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Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com Trimestriel n°15/212 – 30 juin 2015 MONDE Scénario macro-économique 2015-2016 Petite vitesse Les perspectives prudemment optimistes que nous dessinions en mars ont dû être un peu revues à la baisse, pour deux raisons. D'une part, la croissance aux États-Unis sera en 2015 inférieure à ce que nous attendions, à cause d'un premier trimestre décevant. D'autre part, le ralentissement déjà anticipé des pays émergents va être un peu plus marqué que prévu, avec notamment des récessions non seulement en Russie, mais aussi au Brésil. En dépit des meilleures perspectives de croissance en zone euro, l'économie mondiale devrait au total croître un peu plus lentement en 2015 qu'en 2014, avant un rebond que nous attendons assez net et quasi généralisé en 2016. Le contexte reste pourtant le même : un pétrole encore bon marché et qui ne devrait se réapprécier que lentement, des politiques monétaires (souvent très) accommodantes (sauf dans certains pays émergents), des politiques budgétaires redevenues plus neutres (une exception majeure : le Brésil) et, en faveur de la zone euro et du Japon, un euro et un yen affaiblis et qui vont le rester. Ce facteur change est d'ailleurs en ce moment le principal soutien de l'économie japonaise. Ce n'est pas le cas en zone euro, plus sensible au ralentissement de la demande extérieure et handicapée par les problèmes structurels de compétitivité de certains grands pays (France, Italie). En Europe, et plus encore aux États-Unis, la consommation privée demeure le moteur de la croissance. Les marchés de l'emploi s'améliorent (la France étant une exception), le recul de l'inflation impacte positivement le pouvoir d'achat des ménages, et les indicateurs de confiance sont mieux orientés. Cependant, et cela est un indice de la relative fragilité de phase ascendante du cycle, les entreprises restent prudentes et la reprise de l'investissement se fait attendre. Enfin, les derniers développements en Grèce introduisent une nouvelle incertitude sur l’évolution relative des taux au sein de la zone euro. Zoom vidéo Les perspectives prudemment optimistes que nous dessinions en mars ont dû être un peu revues à la baisse. L'économie mondiale devrait au total croître un peu plus lentement en 2015 qu'en 2014, avant un rebond que nous attendons assez net et quasi généralisé en 2016. Pourquoi ce ralentissement ? La zone euro s'en tire-t-elle mieux ? Et en France, quel espoir de voir décroître le chômage ? Quelles sont les incertitudes dans ce scénario ? Voir la vidéo Sommaire Une reprise modeste est en cours et se confirmera en 2016 .....2 Scénario 2015-2016 : nos incertitudes et nos doutes .................8 Zone euro : l’inertie de l’inflation ................................................10 France : un chômage pas encore réellement en reflux.............12 Politique monétaire : toutes les bonnes choses n’ont pas une fin .........................................................................................14 Marchés financiers : toujours positifs sur le dollar ....................16 Prévisions économiques et financières .....................................19 Achevé de rédiger le 29 juin 2015 0 20 40 60 80 100 Etats-Unis Zone euro France Allemagne Italie Roy.-Uni Japon Chine % Contributions de la consommation des ménages à la croissance % de la conso. dans le PIB, 2014 % de la conso. dans la croiss. totale, moy. 2015-2016 Source : Crédit Agricole SA

Contributions de la consommation des ménages à la …etudes-economiques.mobi/site/presentations_interactives/Persp15... · créations d’emplois ont été nulles sur le trimestre,

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Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com

Trimestriel – n°15/212 – 30 juin 2015

MONDE – Scénario macro-économique 2015-2016

Petite vitesse Les perspectives prudemment optimistes que nous dessinions en mars ont dû être un peu revues à la baisse, pour deux raisons. D'une part, la croissance aux États-Unis sera en 2015 inférieure à ce que nous attendions, à cause d'un premier trimestre décevant. D'autre part, le ralentissement déjà anticipé des pays émergents va être un peu plus marqué que prévu, avec notamment des récessions non seulement en Russie, mais aussi au Brésil. En dépit des meilleures perspectives de croissance en zone euro, l'économie mondiale devrait au total croître un peu plus lentement en 2015 qu'en 2014, avant un rebond que nous attendons assez net et quasi généralisé en 2016.

Le contexte reste pourtant le même : un pétrole encore bon marché et qui ne devrait se réapprécier que lentement, des politiques monétaires (souvent très) accommodantes (sauf dans certains pays émergents), des politiques budgétaires redevenues plus neutres (une exception majeure : le Brésil) et, en faveur de la zone euro et du Japon, un euro et un yen affaiblis et qui vont le rester.

Ce facteur change est d'ailleurs en ce moment le principal soutien de l'économie japonaise. Ce n'est pas le cas en zone euro, plus sensible au ralentissement de la demande extérieure et handicapée par les problèmes structurels de compétitivité de certains grands pays (France, Italie).

En Europe, et plus encore aux États-Unis, la consommation privée demeure le moteur de la croissance. Les marchés de l'emploi s'améliorent (la France étant une exception), le recul de l'inflation impacte positivement le pouvoir d'achat des ménages, et les indicateurs de confiance sont mieux orientés. Cependant, et cela est un indice de la relative fragilité de phase ascendante du cycle, les entreprises restent prudentes et la reprise de l'investissement se fait attendre. Enfin, les derniers développements en Grèce introduisent une nouvelle incertitude sur l’évolution relative des taux au sein de la zone euro.

Zoom vidéo

Les perspectives prudemment optimistes que nous dessinions

en mars ont dû être un peu revues à la baisse. L'économie

mondiale devrait au total croître un peu plus lentement en

2015 qu'en 2014, avant un rebond que nous attendons assez

net et quasi généralisé en 2016. Pourquoi ce ralentissement ?

La zone euro s'en tire-t-elle mieux ? Et en France, quel espoir

de voir décroître le chômage ? Quelles sont les incertitudes

dans ce scénario ?

Voir la vidéo

Sommaire

Une reprise modeste est en cours et se confirmera en 2016 .....2 Scénario 2015-2016 : nos incertitudes et nos doutes .................8 Zone euro : l’inertie de l’inflation ................................................10 France : un chômage pas encore réellement en reflux.............12 Politique monétaire : toutes les bonnes choses n’ont pas

une fin .........................................................................................14 Marchés financiers : toujours positifs sur le dollar ....................16 Prévisions économiques et financières .....................................19

Achevé de rédiger le 29 juin 2015

0 20 40 60 80 100

Etats-Unis

Zone euro

France

Allemagne

Italie

Roy.-Uni

Japon

Chine %

Contributions de la consommation des ménages à la croissance

% de la conso. dans le PIB, 2014

% de la conso. dans la croiss. totale, moy. 2015-2016Source : Crédit Agricole SA

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 2

Une reprise modeste est en cours et se confirmera en 2016

La consommation des ménages reste en 2015 dans la plupart des pays (le Japon étant une des rares exceptions notables) le principal moteur de la croissance. Croissance qui sera en léger repli par rapport à 2014, en raison du ralentissement aux États-Unis et dans plusieurs grands émergents. En 2016, un rebond modeste est attendu dans toutes les zones, auquel l'investissement devrait apporter une contribution un peu plus significative.

Zone euro : le verre à moitié plein

À un an de la première baisse du prix du pétrole et à six mois de

l’annonce du QE par la BCE et du début de la dépréciation de

l’euro, la croissance de la zone euro montre des signes de

raffermissement. Au premier trimestre 2015, l’activité a légèrement

accéléré (1% a/a, après 0,9% au quatrième trimestre 2014), malgré le

trou d’air de l’économie américaine et le ralentissement de la demande

chinoise. C’est surtout la demande intérieure qui s’est raffermie.

La consommation des ménages s’est montrée solide au premier

trimestre, mais sa faible accélération a déçu, notamment au regard

de la contribution importante attendue de la baisse des prix du

pétrole sur le pouvoir d’achat. Cette contribution devrait toutefois se

renforcer au second semestre. La consommation est restée le principal

moteur de la croissance, contribuant à la hauteur de 0,3% à la

croissance du PIB par rapport au quatrième trimestre 2014 (qui a été de

0,4%). Mais son renforcement reste circonscrit, car c’est surtout en

France et en Allemagne que la dynamique de la dépense de

consommation privée s’est accélérée. Pourtant la progression de la

masse salariale s’est renforcée (+1,2% t/t et +3% a/a) au premier

trimestre, plus du fait de l’accélération des salaires que de l’emploi. Les

créations d’emplois ont été nulles sur le trimestre, mais en progression

de 1,7% depuis un an. Il est donc probable que les ménages n’aient

consommé qu’une partie décroissante de leur revenu et que le taux

d’épargne ait encore augmenté.

L’investissement résidentiel s’est redressé (sauf en France) et le

secteur se rétablit progressivement, contribuant via la remontée

des prix au redressement de la valeur du patrimoine immobilier en

cours depuis le deuxième trimestre 2014. Jusqu’à la fin 2014, une

des priorités des ménages de la zone euro était la réduction d'un taux

d'endettement encore trop élevé et la reconstitution de leur richesse

nette. La remontée des valeurs boursières pourrait réduire cette

contrainte et favoriser une dynamique plus soutenue à la fois de la

consommation et de l’investissement des ménages, que nous

inscrivons dans notre scénario à partir de 2016. La progression du

revenu disponible nominal aiderait, soutenue alors plus par la baisse du

chômage (à 10,7% en moyenne annuelle en 2016) que par l’accé-

lération, très limitée, des salaires.

L’investissement a aussi contribué positivement à la croissance

du premier trimestre, du fait principalement d’une dynamique plus

soutenue en Allemagne et en Italie. Le cycle des biens de transport a

perturbé les chiffres du trimestre, mais l’investissement productif, hors

cette composante, n'a montré de signes de renforcement qu'en

Allemagne et aux Pays-Bas parmi les grandes économies. La

profitabilité des entreprises s’est encore détériorée au premier trimestre

-0,30

0,00

0,30

0,60%, t/t

UEM : contribution à lacroissance du PIB

Consommation privée Investissement

Variations des stocks Exportations nettes

Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A.

EspagneFrance

Italie

Pays-Bas

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UEM : endettement des ménages

Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A.

Allemagne

Variation 2011-2014 (pts de PIB)

Niveau 2014, % PIB

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 3

2015, mais le redressement anticipé de la productivité devrait permettre

une reconstitution, modeste, des marges à l’horizon de notre prévision (cf. article sur l’inflation en zone euro). Avec la reprise de la demande

(intérieure et étrangère), le mécanisme de l’accélérateur relancerait

l'investissement productif dès 2015.

La forte baisse passée du taux d’investissement productif

n’implique pour autant pas une reprise très soutenue de celui-ci,

car le ratio entre le stock de capital productif et le niveau du PIB en

2014 était encore en hausse dans la plupart des grands pays de la

zone (à l’exception de l’Allemagne) et bien supérieur à son niveau

d’avant crise. Mais avec la liquidité abondante fournie par la BCE et des

conditions d’octroi plus favorables, l’offre de crédit pourra accompagner

la reprise de la demande. Pour autant, dans la périphérie, le

renforcement des contraintes règlementaires et l’augmentation des

créances douteuses dans les systèmes bancaires restent des freins à

la reprise du crédit. Le programme d’achat de la BCE est donc une

condition nécessaire, mais pas suffisante, pour le redémarrage de

l’accumulation de capital.

Nous considérons que la récente rotation de la demande sur les

titres européens (et la baisse des cours qui s’en est suivie) et

l’appréciation de l’euro sont des phénomènes transitoires, non

déterminés par des fondamentaux macroéconomiques. De ce fait,

ils ne menacent pas notre vision de l’impact du QE. Nous attendions un

impact modeste de la dépréciation de l’euro sur la croissance,

notamment en raison des dépréciations parallèles de plusieurs autres

devises, qui limitent la baisse en termes effectifs de la devise

européenne. De la remontée des cours boursiers, nous attendons un

plafonnement du taux d’épargne des ménages, et peut-être même un

coup de pouce à l’investissement en extension des capacités, grâce à

la baisse du coût relatif du nouveau capital par rapport au rachat

d’entreprise. Les évolutions du crédit ont reçu un soutien limité du cycle

d’activité, mais celui-ci va s’intensifier. C’est donc par le biais d’une

baisse de la confiance que notre scénario de reprise pourrait s’enrayer.

Mais un choc (positif) de confiance a bien eu lieu, et les enquêtes en

avril et en mai restent compatibles avec la modeste accélération de

l’activité inscrite dans notre scénario au deuxième trimestre (+1,3% a/a,

après +1%). L’acquis pour le deuxième trimestre de la production

industrielle en avril est certes faible (+0,2% t/t) par rapport à notre

prévision, mais l’activité dans l'industrie manufacturière (hors les

composantes volatiles de l’énergie) reste cohérente avec la vision plus

optimiste fournie par les enquêtes. Ce renforcement de la confiance et

la confirmation d’une dynamique plus soutenue de la demande

intérieure permet aujourd’hui un meilleur équilibre des risques associés

à notre scénario, qui prévoit une croissance du PIB de 1,4% en 2015 et

1,8% en 2016.

Royaume-Uni : une croissance tirée toujours par la demande domestique

Après une croissance décevante au premier trimestre, nous

attendons un rebond plus marqué de l’activité britannique au

deuxième trimestre. Le secteur de l’industrie affiche un acquis de

croissance relativement élevé, en dépit d’un secteur manufacturier à

la peine en raison de l’appréciation passée de la livre et de la

faiblesse de la demande globale. La demande domestique devrait

rester soutenue dans un contexte de conditions de crédit assouplies,

d’un marché du travail de plus en plus proche du plein emploi et d’un

rebond significatif des salaires réels. En outre, la reprise en zone euro

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%, a/aR-U : croissance des salaires

du secteur privé

Salaires réels (ajust. IPC) Salaires nominaux

Source : ONS, Crédit Agricole

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5

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00 02 04 06 08 10 12 14 16

%, a/a

UEM : demande et investissement

Demande adressée aux entreprises

Investissement

Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A.

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 4

devrait contribuer à une amélioration graduelle du solde extérieur.

L’impact de la perspective d’un référendum sur l’adhésion à l’UE

devrait se ressentir plus nettement en 2016, principalement par un

ralentissement de l’investissement privé, dans un contexte de

normalisation lente de la politique monétaire à partir de début 2016.

États-Unis : vers un modeste rebond de la croissance au deuxième trimestre

Plusieurs facteurs ont conduit à une légère contraction du PIB au

premier trimestre :

Un hiver particulièrement froid qui a pesé sur la consommation des

ménages ;

Une forte baisse de l’investissement dans le secteur pétrolier,

provoqué par la chute des cours du pétrole brut ;

Le ralentissement de l’activité dans les ports de la côte Ouest, qui

a perturbé les chaînes d’approvisionnement et provoqué une

distorsion des chiffres mensuels du commerce extérieur – ces

derniers étant également impactés négativement par l’appréciation

du dollar ;

Enfin, les chiffres du PIB réel du premier trimestre ont

probablement été biaisés à la baisse par des problèmes de

mauvaise prise en compte de la saisonnalité (« saisonnalité rési-

duelle »), car le revenu interne brut a, quant à lui, progressé de

1,9% t/t en rythme annualisé.

Nous attendons un rebond de la croissance aux alentours de

2,5% t/t (annualisé) au deuxième trimestre, avec un redressement

de la consommation des ménages, un redémarrage de l’investis-

sement des entreprises et une amélioration du commerce

extérieur. Nous pensons que l’économie américaine bénéficie d’une

dynamique sous-jacente solide, notamment grâce à l’amélioration

continue du marché du travail. L’emploi salarié non agricole a

progressé de 220 000 unités par mois en moyenne depuis le début de

l’année et le taux de chômage a baissé. À 5,5% en mai, le taux de

chômage se rapproche de l’estimation du taux de chômage naturel de

la Fed. À 2,3% a/a, la croissance des salaires reste faible, mais

l’indice du coût du travail a commencé à augmenter, ce qui suggère

un rétablissement de la corrélation habituelle entre resserrement du

marché du travail et progression des salaires.

Le pouvoir d’achat des ménages s’est amélioré à la faveur de la

baisse des prix de l’essence et des prix des biens importés. La

situation financière des ménages est saine, la charge de la dette est à

des niveaux historiquement bas. Pourtant, le crédit à la consommation

ne progresse qu’assez lentement et le taux d’épargne est plus élevé

que ne le suggère le ratio patrimoine net sur revenus.

Le crédit aux entreprises a augmenté. La forte baisse de

l’investissement observée au premier trimestre dans le secteur

pétrolier ne devrait pas être aussi prononcée au deuxième

trimestre, les fermetures de sites d’extraction ayant ralenti. Nous

attendons une accélération de l’investissement résidentiel en 2015,

avec des taux plus élevés de formation des nouveaux ménages

(décohabitation), sur fond d’amélioration du marché du travail. Les

taux hypothécaires restent assez attractifs, mais les acheteurs

potentiels continuent de rencontrer des difficultés, parmi lesquelles

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Mds USD/an,

cvs

Etats-Unis : un secteur pétrolier sous le choc

Investissement ds secteur pétrolierNbre de sites d’extraction (dr.)

Sources : Baker Hughes Inc., BEA, Haver Analytics, Bloomberg

en gris :récession

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Déc-05=100, %, a/a

%, a/a

Etats-Unis : une croissanceplus rapide des salaires ?

Salaire horaire moy. secteur privé, tot. indus.

Indice du coût de l’emploi

Sources : BLS, Haver Analytics

en gris :récession

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 5

des conditions de crédit restrictives et les charges financières liées

aux prêts étudiants dans le cas des jeunes adultes.

Le commerce extérieur devrait peser sur la croissance, compte

tenu des perspectives d’appréciation du dollar cette année et de

la faiblesse de la demande en provenance de nombreux

partenaires commerciaux des États-Unis : nous tablons sur une

contribution négative à hauteur de -0,6% cette année. Cette

situation pénalisera la production de biens manufacturés destinés à

l’exportation.

La baisse des cours mondiaux du pétrole abaisse

temporairement certaines mesures d’inflation. La hausse des prix

liés aux dépenses de consommation (PCE) est à peine positive, mais

le déflateur sous-jacent est en hausse de 1,2% a/a. L’impulsion

désinflationniste liée à la baisse des prix des importations pourrait se

prolonger, le dollar continuant à s’apprécier cette année. Nous

continuons cependant de considérer que les anticipations d’inflation

sont relativement bien ancrées. Nous abordons la question de la réaction de politique monétaire de la Fed dans un autre article.

Le déficit du gouvernement fédéral devrait être de l’ordre de 2,7%

du PIB, mais ne s’inscrit pas sur une trajectoire soutenable à

long terme. Les efforts budgétaires ont été reportés, le Président et le

Congrès cherchant à dénouer quelque peu les cordons de la bourse

avant les élections. Il ne faut guère s’attendre à des réformes

majeures de la fiscalité cette année, compte tenu des divisions

partisanes au Congrès. La dette du Trésor a atteint son plafond

statutaire mi-mars, mais le Trésor devrait être en mesure d’honorer

ses factures jusque dans le courant du quatrième trimestre – avant

que le Congrès ne relève le plafond de la dette, ce qui pourrait donner

lieu à un nouveau psychodrame.

Japon : les niveaux de croissance espérés par le Premier ministre probablement atteints cette année

Notre vision positive de l’économie japonaise et des Abenomics reste

intacte. Nous tablons sur une croissance réelle de 1,2% en 2015

et de 1,8% en 2016, ce qui constitue une accélération notable par

rapport à la contraction de 0,1% en 2014, année où la croissance a

été pénalisée par la hausse de la TVA. La croissance réelle a été

robuste et a atteint 1,0% t/t (3,9% en rythme annualisé) au premier

trimestre 2015, un rythme élevé et en hausse pour le deuxième

trimestre consécutif. Fait encourageant, la croissance nominale a fait

un bond de 2,3% t/t (9,4% en rythme annualisé) sur la même période,

principalement en raison de la baisse significative des cours du

pétrole (et des importations) : il s’agit de la plus forte progression

depuis plus de vingt ans. Nous pensons que cela pourrait provoquer

une accélération supplémentaire des salaires et de l’investissement

dans les mois qui viennent. Ceci contribuerait à la formation d’un

cercle vertueux dans l’économie, dans la mesure où le PIB nominal

est étroitement corrélé à la performance des entreprises et à leurs

profits. Dans ce contexte, nous tablons sur une croissance nominale

de 3,2% pour l’année fiscale 2015 (qui se termine en mars 2016), le

niveau le plus élevé depuis vingt-quatre ans. La croissance réelle serait de 2,0% sur la même période. Cela signifie que la

« croissance de 3% en termes nominaux et 2% en termes réels »

espérée par le Premier ministre, Shinzo Abe, ces dernières

années, serait atteinte pour l’année fiscale en cours.

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1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

%, a/a

Japon : croissance du PIB(années fiscales)

Prév.

Sources : Cabinet Office, Crédit Agricole CIB

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07 08 09 10 11 12 13 14 15

%, a/a

Janv-97=100

Etats-Unis : pressions désinflation-nistes et appréciation du dollar

Valeur USD en termes pondérés deséchanges commerciaux

Indice des prix à l’importation : ttes importations hors fuel (dr.)

Sources : Federal Reserve Board, BLS, Haver

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 6

Pays émergents : la croissance stagne

La croissance des pays émergents n’accélère pas, contrairement à

celle des pays développés. Elle devrait même revenir de 4,4% en

2014 à 4,1% en 2015, avant de se redresser à 4,9% en 2016, restant

significativement au-dessous de sa moyenne de long terme. Dans

nombre de pays émergents, la croissance se heurte à des obstacles

tant conjoncturels (parmi lesquels les conséquences d'une remontée

des taux aux États-Unis) que structurels.

En Chine, la croissance s’est stabilisée à un niveau inférieur à

l’objectif officiel, avec une croissance annualisée de 5,3% au premier

trimestre. L’essentiel du ralentissement résulte de la faiblesse de la

production industrielle et de l’investissement. Il met les dirigeants

chinois face à leur dilemme structurel : leurs objectifs de long terme ne

sont pas compatibles avec leurs objectifs de court terme.

À long terme, il s’agit de réduire la part de l’investissement dans le PIB

pour rendre la croissance soutenable à terme. Cet ajustement recèle un

risque d’atterrissage brutal de l’économie, tant le taux d’investissement

est élevé. En revanche, un des principaux objectifs de court terme est

de maintenir la croissance à un niveau suffisant – l’objectif étant

actuellement de 7% – pour assurer la stabilité du marché du travail. Le

ralentissement récent a conduit les autorités à mettre en place des

mesures de soutien à l’activité : baisse des taux d’intérêt et des

réserves obligatoires, assouplissement des contraintes à l’endettement

des gouvernements locaux, et possibilité d'allonger la maturité de leur

dette pour dégager des marges de financement. Cette politique devrait

permettre de stabiliser la croissance, mais elle éloigne le rééquilibrage

de la croissance, dont l’économie chinoise ne pourra pourtant pas faire

l’économie.

Les perspectives de l’Inde se présentent mieux. La croissance

devrait y être quasi-stable en 2015 et 2016 à environ 7,5% (davantage

que la Chine). Le gouvernement Modi a progressé sur la voie de la

consolidation budgétaire, et est parvenu à améliorer les procédures de

décisions publiques, notamment pour les investissements. La tendance

de la croissance semble solidement établie, mais l'Inde reste vulnérable

à la hausse des taux américains. Toutefois, la réduction récente de son

déficit courant a réduit les risques.

Le reste de l'Asie de l'Est et du Sud-Est devrait bénéficier en 2015

d'une croissance stable, parfois élevée (Philippines, Vietnam), ou

même un peu plus forte (Thaïlande, s'il n'y a pas d'« accident »

politique), pour autant que l'activité reste soutenue en Chine.

Le Brésil s’enfonce quant à lui dans la stagflation. La grave dérive

des finances publiques en 2014 exige un resserrement énergique (en cours) de la politique budgétaire, faute de quoi le statut d'investment-

grade serait menacé. En outre, la poussée d’inflation (8,5% a/a en mai)

a conduit la Banque centrale à relever fortement son taux directeur, à

13,75% (relèvement peut-être excessif, le regain d'inflation étant

largement dû à l'alimentation et à des ajustements de prix administrés).

Dans ce contexte, l'activité déjà vacillante (-9,8% a/a pour la production

manufacturière en avril) est entrée en franche récession, et nous

prévoyons une contraction du PIB de 1,8% en 2015, suivie d’un

incertain et timide retour à la croissance en 2016 (0,9%).

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%

Pays émergents :taux de croissance

Brésil Russie

Inde Chine

Pays émergents Source : FMI, Crédit Agricole SA

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1990 1995 2000 2005 2010

% PIB

Pays émergents :taux d'investissement

Chine Brésil Inde RussieSource : EIU

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 7

Au-delà de la conjoncture, l’augmentation de la croissance potentielle

requiert des réformes structurelles (dont : réforme fiscale, réforme du

marché du travail, plan d’infrastructures). Mais les rigidités politiques et

le manque de marge de manœuvre budgétaire rendent difficile la mise

en œuvre de cet agenda.

Les performances du reste de l'Amérique latine seront médiocres :

récession en Argentine et au Venezuela (sévère dans ce dernier cas),

ralentissement des producteurs andins de matières premières, et mo-

deste (et décevante) reprise au Mexique. Au total, la région enregistrera

une croissance nulle en 2015.

La Russie est également en franche récession. L'activité devrait s’y

améliorer à partir du second semestre, à la condition que les tensions

politiques liées à la crise ukrainienne ne s’amplifient pas. La stabi-

lisation du rouble et la désinflation devraient permettre à la Banque

centrale de continuer à baisser significativement son taux directeur.

Comme au Brésil, la croissance devrait redevenir positive en 2016,

après la récession de 2015. Positive, mais sans doute poussive. Nos

prévisions de croissance sont de -3,5% en 2015 et +1,5% en 2016.

Le retour à une croissance plus élevée nécessiterait des inves-

tissements massifs, une diversification de l’économie et une amélio-

ration de la gouvernance (sans oublier un environnement géopolitique

plus apaisé). Ces conditions sont loin d’être réunies.

L'Europe centrale et orientale s'avère en revanche étonnamment

résiliente. Dans la plupart des pays, la croissance sera en 2015 en

progression par rapport à 2014, notamment en Pologne, le pays le plus

dynamique de la région.

Au Moyen-Orient et en Afrique, les évolutions seront contrastées.

Les exportateurs de pétrole verront l'activité ralentir, même si beaucoup

disposent de réserves leur permettant de soutenir à court terme la

croissance. Mais beaucoup d'autres (dont le Maroc et l'Égypte)

bénéficient d'un environnement économique soudain plus favorable.

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2004 2006 2008 2010 2012 2014

Taux de change c/ USD

Brésil BRL Chine CNY

Inde INR Russie RUB

Mexique MXN Turquie TRL

Source: Reuters

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2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014

Brésil : finances publiques

Solde consolidé Solde primaireSource : BCdoB

Mds BRL, cumul 12 mois

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 8

Scénario 2015-2016 : nos incertitudes et nos doutes

Un scénario est le résultat d'un arbitrage entre forces parfois contradictoires (« upsides » et « downsides »). L'objet de cet article est de présenter quelques-uns de nos doutes : les politiques monétaires sont-elles susceptibles de casser ou de faire déraper le modeste rebond d'activité attendu en Europe ? La consommation des ménages, principal support de la croissance, peut-elle céder et affaiblir significativement celle-ci ? Enfin, quel risque de « hard landing » en Chine ?

Pas de « choc de marchés »

Notre scénario table certes sur une volatilité de marché durablement

plus élevée, mais aussi sur des conditions monétaires et financières

toujours très accommodantes dans la plupart des pays développés,

ce qui faciliterait notamment le processus (inachevé) de désendet-

tement du secteur privé.

Les risques liés à ce scénario financier sont multiples, à commencer

par un krach obligataire de grande ampleur que l’interventionnisme

des banques centrales ne permettrait pas de contenir. Si l’économie

américaine peut probablement supporter des conditions monétaires

plus restrictives, de nombreux doutes subsistent quant à la solidité de

la reprise en zone euro. Une remontée des taux réels dans les pays

de la périphérie constituerait un risque majeur pour le cycle

l’investissement. Tout effet de contagion lié à la situation en Grèce ne

ferait qu’aggraver la situation.

Dans un autre registre, un choc déflationniste en provenance de

Chine (cf. infra) viendrait contrecarrer la politique réflationniste menée par la BCE, via une chute des cours des matières premières et un

désancrage des anticipations d’inflation.

Un pari sur la résilience de la consommation des ménages

Dans la plupart des pays, la consommation est le premier facteur de

croissance dans notre scénario 2015-2016 : sa contribution à la

croissance du PIB est en général supérieure à sa part dans le PIB.

C'est particulièrement le cas aux États-Unis, où la consommation

apporterait en moyenne, en 2015 et 2016, 90% de la croissance

additionnelle (et même plus de 100% en 2015). Même au Brésil en

récession, la résistance de la consommation des ménages atténue le

recul de l'activité.

La consommation est certes la composante la plus résiliente de la

demande. Mais nous attendons ici d'elle un rôle moteur. Or, elle reste

sensible au « moral des ménages », lui-même susceptible d'être

affecté par des évènements imprévus, extérieurs (géopolitique, prix

du pétrole, chocs financiers globaux) ou domestiques (politique locale,

retour des anticipations de déflation, prix de l'immobilier...). Or, quel-

ques dixièmes de point en moins sur la consommation des ménages

auraient non seulement un impact direct sur la croissance du PIB,

mais entraîneraient aussi un report des décisions d'investissement et

une évolution adverse des stocks. Sans oublier une résurgence du

risque de déflation.

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%Contributions de la consommation

des ménages à la croissance

% de la conso. dans la croiss. totale, moy. 2015-2016

% de la conso. dans le PIB, 2014

Source : Crédit Agricole SA

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2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Pétrole et éléments financiers

Prix du Brent EUR/USD

OAT 10 ans (dr.) US T-bond 10 ans (dr.)

Sources : Datastream, Crédit Agricole SA

moyenne 2014=100 %

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 9

Un « soft landing » en Chine

Nous intégrons dans notre scénario un très progressif « soft landing »

de l'économie chinoise, avec une croissance du PIB de 7,4% en 2014,

7,1% en 2015, 6,9% en 2016, donc pas de chute brutale dans les

deux ans. À l'horizon de notre prévision, les autorités de Pékin ont les

moyens (financiers et en termes de leviers de pouvoir) de soutenir la

croissance.

Le problème, c'est que ce soutien à l'activité prend toujours la même

forme : plus de crédit à l'économie. Bien sûr, nous ne sommes plus

dans la brutalité de fin 2008, quand les responsables de banques ont

été sommés de distribuer rapidement 4 000 Mds de yuans (près de

600 Mds USD). Aujourd'hui, on joue sur les taux d'intérêt, les réserves obligatoires..., mais in fine, une croissance lentement déclinante est

de plus en plus financée par des crédits toujours en hausse. Ce n'est

pas soutenable, et Pékin le sait. Les autorités essaient donc de

redonner un rôle plus important à la consommation des ménages, qui

serait financée par les revenus du travail et un peu moins d'épargne.

Mais la consommation ne représente que 38% du PIB, contre 45%

pour l'investissement.

Il est risqué de parier que ce qui n'est pas soutenable sera

éternellement soutenu : il y a donc un réel danger de chute brutale de

l'investissement et donc de la croissance chinoise et, ce qui nous

intéresse plus directement, de la demande chinoise adressée à

l'extérieur. Le choc serait général, et violent pour certains : sur les prix

de l'énergie et des métaux (et donc sur les pays producteurs), sur les

chaînes de production (sur l'Asie de l'Est et du Sud-Est), et sur les

producteurs de biens d'équipement (Japon, Corée du Sud, Europe,

États-Unis). Heureusement, nous pouvons encore reporter ce risque

au-delà de l'horizon de cet exercice (fin 2016).

Un scénario pessimiste ?

Notre scénario est-il pessimiste ? Oui, il anticipe pour 2015 un léger

recul de la croissance mondiale (3,1%, après 3,3% en 2014). Oui, nous sommes en retrait par rapport au dernier World Economic

Outlook du FMI, mais celui-ci, publié en avril, n'intégrait pas le

médiocre premier trimestre aux États-Unis et en Allemagne. Dans la

plupart des autres pays, nous sommes finalement assez proches du

« consensus ». En Europe, la progression de la croissance est certes

moindre qu'en 2014, mais il s'agissait alors d'une sortie de récession.

Le recul de l'activité mondiale dans notre prévision est en fait dû au

ralentissement de quelques pays. Les États-Unis (mais nous

persistons à attendre un rebond au second semestre), et certains

pays émergents : Chine, un peu, Brésil et Russie, beaucoup (mais

est-ce être pessimiste que d'y prévoir une récession ?), et producteurs

de pétrole et de métaux.

De même, notre scénario financier n'est pas spécifiquement « pessi-

miste », dans le sens de « plus noir que le marché ». Par exemple,

nous n'anticipons pas, comme certains analystes, de passage de

l'euro en-dessous de la parité avec le dollar, ce qui traduit notre

confiance dans la capacité des institutions européennes à gérer (nous

n'allons pas jusqu'à écrire « résoudre ») les difficultés de la zone.

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8volume, %

Croissance du PIB, 2015

Crédit Agricole Consensus FMISource : CA S.A.

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2004 2006 2008 2010 2012 2014

% PIB

Vol., a/a, %

Chine : croissance et "social financing"

Croissance du PIB

Crédits à l'économie 'social financing' (dr.)Sources : NBS, PBoC

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 10

Zone euro : l’inertie de l’inflation

La normalisation des tendances inflationnistes dans la zone euro inscrite dans notre scénario est soutenue par les évolutions des derniers mois, qui reflètent surtout la fin de la baisse des prix des produits alimentaires et de l’énergie. Mais des facteurs plus structurels continueront de peser sur l’inflation sous-jacente, contrainte par la faiblesse de la progression des salaires, elle-même liée à d’importants excès de capacités qui ne se résorbent que lentement.

L’énergie n’explique pas tout

Après quatre mois de repli, le taux d’inflation annuel en zone euro a

été nul en avril et est redevenu positif en mai avec une croissance de

l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de 0,3% a/a (en

première estimation). L’inflation hors énergie et alimentation n’a

cependant jamais été négative. L'impact du prix de l'énergie passe par le canal des prix importés, qui se répercute in fine sur les prix à la

production, bénéficiant ainsi très largement au secteur industriel. Mais

si les prix des matières premières ont été les principaux

contributeurs à la dynamique désinflationniste, celle-ci a aussi été

renforcée par le net ralentissement des prix des autres biens et

services. L’indice de diffusion par secteur (retraçant la proportion de

variables dont l’évolution varie positivement) plaide pour une orientation

encore baissière de l’inflation.

L’évolution des revenus unitaires domestiques, i.e. celle du déflateur

du PIB, montre aussi une nette tendance à la décélération, consé-

quence de capacités excédentaires exerçant des pressions à la

baisse sur les salaires. Mais la baisse de l’inflation ne trouve qu’une

explication partielle dans le recul du prix des importations et des coûts

salariaux unitaires, car ces derniers ont continué de progresser, bien

qu’à un rythme moindre.

Des marges sacrifiées

Le comportement de fixation des prix des entreprises et la

compression des marges, qui s’est accentuée en 2014 après son

ralentissement fin 2013, sont les meilleures explications de la

baisse des prix. Le faible pouvoir de marché des producteurs

apparaît dans la baisse des prix des produits industriels, en recul

depuis deux ans, même si les pressions à la baisse se relâchent depuis

janvier. Cette tendance a d’autant plus impacté l’inflation de la zone

que l’effort des prix a principalement été réalisé sur les marchés

domestiques, car les marges à l’exportation ont plutôt progressé. Bien

que la progression des salaires se poursuive (+1,3% a/a au premier

trimestre 2015 en zone euro), elle a décéléré un peu partout en 2014,

à l’exception de l’Allemagne. Dans d'autres pays du « cœur » (France

et Pays-Bas), la croissance du salaire par tête s’est affaiblie. En

Espagne, la baisse s’est accentuée, surtout dans les services,

marchands et non marchands. En Italie, où la modération salariale est

intervenue plus précocement qu’en Espagne, le rythme de croissance des salaires est resté à peine positif. C’est donc surtout le repli de la

productivité dans la zone euro qui a induit une remontée des coûts

salariaux unitaires. Cet écart positif entre croissance des salaires et

de la productivité se retrouve en France et en Allemagne, mais aussi

en Italie où la productivité a encore baissé. En Espagne et aux Pays-

Bas, en revanche, les salaires ont crû moins rapidement que la

productivité.

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00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15

%, a/aindiceUEM : indice de diffusion de

l'inflation (secteurs/pays)

Indice de diffusion IPCH % a/a (dr.)

Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A.

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00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14

%, a/a

UEM : déflateur de la demande intérieure et du PIB

Déflateur de la demande intérieure

Déflateur du PIB

Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A.

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 11

Des salaires moins rigides à la baisse

Au-delà de cette explication par le taux de marge et la perte de

pouvoir de fixation des prix des entreprises, des facteurs plus structurels peuvent être invoquées. Plusieurs études témoignent

d’une plus forte sensibilité de l’inflation aux excès de capacités (la

différence entre le produit effectif et le produit potentiel). En cas de

persistance d’écarts de production fortement négatifs (comme c'est

actuellement le cas), l’inflation montrerait une sensibilité à la baisse

plus importante que celle observée dans le passé.

Le phénomène est particulièrement net dans les pays les plus

touchés par la crise (Espagne et Italie). Ainsi, des écarts de

production fortement négatifs pourraient y avoir affaibli la rigidité des

salaires nominaux au-delà du pouvoir de fixation des prix des

entreprises. Les récentes réformes du marché du travail peuvent

expliquer une telle déformation de la relation entre l’inflation et

l’activité. Au-delà des différentes mesures ayant accentué la flexibilité du travail et réduit l’indemnisation du chômage, la tendance à la

décentralisation des négociations salariales vers l’entreprise a pu

contribuer à une plus forte sensibilité des salaires au cycle. Les

dérogations aux accords de branche ont pour objectif de mieux

adapter l’évolution des salaires aux conditions de productivité de

l’entreprise. La montée des objectifs liés à l’emploi dans les négo-

ciations implique aussi un lien plus étroit entre le chômage, les

capacités excédentaires et la variation des salaires. L’Italie et

l’Espagne, dès 2011, ont mis en place ce genre de réformes, par voie

d’accords entre partenaires sociaux dans le premier cas, par

l’intervention du législateur, dans le second.

Une plus forte réactivité à la baisse des salaires dans la périphérie

peut aussi s’expliquer par une déstabilisation temporaire des antici-

pations d’inflation, qui peuvent être excessivement basses. Le biais

ainsi introduit conduit alors à de moindres augmentations salariales

lors des négociations collectives.

L’hypothèse de normalisation des tendances inflationnistes dans la

zone euro reflète surtout la normalisation des prix des produits

alimentaires et de l’énergie des derniers mois. Mais comment vont

évoluer les facteurs plus structurels capables d’affecter l’inflation

sous-jacente ? Peut-on prolonger la dégradation des marges ? Le

léger redressement de la productivité inscrite dans notre scénario

(0,6% en 2015 et 1% en 2016) ne permet pas une accélération des salaires à taux de marge inchangé. Même en Allemagne où nous

attendons une plus forte accélération de la productivité, maintenir

les rythmes récents de croissance des salaires impliquerait une

baisse du taux de marge. Cette pression sur les salaires est d’autant

plus importante dans les pays de la périphérie, où les gains de

productivité récents sont peu facilement reproductibles à l’avenir, car

ils sont en grande partie le produit de fortes destructions d’emplois. Le

ré-ancrage des anticipations d’inflation semble en revanche en bonne

voie, même si des anticipations baissières ont déjà pu être

incorporées dans les négociations couvrant un horizon de moyen

terme.

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% VA UEM : taux de marge

Zone Euro Allemagne France

Italie Espagne Pays-Bas

Sources : Eurostat, Crédit Agricole SA

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g.a., %UEM : salaire par travailleur

Zone Euro Allemagne France

Italie Espagne Pays-Bas

Sources : Eurostat, Crédit Agricole SA

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 12

France : un chômage pas encore réellement en reflux

Le taux de chômage a baissé de 0,1 point en début d’année en France, passant à 10% de la population active en France métropolitaine. Est-ce le début d’un reflux tant attendu ? Au regard du retard accumulé en termes de productivité du travail et du gonflement récent du halo du chômage, rien n’est moins sûr.

Une détérioration du marché du travail pendant la crise

Au premier trimestre 2008, le taux de chômage ressortait à 6,8%

de la population active en France métropolitaine. Il atteint

aujourd’hui 10%, en hausse de 3,2 points en six ans. Le nombre

de chômeurs au sens du Bureau International du Travail (BIT) a

progressé de 970 000 personnes sur la période observée : il était de

1,9 million au premier trimestre 2008, il est désormais de 2,9 millions

fin 2014. L’emploi total est, quant à lui, resté quasiment stable, en

hausse de 70 000 personnes, de 27,2 à 27,3 millions. La hausse des

effectifs non-salariés (+345 000) et de l’emploi public (+109 000) a

permis de compenser le recul de l’emploi privé (-385 000).

Un retard de productivité du travail pénalisant la situation financière des entreprises

Malgré cette dégradation du marché du travail, la productivité est loin

d’avoir progressé à son rythme tendanciel. Plusieurs périodes

peuvent être distinguées :

De 2008 à mi-2009, l’activité s’est repliée. Des phénomènes

« classiques » de rétention de main-d’œuvre ont alors été

observés. Malgré un climat des affaires peu favorable, les chefs

d’entreprise préfèrent, à court terme, et bien sûr dans la mesure du

possible, maintenir leur main-d’œuvre en place. Cela permet

d’éviter des coûts de licenciement élevés (puis de recrutement à

l’issue de l’épisode de basse conjoncture) et de préserver le capital

humain (le savoir-faire) dans l’entreprise. Au moment du retour-

nement conjoncturel, les entreprises réduisent ainsi d’abord l’em-

ploi intérimaire (entre début 2008 et mi-2009, l’emploi intérimaire a

baissé de 35%) et les CDD, puis les heures supplémentaires.

Enfin, l’entreprise peut recourir au chômage partiel (réduction

temporaire des horaires de ses effectifs en deçà de l’horaire légal).

Le nombre de salariés en activité partielle culminait à plus de

300 000 personnes au troisième trimestre 2009. Ainsi, l’emploi stricto sensu ne s’est pas ajusté aussi fortement et aussi

rapidement que ce qu’aurait mécaniquement induit le repli de la

croissance. La productivité du travail a chuté.

Cette dernière s’est ensuite progressivement redressée, grâce

à l’accélération graduelle de la croissance, accompagnée d’une

poursuite de la correction de l’emploi. Ainsi fin 2010, la productivité

retrouvait son niveau d’avant crise.

De 2011 à début 2012, la productivité s’est stabilisée. Certes, la

croissance était plus dynamique, mais l’emploi s’est également

rapidement amélioré.

Depuis début 2012, la productivité se redresse mollement,

grâce à une croissance un peu plus dynamique en tendance, pour

l’instant sans reprise de l’emploi.

Il est pertinent de comparer l’évolution effective de la productivité et

sa hausse tendancielle. L’écart est frappant depuis 2008. Il l’est

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a/a, %milliers

France : heures supplémentaires, intérim et chômage partiel

Emploi intérimaire

Chômage partiel

Nombre d'heures suppl. (éch. dr)Sources : Dares, Crédit Agricole S.A.

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08 09 10 11 12 13 14 15

a/a, 000'%

France : hausse sensibledu taux de chômage

Nombre de chômeurs (dr.)

Taux de chômageSources : Insee, Crédit Agricole SA

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 13

d’ailleurs beaucoup plus que lors des crises précédentes, à la suite de

la récession de 1991 ou lors de la quasi-récession de 2001. Pour un

maintien de la hausse tendancielle de la productivité, dans l’envi-

ronnement de croissance qui a été connu, l’emploi aurait dû reculer

de 27,199 millions à 25,418 millions de personnes, ce qui aurait

sévèrement pénalisé la de-

mande domestique. La

conséquence directe du

retard accumulé de pro-

ductivité du travail est une

dégradation de la profita-

bilité des sociétés non

financières, les variations du

taux de marge étant corré-

lées positivement aux gains

de productivité apparente du

travail. Cette situation finan-

cière détériorée est une

contrainte évidente pour la

reprise à venir de l’emploi.

Un gonflement du halo du chômage créant une résistance à la baisse du taux de chômage

Le BIT fournit une définition stricte du chômage. Une personne sans

emploi, mais non disponible pour travailler dans les quinze jours, ou

qui ne recherche pas activement un emploi, ne sera pas comptabilisée dans les statistiques publiées. Le « halo » du chô-

mage prend en compte ces personnes à la frontière entre

chômage et inactivité. D’après l’Insee, en France métropolitaine, 1,5

million de personnes inactives au sens du BIT (donc non

comptabilisées comme chômeurs) souhaitaient un emploi au premier

trimestre 2015 (+70 000 personnes sur le trimestre, expliquant en

partie le recul observé du taux de chômage). L’amélioration de la

conjoncture incitera les personnes concernées à rechercher à

nouveau activement un emploi : elles seront alors à nouveau

comptabilisées comme chômeurs, d’où une probable résistance à la

baisse du taux de chômage lors de la reprise.

Un diagnostic confirmé par Okun

Aux deux contraintes qui viennent d’être soulignées s’ajoute une troi-

sième de taille : la dégradation pérenne de la confiance des chefs

d’entreprise. Cette dernière est pourtant indispensable pour s’engager

dans un processus de recrutement. Ces éléments justifient nos

prévisions très prudentes de taux de chômage, avec un « vrai » recul

anticipé en 2016. L’estimation de la relation entre taux de chômage et

taux de croissance (loi d’Okun) sur la période 1994-2014 confirme ce

diagnostic : la croissance devrait en effet atteindre 1,5% pour

permettre une inversion de la courbe du taux de chômage. Face à ce

diagnostic, des mesures de soutien ont été très récemment

annoncées par le Premier ministre pour soutenir l’emploi : instauration

d’une prime de 4 000 euros pour l’embauche d’un premier salarié,

assouplissement des CDD, des contrats d’intérim et des accords de

maintien dans l’emploi, plafond sur les indemnités prud’hommales.

Ces mesures vont dans le bon sens, mais on peut regretter une

réforme plus ambitieuse et plus globale du marché du travail, à l’instar

de celle menée récemment en Italie (notamment la mise en place d’un

contrat unique).

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Base 100 T1 2001

Nbre trim.

France : évolution de

Productivité : PIB/emploi total

Productivité : PIB/emploi privé

après la quasi-récession de 2001

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Base 100 T1 2008

Nbre trim.

la productivité

Hausse tendancielle de la productivité

après la récession de 2008

Sources : Insee, Crédit Agricole SA

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Milliers ind.

France : halo du chômage

Pas de démarches et non dispo. dans les 2 semaines

Pas de recherche active d'un emploi dans le mois préc.

Non dispo. pour travailler dans les deux semaines

Personnes inactives dans le halo du chômageSources : Insee, Crédit Agricole SA

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 14

Politique monétaire : toutes les bonnes choses n’ont pas une fin

La Fed devrait poser les bases d’une première hausse des taux en septembre, suivie d’une normalisation très graduelle de sa politique monétaire. Nous tablons sur un taux des Fed funds à 0,50%-0,75% fin 2015 et à 1,75% fin 2016. À l’inverse, la BCE restera en mode « pilotage automatique », même si un « durcissement injustifié » des conditions monétaires la contraindrait à agir, par exemple en étendant son programme de rachats d’actifs dans la durée ou en modifiant certaines modalités pratiques.

Fed : préparation au décollage

Compte tenu de la contraction du PIB au premier trimestre, la Fed,

lorsqu’elle décidera du calendrier de la hausse des taux,

souhaitera voir des signes convaincants indiquant que

l’essentiel de la baisse de l’inflation était lié à des facteurs

temporaires et que le rebond de l’activité attendu au deuxième

trimestre se poursuivra au second semestre. Une croissance

supérieure au potentiel permettrait une poursuite de la baisse des

ressources inemployées sur le marché du travail. En conséquence, la

réduction de l’écart de production permettrait une accélération des

salaires, laquelle soutiendrait la consommation et conduirait à des

pressions haussières sur les prix. Nous pensons que le taux de

chômage passera sous le « taux naturel » estimé par la Fed au cours

du second semestre 2015 et que l’impact désinflationniste transitoire

de la baisse des cours du pétrole et des importations non pétrolières

va diminuer progressivement, ce qui renforcera la confiance de la Fed

dans un scénario de retour graduel de l’inflation vers sa cible de 2%.

Une certaine volatilité est à prévoir sur les marchés financiers pendant

la période entourant la première hausse des taux directeurs, ce qui

laisse penser que les membres de la Fed adopteront une approche

prudente. Ces derniers s’attendent d’ailleurs à ce que le processus graduel de resserrement monétaire aboutisse à un taux des Fed

funds inférieur à son point haut des cycles précédents. Nous

prévoyons un taux des Fed funds à 0,50%-0,75% fin 2015 et à

1,75% fin 2016.

BCE : pilotage automatique

La BCE reste fermement engagée à mettre en œuvre son programme de QE jusqu’en septembre 2016. Nous continuons à penser que les

obstacles à une réduction anticipée des achats de titres

(« taper ») sont importants. Avant même la tournure dramatique des

événements en Grèce, la BCE avait renforcé son biais accommodant

lors de sa réunion de juin, Mario Draghi évoquant une « légère perte de momentum économique ». Nous restons optimistes sur la reprise

cyclique en zone euro, mais estimons néanmoins que les projections

d’inflation sous-jacente de la BCE sont trop élevées, d’où notre

anticipation d’un QE mis en œuvre dans son intégralité.

La remarque de Mario Draghi recommandant aux marchés de

« s’habituer à la volatilité » ne doit en revanche pas être interprétée

comme un signe d’inflexibilité de la part de la BCE. De fait, le

président de la BCE avait immédiatement réaffirmé que le Conseil des

Gouverneurs réagirait à tout « durcissement injustifié » des conditions

monétaires. L’évolution des taux réels dans la périphérie sera décisive

à cet égard, au-delà de l’évolution du dossier grec. Si la BCE décide

6

7

8

9

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11

12

130,2

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1,8

2,0

2,2

04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17

%a/a, %

BCE : trop optimiste surl’inflation sous-jacente ?

Inflation s/s-jacente (à fiscalité constante)Taux de chômage retardé de 3 trim. (éch. inv. dr.)

Source : Crédit Agricole CIB

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2

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4

5

6

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9

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11

07 08 09 10 11 12 13 14 15

cvs, %

cvs, 2009=100,

%, a/a

Fed : le mandat sur l’inflationn’est toujours pas atteint

Taux de chômage

Inflation sous-jacente (PCE)

Objectif d’inflation de la Fed (2%)

Sources : BLS, BEA, Haver

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 15

d’assouplir son réglage monétaire, la première étape pourrait

prendre la forme d’un guidage des anticipations plus agressif sur

la durée et la taille du programme de QE. Un changement des

modalités du QE (dans un sens favorable à la périphérie), voire

une hausse du rythme d’achat de titres pourraient également être

envisagés. Une baisse des taux directeurs reste peu probable, sauf

en cas de très forte appréciation de l’euro.

BoE : plus patiente qu’attendu ?

Nous continuons à penser que la BoE entamera une norma-

lisation graduelle de sa politique monétaire en début d’année

prochaine (dans le courant du premier trimestre dans notre

scénario central), avec des hausses de 0,50% par an. Nous

prévoyons un net rebond de l’inflation des prix à la consommation au

tournant de l’année, lorsque les effets de base favorables liés à la

baisse des cours du pétrole commenceront à se dissiper. Nous

estimons que les risques autour de ce scénario sont orientés à la

baisse. D'une part, la remontée de la productivité pourrait survenir

plus tard qu’attendu, limitant toute accélération des salaires. D'autre

part, à l’occasion du projet de budget (attendu en juillet) le

gouvernement conservateur pourrait annoncer une consolidation

budgétaire plus précoce que le manifeste préélectoral ne le suggérait.

Enfin, les facteurs désinflationnistes extérieurs (appréciation de la

GBP, faiblesse de la reprise en zone euro) pourraient se montrer plus

persistants qu’attendu.

BoJ : report de l’assouplissement supplémentaire

Nous avons changé notre prévision sur la date du prochain

assouplissement monétaire de la BoJ : nous l’attendons désormais en

janvier 2016, contre octobre 2015 précédemment. Lors de sa réunion

du 30 avril dernier, la BoJ a surpris les marchés en se donnant –

beaucoup plus tôt que nous ne l’attendions – davantage de temps

pour atteindre son objectif d’inflation de 2% : son communiqué, qui

évoquait une inflation de 2% atteinte « pendant l’année fiscale 2015

ou autour de cette période » envisage à présent cet évènement « vers

la première moitié de l’année fiscale 2016 ». La BoJ n’a certes pas annoncé d’assouplissement supplémentaire cette fois-ci, mais nous

pensons qu’un geste supplémentaire serait inévitable en cas de

nouveau report de la date limite visée, une décision que nous

attendons en janvier prochain. Dans le cas contraire, les

investisseurs pourraient penser que la BoJ se contente de se donner

– une fois de plus – davantage de temps, sans prendre réellement

ses responsabilités, ce qui risquerait de saper les effets et la

crédibilité de sa politique monétaire.

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 101112131415

Pas + d’assoupl.

Avr. ou après

Mars

Févr.

janv-16

Déc.

Nov.

Oct.

Sept.

Août

Juil.

juin-15

Nbre de réponses

Prévisions des économistes de marchésur la politique monétaire de la BoJ

(35 réponses)

Notre nouveau scénario

Source : enquête Bloomberg du 16/06/2015, CA CIB

Calendrier de l’assouplissement supplémentaire

-0,16

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-0,08

-0,04

0,00

0,04

15 16 17 18

coef. d'asymétrie

BoE : maintien du biais baissier dans les prévisions d’inflation

févr-15 mai-15 nov-14Source: BoE

Un coefficient d’asymétrie négatif montre que la prévisioncentrale d’inflation du MPC est entourée de risques baissiers.

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 16

Marchés financiers : toujours positifs sur le dollar

Les marchés de taux courts américains n’envisagent pas de forte remontée des taux de la Fed

Les taux américains devraient continuer à augmenter sur notre

horizon de prévision : il est difficile d’envisager une baisse des taux

de marché alors que la croissance se renforce, que l’inflation

augmente et que la Fed s’apprête à relever ses taux directeurs à

partir du mois de septembre. Le taux américain à dix ans a augmenté

d’environ 50 pdb en mai. La Réserve fédérale de New York estime

toutefois que l’essentiel de ce mouvement est attribuable à une hausse

de 50 pdb de la prime de terme et non aux fondamentaux économiques.

Les primes de terme restent, en dépit de cette correction, très basses au

regard de leurs valeurs historiques, mais nous pensons que c’est

maintenant la partie courte de la courbe qui va évoluer et rattraper

l’évolution observée sur la partie longue. Les taux à court terme

augmentent, mais la partie courte de la courbe reste très utilisée par les

opérateurs qui s’inquiètent d’à peu près tout ce qui pourrait amener la

Fed à hésiter dans son engagement à relever les taux directeurs.

Les membres de la Fed, soucieux d’éviter une répétition de l’épisode de forte remontée des taux de 2013 (taper tantrum), ont dépensé beaucoup

de temps et d’énergie à rassurer le marché sur le fait qu’une fois la

première hausse effectuée, les taux directeurs ne seraient relevés que

lentement. Le marché a pris la Fed au mot et n’envisage qu’une

remontée extrêmement lente des taux directeurs. Si la première hausse

des taux de la Fed ne provoque pas un effondrement des actifs risqués,

les primes de terme aujourd'hui négatives devraient rapidement remonter

en territoire positif.

Dernier point, nous surveillons de près la décision du FMI sur l’intégration

du CNY dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS). L’issue

semble assez indécise, mais une intégration se traduirait par une certaine

accélération de la part des actifs libellés en CNY dans les réserves de

change. Sur une période de cinq à sept ans, cela pourrait se traduire par

des ventes d’emprunts du Trésor américain à hauteur de 750 à 1 000

Mds USD, selon nos estimations. Les Banques centrales ont longtemps

soutenu le marché des emprunts du Trésor américain, mais le pic des

achats de titres est probablement derrière nous.

Taux européens : optimisme à moyen terme, prédominance du dossier grec à court terme

La situation macro-économique s’améliore en Europe, avec une

remontée des anticipations de croissance et d’inflation. Le QE de la

BCE a eu des effets bénéfiques : les indicateurs de prêts aux PME, un

des principaux objectifs du QE, redeviennent positifs. Nous pensons que

la BCE va maintenir sa politique actuelle de QE jusqu’en septembre

2016, permettant ainsi aux anticipations de croissance et d’inflation se

franchir un cap.

Ce scénario macroéconomique devrait conduire à une hausse des taux core et à un resserrement des spreads entre la périphérie et l’Allemagne.

Nous tablons sur une hausse des taux allemands à moyen terme, avec

un objectif à 1,30% fin 2016. Le QE de la BCE limiterait la hausse des

taux obligataires, qui resterait graduelle. Une majorité des titres éligibles

au QE est détenue par les investisseurs institutionnels, dont la

propension à vendre est plus faible que la moyenne, ce qui implique que

le QE de la BCE exercera une pression baissière sur les taux des

emprunts d’État de la zone euro.

-4 000 000

-2 000 000

0

2 000 000

4 000 000

juin-10 juin-11 juin-12 juin-13 juin-14 juin-15

Hausse des prises de positionsur les contrats Eurodollar

Teneurs de marché Institutionnels

Intervenants à levier Autres

Source : Commitment of Traders Report

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

janv.-87 janv.-92 janv.-97 janv.-02 janv.-07 janv.-12

%

Etats-Unis : prime de risque à 2 ans

Source : NY Fed

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 17

Nous tablons sur un resserrement des spreads périphériques à moyen

terme, avec un objectif à 85 pdb pour l’Espagne et 90 pdb pour l’Italie à

fin 2015, une évolution provoquée par la conjonction de meilleures perspectives et des achats de titres de la BCE. Les spreads s’écarteront

toutefois légèrement, lorsque les marchés commenceront à anticiper

l’arrêt des achats de titres souverains en septembre 2016 : nous pensons

qu’ils atteindront une valeur d’équilibre légèrement supérieure à 100 pdb

fin 2016.

À court terme, la dynamique des marchés sera dominée par l’offre

et la demande ainsi que par l’incertitude sur le dossier grec.

Concernant la Grèce, notre scénario central table sur le fait qu’un accord

finira par être conclu et que la politique consistant à prêter des fonds en espérant que tout se passera bien (‘extend and pretend’) l’emportera.

Toutefois, dans la dynamique de négociation entre la Grèce et ses créan-

ciers, dans laquelle chacun attend que l’autre fasse des concessions, des

moyens de pression seront nécessaires pour obtenir un accord. Ceci

implique que la situation devra peut-être se dégrader dans un premier

temps avant qu’un accord puisse être atteint – ce qui suggère que les spreads périphériques pourraient s’écarter pendant les mois d’été, avant

un resserrement lorsque les fondamentaux joueront à nouveau un rôle

prédominant.

La dynamique de l’offre et de la demande sera favorable aux titres

souverains pendant les mois d’été, avec une offre nette de 6 Mds EUR

en juin et de 70 Mds EUR en juillet. Combiné aux achats de la BCE, le

manque d’offre devrait provoquer une baisse des taux allemands

pendant l’été, avant une remontée vers la fin de l’année.

Taux de change : toujours positifs sur le dollar

Les perspectives de politique monétaire vont entretenir la demande

d’USD : nous restons haussiers sur l’USD à l’approche de la première

hausse des taux de la Fed que nous attendons en septembre. Cette vue

est en ligne avec le comportement historique de l’USD, qui s’est par le

passé apprécié à l’approche des cycles de durcissement monétaire, puis

lors des premières phases de ce dernier. L’USD devrait s’apprécier face

aux devises de financement du G10 – EUR, JPY et CHF – et face aux

devises des pays producteurs de matières premières dans les mois qui

viennent. Nous sommes plus réservés sur le scénario d’un découplage

durable de l’USD à plus long terme (six à douze mois). La reprise

américaine, tirée par la consommation, reste en effet irrégulière, tandis

que l’investissement est faible au regard des historiques. Aux États-

Unis, l’inflation et la croissance des salaires devraient accélérer,

mais ils sont encore loin d’obliger la Fed à durcir sa politique de

façon agressive dans les trimestres à venir. Un autre risque sur les

perspectives de croissance aux États-Unis semble être la réaction

des marchés au durcissement de la Fed, compte tenu de l’épisode

de forte remontée des taux longs de 2013, provoqué par des

craintes de remontée rapide des taux directeurs et, plus encore,

des risques de croissance décevante ailleurs dans le monde. Nous

pensons que la Fed agira avec prudence après la première hausse

des taux directeurs : elle devrait se laisser guider par les données

et par la réaction des marchés financiers aux changements de

politique monétaire. Nous pensons que la Fed a une approche du

type risque/rendement et que le risque d’un durcissement

prématuré et trop agressif dépasse le coût d’un durcissement

monétaire trop tardif. Tout ceci devrait réduire le potentiel d’une

appréciation durable de l’USD à long terme.

La faiblesse de l’inflation permet à la BCE de conserver une

politique monétaire agressive : nous restons baissiers sur l’euro pour

Domes-

tique

Non

domesti-

que ZE

Hors zone

euroTotal

Banques 20% 5% 4%

QE Eligible (€bn) 800-1100 200-300 150-250

Propensity to sell - - ++

Inst. fin. hors banques 20% 12% 5%

Eligibles au QE (Mds €) 800-1100 500-600 200-300

Propension à vendre + + ++

Banques centrales 3% 3% 18%

Eligibles au QE (Mds €) 100-200 100-200 800-1000

Propension à vendre --- --- +

Autres 6% 3% 1%

Eligibles au QE (Mds €) 250-350 100-200 50-100

Propension à vendre + + ++

Total 49% 23% 28% 100%

37%

24%

10%

29%

0

2

4

6

8

10

0

1

2

3

4

5Mds €

Echéances de la Grèce dansles 12 prochains mois

Prêts du FMI

Obligations

Echéances cumulées (dr.) Source : CA CIB

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 18

les trois à six mois à venir et pensons que l’euro/USD atteindra la parité

au quatrième trimestre 2015. La divergence durable entre les

perspectives de politique monétaire de la Fed et de la BCE et les

inquiétudes persistantes à propos de la Grèce devraient continuer à

peser sur l’euro/USD. La BCE devrait continuer à mettre en œuvre son

QE de manière résolue, malgré la récente amélioration du climat de

confiance économique en zone euro et une remontée de l’inflation plus

rapide qu’attendu. Les taux de la zone euro étant probablement amenés

à rester proches de leurs points bas récents, l’euro devrait rester une

devise de financement attractive. La diversification des réserves de

change vers d’autres devises que l’euro et les sorties de portefeuilles

obligataires hors de la zone euro pourraient se poursuivre dans

l’immédiat. À plus long terme (six à douze mois), nous attendons une

consolidation graduelle de l’euro, sur fond d’une reprise cyclique durable

dans la zone euro, qui encouragerait les investisseurs à revenir sur leurs

positions tablant sur un assouplissement monétaire encore plus agressif

de la part de la BCE, ce qui rendrait l’euro moins attractif en tant que

devise de financement. Dernier point, nous pensons que les exportateurs

vont progressivement recommencer à mettre en place des opérations de

couverture, l’écart entre les cours au comptant et leurs cours budget

commençant à se réduire.

L’attitude de la BoJ est un facteur baissier pour la devise : nous

avons légèrement modéré notre prévision baissière sur le JPY pour

prendre en compte le report à l’an prochain – anticipé par nos

économistes – de la mise en œuvre de nouvelles mesures d’assou-

plissement quantitatif et qualitatif par la BoJ. Nous n’attendons en effet

pas de nouveau geste d’assouplissement de la part de la BoJ avant

janvier 2016 (contre octobre 2015 dans nos prévisions précédentes). Ce

changement attendu dans l’évolution de la politique monétaire de la BoJ

ne sera cependant pas le principal facteur d’évolution de l’USD/JPY

pendant cette période : ce sont les perspectives économiques

américaines (et, donc, les perspectives d’évolution de la politique de la

Fed) qui devraient dicter l’évolution des marchés. Nous pensons que le

renforcement de la croissance américaine, qui pourrait prendre la forme

d’une reprise « en V », sera le principal facteur d’une remontée attendue

de l’USD/JPY vers 130 au premier trimestre 2016.

L’amélioration des perspectives de croissance continuera de

soutenir la GBP : nous avons tempéré nos prévisions de hausse de la

GBP, mais nos prévisions face à l’USD et l’euro restent plus optimistes

que le consensus. Notre optimisme sur la GBP se base sur les meilleures

performances économiques du Royaume-Uni face à ses homologues de

la zone euro et sur la poursuite des investissements étrangers. Il est vrai

que l’influence de ces flux n’est pas bonne pour la GBP à long terme,

mais son impact positif à court terme est indéniable. Deux facteurs

modèrent notre vision optimiste et devraient limiter l’appréciation de la GBP : la BoE est moins hawkish qu’auparavant et les incertitudes

concernant un « Brexit » (scénario de sortie du Royaume-Uni de l’UE)

persistent. Ces facteurs sont pris en compte dans nos prévisions à douze

mois : nous voyons l’euro/GBP à 0,64 et le GBP/USD à 1,57. Au-delà

des douze prochains mois, la GBP devrait rester sans tendance face à

l’USD et perdre du terrain face à l’euro, avec l’accélération de la reprise

de la zone euro : nous voyons le GBP/USD à 1,57 et l’euro/GBP à 0,68

en décembre 2016.

-27

0.3

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

10

15

mars-00 mars-03 mars-06 mars-09 mars-12 mars-15

Mds GBP

Forte progression du déficitdu R-U vis de l’UE

UE Non-UE

Solde courant du R-U, cvs

Source : Crédit Agricole CIB

-1,5

-1,0

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2,0

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-0,3

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janv.-08 janv.-10 janv.-12 janv.-14

%%

Le portage à 12 mois reste négatif

Portage Indice USD (éch. dr.)

Indice USD et portage à 12m ajusté du risque (pondéré des flux BRI)

Source : Crédit Agricole CIB

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 19

Prévisions économiques et financières

Taux d’intérêt

Taux de change

Matières premières

23-juin sept.-15 déc.-15 mars-16 juin-16 sept.-16 déc.-16

Etats-Unis Fed funds 0,25 0,50 0,75 0,75 1,00 1,25 1,75

Taux 10 ans 2,39 2,65 2,80 3,00 3,25 3,40 3,50

Zone euro Repo 0,05 0,05 0,05 0,05 0,05 0,05 0,05

Taux 10 ans (All.) 0,87 0,70 0,80 0,90 1,00 1,15 1,30

Spread 10a c/ EUR France 0,36 0,20 0,20 0,20 0,25 0,25 0,25

Italie 1,26 0,80 0,75 0,75 0,75 0,85 1,00

Taux de change USD

Pays industrialisés23-juin sept.-15 déc.-15 mars-16 juin-16 sept.-16 déc.-16

Euro EUR/USD 1,12 1,01 1,00 1,03 1,05 1,07 1,07

Japon USD/JPY 123,83 126,00 128,00 132,00 132,00 132,00 135,00

Royaume-Uni GBP/USD 1,57 1,51 1,52 1,54 1,56 1,57 1,57

Suisse USD/CHF 0,93 1,01 1,04 1,03 1,02 1,01 1,03

Asie

Chine USD/CNY 6,21 6,23 6,16 6,20 6,21 6,13 6,05

Hong Kong USD/HKD 7,75 7,77 7,77 7,77 7,77 7,77 7,77

Inde USD/INR 63,56 64,20 65,00 65,50 66,00 66,50 67,00

Corée du Sud USD/KRW 1106 1140 1165 1175 1180 1185 1190

Amérique latine

Brésil USD/BRL 3,11 3,25 3,30 3,32 3,35 3,40 3,30

Mexique USD/MXN 15,40 15,40 15,50 15,35 15,20 15,10 15,00

Europe - émergents

Pologne USD/PLN 3,72 4,08 4,10 3,93 3,81 3,69 3,64

Russie USD/RUB 54,02 51,00 51,00 50,00 48,00 48,00 48,00

Turquie USD/TRY 2,68 2,80 2,60 2,60 2,50 2,50 2,60

23-juin T3 T4 T1 T2 T3 T4

Brent $/BBL 62 61 65 70 74 77 80

2015

Prix moy. du trim.

2016

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Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 20

Scénario économique du Groupe Crédit Agricole S.A.

2014 2015 2016 2014 2015 2016 2014 2015 2016

Etats-Unis 2,4 2,3 2,7 1,6 0,5 2,3 -2,4 -2,9 -2,8

Japon -0,1 1,2 1,8 2,6 0,6 1,1 0,5 3,8 4,3

Zone euro 0,9 1,4 1,8 0,4 0,3 1,3 3,0 2,9 2,8

Allemagne 1,6 1,6 2,0 0,8 0,6 1,7 7,5 7,8 7,5

France 0,2 1,2 1,4 0,6 0,4 1,3 -1,0 -1,0 -0,8

Italie -0,4 0,7 1,2 0,2 0,2 0,9 2,1 2,0 1,9

Espagne 1,4 2,7 2,6 -0,2 -0,3 1,1 0,8 0,7 0,5

Autres pays développés

Royaume-Uni 2,8 2,1 2,3 1,5 0,3 1,6 -5,5 -3,6 -3,7

Suisse 2,0 0,7 1,1 0,0 -1,0 -0,2 7,0 6,0 6,1

Canada 2,4 1,6 2,1 1,9 1,2 2,1 -2,1 -3,0 -2,1

Asie 6,4 6,4 6,4 3,3 2,6 3,4 2,6 2,6 1,8

Chine 7,4 7,1 6,9 2,0 1,3 2,6 2,1 2,2 1,4

Inde 7,4 7,5 7,6 6,5 5,5 5,7 -1,3 -1,5 -2,2

Corée du Sud 3,3 3,3 3,4 1,3 1,2 2,0 6,2 7,1 6,1

Amérique latine 0,8 0,0 2,1 12,3 14,2 10,7 -3,0 -3,0 -2,6

Brésil 0,2 -1,8 0,9 6,3 8,0 5,9 -4,5 -4,4 -4,0

Mexique 2,1 2,5 3,1 4,0 3,1 3,1 -2,1 -2,4 -2,2

Europe émergente 1,5 -0,2 2,4 5,8 10,2 5,7 0,4 1,2 0,3

Pologne 3,4 3,8 2,9 0,0 -0,6 1,5 -1,4 0,3 -2,2

Russie 0,6 -3,5 1,5 7,8 15,5 7,0 3,1 6,0 4,0

Turquie 2,9 3,5 3,8 8,9 7,2 8,0 -5,7 -5,0 -5,6

Afrique, Moyen-Orient 3,1 2,9 3,4 6,4 6,9 7,3 6,3 -1,0 0,4

Egypte 2,2 4,5 4,3 10,1 10,1 9,5 -0,8 -1,3 -1,3

Maroc 2,9 4,5 4,5 0,4 1,0 1,7 -5,9 -3,5 -3,9

Arabie Saoudite 3,6 3,0 2,6 2,7 2,5 3,3 14,1 -3,2 0,2

Emirats Arabes Unis 3,6 3,3 3,4 2,3 3,0 2,5 12,1 2,2 1,7

Total 3,3 3,2 3,8 3,8 3,7 3,9 0,7 0,3 0,2

Pays industrialisés 1,7 1,9 2,3 1,4 0,5 1,8 -0,1 -0,4 -0,3

Pays émergents 4,4 4,1 4,9 5,4 5,9 5,3 1,8 1,1 0,8

PIB (a/a, %) Inflation (a/a, %) Balance courante (% du PIB)

Page 21: Contributions de la consommation des ménages à la …etudes-economiques.mobi/site/presentations_interactives/Persp15... · créations d’emplois ont été nulles sur le trimestre,

Monde : Scénario macro-économique 2015-2016

N°15/212 – 30 juin 2015 21

Comptes publics

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2014 2015 2016 2014 2015 2016

Etats-Unis -2,8 -2,7 -2,6 73,3 73,7 73,3

Japon -8,3 -6,4 -6,0 211,1 213,5 216,1

Zone euro -2,6 -2,4 -2,0 94,0 94,1 93,1

Allemagne 0,7 0,3 0,0 74,7 71,5 68,8

France -4,0 -3,8 -3,3 95,1 97,0 98,1

Italie -3,0 -2,8 -2,3 132,1 134,3 133,9

Espagne -5,8 -4,7 -3,8 98,0 100,9 102,2

Pays-Bas -3,0 -2,5 -1,8 68,8 68,1 64,9

Belgique -3,2 -2,6 -2,2 106,5 106,8 105,7

Grèce -3,5 -3,2 -2,5 177,1 181,4 177,3

Irlande -4,1 -2,9 -3,0 109,6 107,1 103,8

Portugal -4,5 -2,7 -1,8 130,2 124,2 121,5

Royaume-Uni -5,7 -4,5 -3,1 89,4 90,3 90,6

Solde budgétaire Dette publique