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POSTER N ° 43 Conjonctivite de Parinaud et tularemie : une tiologie rare & ne pas m connaTtre. R. CEVALLOS*, E. VIDAL*, V. LOUSTAUD*, M. CRANSAC*, F. LIOZON*, P. WEINBRECK* I 1 Tularemia oculoglandular is not common. We present a case with purulent conjonctivitis (Parinaud conjonctivitis) and swollen pre-auricular lymph nodes. The transmission was made by contaminated fingers. Avec la yersiniose, la maladie des griffes du chat et la sarco'fdose, la tular~mie peut ~tre rarement a I'origine d'une conjonctivite de Parinaud. Nous rapportons ici un cas de cette forme oculo-ganglionnaire. Observation : M. D .... 18 ans, vivant en Haute-Vienne, sans ant~c6dent m~dical, et dont I'activit~ professionnelle consistait en la manipulation de bois forestier tr~s habit~ par les 6cureuils, est hospitalis~ dans le service pour fievre et conjonctivite purulente apparues une dizaine de jours auparavant. L'examen & I'entr6e retrouve une fi~vre en plateau & 39 ° C, une asth~nie importante, une conjonctivite de I'oeil droit avec deux micro-abc6s blanch&tres dans le sac conjonctival inf~rieur ; il n'y a pas d'ulc6ration corn~enne. II s'y associe une volumineuse ad~nopathie (4 x 5 x 3 cm) pr6-auriculaire droite, fluctuante. Le reste de I'examen clinique est normal. La premiere s~rologie de tular6mie, pratiqu~e 5 jours apr~s son admission, est positive au 1/32 (fixation du compl#ment). Elie deviendra positive au 1/128, 15 jours plus tard. Le traitement a consist~ en 21 jours de Cyclines, associ~es pendant les 8 premiers jours & un Aminoside. L'~volution a 6t~ totalement favorable en 15 jours, sans aucune rechute, avec un recul de 11 mois. Discussion La Iocalisation oculo-ganglionnaire de la tular~mie est rare (1 a 5 %) de I'ensemble des formes cliniques. Chez I'homme, la porte d'entree est repr~sentee par la peau et les muqueuses ; 10 & 50 bacilles inject6s en intradermique suffisent & d~clencher la maladie alors qu'il en faut au moins 100 millions pour une porte d'entree orale. L'inoculation de la conjonctivite se fait avec les doigts contamin~s, soit de fa£~ondirecte (contact avec I'animal), soit de fagon indirecte comme ceci semble ~tre le cas dans notre observation. Le r~servoir de germes est animal. En France, le lievre repr~sente a lui seul plus de 85 % du r~servoir ; neanmoins, d'autres rongeurs sauvages peuvent ~tre en cause : les campagnols, les souris et les 6cureuils. Aux USA, les tiques semblent jouer un rSle non n~gligeable. Le diagnostic est difficile et I'absence d'isolement bact~riologique ne I'~limine pas. Le traitement repose sur I'antibioth~rapie associant Aminosides et Cyclines. * Service de M6decine Interne, H#matologie clinique, Maladies infectieuses ; CHRU ; 87042 LIMOGES C#dex. 199t - Tome XII Bulletin de la SNFMI N ° 25 S 165

Conjonctivite de Parinaud et tularémie : une étiologie rare à ne pas méconnaître

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Page 1: Conjonctivite de Parinaud et tularémie : une étiologie rare à ne pas méconnaître

P O S T E R N ° 43

Conjonctivite de Parinaud et tularemie : une tiologie rare & ne pas m connaTtre. R. CEVALLOS*, E. VIDAL*, V. LOUSTAUD*, M. CRANSAC*, F. LIOZON*, P. WEINBRECK*

I 1 Tularemia oculoglandular is not common. We present a case with purulent conjonctivitis (Parinaud conjonctivitis) and swollen pre-auricular lymph nodes. The transmission was made by contaminated fingers.

Avec la yersiniose, la maladie des griffes du chat et la sarco'fdose, la tular~mie peut ~tre rarement a I'origine d'une conjonctivite de Parinaud. Nous rapportons ici un cas de cette forme oculo-ganglionnaire.

O b s e r v a t i o n :

M. D .... 18 ans, vivant en Haute-Vienne, sans ant~c6dent m~dical, et dont I'activit~ professionnelle consistait en la manipulation de bois forestier tr~s habit~ par les 6cureuils, est hospitalis~ dans le service pour fievre et conjonctivite purulente apparues une dizaine de jours auparavant.

L'examen & I'entr6e retrouve une fi~vre en plateau & 39 ° C, une asth~nie importante, une conjonctivite de I'oeil droit avec deux micro-abc6s blanch&tres dans le sac conjonctival inf~rieur ; il n'y a pas d'ulc6ration corn~enne. II s'y associe une volumineuse ad~nopathie (4 x 5 x 3 cm) pr6-auriculaire droite, fluctuante. Le reste de I'examen clinique est normal.

La premiere s~rologie de tular6mie, pratiqu~e 5 jours apr~s son admission, est positive au 1/32 (fixation du compl#ment). Elie deviendra positive au 1/128, 15 jours plus tard.

Le traitement a consist~ en 21 jours de Cyclines, associ~es pendant les 8 premiers jours & un Aminoside. L'~volution a 6t~ totalement favorable en 15 jours, sans aucune rechute, avec un recul de 11 mois.

D i s c u s s i o n •

La Iocalisation oculo-ganglionnaire de la tular~mie est rare (1 a 5 %) de I'ensemble des formes cliniques.

Chez I'homme, la porte d'entree est repr~sentee par la peau et les muqueuses ; 10 & 50 bacilles inject6s en intradermique suffisent & d~clencher la maladie alors qu'il en faut au moins 100 millions pour une porte d'entree orale.

L'inoculation de la conjonctivite se fait avec les doigts contamin~s, soit de fa£~on directe (contact avec I'animal), soit de fagon indirecte comme ceci semble ~tre le cas dans notre observation.

Le r~servoir de germes est animal. En France, le lievre repr~sente a lui seul plus de 85 % du r~servoir ; neanmoins, d'autres rongeurs sauvages peuvent ~tre en cause : les campagnols, les souris et les 6cureuils. Aux USA, les tiques semblent jouer un rSle non n~gligeable.

Le diagnostic est difficile et I'absence d'isolement bact~riologique ne I'~limine pas.

Le traitement repose sur I'antibioth~rapie associant Aminosides et Cyclines.

* Service de M6decine Interne, H#matologie clinique, Maladies infectieuses ; CHRU ; 87042 LIMOGES C#dex.

199t - Tome XII Bulletin de la SNFMI N ° 25

S 165