Nous avons également relevé l'absence de jeunes pousses de chênes probablement liée à ces activités de pâturage. Ces pratiques traditionnelles appliquées encore aujourd'hui dans les pré-bois du sud de la Transylvanie correspondent aux pratiques généralement observées dans d'autres régions. Si ces pratiques traditionnelles disparaissent progressivement, il est tout de même important de signaler que seulement 5% des pré-bois dans la région de Tarnava Mare manquent de pâturage, ce qui peut être un signe d'un intérêt toujours existant pour ce type d'habitat (Öllerer 2014). Bien que les pré-bois ne soient pas légalement reconnus pour leur rôle clé d'un point de vue écologique, on retrouve tout de même plus de la moitié des pré-bois de cette région au sein du réseau Natura 2000 (fig. 3).

Fig. 1 : Chênes au milieu du pré-bois de la forêt de Breite.

Fig. 2 : Berger et ses moutons.

Fig. 3 : Pré-bois (en vert) au sein du site Natura 2000 du Tarnava-Mare.

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Afin de préserver ces milieux, il est plus intéressant économiquement de conserver ces pratiques que de mettre en place des mesures de conservation couteuses des habitats et des espèces. Par exemple, en Belgique, nous avons perdu ces milieux et les restaurer demande beaucoup d'argent, notamment dans le cadre des projets Life. Tant que ces pratiques agricoles traditionnelles restent viables, les populations locales manifestent leur volonté de les conserver. En plus des raisons économiques, l'abandon des pratiques peut être lié à des ruptures sociales récentes à l'image de l'émigration des saxons après la deuxième guerre mondiale. Enfin, ces pratiques semblent être la cause du maintien de ces milieux ouverts. Les phénomènes naturels qui pourraient participer au maintien de ce type de milieux sont le feu, les tempêtes, et le broutage par la grande faune, mais ceux-ci ne sont probablement pas suffisants pour conserver l’ouverture des milieux. Nous sommes donc confrontés à des milieux semi-naturels, mais riches en biodiversité. Les pelouses calcaires de Vanatori-Est - Livada poieninor D'un point de vue phytosociologique, les pelouses calcaires de Vanatori-Est correspondent à une association végétale de type Festuco-brometalia. Elles ne présentent pas de traces de fauchage ni de pâturage mais semblent avoir été cultivées par le passé comme en témoigne les possibles traces de terrasses observées (fig. 4).

Un gradient hydrique peut-être observé, ainsi qu’une double exposition nord et sud de la butte. Accompagnés de plusieurs enfants roms, c'est sur ce site que nous avons effectué notre premier relevé floristique, dont le détail est disponible en annexes avec les relevés des autres sites étudiés. Nous avons relevé un total de 42 espèces.

Fig. 4 : Pelouses de Vanatori-Est, avec les possibles traces de terrasses.

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Parmi les espèces observées, nous pouvons citer notamment Allium scorodoprasum, Linum flavum et hirsutum, Rhinanthus rumelicus, Veronica spicata, Anthericum ramosum, Centaurea scabiosa, Aster amellus,… (fig. 5)

Les pelouses calcaires de Mihai viterazu

En quête d'une prairie à stipes, nous avons traversé cette pelouse surpâturée par les moutons (fig. 6). Si nous n'avons pas eu l'occasion de tomber sur le milieu recherché, une espèce a tout de même attiré notre attention : l'argousier, Hippophaë rhamnoides, une espèce arbustive originaire de l'Himalaya. Cette espèce s'est adaptée à des biotopes très différents, allant des écosystèmes côtiers aux montagnards. Elle développe notamment un système racinaire étendu pour capter les eaux

souterraines, ces racines étant également pourvues de nodosités capables d’accueillir des bactéries fixatrices d’azote (www.wikipedia.org - Argousier). Nous avons également observé la seule espèce de sureau, Sambucus ebulus, qui ne présente pas de forme arborescente.

Fig. 5 : Allium scorodoprasum, Veronica spicata, Anthericum ramosum et Aster amellus.

Fig. 6 : Pelouses de Mihai viterazu.

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5 juillet 2016 Les pelouses calcaires de Vanatori-Ouest - Deatul Dealul Furcilor Ces prairies sont semblables à celles de Vanatori-Est. Dans le relevé de Vanatori-Ouest, nous avons 54 espèces, dont 36 sont communes avec Vanatori-Est. Dans les espèces observées pour la première fois, nous avons par exemple Eryngium planum, Loncomelos brevistylus et Melampyrum cristatum (fig. 7).

En outre, on observe sur ce site deux scénarios de dégradation : l'envahissement par une invasive, le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), et la présence d'espèces non caractéristiques introduites suite à un semis de trèfle blanc, de houlque laineuse et de fétuque. L'importance des micro-reliefs a également été observée de par la présence d'une zone plus humide permettant l'implantation d'autres végétaux comme Filipendula vulgaris, mais

également d'une espèce d'amphibien rarissime en Belgique, le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) (fig. 8). Celui-ci semble profiter de la moindre ornière ennoyée qu’il rencontre. Le paysage ouvert parsemé de bosquets, couplé à la présence de plus grands arbres le long du petit cours d'eau, constitue un milieu d'accueil optimal pour de nombreuses espèces d'oiseaux comme le loriot jaune, la pie grièche écorcheur, le guêpier d'Europe et la tourterelle des bois.

Fig. 7 : Eryngium planum, Loncomelos brevistylus et Melampyrum cristatum.

Fig. 8 : Sonneurs à ventre jaune.

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La bergerie d'Archita La bergerie est gérée par une famille qui en plus de s'occuper de leurs moutons, prend en charge ceux des autres villageois (fig. 9). En effet, ceux qui n'ont pas (assez) de terres peuvent monnayer la prise en charge de leurs troupeaux sur ces terrains appartenant en partie à la famille de bergers et à la municipalité. Pendant l'hiver, chaque propriétaire reprend ses moutons chez lui et les nourrit avec du tourteau. Selon les parcelles, ils ont des primes du gouvernement roumain. D'après les bergers rencontrés, ce type d'activité a subi une évolution récente au cours des 20 dernières années durant lesquelles les cheptels se sont agrandis tout en étant gérés par de moins en moins de bergers, ne changeant donc pas drastiquement le nombre d'ovins pâturant les milieux de la région. Cependant, ceci peut, du fait d'une mauvaise gestion, conduire à du surpâturage. L'activité principale de la bergerie consiste en la production de lait et dans une moindre mesure la vente de la laine, notamment pour l'isolation des toitures, mais aussi de certains moutons pour leur viande. Une partie du lait est utilisé pour la production de fromages vendus

localement. Les produits ne sont pas commercialisés dans les magasins, pour des raisons sanitaires (fig. 10). L'AFSCA local n'a pas de règle en ce qui concerne les produits locaux. Les produits laitiers en particulier peuvent rapidement devenir toxiques, surtout auprès des enfants. Le reste du lait est vendu à un tarif approximatif de 0.50€/L à une fabrique de fromages, située dans la plus grande ville de la région. Ce fromage est quant à lui exporté à l’étranger, jusqu'en Grèce.

Notons que le berger fait appel à un vétérinaire qui administre régulièrement des médicaments, qui peuvent s'avérer toxiques pour l'environnement. Cela soulève un problème pour la qualité du milieu, qui est pourtant si riche en biodiversité.

Fig. 9 : Traite des moutons par les membres de la famille.

Fig. 10 : Atelier de fabrication du fromage.

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Rencontre avec un agriculteur - méthodes de fauche Afin d'en savoir plus sur les pratiques de fauche, nous avons rencontré un agriculteur alors qu'il la pratiquait sur ses terres. La fauche est effectuée deux fois par an (juillet et septembre-octobre) et se déroule en plusieurs étapes : la coupe, ou la fauche à proprement parler, effectuée en deux jours, selon la taille de la

parcelle ; le séchage, où la végétation est laissée sur la parcelle pendant un ou deux jours, en étant

retournée à mi-temps pour permettre que l'entièreté du foin soit sec ; la formation de lignes ou andains qui sont ensuite rassemblées en meules ; le transport du foin avec une charrette jusqu'à la propriété, où il sera stocké à l'abri (fig. 11).

Les produits de la fauche sont utilisés pour nourrir les animaux de la famille pendant l'hiver. Après avoir enlevé les produits de fauche, ils étalent du fumier avant l'hiver. Cela leur permet d'évacuer le fumier de la ferme. Il est à noter que généralement, l'épandage est interdit à l'approche des périodes hivernales de gel, pouvant entrainer l'écoulement de la matière organique vers les cours d'eau (sols gelés imperméables).

Ce fermier est propriétaire de son terrain, et il possède d'autres petites parcelles. Chaque petit morceau de terre, dans le paysage, appartient à quelqu'un. Certains propriétaires possèdent des terres mais pas d'animaux, donc ils louent leurs terrains. Pour démarrer une exploitation agricole, le gouvernement fournit une aide. De plus, il donne de l'argent chaque année en fonction de la taille de la végétation et des espèces qui y poussent. Le gouvernement encourage l'agriculture, en fournissant des aides pour le matériel, le fonctionnement,... Il existe aussi un groupe d'action local (GAL) qui sollicite le gouvernement. Depuis 3 ans, le maire offre son aide. Seulement, malgré qu'il y ait de l'argent pour financer ce type de projet, les gens n'ont plus nécessairement envie de faire ça. Si on était en Belgique, cet endroit serait classé en "Réserve Natagora", avec le même type de gestion. En se référant aux règles belges en termes de conservation, tout le pays devrait être en Natura 2000, sauf Bucarest. En Belgique, ce genre de ferme a disparu depuis 50 ans. Or, ces pratiques permettent le maintien de ce paysage, avec les espèces associées. En Europe de l'ouest, on en arrive à réutiliser ces pratiques pour conserver ces espèces et ces biotopes, comme par exemple dans le projet LIFE Hélianthème, utilisant des pratiques de fauche et du pâturage par des moutons pour restaurer et gérer des pelouses calcaires (Degrave 2014). Le problème de l'utilisation d'animaux est qu'il faut s'en occuper tous les jours. En Roumanie, il n'y a pas de clôture pour les animaux car il y a toujours quelqu'un pour les surveiller. Des chiens assurent également une protection contre les animaux sauvages.

Fig. 11 : Meules de foin et charrette de transport.

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Suite à notre première étape, plusieurs questions peuvent être soulevées. Tout d’abord, ce type de pratique va-t-il se maintenir et les locaux ont-ils encore envie de pratiquer ce mode de vie ? Ces deux questions sont, bien entendu, liées. Le maintien de l’agriculture traditionnelle va dépendre principalement de deux éléments : la résistance de l’agriculture au changement, c’est-à-dire le fait de ne pas passer à une agriculture industrielle consommatrice d’engrais et de produits phytosanitaires, ainsi que le choix des générations futures de pratiquer ce mode de vie (comme le soulève la deuxième question). Tout d’abord, il faut prendre en considération le bénéfice que ce type de pratique apporte. Premièrement, d’un point de vue financier, l’agriculture traditionnelle ne permet que de subvenir aux besoins journaliers en nourriture avec relativement peu de surplus, donc peu de bénéfice. Pour exemple, le dernier fermier rencontré possédait également un autre travail à la fabrique de confitures. Bien que le minimum vital soit assuré, ces faibles bénéfices ne motivent pas les potentiels futurs agriculteurs qui risquent de privilégier une agriculture plus rentable. Heureusement, le gouvernement et les municipalités tendent à apporter de plus en plus fréquemment des subsides pour ce type de pratique. Néanmoins, les agriculteurs et bergers rencontrés semblent dire que ceux-ci ne sont pas suffisants. Ensuite, d’un point de vue environnemental, cette pratique offre une biodiversité inégalée en Europe. Cependant, les locaux ne sont pas conscients de ce patrimoine. A l’heure actuelle, ce type d’agriculture ne doit sa survie qu’au faible taux d’occidentalisation ayant lieu en Roumanie. La deuxième question que l’on pourrait se poser est : est-ce que ces produits ont un avenir et vont-ils être commercialisés sur le marché ? L’avenir de ces produits est relativement incertain. En effet, lors de notre séjour, notre hôte nous a gratifiés, lors des repas, à la fois de produits locaux mais aussi de produits issus de multinationales. Les nouveaux supermarchés, tels que Lidl, ne vendent pas de produits roumains. Certains, comme Kaufland, se vantent de le faire, mais ce ne sont pas des produits de bonne qualité. Ceci nous montre la précarité de ces produits. Elle ne dépend plus que du choix de chaque roumain dans sa consommation. De plus, l’agriculture traditionnelle, comme dit plus haut, ne développe que peu de surplus. De ce fait, il est difficile de faire un commerce avec des produits locaux si l’offre est faible. En outre, pour l’instant ces produits sont relativement peu mis en valeur et sont de ce fait peu demandés. Enfin, si ces produits commençaient à avoir la quote au point de développer un marché de produits locaux, il serait nécessaire pour les agriculteurs de suivre des règles d’hygiène. Bien que celles-ci soient moins drastiques en Roumanie qu’en Belgique, cette réglementation induirait un surcoût que les producteurs ne seraient peut-être pas à même de supporter. Cependant, dans nos régions, ainsi qu’en Europe de l’ouest, de nombreux produits locaux typiques sont largement vendus dans les commerces. Ces produits locaux ont dû à un moment passer du stade de surplus, voir de production locale, au stade de production industrielle. Il est donc possible que les produits locaux roumains se maintiennent et se développent. Par contre, tous nos produits typiques sont associés avec des productions et une agriculture industriels, sans maintien de la biodiversité. De ce fait, il faudrait trouver un intermédiaire entre notre production industrielle de produits typiques, “de terroir”, et la production actuelle à échelle familiale des produits roumains, afin que ces derniers puissent en retirer un certain bénéfice sans impacter leurs richesses naturelles.

REFLEXION

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Affût aux animaux à Saschiz Cet affût a été organisé par le conjoint de notre hôte. Nous étions dissimulés sous un arbre au milieu d’un champ de froment. Nous avons eu l’occasion d’y voir une ourse et ses 2 oursons, ainsi qu’un sanglier. Cette soirée nous a montré la proximité entre l’homme et les grands mammifères. Nous n’avions pas prévu d’aller observer des animaux ce soir-là, et pourtant ils étaient au rendez-vous. Nous avons appris par après qu'ils étaient nourris, via un point de nourrissage placé entre la lisière de la forêt et le champ. 6 juillet 2016 La pelouse steppique de Viscri Dans les Carpates, il existe deux types de pelouses : les pelouses calcaires, avec le Festuco-brometalia, et les pelouses pannoniques à Stipa. L'endroit visité présentait les deux types de pelouses. Cette pelouse est intéressante de par son caractère steppique, avec la présence de Stipa sp. Elle est typique des pays de l'Europe de l'est. Les stipes ne supportent ni l'amendement, ni le surpâturage. La pelouse visitée avait une orientation sud - sud-ouest, avec une forte pente. On y observe une zonation : là où la pente est forte, il y a la pelouse à stipes ; là où elle devient moins forte, il y a la pelouse calcaire ; dans le bas de la pente, c'est un bas-marais, ou une roselière. On n'observe pas de trace de pâturage ni de fauche. Il n'y a pas de surcharge ni de pression agricole. La zone est concernée par le projet LIFE+ Stipa. Les quelques barrières présentes ont sûrement été placées par ce Life, et un panneau didactique donne des informations sur les deux types de pelouses présentes ainsi que sur les espèces typiques. Dans le paysage, les arbres isolés, ainsi que les saules le long des cours d'eau sont de bons refuges pour la faune, en particulier les oiseaux. En plus de Stipa sp., les espèces caractéristiques présentes sur la pelouse steppique étaient : Allium ochroleucum, Asyneuma canescens, Dictamnus albus, Echinops ritro subsp. ruthenicus et Melica ciliata (fig. 12).

Fig. 12 : Allium ochroleucum, Asyneuma canescens, Melica ciliata et Stipa sp.

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Notons aussi que contrairement aux pelouses belges, les pelouses roumaines ne sont pas liées aux milieux rocheux. Il n'y a pas de mosaïques de pelouses et de rochers, et donc peu de chances de confondre les espèces des deux habitats. Deuxième étape : la région de Miercurea-Ciuc Miercurea-Ciuc fait partie du bassin de Czik. Ce bassin est caractérisé par des marais et d'autres habitats humides, et les montagnes alentours abritent des prairies de fauche riches en espèces floristiques (Demeter et al. 2011). Il s'agit à présent de prairies de fauche de haute altitude. Lors de cette étape, nous avons continué nos inventaires dans les prairies et nos discussions avec les agriculteurs, et nous avons entamé les discussions sur les grands mammifères. 7 juillet 2016 Présentation des prairies de fauche par l'association du Pogány-Havas Un des principaux buts/projets de cette organisation est le développement rural via le travail avec des fermiers, des conservateurs et des naturalistes afin de conserver les prairies de fauche. Le conseil de la région de Harghita, les villageois, les entreprises locales ainsi que des organisations non-gouvernementales font partie de cette association. Environ 90 000 ha sont inclus dans leurs projets, situés dans un bassin montagneux, sur lesquels 23 000 habitants sont présents. Cette zone est unique pour 3 raisons principales : premièrement, on y retrouve une très grande richesse spécifique ; deuxièmement, la surface de pelouses semi-naturelles y est très grande ; et finalement, le régime de gestion consiste en une pratique agricole extensive. De plus, c'est l'unique exemple où l'homme améliore l'état naturel en augmentant la richesse du milieu. La zone bat des records, avec par exemple, autant de papillons dans une prairie qu’au Royaume-Uni, ou encore des relevés de 81 espèces de plantes par 16 m². Cependant, du fait des changements des techniques agricoles, les prairies de montagnes sont en danger. La première menace concerne la fauche traditionnelle qui est délaissée au profit du pâturage par les moutons, qui souvent se transforme en surpâturage. La raison pour laquelle les fermiers préfèrent l'élevage de moutons à la fauche est que ceci coûte moins et que les subsides sont égaux à ceux octroyés pour la fauche. De base, les moutons pâturaient sur les hauteurs alors que les zones à proximité du village étaient consacrées à la fauche. Actuellement, les moutons sont de plus en plus placés dans ces prairies (proches du village). De plus, le nombre de têtes par troupeau ayant augmenté, les moutons occupent de plus en plus d'espace et vont dans les prairies fauchées, notamment à cause d’un manque de barrières, empêchant la fauche. La deuxième menace étant l'abandon simple de ces zones. Ces deux menaces conduisent à une perte de richesse spécifique ainsi qu'à l'envahissement par la forêt. Par exemple, le pâturage cause une diminution de 25% des espèces végétales et on

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observe 4 fois moins de papillons que dans les prairies. En 2011, seulement 14% des prairies étaient fauchées, sur 35km² de prairies recensées dans la zone du Pogány-havas. Cette diminution est causée par quatre éléments principaux : la conversion en champs cultivés de manière intensive, la diminution du nombre de vaches, une concentration des vaches en certaines zones associée à une production plus intensive et l'éloignement des prairies par rapport au village, qui sont alors délaissées. Lorsque l'on compare le nombre d'espèces par mètre carré, celui-ci est plus important dans les prairies gérées (fauchées) avec environ 40 espèces par mètre carré que dans les prairies abandonnées ou pâturées, avec 31 et 30 espèces par mètre carré, respectivement. Afin de conserver la fauche traditionnelle, l'organisation tend à stimuler le marché du lait ainsi qu'à trouver de nouveaux marchés pour la fauche. Ils souhaitent également mettre en place des mesures de paiement en fonction de la valeur écologique des prairies et des mesures utilisées sur ces prairies. Ils développent aussi des formations pour les fermiers dans le but de leur apprendre à faire du fromage maturé. Celui-ci se conservant plus longtemps que le fromage frais, ils peuvent le vendre plus facilement. Ils organisent, de plus, des camps d'été pour les étrangers afin de leurs apprendre à faucher et de leur faire comprendre l'importance de cette pratique. Dans la région, deux types d'organisation du paysage ont été développés. A Csik, bien que la forêt et le pâturage appartiennent à la communauté, chaque habitant possède ses propres prairies et s'en occupent individuellement. De plus, on retrouve dans ce village un début d'industrialisation avec des systèmes de fertilisation et de mécanisation. A l'inverse, à Ghimes, tout est mis en commun et le temps de pâturage est calculé en fonction de la production de lait de leurs vaches. Tout est réglé entre les différentes familles, sans l'intervention d'une autorité. De plus, afin de gagner du temps, les familles font leur foin ensemble. Rencontre avec un boulanger - fromager

De base, cette personne était uniquement un fermier. Il a eu l'occasion de vendre ses produits traditionnels (jambon, saucisses, pain, truite) dans un marché à Bucarest. Suite au succès qu'il y a rencontré, il a décidé de commencer la production de pain de manière officielle afin de les vendre en magasin. Le boulanger emploie 17 personnes en 2 équipes tournantes, avec une production de 300 à 600

pains par jour, dans des fours chauffés au bois (fig. 13). Le pain est fabriqué à partir de farine importée de Hongrie. Sa fabrication est locale, mais pas ses ingrédients. Cela remet un peu question le produit, du moins sa valeur et son utilité dans le maintien du paysage roumain.

Fig. 13 : Cuisson des pains dans le four à bois.

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De plus, il possède 20 vaches qu'il nourrit avec du foin fauché et des graines. Grâce au lait produit, il fabrique du fromage maturé pendant 3 ans. Celui-ci se conserve mieux que le fromage non-maturé, il est donc plus facile à vendre. Rencontre avec un fermier traditionnel à Ghimes Contrairement au fermier "industriel", ce fermier ne possède que 12 vaches (pour le lait), 20 bœufs, 15 poules, ainsi que 18 ha de terres. 6 ha sont utilisés pour le pâturage et 12 ha pour les prairies de fauche. Il ne possède pas de moutons. La ferme est gérée en famille et de manière plus occasionnelle, des personnes viennent rendre service pour un peu d'argent. Les prairies de fauches se situent près de l'habitation afin de faciliter le transport du foin, alors que la pâture se trouve plus loin. Au-delà de celle-ci, on retrouve la forêt. Par contre, aucune terre arable n'est développée, la pente étant trop forte. Malgré tout, il est possible de voir des traces horizontales, témoins d'anciennes cultures de pommes de terre. Deux types de prairies sont développées : les prairies proches (inby meadows) et lointaines (outby meadows). Le fermier étend son fumier sur les premières. De ce fait, celles-ci présentent des herbes plus hautes mais avec beaucoup moins d'espèces différentes. Les autres prairies, non-enrichies, possèdent une richesse spécifique plus élevée mais une biomasse plus faible. Cette différence de traitement impacte le lait qui est plus riche, plus dense mais produit en plus faible quantité lorsque les vaches sont nourries avec du foin des prairies lointaines. Si elles sont nourries avec du foin des prairies enrichies, elles font beaucoup de lait mais il est plus "léger". Les barrières sont placées afin de protéger le bétail plutôt que pour délimiter les parcelles (fig. 14). Seuls quelques accidents occasionnels ont eu lieu avec des loups ou des ours. Les ours viennent en automne à proximité des maisons pour manger les fruits et pour l'instant, ils n'ont pas encore goûté à la viande, ce qui les rend à priori moins dangereux envers l’homme.

Fig. 14 : La ferme, avec les prairies attenantes délimitées par des barrières et en arrière-plan, une prairie en cours de fauchage

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La production en lait et en viande est faible. Il n’en vend que les surplus. Le lait est collecté par une coopérative locale mise en place il y a deux ans. Cette coopérative a été développée pour relancer la production de lait à Ghimes. Ce dernier est finalement vendu à une multinationale à Miercurea-Ciuc. En ce qui concerne la viande, 2 types de marchés sont disponibles. Premièrement, le bœuf peut être vendu vivant (les jeunes de moins de 500 kg), après quoi il sera nourri jusqu'à un certain âge. Deuxièmement, l'animal peut être apporté à un abattoir où le prix est fixé selon le poids et fluctue selon l'offre et la demande. Cependant, l'abattoir le plus proche se situe à 150 km. De ce fait, le coût de déplacement de seulement une ou deux bêtes serait plus élevé que le prix de vente de la viande. Afin de développer la vente de viande, il faudrait construire des abattoirs officiels à proximité de Ghimes, ce qui pour l'instant est encore compliqué. Une alternative serait le développement d'abattoirs mobiles. Cependant, ceux-ci nécessitent la disponibilité en eaux propres et la présence d'égouts. Une diminution du nombre de fermiers a été observée en 20 ans. Le fermier que nous avons rencontré a 3 enfants, mais il y a peu de chance qu'un de ceux-ci reprenne la ferme. De plus, il est difficile de revendre la ferme car les terrains sont trop pentus que pour passer à une culture mécanisée. Dans le village, certaines fermes ont été vendues pour en faire des maisons de vacances. A Csik, c’est un entrepreneur qui a acheté des dizaines d'hectares pour rassembler les terres afin de les cultiver. A nouveau, du fait de la pente, il est difficile d'employer des machines et il est nécessaire d'employer des fermiers pour faire le travail. Pour l'instant, aucune mesure de gestion de la nature pour préserver la biodiversité des prairies n'a été prise même si ceci tend à se développer. Malgré que plusieurs hot-spots aient été identifiés, aucun plan de gestion n'a été mis en place. Cependant, du fait de la diminution du nombre de fermiers, les associations réfléchissent de plus en plus aux mesures qu'il serait nécessaire de prendre pour préserver cette biodiversité. Pour l'instant, c’est la fauche qui est encouragée par la non-application de restriction dans le cas de présence d'espèce protégées. Des subsides européens sont octroyés pour ce type de méthode d'agriculture traditionnelle, bien que certaines parcelles ne soient pas couvertes par ces subsides, du fait d'une taille trop petite. Visite d'une fromagerie Il s'agit d'une coopérative reprenant 107 fermiers créée dans le but de permettre à ceux-ci de mieux profiter de leur production. 6 personnes y travaillent. Elle est formée de 3 associations et comporte 3 points de collecte. Une assemblée générale a lieu, ainsi qu'une plus petite chaque mois, où les fermiers et la coopérative se retrouvent. Le litre de lait est acheté à 1,1 lei aux fermiers, ce qui est nettement plus intéressant par rapport à ce qu’ils pouvaient obtenir avant. Le fromage produit est maturé (fig. 15). A partir de 3000L de lait, il est possible de produire 300 kg de fromage. De plus, ils ont passés un accord avec d'autres fabriques qui elles produisent du beurre ou d'autres produits laitiers tels que des yaourts, vendus sous une autre marque.

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Pour l'instant, les fromages sont vendus par des magasins locaux, dans la région (60 km), mais ils désirent s'étendre et cherchent donc d'autres marchés afin de pouvoir augmenter leur production. Cependant, la demande n'est, pour l'instant, pas assez importante. S’ils voulaient entreprendre l’exportation de leurs produits dans d’autres pays européens, ils auraient déjà des “bons points” au niveau de l’hygiène ; cette fromagerie pourrait être validée selon les règles de l'AFSCA, sauf exception. Si l’on se pose les mêmes questions que celles soulevées lors de la première étape, il est possible d’apporter des éléments nouveaux à nos réponses. En ce qui concerne la possibilité de commercialiser les produits locaux, il semble que ceci fonctionne relativement bien dans cette région avec comme exemple le développement d’une boulangerie et d’une fromagerie à petite échelle. Il est donc possible de vendre ce type de produit même si cela nécessite la mise en commun du lait en ce qui concerne la fromagerie. De ce fait, il est peu probable de chaque fermier puisse développer ses propres produits individuellement. Seule les “grosses” productions sont capables de développer un marché rentable. Par contre, le boulanger produit du pain de manière plus « individuelle », avec l’aide de 17 employés. Cependant, il importe de la farine de Hongrie. De ce fait, son commerce ne peut être associé au mode de vie traditionnel assurant une haute biodiversité dans les prairies. On peut donc mettre ne évidence qu’il est difficile de concilier la vente de produit locaux (nécessitant une offre suffisante liée à une exploitation agricole plus importante) et le développement de prairies à haute richesse spécifique. Par contre, la mise en place d’un marché alternatif où chaque fermier aurait la possibilité de vendre ses produits de manière ponctuelle, pourrait concilier ces deux éléments. Chaque fermier pourrait conserver son mode de production tout en ayant la possibilité de vendre les surplus à un prix intéressant. Néanmoins, ceci nécessite une organisation efficace ainsi que le maintien des prix stables, ce qui est loin d’être évident. Ensuite, en ce qui concerne le maintien de la pratique agricole traditionnelle, notre rencontre avec le fermier à Ghimes nous force à supposer qu’il est peu probable que ce mode de vie se perpétue. En effet, il a remarqué une forte diminution du nombre de fermiers et en plus, aucun de ses enfants ne désire reprendre l’exploitation. Il semble que seul une amélioration radicale dans le niveau de vie de ces fermiers, c’est-à-dire pouvoir vivre de ce métier tout en faisant un certain bénéfice, pourrait pousser les prochaines générations à travailler dur dans les champs.

Fig. 15 : Fromages produits.

REFLEXION

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Visite d'une zone humide le long du ruisseau Csorgὀ

Cet arrêt avait pour objectif d'observer le triton des Carpates, Lissotriton montandoni. Il s'agit d'une espèce de montagne endémique aux Carpates et aux montagnes Tatra en Roumanie, dans l'ouest de l'Ukraine, le sud de la Pologne, le nord de la Slovaquie et le nord-est de la Tchéquie (www.amphibiaweb.org). A défaut de l'avoir trouvé, nous avons vu une espèce d'orchidée, Epipactis palustris, ainsi que de nombreuses petites grenouilles indéterminées.

8 juillet 2016 Inventaire dans les prairies sub-montagnardes de la passe de Ghimes La journée a été consacrée à un inventaire botanique. Nous avons effectué 3 relevés, à différentes altitudes, dans les nardaies submontagnardes de la passe de Ghimes. Relevé 1 : Malgré que l'on soit sur un sol calcaire-dolomitique, à cause de l'altitude, il y a une acidification de la surface. De ce fait, on peut retrouver des espèces de zone calcaire et acide au même endroit, comme les deux espèces de Polygonatum, Polygonatum odoratum des sols calcaires et Polygonatum verticillatum des sols acides. On retrouve aussi à certains endroits des plantes rudérale telle que Rumex acetosa. Des restes de maisons y sont visibles, expliquant leur présence. Bien que les nouvelles espèces par rapport au début du stage soient nombreuses, dont certaines illustrées à la figure 17, il y a des espèces en commun avec celles des pelouses de basse altitude. Par exemple, Brachipodium pinnatum, qui est caractéristique des pelouses calcaires de chez nous. Depuis notre point de vue, on a pu observer que les fonds de vallée sont cultivés par une méthode d'assolement triennale, visible par les bandelettes de cultures différentes.

Fig. 16 : Zone humide prospectée et Epipactis palustris.

Fig. 17 : Epipactis atrorubens, Campanula glomerata, Lilium martagon et Melampyrum bihariense.

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Relevé 2 : Deux éléments principaux changent entre le sommet et cette zone : les conditions écologiques (vent, soleil, température, pente) et l'utilisation du sol. Il est fort probable qu'il y ait eu un amendement sur cette zone. Une observation intéressante est celle de Phyteuma orbiculare, qui est une plante typique de montagne, ainsi que celle du botryche lunaire, Botrychium lunaria, une petite fougère de la famille des Ophioglossaceae (fig. 18).

Relevé 3 : La graminée qui devrait permettre de caractériser cette prairie est Anthoxanthum odoratum. Elle a cependant presque disparu dans cette zone. On peut calculer la diversité bêta en comptant les espèces en commun avec les pelouses de basse altitude. Pour cela, on peut par exemple utiliser l’indice de similitude de Sorensen :

β = 2𝑐𝑐𝑆𝑆1+𝑆𝑆2

, où S1 = nombre total d’espèces enregistrées dans la première communauté, S2 = nombre total d’espèces enregistrées dans la deuxième communauté et c = nombre d’espèces communes aux deux communautés. Nous pouvons ainsi comparer les pelouses calcaires de Vanatori-est et ouest et de Viscri (S1 = 74), situées entre environ 400 et 600m d’altitude, avec les pelouses calcaires de la passe de Ghimes (S2 = 129 pour les 3 relevés mis ensemble), situées entre environ 1240 et 1300m d’altitude ; le nombre d’espèces en commun vaut 23. Donc, β = 2∗23

74+129= 0,23. Avec ce nombre relativement faible, la diversité bêta entre les deux

communautés est relativement grande, avec beaucoup d’espèces spécifiques à chaque communauté. Visite d'une zone humide autour de l’église St. John Le site visité était constitué d’un complexe de prairies de fauche, de molinion, de roselières et d’une cariçaie. Le molinion est présent dans des endroits où le niveau d’eau est fluctuant, permettant une haute diversité. Dans le molinion, la molinie est présente naturellement. Ailleurs, la molinie est envahissante et sa croissance est favorisée par le feu ou le fauchage. La seule manière de l'enlever est l'étrépage. Les graines de molinie n'ayant pas une longue

Fig. 18 : Phyteuma orbiculare et Botrychium lunaria.

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viabilité, l'étrépage permet la mise à nu d'autres graines, qui prennent alors le dessus. La présence de la bistorte témoigne d’un milieu oligotrophe. On y a également vu un oeillet qui porte bien son nom, Dianthus superbus (fig. 19).

9 juillet 2016 Wolf Life Project Ce projet Life a débuté en 2014 et finira en 2018. Il a pour but principal de planifier la conservation du loup par l'établissement d'un plan national. Le plan d'action consiste en la limitation des conflits, l’évaluation des populations et leur maintien. Il est nécessaire de récolter des données mais aussi d'évaluer les conflits avec la population locale par l'attaque du bétail. Beaucoup d'éléments, d'acteurs entrent en jeu et conditionnent le projet. Six régions ont été choisies pour évaluer la taille des populations car il est impossible de prospecter tout le pays. Néanmoins, il est nécessaire de couvrir de grandes surfaces pour avoir des données suffisantes et représentatives du loup. Par exemple en couvrant 20 km par jour, on récolte très peu de données. En Roumanie, peu de données ont déjà été récoltées car le territoire est grand et il y a peu de route en bonne état. Alors qu’en Italie, autre pays où des études sur les loups ont lieu, le territoire est plus fragmenté et plus facile d'accès. Afin d'estimer la taille des populations, des relevés sont faits par repasse, analyses génétiques (urine), caméra traps ou encore grâce aux traces. En été, il y a de plus petits groupes. Ils utilisent donc la repasse. De plus, les juvéniles hurlent plus facilement et il est donc possible de faire des analyses de fréquences pour différencier les individus. La quantification de la taille des populations ainsi que le choix de la méthode de relevé est difficile, principalement du fait de la forte fluctuation de la taille des populations au cours de l'année. On peut, par exemple, avoir une meute comportant 10 individus en été et seulement 2 en hiver (mortalité chez les jeunes, du fait de maladies ou de l’émigration). Il est de ce fait important d'en prendre conscience et de collaborer avec d’autres acteurs locaux afin de joindre les informations. Le projet Life cherche aussi à impliquer les chasseurs dans le(s) plan(s) d'action. Les chasseurs sont actifs de mars à avril et comptent les traces de loups afin de fournir une approximation de la taille des populations. Cependant cette approximation est grossière et souvent surestimée : par exemple dans une zone, les chasseurs ont évalué la population à 100 individus alors qu'il n'y en avait que 20. Ces données sont ensuite reprises sur des cartes.

Fig. 19 : Dianthus superbus.

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Le projet Life collabore avec un laboratoire de génétique à Francfort auquel ils envoient des excréments, des poils, de l'urine afin d'en extraire des informations génétiques. Le génotype individuel et le sexe sont fournis et permettent de faire la distinction entre les meutes et de déterminer les frontières de leurs territoires. Ils ont pu évaluer qu'une meute est composée au maximum de 9 à 10 individus mais que le plus souvent elle n'en contient que 2 à 4. Des analyses de

fèces sont aussi faites afin d'évaluer le régime alimentaire des loups (fig. 20). La densité des ongulés sauvages est faible mais ils sont consommés par le loup et le lynx. Les personnes du Life collectent des informations sur le lynx en même temps que pour le loup. Il semble que les loups s'attaquent faiblement au bétail et qu'ils mangent une proportion importante de chiens. Il n'y a pas encore de données concernant des hybridations entre chiens et loups. Les fermiers ne considèrent pas le loup comme un gros problème, l'occurrence des attaques étant relativement faible. Ils sont calmes face aux loups et ils ne réagissent pas violemment quand un mouton est tué, contrairement aux fermiers italiens ou français cherchant à exterminer le loup. Une personne reste constamment avec les moutons, jour et nuit, et des chiens sont présents pour aider à la surveillance (fig. 21). De plus, un programme d'élevage de chiens de bergers est en cours. Des subsides pour les dommages causés par le loup sont disponibles mais les fermiers ne les demandent pas. Par contre, les bergers craignent les ours. Les chasseurs ont placé de nombreux points de nourrissage pour les ours en forêt afin d'éviter qu'ils n'en sortent pas et s'approchent trop des villages. Par exemple, à Balatryna, beaucoup d'ours entrent dans le village car ils sont bloqués par une route et une rivière, ce qui pose problème pour la sécurité de la population. Le tourisme et l'exploitation du bois sont les deux perturbations principales qui impactent le loup. Les loups ne sont pas dérangés par les routes, qu'ils traversent sans problèmes, sauf les jeunes qui ont plus tendances à être percutés par des voitures. Les loups ne rapportent pas beaucoup d'argent aux chasseurs contrairement aux ours qui font de bons trophées.

Fig. 20 : Eléments obtenus après lavage et séchage des fèces

Fig. 21 : Chien de berger.

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Il ressort de notre rencontre que peu d’informations sont disponibles en ce qui concerne les loups. Malgré ceci, on peut supposer que leurs populations ne sont pas en danger immédiat. Tout d’abord, les forêts roumaines sont encore relativement épargnées, assurant un habitat naturel suffisamment grand que pour accueillir plusieurs meutes de loups. Ensuite, la disponibilité en nourriture est suffisante que pour qu’il y ait relativement peu d’impacts sur les cheptels. Et si un accident a lieu, les bergers affichent une réaction pragmatique et ne cherchent pas vengeance. Troisième étape : la région du Piatra Craiului Lors de cette troisième et dernière étape, nous sommes arrivés en haute montagne, dans le parc naturel du Piatra Craiului. Nous avons également été dans le parc national de Fagaraş. Il y a 28 parcs nationaux et naturels en Roumanie. Chaque parc contient une zone tampon et une zone noyau, et une zone durable où les gens peuvent vivre. Ils peuvent exploiter le bois dans des zones spécifiques du parc. 7% du pays est couvert par des parcs nationaux, 25% par des zones protégées (Natura2000). 11 juillet 2016 Le Parc National de Piatra Craiului Lors de cette journée, nous avons parcouru différents étages de végétation dans le Parc National de Piatra Craiului. Seules les activités traditionnelles sont autorisées dans ce parc, pratiquées par les membres des communautés locales uniquement ou par les propriétaires des terres, selon le plan de gestion (Pop et al. 2015). Le parc est composé de quatre zones, soumises à des régimes de gestion différents : une zone de protection stricte, une zone de protection intégrale, une zone de conservation durable et une zone de développement durable. La randonnée a débuté à l'entrée des gorges de Zarnesti, à environ 1000m d'altitude, dans le niveau submontagnard moyen. Nous avons commencé l'ascension à travers la forêt, d'abord représentée par une hêtraie, ensuite par un mélange de hêtraie et d'épicéas, puis par des épicéas. Nous y avons notamment observé une orchidée, Cephalanthera rubra (fig. 22). Le bois n'est pas exploité dans les zones strictement protégées, tandis que les autres zones sont soumises à différentes catégories de restriction. Les propriétaires privés ont fort menacé les habitats forestiers entre 2004 et 2005 jusqu’en 2007, en exploitant intensivement le bois.

REFLEXION

Fig. 22 : Cephalanthera rubra.

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Nous avons ensuite atteint le niveau submontagnard supérieur, en arrivant à la cabane de Curmătura, puis nous avons continué jusqu'à l'étage subalpin, vers 2000m d'altitude, au niveau de la crête. A cet étage, nous avons constaté la présence de nombreux plants de Pinus mugo, un conifère intéressant de par son port buissonnant. Nous avons aussi croisé dans la montée deux espèces d'œillets endémiques : Dianthus spiculifolius, endémique des Carpates, et Dianthus callizonus, endémique du massif de Piatra Craiului (fig. 23).

Lors de la descente, nous avons parcouru les gorges de Zarnesti. Cet endroit présente un phénomène intéressant, qu'est le scénario abyssal. Le froid et l'humidité des gorges entraînent la présence d'espèces habituellement présentes dans l'étage alpin, à plus de 2000m d'altitude, comme par exemple l'edelweiss, Leontopodium alpinum. 12 juillet 2016 La forêt primaire de Şinca Nouă Il existe deux types de forêts en Roumanie : la forêt primaire, où il n'y a pas du tout d'intervention humaine, et la forêt presque primaire, où 5 arbres/ha peuvent être coupés. La forêt primaire montre la forêt telle qu'elle devait être il y a 1000 ans. Des intervenants du WWF-Roumania nous ont emmenés à la découverte de la forêt primaire de Şinca Nouă. La Roumanie comporte plus de 100 000km² de forêts primaires, avec la plus grande surface de forêt primaire d'Europe. Celle visitée possède la plus grande surface, avec 5000 ha, située dans le parc national de Fagaraş. Avant de pénétrer dans la forêt primaire, il faut traverser une zone tampon. La forêt présente beaucoup de gros arbres, avec un mélange d'espèces (Fagus sylvatica, Abies alba, Picea abies principalement), ainsi que de nombreux arbres morts. Dans cette forêt se trouve le plus grand Abies alba du monde, avec une hauteur de 62m, âgé de 260 ans (fig. 24). Par contre, le plus grand n'est pas forcément le plus vieux, le plus vieil arbre ayant 400 ans. La croissance des arbres est dépendante de la lumière.

Fig. 23 : Dianthus spiculifolius et Dianthus callizonus.

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Une forêt primaire se définit comme une forêt avec des arbres d'âges différents, du bois mort, des espèces naturelles, pas de taillis et une surface minimale de 30 ha (sauf exceptions pour certains écosystèmes). Les forêts primaires sont importantes pour leur biodiversité, leur capacité d'adaptation en cas de changement climatique, les informations qu'elles fournissent sur le fonctionnement d'une forêt, sur comment une forêt grandit. Le bois mort est présent à raison de 300m³/ha et est responsable de 30% de la biodiversité au sein de la forêt. Chaque arbre qui tombe crée une nouvelle niche écologique. Il existe seulement un problème avec premièrement, les villageois qui viennent prendre du bois mort dans la forêt pour faire du feu, et deuxièmement, les exploitations forestières qui commencent toujours par exploiter le bois mort. La forêt est soumise à une gestion certifiée (ce n'est pas la forêt qui est certifiée mais bien la gestion). Celle-ci consiste en de la non-intervention. Les forêts de haute valeur biologique ne sont pas reconnues par la loi, cela rendant la certification importante pour identifier les forêts de haute valeur biologique. Elle permet autant de protéger les forêts primaires, que les forêts avec une question sociale ou historique. La plus grande superficie certifiée fait 2 400 000 ha. Il y a deux ans, ils ont entamé les démarches pour classer la forêt en site UNESCO. Cela risque de rendre l'accès à la forêt plus difficile. Pour le moment, n'importe qui peut y aller, sans autorisation préalable. Dans une autre région de Roumanie, la forêt est difficile d'accès, avec une forte pente et des rochers, ce qui rend le travail de protection plus facile. Si une forêt n'est pas entièrement primaire, le plan de gestion pour la coupe de bois s'applique à la partie de forêt qui n'est pas primaire. Seulement, si la forêt primaire n'est pas identifiée,

Fig. 24 : Au centre, Abies alba, le plus grand du monde avec ses 62 m de hauteur.

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elle risque d'être détruite. La difficulté est d'identifier si une forêt est naturelle ou non. Un des objectifs du WWF est d'identifier toutes les forêts primaires de Roumanie, sans inclure des forêts qui ne correspondent pas à la définition, pour une question de crédibilité face à la population. Pour identifier une forêt primaire, il faut des informations sur la forêt en elle-même, et sur l'historique de sa sylviculture. Les plans de gestion étant valables pour 10 ans, on peut remonter aux plans de gestion d'il y a 20 ans. Les images satellites, les orthophotos donnent aussi des informations sur l'évolution des forêts. Le sol par contre n'est pas analysé. Le WWF organise des meetings avec toutes les parties prenantes, afin de faire les choses ensemble et que le plan de gestion ne détruise pas complètement les activités de chacun. Le problème est de parvenir à répondre aux intérêts des parties prenantes, qui ne se sentent pas toujours impliquées, étant notamment absentes lors des meetings. Il faudrait donc réussir à faire augmenter leur intérêt pour la problématique. Il existe des standards internationaux pour la gestion des forêts (International Standards to Forest Management), mais ceux-ci doivent être adaptés au niveau national. Pendant la période communiste, les forêts étant plus protégées qu'actuellement. Elles appartenaient à l'Etat, et même si elles étaient importantes pour le profit, elles ont aussi été conservées pour la chasse. Après la deuxième guerre mondiale, le bois a permis de rembourser les dettes à la Russie. Pendant la période communiste, les machines d'exploitation et les routes n'étaient pas beaucoup développées. Après, les terres ont été rendues aux propriétaires, beaucoup de familles nobles qui avaient été exilées, et qui souvent ne parlaient même plus roumain au fil des générations. Les forêts ont été en grande partie vendues aux exploitants forestiers, dont le but était de faire de l'argent. C'est là que les problèmes ont commencé ; beaucoup de forêts ont été perdues. Le plus gros problème contre lequel lutte le WWF est la coupe de bois illégale, surtout là où la forêt représente un petit pourcentage du paysage. Pour cela, ils travaillent avec la loi. Par exemple, chaque camion qui transporte du bois peut être soumis à une inspection. Chaque lot de bois a un code qui correspond au volume de bois, à sa provenance, etc. Ce mécanisme a permis de diminuer l'exploitation illégale. L'Union Européenne finance un projet pour améliorer les lois forestières dans 7 pays (Roumanie, Caucase, Moldavie, Russie, Ukraine, Biélorussie, Géorgie). En ce qui concerne la chasse, la Roumanie possède 12 territoires de chasse. Le gouvernement fixe des quotas, pour savoir combien et quels animaux peuvent être chassés. Le propriétaire de la forêt n'est pas le propriétaire des animaux, c'est-à-dire que la forêt n'appartient pas aux chasseurs. En Roumanie, la moitié des forêts sont privées, elles appartiennent aux villageois, aux exploitants forestiers, et l'autre moitié appartient à l'Etat. L'Etat ne donne pas de compensation pour les propriétaires qui n'exploitent pas leurs forêts, qui ne coupent pas de bois. Le WWF aimerait mettre en place une méthodologie pour offrir des compensations. Arriver à connaître la valeur des forêts prendra du temps, il faut donc essayer que tout ne soit pas détruit d'ici là, mais si de toute façon une partie sera détruite. La Roumanie se trouve face

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à deux choix : suivre le modèle de l'Europe de l'Ouest, à savoir développer l'économie, afin d'atteindre un niveau de vie semblable, ou conserver ses pratiques traditionnelles, la forêt primaire constituant un monopole, un bien unique qui n'existe pas ailleurs. Pourquoi faire la même chose que partout, avoir les mêmes industries ? Au lieu de se baser sur la valeur économique, on pourrait se baser sur la valeur d'existence. En Roumanie, il y a toujours une connexion du peuple avec le sol. Il faut espérer que cette tradition restera. Par exemple, les graines sont transmises de génération en génération. 13 juillet 2016 L'écotourisme à Moieciu de Sus A Moieciu de Sus, dans la zone située entre le Piatra Craiului et le Bucegi, un couple a décidé d'ouvrir un centre d'écotourisme, sous le couvert d'une fondation. Le but de la fondation est de faire découvrir la région, ses pratiques traditionnelles et sa haute biodiversité aux touristes. Ils souhaitent aussi montrer aux locaux ce qu'ils ont créés, ce paysage culturel avec sa haute biodiversité. Pendant la période communiste, cette zone a été relativement épargnée, les gens sont partis vers les zones industrielles comme Zarnesti. Après la révolution, les activités industrielles ont diminuée et depuis 10 ans, cette zone typique des Carpates est colonisée par les immeubles touristiques. Les gens viennent de Bucarest pour des courtes périodes, un week-end, ce qui entraîne un tourisme non durable, de l'"event tourism". Dans les hôtels, 95% des produits vient des grandes chaînes, on n'y trouve pas de produits locaux. L’artisanat disparaît de plus en plus. Par exemple, les maisons typiques roumaines portent un certain type de toit fait en bardeaux. Cependant, dans cette localité, seuls trois personnes sont encore capable de faire ce type de toit. Il en va de même pour les carpettes et tapis car les locaux, ne se rendant pas compte de leur vraie valeur, achètent des carpettes Ikea. C'est là que la fondation intervient. Elle essaye de faire prendre conscience aux locaux qu'ils ont de bons produits locaux, de haute qualité. Elle veut, de plus, essayer de mettre un label sur ces produits afin qu’on puisse les différencier facilement des produits importés, lorsqu’ils sont vendus côte à côte dans les magasins. Ce label servirait aussi à montrer l’intérêt de ces produits en ce qui concerne la biodiversité. Elle souhaite également mettre en place un tourisme plus durable, en ayant des meubles locaux et non pas ceux de type "IKEA", de manière à certifier ce tourisme d’"écotourisme". La fondation tend à aider les personnes à comprendre qu'ils doivent continuer leur mode de vie s'ils veulent développer un certain type de tourisme qui serait plus durable et plus intéressant pour tout le monde. Ce mode de vie est d’autant plus intéressant qu’il permet à la population d’être totalement autonome. Ils produisent la nourriture dont ils ont besoin quotidiennement (des pommes de terre, quelques légumes ainsi que du fromage, du lait et de la viande) et ils ne

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doivent donc pas acheter ces produits. Ils font de plus des échanges (du bois contre des céréales par exemple).

La fondation a créé des sentiers de trails (fig. 26), avec des panneaux informatifs sur l'histoire, la géologie, la biologie et l’artisanat des lieux (par exemple les fossiles de coraux ou d’ammonites, ou l’histoire même des prairies). Ces panneaux sont à destination des touristes, mais aussi des locaux, pour les rendre fiers de leur patrimoine. Lors de la création des chemins, ils ont beaucoup discuté avec les gens ; ceux-ci étaient partants pour le projet car les chemins sont utiles pour aller aux prairies. Pour financer leur projet, ils font appel à des dons. Ces dons viennent d'Islande, du Liechtenstein, de Suisse, de Norvège. Ils n'ont pas de fonds européens, mais souhaiteraient créer un projet Life. Le gouvernement fait aussi des dons.

En ce qui concerne les pratiques agricoles dans la région, une famille possède plusieurs parcelles de prairies éparpillées. Pour chaque parcelle, elle est soit propriétaire, soit elle loue. Ils commencent par faucher les prairies exposées au sud, car les herbes sont plus vite brûlées par le soleil de l'été. C'est inhabituel d'avoir des moutons dans les prairies. Pendant l'été, les animaux pâturent dans la montagne. Le village possède trois pâtures, et les villageois paient pour mettre leurs animaux là. Pendant l'hiver, les animaux sont dans les cabanes, avec le foin dans le grenier. Souvent, à côté de la grande cabane se trouve une plus petite qui sert de logement aux fermiers, pour leur éviter d’effectuer de longs trajets, si ils habitent dans une autre vallée par exemple (fig. 26). Cette habitation sert aussi à cuisiner en été, lors de la fauche. Le surplus de foin est laissé en meule à l'extérieur de la grange et la meule peut rester jusqu'à 2 ans dehors. Il est rentré dès qu'il y a de la place dans la grange. Les animaux sont changés de grange quand il n'y a plus de foin dans une. Il existe aussi une transhumance sur une longue distance allant jusqu'au delta du Danube, voire même en Ukraine.

Fig. 25 : Marquage pour le trail.

Fig. 26 : Petites et grandes cabanes.

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Lors de notre balade, nous avons croisé la parnassie des marais (Parnassia palustris) (fig. 27). Celle-ci peut vivre dans les prés humides périodiquement ou dans les marais, les pieds totalement dans l'eau. Par contre, elle ne supporte pas l'engrais ni le pâturage. Elle est donc difficile est trouver dans notre Europe occidentale, ce qui souligne l’importance du maintien du mode de vie roumain traditionnel.

En résumé, cette fondation fait de l’écotourisme par différentes actions. Premièrement, elle sensibilise les touristes avec des balades « interactives », des flyers ou par leur site internet. Ensuite, elle essaye de créer des labels pour valoriser les produits locaux. Elle met aussi en place des "chambre d'hôtes" chez de vrais fermiers qui ne possèdent pas de site internet. Ceci permet aux touristes le désirant de loger dans des lieux authentiques tout en fait faisant vivre les locaux, au lieu d’aller dans les gros hôtels. Et finalement, elle tente de mettre en place la vente de produit locaux. Cependant, ceci est encore difficile car en général, les fermiers ne produisent que pour se sustenter (les surplus étant utilisés pour échanger ou offrir aux voisins). De ce fait, il est encore difficile de se fournir en ces produits. L’écotourisme pourrait être d’une aide précieuse dans le maintien de l’agriculture traditionnelle tout en augmentant la qualité de vie des fermiers locaux. Le cron de Moieciu de Sus

Le long de la rivière menant à Moieciu de Sus se trouvent des crons (fig. 28). Un cron est une roche construite par une espèce de mousse, Cratoneuron filiciphyllum. Les mousses précipitent le calcaire de l'eau grâce à une petite variation de pH due à la photosynthèse. Nous avons observé sur le cron une espèce de Caryophyllaceae bien développée, et le cincle plongeur était présent le long de la rivière.

L'affut aux ours dans la forêt de Şinca Nouă Cet affût a été organisé par un garde-forestier en dehors du parc national. Ceci est strictement réglementé et il est nécessaire d’être accompagné par des gardes armés pour éviter tout accident. La proximité des ours étant relativement élevée, il est possible de croiser un ours involontairement, ce qui représente un risque si l’animal est surpris.

Fig. 27 : Parnassia palustris.

Fig. 28 : Cron le long de la rivière menant à Moieciu de Sus.

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Nous avons eu la chance de voir 7 ours, 1 loup et 1 renard (fig. 29). Le loup a été vu par chance et le renard semble être un habitué, car il vient aussi manger ce qui est disposé pour les ours. Les ours sont attirés avec un mélange de maïs et de biscuits. Ceci ne compense pas leur besoin énergétique journalier, n’induisant donc qu’une faible perturbation de leurs habitudes alimentaires. Ils doivent continuer de se nourrir dans la forêt pendant la journée. Afin d’être certain que les ours soient là lors de la venue des touristes, ils sont nourris tous les jours. Lors de ce nourrissage journalier, le garde relève des informations à propos du nombre, du sexe, de l’identification (noms), de l’âge, du comportement. Ces données ne sont pas forcément transmises au gouvernement mais elles peuvent être utilisées pour des programmes d’études.

Lors de l’affût, le garde nous a donné une série d’informations sur les ours. Sur 13 000 ha, on retrouve 22 ours femelles et 3 ours mâles (dominants). Une femelle arrive à maturité sexuelle vers 3-4 ans alors que pour les mâles il faut attendre 5 ans, voire 6. Une jeune femelle met au monde 1 ourson à la fois et ce nombre augmente avec l’âge pour atteindre maximum 3 pour les plus vieilles ourses. Cependant, cette année, l'aînée des ourses (22 ans) a eu une portée de 4 oursons, ce qui est un cas unique. De plus, elle avait eu une première portée avec trois oursons mais ils ont été tués par un ours. Les ours tuent les jeunes afin de rendre la femelle à nouveau féconde. Les jeunes ours quittent leurs mères au-delà de 2 ans et demi et partent à la recherche de nouveaux territoires. En effet, s’ils restaient sur leur zone natale, ils risqueraient d’être chassés par les mâles dominants. Il y a une hiérarchie nette entre les ours, les plus faibles laissant la place au plus fort. L’ourse la plus âgée est la plus agressive. Un ours peut vivre jusque 30 ans à l’état sauvage. Selon les informations reçues du garde, il semble que la population roumaine d’ours se porte bien. Ceci est à mettre en lien avec les grandes surfaces forestières ainsi que par la disponibilité en nourriture. Par contre, il est important de faire un suivi fréquent des populations, car le nombre supposé d’ours présents dans une forêt va conditionner le nombre d’ours qui pourront être abattus par les chasseurs.

Fig. 29 : Quatre des ours, chacun en train de se nourrir à sa "mangeoire".

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Finalement, on peut se poser la question de l'intérêt de ce type d'affût. Les points positifs sont que cela permet au public de découvrir facilement la grande faune, en toute sécurité, tout en permettant aux gardes de collecter des données. Mais finalement, c'est à se demander quelle est la part de sauvage qui reste dans ce dispositif. L'affut donnait l'impression d'être au zoo, avec un nourrissage programmé, chaque ours sur sa mangeoire. En comparaison avec le premier affut dans la région de Saschiz, celui-ci semblait beaucoup moins naturel. Il aurait été cependant intéressant de savoir avec quoi ceux de Saschiz étaient nourris. Conclusion Suite à ces douze jours de terrains, il nous est apparu clairement que la Roumanie est dotée d'une richesse spécifique incroyable, que nous n'avons plus la chance de voir en Belgique. Cependant, depuis son entrée dans l'Union européenne, la Roumanie a eu l'occasion de développer un marché de l'agriculture semblable à celui des pays de l'ouest de l'Europe ainsi que de voyager plus facilement dans toute l'Europe, avec comme conséquence une émigration de jeunes Roumains. Ces changements radicaux ont fortement impacté certaines zones du territoire roumain et commencent à modifier les paysages (ainsi que la biodiversité associée) qui jusqu'à maintenant étaient préservés. On pourrait, dès lors, craindre une chute drastique de la richesse naturelle de ces milieux avec comme conséquence un appauvrissement semblable à celui rencontré chez nous. Ceci serait probablement associé à des mesures de conservation telles que des projets Life, induisant un certain coût. Lors de notre voyage, nous avons eu l'occasion de croiser des acteurs locaux chez qui nous avons pu nous forger une certaine opinion, quoique relativement superficielle, du problème. Tout d'abord, nous avons rencontré dans les alentours de Saschiz des agriculteurs traditionnels qui semblent dire que ce mode de vie n'a qu'un faible avenir. En effet, malgré les subsides, ce travail traditionnel de la terre n'assure pas un revenu suffisant que pour avoir un train de vie semblable à une autre personne effectuant un travail avec des méthodes contemporaines. De plus, il est fort probable que la relève ne soit pas assurée, soit parce que les jeunes quittent le pays, soit du fait qu'ils ne sont pas désireux d'avoir la même vie que leurs prédécesseurs. Par contre, à Ghimes (Miercurea-Ciuc), il semble que la culture traditionnelle ait un avenir possible. Différentes associations et coopératives essayent de maintenir celle-ci en développant des marchés pour les produits locaux et en sensibilisant les locaux et les étrangers. Bien qu’encore en plein développement, il est probable que ces marchés s'agrandissent et permettent aux fermiers locaux de recevoir un apport d'argent par la vente de leurs surplus, voire d'une production plus importante de fromages, viandes, pains, etc. Cependant, la rencontre avec le boulanger nous force à nuancer la vision positive de ce nouveau marché en croissance. En effet, chez ce dernier, le pain était produit à partir de farine importée de Hongrie. De ce fait, ces produits locaux n'assurent en rien une conservation de la biodiversité. Seul un marché préservant les techniques de fauche traditionnelle, ainsi que des cheptels de taille moyenne, peut assurer une vie différente pour les fermiers associée à une richesse spécifique élevée.

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Finalement, à Piatra Craiului, la question de l'écotourisme a été soulevée. Celui-ci pourrait aider le maintien de l'agriculture traditionnelle, principalement via la sensibilisation. En conclusion, la Roumanie possède une richesse spécifique incroyable liée à l'agriculture traditionnelle qui actuellement est menacée. Néanmoins, contrairement à des pays plus à l'ouest, les Roumains semblent, du moins pour certains d'entre eux, se rendre compte qu'il est nécessaire de préserver celle-ci. De ce fait, il est possible que cette biodiversité résiste aux changements qui s'opèrent actuellement en Roumanie et qu'elle se maintienne. Cependant, ceci va nécessiter encore beaucoup de travail. Bibliographie Degrave, F., 2014. LIFE « Hélianthème » Les pelouses sèches retrouvent la lumière,

Available at: https://dl.dropboxusercontent.com/u/11421703/layman-FR-light.pdf. Demeter, L. et al., 2011. Natural treasures of the Csík Basin (Depresiunea Cicului) and Csík

Mountains Munţii Ciucului). In Moutain hay meadows: hotspots of biodiversity and traditional culture. pp. 1 – 12.

Jones, A. et al., 2010. Characterization and conservation of xeric grasslands in the Târnava Mare area of Transylvania (Romania). Tuexenia, 30, pp.445–456.

Öllerer, K., 2014. The ground vegetation management of wood-pastures in Romania - Insights in the past for conservation management in the future. Applied Ecology and Environmental Research, 12(2), pp.549–562.

Pop, O.G. et al., 2015. Piatra Craiului National Park - Overview. In Piatra Craiului National Park guide of European and national protected species and habitats. pp. 7–24.

Liens Internet "Argousier" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Argousier "Lissotriton montandoni" :

http://amphibiaweb.org/cgi/amphib_query?query_src=aw_lists_genera_&where-genus=Lissotriton&where-species=montandoni

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Ce rapport a été élaboré avec passion, pour la science, pour la gloire, pour la patrie.

Alice, Émilie, Adrien