Le voyageur du temps

Mais pourquoi ? Pourquoi nom d’un chien je ne suis pas capable d’écouter les consignes ? Ils m’avaient pourtant bien prévenu des dangers du voyage vers le passé. À bien y réfléchir, en réalité c’est même d’une interdiction qu’il s’agissait. Mais une fois encore ma curiosité fut la plus forte.

Mes trois premiers voyages s’étaient pourtant bien passés, mais mon dernier fut une catastrophe. Et me voilà maintenant seul possesseur de cette fichu montre temporelle, le voyage ayant été soldé par la disparition avant mon époque de son inventeur. Et encore, heureusement qu’il avait intégré à son invention une option permettant de surpasser les paradoxes tant qu’elles sont en voyages.

Et tout ça parce qu’un pigeon, surpris pas mon apparition sous son arbre s’est envolé pour frapper Mark Tempus, l’arrière-grand-père de l’inventeur de la première machine à voyager dans le temps fonctionnelle, à la tempe et précipita sa chute en bas de cette falaise de Normandie.

Pourquoi ne suis-je pas retourné à mon époque pour m’empêcher de faire ce voyage me direz-vous, et bien tout simplement parce qu’il est interdit à un individu de se retrouver en plusieurs exemplaires temporels au même endroit et instant et que je risquais de provoquer un paradoxe. Si les autorités avaient eu vent de cela, j’aurais risqué bien pire que de me retrouver à errer dans le temps comme c’est le cas actuellement. Et si vous ne me croyez pas, imaginez-vous à l’époque du Permien à attendre l’extinction sans possibilité de retour. Et oui, ça ne rigole pas avec les voyages temporels au 32e Siècle.

Mais laissons là cette séance d’apitoiement, et cherchons plutôt un moyen de sortir du pétrin dans lequel je me suis fourré en visitant le moyen âge. Car oui, je suis actuellement dans une cage, suspendu en haut d’une colline à attendre qu’un inquisiteur décide du moment où je vais me transformer en grillade pour sorcellerie, et encore je peux m’estimer heureux d’avoir échappé par miracle à la Question. Il me reste encore 2 jours avant que ma montre soit suffisamment rechargée pour me permettre de repartir dans une autre époque. J’ai encore oublié les consignes en l’utilisant beaucoup trop ces temps-ci. Je pourrais avec ce qu’il reste d’énergie changer de quelques années, mais si par malheur la batterie tombait totalement à plat, je me retrouverais bloqué définitivement à l’époque où j’aurai atterri. Et bizarrement, le moyen âge n’est pas l’époque où j’ai envie de finir mes jours. Du coup, me voilà dans ma cage à m’acharner sur le cadenas en espérant qu’il finisse par céder. C’est là que je me dis que ça aurait été bien d’avoir un tournevis sonique comme ce personnage dans cette vieille série que je regardais étant môme.

C’est après plusieurs heures à m’esquinter les mains et les pieds que je fini par faire céder ce fichus cadenas. Leur forgeron aura du travail comme ça.

Alors que je commence à m’éloigner avec prudence pour être sur de ne pas retourner dans ma cage avec une chaine à la cheville en plus, c’est que je ne suis pas crocheteur de serrure moi, j’entends un bruit familier qu’il n’aurait pas du être possible d’entendre : Le bruit des vibrations de l’air juste avant une matérialisation temporelle via montre.

Je me précipite donc sous le couvert du petit bois que j’apercevais depuis ma cage afin d’observer qui allait apparaitre. Ne pas se précipiter vers un voyageur du temps, surtout quand théoriquement, il n’est pas sensé exister. Je me demande quand même bien comment cela est possible, avec la mort de

Tempus, la machine temporelle n’a jamais existé et je dispose de la seule montre active. Du moins c’est ce que la fonction de la dite montre me signale : « Seul exemplaire en activité ; Aucune signature énergétique détectée ».

Mais alors bon sang qui va apparaitre devant moi ?

Cette fois la preuve est faite que mon karma et le destin se foutent de moi. Devant moi se matérialise une jolie rouquine au corps de rêve, mais dans un uniforme de la police du temps. Merci pour cette ironie cosmique….

Bon pas le temps de rêvasser ou me demander le comment du pourquoi elle est arrivée là, si je ne décampe pas rapidement, je suis pris.

Et me voilà partit à courir dans les bois, sans savoir où je vais espérant trouver un village dans lequel je puisse me cacher jusqu'au rechargement de ma montre et que je puisse repartir. D’ailleurs je pense qu’il serait préférable de retourner directement à mon époque et de me faire oublier quelques temps. Surtout que comme ça je pourrai peut être comprendre d’où cet agent est sorti alors que ma montre ne détecte toujours pas le moindre signal. Surtout que si cette agent du temps peut utiliser une montre, avant de venir me chercher ici, elle aurait été plus avisée de sauver Tempus, ça n’aurait pas créé de paradoxe et ces fichus gardiens auraient pu venir me cueillir tranquillement.

Tandis que je reprends mon souffle tout en réfléchissant à ces questions, j’entends à quelques mètres derrière moi des bruissements de feuilles écrasées par des bottes souples. Vu l’époque, ça ne pouvait être que la rousse de tout à l’heure.

Et merde, mais comment à t elle pu retrouver ma trace aussi vite ? J’ai fait tant de bruit que ça ? Bon ce n’est pas le moment de réfléchir mais celui de courir à nouveau.

A peine j’ai fait trois pas que j’entends un retentissant « Halte, arrêtez vous où je tire ». Ce que je fais immédiatement. Et si vous connaissiez la réputation de tireur d’élite des membres de la brigade du temps envoyés sur le terrain, vous auriez fait pareil.

Levant les bras, on n’est jamais trop prudent, je me retourne pour faire face à ma poursuivante.

- Heu bonjour, qui êtes vous ?- Agent Gwendoline, matricule 1337.404, membre actif de la police du temps.- Ha, enchanté. Et vous me voulez quoi ? Je me dis que sur un malentendu ça peu peut être

passer.- Je vous ai trouvé grâce au signal de votre montre et j’ai des questions à vous poser.

Tiens, ça c’est nouveau. D’ordinaire les membres de la brigade savent déjà tout ce qu’il y a à savoir sur la personne qu’ils doivent interpeller et aussi les raisons de cette interpellation.

- Je vous écoute. Ha au fait puis-je baisser les bras ? La position n’est pas très confortable pour discuter.

- Ça va, mais au moindre geste suspect, vous pourrez dire adieu à l’un des deux. Bon je vous explique la situation, j’étais en mission pour tester notre nouveau model de montre temporelle quand tout à coup, l’intégralité des signaux des autres montres ont disparu à l’exception du votre. Est-ce que vous savez ce qu’il se passe ?

- Heu comment dire, je crois que oui, mais je ne suis pas sur d’avoir envie de vous le dire. – Là je suis mal. Mais au moins je sais pourquoi elle n’a pas été sauver ce pauvre papi quand il est tombé de sa falaise.

- Je ne suis pas certaine que vous ayez le choix. A la lumière de votre montre vous ne pourrez plus vous téléporter avant au moins deux jours.

- Certes. Bon ok, voilà toute l’histoire.

Et je me retrouve à lui raconter mes petits voyages plus ou moins clandestin, mon apparition sous l’arbre, l’envol de ce con de pigeon et la mort de Tempus.

- Alors cette fois, ce sera votre dernier voyage. Je vous arrête.- Mais sur quel ordre de mission ? Sans l’invention de la machine temporelle, pas de brigade du

temps. – Je venais d’avoir un éclair de lucidité. Faudra que je pense à me reposer un peu quand tout sera fini.

- Ha mais ce n’est pas un souci, vous allez venir avec moi sauver ce pauvre homme et……..

Je vois dans son visage qu’elle vient de comprendre qu’en fait on ne peut pas le sauver. Si on l’empêche de mourir, moi je ne continue pas mes voyages et le paradoxe qui s’instaurera sera trop important.

- Ecoutez, puisque vous n’avez pas le doit de m’arrêter, qu’on ne peu plus revenir en arrière, et je vois à votre mine déconfite que vous venez de vous en rendre compte, pourquoi ne pas voyager ensemble ? Dans deux jours ma montre sera suffisamment rechargée et on pourra allez où on veut.

- Pas besoin d’attendre jusque là. Les améliorations faites au nouveau model permettent le voyage à plusieurs. Et en théorie même de voyager dans l’espace-temps et plus seulement dans le temps.

- Pourquoi « en théorie » ?- Ça n’a pas encore été testé, c’était la seconde phase de ma mission. - Alors que pensez-vous de ma proposition ?- Pourquoi pas. Après tout, quitte à devoir voyager dans le temps, autant ne pas le faire seul.

Je la vois ranger son arme et pousse un soupir de soulagement. Maintenant presque plus aucun risque que je me retrouve à nouveau dans une cage.

- Mais dites-moi, quel est votre nom ?

Et là, en riant comme un âne en me replongeant dans les souvenir de cette ancienne série et devant son air ahuri, je lui réponds : « Appelez-moi le Docteur ».