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Le Délit d’initié Trading. Analyse et techniques. Etude des cours boursiers avec le RSI et principe de la moyenne à la baisse. Page 2 et 3 Actualité financière. Régulation et gestion. EDHEC Alternate Investment Days. Politique de distribution des dividendes. Page 4 et 5 Interview. LBO et Capital Risque. Rencontre avec André May, directeur général de Trinova. Page 6 et 7 Actualité. Economie. Les déboires de la République Héllenique. Page 7 Saga. La dynastie Taittinger. Un véritable empire industriel et immobilier. Pages 8 Economie. Société. Les femmes et l’économie : au bonheur des dames ? Pages 9 Economie. Finance et politique. La France peut-elle encore vivre au dessus des ses moyens ? Vers une faillite en Californie ?. Pages 9 E n cette fin d’année scolaire, la crise semble finie, nous voyons poindre la reprise mais essayons de juger ce rebond. N’est-ce pas un minimum en considération de l’argent injecté par les différentes banques centrales internationales dans l’ensemble des marchés. A t-il une chance de se maintenir? Cela dépendra en grande partie de l’envie et de la capacité à consommer des populations de nos pays. Et comme notre niveau moyen d’endettement ne cesse de se détériorer alors cette embellie peut ne pas être pérenne. Ce problème ne gênera que les occidentaux, les pays émergents et en particulier les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) n’ont pas épuisé leurs relais de croissance et sont déjà repartis vers des taux de croissance à deux chiffres... Nous voyons aujourd’hui que les réformes de santé, de retraites sont difficiles à mener car peu d’entre nous sont prêts à accepter à payer de nouveaux prélèvements alors que dans le même temps, la dette devra être payée. La seule solution serait de la payer par l’inflation, qui viendra de toute manière que l’on veuille ou non du fait de la croissance faible, de l’augmentation du prix de l’ensemble des matières premières ou encore de l’augmentation du prix de nos importations due à l’appréciation des monnaies émergentes. Une solution sans effort direct pour le contribuable qui sera très appréciée par notre classe politique... Bonne lecture, la rédaction. EDITO SOMMAIRE La Californie en crise ? Interview d’André May, DG de Trinovia Mai 2010 Transac EDHEC

Délit d'initié n°14

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Le Journal de Transaction EDHEC. Visistez notre site: e-delit.com !

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Page 1: Délit d'initié n°14

Le Délit d’initié

Trading. Analyse et techniques. Etude des cours boursiers avec le RSI et

principe de la moyenne à la baisse.Page 2 et 3

Actualité financière. Régulation et gestion. EDHEC Alternate Investment

Days. Politique de distribution des dividendes. Page 4 et 5

Interview. LBO et Capital Risque. Rencontre avec André May, directeur

général de Trinova. Page 6 et 7

Actualité. Economie. Les déboires de la République Héllenique.

Page 7

Saga. La dynastie Taittinger. Un véritable empire industriel et immobilier.

Pages 8

Economie. Société. Les femmes et l’économie : au bonheur des dames ?

Pages 9

Economie. Finance et politique. La France peut-elle encore vivre au dessus

des ses moyens ? Vers une faillite en Californie ?.

Pages 9

En cette fin d’année scolaire, la crise semble finie, nous

voyons poindre la reprise mais essayons de juger ce rebond. N’est-ce pas un minimum en considération de l’argent injecté par les différentes banques centrales internationales dans l’ensemble des marchés. A t-il une chance de se maintenir? Cela dépendra en grande partie de l’envie et de la capacité à consommer des populations de nos pays. Et comme notre niveau moyen d’endettement ne cesse de se détériorer alors cette embellie peut ne pas être pérenne. Ce problème ne gênera que les occidentaux, les pays émergents et en particulier les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) n’ont pas épuisé leurs relais de croissance et sont déjà repartis vers des taux de croissance à deux chiffres...

Nous voyons aujourd’hui que les réformes de santé, de retraites sont difficiles à mener car peu d’entre nous sont prêts à accepter à payer de nouveaux prélèvements alors que dans le même temps, la dette devra être payée. La seule solution serait de la payer par l’inflation, qui viendra de toute manière que l’on veuille ou non du fait de la croissance faible, de l’augmentation du prix de l’ensemble des matières premières ou encore de l’augmentation du prix de nos importations due à l’appréciation des monnaies émergentes.Une solution sans effort direct pour le contribuable qui sera très appréciée par notre classe politique...

Bonne lecture, la rédaction.

EDITOSOMMAIRE

La Californie en crise ?

Interview d’André May, DG de Trinovia

Mai 2010 Transac EDHEC

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Dernier indicateur technique de l’année, et non des moindres, le RSI ou Relative Strength Index. Cet indicateur est un oscillateur de tendance qui permet de prendre des positions en fonction des mouvements de volume d’un actif. Nous verrons dans un premier temps comment on la calcule, puis comment l’interpréter.

Le calcul du RSI est assez basique et se calcule en général sur 14 jours, mais on peut évidemment personnaliser son approche des marchés en calculant un RSI au nombre de jours que l’on souhaite.La formule est : RSI14=100-(1001+M), où M est le ratio moyenne des gains sur jours haussiers/ moyenne des pertes sur jours baissiers sur les 14 derniers jours.Voyons maintenant comment interpréter l’évolution de cet oscillateur.Comme le montre sa formule, le RSI est un indicateur borné, compris entre 0 et 100. Deux plages de cet intervalle sont utilisées: RSI=30 et RSI=70. Lorsque le RSI franchit à la hausse la ligne des 70, on dit que le titre est suracheté et par conséquent, il y a de fortes chances pour qu’un retournement à la baisse s’opère. Lorsque le RSI franchit la ligne des 30 à la baisse, on dit que le titre est survendu et on s’attend alors à un retournement à la hausse.

Regardons le graphique de l’EUR/USD sur la période Juin 2008-Juillet 2009 :

Le graphique est éloquent : on voit se produire les retournements attendus après les passages en survente (Septembre 2008) ou en surachat (Décembre 2009).D’autres interprétations du RSI, plus fines, sont possibles. Il s’agit de repérer les divergences entre le cours de l’actif et le niveau du RSI (Cf article sur le MACD) notamment pour déceler des « essoufflements » de tendance.

Paul LAMY

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Le RSI

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Entre détracteurs et fervents adeptes, quelle est la réalité de cette technique qui faitdébat? Ne rattrape-t-on jamais un couteau qui tombe? Une technique à priori simple et à la portée de tous pour réduire ses pertes….

La moyenne à la baisse est en effet une technique qui permet de réduire des pertes enphase descendante en rachetant des actions à un prix inférieur au prix d’achat initial. Après tout, quitte à ce que le titre baisse autant en tirer profit! Le principe est le suivant: Imaginons que vous ayez acheté dix actions à 100 euros, si malheureusement aujourd’hui, elles ne valent plus que 80 euros, vous perdez 20% de votre investissement. Dommage! Sauf si vous profitez de cette baisse pour racheter 10 nouvelles actions à ce nouveau prix d’exercice de 80 euros. Pourquoi? La valeur moyenne de votre portefeuille d’actions n’est plus de 100 mais de 90 euros. Ainsi, il ne vous faut attendre une reprise que de 10% du titre pour repasser dans le vert. Alors que si vous n’aviez pas moyenné à la baisse, il aurait fallu attendre une reprise de20%. Hors le temps c’est de l’argent, surtout en bourse.

….mais très risquée voire masochiste pour certains

D’une part cette tactique suppose que vous disposiez d’assez de liquidités pour réinvestirsur une valeur qui baisse alors que vous espériez qu’elle monte (entre nous, il fautvraiment en avoir dans le pantalon). Mais surtout, la moyenne à la baisse nécessite que le niveau du risque sur le titre soit

faible. Ceux qui croyaient moyenner à la baisse indéfiniment savent aujourd’hui que quand on atteint 0, on est capot. Pensées pour ceux qui avaient misé ( à la baisse!) sur Eurotunnel ou Natixis et qui avaient pourtant suivi les conseils avisés des plus grands analystes…Comme quoi les analystes..! Parce qu’attention, investir sur des valeurs sûres est certes un bon moyen de réduire le risque de la moyenne à la baisse mais n’est pas suffisant. En 2000, ce sont de «très belles valeurs» ou plutôt que l’on croyait être de belles valeurs qui ont ruiné particuliers et

professionnels. Rappelons par exemple qu’Alcatel s’effondra du haut de ses 90 euros pour s’écraser à 2 euros. Mais ce sont aussi Infogramme, Umanis…

Vous aurez donc compris que la moyenne à la baisse est à proscrire pour des valeursvolatiles, plus encore pour des spéculatives du type produits dérivés (là on atteint le stadedu délirium tremens). Imaginons un instant que vous ayez décidé de moyenner à la baisse sur un produit dérivé type warrant. Vous n’êtes pas sans savoir ou alors je vous le rappelle que le warrant est risqué même très risqué, que si on gagne ,on gagne gros (par le principe de l’effet de levier), et que si on perd…je vous laisse imaginer la suite. C’est ainsi que vous misez sur une hausse du dollar,

après tout pourquoi pas! Vous achetez donc un call sur le dollar. Si le dollar baisse, (décidément ce n’est pas votre jour), selon le principe de la moyenne à la baisse, vous pourriez être tentés d’acheter à nouveau à un cours plus bas. Si vous ne voulez pas vous retrouver en slip sur le trottoir avec femme et enfants, cette attitude est à bannir à tout prix car dans le cadre des produits dérivés, le temps joue contre l’investisseur. Peut-être le dollar remontera-t-il, mais s’il tarde ou s’il stagne, alors le warrant perdra progressivement de sa valeur à mesure

que l’échéance approche.

En résumé, une moyenne à la baisse ne peut être envisagée sereinement que pour uneaction, dans une optique de long terme, et sur des valeurs sûres du moins les plus sûrespossible et de fond de portefeuille, comme

par exemple des valeurs de fond de portefeuille comme Air Liquide ou des valeurs dont le cours s’est fortement déprécié durant la crise comme l’ensemble des valeurs financières. L’action Société Générale cotée à 150 euros en 2007, se retrouve maintenant dans un canal de consolidation autour des 40 euros, jouer la moyenne à la baisse sur ce type de valeurs est tout sauf une hérésie. Une leçon à retenir, savoir couper ses positions en cas d’erreur et accepter ses pertesest tout aussi important, voire plus! Comme le dirait un vieux proverbe boursier: « Ce n’est pas en arrosant les mauvaises herbes qu’on fait un beau jardin ».

Aubry DESSAPT-LAROZE

La face cachée de la moyenne à la baisse

TRADING PAS A PAS

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ACTUALITE FINANCIERE

EDHEC Investment DaysLa 5ème édition du sommet de Hedge Funds de L’Edhec-Risk Institute, EAIDs (Edhec Alternative Investment Days), a été organisée début février à Londres. L’évènement a accueilli plus de 900 professionnels ayant pour la plupart des responsabilité dans la gestion de hedge funds ainsi qu’une cinquantaine d’étudiants de l’EDHEC, des MSc en finance, pour la majorité. La réputation de ce rassemblement annuel n’est plus à faire puisque la clôture des inscriptions, limitées à 900, a eu lieu plusieurs mois auparavant. Transac y a assisté pour vous.

Des partenaires de taille tels que la chaîne de télévision CNBC ou le International Herald Tribune étaient présents, ainsi que des participants parmi lesquels Lyxor, filiale d’asset management de la Société Générale, la Deutsche Bank, ou PriceWaterHouseCoopers. Le principe des Edhec Alternative Investment Day est de mettre la recherche à disposition des professionnels, et de sortir du cadre strictement académique, ce qui est un véritable défi. Cette caractéristique est d’ailleurs une particularité de l’Edhec Risk Institute, comme a su le souligner Alain Dubois, President de Lyxor Asset Management et conseiller de l’Edhec Risk Institute, qui nous a déclaré au cours d’une entrevue avoir assisté à toutes les éditions de l’évènement depuis sa création. L’un des points qu’il apprécie le plus est que les EAID ne sont pas un colloque de spécialistes, ce qu’on trouve à profusion dans le monde des spécialistes de la finance, mais la réunion de différentes professions, permettant de nombreuses rencontres. Il a aussi souligné la bonne ambiance qui règne tout au long de l’évènement. Pour parfaire le tout,

l’environnement privilégié de la City en fait un haut lieu de rencontre entre les professionnels de la finance, qui profitent de l’évènement pour se faire un maximum de nouveaux contacts. L’interaction et l’échange sont privilégiés ; pour cela, certaines parties du programme sont des tables rondes. Ce mode de fonctionnement permet une exploration en profondeur des thèmes abordés par la discussion. Le sommet étant consacré aux hedge funds, la difficulté de mettre en place une nouvelle régulation a été largement abordée ; en voici un examen des enjeux.

Les hedge funds : une régulation difficile. La crise actuelle conduit les politiques à introduire une régulation plus forte sur les acteurs de la finance internationale. L’industrie des hegde funds est devenue le centre de toutes les attentions. Depuis une quinzaine d’années, les hedge funds vivaient une véritable succès story. Leurs quelques 2000 milliards de dollar gérés en 2008 produisaient un intérêt annuel moyen de 9.5% depuis 1990. Cette incroyable performance n’était d’ailleurs pas sans bénéfice pour toute l’économie. Ils ont permis l’expansion des marchés des capitaux et donc favorisé la croissance mondiale. Grâce à leurs stratégies d’investissement, ils fournissaient des financements là où la réticence des investisseurs traditionaux se faisait ressentir. Ainsi les marchés émergents tout comme le secteur des

nouvelles technologies ont-ils trouvé les fonds nécessaires à leur développement. Cependant, chargés par les politiques des responsabilités de la crise, les hedge funds sont maintenant perçus comme les causes d’un futur effondrement du système financier. Les faillites gigantesques de Long-Term Capital Management (LTCM, 1998) et d’Amaranth Advisor (2006) renaissent dans l’imaginaire collectif, donnant ainsi aux politiques la justification de plaider en faveur d’une nouvelle régulation. Bien qu’ils fussent initialement hostiles à un accroissement des règles, les hedge funds semblent y être actuellement plus favorables, le tout étant une question de degré. Alors que l’Europe, où en réalité très peu de hedge funds sont domiciliés, prône une forte régulation très restrictive, les Etats-Unis proposent un encadrement assez souple afin de ne pas détruire ce formidable vecteur de financement et de croissance. Un débat difficile s’amorce. Un consensus se dégage cependant du G20 à propos des hedge funds à risque systémique. Mais la définition de ce risque n’est pas aisée. Un hedge fund important peut avoir une gestion classique et prudentielle alors qu’une multitude de petits funds peuvent devenir particulièrement risquophiles. Pour la liquidité et la diversité des marchés il est nécessaire de préserver le rôle des hedge funds comme le soulignent les analystes de la banque américaine State Street, “Healthy markets, like natual ecosystem, benefit from diversity”. Mais sachant que l’ordre financier de demain sera différent de celui des vingt dernières années, les hedge funds n’ont pas attendu l’illusion d’activisme des politiques pour se réorganiser. Seuls ceux qui sauront évoluer bénéficieront de la reprise, tel est le darwinisme financier.

Armand VIDAL, Camille BROSSARD.

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Mai est le mois du versement des dividendes pour un nombre important de sociétés. Lorsqu’un actionnaire achète des actions, il le fait dans l’espoir que celle-ci, grâce à son activité génère un résultat positif. Le dividende est la partie du bénéfice, reversée aux actionnaires, c’est la rémunération classique et attendue par les investisseurs des PME. Pour les apprentis traders, le dividende n’est généralement pas vu comme une rémunération mais plutôt comme une restitution du capital investi car le montant du dividende est soustrait à la valeur du cours de l’action . Alors si le cours de l’action est diminué mécaniquement de la valeur du dividende, est-il souhaitable d’en verser quand on souhaite seulement voir son cours boursier monter?

Toutes les sociétés n’en versent pas, c’est l’assemblée générale annuelle des actionnaires qui définit la politique, le taux de distribution des dividendes et leur montant. Il peut être versé périodiquement, en général une fois par an, ou versé sous forme d’acompte sur anticipations de bénéfices.Le rendement d’une action se détermine par deux types de revenus, le rendement lié au dividende et la plus-value éventuelle réalisée lors de la revente de ces actions sur le marché. Ils sont opposés car le montant des dividendes versés par une société détermine le rendement de l’action, mais comme nous l’avons vu le diminue aussi car le rendement lié au cours boursier est mathématiquement diminué du montant du coupon détaché.Étudions deux entreprises, possédant des maturités différentes et qui de ce fait ont développé un rapport à la distribution de dividendes très différent : Apple et Total.

Ce n’est pas lié à une culture différente mais du fait de la différence de cycle de vie des deux sociétés, une en pleine expansion et une autre société parvenue à maturité.

Apple : ne pas verser de dividendes pour pouvoir se développer

En effet, Apple, malgré des bénéfices records en 2009 de près de 25 milliards de dollars, Steeve Jobs n’a pas souhaité verser de dividendes à ses actionnaires

et a préfèré garder cette somme pour financer des investissements structurels de grande ampleur comme par exemple le lancement de l’Ipad ou pour faire face à d’éventuelles difficultés futures. «Le cash donne à l’entreprise une grande sécurité et une flexibilité», souligne M. Jobs, permettant «d’acheter sans emprunter».Apple a par exemple des projets d’expansion en Chine qui nécessitent d’importants besoins en capitaux; la firme de Cupertino souhaite ouvrir prochainement vingt-cinq Apple stores en Chine après l’ouverture réussie et remarquée à Pékin de son premier magasin en 2008.Cependant les actionnaires n’ont pas été surpris par cette nouvelle car cela fait quinze ans qu’Apple ne distribue pas de dividendes, mais dans le même temps ils ont pu se consoler avec la montée de leur cours boursier. En effet, les actionnaires ont vu le prix de l’action grimper de 9 dollars environ à plus de 200 dollars,

tandis que le groupe lançait une série de produits phares, comme l’iPod et l’iPhone ou le Macbook.

Total : des dividendes pour récompenser les actionnaires

A l’inverse, des sociétés comme GDF Suez, Unibail-Rodamco, Accor, Vivendi ou encore Total présentent des taux de distribution respectifs de 89%, 87%, 72%, 67% et 66%. Certaines sociétés du CAC 40, comme France Télécom ou Total, arrivent à maturité : elles n’ont donc pas de perspective d’investissements importants. Il est plus facile pour elles de distribuer des revenus sous forme de dividendes, ce qui explique leur taux de distribution très élevé. En Effet, le groupe Total semble ne pas avoir de stratégie audacieuse d’investissement à long terme. Comme tous les ans, pour ainsi dire, la société française réussit à dégager des bénéfices très importants, elle rachète ses propres actions, verse des dividendes. Cela se fait-il au détriment de la recherche de nouveaux gisements de pétroles ou d’une possible réorganisation de ses activités vers une autre activité énergétique, le nucléaire, par exemple? Total privilégie la satisfaction immédiate de ses actionnaires, est-ce viable à long terme, c’est une question qu’un investisseur doit se poser à chaque achat d’actions.Vous l’aviez bien compris, lorsqu’une société choisit de payer des dividendes à ses actionnaires, elle le fait en puisant dans son excédent de trésorerie. Elle opère donc un arbitrage entre la satisfaction immédiate de ses actionnaires (paiement de dividendes) et la satisfaction future de ceux-ci réinvestissement d’un excédent dans de nouveaux projets ou en croissance externe pour créer de la valeur à long terme pour les actionnaires.

Marc PRIMOT

La chasse aux dividendes est lancée

ACTUALITE FINANCIERE

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LBO et Capital Risque par un homme du métier.

Bien que mis à mal par la crise actuelle, le Capital Investissement joue un rôle majeur dans l’économie. Il représente un soutien essentiel aux entreprises non cotées tout au long de leur existence. A l’heure où les grands groupes réduisent leur R&D, ces fonds sont présentés comme un moyen de financement de l’innovation. André May, directeur général de Trinova, société d’investissement au sein de jeunes entreprises du secteur des technologies de l’information, nous présente ce métier peu connu du grand public. Tout d’abord, comment définiriez-vous le capital risque ? Le capital risque est le moyen de transformer des idées en réalité concrète : une position de marché, du chiffre d’affaires, de la marge et des emplois. Le capital risque permet au(x) fondateur(s) de financer une croissance rapide de leur société en partant d’une preuve de concept (une idée qui fonctionne) avec si possible un début de chiffre d’affaires. Comme le risque est élevé, la rémunération de ce risque doit être aussi élevée. Une fois le risque maîtrisé et le chiffre d’affaires plus important, le capital développement prend le relais pour accompagner la croissance de la société. Comment définiriez-vous maintenant l’activité de fonds LBO (leveraged buy-out) ? L’activité des fonds de LBO est de financer la poursuite de la croissance d’une société rentable en finançant la sortie d’un ou plusieurs actionnaires

par du capital et une dette payée par les bénéfices futurs de la société acquise. Plus la part de dette sur le capital investi est élevée plus l’effet de levier est important (gains importants) mais aussi le risque que la société n’ait plus les moyens de rembourser (comme en temps de crise par exemple).

Comment se passe la genèse de nouveaux projets ? Est-ce vous qui dénichez les valeurs gagnantes ou est-ce les nouvelles entreprises qui font appel à vous ? Le sourcing vient de plusieurs pistes : le réseau personnel, les entrepreneurs déjà financés et les autres investisseurs ; éventuellement par le site mais c’est bien moins qualifié. Pouvez-vous nous décrire une journée ou une semaine type ? En fait il n’y a pas de journée type, ni de semaine type. Lors d’une entrée au capital ou d’une cession, on est à quasi plein temps lors de la conclusion de l’opération. Dans un portefeuille, on passe plus de temps au début et à la fin. Entre ces deux moments, suivant la maturité de la participation, le

temps varie beaucoup mais certaines opérations (levée de fonds, acquisition, …) nous accaparent plus. En parallèle, il faut travailler sur la recherche de nouvelles pépites et élargir son réseau pour recueillir des dossiers les plus ciblés possible. Enfin, il est impératif de consacrer le temps nécessaire à la gestion réglementaire du portefeuille et à la relation avec les souscripteurs. Quelle est la part de l’aspect humain dans votre métier ? L’aspect humain prime sur quasiment tout le reste et il vaut mieux une très bonne équipe avec un projet moyen que le contraire. La bonne équipe saura détecter les opportunités de marché et s’adapter. Naturellement, le mieux est la meilleure équipe avec le meilleur projet ! Il y a bien sûr un risque à prendre, néanmoins pouvez-vous nous dire comment Trinova juge-t-elle de la fiabilité d’un projet ? C’est la combinaison d’un jugement personnel et de celui des autres qui verront le projet d’un éclairage différent. On peut faire appel à 5, à 10 personnes de manière informelle. Il n’y a aucune certitude tant que la société n’est pas cédée.

Vous venez d’une formation scientifique et non commerciale. En quoi pensez-vous que cette formation a été plus profitable qu’une formation commerciale ? Y’a-t-il quelque chose qui vous a manqué un jour dans votre formation ? En fait, nous avons investi dans des participations venant de domaines

INTERVIEW

Rencontre avec André May, DG de Trinova

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Le Délit d’initié - Page 7

que nous connaissions du fait de notre parcours dans les technologies de l’information (formation initiale) tout en ayant des bases fortes en marketing apprises au cours des années en tant que dirigeant de centres de profit ou de

société. Ce qu’il a manqué au niveau de la formation initiale est sans doute une meilleure connaissance de la gestion d’une entreprise et du marketing produit ; mais cela s’apprend par la suite. L’association Transaction EDHEC vous

remercie pour le temps que vous nous avez consacré. Pour la suite de l’interview rendez-vous sur notre site en ligne : e-delit.com.

J-L VANHACK et Armand VIDAL

Tout le monde a entendu parler du séisme financier qui ébranle les marchés financiers depuis mainte-nant plusieurs semaines et dont la Grèce est l’épi-centre. Les protagonistes sont nombreux mais le Dé-lit souhaite s’attarder sur le rôle joué par certaines banques d’affaires.

Goldman Sachs est depuis plusieurs années au service de la Grèce, et l’aide en concoctant une palette colorée de services financiers et de produits dérivés, dont les fameux swaps : nom barbare qui désigne un contrat d’échange de flux financiers entre deux parties, généralement des banques ou des institu-tions financières. Le but non–avoué : camoufler les milliards de dollars de dettes de la Grèce afin que les comptes reçus par Bruxelles soient présentables.

Goldmann Sachs fait dans l’altruisme mais accepte sans re-chigner les compensations : 300 millions de dollars en 2001, les taxes d’aéroports pour les prochaines années à venir (Wall Street Journal du 13 février) et enfin, last but not least, les bénéfices du loto ! C’est tout de même la moindre des choses. Petite anecdote : les banquiers se sont amusés à donner des noms tirés de la mythologie grecque à certaines transactions (« Eole », Dieu des vents, « Ariane » etc..), n’y en a-t-il pas une qui porte le nom d’Eris ? Vous savez, la déesse de la dis-corde qui sème la zizanie partout où elle passe…Sans compter que les gentils suppôts de Sachs ont conseillé dans le même temps à tous leurs investisseurs de spéculer sur une prochaine faillite de la Grèce, empochant au passage des milliards de dollars de bénéfice. Vous avez dit Délit d’Initié ?Bien entendu, c’est à l’Europe de réparer les pots cassés. Les discussions ont été longues, Angela Merkel en a perdu son sang froid, et on la comprend: des années à se serrer la cein-ture, à passer pour une marâtre férue de politique de rigueur. Tout ca pour quoi ? Financer la dette abyssale de cette cigale méditerranéenne ? Que nenni ! Enfin bref, 30 milliards d’euros ont tout de même été alloués pour garantir la stabilité financière de la zone euro. On en apprécierait presque l’acro-

nyme PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) pour désigner les cancres de l’Europe…une position trop catégorique vous pensez ?C’est là qu’un retour en arrière s’impose : n’oublions pas que la Grèce bénéficie depuis la signature de l’Acte Unique en 1986 de la politique régionale (qui vise à « développer la cohésion économique et sociale de son territoire et à atté-nuer les inégalités de développement ») dont le budget pour 2007-2013 a été fixé à 347,41 milliards d’euros. Certains se demanderont (et qui serions-nous pour les en blâmer ?) pourquoi, avec tant de fonds reçus, la Grèce aurait besoin de trafiquer ses comptes publiques pour : 1) intégrer la zone euro 2) accueillir les Jeux Olympiques en 2008 3) maintenir l’opa-cité sur son niveau de dette 4)...Comment en est-on arrivé à une dette Grecque qui culmine à 133% du PIB et un taux de chômage record de 17, 1% ? Décidément la République Hellénique chez Europe, une véri-table tragédie Grecque…

Lina ASRARGUIS

La République Héllénique en crise ?

Les taxes d’aéroports, les gains du loto, à quand la mise en vente des îles Grecques ?

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Tout le monde connaît la célèbre marque de champagne éponyme dont la réputation n’est plus à refaire. Mais Taittinger, ce fut aussi un véritable empire industriel et immobilier du XXème siècle mais qui a aujourd’hui été démantelé et en partie revendu. Commençons par un premier aparté historique. Tout débute avec deux frères, Emile et Isaac Pereire. Nous sommes en 1855 et le baron Haussmann a lancé ses grands travaux destinés à réhabiliter les grandes artères parisiennes. Les frères Pereire font construire le Grand Hôtel du Louvre rue de Rivoli. En mars de la même année est fondé la société Faré, Chauchard et Compagnie qui exploite le magasin Les galeries du Louvre à proximité de l’hôtel. Les deux frères décident en 1860 d’entrer au capital de la petite société en pleine croissance. Celle-ci s’agrandit, rachète les galeries rebaptisées en Grands magasins du Louvre et achète le Grand Hôtel du Louvre en 1879. Les galeries réclament de plus en plus de place et l’Hôtel est déplacé un peu plus loin et devient l’actuel Hôtel du Louvre. En 1889, conjointement à l’Exposition universelle, l’Hôtel Terminus Saint-Lazare est construit. En 1909, après avoir été restauré et réaménagé par la société, l’Hôtel de Crillon ouvre à nouveau. C’est alors le plus

beau palace parisien et l’hôtel acquiert une renommée mondiale, toujours pas démentie aujourd’hui. Y ont notamment séjourné Churchill, Nixon, l’empereur Hirohito, les acteurs Charlie Chaplin, Orson Welles et plus récemment Michael Jackson, Madonna

ou encore Martin Scorcese. La suite Bernstein possède une terrasse au dessus de la place de la Concorde, offrant une vue sur tous les plus beaux monuments parisiens. Mais tout cela a un prix : près de 10000€ la nuit ! Mais revenons à l’Histoire. En 1930, la Société du Louvre est introduite en bourse. C’est là que Pierre Taittinger, né à Paris le 4 octobre 1887, entre en scène. L’homme n’est pas étranger au domaine du vin puisqu’avec son frère, il dirigeait depuis 1912 une maison de distribution et d’exportation de champagnes. En 1932, il fonde la maison de champagnes qui porte son nom : les Champagnes Taittinger. Au début des années 1950, les actionnaires de la Société du Louvre font appel à lui pour devenir administrateur de la société. En 1960, Claude, un de ses 5 fils, prend les rênes des Champagnes Taittinger après la mort accidentelle de François, son frère aîné. En 1964, Taittinger SA, qui commence à se diversifier, prend une participation minoritaire dans la Société du Louvre, part qui augmentera substantiellement à 30% en 1968. Le patriarche décède l’année suivante, laissant un groupe très diversifié : champagnes, magasins, hôtels, imprimerie et immobilier. Claude devient président du groupe et délègue à Guy, son frère le plus âgé, la direction de

la société du Louvre. Un nouvel hôtel voit le jour : le Concorde Lafayette. Achevé en 1974, il est alors le premier hôtel parisien à offrir plus de 1000 chambres. En même temps, il crée la société Concorde qui regroupe tous les hôtels de luxe du groupe. Le groupe se lance aussi dans l’hôtellerie économique avec le lancement de la chaine Campanile en 1976. Le groupe Envergure, qui deviendra plus tard Louvre Hotels ,regroupe les marques Première Classe, Campanile, Kyriad et Golden Tulip. En 1978, Guy décède d’un cancer ; Jean, un autre fils de Pierre, prend la présidence du groupe à la place de Claude. Après l’acquisition du groupe de chauffage Deville et de la banque du Louvre, le groupe rachète en 1991 la cristallerie de luxe Baccarat. Anne-Claire Taittinger, la nièce de Claude, en prend la présidence. Le groupe se porte très bien économiquement mais la famille commence à se déchirer. Les nombreux descendants du fondateur possèdent tous des parts dans la société mais certains n’ont aucune influence ni activité dans le groupe et ne font que récolter des dividendes, très souvent inférieurs aux impôts qu’ils doivent payer au titre de l’ISF. La situation étant bloquée, la famille se résout à revendre leurs parts dans le groupe, malgré l’opposition de ceux qui possèdent des postes clés, notamment Anne-Claire. Le groupe est revendu au fond d’investissements américain Starwood Capital Group pour 2,1 milliards d’€. C’est la fin d’un empire familial. Mais Pierre-Emmanuel, un des fils de Jean, n’abandonne pas. Allié à plusieurs banques et investissant une grande partie de sa fortune, il rachète à Starwood les Champagnes Taittinger pour 600 millions d’euros. La saga recommence !

Arnaud BAVELIER

Le Délit d’initié - Page 8

La dynastie Taittinger

SAGA

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L’ironie du sort veut que le terme « économie » signifie étymologiquement « la gestion de la maison », ce qui était précisément le rôle des femmes, alors que le contrôle des affaires commerciales relevait de la sphère publiques. Une idée en vogue depuis deux millénaires veut que l’on ne saurait les mener à bien si on a malencontreusement égaré le chromosome Y en route-les femmes sont si tête en l’air !

Durant l’Ancien Régime, les seules femmes impliquées à un haut niveau sont les abbesses qui administrent des domaines terriens importants. Au Moyen-Age, il existe des guildes d’artisanes, et la main d’œuvre féminine est appréciée dans les ateliers familiaux. Toutefois,en 1688, un triste sire du nom d’Adrian Beier interdit les métiers de l’artisanat aux femmes.Historiquement, le rôle économique des femmes intervient surtout dans le cadre du mariage. Un changement majeur a eu lieu au XIIè siècle, où ce n’est plus le douaire, soit l’apport de la famille du marié, mais la dot, soit l’apport de la famille de la mariée, qui compte. Cela change complètement les stratégies matrimoniale: la mariée achète son ascension sociale Les optimistes relèveront qu’un progrès a été effectué depuis l’époque où la femme elle-même constituait l’objet principal de la tractation.Au début du XIXè siècle, les femmes n’ont pas le droit d’occuper un emploi, sauf dans l’enseignement, encore moins celui de posséder un compte bancaire de dépôt ou d’épargne, et sont traitées en mineures, passant de l’autorité du père à celle du mari. Elles n’ont qu’à se satisfaire de leur travail domestique. En 1861, dans un ouvrage au titre évocateur

de Mrs Beeton’s Book of Household Management, Isabella Beeton pousse le toupet jusqu’à comparer le rôle de maîtresse de maison à celui de chef d’entreprise. Seules trois professions médicales sont ouvertes aux femmes au XIXè siècle : infirmière, sage-femme, et médecin, du moins sur le plan théorique.L’éducation des femmes connaît malgré tout quelques améliorations, avec l’accès des femmes aux universités, en 1880, et en

Angleterre, la création d’établissements comme le Cheltenham Ladies College, à l’enseignement moins tourné vers les accomplishments traditionnels si bien romancés par Jane Austen et plus porté sur les matières académiques, jusqu’alors réservées aux cerveaux masculins. En 1883, Hubertine Auclert exige « qu’il y ait pour les deux sexes même facilité de production, et application rigoureuse de cette formule économique : à production égale, salaire égal. » Heureusement, les femmes profiteront des progrès en tous genres du XXè siècle, depuis le droit de claquer leur salaire comme bon leur semble à celui d’exercer un emploi sans accord de l’ex-heureux propriétaire tout déconfit, autrement dit le mari. Sans oublier quelques autres petits luxes comme le congé maternité rémunéré, la loi contre le harcèlement au travail de 1992, ou bien l’ouverture des

grandes écoles -port du bicorne autorisé à partir de 1970 seulement. Le Sénat a beau avoir fait six fois barrage en un demi-siècle aux propositions de loi de la Chambre des députés pour le vote des femmes, jusqu’en 1944, les syndicats ont beau avoir poussé des cris d’orfraie à n’en plus pouvoir, les femmes ont fini par envahir le marché du travail et la sphère politique. Certes, elles continuent à effectuer quotidiennement 80% des travaux ménagers histoire de garder la main, mais il est vrai que le Sénat peut difficilement se mêler de la capacité du Français moyen à manier l’aspirateur.En outre, les femmes travaillent statistiquement dans les secteurs qui sont le prolongement « naturel » de la marchandisation de leur rôles ancestraux, comme celui des services à la personne. Elles ont plus de difficultés à s’élever dans la hiérarchie de l’entreprise, par le truchement du plafond de verre, et sont de toute façon moins payées si elles accèdent aux postes les plus élevés. Les employeurs étant durs d’oreille, une pléthore de lois rappelle avec tambour et trompettes le principe de l’égalité salariale depuis trois décennies, en agitant des menaces de sanctions aussi variées qu’ineffectives dans l’indifférence générale.En France, 93% de chefs des moyennes et grandes entreprises sont des hommes : à défaut de parvenir à défoncer le plafond de verre à grands coups de talons aiguille, les femmes peuvent se rassurer puisque « pas besoin d’être PDG pour avoir une p…. de garde-robe », comme leur rappelle très aimablement les 3 Suisses dans leur récente campagne de publicité. Après tout, quitte à glorifier leurs postes de sous-fifres, autant qu’elles y soient décoratives, elles le valent si bien!

Diane ROUSSEAU

Les femmes et l’économie: au bonheur des dames ?

ECONOMIE

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Il n’y a pas si longtemps, Robert Louis Dreyfus, convoqué au tribunal correctionnel au sujet des transferts frauduleux de l’époque Courbis à l’Olympique de Marseille déclarait à une question en sortie d’audience : J’ai pêché par naïveté un peu, incompétence surement aussi et négligence parfois....

Aujourd’hui en décernant la note de « AAA » à la France, l’agence de notation Fitch n’est-elle pas en train de maquiller frauduleusement la dette de l’Etat français ? Avec une dette représentant 77,6% du PIB en 2010, la France risque-t-elle de connaître à son tour la même situation que la Grèce ?

Une dette qui n’est pas prête à s’arrêter

7,5% en 2009, 8% en 2010, 6% en 2011, 10% à partir de 2016 ou 2018, le déficit budgétaire de la France aggrave tous les jours la situation de la dette. En 2014, la France aura probablement un niveau d‘endettement de 100% du PIB soit l‘équivalent de la Grèce aujourd‘hui. Il faut savoir qu’en 2010, l’un des principaux postes de dépense de l’Etat est le service de la dette (remboursement des intérêts) et il représente actuellement plus de 15% des dépenses de l’Etat (50Mds €).

La France mérite-t-elle son triple A ?

A priori, il semblerait que la France soit en mesure de supporter ce niveau d’endettement grâce aux patrimoines

financier et immobilier de l’Etat. En revendant ses parts dans France Telecom-KLM, GDF-Suez et EDF, l’Etat peut récupérer jusqu’à 100Mds€ soit une réduction de 6,5% de ses dettes. Pourtant cette option est très risquée et inenvisageable sur le plan politique car elle risquerait de provoquer de nombreuses manifestations de la part

des syndicats et à une réelle remise en question de la notion de service public en France.

Une remise en question du modèle européen.

Sur le plan européen, la France doit absolument résoudre ce problème de l’endettement car elle risque de nuire à la stabilité et à la construction de l’Union Européenne. En effet si la France, 2e Pays de l’Union Européenne, se retrouve dans la même situation que la Grèce, alors tous les pays de membres de la Zone Euro devront absolument aider la France afin de soutenir la valeur de l’euro !

Il faut savoir que l’annonce des problèmes financiers de la Grèce a fait chuter la valeur de l’euro de 15% par rapport au dollar entre Décembre et

Avril. Si jamais l’UE verse cette aide à l’Etat français, cette aide sera très mal perçue par les Allemands et les Grecques et elle ouvrirait la voie à d’autres pays européens qui sont dans la même situation que la France c’est-à-dire l’Italie et la Belgique. En effet les allemands ont renoncé pendant une décennie à toute augmentation de salaire pour faire face

aux problèmes de financement des retraites et de leurs dettes. Ainsi les allemands se sentiront frustrés de supporter la charge financière des autres pays qui ne font aucun effort pour résoudre leurs problèmes financiers.

« Les problèmes d’aujourd’hui viennent des solutions d’hier » Peter Senge.

A force de reporter dans le temps ce problème de la dette public, la situation devient de plus en plus compliquée à gérer et ces solutions de facilité, menées depuis 1981, nous ramènent toujours à la situation de départ : le déficit budgétaire ! La France doit absolument mettre en place des lois qui interdisent les déficits budgétaires structurels afin de résoudre ce problème. Le gouvernement doit supprimer le bouclier fiscal car elle accroît les ressources de l’Etat et cette suppression du bouclier montrera à tous les français qu’il faudra que chacun fasse des efforts pour réduire son train de vie. Sans ces efforts, une nouvelle crise financière peut menacer la construction politique de l’Union Européenne.

Aninh SOUIDARAY

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La France peut-elle encore vivre au dessus de ses moyens ?

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Symbole de l’American Dream, la Californie est l’une des zones les plus prospères de la planète. Majoritairement peuplé d’Amérindiens avant la Ruée vers l’or du 19ème siècle, le Golden State est désormais le reflet par excellence de l’économie américaine : puissant, riche et dynamique. Mais les différentes crises technologiques, immobilières et financières de ce début de 21ème siècle ont révélé un Etat californien fortement endetté. Et si la Californie était aux Etats-Unis ce que la Grèce est à l’Union Européenne ?

Le constat économique de la Californie est inquiétant. Le chômage est passé de 4,5% en 2007 à 15% aujourd’hui, alors que la moyenne aux USA est redescendue sous la barre des 10%. De même, les prix actuels de l’immobilier ne dépassent pas 56% des prix de 2006. Même la si renommée Silicon Valley subit la fuite des investisseurs. Ce pôle de compétitivité high-tech où siègent les cadors du web tels Google, Yahoo ou eBay est en effet principalement financé par le capital-risque devenu si rare ces derniers temps. Le cabinet Dow Jones Ventures Source rapporte que les fonds investis par les capital-risqueurs au premier trimestre 2009 ont été les plus faibles depuis 1998. La situation de l’Etat californien n’est guère plus reluisante : le déficit public pour l’exercice actuel

s’élève à 20 milliards $. Il résulte en partie de la réduction des recettes budgétaires, puisque celles-ci proviennent du revenu et sont donc corrélées aux très pâles performances de la bourse ! Si la situation venait à se prolonger, l’Etat pourrait même payer ses fournisseurs par des reconnaissances de dettes,

comme ce fut déjà le cas l’été dernier. La faillite de la Californie contaminerait l’ensemble des USA Les Etats-Unis ont tout intérêt à surveiller la situation du Golden State car son influence sur l’économie américaine n’est pas des moindres. Economiquement d’abord, l’Etat de Schwarzenegger réalise 13% du PIB des USA et, par l’intermédiaire de la Silicon Valley, est à la pointe de l’innovation high-tech, biotechnologique et écologique. Culturellement ensuite, car la Californie s’est transformée en formidable outil pour véhiculer l’image de l’American Dream à travers le monde : le mythe de la Ruée vers l’Or, Hollywood ou encore les parcs d’attractions Disneyland et Sea World nous évoquent à tous monts et merveilles. Nul doute donc qu’une crise prolongée en Californie risque d’être dévastatrice pour l’économie américaine. Jamie Dimon, directeur de JP Morgan, compare d’ailleurs la situation de la Californie à celle de la Grèce et avertit qu’en cas de faillite de l’Etat de Californie, celle-ci s’étendrait aux autres Etats par un effet domino. Rappelons d’ailleurs que la Californie était déjà un Etat à l’origine de la crise des Subprimes, avec les conséquences que l’on connaît. Il devient donc urgent de trouver des solutions.

Le grand plan de relance d’Obama insuffisant

Pour l’Etat californien, tous les moyens sont bons pour pallier à ses difficultés budgétaires. Les fonctionnaires sont d’ores et déjà priés de rester chez eux 3 jours de plus par mois. Le gouvernement de Schwarzy tente même de grignoter les revenus fiscaux ordinairement destinés au financement des services des villes, mais cette solution n’est pas viable au vu des fortes protestations. La plus grande aide est finalement venue du fameux plan de relance de 787 milliards $ de Barak Obama. Celui-ci a momentanément permis de compenser les déficits budgétaires tout comme de faire face aux dépenses de santé et d’éducation. Mais l’impact direct du plan de relance sur l’économie tarde à se faire sentir. L’économie californienne devra donc compter davantage sur sa compétitivité que sur les aides publiques pour se relancer. La Silicon Valley devrait ainsi bénéficier du retour des investisseurs pour redynamiser l’activité ; ce retour étant toutefois conditionné à une reprise durable de l’activité des pays développés. David Shuman, dirigeant du centre de recherche universitaire Anderson Forecast de l’UCLA, résume finalement assez bien la situation : « En cas de reprise, la Californie suit l’économie américaine avec un retard d’environ six mois. Si la tendance actuelle se confirme, vers la fin du printemps et le début de l’été on commencera donc à voir s’améliorer l’économie californienne. En revanche, la Californie sera leader dans le scénario d’une rechute en récession ». Espérons qu’au pays d’Hollywood on évite le scénario catastrophe…

Emmanuel BADOUAL

California Dream : the end ?

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