22
du cinéma Affiche © FRANCIS BORDET 2015 ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°335 • juin 2015

CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

du cinéma

Affi

che

© F

RAN

CIS

BORD

ET 2

015

ISSN

029

9 - 0

342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°335 • juin 2015

Page 2: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

S O M M A I R Ejuin 2015 - n° 335

Les STUDIO sont membresde ces associations professionnelles :

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTIONDU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAEASSOCIATIONFRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATIONDES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENTNATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATIONDES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq,

Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill,avec la participation de Philippe Perol et de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

LES FILMS DE A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Soirée Bibliothèque Rencontre avec Patrick Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

À propos de48h Film project . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Face à faceCrosswind . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Courts lettrages Histoire de Judas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

RencontreGoroumé Aprikian - Scandale Paradjanov . . . . . . . . . . 24

RencontreAntoine Rigot - Salto Mortale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

À propos deHistoire de Judas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

À propos deHacker . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

À propos deLost River . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

InterférencesJamais de la vie/Taxi Téhéran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Face à faceTaxi Téhéran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS :UNE SECONDE MÈRE . . . . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

Cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Pour permettre au public une plus grandefréquentation de ses collections (les plus richesde région Centre), la bibliothèque propose denouveaux horaires.

Horaires d’ouverture :lundi : de 16h00 à 19h45

mercredi : de 15h00 à 19h45jeudi : de 16h00 à 19h45

vendredi : de 16h00 à 19h45samedi : de 16h00 à 19h45

FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Site : www.studiocine.compage Facebook :cinémas STUDIO

Page 3: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

LocatairesCorée du sud/Japon – 2004 – 1h30, de Kim-Ki Duk, avec Lee Seung-yeon, Jae Hee, Kwon Hyuk-ho...

Macadam cowboyUSA - 1969 - 1h49, de John Schlesinger, avec Dustin Hoffman, JonVoight…

Massacre à la tronçonneuseUSA – 1974 – 1h23, de Tobe Hooper, avec Marilyn Burns, Allen Dan-ziger...

Princess BrideUSA – 1988 – 1h38, de Rob Reiner, avec Cary Elwes, Robin Wright…

Que la bête meureFrance – 1969 – 1h50, de Claude Chabrol, avec Jean Yanne, MichelDuchaussoy, Caroline Cellier, Anouk Ferjac…

Sita chante le bluesUSA - 2009 - 1h22, film d’animation de Nina Paley

The Big LebowskiUSA – 1998 –1h57, de Joel et Ethan Coen, avec Jeff Bridges, JohnGoodman, Julianne Moore…

The RoseUSA – 1979 – 2h05, de Mark Ridell, avec Bette Midler, Alan Bates,Frederic Forrest...

N’oubliez pas que les pass sont en vente àl’accueil des Studio au même tarif que l’andernier (il n’y a pas de vente à la séance !) :13 euros pour les abonnés, 19 pour les nonabonnés - et qu’il est vivement conseillé des’y prendre tôt pour éviter la cohue du der-nier moment…

Bonne nuit !

éditorial

Chères spectatrices, chers spectateurs,

À partir du mois de juin, les Studio vontfaire peau neuve avec la rénovation com-plète du hall, des caisses et de l’accueil.Les travaux étant prévus pour un bonmois, les caisses seront déplacées dans

le hall des salles 3 et 7.Pour rejoindre les salles 1, 2, 4, 5 et 6,vous voudrez bien contourner le bâti-ment et entrer par le côté jardin.Pendant les travaux, le cinéma resteouvert !

L’équipe des Studio

des studiola NUITVous l’avez sans doute déjà retenu ; si ce

n’est fait, nous vous rappelons que le 6juin les Studio sont en fête pour la 31e annéeconsécutive. 15 films, des buffets pourpauses gourmandes entre chaque séance,des surprises…

Côté programmation vous pourrez choisirentre :

Brighton RockGrandeBretagne – 1947 – 1h31, de John Boulting, avec RichardAttenborough, Hermione Baddeley...

Le Cave se rebiffeFrance - 1961 - 1h38, de Gilles Grangier, avec J. Gabin, B. Blier, M.Biraud…

La Cité de la peurFrance - 1994 - 1h33, d’Alain Berbérian, avec A. Chabat, C. Lauby,D. Farrugia, S. Karmann…

District 9USA – 2009 -1h50, de Neill Blomkamp, avec Sharlto Copley, JasonCope...

Femmes au bord de la crise de nerfsEspagne, 1988, 1h35, de Pedro Almodóvar, avec Carmen Maura,Antonio Banderas, Julieta Serrano…

L’homme des hautes plainesUSA - 1973 - 1h45, de Clint Eastwood, avec C. Eastwood, M. Hill,M. Ryan…J’ai tué ma mèreCanada - 2009 – 1h36, de Xavier Dolan, avec Xavier Dolan, AnneDorval, Suzanne Clément…

#31

de 18h à l’aube

Page 4: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE 1 du 3 au 9 juin 2015

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

VALLEY OF LOVEde Guillaume Nicloux

COMME UN AVIONde Bruno Podalydès

UNE SECONDEMÈRE

de Anna Muylaert

UNE MÈREde Christine Carrière

LES MILLE ET UNE NUITSVOL 1 - L’INQUIET

de Miguel Gomes

MEZZANOTTE(LES NUITS DE DAVIDE)

de Sebastiano Riso

L’ÉVEIL D’EDOARDOde Duccio Chiarini

14h3019h15

14h1519h00

14h3017h3019h30

mercredi1er juillet19h45

14h1519h45mercredisamedidimanche

16h15

1h31’

1h45’

1h52’

1h40’

2h03’

1h34’

1h26’

UNE FAMILLEÀ LOUER

de Jean-Pierre Améris

17h3021h45

mardi19h45

mer-samdim-lun17h00dim 11h00

21h30

21h15dimanche11h00

14h1517h1521h15 À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

14h1519h3021h30

Le film imprévuwww.studiocine.com

17h1521h30

TROIS SOUVENIRSDE MA JEUNESSE

de Arnaud Desplechin

2h03’

17h0021h30

BROADWAYTHERAPY

de Peter Bogdanovich

mercredidimanche

17h15VOYAGE DANS

LA PRÉHISTOIREde Karel Zeman

1h24’ VO

21h15LOS HONGOSde Oscar Ruiz Navia

1h43’

17h3021h45

L’OMBREDES FEMMES

de Philippe Garrel

1h13’

LA TÊTE HAUTEde Emmanuelle Bercot

MANGLEHORNde David Gordon Green

LA PORTE D’ANNAdePatrick Dumont & François Hébrard

14h1519h15

14h3019h30

14h3019h15

1h59’

1h37’

1h20’ + court métrage 11’

MANOS SUCIASde Josef Wadyka

14h3019h00

1h24’

LA LOI DU MARCHÉde Stéphane Brizé

14h1519h30

1h33’

FARINELLIde Gérard Corbiau

lundi19h30

C I N É M A T H È Q U E

LA RÉVÉLATIOND’ELAde Asli Özge

Soirée de clôture

SAMEDI 6 JUIN : 31e NUIT DU CINÉMA • 15 films de 18h à l’aube !Seules les séances de 14h15/30 sont maintenues.

Les suivantes sont remplacées par la programmation spéciale de la Nuit des Studio.Pass en vente à l’accueil à partir du 13 mai : abonnés 13 €: non abonnés : 19 €Tarif unique pour tous : 4 € la séance sur toute la durée de la fête du cinéma.Tarif unique pour tous : 4 € la séance sur toute la durée de la fête du cinéma.

AU BORD DU MONDEde Claus Drexel

CNPjeudi19h45

mer-samdim-lun17h00dim 11h00

mercredisamedidimanche

16h00LA MAGIE KAREL ZEMAN

de Karel Zeman

46’ sans paroles

mer-samdim-lun17h00dim 11h00

mercredisamedidimanche

14h15LA NUIT AU MUSÉE,LE SECRET DES PHARAONS

de Shawn Levy

1h35’ VFParoles de Sans-abris à Paris

LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉEde Thomas Vinterberg

14h1517h0019h1521h30

1h38’Débat avec une équipe du CHRU et l’EAO

1h56’

1h59’

17h1521h15

1h33’

1h42’

À suivre.

Rencontre avec le réalisateur après la projection

AVANTPREMIÈRE

À suivre.

mercredisamedidimanche

14h15

LE PETIT DINOSAUREET LA VALLÉE DES MERVEILLES

de Don Bluth

1h10’ VF

17h0021h30

MUSTANGde Deniz Gamze Erguven

1h40’

17h4521h45

L’ÉCHAPPÉE BELLEde Émilie Cherpitel

1h16’

17h0021h15

LA RÉSISTANCEDE L’AIRde Fred Grivois

1h38’

19h00CINEMA PARADISOde Giuseppe Tornatore

2h03’ VO

mer-samdimanche16h00+

17h30

LA BELLEET LE CLOCHARD

de Clyde Geronimi

1h15’ VF

21h30UN FRANÇAISde Diastème

1h38’

Le film imprévuwww.studiocine.com

À suivre.

À suivre.

Goûter de l’été : MERCREDI

À suivre.

Page 5: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

SEMAINE 2 du 10 au 16 juin 2015 SEMAINE 3 du 17 au 23 juin 2015

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.comTous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

UN FRANÇAISde Diastème

MANGLEHORNde David Gordon Green

LE SOUFFLEde Aleksander Kott

LA PORTE D’ANNAdePatrick Dumont & François Hébrard

CONTES ITALIENSde Paolo & Vittorio Taviani

TROIS SOUVENIRSDE MA JEUNESSE

de Arnaud Desplechin

14h3019h15

14h15SAUFsamedi

21h15

14h3021h15

14h1519h45

14h1517h4519h4521h45SAUF mardi

17h00

samedi14h15

1h38’

1h37’ + court métrage 7’

1h35’

1h20’

1h55’

2h03’

LA TÊTE HAUTEde Emmanuelle Bercot

17h151h59’

Dans le cadre de Tours d’horizonsle CCNT et les Studio proposent :

TROIS BOLÉROSRéalisation Jean Michel Plouchard

COMME UN AVIONde Bruno Podalydès

52’ CINEMA PARADISOde Giuseppe Tornatore

LA NUIT AU MUSÉE,LE SECRET DES PHARAONS

de Shawn Levy

LA RÉVÉLATION D’ELAde Asli Özge

L’OMBRE DES FEMMESde Philippe Garrel

LA LOI DU MARCHÉde Stéphane Brizé

LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉEde Thomas Vinterberg

MINNIE& MOSKOWITZ

de John Cassavetes

2h03’ VF

1h35’ VF

1h42’

1h33’

1h59’

1h51’

jeudi-lundimardi17h3019h30

17h1521h30

19h15

19h30

Vendredi

18h00

mercredisamedidimanche

17h15

17h1521h30

Le film imprévuwww.studiocine.com

FestivalCourts d’écoles

Séance gratuite et ouverte à tous

MANOS SUCIASde Josef Wadyka

1h24’

21h30

mercredisamedidimanche

14h15

14h3019h30

1h13’

1h45’

Mardi 15 rencontre avec Bruno podalydèsaprès la projection de 19h45

LA BELLEET LE CLOCHARD

de Clyde Geronimi

LE CRIQUETde Zdenek Miler

CINEMA PARADISOde Giuseppe Tornatore

LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉEde Thomas Vinterberg

CONTES ITALIENSde Paolo & Vittorio Taviani

UN FRANÇAISde Diastème

DEARWHITE PEOPLE

de Justin Simien

LE SOUFFLEde Aleksander Kott

1h15’ VF

41’ sans paroles

1h55’

1h38’

1h48’

1h35’

19h15

17h4521h45

17h15

17h3021h15

mercredisamedidimanche

16h15

mer-samdimanche14h15+16h00

21h30

21h45

Le film imprévuwww.studiocine.com

1h59’

2h03’ VO

LES RÉVOLTÉSde Simon Leclere

MEZZANOTTE(LES NUITS DE DAVIDE)

de Sebastiano Riso

VALLEY OF LOVEde Guillaume Nicloux

LA RÉSISTANCEDE L’AIRde Fred Grivois

MUSTANGde Deniz Gamze Erguven

L’ÉCHAPPÉE BELLEde Émilie Cherpitel

L’ÉVEIL D’EDOARDOde Duccio Chiarini

14h1517h4519h45

14h3019h45mer-samdimanche

16h00

14h1517h1519h1521h30

14h1519h30

lundi19h45

14h3019h45

vendredi19h45

1h31’

1h38’

1h40’

1h16’

1h26 + court métrage 8’

COMME UN AVIONde Bruno Podalydès

14h1517h1521h30

1h45’

1h34’

Ciclic et les Studio présentent :1h22’

AVANTPREMIÈRE

Rencontre avec le réalisateur

Rencontre avec le réalisateur

AVANTPREMIÈRE

samedi à 14h15

Page 6: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

5Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –4

Le CNP propose un ciné-débat :

AU BORD DU MONDELa nuit tombe. Le Paris carte postale s’ef-face doucement pour céder la place àceux qui l’habitent : Jeni, Wenceslas,Christine, Pascal et les autres. À traverstreize figures centrales de SDF, Au borddu monde dresse le portrait, ou plutôt

photographie et écoute ces protagonistesdans un Paris déjà éteint, obscurci, impo-sant rapidement le contraste saisissantentre cadre scintillant et ombres quidéambulent dans ce théâtre à ciel ouvert.

Film de Claus Drexel (2013 – France –98’), suivi d’un débat avec l’Équipemobile de Psychiatrie Précarité Exclusiondu CHRU et l’Entr’aide ouvrière.

jeudi 4 juin - 19h45 Les films de A à Zwww.studiocine.com

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film),vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE JUIN 2015 :• Beat de Tingvall Trio (Studio 1-2-4-5-6) • Coming Forth By Day de Cassandra Wilson (Studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Comme un avion, samedi 20 juin-14h15

AVoir pages Jeune Public

Parce qu’elle a du mal à avoir des rôles,Isabella, une jeune comédienne, estcontrainte de se prostituer. Elle ren-contre Arnold, qui lui propose 30 000dollars pour qu’elle arrête. C’est dumoins ce qu’elle raconte à Jane, sa psy.Finalement la chance tourne et elle doitauditionner pour un rôle de prostituée.Le metteur en scène n’est autre qu’Ar-nold, déjà marié à Delta. De son côté,Joshua qui travaille avec Arnold s’avèreêtre le compagnon de Jane…Cinéaste cinéphile, critique et écrivain,disciple de Roger Corman, influencépar la Nouvelle Vague, Peter Bogdano-vich se fait connaître avec La Dernière

La Belle et le clochard

Broadway TherapyUSA – 2015 – 1h33, de Peter Bogdanovich, avec Imogen Poots,

Owen Wilson, Illeana Douglas, Jennifer Aniston…

séance (1971), La Barbe à papa (1973),Mask (1985), Un Parfum de meurtre(2001), entre autres. Il fait son grandretour avec cette comédie dramatique,orchestrant un joyeux ballet de person-nages, tous un peu ridicules, qu’il rendsympathiques et attachants.

Sources : telerama.fr

Toto, un gosse de Sicile, traîne sanscesse dans les jambes d’Alfredo, projec-tionniste au Paradiso, le cinéma du vil-lage… Toto adore le cinéma, vu de lacabine de projection… Le jour où leParadiso brûle, Alfredo devient aveugleet c’est Toto qui, tout gamin qu’il est, vale seconder pour les projections...Au-delà de l’humour et de l’émotion,Cinema Paradiso est avant tout uneformidable déclaration d’amour aucinéma... ER

Voir pages Jeune Public

Cinema ParadisoItalie – 1989 – VO VF 2h03, de Giuseppe Tornatore,

avec Philippe Noiret, Jacques Perrin, Salvatore Cascio...

TROIS BOLÉROSFrance – 2007 – 52’ , de Jean-Michel Plouchard et Odile Duboc.

« J’ai toujours été frappée et souventconquise par la tension dramatique quise développe dans [Le Boléro] et se mani-feste à mes yeux comme une réelle invi-tation au mouvement, à la création ».Imaginée à partir de trois versions musi-cales, Trois boléros propose trois choré-graphies. La première réunit dix dan-seurs. La deuxième montre l’un des plusbeaux duos composés pour la danse, iciinterprété par Emmanuelle Huynh etBoris Charmatz. Enfin la dernière ver-sion, où l’on entend l’Orchestre philhar-

monique de New York dirigé par PierreBoulez, est un hommage au mouvementde masse, à l’horizontalité. Grâce au filmde Jean-Michel Plouchard, mené en toutecomplicité avec la chorégraphe OdileDuboc, cette œuvre magistrale devenueun incontournable du répertoire contem-porain est à voir et toujours à revoir tantla subtilité de sa composition nousamène à requestionner la puissanced’une musique que l’on croyaitconnaître…

Tarifs spéciaux : 8,60 € / 7,10 € / 5,90 €Billetterie sur place.

samedi 13 juin - 14h15Dans le cadre du festival Tours d’horizon 2015 et en partenariat avec le CCNT

TROIS BOLÉROS

C

B

Mercredi 1er juillet, à 19h45, avant-première du nouveau filmde Jean-Pierre Améris : UNE FAMILLE A LOUER.

La projection sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur.

Page 7: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 20156 7Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

Depuis toujours, Michel admire lesavions et leurs lignes souples. Et puis,un jour, il a une révélation : le kayak.Après avoir clandestinement achetél’objet de sa nouvelle passion et pagayédes heures sur son toit (oui, notre hérosest un peu perché ), il se décide enfin àpartir sur une jolie rivière inconnue. Etles rencontres commencent ! Cette fable souriante et mélancolique ades airs de film d’aventures et s’appa-rente au conte de fées : une mini odys-sée fluviale, une maison enchantée, despersonnages inattendus... C’est farfeluà souhait, drôle, et interprété par unesacrée pléiade d’acteurs, tous au mieuxde leur forme !

Sources : dossier de presse

Filmographie succincte : Adieu Berthe, 2012,Bancs publics (Versailles rive droite), 2009, Paris,je t’aime, 2006, Le Parfum de la dame en noir, 2004,Liberté Oléron, 2000…

Au XIVe siècle, à Florence, une bande dedix jeunes gens fuient la peste en seréfugiant dans une villa à la campagneoù ils oublient les angoisses présentesen parlant d’amour…Après le succès de César doit mourir(Ours d’or à Berlin en 2012), les deux

Mardi 16 juin rencontre avecBruno Podalydes, le réalisateur,après la projection de 19h45.

Contes italiensItalie – 2015 – 1h55, de Paolo et Vittorio Taviani,

avec Lello Arena, Paola Cortellesi…

Comme un avionFrance – 2015 – 1h45 – de Bruno Podalydès, avec Bruno Podalydès, Sandrine

Kiberlain, Agnès Jaoui, Vimala Pons, Denis Podalydès, Pierre Arditi…

réalisateurs octogénaires retrouventleur cinéma en adaptant cinq contes duDécameron de Boccace (après ceux dePasolini dans les années 70). Ilsrenouent avec la grâce de PadrePadrone (Palme d’or en 77), La Nuit deSan Lorenzo (Grand prix du jury en 82),Kaos (84) ou Fiorile (92). Emerveillésdevant la beauté et la fragilité de la jeu-nesse face à l’épidémie, les frèresTaviani ont voulu que ce regard sur laToscane médiévale soit aussi trèscontemporain : « La peste dont parleBoccace est toujours présente dans lemonde : il suffit de penser aux cou-peurs de tête de Daech, aux injusticesdes guerres en cours… et à la pestedomestique qui frappe les jeunes sansemploi. » Tragiques, fantastiques,drôles, romantiques, ces récits nousreplongent « dans leur constellation fil-mique, l’une des plus belles que lecinéma transalpin nous ait jamaisoffertes. Une pure merveille. »

Sources : avoir-aLire.com – cineuropa.org

Voir pages Jeune Public

Samantha White (!) est étudiante àl’université (imaginaire) de Winchester.Elle s’y occupe de la radio du campus...est métisse et va chambouler toute lafac le jour où elle lance à l’antenne :« Chers amis blancs ; c’est officiel, il

Le Criquet

Dear White PeopleUSA – 2014 – 1h48, de Justin Simien et Adriana Serrano,avec Tyler James Williams, Tessa Thompson, Kyle Gallner..

vous faut maintenant compter deuxamis noirs pour ne pas avoir l’airraciste... attention : coucher avec unNoir pour énerver vos parents estraciste et vous ne pouvez pas comptervotre dealer dans le lot... » Le ton estdonné : Dear White People est unecomédie, mais une comédie mordante,décapante, qui n’hésite pas à bousculerles idées reçues, qu’il s’agisse de race,d’argent, de sexe ou de pouvoir... Peut-être, 25 ans plus tard, une manière deréponse au Do The Right Thing deSpike Lee, qui dressait le constat del’impossibilité pour les communautésaméricaines de s’entendre...

Sources : nytimes.com, telerama. com, imdb.com

Il est 5 heures du matin. Léon s’assoità la table d’Eva à une terrasse de caféet lui demande un chocolat chaud. Il a11 ans et ne connaît pas ses parents.Elle a 35 ans et pas d’enfant. Elle estlibre, fantasque et mène une vie de pri-vilégiée. Il est malin, sage et vit dans unfoyer. Ils ne veulent plus se quittermême s’ils doivent vivre en cavale…Après avoir longtemps été premièreassistante (Les Garçons et Guillaume àtable, A bord du Darjeeling limited…)Emilie Cherpitel passe à la réalisationavec un film à la fois joyeux, poétiqueet plein d’émotion. Cette rencontreentre deux personnages qui n’ontaucune raison d’être ensemble a mêmeété qualifiée de « bijou de tendresse » !

Sources : dossier de presse.

L’Échappée belleFrance – 2015 – 1h16, d’Emilie Cherpitel,

avec Clotilde Hesme, Florian Lemaire, Clotilde Courau…

C’est l’été sur la côte italienne. PourEdoardo, 17 ans, le temps des premiersémois est venu. Mais, maladroit ettimide avec les filles, il découvre que lesexe est plus compliqué que ce qu’ilpensait, souffrant de phimosis depuissa plus tendre enfance. Son meilleurami Arturo est obsédé par l’idée deperdre prochainement sa virginité etpasse son temps à se représenter lesmoindres détails de ce moment tantattendu. De son côté, Edoardo n’est pascontre l’idée d’avoir des rapportssexuels, particulièrement quand sameilleure amie Bianca vient passer sesvacances à Pise ou qu’il rencontre Eli-sabetta…L’Éveil d’Edoardo contient, de l’aveu deson réalisateur dont c’est le premierfilm, un certain nombre d’élémentsautobiographiques. Le film captive lepublic par son habile mélange d’hu-mour et de drame, d’autant qu’il pour-rait même donner à certains une oudeux leçons sur le courage, l’improvi-sation et la confiance en soi.

Sources : dossier de presse.

+ court métragesemaine du 17 au 23 juin

Au poilFrance – 2012 – 8’, de Hélène Friren, animation.

L’Éveil d’EdoardoItalie – 2015 – 1h26, de Duccio Chiarini,

avec Matteo Creatini, Franscesca Agostini, Nicola Nocchi…

Les fiches signées correspondentà des films vus par les rédacteurs.

D

E

Page 8: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 20158 9Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

À 51 ans, après 20 mois de chômage,Thierry commence un nouveau travaild’agent de sécurité dans un hypermar-ché qui le met bientôt face à undilemme moral. Pour garder sonemploi, peut-il tout accepter ? Etnotamment d’espionner ses nouveauxcollègues…Acteur qui aime les histoires de fidélité(avec Pierre Jolivet, Benoît Jacquot ouPhilippe Le Guay), Vincent Lindonretrouve pour la troisième fois le réali-sateur Stéphane Brizé qui lui avaitdonné de magnifiques rôles dans Made-moiselle Chambon (au côté de SandrineKiberlain) et dans le bouleversantQuelques heures de printemps (où iljouait le fils d’Hélène Vincent). Il est icientouré d’une troupe d’acteurs nonprofessionnels qui jouent leur proprerôle d’employés de supermarché. Etcomme il était question de lier fond etforme pour ce portrait d’hommepudique et sans pathos, doublé d’uneréflexion sur la place de l’individu dansune société obsédée par le profit, le filma été tourné avec une équipe et un bud-get réduits. Ce qui ne l’a pas empêchéd’être l’un des cinq films français encourse pour la Palme d’or au festival deCannes !

Sources : dossier de presse

Filmographie succincte : Le Bleu des villes (99) –Je ne suis pas là pour être aimé (05) – Entreadultes (06)

La Loi du marchéFrance – 2015 – 1h33, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon…

À la fin du XIXe siècle, la jeune Bath-sheba Everdene hérite d’un domaineagricole dans le Dorset. Contrairementà ce que la société victorienne attend detoute femme, point question pour ellede déléguer à un homme, et surtout pasà un mari, la gestion de son exploita-tion. Pourtant, pas moins de trois pré-tendants s’empressent autour d’elle :un berger, un sergent et un propriétaireterrien. Mais cette Scarlett O’Haraanglaise n’en fera, évidemment, qu’à satête…Cette sixième adaptation de l’œuvre deThomas Hardy, portrait d’une femmevolontaire et fougueuse, T. Vinterbergl’a voulue comme une fresque roma-nesque, à la Docteur Jivago ou à la1900, sans rapport, donc, avec leDogme dont il fut l’un des fondateurs,en 1995.

Sources : dossier de presse

Filmographie succincte : Festen (1998), It’s AllAbout Love (2003), La Classe (2012)

Ras est un adolescent noir et pauvrequi vit avec sa mère. Maçon le jour, ilpeint chaque nuit des graffitis sur lesmurs de son quartier à Cali. Son amitiéavec Calvin, autre adolescent graffeurmais blanc, échappe à tous les clichésattendus. Impressionnés par des

Loin de la foule déchaînéeGrande-Bretagne/USA - 2015 - 1h50, de Thomas Vinterberg, avec Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts, Michael Sheen…

Los HongosColombie – 2014 – 1h43, de Oscar Ruiz Navia,avec JovanAlexis Marquinez, Calvin Buenaventura, Atala Astrada…

images du Printemps arabe, ils déci-dent de mettre leur commune passiondu street art au service d’un véritableengagement politique.Joué par des comédiens tous amateurs,le film déborde de couleurs et demusique. Récit initiatique à résonancesuniverselles et représentation amou-reuse de Cali, Los Hongos développeune atmosphère à la fois réaliste et fan-tasmatique et constitue, selon le motmême de son auteur, un « rêve docu-mentaire ».

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Serrurier fatigué entré dans la soixan-taine, Angelo Manglehorn vit seul dansune cabane à l’écart d’un village texan ;seul parce que son fils qui a « réussidans la vie » s’entend mal avec lui etn’est jamais là (« Peut-être que tu pour-rais essayer d’être un vrai père », lui dit-il...) et parce que Clara, le grand amourde sa vie, est partie et que tout sembleglisser sur lui sans réellement l’at-teindre. Pour interpréter ce personnagetrès renfermé et perdu en lui-même, D.Gordon Green (Prince of Texas (2013),Joe (2014)...) a choisi de donner un rôletrès à contre-emploi à Al pacino... Il a

ManglehornUSA – 2014 – 1h37, de David Gordon Green,avec Al Pacino, Holly Hunter, Chris Messina...

La Magie Karel Zeman

aussi choisi un traitement non natura-liste de son histoire, voix off, couleurssaturées, touches d’humour... le misé-rabilisme n’est pas la tasse de thé de D.Gordoln Green.

Sources : sightonsound.com

+ court métragesemaine du 10 au 16 juin

Le cirqueFrance – 2010 – 7’, de Nicolas Brault, animation.

À 19 ans, Delio a déjà un enfant etbosse sur un chantier mais il a les rêveset les enthousiasmes de son âge (fairela fête, chanter du rap). À Buenaven-tura, l’une des villes les plus pauvres etdangereuses de la côte Pacifique de laColombie, pour sortir de la misère, ilfaut travailler pour les narcotrafi-quants : Delio est chargé de convoyer100 kilos de cocaïne avec deux com-parses. Commence alors un boat-moviequi sera pour Delio la plongée dans laviolence et la perte de l’innocence etpour le spectateur celle dans un mondejamais filmé. Pour son 1er long-métrage,le réalisateur américain a reçu le Prixdu meilleur réalisateur au festival Tri-beca de New York. DP

À Catane, en Sicile, Davide, quatorzeans, androgyne, est persécuté par sonpère. Il part de chez lui et trouve refuge

Manos suciasUSA-Colombie – 2014 – 1h24, de Joseph Wladyka,

avec Christian Advincula, Jarlin Martines…

Mezzanotte-Les Nuits de DavideItalie – 2014 – 1h34, de Sebastiano Riso,

avec Davide Capone, Pippo Delbono, Vincenzo Amato...

Film proposé au jeune public,les parents restant juges.

L

M

Page 9: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

11Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201510

dans un parc, la Villa Bellini. Ildécouvre alors un monde de marginauxqui vivent de larcins, de prostitution, etque la ville semble tolérer ou, tout dumoins, préfère ignorer. Mais Davide vabientôt être rattrapé par son passé...Mezzanotte – Les Nuits de Davide mêlediverses influences, cruel et flam-boyant, on pense aux univers de Paso-lini et de Fellini, mais aussi au néoréa-lisme. Ces nouveaux Vitelloni tententdésespérément de vivre la vie de leurchoix dans une société corsetée qui leleur refuse. La réalité décrite n’est pasrose, loin de là, mais le ton fuit souventla gravité et est assez souvent drôle.Sur un sujet sensible et très casse-gueule, cette première œuvre ne faitpas dans la facilité, mais elle relève ledéfi avec beauté. JF

+ court métrageShopping

France – 2013 – 8’, de Vladilen Vierny, avec Julien-Benoit Birman,Ewan Favresse, Anaïs Thomas, Eva Minko.

Dans un pays d’Europe en crise, le Por-tugal, Miguel Gomes se propose d’écriredes fictions inspirées de la misérableréalité, des histoires racontées parSchéhérazade sur des événements sur-

Lundi 22 juin avant-première du filmMezzanotte-Les Nuits de Davide et ren-contre avec Sebastiano Riso, le réalisa-teur, après la projection de 19h45

Les Mille et une nuitsVol 1, L’Inquiet

Portugal – 2015 – 2h05, de Miguel Gomes,avec Dinarte Branco, Adriano Luz…

venus dans le Portugal des années2013 et 2014, alors soumis à une poli-tique d’austérité niant toute justicesociale. Dans un noir et blanc élégant,ce conte de Noël poétique allie la véra-cité du documentaire et l’imaginairedans des histoires « de grèves et detapis volants » mélangeant « la fiction etle portrait social »… Un cinéma poli-tique par le truchement de la fable. Miguel Gomes est critique de cinéma.La Gueule que tu mérites (2004), sonpremier long métrage, Ce cher moisd’août (2008) et surtout Tabou (2012)confirment son succès international.Son film sur les Mille et une nuits sedivise en en trois parties : après L’In-quiet, suivent Le Désolé et L’Enchanté.« Un enchantement », selon le directeurde la Quinzaine des Réalisateurs auFestival de Cannes 2015, où il est pré-senté.

Sources : dossier de presse

Ce film, tourné en 1971, raconte la ren-contre improbable d’un homme etd’une femme que tout oppose, sauf leuradmiration pour l’acteur HumphreyBogart. Seymour est gardien de par-king, plutôt beatnik, Minnie, éléganteet raffinée, travaille dans un musée.Toutefois, à l’issue d’un conflit entreMinnie et son amant, dans lequel Sey-mour intervient, ils se rapprochent l’unde l’autre, pour une idylle à la foistendre et orageuse.

Minnie et MoskowitzUSA – 1971 – 1h51, de John Cassavetes,

avec Seymour Cassel, Gena Rowlands, Val Avery…

L’un des films les plus positifs de Cas-savetes, dans lequel l’analyse des rap-ports amoureux est aussi drôlequ’émouvante.

Sources : dossier de presse

Alors que les premiers rayons de soleilestivaux illuminent le ciel, cinq sœursprofitent des charmes de leur âge,s’amusant sur le chemin de l’école avecdes garçons. C’est ce qui les amènera àse trouver comme prisonnières dudomicile familial, dans une Turquiereculée, les parents estimant leur atti-tude inacceptable. De limites encontraintes, ils les soumettront mêmeà des mariages arrangés… sans comp-ter avec l’intense désir de liberté descinq sœurs, qui n’auront de cesse decontester l’ordre imposé.Présenté lors de la dernière Quinzainedes réalisateurs à Cannes, Mustang estle premier long-métrage de DenizGamze Ergüven. Issue de la Femis, laréalisatrice souhaitait raconter ce quepeut être la condition féminine dansson pays natal. Si la ressemblance avecl’histoire des sœurs Lisbon du VirginSuicides de Coppola est frappante, onpeut cependant rêver meilleure issuepour leurs homologues turques !

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

MustangFrance/Turquie – 2014 – 1h40, de Deniz Gamze Ergüven,

avec Erol Afsin, Gunes Sensoy, Dogba Duguslu…

La Nuit au muséele secret des Pharaons

La vie n’est pas facile pour Pierre etManon, deux documentaristes quivivent de petits boulots. Les choses secompliquent avec l’arrivée d’Élisabeth,une jeune stagiaire qui devient la maî-tresse de Pierre. Pour celui-ci cepen-dant, pas question de quitter Manon. Unjour Élisabeth découvre que Manon a unamant et le dit à Pierre…Philippe Garrel, fidèle à ses méthodes,travaille très longuement en amont avecses comédiens et se contente de deux outrois prises, d’où l’impression fausse queles scènes sont improvisées alorsqu’elles sont très écrites et visent à laplus grande authenticité possible. Letournage dans l’ordre chronologiquestrict des scènes renforce encore la jus-tesse des cheminements affectifs. Avecdeux excellents comédiens trop raressur nos écrans, Stanislas Merhar et Clo-tilde Courau.Ce film a fait l'ouverture de la Quinzainedes réalisateurs au Festival de Cannes.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

La Porte d’Anna nous plonge dans lavie d’un hôpital de pédopsychiatrie ausein d’un groupe d’enfants présentantdes troubles mentaux. Sans a priori,sans regard polémique non plus,

Le Petit dinosaureet la vallée des merveilles

La Porte d’AnnaFrance – 2015 – 1h20, documentaire de Patrick Dumont

et de François Hébrard…

L’Ombre des femmesFrance – 2015 – 1h13, de Philippe Garrel,

avec Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam…

P

O

N

Page 10: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201512 13Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

l’équipe de réalisation partage le travailinlassable, titanesque et profondémenthumain qui est accompli au jour le jourpar les soignants et les éducateurs. Ellepart à la rencontre de personnes audestin hors du commun qui luttent auquotidien pour le bien être des plusdémunis. Ce documentaire témoignedes joies et des douleurs de ces enfantsmalades et des défis de l’équipe médi-cale qui les accompagne…Le film est construit autour de l’unitétemporelle de la semaine : on y racontela vraie vie de tous, en immersion com-plète, sans artifice, au plus près desenfants et des soignants. La Ported’Anna est le premier film de PatrickDumont et de François Hébrard en tantque réalisateurs, qui avaient aupara-vant accompagné nombre d’auteursreconnus, respectivement en tant queproducteur exécutif et chef opérateur.

Sources : dossier de presse

+ court métragesemaine du 3 au 9 juinL’argent des autres

France – 2013 – 11’, de Philippe Prouff, avec Simon Faizant,Estelle Lesage, Toussaint Benedetti.

À cause de problèmes d’argent, Vin-cent, champion de tir au fusil, voitl’équilibre de sa vie tranquille remis enquestion. Pour préserver sa femme etsa fille, il accepte un contrat bizarreproposé par Renaud, un garçon énig-matique et séduisant qu’il a rencontré

La Résistance de l’airFrance – 2015 – 1h38, de Fred Grivois,

avec Reda Kateb, Ludivine Sagnier, Tchéky Karyo…

au stand de tir. Le premier pas dans unengrenage qui pourrait s’avérer dange-reux ?Pour son premier long-métrage, FredGrivois – qui fut l’assistant réalisateurde Jacques Audiard depuis De battremon cœur s’est arrêté jusqu’à Derouille et d’os en passant par Un pro-phète – a choisi de plonger l’excellentReda Kateb dans une véritable descenteaux enfers. Un acteur de plus en plusdemandé et qu’on a vu briller dernière-ment dans des rôles aussi différentsque ceux de Gare du nord de ClaireSimon, d’Hippocrate de Thomas Lilti(qui lui a valu le César du meilleursecond rôle), de Qui vive de MarianneTardieu, de Loin des hommes de DavidOelhoffer ou de l’Astragale de BrigitteSy.

Sources : dossier de presse

Ela est une artiste contemporaine, pho-tographe, à qui l’on vient de comman-der une œuvre importante. Can, sonmari, est architecte. Ils vivent dans unquartier chic d’Istanbul et semblentmener une vie heureuse, jusqu’au jouroù Ela entend son mari téléphoner ensecret...Si le point de départ sent le déjà vu, lefilm, lui, est loin du tout-venant. LaRévélation d’Ela porte même très bienson titre. Car c’est bien de révélationque l’on a envie de parler, celle d’uneréalisatrice d’importance, inconnue

La Révélation d’ElaTurquie – 2014 – 1h42, de Asli Özge,

avec Defne Halman, Hakan Çimenser, Gizem Akman...

jusqu’ici en France (pas de trace de sor-tie de son premier long métrage Men OnThe Bridge). La Révélation d’Ela est unemagnifique découverte à mille lieues detout folklore. Et si l’on devait lui trouverdes filiations ce serait avec l’univers deMichelangelo Antonioni : par soncontenu, l’incommunicabilité dans uncouple, et par la splendeur visuellequ’elle déploie. Constamment surpre-nant, La Révélation d’Ela étonne, séduitet enthousiasme par son émotion sècheet sa beauté franche. JF

Pavel, 19 ans, est ouvrier chez Martins-son, un industriel de Marcilly, sur lesbords de Loire, comme son grand-pèreet son père l’ont été avant lui. Amou-reux d’Anja, son amie d’enfance, il nese pose pas de question sur son avenir,tout tracé à ses yeux. Rien cependantne se passe comme prévu : Anjas’éloigne de lui, séduite par le fils dupatron et il perd son travail à la suited’un plan social.Ce premier film de Simon Leclère, ini-tialement intitulé Après la bataille, pro-cède au départ, selon ses propres décla-rations, du « désir de raconter l’histoired’une disparition volontaire, désir lié àune forme de fascination romantiquepour ces individus qui décident, du jourau lendemain, de changer de vie, derefaire leur vie. S’est greffée à ce désirinitial la volonté d’inscrire l’histoire dePavel dans la France d’aujourd’hui,

Les Révoltés (Après la bataille)France – 2015 – 1h22, de Simon Leclère,

avec Paul Bartel, Solène Rigot, Gilles Masson…

théâtre d’un autre effacement, collectifcette fois : celui, progressif, de la classeouvrière, et avec elle, la conscience poli-tique et l’idéal de solidarité qui la fon-dent. »

Sources : dossier de presse

Dans les steppes kazakhes, un hommeet sa fille vivent paisiblement. Deuxgarçons, un Kazakh et un Moscovite,s’empressent autour d’elle, mais lecontexte semble menaçant…Après Battle for Honor, film de guerreà la gloire des soldats russes, le réali-sateur nous propose un superbe poèmevisuel sur les émois adolescents. Cefilm a déjà été fortement remarqué dansplusieurs festivals, à Tokyo, Kinovatr,Honfleur et il a remporté le Prix dupublic au Festival international du filmd’environnement.

Sources : dossier de presse

De l’enfance jusqu’à l’âge adulte, cenouveau film d’Emmanuelle Bercot(que le grand public avait découvertavec le magnifique Elle s’en va) suit le

Vendredi 19 juin, Ciclic et les CinémasStudio proposent une avant-première dufilm Les Révoltés suivie d’une rencontreavec Simon Leclère, le réalisateur, etPaul Bartel, Solène Rigot, comédiensaprès la projection de 19h45.

Le SouffleRussie – 2014 – 1h35, d’Alexander Kott, avec Elena An,Karim Pakachakov, Narinman Bekbulatov-Areshev…

La Tête hauteFrance – 2015 – 1h59, de Emmanuelle Bercot,

avec Catherine Deneuve, Sara Forestier, Benoît Magimel… T

S

R

Page 11: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Soirée de clôture : lundi 8 juin - 19h30

Biographie romancée du célèbre castrat Farinelli, à la fin du XVIIIe siècle. Un somp-tueux film baroque, où le travail effectué sur les voix est éblouissant.

FarinelliBelgique – 1994 – h56, de Gérard Corbiau,

avec Stefano Dionisi, Enrico Lo Verso, Elsa Zylberstein

15Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201514

parcours de Malony, un jeune délin-quant né d’une mère presque aussidésespérante que lui (excellente SaraForestier)… qu’un éducateur et unejuge pour enfant tentent de sauverpresque contre lui-même tant il met devolonté à systématiquement faire lesmauvais choix, tant il s’obstine, avecune rage indomptable, à s’enfoncer tou-jours plus profond.Magnifiquement porté par un parfaitinconnu (Rod Paradot, explosif, dont onreparlera forcément...) La Tête hauteporte un message d’espoir disant querien n’est jamais totalement perdu. ER

Filmographie succincte : Quelqu’un vous aime (03),Backstage (04) – Elle s’en va (13).

Le cinéaste replonge dans le passé despersonnages qui avaient inspiré, en1996, Comment je me suis disputé...(ma vie sexuelle), notamment celui dePaul Dédalus, le héros, maître-assis-tant de la fac de Nanterre. Le film s’ar-ticule autour de ses trois plus grandssouvenirs de jeunesse : des scènesd’enfance et de famille, un souvenird’URSS avant la chute du mur de Ber-lin et enfin l’histoire d’amour entre Paulet Esther, une lycéenne de Roubaix. Endémontrant une fois de plus son art duromanesque, Arnaud Desplechin nousdonnera-t-il les clés pour mieux com-prendre le personnage principal et sadifficulté à vivre le présent ?

Trois souvenirs de ma jeunesseFrance - 2014 - 2h03, d’Arnaud Desplechin,

avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Le collinet, Mathieu Amalric...

Filmographie succincte : La Vie des morts (1991),La Sentinelle (1992), Esther Kahn (2000), Rois etreine (2004), Jimmy P (2013).

Une femme vit avec son fils, adolescentde 16 ans, sauvage et violent. Entreeux, les conflits sont incessants et elleéprouve un violent rejet à son égard, cequi est socialement assez mal toléré.Avant d’en arriver aux extrêmes, ilsparviennent à se battre ensemble pourinverser le cours des choses…Tourné à Dieppe, c’est le quatrième filmde la réalisatrice, co-écrit avec PascalArnold et l’on y retrouve Mathilde Sei-gner qui avait débuté auprès d’elle,dans Rosine, primé à Locarno en 1994.

Sources : dossier de presse

Film du mois voir en fin de carnet.

Le film évoque la rédemption de Marco,un Skinhead, un vrai, qui cogne lesArabes et colle les affiches de l’extrêmedroite. Jusqu’au jour où il ne veut plusde la haine et de la violence au fond delui. Il va tenter de se racheter et de fairetable rase de ses idéologies passées.C’est le parcours d’un salaud qui vadevenir quelqu’un de bien. On suitdonc les grands moments qui ont

Une mèreFrance – 2015 – 1h40, de Christine Carrière,avec

Mathilde Seigner, Kacey Mottet Klein, Pierfrancesco Favino…

Une seconde mère

Un FrançaisFrance – 2014 – 1h38, de Diastème,

avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy...

jalonné l’histoire de l’extrême droite enFrance depuis trois décennies. Lareprésentation des Skinheads a été peuabordée dans le cinéma français. UnFrançais marque une première dugenre : une pure fiction inspirée de faitsréels.

Sources : dossier de presse

Isabelle et Gérard ont été mariés, il y alongtemps. Alors qu’ils ne se sont pasrevus depuis des années, ils répondenttous les deux positivement à l’invitationde leur fils et se retrouvent, en Califor-nie, dans la Vallée de la Mort. Ce rendez-vous, c’est d’ailleurs un mort qui le leurdonne : Michael s’est suicidé six moisauparavant ! Pourtant, malgré l’étran-geté de la situation, ils décident d’aller

Valley Of LoveFrance - 2015 - 1h31, de Guillaume Nicloux,

avec Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Dan Warner…

le retrouver… L’ombre de Maurice Pialatplane au-dessus de ce dixième long-métrage de Guillaume Nicloux, puisquele couple Huppert/Depardieu n’a existéque pour Loulou en 1980 (dans Les Val-seuses, les deux comédiens ne secôtoyaient que brièvement) et que c’estSylvie Pialat qui produit le film. Quelparrainage pour participer à la compé-tition cannoise ! Et puis les films de G.Nicloux sont toujours intrigants : que debonnes raisons d’aller découvrir celui-ci.

Sources : dossier de presse, lexpress.fr

Filmographie succincte : Le Poulpe (1998), Cettefemme-là (2003), La Clef (2007), La Religieuse(2012)

Voir pages Jeune Public

Voyage dans la préhistoire

studiocin

e.com

V

U

Page 12: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Val travaille pour une famille aisée de SaoPaulo depuis treize ans. Elle est vive,

pétulante et extrêmement dévouée. Logée,sur place, nourrie, elle s’occupe de tout, duménage aux repas, en passant par l’éduca-tion de Fabinho, le fils de la famille avec quielle entretient un rapport quasi filial. Maisavant de prendre son emploi à la ville, Val aeu une fille, Jessica, qu’elle a laissée à safamille. Aujourd’hui, Jessica a l’intention defaire des études d’architecture et elle vientretrouver sa mère. Comme elle ne sait oùloger, Val demande l’autorisation à sespatrons de l’héberger. Son arrivée va boule-verser l’équilibre de la maisonnée...

Une seconde mère se présente comme unecomédie sociale entièrement axée autour dupersonnage de Val, incarnée par RéginaCasé, immense vedette au Brésil, qui faitpreuve d’un abattage irrésistible. D’uneénergie sans faille, elle mène la danse. Puis,avec l’arrivée de Jessica, le film change peuà peu de ton, gravité et émotion s’invitantalors. Car Jessica n’est pas comme sa mère,elle ne respecte pas aveuglément les tradi-tions anciennes et n’hésite pas à remettreen cause l’ordre établi. Reflets d’un Brésil

en mutation, ces deux personnages ne sontpourtant pas des caricatures, et la réalisa-trice prend le temps de montrer leursdiverses facettes et fêlures. Plus connue, en France, comme scénariste(L’Année où mes parents sont partis envacances de Cao Hamburger) que commeréalisatrice – c’est son premier film à êtredistribué dans notre pays –, Une secondemère est une œuvre enthousiasmante quireste longtemps dans les esprits et qui sousses aspects légers et divertissants à le mérited’aborder très justement des sujets impor-tants. Comme le dit Anna Muylaert : « Il y aun problème majeur dans le fondementmême de notre société : l’éducation. Celle-ci peut-elle réellement exister sans affec-tion ? Cette affection peut-elle s’acheter ? Et,si oui, à quel prix ? »

De plus, depuis qu’il circule de festival enfestival, Une seconde mère ne cesse de raflerdes récompenses, comme, par exemple, lePrix du public Panorama au festival de Ber-lin, le Prix d’interprétation au festival deSundance, et le Grand prix du festival deValenciennes. JF

FILM

DU M

OIS

Une seconde mèreBrésil – 2015 – 1h52, de Anna Muylaert,avec Régina Casé, Michel Joelsas, Camila Mardila, Karine Teles...

LES CARNETS DU STUDIO – n° 335 juini 2015 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

Page 13: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

3534

JEU

NE

PUBL

IC

JEU

NE

PUBL

IC

FESTIVAL COURTS D’ÉCOLES

Courts d’écoles, c’est le rendez-vous de la création

audiovisuelle pour les classes qui réalisent un court métrage.

Une projection gratuite des films des écoliers au

ra lieu

le vendredi 12 juin à 18h00.

• Rêve de Noël • Le Hamster • Le Fer àcheval porte-bonheur • Monsieur Protouk

horloger • Inspirationsans

paroles

À partir de 4 ans

Quatre garçons qui ont lu les Voyagesextraordinaires de Jules Verne entreprennentde remonter le fleuve du temps pour trouverl’origine d’un mystérieux fossile...

Film réalisé en animation et en images réelles.

République tchèque – 2015 – 46 mn, courts métrages d’animation de Karel Zeman.

République tchèque – 1955 – 1h28, de Karel Zeman.

VO VF

Tout public à partir de 9 ans

Dans les années 50, un petit Sicilien découvrele cinéma avec fascination… Souvenirs de sonamitié avec le projectionniste et révélation desa vocation future de cinéaste. (Voir page 5)

Ce troisième volet des aventures dudynamique gardien de musée deNew York, Larry Daley, nousconduit au British Museum oùdoivent être sauvés les pouvoirs dela tablette magique

VFTout public à partir de 8 ans

USA – 2015 – 1h35, de Shawn Levy, avecBen Stiller, Robin Williams, Owen Wilson...

Tout public à partir de 8 ans

VOÀ partir de 3 ans

Tout public à partir de 5 ans

sansparoles

République tchèque – 1978 – 40 mn, sept courts-métrages d’animation de Zdenek Miler.

Les aventures musicales du petit criquet, parle réalisateur de La Petite Taupe.Une série de dessins animés drôle et sensible.

VF

Un Disney d’époque, qui raconte larencontre et les péripéties amoureuses entreune ravissante cocker nommée Lady et unpauvre chien clochard qui vit dans la rue.

USA – 1955 – 1h15, de Clyde Geronimi.

Mercredi 24, après la séance de 14h15, les enfants pourront nous rejoindre pourun goûter sur la terrasse. Nous fêterons avec eux le cinéma bien sûr, l’été, les vacances,

la fin de nos ateliers de la saison… en attendant le mois de septembre pour les retrouver tous !

Bien avant l’arrivée de l’Homme sur la Terre, unjeune diplodocus, Petit-Pied, est séparé des siens àla suite d’un séisme. Il va rencontrer Cera, Becky,Petrie et Pointu, qui ont eux aussi perdu leursfamilles. Les cinq amis vont apprendre à vivreensemble et découvriront la Vallée des Merveilles...

USA – 1988 – 1h10, film d’animation de Don Bluth. VFÀ partir de 6 ans

Ve r s i o n r e s t a

ur é

e

Page 14: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

17Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

Vendredi 10 avril, l’équipe de laBibliothèque des Studio proposaitd’explorer le thème D’une écriturel’autre : du scénario au roman, encompagnie de Patrick Laurent,scénariste pendant une trentained’années, notamment pour LaGuerre des polices en 1979, ou J’aiépousé une ombre en 1982, tousdeux réalisés par Robin Davis.Désormais écrivain, il est l’auteurde Comme Baptiste ; son secondouvrage devrait être en librairie trèsprochainement. L’objet de cetterencontre était vaste, complexe etl’intervenant disert.

« Écrire un scénario, c’est écrire pourl’écran. Un scénariste est plus proched’un metteur en scène que d’un écrivain.En fait, il n’y a pas de littérature dans unscénario. À l’origine, le mot scénario, enitalien, correspondait à la notion de décorde théâtre. On peut encore considéreraujourd’hui que le scénario est une suc-cession de décors. Le scénariste doit sefaire, dans sa tête, metteur en scène ; ce

qui peut générer une certaine frustrationquand le scénariste ne réalise pas effec-tivement les scènes qu’il a écrites, et dontil a imaginé, rêvé les images. Quand onécrit pour le cinéma, on doit toujoursavoir en tête l’incarnation, alors que dansle cas d’un roman, c’est l’imaginaire quirègne. Écrire un scénario, c’est écriresous la contrainte, surtout dans le casd’une adaptation pour laquelle on doittrouver des solutions qui fonctionnent àl’écran. C’est parfois très compliqué. Sou-vent les écrivains font de mauvais scéna-ristes comme W. Faulkner ou F. S. Fitz-gerald. Il faut aussi tenir compte de lacontrainte financière, du budget dispo-nible pour le film. En littérature, on écritd’abord pour soi, au cinéma pour le spec-tateur. Dans le roman, on écrit autantavec son corps qu’avec sa pensée ; dansle scénario, on écrit pour le corps desautres. Le scénariste doit trouver dessituations pour incarner les pensées. Ilfaut tenir compte de « la loi de condensa-tion » : comment fait-on pour faire tenirune vie en deux heures ? Il y a la conden-sation des corps, des émotions, des évé-nements… Grâce à un ensemble de tech-niques, il faut parvenir à prendre lesspectateurs en otages. L’écrivain n’estsoumis à aucune contrainte de ce type.Si l’écrivain est le seul auteur de ce qu’ilproduit, en revanche, considérer le met-teur en scène comme le seul auteur dufilm est très souvent abusif. » Vaste sujet !Le débat reste ouvert ! IG

Soirée Bibliothèque

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201516

Ici…` PARCOURS DE COMBATTANTS

Deux jeunes comédiennes aux choix exigeants : AdèleExarchopoulos (La Vie d’Adèle) et Adèle Haenel (Les Combat-

tants) ; deux comédiens intenses : Jalil Lespert (Le Petit lieutenant)et Nicolas Duvauchelle (Bodybuilder). Ajoutons à ce quatuor déjà fort

prometteur la belle Anglaise qui a rendu Fabrice Luchini/Martin Joubertmuet d’admiration (c’est dire son pouvoir d’attraction), dans Gemma Bovery,

Gemma Arterton, et nous obtenons l’affiche d’Orpheline d’Arnaud des Pallières.Après le combat d’un homme dans le remarqué et remarquable Michael Kohlaas,

le réalisateur s’attache cette fois à « la lutte d’une femme pour sa vie, sa liberté et sonidentité ».

` COMBATTANT(E)S ENCOREOn le sait, film après film, les frères Dardenne dressent le portrait d’une humanité qui enbave, chute, mais qui envers et contre tout se bat pour se relever. Si Olivier Gourmet et Jéré-mie Rénier semblent être leurs interprètes masculins idéaux, en revanche, sans jamais tomberdans l’écueil de la facilité, pour leurs interprètes féminines, ils ont été plus inconstants : ÉmilieDequenne, Cécile de France, Marion Cotillard, entre autres, ont su, pour eux, exprimer tout àla fois force et fragilité. Pour La Fille inconnue, l’élue se nomme : Adèle Haenel, décidément fortsollicitée ! Elle interprétera une femme médecin qui, hantée par la culpabilité, se met à enquêtersur l’identité d’une jeune fille retrouvée morte, peu de temps après qu’elle lui eut refusé l’accèsà son cabinet.

` FEMME Z’AILÉEPour son premier film, Le Secret des banquises, Marie Madinier a choisi la comédie, dans lemilieu de la recherche scientifique : Guillaume Canet, alias le professeur Quignard, étudie, encompagnie d’une étudiante, interprétée par Charlotte Le Bon (L’Écume des jours), les vertusimmunisantes des cellules de pingouin. Pour damer le pion à une équipe américaine concur-rente, la jeune thésarde est prête à devenir cobaye, en s’injectant de l’ADN du volatile…

et ailleurs…` COMBATTANTE TOUJOURS !La grande Meryl Streep ne s’implique pas seulement par la parole mais

aussi en actes, dans son combat contre l’obsolescence programmée desfemmes de plus de quarante ans, dans l’industrie cinématogra-

phique américaine. Elle vient de créer, en grande partie avecses deniers personnels, le Writers Lab, afin de dévelop-

per les opportunités professionnelles pour desscénaristes ayant passé la quarantaine.

On n’est jamais mieux servi quepar soi-même ! IG

©

Patrick Laurent aux Studio

Page 15: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201518 19Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

Face à faceCrosswind

Le film cumule au départ, comme àplaisir, tous les handicaps :

– l’histoire pas gaie d’un couple séparé aucours du grand déplacement de popula-tion décidé par Staline au début de laSeconde Guerre mondiale : 580 000 Esto-niens exilés en Sibérie. Très peu en revin-rent.– Pas de dialogues mais des extraits delettres authentiques écrites par Erna à sonmari Heldur au cours de leur séparationlors de cet exil, lettres lues en voix off.– Pas de happy end, bien au contraire…– Un dispositif a priori hasardeux et fai-sant redouter le pire : à part le début etla fin situés en Estonie et filmés en mou-vement, la plus grande partie du film,celle qui se passe en Sibérie, est consti-tuée de groupes figés, de véritablestableaux vivants. Parti pris réellementcraignos au premier abord, même si ladifférence de technique filmique sembleen l’occurrence faire sens.– Le film est en noir et blanc.

Et pourtant ce dispositif très particulierproduit une œuvre unique par son origi-nalité et sa puissance émotionnelle. Cela

tient d’abord à la force de l’histoire elle-même, à la fois simple, émouvante,racontée avec une grande dignitéexempte de pathos. Les éclairagessavants, les contrastes qui sculptent lit-téralement décors et personnages, lamusique et les bruitages discrets et tou-jours adéquats, l’incroyable précision desgestes arrêtés, des postures, des expres-sions du visage, tout contribue à fairenaître l’émotion.

On pouvait au départ évidemment toutcraindre de ces choix radicaux de mise enscène, à commencer par l’ennui de cestableaux figés, la lassitude générée par cedispositif tenu tout du long. Or c’est toutle contraire ! Grâce à une utilisationgéniale de la Steadycam notre regardsinue entre les corps, capte un regard,une inclinaison de tête, un instantané demouvement, un geste de la main, qui toussont d’une précision et d’une expressivitéimpressionnantes. La caméra découvreau fur et à mesure, détail après détail, desscènes vastes peuplées de centaines d’ac-teurs (ce sont bien plus que de simplesfigurants). Parfois elle filme un plan d’en-

La soirée de clôture qui se déroulait ce17 avril dernier aux Studio a confirmé

le succès de ce marathon mondial ducourt métrage où, sur les 26 équipes ins-crites, 22 ont réussi ce défi (faire un filmen 48h) et présenter leurs œuvres. Cesuccès gagne du terrain car 4 villes enFrance y participaient l’an passé, et 9cette année, ce qui fait plus de 150 villesdans le monde qui vont confronter leurlauréat dans une finale qui se dérouleraaux États-Unis en mars 2016.

Nombreux ont été ceux qui ont relevé ledéfi et sont partis caméra au poing dansles rues de Tours le week-end du 3 au 5avril avec comme objectif de réaliser unfilm en 48 heures !

Le Jury dispose alors de quinze jourspour visionner les films et délibérer.S'ensuivirent les projections dans unStudio 7 comble pour chacune des deuxséances, et la remise des prix.Une qualité de film presque incroyable auregard de la contrainte de temps, que ce

soit le scénario, le genre, le montage, labande son et le jeu d’acteur, toutes leséquipes ont fait preuve d’une réelle créa-tivité. On notera que le Prix du jury est revenuà l’équipe Embryo pour leur courtmétrage Couple éternel et que le public aété séduit par celui des Michel Brothersavec L’Enterrement.

L’un des objectifs de ce marathon, au-delà bien sûr de susciter des vocationscinématographiques, est aussi d’attirerun public jeune dans les salles autourd’un art un peu négligé, celui du courtmétrage. Objectif atteint pour les Studio.

Le succès de ce marathon n’aurait pu êtreassuré sans la complicité de l’équipe desLoups blancs (entreprise de productiontourangelle et organisatrice du 48hfp deTours) et le Petit Studio (Organisationnationale du 48hfp). Qu’ils en soientremerciés chaleureusement.L’équipe des Studio leur donne déjà ren-dez-vous pour l’édition 2016. PP

Compte-rendu

48hfpDeuxième édition du 48 Hour Film Project

Page 16: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

21Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –20

Une peinture ? Une photographie ? Non,des acteurs immobiles en noir et blanc.

Très vite, la caméra se met à bouger, à cir-culer entre eux, à aller et venir, longuement,jusqu’à un fondu au noir ou au blanc. Unnouveau tableau apparaît alors et la camérase remet en marche.Tout d’abord on est surpris devant cette ins-tallation pour le moins originale, et on sedemande le pourquoi de tels choix. Est-ceparce que les personnages sont des condam-nés, des morts-vivants en quelque sorte ?Pas très malin comme analyse, d’accord,mais le problème c’est qu’on a le sentimentque Martti Helde, le réalisateur de Cross-wind, veut à tout prix faire sens, qu’il ver-rouille, qu’il contrôle tout mais surtout trop.

Et puis, on se lasse, on s’agace et on a enviede dire : « Stop ! On arrête de bouger, on sepose, on arrête cette overdose de steady-cam ». Et on se met à rêver ; quand enfin ças’arrêterait on pourrait regarder où on vou-drait, on pourrait détailler le plan comme onle souhaiterait, sans être pris dans cemanège qui finit par donner mal au cœur.

Si le but du cinéaste est de nous donner lanausée, il y arrive parfaitement, mais sonsujet n’était-il pas assez fort ? Ce qu’il nousen montre ne suffisait-il pas ? S’il faut avoirle cœur bien accroché face au film ce n’estpas seulement parce qu’il montre les hor-

reurs des déportations staliniennes, maissurtout par l’attraction foraine dans laquelleil nous force à monter.

Les formalistes sont souvent de grandscinéastes, mais là, la prétention ne l’em-porte-t-elle pas ? La forme a vampirisé lefond et son systématisme finit par devenirinsupportable. Mais il a ses accrocs, les plusbeaux moments de Crosswind, sont ceux,rares ou le réalisateur laisse son procédé decôté et où les personnages peuvent enfinévoluer normalement. Malheureusement, làencore, l’intention se voit de loin. OK, on abien compris, c’est quand ils étaient libres(les flash-back) ou libérés (la fin) que les per-sonnages bougent...

Le problème, c’est que pour faire passer desidées aussi naïves, il ne faut pas faire lemalin, il faut faire profil bas et avoir unecroyance aveugle dans le cinéma. Quand,dans Mommy, Xavier Dolan (qui pourtant nesemble pas être un parangon de modestie)laisse son image s’élargir dans un momentde bonheur, ça peut paraître nunuche,pourtant c’est formidable. Ça marche parcequ’il est depuis le début en empathie avecses personnages, qu’il les aime et qu’il a sules faire exister, les rendre vivants. DansCrosswind, que des marionnettes retrouventla vie laisse bien plus indifférent. JF

Face à faceCrosswind

égard la dernière lettre lue en voix off à lafin du film émane d’Heldur, le mari,aucune autre n’étant jamais parvenue àErna, et c’est une lettre d’adieu sobre,pathétique de par sa simplicité même, quin’est pas sans rappeler la bouleversantelettre d’adieu de Missak Manouchian(celui de L’Affiche rouge) à son épouseMélinée juste avant son exécution.

Nous n’avons eu que rarement jusqu’ici(jamais ?) l’occasion de découvrir lecinéma estonien. Il est probable queCrosswind n’en constitue pas une œuvrevraiment représentative. Toujours est-ilque voilà un film très intrigant, totale-ment original et qui ne trahit d’aucunemanière les souffrances des exilés. Ilporte à notre connaissance une de cestragédies de l’Histoire dont nous igno-rions tout et il le fait avec un tact et unrespect évidents. C’est un film exception-nel à tous points de vue. AW

semble puis se fixe un instant sur unvisage et revient en arrière : le plan d’en-semble, pourtant toujours fixe, a changéet fait progresser la narration.

Le procédé est d’autant plus fascinantque la caméra se déplace, sinue, virevoltetoujours au même rythme, sans jamaiss’arrêter, donnant à cette déambulationau milieu des choses et des corps uneatmosphère quasi onirique, un rythmehypnotique assez troublant. Si les scènessont comme pétrifiées, le film est toutsauf statique et ennuyeux.

S’il fallait trouver un équivalent littéraireà cette œuvre, c’est du côté de FrancisPonge qu’on pourrait peut-être le trouver,de par le regard étonnamment scrutateuret inventif porté sur le réel, mais unPonge emporté par le vent de l’Histoire,densifié par le sens de la tragédie, trans-cendé par une émotion puissante. À cet

Page 17: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Judas fait de la figuration (oncherche en vain son histoire), Jésus pon-tifie béatement, Ponce Pilate habite unmusée contemporain et ratiocine dans unchantier de fouilles archéologiques. Trèsœcuménique, ce Romain cite l’Ecclésiaste(« Tout est vanité ») et, plus fort encore,plagie par anticipation Émile de Girardin(« Gouverner c’est prévoir »). Ce n’est pasun film mais un livre d’images, d’esthé-tique caravagesque et d’esprit sulpicien,curieux mélange dépourvu d’un point devue original qui le justifierait. À quoi peutbien servir un tel film ? AW

L’ennui éprouvé est à l’aune de latrès grande sobriété des longues scènes,des images et du son. L’épure choisie cul-tive même une froideur qui va à l’encontre

de l’humanisme empathique de seshéros. À vouloir trop maîtriser les arti-fices, la forme instaure en effet une dis-tance au point d’empêcher de porter unevéritable attention au regard proposé parle réalisateur. Dommage. RS

Au commencement était l'aridité :du paysage, des images. Beauté pure,presque irréelle. Puis, vint le doute, l'in-confort, la crainte générés par l'associa-tion, inattendue, de ces images hors dutemps et de la diction contemporaine descomédiens. Si décrochements ponctuelsil y eut (il faut bien le reconnaître), forceest de constater, pourtant, que le mys-tère, sans concessions, proposé par R.Ameur-Zaïmeche fascine. IG

quer l’antisémitisme chrétien (d’ailleursessentiellement catholique), qui ne sefonde pas sur la figure du traître, maissurtout sur la traîtrise des prêtres juifsdont Judas a seulement été l’exécu-tant. EC

Après Les Chants de Mandrin,Rabah Ameur-Zaïmeche s’éloigne encoreplus du terrain chronologique où l’onpourrait s’attendre à le voir évoluer, celuides banlieues ou de l’immigration. Onpeut regretter que le filmage soit un peuempesé, sans que l’on sache si cela pour-rait être dû à un manque de moyens ouà une volonté préméditée... Il n’en restepas moins que, une fois de plus, il prouvequ’il est un cinéaste sur lequel il fautabsolument compter... ER

Le scénario s’inspire bien davan-tage de l’Évangile de Judas, texte apo-cryphe du IIe siècle retrouvé en 1978, quedes textes bibliques, ce qui peut semblerdérangeant. Judas n’y est plus le traître,vendant Jésus aux Romains pourquelques sesterces, mais le seul prochevéritable du Christ… toutefois, cette ver-sion reste très elliptique et ne dessine pasvraiment le parcours de Judas. À partcela, la photo est superbe, depuis les pay-sages venteux d’Algérie, jusqu’à l’affût dela moindre nuance, dans l’expression desvisages. Dommage que Jésus cache sisouvent le sien ! CP

Film iconoclaste empruntantquelques stéréotypes et symboles duchristianisme, sans pour autant expli-

Les rédacteurs ont vu :Histoire de Judasde Rabah Ameur-zaïmeche

23Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201522

Page 18: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

25– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201524

janov étant considéré comme un réalisateuroublié, même si on parlait beaucoup de luidans les années 80, sachant que, sur quatrefilms réalisés, deux sont des films majeurs !Et puis, il a apporté quelque chose aucinéma : un baroque que l’on peut retrouverchez des plasticiens, comme les photo-graphes Pierre et Gille par exemple. SayatNova (1969) est davantage une œuvre plas-tique, une installation d’art contemporainqu’un film : il est à la frontière entre ces deuxarts. En incrustant des images de lui-mêmedans des extraits de films de Paradjanov, S.Avédikian renoue avec la pratique du collagesi chère au réalisateur de La Légende de laforteresse de Souram. Il a ainsi réussi à tra-duire l’univers de Paradjanov, sans le copier.Paradjanov avait beaucoup de difficultés àfaire distribuer ses films. Le titre : Les Che-vaux de feu est un truc artificiel des distri-buteurs de l’époque pour sortir le film, carils trouvaient que le titre originel, Les

Ombres des ancêtres disparus, ça n’était pastrès vendeur. Le film de S. Avédikian parle de l’oppressionrusse subie par Paradjanov, alors qu’iln’avait pas d’engagement politique. Pourtantil a été persécuté, condamné à cinq ansd’emprisonnement en camp de travail etempêché de gagner sa vie pour les motifs de« trafic d’icônes et de devises ; d’incitation ausuicide et d’homosexualité », alors que cequi lui était réellement reproché c’était defaire des films provocateurs, non conformesà l’esthétique officielle, qui pourtantn’avaient rien de brûlots politiques. La thèsedu film est qu’un artiste est un enfant : lefilm de S. Avédikian et d’O. Fetisova s’estd’ailleurs longtemps intitulé L’Enfant auxdiamants, parce que Pardajanov racontaitque, quand il était enfant, son père anti-quaire lui faisait avaler des perles ! Un conte,sans doute. Comme il les affectionnait. IG

QUI ?Serge Avédikian est né en Arménie. Il estarrivé en France en 1970. C’est en interpré-tant le rôle de Christian Ranucci dans LePull-over rouge de Michel Drach en 1979qu’il s’est fait connaître. Il a rencontré Parad-janov lors d’un voyage en Géorgie, puis lorsde la venue de ce dernier en France. Dans lefilm, la réception de Paradjanov à Beaubourga été reconstituée avec les mêmes invitésqu’en 1988, S. Avédikian en faisait d’ailleurspartie. C’était la meilleure personne pourtraiter le sujet et l’interpréter. Paradjanov estl’archétype de l’artiste : malgré tous les obs-tacles, il voulait exprimer sa vision dumonde. C’était un conteur, un magicien : ilcréait avec ce qu’il avait autour de lui, ilinventait des histoires, des traditions qu’ilprésentait comme authentiques, comme parexemple celle du joug pour les mariés dans

Les Chevaux de feu. C’est impressionnanttout ce qu’il a fabriqué en prison avec ce qu’ilavait sous la main, comme des cartes àjouer.

OÙ ?En Arménie, où il mourra en 1990, il estconsidéré comme un véritable dieu, LA réfé-rence en terme de réalisateur ; ce qui est éga-lement vrai en Ukraine où, à cause des Che-vaux de feu, il est devenu LE réalisateurukrainien. Sa dernière demeure à Erevan aété transformée en musée où l’on peut voirles tableaux et les collages auxquels il seconsacrait frénétiquement quand il étaitempêché de travailler à ses images pour lecinéma.

COMMENT ?Le film n’a pas été facile à produire, Parad-

Rencontre avec Gorune AprikianLE SCANDALE DE SERGUEÏ PARADJANOV

mardi 7 avril 2015

Dans le cadre de la commémoration ducentenaire du génocide arménien lesStudio, en partenariat avec L’Union desArméniens du Centre, projetaient en avantpremière Le Scandale Paradjanov de OlevaFetisova et Serge Avédikian. En l’absencedes réalisateurs, c’est Gorune Aprikian,enthousiaste producteur du film, qui arencontré le public, afin d’évoquer lafigure foisonnante, inclassable ettourmentée de Sergueï Paradjanov, auteurnotamment des Chevaux de feu.

Rencontre

À la recherche de Sergueï Paradjanov

Gorune Aprikian aux Studio

©Isabelle Godeau

Page 19: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

Un cinéaste de culture musulmane, origi-naire du Neuf-trois, qui tourne une vie de

Jésus dans le sud algérien, voilà de quoi sur-prendre ! Un peu moins quand on sait que leprojet émane de Rabah Ameur-Zaïmeche, uncinéaste franc-tireur qui a su faire de l’indé-pendance et de la rigueur formelle sa vraiemarque de fabrique depuis Wesh Wesh,qu’est-ce qui se passe ? en passant par Blednumber one et Dernier maquis. Mais pourquoifilmer une nouvelle vie de Jésus quand on n’apas les moyens (impériaux) d’un Martin Scor-sese ou d’un Mel Gibbons et même si celle-ciest légèrement décentrée sur le personnage dutraitre, chrétiennement honni, Judas ? RabahAmeur-Zaïmeche est le chantre d’un cinémamaîtrisé, économiquement et artistiquement,son Mandrin comme son Judas ne souffrentpas vraiment d’une absence de moyens car ilssont conçus selon une sobriété volontaire.Pour ce Jésus, le réalisateur devait rêver d’uneépure pour raconter ce personnage qui avaitfait rêver le petit enfant de l’école de la répu-blique qu’il était à l’instar du Robin des boisfrançais. Dans de magnifiques paysagesdésertiques, chaque plan est d’une esthétiqueparfaite. Mais peut-être trop soignée. Et le réa-lisme aride des scènes finit par être un peuennuyeux comme un souvenir de cours decatéchisme (suite de chromos redorés à lapoussière du sud : les marchands du temple,la femme adultère…) Qu’apporte ce Jésus ?Un Judas – joué par le réalisateur (le traître à

sa communauté d’origine ?) – qui ne trahitpas, qui n’est pas celui qui se sacrifie, quiendosse le rôle du salaud pour que la prophé-tie s’accomplisse, que dieu meurt sur la croixet renaisse…1 Dans cette version, Judas estl’apôtre le plus proche du Christ. Blessé, iln’assistera pas à la mort de son ami (unebonne idée : nous éviter également le calvaireet la crucifixion). Il a été blessé par un scribefanatique qui avait noté le plus fidèlementpossible les paroles du prophète et dontJudas, à son elliptique demande, avait détruittous les écrits. Pour que la parole reste libre.Pour empêcher (peut-on extrapoler) l’appari-tion des fanatismes en détruisant à la base leterreau des fondamentalismes : les textessacrés. 2 La violence de Judas qui brûle lesparchemins neutralisant symboliquementcelles des iconoclastes qui détruisent les sta-tues antiques.Dans son roman intitulé Ponce Pilate, RogerCaillois avait imaginé une solution encoreplus radicale : le juge romain ne s’en lavait pasles mains et libérait Jésus : pas de condam-nation, pas de crucifixion et donc, finalement,pas de christianisme ! DP

1 « Tu seras exécré, mais console-toi. Lui sait qu’Iln’aurait pas pu racheter les hommes sans ma pré-tendue traitrise et sans ta fausse lâcheté. Consens,comme moi, le sacrifice qui nous donnera le pas surles plus grands saints. » (Ponce Pilate, p. 60)2 En supprimant la traîtrise de Judas, il détruit éga-lement les fondements de l’antisémitisme chrétien.

27Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201526

À propos deHistoire de Judas

Après avoir vu les spectacles La Route et LeFil sous la neige dans lesquels Antoine

Rigot jouait les funambules, le réalisateurGuillaume Kozakiewiez avait une demande deportrait. Antoine, victime d’un accident qui luiôtait l’usage de ses deux jambes, l’a invité àune rencontre. De là est né un premier longmétrage très sensible, une tranche de vie avecdes moments plus ou moins heureux pourAntoine.Suite à son accident aux États Unis, Antoinea été opéré et le chirurgien n’a pas asséné dediagnostic fermé, au contraire. Revenu enFrance, il a mal vécu une rééducation durantlaquelle il a tenu un journal. Après 25 annéesd’acrobatie, il n’était pas d’accord avec la ges-tion de ce qui lui était proposé. La rééducationétait faite dans une idée d’adaptation, avecprise de médicaments. Antoine sentait pleinde choses dans son corps. Il gardait espoirmême face à ce qui semblait impossible, refu-sant le terme de handicap. Il s’est doncdébrouillé tout seul. Au bout de huit mois, ils’est mis debout. A son avis, il ne faut pasattendre pour récupérer. Il faut tout de suiteenvoyer des signes positifs au cerveau. EnFrance, on n’essaie pas de réveiller les gens.Ce qui a aidé Antoine, c’est qu’un metteur enscène italien voulait travailler avec lui. Il a étépoussé pour s’occuper d’une partie cirque. Laconfiance est revenue petit à petit.On ne s’en sort pas tout seul. Il y a beaucoupde personnes sur le chemin de la reconstruc-tion.Après l’accident, Antoine pensait qu’il nesavait rien faire. Il a redécouvert d’autreschoses qui ne sont pas accessibles dansd’autres situations, dans le domaine de l’émo-tionnel, de l’intime, de l’échange avec lesautres.

Dans le spectacle actuel, avec la collaborationde sa compagnie Les Colporteurs, Antoinedevient le fil du spectacle sans que cela soitprémédité. Dans le travail, des recherchesd’écriture sont menées, liées aux spécialitésde chacun. Chacun doit s’épanouir avec seshistoires différentes. Chaque projet a une dis-tribution particulière et on réunit des per-sonnes parmi lesquelles il y a très peu de per-manents. On fait toujours appel à desmusiciens dont l’écriture se fait live. Quelques précisions à propos du métier defunambule : – l’équilibre, dans le spectacle sur le fil, c’estcomme une espèce de secret qui est ressentipar chacun. Il y a des moments de grâce. Sion se pose la question de l’équilibre, on en sortet on doute. Consciemment ou inconsciem-ment, on est funambule de sa propre vie.– Le fil-de-fériste (terme récent) danse et àmoindre hauteur.– Le funambule (c’est poétique) déambule (= sepromène sans but) sur une corde. Il est plusen hauteur avec un balancier. Là-haut, il fautgérer ses émotions. Il y a le vent. C’est plusintroverti. On est seul.Cet après midi-là, nous avons rencontré unhomme qui nous a donné une sacrée leçon devie. Le film l’a aidé à avoir un regard plus posi-tif sur lui-même et à s’accepter. Pour lui, desportes restent toujours ouvertes à des amélio-rations possibles. Merci Antoine ! MS

* Antoine Rigot

Rencontre avec Antoine RigotSalto Mortaledimanche 12 avril 2015

Rencontre

Consciemment ou inconsciemment,on est funambule de sa propre vie * Antoine Rigot aux Studio

©Daniel Blanvilain

Page 20: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201528 29Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –

u Ingrédients :• un génie de l’informatique bodybuildé ;• une génie de l’informatique chinoise etmignonne ;• une policière noire bourrue ;• un méchant Libanais velu ;• ordinateurs, téléphones portables,avions, armes, mégapoles, petits marchéspittoresques.

u Temps de cuisson : 2h13

u Première étape : le générique. Parez lesentrailles d’un ordinateur en forme de villeavec ses avenues, ses carrefours, sesimmeubles, ses lumières etc. Ce point dedépart est classique mais fait toujours del’effet.

u Choisissez un culturiste de belles pro-portions (environ 1 mètre 90, 85 kilos), sansgras, avec des magrets larges et bien ronds.Choisissez-le génial, rebelle et taciturne.Enlevez toutes les parties superflues, entreautres réalisme et crédibilité.

u Mélangez progressivement le génie body-buildé et la jeune et belle Chinoise : ce coupleidéal marie la force physique du super-hérosà la fragilité de la fluette brindille, introduitle doigt de romance indispensable pour équi-librer le cocktail pimenté de suspense et deviolence. L’idée de base est de mélanger desingrédients a priori contraires : enfermementpénitentiaire vs voyages à travers le vaste

monde, informatique de pointe vs poingsd’acier, massacres en tous genres vs idylleromantique, ultra-moderne solitude avecbuildings sans âme vs petits marchés orien-taux avec venelles tortueuses et foules bigar-rées etc.Réserver en attendant l’étape suivante.

u Prenez une mappemonde et repérez lesendroits les plus exotiques possible. Faites-yatterrir nos deux héros, en prenant biensoin, là aussi, de débarrasser la préparationde toute forme de vraisemblance.

u Assaisonnez selon votre goût et à volon-té : explosions, fusillades, courses-pour-suites, combats à l’arme blanche, écranspleins de codes et de chiffres.En fin de cuisson nappez d’une musiquedémonstrative et redondante.

Le polar à l’américaine est parfaitement réussisi, à la fin, le héros a tout bon : le plus beau,le meilleur en tout (intelligence, close combat,maniement des armes, des ordinateurs, destéléphones portables, sens de la repartie,invincibilité quel que soit le nombre et l’arme-ment des adversaires etc.) sans oublierl’amour de la jeune, belle, intrépide et ver-tueuse héroïne.

La recette ne présente pas de difficultésmajeures et séduira tous vos amis.

Voir également : polar sauce poulette, salmisde perdreaux et tarte à la crème ». AW

À propos deHacker

Acteur sexy et à succès, Ryan Gosling aannoncé d’une façon assez surprenante sa

volonté de cesser de faire l’acteur pour passerderrière la caméra. Son premier essai, Lost River,semble poursuivre les mondes des deux réalisa-teurs dont il était la vedette (Nicolas WindingRefn et Derek Cianfrance) : astucieuse copie ouprolongement d’univers dont il se sentaitproche ? Il a, en tout cas, écrit lui-même cettehistoire familiale en choisissant pour héros unjeune acteur qui lui ressemble (Iain de Castecker)et mis sa propre compagne (à la ville), Eva Men-

dès, au cœur ambigu de son récit. Le cinémaaméricain raffole des paysages post apocalyp-tiques, même s’il s’agit ici d’une catastrophefinancière dont les protagonistes sont les raresrescapés, isolés dans un no man’s land inquié-tant qui rappelle les paysages dévastés des ban-lieues de Détroit, alignements irréels de pavillonsmurés, de rues abandonnées. C’est là où tententde survivre Bones, son petit frère et sa mère-cou-rage, prête à tout pour sauvegarder son havre(décrépi) de paix. Mais le monde décrit par lacaméra de Gosling n’a rien de réaliste : une malé-diction a frappé la ville de Lost River et le ban-quier que rencontre sa mère pour renégocier sestraites est un inquiétant énergumène qui dirigenuitamment un cabaret bizarre où sont program-més des spectacles grand-guignolesques, mélan-geant érotisme et hémoglobine, où des playmatesau bout du rouleau s’enferment dans les cer-cueils de verre de la chambre des désirs pour ysubir les assauts de consommateurs tout-puis-sants. Sur une musique hypnotique, sous un

éclairage expressionniste, le film est une erranceinquiète au cœur de la nuit, dans un conte mal-sain où un ange des ténèbres règne sur unmonde à bout de souffle, découpant aux ciseauxles lèvres de ceux qui le trahissent. Cauchemarpersistant : sur scène, jetée en pâture à une foulesurexcitée, la mère impassible découpe son beauvisage au scalpel, puis, enlevant délicatementson masque de peau, écorchée vive, laisse coulerdes larmes de sang devant les regards médusésdes spectateurs. Pour sortir de cette nuit sansfin, il faudra que le héros plonge au fond des eaux

enténébrées du lac pour remonter le monstre fos-silisé des souvenirs enfouis. « Comme la voix oula musique, et contrairement au texte, l’imagenous travaille au corps. Le regard palpe oucaresse, s’engouffre ou se glisse, frôle ou pénètre.Il saisit, attache, retient – masse et fait masse (lenous est plus branché sur le ça que le moi…) Ily a une régression jouissive dans toute contem-plation… Le secret de la force des images est sansdoute la force de l’inconscient en nous (déstruc-turant comme une image plutôt que structurécomme une image). Nous intériorisons lesimages-choses et extériorisons les images men-tales en sorte qu’imagerie et imaginaire s’indui-sent l’un l’autre. Rêve, fantasme et désir donnentà l’image quelque chose de plein et de succulent,qui se tête comme un sein et fait soudain le bleuen nous. »* Perdu au cœur de la salle obscure,recroquevillé dans mon fauteuil, j’ai aimé téter leruisseau caché de désirs, d’angoisses, de cruau-tés qui coulait depuis l’écran. DP

* Vie et mort de l’image de Régis Debray (p. 119)

À propos deLost River

Page 21: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

31Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –– Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 201530

Pourquoi filmer Taxi ? D’abord, en premierlieu, pour sortir de l’appartement dans

lequel était enfermé, contraint et forcé, leréalisateur Jafar Panahi depuis ses deuxderniers films*. Pour respirer. Pour aller voirailleurs s’il y était. Sursaut créatif d’unartiste en exil dans son propre pays (et dontle régime aimerait bien se débarrassercomme Abbas Kiarostami et en lui accordantun visa sans retour). Sa voiture devient illicoun miniature studio de cinéma et aussitôtun immense espace de liberté. Liberté demontrer la normalité citadine des rues d’uneville moderne finalement si peu différentesdes rues de nos villes occidentales. Libertéde montrer les contradictions de la sociétéiranienne, certes, mais avec un humourredoutable. S’attendait-on à rire autant àbord d’un film tourné en cachette par uncinéaste menacé de toutes parts ? Les jeuxentre la réalité et la fiction pourraient êtrelassants, comme ils le sont souvent, mais jeles ai trouvés particulièrement réussis.Notamment avec le cours donné à sa petitenièce (quel personnage !) sur ce qu’il est pos-sible ou non de montrer dans un film, surles absurdes interdits qui frappent toute réa-lisation iranienne, celle de l’oncle commecelle de la petite peste, leçon aussitôt miseen application avec le savoureux intermèdequ’on pourrait intituler : Les Mariés, le billetet le petit ramasseur de bouteilles. Ce taxiclandestin est aussi l’occasion pour Panahide revisiter son œuvre – en reprenant le dis-

positif filmique de Ten dont il était l’assis-tant, – en évoquant les inégalités sociales etla condition des femmes avec le testamentgrandiloquent filmé au téléphone portable(Le Cercle et Sang et or), la mise à l’écart desfemmes à propos de la condamnation d’unespectatrice d’un match de foot (Hors-jeu).Ce qui surprend dans ce film risqué, tournédans des conditions matérielles sans douteéprouvantes, c’est la jovialité du conducteur(du film et du véhicule) et l’habileté scéna-ristique avec laquelle il parvient à imbriquerces vrais-faux moments de réalités.A qui profite le trajet ? A moi qui ai passéquatre-vingt-deux excellentes minutes d’unerare intelligence. Aux Iraniens qui pourront,comme le montre sa rencontre avec sonassocié de petite taille, le voir sous le man-teau, comme la plupart des films, peut-êtremême avant leur sortie en salle en Occident.(On avait pu mesurer dans Les Chats per-sans que, sous la barbe des mollahs, lacontre-culture continuait à vivre à Téhéran).Peut-être pas un chef-d’œuvre, mais un clind’œil revigorant ! Et qui n’est, sous sonmasque documenteur, qu’une fiction ! DP

PS : Avec un final assez génial : le cache-cache avecles autorités s’achève lorsque deux hommes de mainviennent arracher la mini caméra, plongeant le filmdans le noir du non-générique… mais la bande-sonprécise, pied-de-nez terminal, qu’ils n’ont pas eu lacarte-mémoire !

* Ceci n’est pas un film & Pardé.

Ainsi s’exclamait Jules Laforgue dans unede ses drolatiques complaintes. Et pour-

tant cette vie si quotidienne, si peu exaltante,est une source d’inspiration très prisée par lescinéastes. Mais comment en rendre comptesans ennuyer le spectateur ? Et surtout à quoibon ? Jamais de la vie, de Pierre Jolivet, et TaxiTéhéran, de Jafar Pahani, relèvent le défi maisen proposant deux réponses, deux visions trèsdifférentes.Franck est un loser nocturne et solitaire, sansavenir, un déclassé qui n’a cependant pascomplètement abdiqué. Humaniste sans lesavoir, orgueilleux sans illusion, courageuxsans forfanterie, il met le pied dans un engre-nage fatal, sorte de tragédie humble qui letranscendera : si « jamais de la vie » il n’a pus’élever à la hauteur de ses idéaux, il y réus-sira en mourant. Véritable western social, lefilm est comme un écho et un hommage àTchao Pantin, avec un Olivier Gourmet massifet taiseux aussi impressionnant que leColuche du film de Claude Berri. Tableaud’une société en crise, où joindre les deuxbouts est de plus en plus difficile, le filmfrappe juste. Sans être jamais démonstratif, ilnous offre une fiction tendue, efficace et pre-nante. La vie quotidienne y apparaît enarrière-plan, mais avec une force et une évi-

dence d’autant plus grandes qu’elle constitueun élément majeur de la dramaturgie.Taxi Téhéran est d’une tout autre veine ets’appuie sur un parti pris différent. JafarPahani se mue en chauffeur de taxi, sa voitureétant le lieu quasi unique où se succèdent despersonnages pittoresques pris dans des situa-tions banales, cocasses ou dramatiques. L’ob-jectif est clair : montrer la ville de Téhéran,curieux mélange de modernisme et de conser-vatisme rétrograde, faire apparaître les blo-cages politiques, psychologiques, religieux quiencombrent et empêtrent l’Iran d’aujourd’hui.Se mettre soi-même en scène est un moyenpour l’auteur de donner à son film les accentsd’authenticité propres à en renforcer le pro-pos. Jouant en permanence sur l’équivoquedocumentaire/fiction, Jafar Pahani tente dedresser, à travers cette courageuse mais sur-faite succession de sketches, un tableau de lavie quotidienne téhéranaise. Mais à qui celaprofitera-t-il ? Pas aux Iraniens, qui évidem-ment ne le verront pas. Quant aux autres(Européens etc.), ils n’apprendront rien qu’ilsne sachent déjà.Dans un autre de ses poèmes Jules Laforgueconstatait que « la vie est partout la même ».Peut-être. Mais, sans vouloir tirer de conclu-sion hâtive à partir de ces deux seuls films, onest quand même en droit de penser que mon-trer la vie en faisant le détour par la fiction estplus efficace qu’en feignant d’en faire l’objetmême de l’œuvre. AW

À propos de1 001 grammes

InterférencesTaxi Téhéran

Jamais de la vie

Ah ! que la vie est quotidienne !

Face à faceTaxi Téhéran

Page 22: CINÉMAS STUDIO - studiocine.com · Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – SEMAINE 4 du 24 au 30 juin 2015 SEMAINE

33Les CARNETS du STUDIO n°335 – juin 2015 –32

Vos critiques

VOYAGE EN CHINE de Zoltan MayerUn film sur la recons-

truction de soi après laperte d’un fils, d’un fils déjàperdu et disparu en Chine.Un film sur la Chine, parti-culièrement sur leSichuan, ses paysages de

forêts, ses villes et surtout ses habitants.Liliane découvrira ainsi qui était son fils,photographe tout comme Zoltan Mayer, laplace qu’il occupait parmi la population dela petite ville. À son tour elle se métamor-phosera en Li Li An. Un film fait de sensi-bilité, de sensualité, d’attention portée àtous ses personnages, d’empathie. Le soinapporté à la construction des images(scènes de pénombre, utilisation judi-cieuse du flou, cadrages…) assure à l’en-semble une réelle harmonie entre la formeet le fond. Et puis, bien sûr, la silhouetteet le visage de Yolande Moreau irradienttout le film. Hervé R.

LA SAPIENZA de Eugène GreenLa Sapienza : unique par

la mise en adéquation par-faite de la spatialité, duphrasé et des émotions et oùl’on assiste à la métamor-phose de 2 couples, l’unadulte et l’autre très jeune,

frère et sœur, minés moralement et physi-quement par la souffrance de vivre etd’avoir à être séparés. Empreint d’unesouffrance lointaine mais toujours pré-sente liée à la séparation et au deuil, dansune volonté de déjouer l’absence, les motssont articulés à l’extrême, et la lenteuravec laquelle ils sont dits rend bien ce désirqu’ils s’épanouissent, qu’ils vivent leur vie

dans leur magnificence : la lenteur duphrasé agit comme un antidote à leur dis-parition imminente. Les liaisons sont sys-tématiques, suffisamment appuyées pourqu’elles semblent quelquefois incongrues.Elles témoignent du fait que si chaque motest important, il n’existe et ne prend toutson sens que dans ce lien intime auxautres. Cette intimité des mots entre euxrenvoie au couple où chacun est enfermédans sa propre histoire mais où le lienentre eux assure la cohérence et la stabilitédu couple. […] Didier C

BIG EYES de Tim BurtonTiré d’une histoire réelle

assez passionnante, TimBurton nous livre un biopicsur la vie de MargaretKeane classique, conven-tionnel et efficace. La pres-tation d’Amy Adams, toute

en nuances et subtilités est formidable.Face à elle, Christoph Waltz multiplie, àmon goût, la caricature de l’imposteur et ilest, du coup, un peu trop cabotin ? Enplus de l’histoire de cette imposture, il y ale constat édifiant du statut de la femmedans les années 50-60, mais aussi unesatire du monde de l’art de l’époque (l’artréduit au marketing, l’impuissance de lacritique). CP

Visuellement, c’est bien du Tim Burton,couleurs saturées, réfléchi, précis, cadrerésidentiel, urbain, ne laissant présagerque des vies lisses, empreintes de quoti-dien plus ou moins banal. Il n’en est rien,mais bon moment quand même, car c’estdu Burton. Diane I.

Rubrique réalisée par RS

Jafar Panahi n’a plus le droit de faire desfilms dans son pays. C’est donc grâce à

une petite dashcam (sorte de webcam) placéesur le tableau de bord d’un taxi dont il est lechauffeur qu’il nous envoie des nouvellesd’Iran : les clients passent et c’est tout Téhé-ran qui défile sur fond de ville en apparencelisse et moderne…Du voleur à la tire de grande envergure à unepetite nièce qui doit faire un film moral pourle festival de son école, en passant par unnain vendeur de DVD de films interdits ettrès roublard, et d’autres passagers hauts encouleurs – une institutrice progressiste, lafemme éplorée d’un mourant de comédie,deux mégères hystériques qui promènent unpoisson rouge dans son bocal… Une bellesuccession d’hommes qui ont rarement lebeau rôle et de femmes souvent bien pluslucides…Panahi est rusé : en jouant avec l’illusion, ilse joue de nous. Si, pendant le premier quartdu film, on se laisse prendre au jeu du repor-tage live dans un taxi de Téhéran, on se rendcompte progressivement que les rencontress’enchaînent trop bien ou qu’elles sont tropbelles pour être vraies.Elles sont orchestrées sans en avoir l’air parun cinéaste-chauffeur au regard pétillant etaux répliques teintées d’ironie qui, malgré

des situations cocasses ou improbablesréussit à ne jamais se départir de son calmeet à ne pas prendre parti.Ce subterfuge permet au réalisateur d’abor-der avec beaucoup de dérision et de finessenombre de sujets primordiaux comme laplace des femmes, la délinquance, la peinede mort et de témoigner de la bêtise et del’ignorance d’une dictature à travers lestémoignages de tous ces soi-disant passa-gers trop impertinents, frondeurs et librespour avoir été trouvés par hasard.Mais le plus beau rôle est celui accordé aucinéma. Cela commence par le long discourssur l’absurdité de la censure de la jeunenièce délurée, et pas si naïve qu’elle en a l’air,pour se terminer par le dernier, celui del’amie avocate des Droits de l’Homme. Unebrassée de roses à la main, elle disperse sonbouquet au fil de sa tirade comme on décer-nerait des récompenses. Quand elle jette unedes fleurs sur le tableau de bord en nousregardant dans les yeux et en déclarant :« Celle-là, c’est pour les amoureux ducinéma », je sais que je n’ai pas été la seuleà avoir été submergée par l’émotion…Décidément, jusqu’au non-générique final,Jafar Panahi nous a prouvé, encore une fois,qu’il était sacrément malin et drôlement cou-rageux. SB

face à faceTaxi Téhéran