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UNIVERSITÉ DE PARIS 1- PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ÉTUDES SUPÉRIEURES DU TOURISME
Comment la ville de Caen peut-elle pérenniser son tourisme patrimonial tout
en diversifiant son offre touristique afin de créer une réelle destination
touristique ?
Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du
Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne
MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME »
(2e année)
Spécialité Développement et Aménagement Touristique des
Territoires
Par Adèle FLEURY
Directeur du mémoire : Maria GRAVARI-BARBAS
Septembre 2012
1
Remerciements
Tout d’abord, je souhaite remercier Madame Maria Gravari-Barbas pour m’avoir guidée et
conseillée tout au long de ce travail.
J’adresse ma reconnaissance à l’ensemble des personnes, touristes et professionnels, qui ont
accepté de répondre à mes questions et dont les réponses sont venues nourrir mon travail.
Mes remerciements vont également à mes parents pour leur soutien. Un grand merci
également à Robin pour son aide sans faille.
2
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................. 3
Chapitre 1-Présentation du tourisme caennais .............................................................................. 7
1-1-Des sites touristiques à forts potentiels ........................................................................................... 7
1-2- Une offre touristique limitée ......................................................................................................... 17
1-3- Caractéristiques des touristes caennais ......................................................................................... 26
Chapitre 2- Constats sur le tourisme caennais : un potentiel important et une mise en tourisme
difficile ....................................................................................................................................... 33
2-1- Ce que pensent les touristes .......................................................................................................... 33
2-2- Les orientations actuelles des acteurs du tourisme ...................................................................... 42
2-3-Améliorer la mise en tourisme existante ........................................................................................ 50
Chapitre 3- Des pistes de valorisation et de diversification de l’offre touristique .......................... 54
3-1- Une meilleure valorisation de l’ensemble du patrimoine ............................................................. 54
3-2-L’émergence de nouveaux espaces touristiques ............................................................................ 62
3-3- De nouveaux types de tourisme .................................................................................................... 71
Conclusion ................................................................................................................................. 79
Bibliographie .............................................................................................................................. 81
Annexes ..................................................................................................................................... 85
Table des figures et des tableaux ................................................................................................ 93
Table des matières ..................................................................................................................... 95
"L'Université n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans les
mémoires et thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs"
3
Introduction
Caen, préfecture du Calvados et capitale de la Basse-Normandie, est, d’après le Comité
Départemental du Tourisme du Calvados, un site de notoriété nationale qui comptait 109 312
habitants en 20091. La Normandie ainsi que le Calvados sont très connus en France comme à
l’étranger. La Normandie est la huitième région d’accueil des touristes français2. Le Calvados est au
douzième rang des départements les plus visités avec 3,7 millions de séjours réalisés en 2008. Caen
est situé à une quinzaine de kilomètres de la mer et à deux heures de plusieurs millions d’habitants
(région parisienne). De plus, Caen est très attractive pour les Britanniques qui arrivent par ferry à
Ouistreham et à Cherbourg. Cependant, Caen ne peut être considérée comme une ville touristique.
La ville semble peu connue, contrairement au département du Calvados et à la région normande. 133
000 visiteurs sont venus à l’Office de Tourisme en 2008 et près de 800 000 visiteurs ont été
comptabilisés dans les sites touristiques caennais. Un gros pourcentage des touristes semble se
diriger principalement vers le littoral. Comme Caen aimerait en retenir une grande partie, elle met
tout en œuvre pour développer sa fréquentation touristique. Cependant, la ville demeure un lieu de
passage, inclut dans un itinéraire. En effet, Caen, comme bien d’autres villes, connaît le problème de
ne pas retenir sa clientèle. Les courts séjours sont une des caractéristiques du tourisme urbain. Ce
type de tourisme peut être défini comme « la reproduction, le temps d’un séjour, d’un mode de vie
urbain, caractérisé par la recherche d‘une densité d’activités, d’une animation importante et par une
forte mobilité » (G. DUBOIS, J-P CERON, 2001). Cette définition indique clairement qu’une des
conditions sine qua non pour le développement du tourisme urbain est une offre touristique
conséquente et diversifiée. Il est donc intéressant de se questionner sur l’offre touristique caennaise,
sur son importance et sa variété.
Au centre-ville de Caen trône le château de Guillaume le Conquérant, personnage
emblématique de la Normandie. Ce dernier a façonné la ville par la construction d’un château et de
deux abbayes. Le château accueille aujourd’hui le musée des Beaux-arts et le Musée de Normandie.
Cet ensemble est le secteur le plus touristique du centre-ville. Le château de Caen est aussi un espace
qui accueille des événements urbains comme, entre autres, le Salon du Livre et une partie des
spectacles du festival Caen Soir d’Eté. Le château est aussi lieu de passage pour les Caennais et,
notamment, pour les étudiants qui peuvent accéder rapidement au centre-ville depuis l’université.
En périphérie se dresse l’autre site touristique de la ville, le Mémorial. Avec 450 000 visiteurs par an,
c’est le premier musée provincial en nombre de visiteurs. Le Mémorial a un concept original dans la
1 http://www.insee.fr/
2 Suivi de la Demande Touristique, TNS-Sofres pour le CRT Normandie
4
mesure où c’est un musée sur la Seconde Guerre Mondiale mais aussi sur les conflits du monde
contemporain. Il est porteur d’un message d’espoir et de paix pour l’avenir. Aujourd’hui, ces deux
héritages sont les piliers du tourisme caennais. Cependant, d’autres thématiques pourraient être
développées pour pérenniser et développer l’activité touristique. Une publication de l’AUCAME
intitulée « La métropole caennaise existe-elle ? » (février 2011) évoque un important « potentiel
touristique ». Cette citation résume en deux mots le tourisme caennais : il est à l’état de potentiel,
sous-entendu pas encore « exploité » à sa juste valeur.
De plus, la mise en tourisme du patrimoine pourrait aussi être améliorée. La valorisation du
patrimoine renvoie à la mise en valeur de « l’ensemble d’attributs, de représentations et de
pratiques fixé sur un objet non contemporain (…) dont est décrété collectivement l’importance (…)
qui exige qu’on le conserve et le transmette". (J. LEVY et M. LUSSAULT, 2003). Cette définition insiste
bien sur « l’ensemble d’attribut, de représentation et de pratiques ». Le patrimoine de la Seconde
Guerre Mondiale ne se limite pas au Mémorial de Caen car il s’agit d’une ville bombardée puis
reconstruite. La ville reconstruite après les bombardements de 1944 qui l’ont détruite à 75 % est très
peu mise en valeur alors que l’université de Caen, construite en face du château, est un réel symbole
de cette période architecturale. Cette constatation fait partie du constat plus général que l’héritage
patrimonial n’est pas assez mis en valeur alors qu’il y a un véritable potentiel touristique.
Afin de diversifier l’offre touristique, des espaces comme le port ou l’hippodrome pourraient
être davantage aménagés pour attirer des touristes. Le port de Caen ainsi que l’espace portuaire,
appelé la Presqu’île de Caen, est un lieu qui a récemment connu de nombreux aménagements. La
construction de la salle de musique Le Cargö ainsi que l’École Supérieure d’Arts et Médias sont des
bâtiments qui, par leur architecture et leur fonction, ont permis d’amorcer le renouvellement de la
presqu’ile. L’année 2012 est un tournant pour l’avenir de cet espace : en septembre 2012, une
équipe pluridisciplinaire sera choisie pour l’aménager et lui donner un nouveau visage. Il est
envisageable de penser le renouvellement urbain de la presqu’ile de Caen avec une mise en tourisme
de l’espace comme cela a été fait à Saint-Nazaire. D’autres espaces, comme l’hippodrome,
pourraient prendre une dimension touristique. L’hippodrome est un espace singulier, car il est situé
en plein cœur de la ville. Actuellement, il n’a aucune vocation touristique. Cependant, les jeux
équestres mondiaux de 2014, organisés en Normandie, dont 7 des 8 disciplines se dérouleront à
Caen seront peut être le moyen de valoriser ces 60 hectares d’espace vert. L’exemple de ces deux
espaces montre que, de façon théorique, il est possible de diversifier les activités ainsi que les
espaces touristiques. Les attentes des touristes ainsi que les projets des acteurs du tourisme caennais
apportent des éléments d’ordre plus pratiques afin d’améliorer la mise en tourisme de la ville de
Caen.
5
Le tourisme est une activité qui met en relation une multitude d’espaces, d’acteurs et de
pratiques. L’Équipe MIT (2005) définit le tourisme comme « un système d’acteurs, de pratiques et de
lieux qui a pour objectif de permettre aux individus de se déplacer pour leur récréation hors de leur
lieu de vie habituel, en allant habiter temporairement dans d’autres lieux. Ce système est constitué
d’entreprises (…), de normes et de valeurs (…), de lois (…), de touristes (…), de lieux touristiques de
qualité (…), de marchés (…) et de relations non marchandes (…) ainsi que les autres institutions
sociales (…), d’imaginaire (…), et d’images, et de discours (…)» (page 342). Cette définition montre la
complexité de l’activité touristique, notamment car les acteurs du tourisme sont très divers.
Cependant, cette diversité fait du tourisme une force pour le développement et l’aménagement des
villes. En effet, le développement touristique de Caen devient presque une nécessité pour le
développement global de la ville. Le tourisme urbain permet une triple revitalisation : économique,
urbanistique et symbolique. Il est considéré comme le levier de politiques de rénovation et de
réaménagement des centres-villes, comme un moyen de diversifier l’activité des centres urbains et
comme un excellent vecteur de communication (FAGNONI E. et J. LAGIESTE, 2009).
Dans ce contexte où le développement de l’activité touristique peut avoir des conséquences
très positives sur l’ensemble de la ville, il est intéressant de s’interroger : Comment la ville de Caen
peut-elle pérenniser son tourisme patrimonial tout en diversifiant son offre touristique afin de
créer une réelle destination touristique ?
De cette problématique découlent plusieurs questions. Ces questions concernent l’offre
existante, mais aussi les stratégies de diversification de l’activité touristique et les attentes des
touristes.
Comment le tourisme s’est-il structuré à Caen ? Pourquoi les acteurs locaux se sont-ils
contentés de développer le tourisme patrimonial ? Quelles sont les limites de ce tourisme lié à
l’histoire et au patrimoine ? Outre les sites touristiques, quelles sont les caractéristiques
principales de l’offre touristique caennaise ? Quel est le profil des touristes associés au
tourisme caennais ?
Face à cette biculture touristique avec l’héritage de Guillaume le Conquérant et celui de la
Seconde Guerre Mondiale, comment les touristes vivent leur expérience touristique ? À
l’heure où le tourisme urbain devient un véritable moteur au développement des villes, où en
est le tourisme caennais ? Quelles sont les orientations actuelles des acteurs du tourisme ? Est-
ce qu’il y a une tentative de diversification de l’offre ? Comment la mise en tourisme de la ville
de Caen pourrait-elle être améliorée ?
Quelles sont les pistes de valorisation et de diversification de l’offre touristique caennaise ?
Comment est-il possible de valoriser l’ensemble du patrimoine caennais ? Est-il possible de
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faire émerger de nouveaux espaces touristiques au sein de l’agglomération caennaise ? Quel
type de tourisme devrait être développé pour compléter l’offre touristique caennaise ?
Pour tenter de répondre à ces questions plus facilement, nous avons émis des hypothèses.
1- La mise en tourisme de deux héritages, la période de Guillaume Le Conquérant et la
Seconde Guerre Mondiale, structure l’ensemble de l’activité touristique de la ville de Caen.
Cependant, cette focalisation extrême sur ces deux héritages fait apparaître une biculture. De fait, les
acteurs locaux se « contentent » du potentiel touristique de Caen.
2- La mise en tourisme de la ville ne devrait pas se construire seulement avec le
développement des sites touristiques. Plusieurs thématiques devraient être travaillées par
l’ensemble des acteurs locaux, notamment l’hébergement, l’accessibilité, la qualité de l’offre ainsi
que l’image de Caen.
3- La mise en valeur et la mise en tourisme des héritages pourraient être davantage
valorisées. De plus, le tourisme caennais a besoin d’une diversification des activités touristiques et
des espaces touristiques afin d’attirer un public plus large (et non seulement des personnes
intéressées par le tourisme de mémoire et le tourisme historique) et sur des temporalités plus
longues que la simple journée.
Le présent mémoire vise à approcher la thématique touristique par l’offre et la demande,
mais aussi par les thématiques et les espaces touristiques. Dans une première partie, il sera question
des sites touristiques caennais et de la domination du patrimoine de Guillaume-Le Conquérant et du
Mémorial. Nous verrons que l’ensemble de l’offre touristique (visites, hébergement, restauration,
événements, etc.) est relativement limité. Cette offre est intiment liée aux profils des touristes qui
visitent la ville ; nous analyserons ces profils afin d’en dégager le type des touristes caennais. Dans
une seconde partie, nous dresserons un constat sur le tourisme à Caen en étudiant l’avis des
touristes à propos de leur(s) visite(s) dans la capitale bas-normande, ainsi qu’en analysant les
orientations des acteurs du tourisme pour les prochaines années. Il sera alors intéressant de
confronter les avis des touristes avec la planification touristique. Dans cette même partie, nous
aborderons aussi les éléments indispensables pour poursuivre la mise en tourisme de la ville comme
la construction d’une image positive de la ville, l’accessibilité et l’amélioration de la mise en tourisme
existante. Dans la troisième partie, nous verrons quelles sont les pistes de valorisation et de
diversification de l’offre touristique. Nous verrons que la valorisation du patrimoine ne doit pas se
résumer à l’héritage de Guillaume le Conquérant et celui de la Seconde Guerre Mondiale. De plus, de
nouveaux espaces pourraient être mis en tourisme avec le développement parallèle de nouveaux
types de tourisme tels que le tourisme d’affaires, le tourisme événementiel et le tourisme durable.
7
Chapitre 1-Présentation du tourisme caennais
Ce chapitre vise à dresser un portrait du tourisme caennais. Une des entrées pour
comprendre le tourisme caennais est l’analyse de l’offre touristique, c’est-à-dire les biens et les
services proposés aux touristes pour satisfaire leurs besoins d’ordre touristique. L’offre touristique
concerne donc les sites touristiques mais aussi les hébergements, les restaurants, les commerces, les
événements, etc. Dans un premier temps, nous aborderons l’ensemble des sites touristiques
caennais puis nous essayerons de dégager les grandes lignes de l’offre touristique en termes
d’activité, d’hébergement et de restauration. Dans un second temps, nous dresserons un portrait des
touristes en visite à Caen.
1-1-Des sites touristiques à forts potentiels
1-1-1-Aperçu général des sites touristiques caennais
Les sites touristiques caennais sont nombreux et divers : musées, jardins, monuments
historiques, etc. Afin d’en donner un aperçu général, nous avons analysé le dernier rapport sur l’offre
hôtelière caennaise publié en 2008 par la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI) de Caen.
Cette publication indique que « l’important patrimoine de Caen donne à la ville de multiples attraits
touristiques » notamment grâce à :
76 monuments historiques inscrits et classés : le château de Guillaume le Conquérant,
l’Abbaye aux Dames, l’Abbaye aux Hommes, l’Hôtel d’Escoville, de nombreuses églises, la
Maison des Quatrans (maison à colombages du XIVème siècle), etc.
8 quartiers pittoresques : le Vaugueux, la Prairie, les quartiers de la reconstruction, etc.
5 musées : Mémorial, musée des Beaux Arts, musée de Normandie, musée de la Nature,
musée de la Poste (Depuis la publication du rapport par la CCI de Caen le musée de la Poste a
été fermé définitivement).
Parc et jardins : collines aux oiseaux, jardin des plantes, parc Michel d’Ornano, etc.
Le Plan de Rome (maquette de 70m2 représentant la Rome antique au IVème siècle après JC et
qui peut se visiter à l’Université).
Ce même rapport affirme que deux thèmes font l’objet de nombreux produits touristiques et
sont utilisés pour faire la promotion de la ville : l’héritage de Guillaume le Conquérant et la Seconde
Guerre Mondiale. Dans les prochaines pages, nous nous intéresserons plus particulièrement au
Mémorial ainsi qu’aux château et abbayes construits sous Guillaume le Conquérant afin de
8
comprendre l’importance de ces sites touristiques parmi l’offre. Les chiffres présentés ci-dessous
suffisent à prouver la suprématie de ces sites sur l’ensemble de l’offre touristique. Sur l’année 2008,
412 063 entrées ont été dénombrées pour les Abbayes et le Mémorial. 1 184 771 entrées ont été
comptabilisées au total pour l’ensemble des sites présentés dans le tableau ci-dessous. De plus, le
Musée des Beaux-arts et le Musée de Normandie étant situés dans l’enceinte du château de Caen,
les visiteurs de ces deux musées ont, en toute logique, visité le château de Caen avec plus ou moins
d’intérêt. La somme du nombre d’entrées dans les Abbayes, au Mémorial et aux musées des Beaux-
arts et de Normandie représente près de 50% des entrées comptabilisées en 2008, soit 592 789
entrées. Cela montre bien que la fréquentation touristique se concentre autour des deux principaux
héritages ainsi que sur deux espaces principaux : le château (et les Abbayes) situé au cœur de la ville
et le Mémorial situé en périphérie de Caen.
Tableau n°1 : Fréquentation touristique des lieux de visite de la ville de Caen
2004 2005 2006 2008
Abbaye aux Dames 11997 13065 12431 10 704
Abbaye aux Hommes 27503 33023 28163 20 759
Mémorial de Caen 557000 404740 380000 380 600
Musée des Beaux Arts 39 344 56375 71302 64 138
Musée de Normandie 109 413 125 003 125 393 116 588
Musée de la Poste 6 909 7 479 6 621 6 745
Musée d’initiation à la nature 7 615 8 200 5 323 4 360
Colline aux oiseaux 386599 380021 363893 391 627
Jardin des plantes 194 368 176 871 192 651 176 750
Labyrinthe Ouverture en juin 2006 10 000 12 500
Source : Chambre des Commerces et d’industrie, juin2008.
Le rapport de la Chambre des Commerces et de l’Industrie donne donc un aperçu général des
sites touristiques de la ville. Afin de compléter les analyses faites par la CCI de Caen, j’ai effectué une
démarche similaire à celle du touriste qui recherche des informations sur les visites possibles. C’est
dans cette optique que j’ai récolté les prospectus diffusés auprès des touristes. L’analyse des
brochures touristiques me permet de :
référencer les sites touristiques caennais,
comprendre la mise en valeur de chaque site touristique par les images utilisées et les termes
employés au sein des brochures,
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hiérarchiser les sites touristiques. En effet, la qualité et la quantité des informations diffèrent
selon les sites et un intérêt plus important est accordé à certains sites.
Lors d’une visite à l’Office de Tourisme en novembre 2011, en me présentant comme une
« touriste lambda », un ensemble de documents m’a été remis. Ces documents sont succinctement
présentés dans le tableau suivant.
Tableau n°2- récapitulatif des documents touristiques (nov. 2011)
Type du document Titre Utilité
Plan Caen Plan de ville Plan général de la ville de Caen
Livret (99 pages) Normandie Parcs et Jardins Description et informations sur les parcs et jardins de toute la Normandie
Livret (66 pages) Guide touristique Caen-Normandie
Nombreuses informations sur les visites, les hébergements et les activités en Normandie
Livret (23 pages) Musée de Normandie Rapide description du Musée et du Château + Programme des activités du Musée
Livret (61 pages) Les Boréales Programme du festival Les Boréales
Plan Architecture /Urbanisme du XXème siècle
Plan de Caen avec localisation et informations sur les bâtiments et de l'architecture du XXème siècle
Prospectus La fabuleuse épopée Description des trois châteaux (Bayeux + Falaise + Caen) + informations pratiques
Prospectus À l'assaut du château de Caen (pour les enfants)
Promotion pour la vente d'un livret sur le château destiné aux enfants
Prospectus Escapades à Caen Description d'activités à faire. Pas d'informations pratiques.
Prospectus Les quêtes secrètes 3 parcours scénarisés à l'aide d'une application sur téléphone portable
Prospectus L'abbaye aux Dames Description de l'Abbaye + quelques informations pratiques
Prospectus Exposition au Mémorial "Notre combat"
Description rapide de l'exposition
Prospectus Toute l'Histoire est au Mémorial de Caen
Présentation du musée + informations pratiques
Livret (41 pages) Caen Pass Tourisme Description des réductions possibles avec le Pass Tourisme
Une première analyse des documents destinés aux touristes montre que les expériences
touristiques proposées aux visiteurs par l’Office du Tourisme sont très centrées sur le patrimoine
caennais et plus particulièrement sur le château et le Musée du Mémorial. Le Mémorial ou/et le
château sont présents (textes ou/et images) sur les couvertures de 8 documents sur 14. Les autres
documents, qui ne traitent ni du château ni du Mémorial en première page, informent sur :
10
Le festival des Boréales (festival de la création nordique, 20ème édition en novembre
2011),
L’Abbaye aux Dames,
Les parcs et jardins de Normandie,
L’architecture et l’urbanisme du XXème siècle,
Les réductions du Pass Tourisme,
Le musée de Normandie.
Le livret sur le musée de Normandie n’évoque pas le château en couverture ; cependant, il
est question du château ainsi que des musées présents à l’intérieur du château dans tous les
documents. En réalité, seuls 5 documents sur 14 n’évoquent pas le château ou le Mémorial.
Les prospectus qui informent sur le château de Caen parlent de « l’esprit des conquêtes »,
« l’épopée de Guillaume le Conquérant », « à l’assaut du château » « à la conquête du Calvados »,
etc. Il y a une certaine mise en scène héroïque autour du personnage de Guillaume le Conquérant et
du patrimoine témoin de cette époque. Cependant, à la première lecture de ces documents, les
touristes ne peuvent pas mesurer l’importance de Guillaume le Conquérant bien qu’il soit un des
personnages centraux de la royauté anglaise.
Il est intéressant de remarquer que 13 documents sur 14 associent le nom de la ville de Caen
à celui de la région Normandie ou du département du Calvados. Cela montre bien que les touristes
ont besoin de savoir que Caen se situe en Normandie (ou dans le Calvados) pour pouvoir situer la
ville. Les noms de la région et du département semblent être plus connus et/ou attractifs que celui
de la ville. La Normandie est associée à différents stéréotypes comme le débarquement de
Normandie, les fromages de Normandie, Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie. Le Calvados
est aussi connu pour l’alcool éponyme. Bien que Caen dispose de deux sites touristiques majeurs, la
ville n’apparait pas des documents touristiques. En effet, aucun des prospectus n’expose de photos
plus générales de la ville (photos aériennes, rues et places, espaces verts, etc.) De plus, les activités
de shopping et de restauration, qui sont intimement liées à l’expérience touristique, sont peu ou pas
présentes dans les prospectus. Les festivités n’apparaissent pas dans les informations touristiques et
seul le festival des Boréales est mentionné en tant qu’événement urbain.
Malgré les nombreux sites touristes, nous nous apercevons donc que l’héritage de Guillaume
le Conquérant et le Mémorial dominent l’ensemble de l’offre touristique, c’est pourquoi nous
pouvons parler d’une biculture touristique. Les prochaines pages du présent mémoire analysent la
mise en tourisme de ce patrimoine.
11
1-1-2- Le Mémorial de Caen : un musée pour la paix
Le 6 juin 1944, les Forces Alliées débarquent sur les plages bas-normandes. Pendant plus
d’un mois, au cours de l’été qui suit, Caen est au centre de la Bataille de Normandie qui fait plus de
300 000 victimes militaires. Caen paie un cher tribut : 75% de la ville est détruite, 2 000 victimes
civiles. Jean-Marie Girault a 18 ans lorsque la ville est bombardée ; il s’engage dans les équipes
d’urgence. Devenu Sénateur-Maire de la ville, il convainc son équipe municipale de construire un
Mémorial « pour témoigner et se souvenir » en 1983. En 1986, le projet a évolué. Le Mémorial ne
sera pas un « war museum » classique consacré à la Bataille de Normandie mais un musée pour la
paix. Le 6 juin 1988, François Mitterrand, Président de la République, inaugure le Mémorial. Trois ans
plus tard, le Mémorial confirme sa dimension de musée pour la paix avec l’ouverture de la Galerie
des Prix Nobel de la Paix. Il a été voulu comme un lieu où se mêlent équitablement la Mémoire, l’Art
et le Savoir. Il ne s’agit pas de privilégier la commémoration et la muséographie militaire mais de
plonger le visiteur dans un parcours historique de 1918 à nos jours. Les enjeux, le déroulement, la
signification de la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences sur l’actualité sont évoqués, avec
comme toile de fond le contexte international des XIXème et XXème siècles. La muséographie, tout à
fait originale, a été pensée comme une véritable mise en scène de l’Histoire et de ses événements et
l’image occupe une place essentielle. De plus, le Mémorial met l’accent sur l’émotion afin de mieux
toucher le visiteur et faire en sorte qu’il se sente concerné.
Photographie n°1 : Le Mémorial de Caen
Source : Adèle Fleury, mai 2012
En marge de la ville, le nouveau quartier de la Folie-Couvrechef offre un cadre aéré au
Mémorial. Le musée se présente sous la forme d’un pavé en pierre de Caen. La simplicité de la forme
et de la couleur blanche tranchent avec les couleurs vives des drapeaux des pays vainqueurs et
12
vaincus, ce choix symbolisant la réconciliation des nations. Une fracture vient briser la façade pure et
rectiligne du musée. Ce mur brisé représente la brèche faite par les Alliées dans « le Mur de
l’Atlantique » le 6 juin 1944 et tient lieu d’entrée principale du musée. Cela symbolise également la
blessure des populations, idée renforcée par la phrase d’un poète caennais, Paul DOREY, gravée sur
toute la longueur de la façade : « La douleur m’a brisé, la fraternité m’a relevé, de ma blessure a jailli
un fleuve de liberté ».
Lorsque nous entrons dans le musée, nous découvrons le grand hall. Ce hall est le lieu
d’accueil (billetterie, boutique, information, jardins d’enfants), de spectacles (expositions, concerts,
forum) et de convivialité (cafétéria) privilégiant rencontres et échanges. Il permet au visiteur de
préparer, ou au contraire, de prolonger sa visite par la consultation de documents à la médiathèque.
Pour qui la veut complète, la visite du Mémorial peut s’étaler sur toute la journée. Le parcours est
jalonné de bornes interactives permettant d’approfondir certains points ou, en même temps,
d’alléger le contenu pour se limiter à l’essentiel et rester ainsi accessible au plus grand nombre. C’est
dans ce grand hall qu’ont été réalisés 20 questionnaires avec des touristes, sur lesquels nous
reviendrons dans le prochain chapitre de ce mémoire.
Le Mémorial n’est pas un simple musée et avec son statut de Société d’Économie Mixte
Locale, le Mémorial conjugue à la fois une mission culturelle et une mission économique. Les
compétences et les savoir-faire des secteurs public et privé s’additionnent. L’actionnaire majoritaire
du musée est la ville de Caen (52%). Le Mémorial est le support d’une véritable librairie et d’un
service d’archives. La libraire est spécialisée dans les thèmes de la Seconde Guerre Mondiale, de la
paix et des droits de l’homme. De plus, la politique éditoriale du Mémorial est très dynamique. Le
service de la photothèque et des archives dispose des témoignages écrits, d’enquêtes orales,
d’archives audiovisuelles et photographiques. C’est le premier fonds mondial d’affiches de la
Seconde Guerre Mondiale. Ces documents peuvent être consultés par les chercheurs, étudiants,
journalistes, etc. Cette volonté éducative est aussi présente au sein des diverses formations. Des
stages gratuits sont dispensés aux professeurs pour mieux préparer les visites, des questionnaires
sont distribués aux classes, des animations spéciales sont prévues pour les élèves du primaire. De
plus, le Mémorial est organisateur de nombreux événements médiatisés et ouverts au public, ce qui
contribue à la renommée du musée : expositions temporaires, colloques et forums. Les capacités
d’accueil du Mémorial sont importantes : trois auditoriums de 166, 298 et 340 places, le grand hall
pouvant accueillir 1 500 personnes, des salles de réunion de 70 places et trois restaurants de 80 à
13
180 places assises. Tous les ans, le Mémorial organise les rencontres internationales du Mémorial, le
concours international de plaidoirie et le salon international du dessin de presse. Pour conclure sur
les activités organisées par le Mémorial, des visites guidées des plages du débarquement et des
cimetières militaires sont également proposées aux visiteurs avec des guides bilingues.
La dimension culturelle et touristique du Mémorial prend toute son ampleur au regard des
services proposés et des manifestations organisées ainsi que par sa vocation éducative. Le Mémorial
est devenu une des étapes incontournables des circuits touristiques dans la région, au même titre
que la tapisserie de Bayeux, Deauville, les plages du débarquement ou encore le Mont-Saint-Michel.
Dans les années 2000, la dynamique que le Mémorial a su créer s’essouffle. Le nombre
d’entrées sur dix ans plafonne à 350 000 visiteurs annuels et le chiffre d’affaires n’augmente pas.
L’évolution constatée s’explique de façon assez logique. Bien que le musée enregistre un taux de
satisfaction de 98%, le taux de renouvellement des visites n’est que de 16% (ANQUETIL, 2000). À ce
faible renouvellement de visite s’ajoute la difficulté de renouveler le volume des visiteurs. La
situation géographique du Mémorial devient problématique : le « réservoir » de population de la
Basse-Normandie n’est pas celui de la région parisienne. C’est pourquoi les services du Mémorial
sont très actifs pour tenter d’attirer une clientèle de groupes (adultes et scolaires) et les voyages
organisés. Le bassin des visiteurs s’est élargi mais là aussi la dynamique s’épuise et il faut toujours
« chercher plus loin ». Malheureusement, il est à craindre qu’il s’agisse d’un cercle vicieux. La
création de nouveaux espaces est apparue comme la meilleure solution pour convaincre le visiteur
potentiel de venir et revenir au Mémorial. En 2002, une nouvelle aile consacrée aux cultures de la
paix et à la Guerre Froide est aménagée. Suivant cette même logique de création, le Mémorial
rénove ses parcours en 2009 et 2010 avec quatre nouveaux espaces de visites : "Guerre mondiale,
Guerre totale", "Le Débarquement et la Bataille de Normandie", "Berlin au cœur de la Guerre froide»
et "Taches d'opinions". Depuis 2009, le nombre de visiteurs oscille entre 370 000 et 390 0003, ce qui
fait du Mémorial le musée le plus visité hors Ile-de-France. Il s’agit donc la principale attraction
touristique de la ville de Caen. Cependant, sa situation excentrée du centre-ville ainsi que la
thématique de la Seconde Guerre Mondiale invite le touriste à se rendre davantage sur les plages du
débarquement et dans la région bas-normande que dans le centre-ville caennais.
3 http://www.memorial-caen.fr
14
1-1-3- L’héritage de Guillaume le Conquérant : le château et les abbayes
La ville de Caen connut son essor au XIème siècle sous l’impulsion de Guillaume le Batard qui
deviendra par la suite Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie puis Roi d’Angleterre en 1066
(Bataille d’Hastings). Ce dernier fit construire le château de Caen en 1060, puis l’Abbaye aux Hommes
vers 1066. Sa femme Mathilde fonda l’Abbaye aux Dames aux environs de 1060. Les deux abbayes
furent construites pour obtenir le pardon du pape suite au mariage de Guillaume et Mathilde qui
étaient cousins éloignés. Le château de Caen et les Abbayes représentent aujourd’hui un important
patrimoine monumental visité par les touristes. La conservation et la valorisation de ce patrimoine
sont relativement récentes.
Le château a été doté d’aménagements entre le XIIIème et XVème siècle, puis se dégrada
rapidement et perdit sa fonction politico-militaire. Caché aux yeux des Caennais et transformé en
caserne à la période républicaine, le château ne disposait plus d’intérêt stratégique. Napoléon
envisagea alors de le détruire totalement. Cependant, les commandants du Génie de l’Artillerie
réalisèrent un mémoire sur l’importance du château, ce qui permit de le conserver. Après la Seconde
Guerre Mondiale, le château est au centre de toutes les attentions. La reconstruction de Caen donne
une nouvelle place au château ; « le choix de transférer l’université au nord de la ville (…) imposa le
château comme le pivot central du nouveau plan d’urbanisme » (J DECAENS 2009, p.108).
Cependant, il resta relativement ignoré des Caennais et des visiteurs. Partant des dimensions
géographiques, historiques et symboliques, Brillaud de Laujardière fit du château l’une des lignes
directrices de la reconstruction de la ville. C’est pourquoi une perspective a été créée avec le
percement d’une avenue monumentale (l’actuelle Avenue du Six juin) partant de la gare, rejoignant
l’enceinte du château, la contournant pour arriver jusqu’à la nouvelle université située au nord de la
forteresse. Brillaud de Laujardière aurait voulu faire passer cette avenue au sein même du château
mais Les Monuments Historiques ainsi que le Ministère de la Reconstruction et de l’Université
refusèrent d’atténuer l’aspect forteresse du château. Lors de la construction des nouvelles rues, les
maisons adossées au château ont été détruites pour le « libérer ».
Brillaud de Laujardière est aussi chargé de l’aménagement intérieur de l’enceinte. La chapelle
Saint-Georges, le Logis de Gouverneurs ainsi que l’Échiquier font l’objet d’attentions particulières. Le
reste est laissé en l’état, autrement dit en ruine. Le plateau du château revient à la municipalité qui
désire en faire un immense espace vert. L’exploration archéologique, entreprise par M. DE BOUARD
dès 1956, permit le dégagement des fossés. La destruction des bâtiments de caserne et le
dégagement du donjon sont réalisés au cours de l’hiver 1960-1961.
15
Photographie n°2 : Vue extérieure du château
Source : http://www.richesheures.net/epoque-6-15/chateau/14caen-general.htm
Les aménagements furent rapidement exécutés, avec le Logis des Gouverneurs affecté au
musée de Normandie. À proximité de ce dernier fût aménagé un Jardin des Simples. Le secteur nord
de l’enceinte a été remodelé pour l’implantation du musée des Beaux-arts qui ouvrit ses portes en
juin 1970. Le musée des Beaux-arts est agrandi en 1994. L’architecture du musée, moderne mais
sobre, se marie très bien avec l’architecture médiévale.
Photographie n°3 : le musée des Beaux-arts
Source : Adèle Fleury, mai 2012
Photographie n°4 : le musée de Normandie
Source : Adèle Fleury, mai 2012
16
Au centre de la ville et dégagé des habitations qui l’encombraient, le château apparaît
aujourd’hui comme un élément incontournable dans le paysage caennais. Il s’est ouvert
symboliquement et matériellement à la ville et constitue un passage piétonnier entre le nord et le
sud de la ville. Sa revalorisation, débutée par l’installation de deux musées et l’implantation
d’espaces verts, se poursuit.
De 2001 à 2008, à l’initiative de la municipalité, une première phase de rénovation fut menée
afin de restaurer le rempart nord, d’aménager l’esplanade de la paix et de nouvelles salles
d’expositions pour le musée de Normandie. Ce programme de mise en valeur du château vise à
accroître la fréquentation touristique en redonnant une certaine monumentalité au château. Cette
première phase de rénovation a couté 19,5 millions d’euros et sera normalement suivie d’une
deuxième phase de rénovation. Le programme « CAEN, La CULTURE en capitales » présentée par le
maire, Monsieur P. DURON, en Conseil Municipal du 14 septembre 2009, donne les grandes
orientations culturelles de la ville de Caen. Divisée en cinq parties, l’une d’elles est consacrée à
l’architecture de la ville (« Caen, 1000 ans d’architecture »). Dans cette partie, le château est
mentionné à travers sa remise en valeur et le projet d’un « plan lumière ». À l’extérieur, les
principales actions envisagées par la municipalité sont de « redonner une cohérence et de la lisibilité
à ce site afin de faciliter sa lecture et son appréhension par un large public » grâce à la mise en place
d’une véritable signalétique (parcours d’interprétation) et à la transformation de l’église Saint-
Georges en un véritable espace d’accueil global, d’information, de billetterie et d’interprétation du
site (et pourquoi pas l’accueil de l’Office de Tourisme ?) »4.
Si les projets qui entourent le château restent très timorés dans ce programme, les enjeux
qu’ils représentent sont considérables. En effet, il attire chaque année à Caen, et plus
particulièrement dans le centre-ville de Caen, plusieurs centaines de milliers de touristes.
Aujourd’hui, le château de Caen est l’une des plus vastes (cinq hectares) et plus anciennes
forteresses d’Europe. Sa rénovation (travaux échelonnés sur 10 ans) devrait contribuer au
développement du rayonnement touristique de Caen.
Le patrimoine de Guillaume le Conquérant repose aussi sur l’Abbaye aux Hommes et
l’Abbaye aux Dames construites, respectivement, en 1966 et 1960. Les deux abbayes ont connu de
nombreuses périodes de pillages et de destructions, notamment pendant la Guerre de Cent Ans et la
Révolution. Pendant les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, les abbayes ont abrité des
hôpitaux et ne furent donc pas bombardées. Depuis 1961, l’Abbaye aux Hommes abrite l’hôtel de
ville. En 1983, l’Abbaye aux Dames fut achetée par le Conseil Régional de Basse-Normandie qui
entreprit de longs travaux de restauration.
4 Programme « CAEN, la CULTURE en capitales », 2009, p.18
17
1-2- Une offre touristique limitée
1-2-1 Des activités à l’événementiel
Précédemment, nous avons principalement décrit l’offre touristique en termes de visites et
notamment celles de monuments historiques. Cependant, l’offre est aussi composée de diverses
activités. Les prospectus de l’Office du Tourisme ainsi que son dossier de presse 2012 permettent de
dresser un inventaire des activités proposées.
Tableau n°3 - Inventaire des activités touristiques offertes à Caen pour l’année 2012
Animation Lieu Date Publics
Festival des Voix « Viva Voce » Visite guidée centre-ville + église Saint-Nicolas
12 juillet au 25 août Adulte
Visite en petit train Centre-ville Été Famille
Visites guidées de la ville Château + centre historique
3 juillet au 31 août Adulte
Visites théâtralisées : parcours Guillaume le Conquérant et promenade théâtrale au château
Château + Abbayes Les jeudis et samedis du 12 juillet au 25 août
Adulte
Balade musicale Centre-ville Les mercredis et vendredis du 18 juillet au 31 août
Adulte
Parcours scénarisés « Les mystères de Caen »
Centre historique Toute l’année Famille
Les séjours « escapades » Centre-ville + Mémorial + Canal + Festyland
Toute l’année Famille
Les parcours ludiques Centre-ville Toute l’année Famille
« Caen Soirs d’Été » Centre ville et surtout château de Caen
5 juillet au 24 août Famille
Ce tableau montre que les activités proposées sont principalement liées au patrimoine et à la
culture avec notamment des visites guidées. La référence aux parcours et aux balades est très
présente avec, par exemple, les parcours ludiques ou les balades musicales. Celles-ci sont donc
généralement destinées à des adultes. Certaines activités peuvent être considérées à destination des
familles ; cependant, le public adulte semble être privilégié par rapport aux familles. En effet, seule
une activité semble être réalisée pour les enfants, le séjour escapade à Festyland, un parc
18
d’attraction situé en périphérie de Caen. De plus, la grande majorité des activités et des événements
ont des caractéristiques spatio-temporelles très limitées. Elles se déroulent toute dans le centre-ville
avec notamment le château comme scène majeure. De plus, 6 des 9 activités sont programmées
pendant la saison estivale. Cela met en évidence la saisonnalité marquée de la saison touristique
caennaise. Le touriste n’est donc pas incité à venir visiter la ville en dehors de la saison estivale. De
plus, il n’est pas amené à découvrir des lieux différents que ceux déjà connus pour leur caractère
touristique, comme le château ou le centre-ville historique. L’inventaire des activités touristiques
pour l’année 2012 apparaît restreint.
Pour conclure sur le panel des activités touristiques strictement caennaises, nous pouvons
nous intéresser aux activités para-touristiques. D’après le guide touristique, on peut recenser deux
instituts de bien-être, une discothèque, deux cinémas, un parc aventure, un bowling, le parc
d’aventure Festyland, un paint-ball, une patinoire, un théâtre, deux salles de concert et trois parcs.
Toutes ces infrastructures n’ont pas de réelle vocation touristique mais elles peuvent accueillir des
touristes. Les équipements sont divers ; en revanche, aucune activité ne fait la réputation de la ville.
Elles ne suffisent pas pour attirer des touristes, ni même à prolonger leur séjour. Nous pouvons
définir ces activités comme « communes » dans la mesure où elles sont répandues dans de
nombreuses villes. La ville de Caen ne propose donc pas d’activités para-touristiques très
intéressantes en termes de tourisme.
19
1-2-2 L’hébergement et la restauration touristiques
Pour compléter l’analyse de l’offre touristique caennaise, il faut s’interroger sur
l’hébergement et la restauration, deux activités indispensables pour le développement touristique.
En 2009, l’offre hôtelière de Caen concentre 37 établissements, soit 1457 chambres, dont une forte
présence de chaînes hôtelières. MKG Hospitaly a réalisé, pour la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Caen et Calvados Tourisme, un reporting statistique sur l’activité des hôtels présents
sur l’ensemble du département du Calvados.
Tableau n°4 - Fréquentation hôtelière en 2009 dans le Calvados
Caen Côte de Nacre Calvados
Nombre de nuitées 905 082 176 554 2 977 452
Taux d’occupation 63% 54% 57%
Part de la clientèle étrangère 29% 22% 28%
Part de la clientèle d’affaires 54% 23% 33%
Source : Observatoire de performances hôtelières du Calvados et de l’agglomération caennaise (2011)
Les hôtels caennais ont un taux d’occupation annuelle plus élevé que les hôtels de la Côte de
Nacre et du Calvados. L’hôtellerie caennaise connaît une plus faible saisonnalité que les hôtels situés
sur le littoral, dans la mesure où les hôtels caennais ne ferment pas pendant la période hivernale.
Cependant, une saisonnalité existe comme le montre le tableau ci-dessous.
Tableau n°5 - Taux d’occupation et prix moyens des hôtels caennais en 2011
Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. 2011
Taux d’occu-
pation en % 41 49,3 52,5 64,2 74,1 80,7 71,1 75 74,1 64,3 51,2 37,5 61,4
Prix moyens
en euros 61,4 61,9 61,1 62,9 66,8 66,4 63 64,4 63,6 62,8 62,9 62,3 63,8
Source : Observatoire de performances hôtelières du Calvados et de l’agglomération caennaise (2011)
Le tableau n°5 fait ressortir la saisonnalité touristique, avec un taux de remplissage deux fois
plus élevée en juin (80,7%) qu’en janvier (41%). Cependant, nous pouvons remarquer que les prix
20
moyens montrent de faibles variations annuelles, avec une différence de seulement 5 euros entre les
mois de juin et janvier.
Il est également intéressant de comparer les taux de remplissage des hôtels caennais avec
ceux de 5 villes semblables en termes de fréquentation touristique. La moyenne annuelle du taux
d’occupation en 2011 est de 61,4 %, soit le taux le plus faible comparé à Dijon, Metz, Reims, Tours et
La Rochelle (cf. graphique n°1). Les hôtels de la ville de Dijon atteignent un taux d’occupation moyen
le plus fort (69,9 %). Pour les hôtels caennais, les faibles taux d’occupation au cours de la période
hivernale minorent la moyenne. Deux raisons principales pourraient expliquer ce phénomène : un
prix trop élevé et/ou une qualité de l’offre trop médiocre.
Graphique n°1 - Comparaison des taux d’occupation des hôtels caennais avec 5 villes
de taille équivalente
Graphique n°2 - Comparaison des prix moyens des hôtels caennais avec 5 villes de
taille équivalente
Source : Observatoire des performances hôtelières du Calvados et de l’agglomération caennaise ;
MKG Hospitality
Le graphique n°2 présente le prix moyen des hôtels des 6 villes. Avec un prix moyen de 63,8
euros par nuitée, Caen est situé à la troisième place des hôtels les plus coûteux, derrière les villes de
Reims et de La Rochelle.
Le graphique n°3 (ci-dessous) renseigne sur les taux d’occupation des hôtels caennais en
2011, selon le nombre d’étoiles des établissements. Hormis au mois de juin, où les hôtels 2 étoiles
ont un taux d’occupation légèrement plus élevé, les hôtels non étoilés et les hôtels 1 étoile sont
davantage prisés par les touristes. Les différences de prix entre les gammes d’hôtels sont à l’origine
des disparités de remplissage. Durant les mois d’hiver, les inégalités entre les taux d’occupation des
hôtels non étoilés- 1 étoile et des hôtels 2 étoiles s’accentuent en faveur des hôtels les moins chers
car les prix en hiver ne sont pas très attractifs (cf. tableau n°5, page précédente).
21
Graphique n°3: Taux d’occupation des hôtels caennais en 2011
Source : Observatoire des performances hôtelières du Calvados et de l’agglomération caennaise ;
MKG Hospitality
La restauration est une activité fortement liée au tourisme. En 2010, le secteur de la
restauration était composé de 531 établissements au sein de l’agglomération caennaise, soit une
augmentation de 13,2 % par rapport à 2007. La ville de Caen concentre les trois quarts de l’offre de la
restauration de l’agglomération caennaise. Cette évolution s’inscrit dans la tendance nationale car le
nombre d’établissements dans le secteur de la restauration croît de 4 à 5 % par an en France. Depuis
la dernière étude réalisée en 2007, la restauration caennaise a connu une véritable mutation. La
restauration rapide a vu son nombre d’établissements baisser (-26 % en 3 ans) tandis que le nombre
d’établissements de la catégorie vente à emporter ou livraison a progressé de 78 % au cours de la
même période. Les brasseries demeurent la catégorie la plus présente. Cependant, cette catégorie
est de plus en plus concurrencée par la restauration à emporter qui a fortement progressé dans
l’hypercentre. Celle-ci occupe désormais une place importante dans le centre-ville car les magasins et
les touristes y sont plus nombreux. Cette évolution va de pair avec les nouvelles tendances de la
consommation qui associent fréquemment le repas avec une autre activité (visites, shopping). La
catégorie « restauration et consommation à table » a progressé de 11 % et demeure la catégorie la
plus représentée. Cette catégorie réalise à elle seule les deux tiers du chiffre d’affaires.
Concernant la répartition des restaurants dans l’agglomération caennaise, 16 pôles ont été
identifiés. Trois pôles ont connu de fortes évolutions :
le quartier de la Gare qui recense 8 établissements de plus (+24 % comparé à 2007),
l’hypercentre qui enregistre 15 établissements supplémentaires (+22 %),
le Vaugueux (ruelles proches du château et du port de Caen avec des maisons à colombages)
avec 6 restaurants qui s’ajoutent à son offre (+17 %)
Ces trois quartiers correspondent aux espaces où la fréquentation touristique est la plus importante.
22
Photographie n°5 : Le Vaugueux, quartier des restaurants
Source : Adèle Fleury, août 2012
La restauration caennaise connaît donc une augmentation quantitative significative de son
offre en lien avec le développement du tourisme. Cette évolution positive du nombre
d’établissements liés à la restauration est plus importante que la moyenne nationale5. De plus, les
quartiers où l‘augmentation du nombre d’établissements sont des quartiers à proximité des sites
touristiques comme le château et le centre-ville.
Le Pass Tourisme, mis en place par l’Office du Tourisme de Caen, contribue au
développement parallèle du tourisme et de la restauration. C’est un outil d’incitation à la découverte
de l’offre touristique de Caen. Il prend la forme d’un petit carnet avec 31 offres touristiques
promotionnelles et il permet aux visiteurs de bénéficier d’avantages dans des structures partenaires.
Cela encourage les touristes à se déplacer et à diversifier leur expérience touristique. En 2011, le Pass
Tourisme proposait des réductions dans 7 restaurants caennais.
5 « Marché et tendances de la restauration dans l’agglomération caennaise » Chambre de Commerce et
d’Industrie de Caen, Octobre 2011.
23
1-2-3 La persistance d’une biculture touristique
Précédemment, nous avons présenté les principaux sites touristiques de la ville de Caen à
travers les prospectus destinés aux visiteurs. En analysant ces prospectus, nous nous sommes
rapidement aperçus de l’importance de deux sites touristiques majeurs : le Mémorial de Caen et le
château accompagné des deux abbayes. L’offre touristique est donc très fortement axée sur le
patrimoine de Guillaume le Conquérant et de la Seconde Guerre Mondiale. Pour conclure sur l’offre
touristique caennaise, nous allons nous intéresser au discours présentant la ville de Caen. Pour cela,
nous avons choisi d’analyser les textes de présentation de la ville de Caen sur des sites internet
destinés aux visiteurs. Les sites choisis sont des guides touristiques qui n’ont aucun lien avec l’Office
du Tourisme caennais ou la municipalité et les descriptions ne sont donc a priori pas influencées par
un tiers. L’analyse de ces textes doit nous montrer comment le touriste est incité à venir visiter la
ville. Au final, elle doit pouvoir confirmer ou infirmer la biculture touristique énoncée dans les
documents des collectivités locales caennaises.
Les quatre textes de guides touristiques sélectionnés sont les suivants :
Guide du routard
« Capitale de la Basse-Normandie, Caen est une étape incontournable pour qui visite la
région. Ville martyre au cœur de la sanglante bataille de Normandie, la vieille cité conserve
néanmoins des témoignages de son glorieux passé, du temps de Guillaume le Conquérant.
L'incroyable Mémorial de Caen nous rappelle fort à propos que le meilleur moyen de ne pas revivre
la guerre reste encore de consolider la paix ».6
Via Michelin
« Moderne et intensément culturelle, la ville aux deux abbayes (l’abbaye aux Hommes et
l’abbaye aux Dames) assume pleinement son statut de capitale régionale : technologique,
administrative, touristique. Sans oublier sa prestigieuse histoire, celle d’une cité choisie comme
résidence par Guillaume le Conquérant et son épouse Mathilde. Terriblement éprouvée par les
bombardements de la Seconde Guerre mondiale, Caen a montré sa force de résistance et sa vitalité
pour offrir aujourd’hui un visage rayonnant »7
6 http://www.routard.com/guide_voyage_lieu/4701-caen.htm
7 http://voyage.viamichelin.fr/web/Destination/France-Normandie_Cotentin-Caen
24
Infotourisme
« Caen, dont les combats ont détruit presque entièrement la ville durant la Seconde Guerre
Mondiale est aussi connue pour ses bâtiments historiques érigés sous le règne de Guillaume le
Conquérant et le château de Caen, construit vers 1060 par celui-ci, est l’une des forteresses
médiévales les plus grandes d’Europe. Il sert aujourd'hui de musée et accueille de nombreuses
expositions artistiques et historiques. La ville de Caen se partage entre une ville reconstruite et une
ville ancienne qui possède un patrimoine exceptionnel en comptant près de 86 édifices classés aux
«Monuments Historiques». Caen, ancienne ville meurtrie par la guerre, a hérité de la mention
d’honneur au prix UNESCO des villes pour la paix tant la ville prône des valeurs d’engagement pour la
paix, la solidarité et la défense des Droits de l’Homme comme le montre la création du Mémorial. »8
France Voyage
Le château de Guillaume le Conquérant, l’Abbaye aux Hommes et l’Abbaye aux Dames
comptent parmi les plus remarquables fleurons de l’architecture normande. Les collections et les
expositions du musée des Beaux-Arts, du musée de Normandie, ainsi que les spectacles et concerts
les plus variés composent une offre culturelle riche. Sans oublier son musée Le Mémorial de Caen,
cité de l’Histoire pour la Paix, lieu unique de réflexion sur les conflits et le maintien de la paix dans le
monde. 9
La première observation que nous pouvons faire sur ces textes est l’omniprésence de
l’héritage de Guillaume le Conquérant (le château et les abbayes) et du Mémorial. Le personnage
emblématique de Guillaume est cité dans les quatre textes. Deux textes font référence aux abbayes.
Le Mémorial est évoqué dans trois textes. La biculture touristique évoquée précédemment est bel et
bien présente dans les descriptions de la ville.
La deuxième remarque qui émane de l’analyse de ces textes est la référence presque
systématique à la Seconde Guerre Mondiale, et plus particulièrement aux destructions associées aux
bombardements : « ville martyre au cœur de la sanglante bataille de Normandie », « terriblement
éprouvée par les bombardements », « Caen dont les combats ont détruit presque entièrement la
ville ». Cependant, afin de rassurer le visiteur potentiel qui pourrait croire que la ville a été
8 http://www.infotourisme.net/tourisme/caen
9 http://www.france-voyage.com/communes/caen-1775.htm
25
complètement détruite, les textes soulignent que Caen est une ville très ancienne : « la vieille cité
conserve néanmoins des témoignages de son glorieux passé », « sa prestigieuse histoire », «Caen a
montré sa force de résistance et sa vitalité pour offrir aujourd’hui un visage rayonnant », « ses
bâtiments historiques », « un patrimoine exceptionnel », « les plus remarquables fleurons de
l’architecture normande ». Nous nous apercevons donc que les guides touristiques partent de
l’image de la ville détruite que les touristes pourraient avoir puis essaient de convaincre le visiteur
qu’il reste des témoignages, notamment des bâtiments, du riche passé de la ville.
Trois textes sur quatre parlent de Caen comme d’une ville de la paix, et notamment du
Mémorial pour la paix avec cette phrase : « Caen (…) a hérité de la mention d’honneur au prix
UNESCO des villes pour la paix tant la ville prône des valeurs d’engagement pour la paix (…). Aucun
des prospectus distribués à l’Office du Tourisme de Caen n’aborde cette idée de Caen, ville pour la
paix. L’emploi du terme de « paix » est surement lié à la volonté de glorifier l’image de la ville de
Caen à travers ces textes descriptifs. En effet, les adjectifs positifs sont nombreux et sont utilisés
pour grandir l’image de la ville de Caen : « une étape incontournable », « glorieux passé », « moderne
et intensément culturelle », « un visage rayonnant », « un patrimoine exceptionnel », etc.
Pour conclure sur l’analyse de ces textes présentant la ville de Caen, nous nous apercevons
que l’offre touristique liée aux expositions, spectacles et plus largement aux événements, est peu
mise en valeur. Il n’y a pas d’événements ou d’activités proposées qui se dégagent de ces textes,
hormis la visite des musées et des sites historiques. Seuls deux textes évoquent l’offre culturelle,
mais ces derniers ne donnent pas d’informations précises : « intensément culturelle » et « offre
culturelle riche ».
La communication touristique faite sur la ville de Caen montre la persistance d’une biculture
touristique. L’identité discursive, c'est-à-dire l’identité révélée par le discours touristique, se fonde
sur l’histoire médiévale et celle de la Seconde Guerre Mondiale. Néanmoins, ce discours est
accompagné de références à l’ancienneté de la ville et aux bâtiments qui en témoignent.
26
1-3- Caractéristiques des touristes caennais
1-3-1- Portait des touristes: données générales
La ville de Caen n’est pas une ville touristique alors que la Normandie fait partie du « top
ten » des destinations touristiques des Français. Avec 11 millions de séjours, soit 5 % du total des
voyages des Français en 2010, la Normandie est au huitième rang des régions d’accueil (CRT
Normandie). Les touristes qui visitent Caen visitent aussi le Calvados ou plus largement la
Normandie. Il est donc intéressant de dresser le portait des touristes visitant Caen mais aussi celui
des touristes qui visitent le département et la région.
Plus de 6 départs sur 10 vers la région normande sont à destination de la Basse-Normandie,
soit 62 % des voyages et 70 % des nuitées, sachant que le département du Calvados attire 33 % des
voyages. La Normandie, accueillant 6,2 % des courts voyages des Français, figure au 5ème rang sur ce
marché. La région montre des difficultés à garder ses touristes plus de 3 nuits10.
Environ 93 % des voyages effectués par les Français en Normandie se font pour des motifs
personnels. Cette part est supérieure à la moyenne française.
Quelques caractéristiques du voyage des Français en Normandie :
La clientèle française a préférentiellement recours à l’hébergement non marchant,
Le littoral, première destination normande,
Une saisonnalité moins prononcée en Normandie qu’à l’échelle nationale,
La voiture, premier moyen de transport pour se rendre en Normandie,
Un faible recours à la réservation.
Le profil des voyageurs français en Normandie :
Une clientèle de proximité, résidant surtout en milieu urbain,
Peu de jeunes parmi les touristes,
Une région attractive pour les cadres,
La Normandie accueille un peu moins de familles que la moyenne des destinations françaises.
Le Calvados est le département normand le plus touristique. Près d’un Français sur deux qui
se déplace sur le département est issu de l’agglomération parisienne. La proximité avec la région
10
Suivi de la Demande Touristique, TNS-Sofres pour le CRT Normandie
27
parisienne ainsi que le nombre important de résidences secondaires (78 % des lits touristiques)
favorisent le développement des séjours de courte durée dans le Calvados : 62,5 % des séjours
réalisés sont des courts séjours (1 à 3 nuits) ; ce qui est supérieur à la moyenne nationale (57,5 %). En
termes de marché, les touristes sont principalement originaires des régions limitrophes (la Haute-
Normandie, la Basse-Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire, le Centre-Val de Loire). Les nuitées
se déroulent majoritairement dans les hébergements non marchands, notamment en résidence
secondaire11.
Le dossier de Presse de la ville de Caen de 2010 indique qu’il y a eu 133 000 visiteurs en 2008 à
l’Office de Tourisme et près de 800 000 visiteurs dans les sites touristiques caennais. Ces chiffres,
donnés à titre indicatif, doivent être lus de manière critique connaissant les difficultés et les enjeux
du chiffrage de l’activité touristique. Il est plus intéressant d’analyser la provenance des touristes,
surtout pour une ville où les touristes étrangers sont nombreux. Selon les données du Comité
Départemental du Tourisme, les trois nationalités qui visitent le plus la ville de Caen sont les
Britanniques, les Américains et les Canadiens, suivis par les Italiens, les Néerlandais, les Allemands,
les Espagnols et les Belges. De plus, la proportion de ces touristes étrangers est importante puisqu’ils
représentent environ un quart des nuitées dans les hôtels de l’agglomération caennaise. Les hôtels
de Caen agglomération ont accueilli 85 000 nuitées (soit 59,5% de taux d’occupation moyen) en 2009
dont 25,5% de nuitées étrangères et 54% de nuitées d’affaires12. Concernant les nuitées, le cabinet
Détente Consultants a analysé les clientèles en les différenciant en fonction du type de tourisme
pratiqué :
Tourisme de découverte culturelle. Ce sont principalement des familles, essentiellement
françaises (région parisienne ou des régions proches). Ces visiteurs restent en moyenne 1,5
nuitée avant d’aller vers une autre destination (plages du débarquement ou Bretagne).
Tourisme d’affaires. Il s’agit de groupes ou de personnes individuelles venus pour des
réunions ou des rendez-vous professionnels. Ces hommes et femmes d’affaires séjournent
entre 1 à 2 jours hors période estivale.
Tourisme de mémoire. Ce sont des groupes scolaires et d’adultes, français et étrangers. Ces
touristes visitent Caen entre une demi-journée et quelques jours.
Nous nous apercevons donc que, quel que soit le type de tourisme et les caractéristiques des
visiteurs, tous séjournent à Caen sur une courte, voire très courte période. Dans ce contexte, nous
pouvons parler d’un tourisme de passage.
11
Suivi de la Demande Touristique, TNS-Sofres pour le CRT Normandie 12
Détente Consultant
28
1-3-2- Typologie des touristes enquêtés
42 touristes ont été enquêtés dans le cadre de ce mémoire de recherche. Parmi ces touristes,
20 personnes ont été interrogées au Mémorial de Caen un samedi d’avril 2012 et 22 personnes dans
l’enceinte du château en mai 2012.
Selon l’équipe de recherche Mobilité Itinéraires et Tourisme (MIT), « nous parlons de
tourisme lorsqu’une personne opère un déplacement hors de son lieu de résidence habituel qui
excède 24 heures » (Equipe MIT, 2002, p.57). La définition de tourisme est la suivante : « le tourisme
est un système d’acteurs, de pratiques et de lieux qui a pour finalité de permettre aux individus de se
déplacer pour leur récréation hors de leurs lieux de vie habituels afin d’aller habiter temporairement
d’autres lieux » (Equipe MIT, 2002, p.8). Ces définitions montrent la notion d’habiter
temporairement un autre lieu ou, du moins, de dormir une nuit à l’extérieur. Pour ce mémoire, nous
avons préféré une définition propre au tourisme urbain proposé par l’INRETS13 c'est-à-dire « de
considérer les touristes et les excursionnistes définis par leurs caractéristiques et leurs motivations
de déplacement » (G. DUBOIS, J-P CERON, 2001) :
pour les déplacements de plus de vingt-quatre heures : tous les déplacements comprenant
une nuit au minimum hors du domicile principal, effectués pour des motifs autres que le
travail régulier, les études régulières ou la santé. Sont notamment inclus les visites aux amis
ou aux parents et les voyages d’affaires (les congrès, les colloques, les expositions, les
salons).
pour les déplacements infra journaliers ou les excursions : tous les déplacements de plus de
100 km, effectués pour des motifs autres que le travail régulier, les études régulières ou la
santé. La limite de 100 km permet de distinguer les déplacements moins réguliers, plus
occasionnels, des déplacements quotidiens. Elle correspond à une durée moyenne de
déplacement d’une heure et demie.
Cette définition des touristes permet de considérer comme touristes des personnes venues
visiter Caen pour la journée et qui habitent dans des villes comme Rennes, Nantes ou Rouen ainsi
que les touristes plus « classiques » qui logent une ou plusieurs nuits dans un hébergement
touristique ou chez des connaissances (amis, famille, relations).
Avant de nous interroger sur les motivations des touristes et leurs opinions, nous nous
intéresserons aux caractéristiques personnelles des touristes et au déroulement de leur expérience
touristique.
13
Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité
29
Parmi les personnes interrogées, 59,5% étaient des femmes (25 personnes) et 40,5% étaient
des hommes (17 personnes)
Tableau n°6
Répartition par tranches d’âge des personnes enquêtées
- de 25 ans 2 personnes 4,8%
25-35 ans 10 personnes 23,8%
35-45 ans 11 personnes 26,2%
45-55 ans 8 personnes 19%
55-65 ans 4 personnes 9,5%
+ de 65 ans 7 personnes 16,7%
Tableau n°7
Départements de résidence cités plus de 2 fois
Paris 11 personnes 26,2%
Seine-Maritime 5 personnes 11,9%
Ille-et-Vilaine 3 personnes 7,1%
Yvelines 3 personnes 7,1%
Indre-et-Loire 2 personnes 4,8%
Loire-Atlantique 2 personnes 4,8%
Le tableau de la répartition par tranches d’âge montre que les moins de 25 ans sont sous-
représentés dans l’échantillon interrogé. De plus, les plus de 45 ans sont fortement représentés
parmi les touristes. Ces deux caractéristiques correspondent au profil des touristes en Normandie et
dans le Calvados décrit précédemment. Concernant les origines des touristes, les Parisiens
représentent 26,2% des visiteurs interrogés. Le cumul des personnes habitant à Paris ou dans les
Yvelines correspond à un tiers des personnes rencontrées. Il est à noter que 5 étrangers furent
questionnés (2 Chiliens, 1 Brésilien, 1 Canadien, 1 Suisse).
Les tableaux 8 et 9 indiquent le nombre de jours passés à Caen et en Basse-Normandie par
les touristes. Il est sûrement nécessaire de nuancer le taux élevé des réponses «4 jours » (dans les
deux tableaux) car une partie des questionnaires a été réalisée sur un week-end de 4 jours.
Cependant, ces informations mettent en évidence l’importance des courts séjours. Plus de la moitié
des touristes visitent Caen sur une journée et plus de 80% des touristes ne passent pas plus de deux
jours dans la ville. Le fait que certains questionnaires ont été réalisés lors des ponts du mois de mai
montre que Caen connaît des difficultés à garder ses touristes plus de deux jours.
30
Tableau n°8
Durée du séjour à Caen
1 jour 22 réponses 52,4%
2 jours 15 réponses 35,7%
3 jours 2 réponses 4,8%
4 jours 3 réponses 7,1%
Tableau n°9
Durée du séjour en Basse-Normandie
(séjour à Caen compris)
1 jour 9 réponses 21,4%
2 jours 11 réponses 26,4%
3 jours 7 réponses 16,7%
4 jours 10 réponses 23,8%
7 jours 4 réponses 9,5%
15 jours 1 réponse 2,4%
À la question « avec qui êtes vous venu à Caen ? » (tableau 10), près de 40% des personnes
ont dit être venus en couple sans enfants et 27,9% sont venus en famille. Près de 10% des visiteurs
sont venus en groupe (groupe organisé et groupe scolaire).
Tableau n°10
Avec qui êtes-vous venu à Caen ?
Couple 17 réponses 39,5%
Famille 12 réponses 27,9%
Amis 8 réponses 18,6%
Seul 2 réponses 4,7%
Groupe organisé 2 réponses 4,7%
Groupe scolaire 2 réponses 4,7%
Les touristes caennais logent principalement à Caen (31%). Le taux de touristes qui rentrent
chez eux le soir est élevé (19%). Nous avons précédemment vu que les personnes qui habitent à plus
de 100 kilomètres de Caen et qui y viennent pour visiter la ville sur une journée sont considérées
comme des touristes). La Côte de Nacre attire de nombreux touristes qui souhaitent profiter de la
mer durant leur weekend. La ville de Bayeux est également citée par des touristes qui combinent la
visite de Caen à celle de Bayeux, ville très connue pour la tapisserie de la Reine Mathilde. Enfin, nous
pouvons remarquer que quelques touristes séjournent dans un autre département que celui du
Calvados : trois touristes ont répondu séjourner dans la Manche (Sainte-Mère-l’Eglise, Carentan et
Granville).
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Tableau n°11
Où logez-vous ?
Caen 13 réponses 31%
Pas d’hébergement 8 réponses 19%
Côte de Nacre* 7 réponses 16,1%
Bayeux 3 réponses 7,1%
Port en Bessin 3 réponses 7,1%
Bénouville, Cabourg,
Cambes-en-Plaine,
Carentan, Granville,
Honfleur, Ranville, Ste-
Mère-l’Eglise
1 réponse
par ville
*La Côte de Nacre correspond
au littoral le plus proche de
Caen, de Ouistreham à
Courseulles-sur-Mer (Cf.
annexe n°1)
Tableau n°12
Dans quel type d’hébergement logez-vous ?
Hôtel 18 réponses 42,9%
Pas d’hébergement 8 réponses 19%
Chez des amis ou de la
famille 8 réponses 19%
Camping 3 réponses 7,1%
Gîte 2 réponses 4,8%
Hébergement scolaire 2 réponses 4,8%
Bed & Breakfast 1 réponse 2,4%
Pour conclure sur les principales caractéristiques des touristes caennais, nous leur avons
demandé le type d’hébergement choisi lors de leur visite à Caen. L’hôtellerie domine fortement avec
près de 43 % des réponses. Les huit touristes qui ont répondu séjourner en camping, gîte,
hébergement scolaire et Bed & Breakfast ne logeaient pas à Caen mais dans des communes de
l’agglomération caennaise (Bénouville, Ranville) ou sur la côte de Nacre (Bernières-sur-Mer,
Courseulles-sur-Mer, Luc-sur-Mer).
32
Pour résumer, les touristes visitant Caen sont majoritairement originaires de l’Île-de-France
et des régions limitrophes (Ille-et-Vilaine, Seine-Maritime). Ils visitent la ville en quelques jours et
plus de la moitié d’entre eux ne restent qu’une journée. Les touristes viennent très majoritairement
en couple ou en famille et logent prioritairement à Caen et sur la Côte de Nacre. Enfin, la part de
l’hébergement non-marchand est importante (19%).
33
Chapitre 2- Constats sur le tourisme caennais : un potentiel
important et une mise en tourisme difficile
Précédemment, nous avons pu mesurer l’importance du patrimoine caennais et l’attrait
touristique qui s’en dégage. Nous verrons dans ce deuxième chapitre comment les touristes
perçoivent ce patrimoine. Nous tenterons de comprendre comment ceux-ci abordent les lieux
pendant, mais également en amont de leurs visites. L’expérience touristique sera étudiée de l’image
de la ville qu’ont les touristes avant leur visite à la satisfaction des visiteurs, en passant par les
activités touristiques de ces derniers. Ensuite, nous aborderons la question de la mise en tourisme de
la ville, notamment par les initiatives menées par les acteurs du tourisme. En effet, une réflexion sur
l’aménagement et le développement touristique est nécessaire afin de valoriser les richesses de la
ville. La présence d’un important patrimoine ne suffit pas à faire venir des touristes. Ceux-ci
disposant d’un capital temps limité avant même de venir visiter la ville, il sera intéressant de voir
comment les acteurs touristiques peuvent les inciter à séjourner plus longtemps à Caen.
2-1- Ce que pensent les touristes
2-1-1-Une motivation première : le Mémorial
Le Mémorial est la première motivation citée par les touristes enquêtés. Seize personnes ont
répondu être venues à Caen pour visiter le Mémorial, soit 31,4% des touristes (cf. tableau n°13). De
plus, la visite des plages du débarquement est la troisième motivation citée. Le Mémorial et le
patrimoine de la Seconde Guerre Mondiale sont donc les facteurs principaux de l’attractivité
touristique de Caen. La seconde motivation des touristes est « pour visiter ». Neuf touristes ont
répondu être venus à Caen pour « visiter » sans préciser quel type de visite, ni quels lieux.
Concernant les motivations des touristes, il est intéressant de s’apercevoir que le château n’est
jamais cité. Seules les Abbayes de Guillaume-le-Conquérant sont citées deux fois en tant qu’objectif
de visite. Ainsi, malgré son importance historique et son potentiel touristique, le château n’est pas
une motivation pour venir visiter la ville. Cependant, cela est surement lié à une image touristique de
la ville peu développée, car aucun touriste n’a évoqué le château de Caen lorsque nous leur avons
demandé quelles images ils avaient de la ville avant de venir la visiter.
34
Tableau n°13
Pourquoi êtes-vous venus visiter Caen ? (plusieurs réponses possibles)
Pour le Mémorial 16 réponses 31,4%
Pour visiter 9 réponses 17,6%
Pour les plages du débarquement 8 réponses 15,7%
Pour voir des amis ou de la famille 5 réponses 9,8%
Pour visiter la région 3 réponses 5,9%
Pour les Abbayes 2 réponses 3,9%
Pour la culture 2 réponses 3,9%
Pour découvrir 2 réponses 3,9%
Car ce n’est pas loin de notre lieu de résidence 2 réponses 3,9%
Pour les Monuments Historiques 1 réponse 2%
Pour l’hébergement (car pas trouvé sur le littoral) 1 réponse 2%
Tableau n°14
Qu’avez-vous visité en lien avec la Seconde Guerre Mondiale ?
(plusieurs réponses possibles)
Mémorial 31 réponses 57,4%
Rien 11 réponses 20,4%
Plages du débarquement 6 réponses 11,1%
Cimetières 3 réponses 5,6%
Arromanches 1 réponse 1,9%
Batterie 1 réponse 1,9%
Sainte-Mère-l’Eglise 1 réponse 1,9%
57,4% des touristes enquêtés ont visité le Mémorial. Celui-ci apparaît alors comme le site
touristique majeur de la ville, effaçant même le centre-ville. En effet, une large majorité des visiteurs
du Mémorial ne vont pas visiter le centre-ville de Caen. La visite du Mémorial n’incite donc pas les
touristes à découvrir la ville, mais plutôt à se rendre sur les plages du débarquement ; 11,1% des
35
touristes enquêtés se sont rendus sur ces plages (cf. tableau n°14) situées pour certaines d’entre-
elles à plusieurs dizaines de kilomètres de Caen. De plus, au Mémorial, il n’y a quasiment aucune
documentation sur le centre-ville. Les prospectus sont tous liés aux sites de la Seconde Guerre
Mondiale (plages du Débarquement, musée d’Arromanches, etc.). En demandant davantage
d’informations à l’accueil, et notamment des informations sur la ville de Caen, seul le guide
touristique pour l’année 2012 nous a été remis. Le Mémorial ne redirige pas ses visiteurs vers le
centre-ville, ce qui ne facilite pas le développement touristique de Caen.
Lors de la réalisation des questionnaires au château, une famille et un touriste nous ont dit
que c’était leur première visite à Caen. Cependant, quand nous leur avons demandé ce qu’ils avaient
visité en lien avec la Seconde Guerre Mondiale, ils ont répondu ne pas être allés au Mémorial lors de
leur séjour actuel, car ils y étaient déjà allés. Ces touristes n’associent donc pas Caen avec le
Mémorial, et inversement. Les visiteurs accèdent tous au Mémorial en voiture. Une ligne de bus
dessert le Mémorial depuis le centre-ville, cependant, cette dernière est empruntée seulement par
les Caennais. De plus, les hôtesses d’accueil de l’Office du Tourisme de Caen conseillent aux touristes
de se rendre au Mémorial en voiture. Cela montre bien que Caen éprouve des difficultés à faire le
lien entre son centre-ville et le musée du Mémorial, ces deux sites étant éloignés de 4 kilomètres
seulement.
Si la première motivation des touristes est le Mémorial, celui-ci est aussi la première source
de satisfaction des visiteurs. En effet, à la question « qu’avez-vous le plus aimé lors de visite à
Caen ? », c’est le Mémorial qui arrive en première position, avec 8 réponses sur 27. Seul un touriste
ne l’a pas apprécié, car « il est oppressant ». Un autre touriste ne l’a pas visité contrairement à ce
qu’il voulait, car il y avait trop de monde et il trouve le prix de l’entrée trop élevé. Deux touristes ont
répondu que le Mémorial est très bien, voire trop riche et cela rendait la visite compliquée. Enfin,
quatre touristes ont dit vouloir y revenir avec les enfants ou les petits-enfants, car ils l’ont trouvé très
pédagogique.
Bien que les flux touristiques apparaissent compliqués entre le centre-ville de Caen et le
Mémorial, celui-ci est le site touristique majeur de Caen et satisfait la grande majorité de ses
nombreux visiteurs.
36
2-1-2- Une connaissance limitée de la ville de Caen par les touristes
Le deuxième site touristique de la ville de Caen est le château. 43,9% des touristes
questionnés l’ont visité. Les Abbayes sont aussi des sites touristiques. Elles ont été visitées par 26,3%
des touristes enquêtés (cf. tableau n°15). Le patrimoine de Guillaume-le-Conquérant est donc un
élément attractif pour les visiteurs. Cependant, près de 25% des touristes rencontrés n’ont rien visité
en lien avec Guillaume-le-Conquérant. Ce sont des touristes qui viennent à Caen seulement pour
visiter le Mémorial et qui ne s’attardent pas dans le centre-ville.
Tableau n°15
Qu’avez-vous visité en lien avec Guillaume-le-Conquérant ? (plusieurs
réponses possibles)
Château de Caen 25 réponses 43,9%
Abbayes 15 réponses 26,3%
Rien 14 réponses 24,6%
Tapisserie de Bayeux 1 réponse 1,8%
Château de Falaise 1 réponse 1,8%
Circuit Guillaume 1 réponse 1,8%
Les touristes qui visitent le centre-ville ne peuvent échapper au château et au patrimoine de
Guillaume-le-Conquérant. Dans le Calvados, et surtout à Caen, ce personnage est omniprésent,
parfois à tort. En effet, les parcours touristiques et les visites guidées sont appelés « circuit
Guillaume », « visite de Guillaume-le-Conquérant » alors que les monuments présentés lors de ces
dernières ne correspondent pas tous à la période de Guillaume-le-Conquérant et n’ont parfois
aucune relation avec le personnage. Le souvenir de Guillaume-le-Conquérant a donc été transformé,
faisant presque oublier que ce fut le premier roi de l’Angleterre réunifiée. Malgré tous ces efforts de
marketing et de promotion touristique autour de ce personnage, il est troublant de remarquer que
24,6% des touristes enquêtés n’ont rien visité en lien avec Guillaume-le-Conquérant, ni à Caen, ni
dans les autres villes du Calvados. La ville de Falaise a été construite autour du premier château de
Guillaume-le-Conquérant et la ville de Bayeux accueille la Tapisserie de Mathilde, broderie
exceptionnelle du XIème de 70 mètres de long racontant la conquête de l’Angleterre par Guillaume-le-
Conquérant.
37
Le château et le Mémorial concentrent la très grande majorité des visites. Le tableau n°16
montre qu’il n’existe pas d’autres espaces touristiques. En effet, lorsque nous avons demandé aux
touristes s’ils s’étaient rendus sur le port de Caen, à la Presqu’île, au jardin de plantes ou/et à la
colline aux oiseaux ainsi qu’à l’hippodrome, ces derniers ont très souvent répondu négativement (cf.
tableau n°16). Parmi tous ces espaces, seul le port de Caen a attiré 40,5% des touristes enquêtés. Ce
dernier est situé à proximité du centre-ville, du château et du quartier du Vaugeux, qui concentre les
restaurants ce qui permet aux touristes de s’y rendre facilement. De plus, le port de Caen, appelé
aussi Bassin Saint-Pierre, offre aux touristes de nombreux bars et restaurants. Cependant, Caen n’est
pas considéré comme une ville portuaire. Lors de la réalisation du questionnaire, deux touristes ont
dit ne pas savoir qu’il y avait un port à Caen, deux autres pensent que le port de Caen n’est « pas un
vrai port ».
Le Jardin des Plantes et la Colline aux oiseaux attirent seulement 19% des visiteurs. La
majorité n’y est pas allée ou n’a pas entendu parler de ces grands espaces verts. Il en est de même
pour l’hippodrome. Enfin, seules deux personnes sont allées sur la Presqu’île de Caen, située au bout
du Bassin Saint-Pierre. Une personne est allée voir : « l’architecture étonnante du Cargö », salle de
concert récemment construite. L’autre personne voulait se promener sur les rives du Canal. La
Presqu’île est un espace encore méconnu des touristes, les futurs aménagements feront peut-être
émerger un nouvel espace touristique.
Enfin, la thématique du patrimoine de la reconstruction de Caen après la Seconde Guerre
Mondiale intéresse 19% des personnes interrogées. Trois des huit personnes intéressées ont dit qu’il
serait bien qu’il y ait des explications sur les bâtiments reconstruits et que cela les « rendraient moins
moches ».
Tableau n° 16 : Les lieux fréquentés par les touristes
Oui Non
Vous êtes-vous intéressé à la reconstruction de Caen après
la Seconde Guerre Mondiale ? 19% 81%
Vous êtes-vous promené sur le port de Caen ? 40,5% 59,5%
Êtes-vous allé sur la Presqu’île ? 4,8% 95,2%
Vous êtes-vous promené au Jardin des Plantes ou/et à la
Colline aux Oiseaux ? 19% 81%
Êtes-vous allé à l’hippodrome de Caen ? 4,2% 95,2%
38
L’analyse des questionnaires révèle que les touristes visitent principalement le Mémorial et
les monuments liés à Guillaume-le-Conquérant. Après ces sites touristiques majeurs, le port est
l’espace le plus fréquenté, cependant, il est encore ignoré de certains. Des touristes trouvent que le
port n’a pas un réel caractère maritime. Enfin, les touristes ne connaissent pas d’autres sites comme
les parcs et les jardins, l’hippodrome ou les rives du Canal. S’ils ont entendu parler de ces espaces, ils
ne savent pas ce qu’il y à voir ou à y faire. Le patrimoine de la reconstruction intéresse quelques
touristes, mais ces derniers manquent d’informations et d’explication sur cette thématique. Nous
nous apercevons que, malgré la diversité des espaces et des thématiques caennais, leurs
valorisations ne sont pas jugées suffisantes par les touristes qui ont une connaissance limitée de la
ville. Cela montre que les acteurs touristiques, et principalement l’Office du Tourisme, doivent faire
des efforts afin de compléter et enrichir l’expérience touristique des visiteurs.
2-1-3- Caen, une ville qui surprend
La réalisation des questionnaires auprès des touristes a permis de confirmer que la région
normande a des touristes fidèles. Plus d’un tiers des visiteurs rencontrés étaient déjà venus à Caen,
soit 16 touristes sur les 42 personnes enquêtées.
Tableau n° 17
Est-ce votre première visite à Caen ?
Oui 26 réponses 61,9%
Non 16 réponses 38,1%
Pour certains touristes, ce n’est pas leur première visite à Caen, mais ils n’ont pas d’image
représentant la ville. En effet, 28 visiteurs, soit 66,7% des visiteurs questionnés, ont répondu ne pas
avoir d’image de la ville. Parmi les touristes qui étaient déjà venus, 10 d’entre eux n’avaient pas
d’image de la ville avant leur séjour alors qu’ils y étaient déjà venus. Cela montre que Caen n’a pas
une image forte auprès des visiteurs, ce qui limite le développement touristique, principalement en
termes de notoriété.
39
Les touristes n’ayant pas ou peu d’images de la ville avant de venir la visiter, sont souvent
agréablement surpris de découvrir une ville où il fait bon vivre. 81% des touristes aimeraient revenir
visiter la ville (cf. tableau n°18). Certains d’entre eux ont exprimé le désir de revenir avec leurs
enfants ou petits-enfants pour visiter le Mémorial, d’autres souhaitent revenir « avec le soleil » afin
de profiter pleinement de la ville.
Tableau n°18
Aimeriez-vous revenir ?
Oui 34 réponses 81%
Non 2 réponses 4,8%
Ne sait pas 6 réponses 14,3%
Bien que nombreux soient les touristes qui veulent revenir, il est surprenant de voir que plus
d’un tiers des visiteurs ne savent pas ce qui leur a plu au cours de leur séjour à Caen (cf. tableau
n°19). Le Mémorial et le château arrivent une nouvelle fois en tête, ce sont les lieux les plus
appréciés. Le Mémorial est souvent défini comme un musée « très bien », « très riche » ou encore
« très intéressant ». Les visiteurs qui ont aimé le château ont apprécié le calme du lieu ainsi que la
dimension impressionnante du château.
La ville est citée par 6 touristes comme étant l’élément le plus apprécié. Les raisons citées par
les touristes sont les suivantes :
« Ville très agréable »,
« Ville piétonne »,
« Ville avec de grandes avenues et beaucoup de rues piétonnes »,
« Ville calme et aérée »,
« Ville moderne »,
« Ville agréable car aérée, propre et bien reconstruite ».
Nous avons vu précédemment que les visiteurs du Mémorial ne s’aventurent pas dans le
centre-ville de Caen, cependant, au vu des adjectifs employés par les touristes pour décrire la ville, il
serait intéressant d’accentuer les flux de visiteurs entre le Mémorial et le centre-ville afin qu’ils
découvrent Caen.
Les monuments tels les maisons à colombages ainsi que le musée des Beaux-arts ne font pas
partie de la réputation touristique de la ville, cependant, ils sont appréciés par quelques touristes.
40
Tableau n°19
Qu’avez-vous le plus aimé lors de votre visite ?
Mémorial 8 réponses 19%
Château 6 réponses 14,3%
Ville 6 réponses 14,3%
Monuments 2 réponses 4,8%
Soleil 2 réponses 4,8%
Maisons à colombage 1 réponse 2,4%
Musée des beaux-arts 1 réponse 2,4%
Port 1 réponse 2,4%
Ne sait pas 15 réponses 35,7%
Bien que les touristes soient en partie satisfaits de leur visite à Caen, il est intéressant
d’analyser ce qui leur a déplu (cf. tableau n°20). Nous pouvons remarquer que ces derniers
s’expriment davantage sur les points faibles de leur visite que sur les points forts, puisque seuls deux
touristes n’ont pas du tout été déçus, tandis que 15 touristes n’ont pas su répondre à la question
« Qu’avez-vous le plus aimé lors de votre visite ? ».
Le mauvais temps arrive en première position des critiques émises par les touristes. Cela est
malheureusement indépendant du travail des acteurs touristiques. Cependant, d’autres remarques
peuvent être prises en compte et être l’objet d’améliorations. La circulation en voiture est critiquée
par 4 touristes, soit à cause des embouteillages, du manque de signalisation ou de la difficulté pour
se garer. En discutant avec les touristes, cinq d’entre eux nous ont dit s’être perdus (à pied ou en
voiture) et quatre touristes nous ont demandé des informations pour se déplacer en ville. Cela
indique que les touristes ne sont pas assez bien guidées pendant leur expérience touristique. De plus,
un touriste a répondu être déçu des Véols, vélos en libre-service sur le même système que les Vélibs
parisiens. Les Véols fonctionnent seulement avec un abonnement, les touristes de passage ne
peuvent donc pas utiliser ce moyen de déplacement. La circulation dans Caen pour les voitures, les
piétons, mais aussi les vélos ne convient pas aux touristes. Enfin, quatre touristes ont émis des
critiques précises concernant : les murs noircis de la ville, le château et les visites du Mémorial et de
l’Abbaye aux Hommes.
41
Tableau n° 20
Qu’est-ce qui vous a le plus déçu ?
Mauvais temps 7 réponses 16,6%
Circulation en voiture (embouteillage,
parking, manque de signalisation) 4 réponses 9,5%
Rien 2 réponses 4,8%
Murs noircis de la ville 1 réponse 2,4%
Château (car pas impressionnant) 1 réponse 2,4%
Mémorial 1 réponse 2,4%
Visite de l’Abbaye aux Hommes 1 réponse 2,4%
Véol (vélos en libre-service dans Caen) 1 réponse 2,4%
Ne sait pas 24 réponses 57,1%
Les touristes sont satisfaits de leur visite dans la ville. Certains sont agréablement surpris de
la découverte de celle-ci. Les deux principaux sites touristiques répondent aux attentes des visiteurs.
De plus, le musée des beaux-arts, le port, les maisons à colombages ainsi que les monuments en
général font partir des découvertes préférées des touristes. En revanche, les difficultés à s’orienter,
le manque d’informations et les problèmes de circulation doivent faire l’objet d’amélioration de la
part des acteurs touristiques, car ce sont les principaux points faibles de l’expérience touristique des
visiteurs.
42
2-2- Les orientations actuelles des acteurs du tourisme
2-2-1- Une planification touristique à trois échelles : la région Normandie, le Calvados et
l’agglomération caennaise.
Le tourisme caennais est intimement lié au tourisme normand. La Normandie ou le Calvados
sont des territoires plus touristiques que la ville de Caen. Le Comité Régional du Tourisme (CRT)
Normandie ainsi que le Comité Départemental du Tourisme (CDT) du Calvados jouent donc un rôle
important pour le développement touristique caennais.
Le plan marketing 2011-2016 du CRT Normandie a été établi en quatre parties : les Marchés
et les cibles prioritaires, les messages, des supports et des outils adaptés et des méthodes éprouvées.
(cf. annexe n°2). En lien avec le tourisme caennais, les deux premiers points nous intéressent plus
particulièrement. Concernant les marchés et les cibles prioritaires, les Français sont la priorité.
L’objectif est d’inciter les familles normandes à visiter leur région et à en être les prescripteurs. De
plus, le CRT souhaite attirer les visiteurs sur de longs séjours et fidéliser sa clientèle. C’est
notamment dans cette optique que le CRT a adopté une nouvelle signature, « Normandie pour la
vie », qui sous-entend que l’on peut venir et revenir dans cette région. Les autres marchés visés par
les actions de promotion sont les touristes étrangers, et plus particulièrement les Anglais, fortement
attirés par les sites de Guillaume-le-Conquérant. Le CRT Normandie souhaite promouvoir sa région
auprès de marchés plus lointains, tels que les États-Unis, le Canada, le Japon, ou encore les BRIC
(Brésil, Russie, Inde, Chine) qui sont des marchés à forte croissance. Le CRT s’adresse également aux
clientèles du tourisme d’affaires et des voyages scolaires. Au sein de sa communication, il souhaite
faire passer deux messages principaux. Le premier concerne la marque Normandie avec une mise en
avant de secteurs phares : le Débarquement et la Bataille de Normandie, l’impressionnisme,
Guillaume-le-Conquérant et le patrimoine médiéval, des grands sites de notoriété internationale, les
spécialités gastronomiques, le cheval. Le second message porte sur les expériences que chaque
touriste va vivre en Normandie, avec notamment les séjours « escapades à vivre pour revivre ».
Suite à cette brève analyse du Plan Marketing 2011-2016, nous nous apercevons que le CRT
Normandie exerce une promotion que nous pourrions qualifier de « traditionnelle », c’est-à-dire que
la communication porte vers les marchés classiques de la destination normande. De plus, les
messages destinés aux touristes sont relativement habituels (Débarquement, Guillaume-le-
Conquérant, le monde du cheval, etc.). En faisant ce choix de promotion touristique, le CRT
Normandie innove peu et cela ne semble pas profiter à la ville de Caen, qui doit diversifier sa mise en
tourisme afin d’attirer de nouvelles clientèles.
43
À l’échelle du Calvados, le Comité Départemental du Tourisme (CDT) tente de susciter l’envie
de découverte, car comme l’explique Philippe GAY, directeur du CDT, «Il y a un lien affectif fort qui lie
le Calvados et ses visiteurs qui sont séduits par sa tranquillité, sa richesse culturelle et patrimoniale.
Fidèles, ils connaissent ou plutôt croient connaître le Calvados. Or, bien souvent, il n’en ont qu’une
connaissance partielle ». Une partie de la clientèle est fidèle, l’enjeu est donc de conquérir une
nouvelle clientèle. Pour cela, le plan de développement touristique 2010-2015 mis en place par le
CDT Calvados prévoit de s’appuyer sur les nouvelles technologies: « les nouveaux outils vont nous
permettre de nous adresser à des clients et prospects dont nous connaitrons mieux le profil
(habitudes, besoin et attentes). Le site web, les e-letters et autres outils du CDT proposent ainsi de
nombreuses thématiques : nautisme, tourisme d’affaires, nature, art et culture, cheval, etc. » (P.
GAY)14.
Tout comme le CRT Normandie, le CDT Calvados a mis en place des opérations à destination
de la clientèle anglaise. « Welcome to Calvados », est une opération menée par Calvados Tourisme
en partenariat avec la Brittany Ferries, la CCI de Caen Normandie, l’association Normandie Sites et
l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire de Normandie. Cette action vise à accueillir
chaleureusement les visiteurs britanniques débarquant du ferry de Ouistreham avec un sac de
« bienvenue ». L’objectif est de reconquérir les Anglais, première clientèle étrangère du
département. 50 000 exemplaires ont été distribués pendant tout l’été. Pour parfaire l’accueil des
touristes dans le Calvados, le CDT a mis en place une deuxième opération : Calvados Privilèges. Celle -
ci est une menée en coopération l’Association Normandie Sites. L’objectif est de proposer aux clients
de 2000 hébergements d’accéder à 23 sites touristiques du département à des tarifs avantageux.
Cela permet de bien accueillir les touristes et de promouvoir les sites touristiques du Calvados. Cette
opération peut avoir une influence directe sur les touristes caennais, car le port d’Ouistreham se
trouve à seulement 14 kilomètres de la ville de Caen.
À l’échelle de l’agglomération caennaise, la planification touristique est effectuée par la
mairie de Caen via l’Office du Tourisme. Actuellement, la communauté d’agglomération Caen la Mer
n’a pas la compétence tourisme. Cependant, au titre de sa compétence obligatoire de
« développement économique », la communauté d’agglomération intervient sur l’activité
touristique.
14
Calvados Stratégie, 25 juillet 2011, Le Comité Départemental du Tourisme du Calvados soutient et organise l'activité touristique
44
Le diagnostic territorial de Caen la Mer de 2012 a dégagé trois grandes orientations pour le
tourisme:
protéger la qualité patrimoniale des sites et la qualité de vie des populations locales en
adaptant le développement touristique aux capacités et spécificités du territoire,
développer une politique d’emploi, de formation et de qualification au bénéfice des
employés saisonniers et des populations locales
répondre aux besoins des touristes par des équipements et des services respectueux de
l’environnement et des cultures locales.
De plus, des pôles d’attractivité ont été définis par un patrimoine riche, le tourisme de
mémoire, un littoral et un patrimoine naturel à préserver, une attractivité liée aux activités
nautiques, des événements fédérateurs (Les Boréales, le Festival Beauregard, etc.) et un tourisme
d’affaire en plein développement. Cependant malgré ces nombreux pôles d’attraction, le diagnostic
territorial a permis de mettre en avant quelques points faibles du territoire en matière de tourisme
(cf. annexe n°3):
« le manque de visibilité de l’eau et de la mer sur le territoire
le peu d’initiatives en faveur du développement durable
une fragmentation des politiques touristiques
la faiblesse des initiatives visant à favoriser l’accès aux personnes handicapées
un accès peu aisé au littoral en transports en commun
une image de marque de l’agglomération caennaise trop faiblement développée et trop peu
attractive ».
Afin de palier à ces faiblesses, les deux intercommunalités de Caen la mer et de la Côte de
Nacre envisagent d’endosser la compétence tourisme. Actuellement, la politique touristique du
territoire est fractionnée et peu structurée. Ce transfert de compétences s’appliquerait à l’accueil
touristique, à l’information des touristes, à la promotion du territoire, à la gestion de l’offre et des
équipements touristiques. Ce transfert devrait donc permettre de mutualisation des moyens, de
renforcer les actions en matière de développement touristique, et de consolider l’identité du
territoire de Caen la mer et les liens entre l’arrière-pays et le littoral. De plus, il est envisagé de créer
un Office du Tourisme Intercommunautaire afin de donner plus de visibilité au territoire. Enfin, la
coopération entre les deux intercommunalités permettrait à l’agglomération caennaise de s’affirmer
en tant que destination touristique.
45
2-2-2- Caen, métropole régionale et touristique ?
Au sein de la région Basse-Normandie, l’aire urbaine caennaise, 21ème aire urbaine française,
fait figure de « poids lourd » en tant que principal pôle urbain bas normand et moteur économique
et culturel, qui attire les actifs les plus formés (AUCAME, 2001). L’agglomération caennaise constitue
un ensemble urbain de 5000 ha, dont 2000 ha de zones d’activités et 750 ha dédiés aux
équipements. Par ailleurs, le niveau d’équipement de Caen est comparable à celui de Toulouse ou de
Nice (Ibid.). L’agglomération caennaise dispose d’une importante diversité d’équipements et de
services de niveau métropolitain, avec des équipements d’enseignement supérieur, de recherche, de
santé, de formation culturelle, etc. De plus, Caen offre un cadre de vie aéré et verdoyant. Cette
qualité de vie est un vecteur d’attractivité, c’est pourquoi le profil de la population s’apparente à
celui observé dans les grandes agglomérations françaises. Tous ces éléments convergents et
montrent que le mode de développement de Caen est de « nature métropolitaine » (Ibid.).
Les liens entre tourisme et métropolisation sont nombreux dans la mesure où le tourisme
participe aux processus de métropolisation et où les métropoles (même les métropoles régionales)
attirent des touristes grâce à leur rayonnement. Parmi les touristes enquêtés, 8 personnes sont
venues visiter la ville seulement sur une journée à partir de leur domicile. Ces personnes viennent
des régions limitrophes15, cependant, certaines ont effectué plus de quatre heures de transports
pour venir à Caen.
Caen peut être définie comme une métropole régionale, car il y a une concentration des
activités touristiques dans le centre-ville et un rayonnement de la métropole sur la région qui attirent
des visiteurs. Le tourisme peut intervenir dans la métropolisation en étant une force urbanistique,
avec notamment la construction ou la rénovation de certains quartiers. Dans le contexte actuel de
renforcement de la concurrence des métropoles, un nombre croissant de villes fait appel au
marketing urbain, soit pour redorer une image ternie, soit pour tenter de se différencier de leurs
concurrents. Les villes cherchent à revaloriser leur territoire et à accroitre leur notoriété à travers des
projets urbains à la fois structurants et à fort potentiel de rayonnement régional, national, voire
international. Cette stratégie de « flagship » explique que les maires « bâtisseurs » font de plus en
plus appel à des signatures célèbres pour la conception de leurs projets urbanistiques et
architecturaux. Le meilleur exemple de l’Europe est Bilbao, qui, grâce à la création du musée
15
Une personne de la Manche, trois personnes de la Seine-Maritime, deux personnes de Paris, une personne d’Ille-et-Vilaine et une personne de Loire Atlantique.
46
Guggenheim, a acquis un rayonnement international et a pu engager une politique de rénovation de
grande ampleur. On qualifie « d’effet Guggenheim » la montée en gamme de territoire grâce à
l’implantation d’un équipement culturel d’envergure en se basant sur le niveau de retombées
proportionnellement équivalent à celles obtenues par Bilbao depuis la construction de son musée en
1997 (FAGNONI E. et J. LAGIESTE).
Les objectifs auxquels doit répondre la future Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale
(BMVR) sont semblables à ceux du musée Guggenheim. Philippe DURON, maire de Caen, pense que «
la bibliothèque multimédia à vocation régionale sera l’étendard de Caen, mais […] espère qu’il y en
aura d’autres. L’excellence et l’innovation passent aussi par la culture qu’il nous faut aller chercher»
(Le Moniteur, 2010). L’architecte réputé, REM KOOLHAAS, a été choisi pour dessiner la bibliothèque.
Au même titre que le projet urbain de la Presqu’île, Caen a de grandes ambitions architecturales. La
bibliothèque livrée en 2015 est le «symbole d'un développement urbain d'ambition internationale»
(P. DURON; Le Moniteur, 2010). La Presqu’île sera d’ailleurs l’occasion d’inventer la ville du XXIème
siècle que le maire de Caen compare à Lyon Confluence.
Les projets urbains et architecturaux ne suffisent pas à poursuivre la métropolisation
caennaise. D’autres activités, et notamment le tourisme, doivent porter la ville au sein de la
concurrence métropolitaine et particulièrement entre les villes de l’ouest (Nantes, Rennes, Rouen).
L’Institut Français de l’Environnement a récemment travaillé à faire ressortir le caractère plus ou
moins touristique des 2256 pôles urbains de plus de 20 000 habitants et de leur ville centre, en
utilisant une combinaison de critères de capacité d’accueil et de taux de fonction touristiques. Caen
est alors défini comme une ville moyennement touristique et le pole urbain caennais comme parmi
les pôles urbains les moins touristiques. (G. DUBOIS, J-P CERON, 2001). Le tourisme doit donc
dépasser le centre-ville de Caen et s’étendre au pole urbain. De plus, afin de jouer pleinement son
rôle de métropole régionale, Caen doit «s’appuyer sur trois piliers qui fondent l’attractivité d’un
territoire : un statut politique, une taille critique et une image qualitative forte ». (AUCAME, 2011).
Enfin, l’accessibilité doit être renforcée pour accroire les flux et notamment les flux touristiques.
Dans un monde où les déplacements sont de plus en plus nombreux, l’absence d’une ligne à grande
vitesse est en train de freiner le développement de la ville. Caen a donc les caractéristiques d’une
métropole régionale et touristique, cependant, plusieurs faiblesses doivent être comblées afin que la
ville reste présente dans la concurrence des métropoles de l’ouest de la France.
47
2-2-3- Construire une image touristique de la ville de Caen
Pour se vendre, les villes font appel au marketing en créant des marques et des images qui
inciteront les touristes à les visiter. Dans ce but, le département Calvados a fait réaliser un audit
identitaire par la société Co-Managing en 2008. Les conclusions de ce dernier ont fait ressortir le
besoin de faire évoluer une image et une marque du département jugée trop traditionnelle. C’est
pourquoi un code marque du Calvados a été créé.16 Ce dernier définit l’ensemble des signes visuels
et graphiques destinés à la communication touristique de l’ensemble des acteurs du tourisme. Le
nouveau logo joue sur le registre de l’émotion et de l’affectif avec sa forme en pomme cœur,
accompagné de la phrase « un amour de Normandie ». Symbole du Calvados, créé également le lien
avec la Normandie.
Au même titre que la Calvados, la ville de Caen doit se construire une image touristique.
Actuellement la ville n’a pas une image de marque forte. Dans son mémoire de recherche, G.
SEGOUIN (1991) évoque les problèmes d’images de la ville de Caen. En s’appuyant sur une étude
faite par le journal Ouest France, elle a pu recueillir les visions des personnes travaillant dans les
Offices du Tourisme français (cf. annexe n°4). Tout d’abord, nous pouvons remarquer que les
personnes interrogées ne savent pas très bien situer la ville : « Caen est en Bretagne », « Caen est à
l’Ouest, en dessous de la Bretagne », « Caen, dans le Nord. », « Dans le Pas de Calais ». Pour les
personnes ayant une idée plus précise de la localisation de la ville, le département du Calvados et la
région Normandie sont cités. Cela montre que l’image touristique que doit construire la ville doit se
rapprocher de l’image de la région et du département. À la question « Citez-nous quelque chose de
célèbre se rapportant à la ville ? », trois personnes ont répondu qu’il n’y avait rien de célèbre et neuf
n’ont pas pu répondre. Seule une personne a répondu que « Guillaume-le-Conquérant, les plages du
débarquement et un musée de l’histoire et de la guerre » étaient célèbres. Malgré l’ancienneté de
cette étude réalisée en 1991, elle montre que Caen n’est pas une ville de forte renommée.
Lors des questionnaires réalisés auprès des touristes, nous nous sommes aperçus que
nombre d’entre eux n’avaient pas d’images de la ville avant de venir la visiter (66,7% des enquêtés).
16
http://www.espacepro-calvados.com/fr/2477/pages/d/ressources-et-outils/le-code-de-marque-de-calvados-tourisme/page/0
48
Tableau n°21
Comment imaginiez-vous la ville de Caen avant de venir ?
Pas d’image de la ville 28 réponses 66,7%
Reconstruite 6 réponses 14,3%
Riche en histoire 4 réponses 9,5%
Image positive 2 réponses 4,8%
Moderne 1 réponse 2,4%
Ville industrielle 1 réponse 2,4%
Une large majorité des touristes enquêtés sont venus visiter Caen sans avoir d’images de la
ville. Six touristes ont répondu avoir une image reconstruite de la ville et quatre ont dit penser que
Caen était une ville riche en histoire. Nous pouvons remarquer qu’aucune allusion directe n’est faite
à Guillaume-le-Conquérant et au château. Lorsque nous avons demandé aux touristes, si leur vision
de la ville a changé après avoir visité, seuls six touristes ont répondu.
Tableau n°22 : L’évolution des représentations de Caen
Comment imaginiez-vous la ville
de Caen avant de venir ?
Est-ce que votre vision de la ville a changé ? Si
oui, comment ?
Touriste 1 Reconstruite Oui, meilleure vision de la ville
Touriste 2 Ville industrielle Oui, beaucoup. Ville culturelle et artistique
Touriste 3 Image positive Oui. Ville très sympa. Agréablement surpris
Touriste 4 Riche en histoire Non
Touriste 5 Reconstruite Oui, ne pensait pas qu’il y avait autant de
monuments anciens
Touriste 6 Reconstruite Oui, vision positive
Cinq des six touristes ont une meilleure vision de la ville après l’avoir visitée. Un touriste
affirme que sa vision n’a pas changé, pour ce dernier la ville est riche en histoire.
Philippe DURON, pense que « l’image touristique de Caen reste floue». Lors de l’assemblée
générale de l’Office du Tourisme le 23 avril 2012, ce dernier a appelé à « amplifier les moyens »
destinés au développement du tourisme caennais. D’après P. DURON, « le public ne mesure pas
49
toujours la qualité de son patrimoine. Il faut donner à voir et à connaître une ville qui ne demande
qu’à accueillir » 17. Pour le maire de Caen, la région manque d’une marque forte. Il faudrait alors
« réunir la Normandie », car « en Chine ou aux États-Unis, on ne connaît de la France que Paris, la
Côte d’Azur et la Normandie » (Le Moniteur, 2010). La ville de Caen doit profiter de la notoriété de la
Normandie et du Calvados.
L’Institut Novamétrie a réalisé une enquête de notoriété en 2007 pour le Comité
Départemental du Tourisme Calvados, auprès de 1000 Français. La Normandie et le Calvados sont
spontanément cités par respectivement 7% et 1% comme étant des destinations touristiques.
D’après les personnes enquêtées, l’environnement et les sites culturels et historiques sont les
principaux atouts du département. Le climat est le point faible le plus cité. Les Français associent
d’abord le département à Deauville. On s’aperçoit que le Calvados a donc plutôt une bonne image,
mais celle-ci profite davantage à Deauville qu’à Caen.
Le rôle des habitants dans la notoriété de Caen et de la région est important. Un article du
magazine « Le Calvados, Magazine de votre département »18 (Été 2011) débute par ce paragraphe :
« Qui sommes-nous ? Quelle image de nous donnons-nous aux autres ? Qu’est –ce qui construit
l’image du Calvados ? Quelle vision ont les Calvadosiens de leur propre département ? Quelles sont
les particularités du département que les visiteurs vont avoir plaisir à découvrir ? ». Cet extrait
montre qu’il est nécessaire de se questionner sur les images que les habitants ont de leur ville et
celles qu’ils transmettent aux visiteurs. Des villes (Bruxelles) et des régions (Provence-Alpes-Côte
d’Azur) ont fait de leurs habitants des ambassadeurs afin de promouvoir leurs villes et régions. Les
Calvadosiens et les Caennais sont des acteurs importants dans la mesure où plus de 65% des séjours
réalisés par la clientèle française s’effectuent en résidences secondaires, chez des amis ou de la
famille. Ces habitants sont des consommateurs, des hébergeurs et des animateurs, il est donc crucial
qu’ils connaissent et aiment leur ville et leur région.
Construire une image touristique de la ville de Caen permettrait d’attirer les touristes, mais
aussi de les attirer plus longtemps. Cependant, ces derniers ne doivent pas être déçus de l’offre
proposée lors de leur visite, d’où l’intérêt d’améliorer la mise en tourisme existante et de diversifier
l’offre.
17
Article Ouest France, 24 avril 2012,« L'image touristique de Caen reste floue » 18
Publié par le Conseil Général du Calvados
50
2-3-Améliorer la mise en tourisme existante
2-3-1- Monumentaliser le château de Caen
Le tourisme caennais étant lié à Guillaume-le-Conquérant et son château, nous pourrions
penser que ce lieu est fortement valorisé et que la mise en tourisme est maximale. Cependant,
différentes études et observations montrent que la mise en tourisme déjà existante pourrait être
améliorée. Le patrimoine de Guillaume, et en particulier le château, est pour les habitants un lieu
historique, mais à en croire les réponses des habitants, il serait devenu presque « banal ».
Lors de la réalisation de son mémoire de recherche, M. BIAUBAUD (2002) a effectué des
questionnaires auprès de 127 étudiants dans le but de connaître leur perception du château. Cette
étude met l’accent sur les connaissances non pas architecturales de la forteresse, mais sur la
perception de cette dernière. Les réponses les plus pertinentes sont retranscrites dans les encadrés
suivants :
Que représente pour vous le château ? (question ouverte)
un monument historique : 73 réponses
un élément du centre-ville : 35 réponses
un symbole de la ville de Caen : 27 réponses
un lieu de passage : 26 réponses
un endroit de calme : 12 réponses
un lieu de rencontres : 10 réponses
un rond-point : 6 réponses
la mémoire de Guillaume-le-Conquérant : 5 réponses
Ces réponses montrent que les étudiants caennais perçoivent le château comme un
monument historique indissociable de la ville, lié à la mémoire de Guillaume-le-Conquérant. Cela
correspond relativement bien à l’image touristique du château de Caen. Cependant, il est étonnant
que les visites ou que les musées ne soient pas évoqués. De même l’activité touristique n’est pas
présente dans les réponses données par les étudiants. Deux réponses confirment l’idée que le
château, aux yeux des étudiants, n’est pas un lieu touristique : c’est un lieu de passage ou c’est un
rond-point. Ces réponses sont fortement corrélées au fait que les étudiants traversent le château
pour rejoindre le centre-ville, en partant de l’université. Cependant, cela indique que le château n’a
pas une image de site touristique pour les étudiants. Les acteurs du tourisme doivent donc travailler
sur l’image touristique et l’appropriation des habitants du château afin de que les Caennais puissent
51
« vendre » leur ville comme une ville touristique. En effet, une ville ne peut pas devenir touristique si
ses habitants ne la considèrent pas comme telle.
Que manque-t-il selon vous comme équipements au château de Caen ? (Question ouverte -3 réponses possibles - 250 résultats) :
des lieux d’organisations de spectacles : 92 réponses
des aménagements d’espaces de loisirs : 51 réponses
une mise en valeur muséographique : 41 réponses
des informations signalétiques : 35 réponses
un accueil visiteur : 30 réponses
rien : 1 réponse
Ces réponses montrent nettement le désir des étudiants de vouloir faire du château un lieu
de loisirs et de tourisme. Cela montre que la valorisation et la mise en tourisme ne sont pas
suffisantes d’après les étudiants. Deux réponses, « une mise en valeur muséographique » et des
« informations signalétiques » indiquent que les habitants manquent de renseignements sur le
château.
A. BRETONVILLE (2010) a aussi réalisé un mémoire sur le château de Caen. Des
questionnaires réalisés auprès de 144 visiteurs ont permis de dégager les principales suggestions
pour améliorer les visites du château de Caen et des deux musées. Tout d’abord, à la suite de
l’analyse de ces questionnaires, nous apprenons que 111 personnes (sur 144 interrogés, soit environ
77%) se disent satisfaites. En revanche, lorsque cette étudiante a demandé à ces mêmes visiteurs
leurs suggestions pour améliorer la visite, ces dernières furent nombreuses et répétitives (p. 22,
2002). D’après l’étudiante, « les visiteurs sont nombreux à réclamer plus d’indications dans le
château (19,29%) parce qu’ils se sentent perdus ». Les panneaux « totem » donnant des repères
chronologiques et d’orientation ne semblent pas suffire. Comme les habitants, les touristes ne sont
pas satisfaits en termes de renseignements. De plus, 22,8% des personnes enquêtés pensent qu’une
table d’orientation sur la ville pourrait être une bonne idée ainsi que « des représentations anciennes
du château et une chronologie indicative plus précise ». (Ibid.). De plus, dans un autre registre, les
visiteurs demandent une amélioration de l’aspect visuel (fleurs, entretiens, suppression du parking).
Afin de valoriser le site, vingt visiteurs enquêtés souhaiteraient qu’il y ait « des reconstituions, des
mises en situation ou de façon plus large des concerts et des animations. » (Ibid.)
Ces deux études montrent clairement le désir des habitants et des visiteurs d’une meilleure
valorisation du château. Précédemment, nous avons évoqué la rénovation initiée dans les années
52
2000. Cette dernière se poursuit actuellement, avec l’aménagement d’un centre accueil des publics
dans l’église Saint-Georges, l’amélioration de la signalétique du site et de l’accueil des groupes en
visites et le chantier de fouilles archéologiques qui se poursuivra dans le prolongement de la Salle
des Remparts. De plus, des fouilles archéologiques seront réalisées sur le site en juillet et août 2012
et 2013, en collaboration avec la municipalité, l’Université de Caen Basse-Normandie, le CNRS et
l’Institut National des Recherches Archéologiques. Ces fouilles seront une opportunité de mieux
connaitre et de faire mieux connaitre l’histoire du château. Les Caennais vont pouvoir s’approprier
de nouveau cet espace riche d’histoire. De plus, à la suite des fouilles, il est question d’un nouvel
aménagement de l’intérieur du château qui permettra, entre autres, de le valoriser.
Un programme de coopération européenne « Norman Connections » devrait permettre
d’améliorer la mise en tourisme du château de Caen et de donner un nouveau souffle au patrimoine
médiéval normand. Plusieurs châteaux anglais (Hastings, Rochester, Colchester, Norwich) ainsi que le
château de Caen et de Falaise et la Tapisserie de Bayeux sont réunis au sein de ce programme pour
créer un réseau transfrontalier des sites normands, « afin d’échanger savoir-faire et meilleures
pratiques concernant l’interprétation, le développement et l’archéologie de site, l’élargissement de
la clientèle du tourisme, ainsi que les connaissances universitaires »19. Le projet a pour objectif de
créer une nouvelle approche pour le développement et la promotion d’un patrimoine commun. La
mise en place d’un circuit touristique transfrontalier encouragera les visiteurs anglais à découvrir la
Normandie et le château de Caen.
Évoqués en première partie, les travaux de rénovation doivent se poursuivre avec une
réhabilitation du donjon, de l’église Saint-Georges et des accès, avec la mise en valeur de la porte des
champs qui reste actuellement très peu empruntée bien qu’elle soit l’élément le mieux conservé de
la forteresse médiévale.
La poursuite des fouilles archéologiques et des rénovations ainsi que l’intégration au réseau
de patrimoine normand doivent apporter une meilleure mise en tourisme du château. Ce dernier
doit ainsi retrouver sa grandeur au sein de la ville, mais aussi dans le cœur des habitants et des
touristes.
19
http://www.interreg4a-manche.eu/
53
2-3-2-Poursuivre le développement du tourisme de mémoire
Le tourisme de mémoire lié à la Seconde Guerre Mondiale est le principal pilier du tourisme
dans le Calvados. L’image du département ainsi que de la ville de Caen dépend donc en grande partie
de ce tourisme. Cependant, les lieux de mémoire ne sont pas des destinations comme les autres (J.-
D. URBAIN, 2003.). Les lieux de mémoires existent « par un regard spécifique, le regard de celui qui
se souvient et le fait de devenir et demeurer le réceptacle d’un passé toujours vivant dans les
mentalités et les sensibilités collectives» (Ibid.). La valorisation de la mémoire de la Seconde Guerre
Mondiale ainsi que leur mise en tourisme est nécessaire à l’activité touristique de la région. C’est
pour cela que la région Normandie souhaite inscrire les cinq plages du débarquement de juin 1944
(Utah Beach dans la Manche, Omaha Beach, Gold Beach, Juno Beach, Sword Beach dans le Calvados)
à la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Le processus d’inscription des plages commence. Un dossier préparatoire, défendu par la
Région et le Mémorial de Caen, a été déposé auprès du ministère de la Culture au début de l’année
2012. « La première étape (…) c’est l’intégration à la liste indicative de la France c’est-à-dire la liste
des biens qu’un pays a l’intention de proposer pour inscription » explique Laurent BEAUVAIS,
président de la région Basse-Normandie. Mais si les plages normandes franchissent cette première
étape, le chemin sera encore long avant le classement définitif sur la liste du Patrimoine Mondial.
Pour figurer sur cette liste, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle, et satisfaire à
au moins un des dix critères de sélection. Selon Alexandro BALSAMO, chargé du suivi des dossiers de
candidature au Patrimoine Mondial, les plages pourraient remplir le critère 6 qui implique que le site
candidat soit « directement ou matériellement associé à des événements (…) ayant une signification
universelle exceptionnelle ». Un obstacle pourrait empêcher le classement des plages, car « la
politique de l’UNESCO est plutôt de décourager la présentation de sites liés à la guerre ».
Pour mener à bien ce classement, il faudra trouver des soutiens au plus au niveau de l’État,
car d’après A. BALSAMO, « le choix de mettre un dossier sur la liste, qui revient au ministère de la
Culture, se fait surtout sur des critères politiques ». François HOLLANDE, président de la République
s’est engagé à soutenir le projet auprès de l’UNESCO. La région bas-normande aimerait profiter du
70ème anniversaire du débarquement, en 2014 pour entrer sur la liste du Patrimoine Mondiale.
Cependant, le calendrier semble être juste. La région, la ville de Caen et le Mémorial devront alors
patienter avant de voir une augmentation du nombre de visiteurs liée à ce classement.20
20
Article Le Monde, 3 août 2012, « Les plages du débarquement devront patienter pour entrer au patrimoine mondial », http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/03/les-plages-du-debarquement-devront-patienter-pour-entrer-au-patrimoine-mondial_1741702_3244.html
54
Chapitre 3- Des pistes de valorisation et de diversification de l’offre
touristique
Plusieurs possibilités s’offrent à la diversification de l’offre touristique. Tout d’abord,
l’ensemble du patrimoine caennais pourrait être mieux valorisé. Il ne doit pas se limiter au
patrimoine de Guillaume-le-Conquérant et au Mémorial. Le patrimoine caennais concerne entre
autres l’architecture et l’urbanisme de la période de la reconstruction, mais aussi le caractère
maritime de la ville de Caen ainsi que les monuments de la renaissance. Le patrimoine est donc
divers et riche, c’est pourquoi une valorisation et une mise en tourisme plus globale permettraient
de compléter l’offre touristique. De plus, l’émergence de nouveaux espaces touristiques pourrait
donner un nouveau souffle au tourisme caennais. En effet, le renouvellement urbain de la Presqu’île,
l’aménagement de l’hippodrome et les Jeux Equestres Mondiaux 2014, ainsi que l’université et le
plan de Rome sont autant d’espaces qui pourraient devenir touristiques. Enfin, de nouveaux types de
tourisme pourraient être développés, comme le tourisme d’affaires, le tourisme événementiel et le
tourisme durable.
3-1- Une meilleure valorisation de l’ensemble du patrimoine
3-1-1-La période de la reconstruction
Caen, ville détruite à 75% lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, a été
reconstruite. D’autres villes ont connu le même sort, notamment Le Havre et Saint-Nazaire.
Cependant, les relations qu’entretiennent ces villes avec leur patrimoine de la reconstruction sont
différentes. Reconnaître la valeur patrimoniale de la reconstruction dépasse le simple fait de la mise
en valeur de la pierre. La valorisation du patrimoine de la reconstruction permet de donner un
nouveau regard sur la ville. La valorisation du patrimoine de la reconstruction est nécessaire afin de
changer l’image de la ville détruite. En effet, l’image extérieure des villes détruites est souvent très
négative. B. RAOULX (2005) évoque l’opinion selon laquelle « il n’y a rien à voir à Caen » à cause des
destructions de la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, la mise en valeur de ce patrimoine, en le
replaçant dans son contexte et en l’expliquant, peut prendre un caractère touristique. Il est alors
55
légitime de se demander comment se fait-il que plusieurs villes aient commencé à prendre en
considération leur patrimoine d’Après Guerre alors que Caen ne fait rien en ce sens ?
Les relations qu’entretient Caen avec son patrimoine de la Seconde Guerre Mondiale
remontent aux partis pris lors de la reconstruction. La guerre a détruit la plus grande partie du
centre ; cependant de nombreux édifices classés Monuments Historiques subsistent : l’Abbaye aux
Hommes, l’Abbaye aux Dames, le château et de nombreuses églises. De plus, certains quartiers ont
été épargnés, notamment le centre ancien autour de la Place Saint-Sauveur et de la rue Ecuyère.
Yves Guillou, maire de la ville, a souhaité reconstruire Caen de façon moderne tout en gardant une
certaine harmonie esthétique avec les bâtiments anciens. Marc Brillaud de Laujardière, en charge de
la reconstruction caennaise, a donc choisi de monumentaliser les édifices anciens, avec, de plus, un
effort particulier pour le château. Les nouveaux bâtiments de la reconstruction ont été rapidement
appropriés par les habitants, en partie grâce au « parti pris urbanistique, le discours sur le passé, le
recours à la pierre de Caen, un matériau noble dans la construction et surtout en parement de
façades et l’amélioration des conditions de logement.» (B. RAOULX, 2005)
Au cours des années 1980, la France a connu un mouvement de patrimonialisation en
parallèle du développement touristique des villes. À Caen, un site inscrit est délimité en 1978. Il
concerne principalement le centre ancien, depuis l’Abbaye aux Hommes jusqu’au château. Quelques
immeubles de la reconstruction y sont intégrés, mais seulement pour protéger les abords des
bâtiments anciens. Depuis cette période, une idée persiste : les Abbayes et le château suffisent au
tourisme caennais. Cette idée sera renforcée avec l’installation de la mairie de Caen dans l’Abbaye
aux Hommes en 1963 et celle du Conseil Régional dans le couvent de l’Abbaye aux Dames en 1986.
Parallèlement à cette focalisation sur le centre ancien de la ville, le Débarquement a pris une
place importante dans le développement touristique de la ville. Dès les années 1980, Caen profite de
« la rente de situation liée à la proximité des plages du Débarquement » (Ibid.). L’événement du
Débarquement va, peu à peu et au fil des commémorations, effacer la bataille de Normandie et la
reconstruction de l’après-guerre. B. RAOULX (2005) écrit que « l’importance accordée au
Débarquement aboutit à une contradiction avec la mise en tourisme patrimonial », car « l’opinion
selon laquelle il n’y a rien à voir à Caen persiste à l’extérieur, à chaque fois renforcée par le discours
sur la ville martyre à chaque commémoration ».
La ville du Havre est la preuve que la valorisation du patrimoine de la reconstruction a un
intérêt touristique. En 2005, l’UNESCO inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial le centre reconstruit
du Havre. Cette distinction, une première en Europe pour un patrimoine post Seconde Guerre
56
Mondiale, est l’aboutissement d’un très long processus de patrimonialisation. La ville du Havre a
entrepris la valorisation du patrimoine de la reconstruction par la mise en place d’une Zone de
Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZZPAUP), puis en obtenant le label « Ville
d’art et d’histoire » en 2001. La ville a souhaité « réunir deux domaines, le tourisme et l’animation du
patrimoine dont les compétences s’additionnent et renforcent la qualité des prestations proposées
aux publics. »21 L’image du Havre a changé et la ville accueille des expositions et divers événements.
Le Havre est comparé à des villes mondiales telles que Chandigarh ou Brasilia (M. GRAVARI-BARBAS,
2004). Contrairement à Caen, Le Havre a connu une reconstruction massive et par un architecte
reconnu, Auguste PERRET, ce qui a facilité la patrimonialisation de la ville. En comparaison, la
reconstruction de Caen apparaît donc moins emblématique que celle du Havre.
En dépit des efforts engagés par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Basse-
Normandie et l’exemple promoteur du Havre, la sauvegarde du patrimoine caennais du XXème siècle
est mal maitrisée. L’architecture de la reconstruction ne fait pas l’objet d’un regard patrimonial. Lors
d’une table ronde à l’Université de Caen en juin 2003, les participants ont conclu que « la vision de ce
patrimoine était en train d’évoluer malgré un certain conservatisme toujours présent dans les
discours municipaux » (M. BIABAUD, 2003, p.140). Lors de la réalisation de son mémoire de
recherche, M. BIABAUD (2003) a effectué des questionnaires auprès des touristes. Il en ressort que
70% des personnes rencontrées plébiscitent la création d’un circuit touristique sur le patrimoine de
la reconstruction. Si d’un point de vue touristique un tel projet peut être porteur de retombées
économiques non négligeables, le point de vue pédagogique et l’organisation urbaine particulaire de
la ville où les vieilles pierres et les matériaux neufs cohabitent souvent sont autant d’atouts que la
ville doit envisager. Il faut, pour patrimonialiser le XXème siècle, que tous les acteurs caennais
l’intègrent, par exemple, dans un circuit touristique ou à l’aide d’actions pédagogiques. La protection
au titre de Monument Historique est sans doute « l’élément déclencheur et serait un bénéfice
certain pour la ville de Caen » (BIABAUD, 2003). Presque 10 ans après les constatations de M.
BIABAUD, aucun circuit touristique sur la reconstruction de Caen ni activité pédagogique n’ont été
mises en place afin d’apporter un nouveau regard sur ce patrimoine.
La valorisation et la mise en tourisme du patrimoine de la reconstruction sont nécessaires,
car Caen ne doit pas « se vendre » qu’au travers de ses monuments emblématiques. De plus, le
développement touristique de Caen repose sur sa diversification. En effet, les orientations
touristiques, exclusivement tournées vers la figure omniprésente de Guillaume-le-Conquérant et vers
le débarquement ne font que renforcer une image de la ville déjà éprouvée.
21
http://www.lehavretourisme.com
57
3-1-2- Le patrimoine de la renaissance et les nombreux Monuments Historiques
Sur le plan patrimonial, la richesse de Caen ne se résume pas qu’aux vestiges de Guillaume-
le-Conquérant et au musée du Mémorial. De nombreux édifices, par leur architecture et leur histoire,
méritent l’attention des visiteurs. Nous allons décrire brièvement quelques monuments. L’Église
Saint-Pierre, construite du XIIIème au XVIème siècle, est située en plein cœur de Caen, à quelques
centaines de mètres du château. Les remparts de ce dernier offrent une vue sur l’Église Saint Pierre
qui possède un superbe clocher de près de 80m de haut. L’Église est témoin d’une transition de
styles entre le gothique et la Renaissance, construite en pierre de Caen. Il s’agit d’une roche calcaire,
connue depuis l’Antiquité, car facile à tailler et permettant de donner aux édifices une couleur ocre
et homogène. Du fait de ses qualités, la pierre de Caen fut emmenée en Angleterre au XIème siècle par
Guillaume-le-Conquérant parti conquérir l’Angleterre. Cependant, cette pierre noircit rapidement,
notamment à cause de la pollution. C’est pourquoi l’église bénéfice actuellement d’un programme
de restauration afin de redonner sa clarté à la pierre de Caen.
Photographie n°6 : L’église Saint-Pierre
Source : Adèle Fleury, août 2012
Deux maisons à colombages subsistent dans le centre-ville de Caen. Ces maisons ont été
construites à partir d’une ossature en bois et de torchis. La maison des Quatrans a été construite au
XIVème siècle alors que la Maison à pans en bois a été bâtie au début du XVIème siècle. La maison des
Quatrans a servi d’habitation jusqu’en 1945, date à laquelle les monuments historiques ont lancé une
58
procédure d’acquissions du bâtiment. Ce dernier fut classé au titre de monument historique en juillet
1953. Cette maison est un des seuls vestiges de l’architecture médiévale caennaise.
L’utilisation du bois sur la façade de ces deux maisons est liée à des raisons esthétiques. Au
vu de l’importance de l’extraction de la pierre de Caen dans la région et de l’abondance de ce
matériau, le bois était peu utilisé pour la construction de maisons. Seules les façades étaient ornées
de pans de bois.
Photographie n 7: La Maison des Quatrans Photographie n°8: La Maison à pans de bois
Source : Adèle Fleury, août 2012
Le dernier bâtiment que nous avons choisi de présenter est dans un style très différent des
précédents : le palais de Justice. La construction du Palais de Justice s’est étalée sur plus de soixante-
dix ans sans interruption (1781-1849) : « Il est donc rigoureusement impossible de considérer le
palais de justice de la place Fontette comme un bâtiment de la fin du XVIIIème siècle : celui-ci est le
produit d’une longue durée et non d’un moment bien circonscrit qui pourrait servir de point de
référence ».22 Le palais de Justice est inscrit aux monuments historiques depuis 1975. La Place Saint-
Sauveur contigüe au Palais de Justice est riche de nombreux hôtels particuliers de style classique.
22 Patrice Gourbin, 2007, « Le palais de justice de Caen, construction et transformation de 1781 à 2006 », Page 2
59
Photographie n°9 : Le Palais de Justice
Source : Adèle Fleury, août 2012
Les cinq bâtiments que nous venons de présenter brièvement font partie du circuit
touristique « Guillaume-le-Conquérant » (cf. annexe n°5). Cependant, ils n’ont aucun lien avec le
personnage ni avec son époque. Les documents d’informations sur ces monuments sont très rares.
Seule une rapide présentation de l’Église Saint-Pierre est présente dans le guide touristique de la
saison 2012 réalisé par l’Office du Tourisme. Les autres bâtiments ne sont présentés dans aucun
document touristique.
Ces quelques exemples prouvent que la richesse patrimoniale et historique de Caen ne se
résume pas à Guillaume-le-Conquérant. Une meilleure valorisation de ce patrimoine permettrait de
diversifier l’offre touristique caennaise et de bonifier l’image de la ville.
60
3-1-3-Le patrimoine maritime et le Port de plaisance
Le bassin principal du port de Caen est le premier lieu ayant connu un changement d’usage,
et ce bien avant la désindustrialisation de la Presqu’île. Les années 1970 sont les dernières années du
bassin Saint-Pierre en tant que port de commerce. Ce bassin perd alors peu à peu son rôle
économique et ne parvient pas à se maintenir face aux autres bassins situés en aval. Ce changement
de fonction s’effectue sans incidence pour l’économie du port puisqu’elle se maintient grâce aux
autres bassins. La vocation du bassin Saint-Pierre devient alors celle d’un plan d’eau destiné aux
loisirs, en fonction duquel devra s’agencer toute l’extension du centre sur ce secteur. Aujourd’hui, le
bassin Saint-Pierre est parfaitement intégré au centre-ville. C’est un lieu de loisir pour les habitants
de Caen. Le bassin accueille aujourd’hui le port de plaisance de l’agglomération (108 emplacements).
Le quai Vendeuvre (à droite sur la photographie) offre une longue et large promenade dégagée de
toute contrainte automobile dans un cadre agréable avec la présence du port. En période estivale, le
quai est fréquenté par les promeneurs, joggeurs et cyclistes. Toute l’année, un marché
hebdomadaire y entretient une grande effervescence le dimanche matin.
Photographie n°10: Le port de plaisance de Caen
Source : http://nautisme.lefigaro.fr/bloc-marine/fiche-port/informations-port-caen-%26%2347%3B-bassin-saint-pierre-9314.php
Le port de Caen a été aménagé afin de permettre une nouvelle appropriation de ce lieu. Les
ports français ont connu un fort engouement ces dernières années. En effet, les nombreux
aménagements portuaires entrepris dans plusieurs villes françaises (Le Havre, Marseille, Saint-
Nazaire, Bordeaux, Nantes) sont liés à la recomposition de la ville autour du port qui, en se
modernisant, offre de nouvelles possibilités pour restructurer l’espace. À Caen, la disparition des
industries autour du bassin Saint-Pierre et du canal offre de nouveaux espaces.
61
Les aménagements portuaires participent à l’usage de plus en plus “urbain” des ports.
Généralement, ils font revivre l’identité portuaire et permettent un retour à la maritimité avec le
développement d’événements et de musées liés à la mer. De plus, la fonction touristique est souvent
intégrée à ses aménagements afin de développer l’interface ville-port. Le port de Caen, n’étant pas
aussi grand que celui de Marseille ou de Saint-Nazaire, n’a pas eu les mêmes opportunités de
développement. Cependant, Caen pourrait accentuer la fonction touristique du port. L’offre
touristique se limite à quelques restaurants et à des promenades sur le canal jusqu’à la mer, pendant
la période d’avril à octobre. Pourtant les possibilités concernant l’offre touristique portuaire sont
nombreuses : les bateaux à quai et notamment les vieux gréements ou les embarcations typiques, le
patrimoine portuaire (phares, écluses, digues), les excursions en mer, les activités nautiques (voile,
kayak), l’événementiel à caractère maritime (Atout France, 2006). Seulement trois principes
définissent le développement touristique d’un port:
maintenir le rêve et le mythe de la mer,
favoriser le dynamisme et la modernité de l’économie portuaire,
encourager l’essor des activités nautiques. (ibid.)
Ces principes n’apparaissent pas clairement dans le développement du port de Caen. Tout
d’abord, le rêve et le mythe de la mer ne sont pas présents autour du port. Ce dernier étant situé à
une douzaine de kilomètres de la mer, les visiteurs ont des difficultés à percevoir le caractère
maritime du port. Lors de la réalisation des questionnaires, certains touristes m’ont dit que le port de
Caen « n’était pas un vrai port » dans le sens où il n’est pas situé à proximité de la mer. L’économie
portuaire est absente du bassin Saint-Pierre et la ville ne peut donc pas favoriser le dynamisme et la
modernité de l’économie portuaire. Enfin, seule une activité nautique est présente actuellement sur
le bassin Saint-Pierre ; il s’agit d’un club de kayak qui n’accueille pas de touristes. Le port de Caen
doit consolider son développement touristique afin de faire émerger le patrimoine maritime de la
ville et de la région.
La Normandy Race Channel, une course de voile qui part et arrive à Caen serait un
événement qui pourrait redonner un caractère maritime au port. Cette régate internationale de 10
jours est relativement récente puisque la troisième édition se déroulera en septembre 2012. La
vingtaine de conquérants de l’édition 2012 effectueront un parcours entre l’Irlande, la Grande-
Bretagne et la France23. Caen doit profiter d’être la ville de départ et d’arrivée pour se donner une
image de ville maritime.
23
http://www.normandy-race.com
62
3-2-L’émergence de nouveaux espaces touristiques
3-2-1- La Presqu’île
La Presqu’île portuaire de Caen fait partie de la zone portuaire de Caen-Ouistreham. Cette
zone est située sur une bande de terre entre l’Orne et le canal de Caen à la mer. Elle s’étend sur 18
kilomètres de long et 2 kilomètres de large. Avec la crise des industries charbonnières et
métallurgiques, de nombreuses usines ont cessé leurs activités, laissant ce terrain à l’abandon. Cet
espace est devenu une friche industrielle. La mairie de Caen souhaite réaliser un projet de
renouvellement urbain sur un espace allant du bassin Saint-Pierre, et donc à proximité du centre
historique, jusqu’au bassin de Calix, soit environ 300 hectares (cf. annexe n°6). Cette espace
bénéficie de la présence de l’eau (l’Orne et le canal de Caen) et s’étend sur trois communes : Caen,
Mondeville et Hérouville-Saint-Clair.
Illustration n°1 : La Presqu’île de Caen à la mer
Source : http://caen-presquile.com/
La disparition des entreprises industrielles et, par conséquent, la libération d’espace sur la
Presqu’île engendrent de nombreux enjeux. La situation géographique de la Presqu’île est
particulièrement avantageuse puisqu’elle est contigüe au centre-ville. La libération de tels espaces,
associée à la forte pression foncière que connaît le centre-ville, en fait un espace privilégié et donc
convoité. Les projets réalisés aux Docks du Havre ou sur l’Ile de Nantes montrent les enjeux
stratégiques de ces anciens espaces industrialo-portuaires (Le Moniteur, 2010). Le projet de la
63
Presqu’île est plus qu’une simple opération de reconversion et de renouvellement urbain, il s’agit
d’une extension de l’espace péricentral qui pourrait, par la suite, entraîner une réorganisation de
l’espace urbain.
En 2010, la mairie de Caen a fondé la SPLA Caen-Presqu’île (Société Publique Locale
d’Aménagement) qui a pour but d’accompagner le projet de réhabilitation de la Presqu’île. Philipe
DURON, maire de la ville de Caen est le Président de la SPLA alors que Gilles MOREAU en est le
directeur général et le directeur de Normandie Aménagement et Ophélie DEYROLLE est la chef de
projet au sein de la SPLA. « Il s’agit de la seconde reconstruction de la ville » estime P. DURON. De ce
projet de réhabilitation doit naitre un futur quartier sur lequel trois équipes pluridisciplinaires
d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes et de sociologues travaillent depuis plusieurs mois. Les
trois équipes suivantes ont été choisies par la Commission d’Appel d’Offres de la ville de Caen (cf.
annexe n°7 pour les illustrations des projets):
L’AUC associé à SLETH modernism. Cette équipe envisage de faire de Caen une ville destination et
non de passage en développant le tourisme de loisir et le tourisme d’affaires. Pour cela le niveau
d’équipement hôtelier devra être conséquent et les espaces publics de qualité. De plus, « la
réarticulation de la ville avec ses bords de l’eau » permettra une reconstruction de l’image
touristique.
François Leclercq associé à JDS architects. C’est cette équipe qui semble intégrer le moins l’activité
touristique à son projet. Le tourisme est évoqué comme une identité de la ville avec l’idée du
souvenir avec le château et le Mémorial.
MVRDV associé à Diagram architecture. L’idée est développer un tourisme spécifique grâce à un
ancrage territorial fort (identité maritime, valeur écologie, mémoires, patrimoine). Cette équipe
prévoit notamment des équipements muséographiques et culturels, des programmes hôteliers
spécifiques au tourisme anglais voir européen, des liaisons transports alliant déplacement et visite.
En juin 2012, des conférences ont été animées par les trois architectes-urbanistes. Lors de
celles-ci, les trois équipes ont évoqué le tourisme avec l’idée d’un développement touristique à
destination des Franciliens et des Anglo-Saxons. La construction d’équipements hôteliers de qualité
et le développement d’un tourisme lié à la mer et au nautisme, voire même au tourisme de croisière,
sont les deux axes majeurs du développement touristique de la Presqu’île. Cependant, le tourisme
n’est pas l’enjeu prioritaire de la Presqu’île ; le premier enjeu concerne les habitants.
64
Les trois projets d’aménagement ont été présentés aux Caennais lors d’une exposition du 2
juin au 31 juillet 2012 au Pavillon de Normandie. L’exposition intitulée « Caen Presqu’île : 3 visions
pour 1 projet » donne à voir et à imaginer la Presqu’île de demain à travers les propositions des trois
équipes d’architectes-urbanistes en compétition. Un parcours ludique et pédagogique a été proposé
aux habitants afin de répondre à leurs interrogations. Chaque visiteur a été invité à donner son avis.
L’exposition a été visitée par plus de 3000 personnes en deux mois et 350 commentaires ont été
laissés par les visiteurs. Ophélie Deyrolle, chef de projet de la SPLA, a analysé les commentaires des
visiteurs de l’exposition. La plus grande crainte des Caennais est une éventuelle bétonisation du lieu.
Leur souhait principal est de redonner au lieu sa vocation en lien avec la mer.24
L’opinion des habitants a été entendue via l’association Démosphène qui, dès 2011, a créé
des groupes de discussions au sujet de l’aménagement de la Presqu’île. Au sein de cette association,
un atelier d’urbanisme et un groupe d’habitants étudient l’avenir de la Presqu’île. L’association a
réalisé un diagnostic territorial qui nous a été transmis par Anne-Marie FIXOT, présidente de
l’association et géographe urbaniste à l’université de Caen-Basse Normandie. L’association insiste sur
le caractère global du projet : il ne faut pas qu’il y ait de frontières entre Caen, Hérouville-Saint-Clair
et Mondeville. De plus, elle souligne la nécessité d’une prise en compte de l’eau sous toutes ses
formes (fleuve, canal, plans d’eau, source) et qui en fait la spécificité de la Presqu’île. De plus, les
habitants veulent que la Presqu’île soit désenclavée avec l’aménagement de passerelles.
Une fois le gagnant désigné à l’automne 2012, un long travail de réflexion commencera avec
l’équipe choisie. En effet, la Commission d’Appel d’Offres ne choisira pas un projet, mais une
« équipe en fonction de leurs orientations exprimées »25. Les plans de la Presqu’île ne sont pas
définitifs et des modifications pourront être apportées. Les plans actuels sont des perspectives sur ce
que pourrait devenir « le projet final d’urbanisation de la zone qui sera aménagée sur 20 à 30 ans ».26
Parallèlement, les sites de la Presqu’île vont être dépollués et des négociations vont être entreprises
avec les différents acteurs pour racheter les parcelles aux propriétaires privés. En attendant les
premiers travaux, des artistes investissent les friches et des activités sportives vont être organisées
pour permettre aux habitants et aux touristes de se réapproprier la Presqu’île.
24
Article Ouest France, 1 août 2012, 350 avis sur la future Presqu’île. 25
Article Ouest France, 12 mai 2012, Maitrise foncière de la Presqu’ile : tout l’enjeu. 26
Article Ouest France, 24 mai 2012, Les trois visages de la Presqu'île de Caen.
65
3-2-2- La Prairie et l’hippodrome
L’hippodrome de Caen est situé en plein cœur de la ville, sur la Prairie de Caen, à proximité
de l’Orne. Les sédiments extraits lors de la construction du canal de Caen à la mer ont été utilisés
pour élever l’hippodrome au XIXème siècle, ce qui en fait un des plus anciens sites de courses au trot
en France.
À l’ouest de l’hippodrome se trouve le plan d’eau de la Prairie. Creusé en 1982, c’est
aujourd’hui une réserve ornithologique et une « des rares réserves existantes si proche d’un cadre
urbain ». Les 90 hectares de la Prairie sont inscrits depuis 1932 à l’Inventaire des Sites et Monuments
Naturels. Cet espace est devenu un élément structurant d’un patrimoine à la fois naturel et
historique. La Prairie abrite de nombreuses espèces floristiques et faunistiques. Vingt-cinq espèces
animales nichent sur le site dont 15 de manière régulière. Sur le plan floristique, 192 espèces ont été
recensées. La Prairie fait l’objet d’une gestion particulière qui vise à protéger sa richesse notamment,
avec une fauche tardive qui vise à laisser les plantes et les animaux accomplir leur cycle biologique.
Actuellement, un plan de gestion est mis en place afin de définir les besoins concernant les pratiques
d’entretien adaptées à la Prairie. Il serait intéressant de valoriser cet espace, riche par sa flore et sa
faune, aux yeux des Caennais et des touristes. L’aménagement d’un parcours piéton avec des
espaces d’observations des animaux et des plantes à l’aide de panneaux explicatifs pourrait
permettre d’attirer des visiteurs.
Avec 21 938 entrées par an, l’hippodrome de Caen est le dixième hippodrome français sur les
250 qui existent en France (C. VERLYNDE, 2002). Selon les spécialistes, « c’est beaucoup trop » et il
serait donc nécessaire de « réfléchir à leur rôle dans les villes où ils sont implantés » (C. VERLYNDE,
2002). Les hippodromes sont souvent très bien situés dans les villes et ils se prêtent facilement à
l’accueil d’activités sportives et d’événements. Certaines villes réalisent des aménagements afin de
profiter au mieux de ces espaces verts. À Marseille, pour faire « entrer l’hippodrome dans la ville »
de nombreux travaux ont été réalisés en 1997 (ibid.). Ces derniers ont permis la création d’activités
de loisirs sportifs (golf) au centre de l’hippodrome, de restaurants et l’intégration paysagère de
l’équipement au sein d’un espace vert plus important.
À Marcq-en-Baroeul dans le Nord-Pas-de-Calais, l’hippodrome a fait l’objet de rénovation
pour devenir un véritable lieu de vie dans la ville. Quatre objectifs ont guidé le programme de
rénovation et d’aménagement : accueillir les courses dans de meilleures conditions, favoriser les
activités sportives (golf 9 trous, carrière de sauts d’obstacles, terrains de football et de rugby),
66
aménager un parc urbain (chemin de promenade avec des espaces pour les enfants) et enfin rénover
le grand hall pour pouvoir y accueillir d’autres manifestations (ibid.).
À Caen, l’hippodrome peut accueillir 5 000 spectateurs et organise chaque année, au mois de
mai, deux courses, le Saint-Léger des Trotteurs et le Prix des Ducs de Normandie. L’hippodrome de
Caen est un lieu de promenade pour quelques Caennais, mais surtout une piste de course pour les
« joggeurs du dimanche ». Cependant, cet espace pourrait être davantage aménagé et valorisé pour
en faire un réel espace de promenade et de loisirs. De plus, la thématique équine pourrait être
développée autour de ce lieu. Le monde du cheval fait partie de l’identité bas-normande et c’est
d’ailleurs un des piliers du développement territorial. La Normandie est la première région équine de
France en termes d’élevage, preuve de la vitalité de la filière équine normande. Cependant, Caen
n’est pas associé au monde du cheval et l’hippodrome n’est pas un espace valorisé, et encore moins
un site touristique. Seules quelques visites sont organisées par l’Office du Tourisme, visites qui sont
davantage destinées aux Caennais qu’aux touristes.
Photographie n°11: L’hippodrome de Caen vu du ciel
Source : http://www.geoportail.gouv.fr
La culture équestre bas-normande et l’hippodrome de Caen pourraient devenir un réel
attrait touristique. D’après Atout France (2011), la thématique équine constitue un véritable
potentiel pour le développement touristique, car « le cheval véhicule nombre d’images positives qui
67
contribuent de façon significative au positionnement d’une destination touristique en lui conférant
une identité bien particulière ». Caen et la région bas-normande vont accueillir les Jeux Equestres
Mondiaux (JEM). Cet événement international est donc l’occasion de redéfinir la place de
l’hippodrome au sein de la ville de Caen et d’entamer une réflexion sur la valorisation de la culture
équestre bas-normande. Les JEM se dérouleront du 24 août au 7 septembre 2014 et rassembleront
60 nations, 1000 cavaliers et 500 000 spectateurs. Les JEM représentent donc un événement
important qui sera l’occasion de promouvoir la région en France et à l’étranger. Il serait intéressant
pour la ville de Caen de se démarquer au sein de la communication faite autour de cet événement.
Nous avons précédemment abordé la difficulté que la ville de Caen éprouve à se distinguer de la
région normande et du département du Calvados. C'est pourquoi la communication autour des JEM
sera un enjeu important pour la ville. Dès cette année, le programme des animations va être mis en
place avec des cérémonies, un village des Jeux, des expositions et un salon du Cheval.
Le projet d’organisation des JEM 2014, caractérisé par une très forte implication de l’État,
des collectivités publiques et de la Fédération Française d’Equitation, s’intègre dans une stratégie
globale de haut niveau, mais aussi de popularisation de l’équitation et de valorisation et
développement de la filière équine. De plus, ces Jeux Equestres Mondiaux représentent une véritable
reconnaissance pour la Basse-Normandie, région d’élevage, et pour toute la filière équine bas-
normande. Ces Jeux devraient générer des retombées économiques, touristiques et sportives
indispensables à l’aménagement du territoire.
Toute cette organisation doit renforcer le département dans l’excellence qui la caractérise
dans le domaine du cheval et lui faire franchir un pas de plus dans ce domaine. Caen doit profiter des
JEM pour donner un nouveau visage à l’hippodrome et en faire un lieu touristique. En vue d’accueillir
les JEM le Parc des Expositions, la Prairie et la Vallée de l’Orne vont être aménagés et valorisés tout
en préservant le cadre naturel de ces espaces. La ville de Caen est maître d’ouvrage pour le
réaménagement des sites du Parc des Expositions et de l’hippodrome et le Conseil Général est maître
d’ouvrage pour la vallée de l’Orne et de l’Odon. Une première phase de travaux est prévue de
novembre 2012 à juin 2013. Une seconde phase est fixée entre novembre 2013 et avril 2014. Le
budget prévisionnel de ce projet s’élève à 6,5M d’euros.
Ces travaux sont donc l’occasion de rénover et d’aménager la Prairie et de faire émerger la
culture équestre caennaise. De plus, la richesse naturelle de la Prairie doit être davantage valorisée
pour en faire un espace d’accueil des touristes.
68
3-2-3- L’université de Caen et la maquette du plan de Rome
Lors de la reconstruction de Caen après la Seconde Guerre Mondiale, la construction de la
nouvelle université a été le symbole de la renaissance de la ville. Celle-ci est symbolisée par la
sculpture du Phénix, renaissant de ses cendres, présente à l’entrée du campus. L’université, à
l’époque la seule université en Normandie, est conçue par Henry Bernard. Située autrefois en centre-
ville à proximité de la place Saint-Sauveur, la nouvelle université est implantée au Nord du château.
Elle s’inscrit en continuité avec ce dernier et constitue l´édifice monumental de la Reconstruction
caennaise. Témoin de l’architecture de la Reconstruction d’après-guerre, une grande partie du
campus 1 de l’université de Caen a été classé au titre des monuments historiques.
Inaugurée en 1957, elle constitue, en France, le premier campus universitaire dit « à
l’américaine ». Jean Quellien, auteur de «L’université de Caen, 1432-2012 », écrit : « c’est le premier
campus de ce type-là en France, avec un grand espace vert où sont regroupés les locaux
d’enseignements, les bibliothèques et la résidence universitaire (…) ; dans d’autres villes, les
universités sont plus dispersées »27.
Photographie n°12 – L’Université de Caen avec le Phénix en premier plan
Source : Adèle Fleury, mai 2012
27
Article Ouest France, 28 juin 2012, Ce qui marque, c’est l’unité architecturale du campus
69
L’Université a été classée Monument Historique en juin 2012, à la suite d’une demande de
classement en 2010 par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Le classement en
monuments historiques protège « les immeubles dont la conservation présente un intérêt public au
point de vue de l'histoire ou de l'art".28Les bâtiments de l’université témoignent des techniques de la
reconstruction.
De plus, l’université est marquée par « une unité architecturale du campus » 29 et par une
vision novatrice de l’organisation de l’espace. L’Office du Tourisme organise tous les ans quelques
visites de l’Université. Ces dernières semblent attirer plus d’habitants que de touristes. Cependant,
grâce à la situation géographique de l’université ainsi que ces grands espaces verts, celle-ci pourrait
devenir un lieu davantage touristique, soit pour ses qualités patrimoniales, soit par le
développement d’activités para-touristiques. Nous pouvons imaginer l’aménagement de restaurants
ou cafés avec des terrasses offrant une belle vue sur la ville de Caen.
De plus, l’université de Caen accueille une maquette de 70 m2 de la Rome antique du IVème
siècle. Réalisée par l’architecte normand Paul BIGOT entre 1900 et 1942, cette maquette est classée
à l’inventaire des monuments historiques.
La maquette du plan de Rome est visitée par 5 000 personnes par an environ. La très grande
majorité de ses visiteurs est composée de scolaires du primaire et du secondaire puisqu’ils
représentent 90% des visiteurs. Les élèves proviennent principalement de Basse-Normandie. En
effet, la visite du Plan de Rome est devenue un passage obligé pour les élèves des cours d’histoire et
de latin de la région. Les quelques touristes qui viennent visiter le plan de Rome le connaissent par
l’Office du Tourisme ou par le site internet très fréquenté. Cependant, le plan de Rome ne bénéficie
pas d’une réelle promotion touristique.
En 2012, le Plan de Rome refuse des visiteurs pour des questions budgétaires. En effet, le
plan de Rome n’est économiquement pas rentable, car le coût des visites assure seulement 60% des
besoins financiers nécessaires à son entretien et sa mise en valeur. Auparavant, l’université finançait
40% des besoins. Aujourd’hui, l’université apparait réticente au développement d’une activité
économique au sein de ses bâtiments et elle a supprimé ses subventions. L’Office du Tourisme de
Caen pourrait reprendre la gestion du Plan de Rome afin de mettre en place une promotion
touristique et lui donner une meilleure visibilité.
28
http://www.caen.fr/actualites/2012/06/universite-monument-historique/ 29
Ouest France, 28 juin 2012, Ce qui marque, c’est l’unité architecturale du campus
70
Photographie n° 13: La maquette du Plan de Rome
Source : http://www.unicaen.fr/a-propos-de-l-universite/histoire-et-patrimoine/decouvrir-l-
universite-en-images-210005.kjsp
Actuellement, l’université et la maquette du Plan de Rome ne sont pas des sites touristiques.
Pourtant leurs qualités patrimoniales ainsi que leur situation géographique permettraient au campus
caennais d’accueillir des touristes, notamment pendant la saison estivale lorsque le campus, délaissé
des étudiants, redevient un espace paisible et verdoyant.
71
3-3- De nouveaux types de tourisme
3-3-1- Le tourisme d’affaires
Le tourisme d’affaires regroupe tous les déplacements individuels ou en groupes organisés,
effectués pour des raisons professionnelles et pour une durée minimale de 24 heures. Le tourisme
d’affaires peut prendre différentes formes : foires, salons, congrès, séminaires, événementiels
d’entreprises, etc. Une des caractéristiques du tourisme d’affaires est d’avoir une saisonnalité
inversée par rapport à la saisonnalité du tourisme d’agrément. Ces deux types de tourisme peuvent
être complémentaires et permettent à des villes comme Caen de bénéficier de retombées
économiques pendant la période hivernale.
Afin d’améliorer le tourisme d’affaires en Normandie, le Comité Régional du Tourisme de
Normandie a confié une étude sur cette thématique à la société Kanopée/HorwathHTL. Celle-ci a
défini le contexte du tourisme d’affaires normand :
une destination accessible avec des grands bassins de clientèles à proximité (Paris, Bénélux,
Angleterre) (cf. annexe n°8),
une stratégie de développement territorial avec un projet de développement coordonné
avec l’Ile-de-France et une coopération suprarégionale à travers les grands projets,
un objectif de développement économique : le tourisme est un secteur important de
l’économie. La Normandie dispose d’un potentiel fort en tant que destination touristique,
mais la région est soumise à une concurrence accrue,
des pôles de compétitivité (filière équine, automobile, agroalimentaire) susceptibles de
générer des manifestations professionnelles.
Le tourisme d’affaires en Normandie représente 15% du chiffre d’affaires de l’économie
touristique, principalement en lien avec l’hôtellerie. De plus, les retombées économiques de
l’organisation d’un seul congrès d’envergure national peuvent avoisiner les 400 000 euros pour
l’économie locale30, c’est pourquoi le développement du tourisme d’affaires est un enjeu
stratégique.
30
Étude sur le tourisme d’affaires en Normandie par Horwath HTL pour le CRT Normandie, 2011
72
La Normandie a une notoriété forte en France et à l’étranger grâce à des destinations phares,
comme le Mont-Saint-Michel, les Plages du débarquement, Deauville, etc. Cette renommée est très
bénéfique au développement du tourisme d’affaires. En Normandie, il est possible de distinguer :
le tourisme d’affaires individuel, lié aux activités économiques traditionnelles ; il est
relativement important, surtout dans les villes,
le tourisme d’affaires de groupe (congrès, salons), dominant essentiellement à Deauville.
Le tourisme d’affaires est en proie à une compétition de plus en plus forte qui oblige les villes
à se démarquer. Ainsi, Caen est en concurrence directe avec Rouen, Nantes, Saint-Malo, Rennes et
Tours. En plus de cette concurrence, le tourisme d’affaires caennais souffre d’un manque
d’équipements et comporte deux autres problèmes majeurs. Tout d’abord, l’accessibilité reste
compliquée. La ligne à grande vitesse Caen – Paris est encore à l’état de projet. La société
Kanopée/HorwathHTL préconise un développement de la desserte aérienne, car « l’expérience a
montré qu’entre une décision annoncée et l’inauguration (ndlr : d’une ligne à grande vitesse) se
passaient en général 10 à 15 ans ». Le second problème pour le tourisme d’affaires caennais est
l’image touristique, culturelle et économique de la destination d’affaires qui doit être améliorée.
En 2010, Caen a accueilli environ 260 congrès et salons pour un chiffre d’affaires d’1,3
millions d’euros. Cela est insuffisant pour Guy ROS, directeur général de Caen Expo Congrès: « Caen
possède des équipements de qualité et bien organisés. Cette ville a tous les atouts, notamment en
termes touristiques, culturels et de proximité avec la région parisienne, pour être une destination
privilégiée du tourisme d’affaires ». De même, le maire de Caen, P. DURON, souhaite que la ville
« mette l’accent sur le tourisme d’affaires, jusque-là réservé à Deauville »31. C’est aussi le souhait de
Guy Ros, qui précise néanmoins « on ne va pas concurrencer Deauville ». G. ROS explique : « nous
voulons fédérer les énergies avec les acteurs privés, les établissements publics et les sociétés
d’économie mixte. Nous sommes force de négociations, ce qui permet de valoriser le territoire »32.
En 2012, Caen va accueillir dix congrès nationaux et internationaux. Cela représente 900 000
euros de retombées économiques directes pour le parc-expo, le centre des congrès, le Mémorial de
Caen ou le Zénith. À ce chiffre, s’ajoutent 1,2 millions d’euros pour l’économie locale33, c'est-à-dire
l’hôtellerie, la restauration, les commerces et les excursions. La société Caen Event, en charge de 8
équipements caennais (Zénith, Parc Expo, Centre des congrès, etc.) veut développer le tourisme
31
Ouest France, 24 avril 2012, L'image touristique de Caen reste floue 32
Ouest France, 6 avril 2012, Caen Event veut booster le tourisme d’affaires 33
Ouest France, 6 avril 2012, Caen Event veut booster le tourisme d’affaires
73
d’affaires, car d’après Guy ROS: « Caen a plein d’atouts. Nous voulons nous servir de l’image de la
Normandie et de Deauville. Nous avons une coopération très forte avec l’office du tourisme de
Caen »34. Pour faire de Caen la nouvelle destination de tourisme d’affaires, Caen Event veut
développer les salons professionnels, mais aussi mettre en avant les atouts touristiques et
patrimoniaux de la capitale bas-normande ainsi que mieux référencer les différents sites d’accueils
caennais sur les gros portails de réservation de congrès et de séminaires.
Caen Event a pour objectif de « vendre la ville » de Caen auprès des entreprises et des
organisateurs en lui donnant de la visibilité, notamment grâce à un nouveau site web (caenevent.fr).
Cette société s’efforcera de donner une « cohérence tarifaire à son offre pour que les organisateurs
de conventions viennent à Caen plutôt qu’à Tours, Reims ou Nantes » (G. ROS)35. La société a la
volonté de s’adapter au cahier des charges des entreprises et devenir l‘interface unique des
organisateurs d’événements professionnels.
Afin de coordonner les différents acteurs de l’offre touristique caennaise en matière de
tourisme d’affaires, le bureau de l’Association de l’Office du Tourisme de Caen et la ville de Caen ont
trouvé un accord sur le projet de la création d’une Société par Actions Simplifiée (SAS). Celle-ci
regroupera l’activité Office de Tourisme et le Bureau des Congrès Caen Event. La SAS aura pour
objectif de dynamiser l’offre touristique et l’activité de congrès sur la ville grâce à une synergie des
acteurs publics et privés. Cette mutualisation des moyens et des outils doit permettre à Caen de
gagner en notoriété touristique.
34
Article Ouest France, 6 avril 2012, Caen Event veut booster le tourisme d’affaires 35
Calvados Stratégie, 3 mars 2011, Caen Event, l’agence de tourisme d’affaire de Caen
74
3-3-2- Le tourisme événementiel
La multiplication des événements urbains (toutes approches catégorielles confondues :
sportifs, culturels, artistiques, festifs) trouve sa logique dans un contexte de challenge où les villes
cherchent l’originalité, la différence, pour se démarquer tout en entrant en concurrence. (E.
FAGNONI et J. LAGIESTE, 2009). Les rendez-vous urbains sont devenus une constante dans de
nombreuses villes qui établissent des calendriers événementiels. L’événement est un moment
privilégié où la ville sort de l’ordinaire et durant lequel les habitants, les acteurs institutionnels et
économiques sont mobilisés ainsi que les visiteurs et les touristes. Il apparaît alors comme un outil de
développement et notamment de développement touristique. C’est dans ce contexte de
multiplication et de diversification des événements qu’il est intéressant de se questionner sur le
cette activité. Nous avons précédemment évoqué les difficultés rencontrées par la ville de Caen à se
créer une image attractive. Le tourisme événementiel apparaît alors comme une possibilité pour
façonner la ville et impulser une nouvelle dynamique urbaine.
Dans les activités touristiques proposées aux touristes, les événements sont peu ou pas
présents. Seul le Festival des Boréales est présent dans les prospectus distribués à l’Office du
Tourisme. Ce dernier a été créé en 1992 et il est organisé par le Centre Régional des Lettres de Basse-
Normandie depuis 1999. Le festival Les Boréales est aujourd’hui la plus importante manifestation
consacrée à la culture nordique en Europe. L’édition de 2011 a réuni, à Caen et dans 26 villes de la
région, 152 artistes pour 170 rendez-vous, dont près d’un tiers gratuit. À l’origine, le festival a été
imaginé comme un événement littéraire, mais, très rapidement, il a développé un caractère
pluridisciplinaire. Outre le pôle littéraire (pièces de théâtre, lectures, etc.) le festival propose de
nombreux autres rendez-vous : danse, cirque, cinéma, vidéo, expositions, concerts et performances.
L’édition de 2011 a été marquée par l’exposition « L’univers d’Edvard Munch ». Celle-ci regroupait 65
œuvres dont 50 estampes exposées pour la première fois en France. Pour Jérôme Rémy, directeur
artistique des Boréales depuis 18 ans, l’exposition Edvard Munch a été: « le projet phare du festival !
Jamais une ville au monde, en dehors des grandes capitales, n’avait présenté les peintures du musée
norvégien de Bergen ». L’exposition « L’univers d’Edvard Munch » a attiré 35 000 visiteurs en 3 mois,
dont 2 500 lors du premier week-end.
En 2010, l’ensemble des événements des Boréales a regroupé entre 45 000 et 50 000
spectateurs36. D’après Jérôme Rémy, un tiers du public vient de Paris, Nantes, Rennes et Le Mans.
Cependant, J. Rémy pense qu’il n’est pas nécessaire de réaliser une enquête auprès du public des
Boréales afin de mieux le connaitre et de cibler davantage leurs attentes. Malgré les nombreux
36
http://normandie.cultureforum.net/t4578-les-boreales-un-festival-du-nord
75
visiteurs, le festival des Boréales n’est pas un événement fédérateur pour le tourisme caennais.
Jérôme Rémy, rencontré lors du Festival de Beauregard (festival de musique dans l’agglomération
caennaise) ne souhaite pas faire des Boréales un événement caennais, mais un événement pour les
cultures nordiques. Le festival se déroule dans plusieurs lieux de la ville de Caen, mais aussi de la
région. De plus, les spectacles sont répartis sur deux ou trois semaines, selon les années. Les
expositions montées dans le cadre du festival perdurent plusieurs mois. Malgré l’importance du
festival des Boréales, la ville de Caen ne peut pas profiter pleinement de l’image de ce festival pour
faire connaître la ville et attirer des visiteurs.
Tous les ans, Caen accueille le Salon du Livre, rebaptisé festival Passages de Témoins. Il se
tient pendant un week-end de mai dans l’enceinte du château. Un article du quotidien Ouest France
titrait le 14 mai 2012 « le Salon du livre se démarque par son cadre à Caen ». C’est pourquoi Yves
Lecouturier, historien local, dit : « Dans la plupart des salons, on se retrouve dans des salles fermées.
Là, la vue est superbe, d’un côté et de l’autre »37. En effet, le site du château offre au Salon du livre
un cadre idyllique. De plus, il a su se démarquer des autres Salons du livre organisés dans de
nombreuses villes. Pour le maire de Caen, Philippe DURON, le Salon a su devenir un véritable festival
littéraire « offrant des signatures, mais aussi des rencontres avec des auteurs et des intellectuels, des
spectacles, des projections ou des animations jeunesse en grand nombre. »38 Passage de Témoins
attirent 22 000 visiteurs en moyenne en un seul week-end.39
Enfin, la foire internationale de Caen est un événement important dans la mesure où elle a
attiré 230 000 visiteurs en 2011.40 Cependant, il existe de nombreuses foires de ce type en France.
Cela ne permet pas à Caen d’attirer de « lointains visiteurs », mais seulement des habitants de la
région ou des régions limitrophes. À l’image de la foire internationale, il n’y a pas un événement
fédérateur à Caen qui permettrait à la ville de se faire connaître. Toutes les villes s’orientant vers un
« urbanisme d’image (E. FAGNONI et J. LAGIESTE, 2009), il est de plus en plus difficile de se
démarquer à l’échelle nationale. Cependant, les Boréales et Passage de Témoins sont des
événements importants par leur cadre ou leur thématique. Une promotion touristique plus
importante pourrait sans doute permettre à ces événements de se développer et aider la ville à
gagner en notoriété.
37
Article Ouest France, 14 mai 2012, Le Salon du livre se démarque par son cadre à Caen 38
http://caen-com.fr/pdt/passages-de-t%C3%A9moins-3 39
http://www.sne.fr/evenements/salons-jeunesse/mai/caen-14-.html 40
http://www.caensavezvous.fr/?p=12796
76
3-3-3-Un nouvelle orientation : le tourisme durable
Depuis quelques années, le développement durable est omniprésent sur la scène
médiatique. Il peut s’appliquer à toutes les activités, nous parlons alors de tourisme durable.
L’Organisation Mondiale du Tourisme définit le tourisme durable de la façon suivante : « les principes
directeurs du développement durable et les pratiques de gestion durables du tourisme sont
applicables à toutes les formes de tourisme dans tous les types de destination (…). Le tourisme
durable doit :
exploiter de façon optimum les ressources de l’environnement qui constituent un élément
clé de la mise en valeur touristique (…),
respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil (…),
assurer une activité économique viable sur le long terme, offrant à toutes les parties
prenantes des avantages socioéconomiques équitablement répartis. (…),
satisfaire (…) les touristes, et qu’il représente pour eux une expérience utile en leur faisant
prendre davantage conscience des problèmes de durabilité et en encourageant parmi eux les
pratiques adaptées »41.
Le tourisme durable se développe rapidement depuis quelques années. Gérard FELDZER
écrit : « développer un tourisme durable dans une ville durable, intégrer la réflexion sur le tourisme
(et sur les touristes) au projet de ville, tel est le défi des prochaines années pour le tourisme » (Revue
espaces, octobre 2011). Il pourrait être une nouvelle orientation dans le développement touristique
de Caen. Les transports et l’hébergement sont deux secteurs phares du tourisme durable.
Concernant les transports, les mobilités dites « douces » sont privilégiées, avec, par exemple,
le train ou le vélo, voire l’inter-modalité train-vélo. La Région Basse-Normandie a élaboré une charte
Vélo-Région afin de promouvoir ce mode de déplacement. Des efforts ont été faits en faveur des
circuits cyclistes en Basse-Normandie avec 4 itinéraires proposés, dont seul l’un d’entre eux propose
d’aller à Caen. Un recensement des hébergements situés à moins de trois kilomètres des circuits a
été établi afin d’inciter ce type de tourisme. De plus, la carte Vélo-Région, signée récemment (juin
2012), indique un programme de rénovation des gares TER pour favoriser l’inter-modalité train-vélo.
Le tourisme à vélo bas-normand débute seulement quand certaines régions comme les Pays de la
Loire ont développé ce type de tourisme depuis plusieurs années. En outre, le tourisme à vélo
41
http://www.veilleinfotourisme.fr/definition-du-tourisme-durable-definition-of-sustainable-tourism--28077.kjsp
77
pourrait être pensé à plus petite échelle autour de la capitale bas-normande. Cela permettrait aux
cyclistes de rayonner à partir de Caen vers la mer ou vers le bocage normand.
En complément des transports, la ville de Caen pourrait développer un hébergement
touristique durable avec l’aménagement d’un camping. Nous avons précédemment vu que l’offre en
matière d’hébergement est peu variée, notamment à cause de l’absence d’un camping à Caen. Ce
type d’hébergement permettrait d’amorcer une politique de tourisme durable. Le parti politique
caennais d’Europe Écologie les Verts a émis une proposition en 2010 pour la réouverture d’un
camping : « L’agglomération Caen-la-Mer a plusieurs handicaps touristiques dont l’absence (…) d’un
camping à proximité de la gare ferroviaire et routière de Caen »42. En effet, afin de rendre le
territoire attractif, la palette d’hébergements doit être la plus complète. Le développement du
tourisme durable s’est accompagné d’un désir de simplicité et d’un retour aux sources de la part des
touristes. Même si le camping a évolué ces dernières années en devenant de plus en plus
sophistiqué, cet hébergement de plein air permet aux amoureux de la nature et aux plus modestes
comme les étudiants d’accéder à un hébergement touristique à moindres frais. Le coût par nuitée en
camping étant moins onéreux que celui passé à l’hôtel, cela permet aux touristes d’allonger leur
séjour. Concernant, l’offre touristique caennaise, l’aménagement d’un camping à Caen permettrait
de diversifier l’hébergement, mais aussi d’attirer un nouveau public. Ce camping pourrait être
accompagné d’une aire d’accueil de camping-cars, absente de l’agglomération. Cela diversifierait les
publics et en accroitrait le nombre.
La proposition d’Europe Ecologie les Verts Caen est de réutiliser le site de l’ancien camping.
Ce dernier est idéalement situé, à proximité du centre-ville, de l’Orne et de la gare ; il bien desservi
par les transports en commun et présente un cadre agréable. Le seul inconvénient est que ce site est
en zone inondable. Cependant, cela pourrait être l’opportunité d’installer un camping « réversible »
avec le moins de construction possible. Il serait intéressant de développer un hébergement de plein
air « écologique ». Ce type d’hébergement est de plus en plus demandé, notamment par les
clientèles étrangères (Allemands, Hollandais). De plus en plus de campings sont en train de s’orienter
vers ces hébergements écologiques afin de satisfaire une clientèle désireuse de donner plus de sens
à ses vacances. D’après l’Eco-label européen, 51% des touristes choisissent des services
d’hébergement plus respectueux de l’environnement43.Si ce type d’hébergement se met en place à
Caen, il serait judicieux de faire labéliser le camping afin d’assurer une certaine visibilité et
42 http://elus-caen.eelv.fr/2010/11/24/bientot-un-nouveau-camping-a-caen/ 43
http://www.ecolabels.fr/fr/espace-consommateurs/l-ecolabel-europeen-pour-un-tourisme-responsable
78
crédibiliser la démarche. Par exemple, l’Eco-label européen a certifié 36 campings. En faisant le choix
de ce type de camping, Caen serait le premier territoire de la région à investir dans un camping
écologique. Actuellement, il n’existe aucun camping labélisé par l’Eco-label européen en
Normandie44. Cela permettrait à la ville d’amorcer une politique de tourisme durable.
Pour finir sur les opportunités d’un tourisme durable à Caen, il faut s’intéresser aussi aux
activités. Il existe à Caen un Musée d’Initiation à la Nature dédié à la faune et la flore de la Basse-
Normandie. La diversité des espèces présentées (oiseaux des marais et du bord de mer, mammifères
et rapaces du bocage, etc.) fait la richesse de ce petit musée. Un jardin complète la visite. Ce musée
est ouvert de Pâques à la Toussaint et seulement le mercredi pendant l’hiver. Étant géré par
l’association Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement qui a une fonction pédagogique, le
musée accueille davantage de scolaires que de touristes. Afin d’attirer davantage de touristes, nous
pourrions imaginer des pass journée, du même type que les séjours escapades organisés par l’Office
du Tourisme, avec une visite du musée et une sortie à la Maison de la nature et de l'estuaire de
l'Orne ou à la Maison Forestière de Mutrécy (située dans la forêt de Grimbosq, propriété de la ville
de Caen).
Deux jardins caennais présentent des opportunités pour développer le tourisme durable : le
jardin des plantes, appelé aussi le Jardin botanique, et la Colline aux oiseaux. Le jardin des plantes est
situé dans le centre-ville. Il est réputé pour son jardin médicinal et pour ses serres exotiques. La
Colline aux oiseaux est un parc floral de 17 hectares créé sur une ancienne décharge municipale. Ce
jardin est remarquable pour son labyrinthe floral et sa roseraie de plus de 15 000 roses. Inaugurée à
l’occasion du cinquantième anniversaire du débarquement, la Colline aux oiseaux est située à
proximité du Mémorial qui est visité par la très grande majorité des touristes venant à Caen. Ces
deux jardins ne sont pas des sites touristiques, mais des visites guidées sur rendez-vous sont
possibles. 19% des touristes enquêtés pour ce présent mémoire sont allés dans un des deux jardins.
Ce pourcentage n’est certes pas très important, mais il est à noter qu’il n’existe actuellement pas de
réelle politique touristique concernant les parcs et jardins et, plus largement, le tourisme durable.
Les valeurs portées par le tourisme durable permettent de communiquer de façon positive
sur la ville et de diversifier la population touristique. Le développement d’un tourisme durable à
Caen permettrait de donner une nouvelle impulsion au tourisme de la ville.
44
http://www.rsenews.com/public/tourisme/doc/Ecolabel-Campings.pdf
79
Conclusion
La mise en tourisme de deux héritages, la période de Guillaume-le-Conquérant et la Seconde
Guerre Mondiale, structure l’ensemble de l’activité touristique de la ville de Caen. Le Mémorial et le
château sont les deux premiers sites visités. Le Mémorial est la première motivation citée par les
touristes enquêtés. Les activités touristiques organisées par l’Office du Tourisme sont liées au
patrimoine caennais et notamment à celui de Guillaume-le-Conquérant. Visites guidées, parcours
ludiques, ballades musicales sont autant de moyens pour découvrir un même patrimoine. Cette
focalisation extrême sur ces deux héritages fait apparaître une biculture. Pourtant, la ville offre
d’autres possibilités notamment en termes de thématiques : caractère maritime de la ville,
patrimoine de la reconstruction, tourisme événementiel, tourisme d’affaires, etc. Il semble alors que
les acteurs locaux se « contentent » du tourisme patrimonial. Cependant, cela n’est pas suffisant
pour le développement touristique de la ville. Le panel des activités et des visites touristiques est
restreint. Les offres en matière d’hébergement sont aussi limitées avec l’absence d’aire d’accueil
pour les camping-cars, de camping et d’hôtels hauts de gamme. De plus, Caen souffre d’une
mauvaise image liée aux destructions de la Seconde Guerre Mondiale. Certains touristes
apparaissent surpris de découvrir une ville calme et aérée avec de nombreux monuments. Cette
méconnaissance de Caen contraste avec la renommée de la région. La Normandie est mondialement
connue, Caen doit en tirer partie. Tous ces éléments font de Caen une ville de passage, où l’on vient
visiter le Mémorial, et peut-être le château, avant de se rendre sur le littoral.
Néanmoins avec ses 450 000 visiteurs par an du Mémorial, les touristes sont bel et bien
présents dans l’agglomération caennaise. L’enjeu de Caen est donc d’attirer les visiteurs du Mémorial
dans le centre-ville et, ainsi, les inciter à séjourner. Pour cela, la mise en tourisme existante doit être
améliorée et notamment celle du château. Les projets de rénovation doivent aboutir à une
monumentalisation du château afin de mettre en valeur la plus grande forteresse européenne dans
un centre-ville. La mise en tourisme de la Seconde Guerre Mondiale doit aussi être améliorée afin
d’entretenir le souvenir de cet événement et le tourisme qui lui est lié. Aussi, au sein du projet de
classement des plages du débarquement au patrimoine mondial de l’UNESCO, Caen doit devenir la
ville d’accueil des touristes et profiter de sa situation en offrant un hébergement aux touristes qui
visitent les plages.
80
De plus la diversification de l’offre touristique est nécessaire en développant d’autres
thématiques. Le caractère maritime de la ville pourrait faire l’objet d’une valorisation touristique
autour du port, situé en plein centre-ville. De plus, des monuments historiques qui ne sont pas liés à
Guillaume-le-Conquérant peuvent devenir des attractions touristiques. Pour cela, ces monuments
doivent être davantage distingués de l’époque de Guillaume-le-Conquérant et faire l’objet de visites
touristiques spécifiques. L’enjeu de la diversification de l’offre touristique est de proposer plusieurs
types de tourisme, et non seulement, un tourisme patrimonial. La ville pourrait s’engager dans une
démarche de tourisme durable en valorisant ces nombreux espaces verts et en accueillant un
camping écologique. En outre, le tourisme événementiel peut participer à la vitalisation du tourisme
caennais en créant des rendez-vous urbains. Ces derniers permettent d’attirer des touristes, mais
aussi de médiatiser la ville et donc d’améliorer son image touristique.
Enfin, la prise en compte de l’activité touristique dans des projets d’aménagement et de
renouvellement urbain permettra peut-être à Caen de devenir une ville de destination touristique.
Les aménagements de l’hippodrome et de la Prairie, à l’occasion des Jeux Equestres Mondiaux,
apporteront un nouveau regard sur cet espace riche par sa biodiversité et ses qualités paysagères.
Aussi, le projet de la Presqu’île montre que Caen a des ambitions notamment architecturales. La
future bibliothèque dessinée par le grand architecte REM KOOLHAAS amorce la seconde
reconstruction de la ville.
La mise en tourisme de nouvelles thématiques et de nouveaux espaces doit attirer un public
plus large (et non seulement des personnes intéressées par le tourisme de mémoire et le tourisme
historique) et sur des temporalités plus longues que la simple journée.
Ce mémoire de recherche aura donc permis de confirmer les hypothèses émises en début de
ce travail. Grâce à l’analyse de l’offre touristique via les prospectus et les guides, nous avons vu que
le patrimoine de Guillaume-le-Conquérant et de la Seconde Guerre Mondiale structure l’ensemble de
l’activité touristique. De plus, les échanges avec les touristes ont montré que la mise en tourisme de
la ville ne devrait pas se construire seulement avec le développement des sites touristiques, mais
aussi en travaillant sur les thématiques de l’hébergement et de l’accessibilité. Aussi, les projets de
rénovation du château et de classement par l’UNESCO des plages du débarquement indiquent que la
mise en tourisme des héritages pourrait être davantage valorisée. Enfin, l’organisation des Jeux
Equestres Mondiaux en 2014 et le renouvellement urbain de la Presqu’île prouvent que Caen a des
possibilités pour devenir une ville de destination touristique.
81
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82
Mémoires -ANQUETIL I., 2000, Collaboration au projet de développement du Musée du Mémorial de Caen, rapport de stage, 43 pages. -BIABAUD M., 2003, Proposition de mise en valeur et de découverte du patrimoine de la Reconstruction à Caen, mémoire réalisé sous la dir. de RAOULX B. (Université de Caen), Maître de stage R. Berge/SDAP Calvados, 100 pages. -BIABAUD M., 2002, Le château de Caen : étude géographique, mémoire réalisé sous la dir. de HERIN R. (Université de Caen), 169 pages. -BRETONVILLE A., 2010, Le château de Caen dans l'imaginaire caennais : Enquête des publics du château, du musée des Beaux - Arts et du musée de Normandie, rapport de stage effectué de mai à août 2010 (Université de Caen), 117 pages. -MARY D., 2003, Vers un patrimoine du XXème à Caen: Le rapport des acteurs et des habitants à l'héritage de la Reconstruction, mémoire réalisé sous la dir. de RAOULX B., 182 pages. -SEGOUIN G., 1991, Le tourisme dans la ville de Caen, mémoire réalisé sous la dir. de SEPIER M., 91 pages. Articles de presses -Caen savez-vous ?, 26 septembre 2011, 232 000 visiteurs à la Foire Internationale de Caen. -Caen ma ville, 24 juillet 2012, Parmi les touristes caennais, 45% d’étrangers -Calvados Stratégie, 3 mars 2011, Caen Event, l’agence de tourisme d’affaire de Caen. -Calvados Stratégie, 24 avril 2012, « Welcome to Calvados” et “Calvados Privilèges” soignent l’accueil des visiteurs. -Calvados Stratégie, 25 juillet 2011, Le Comité Départemental du Tourisme du Calvados soutient et organise l'activité touristique -Calvados Stratégie, 29 février 2011, Le tourisme à l’honneur dans le Calvados -Le Moniteur, novembre 2010, Caen le temps de la deuxième reconstruction, 12 pages -Le Monde, 3 août 2012, Les plages du débarquement devront patienter pour entrer au patrimoine mondial -Ouest France, 1 août 2012, 350 avis sur la future Presqu’île -Ouest France, 24 avril 2012, L'image touristique de Caen reste floue -Ouest France, 6 avril 2012, Caen Event veut booster le tourisme d’affaires -Ouest France, 14 mai 2012, Le salon du livre se démarque par son cadre à Caen
83
-Ouest France, 28 juin 2012, Ce qui marque, c’est l’unité architecturale du campus -Ouest France, 12 mai 2012, Maitrise foncière de la Presqu’ile : tout l’enjeu -Ouest France, 24 mai 2012, Les trois visages de la Presqu'île de Caen -Tendance Ouest, 5 août 2012, Fouilles au château de Caen : des vestiges inattendus Documents institutionnels -Association Démosthène, Octobre 2011, La presqu’île de Caen, regards d’habitants, 75 pages. -Atout France, 2006, Port-Ville-Tourisme : Offre touristique et attractivité touristique, Article Grande Angle, 5 pages. -Atout France, 2011, Tourisme et cheval, 191 pages. -AUCAME, 2011, La métropole caennaise existe-elle ?, 4 pages. -Caen la Mer, 2012, Diagnostic territorial Caen la mer, 203 pages -Chambre de Commerce et d’Industrie de Caen, Octobre 2010, Marché et tendances de la restauration dans l’agglomération caennaise, 128 pages. -Chambre des Commerces et de l’Industrie, 2011, Observatoire de performances hôtelières du Calvados et de l’agglomération caennaise, 7 pages. -Comité Régional du Tourisme Normandie TNS-Sofres, 2010, L'enquête Suivi de la Demande Touristique, 13 pages. -Conseil général du Calvados et Comité Départemental du Tourisme du Calvados, Plan de développement touristique du Calvados 2010-2015, 35 pages. -Conseil Général du Calvados, Eté 2011, Le Calvados, Magazine de votre département, 47 pages -Comité Régional du Tourisme, 2011, Étude sur le tourisme d’affaires en Normandie par Horwath HTL, 94 pages. -Régions de Basse-Normandie et de Haute-Normandie, Octobre 2009, Schéma interrégional de développement touristique, 124 pages. -Office du Tourisme de Caen, 2010, Dossier de presse, 20 pages. -Office du Tourisme de Caen, 2012, Guide Touristique, 66 pages. -Ville de Caen, 2009, CAEN, la CULTURE en capitales, 26 pages. -Ville de Caen, 2010, Dossier de presse, 20 pages -Ville de Caen, 2010, Diagnostic du Plan Local d’urbanisme de Caen- Document provisoire, La ville verte : écologie et qualité de vie ?
84
Etudes privés - Détente Consultants, janvier 2011, « Étude sur l’activité touristique et son organisation au sein des territoires de Caen la Mer et de Cœur de Nacre », 33 p. Site Internet -http://www.caen.fr -http://www.normandie-tourisme.fr -http://www.chateau.caen.fr -http://www.memorial-caen.fr -http://caen-presquile.com/ -http://www.aucame.fr -http://www.normandie2014.com -http://www.insee.fr -http://caen-com.fr/pdt/ -http://www.normandy-race.com -http://www.lehavretourisme.com -http://www.veilleinfotourisme.fr/ -http://elus-caen.eelv.fr/ -http://www.ecolabels.fr - http://www.unicaen.fr/cireve/rome/index.php -http://www.interreg4a-manche.eu/ -http://www.routard.com/guide_voyage_lieu/4701-caen.htm -http://voyage.viamichelin.fr/web/Destination/France-Normandie_Cotentin-Caen -http://www.infotourisme.net/tourisme/caen -http://www.france-voyage.com/communes/caen-1775.htm Autres Patrice Gourbin, 2007, Le palais de justice de Caen, construction et transformation de 1781 à 2006
85
Annexes
Annexe n°1 : Carte du Calvados
Source : http://www.louer-gite.fr/spip.php?article5
86
Annexe n°2 : les 12 axes du Plan Marketing 2011-2016 du Comité Régional de Tourisme de
Normandie
Source : Comité Régional de Tourisme de Normandie. http://www.pro-normandie-
tourisme.com/content/media/document.php?id_document=3872&id_format=1
87
Annexe n° 3 : Diagnostic territorial de Caen la Mer, 2012
Source : Communauté d’Agglomération de Caen la Mer http://www.caenlamer.fr/iso_album/1.clm_diagnostic_territorial_partage_30mars2012.pdf
88
Annexe n°4 : Caen, vue par les Offices du Tourisme français
Le quotidien Ouest France a contacté les Office du Tourisme français en 1991 en leur posant
la question suivante : « Parlez-nous de Caen. Citez-nous quelque chose de célèbre se rapportant à la
ville ? »
Ci-dessous, des extraits des réponses :
OT de Lille : « Caen est en Bretagne, et à une cinquantaine de kilomètres de la mer. La ville
est connue pour ses tripes. Rien de célèbre. »
OT de Strasbourg : « Caen est à l’Ouest, en dessous de la Bretagne. Rien de célèbre. »
OT de Rennes : « Caen est dans le Calvados, 30 kilomètres de la mer. Célèbre : Guillaume le
Conquérant, les plages du débarquement et un musée de l’histoire et de la guerre. »
OT de Nice : « Caen est, vaguement dans le Nord-Ouest à une centaine de kilomètres de la
mer. Rien de célèbre. »
OT de Cannes : « Normandie. Pas près de la mer. 75 000 habitants. Loin de Paris, confusions
entre Caen et Cannes. »
OT de Nantes : « Caen ville dans la Manche, proche de la mer. »
OT de Lyon : « Caen, dans le Nord. »
OT de Toulouse : « Dans le Pas de Calais, pas en bordure de mer même si ce n’est pas trop
loin. »
OT de Bordeaux : « Calvados, à 100 kilomètres de la mer. »
Source: SEGOUIN G., 1991, « Le tourisme dans la ville de Caen », mémoire réalisé sous la dir. de
SEPIER M., 91 p.
89
Annexe n°5 : le circuit Guillaume-le-Conquérant
Source : Guide Touristique 2012, Office du Tourisme de Caen
90
Annexe n°6 : le périmètre du projet de la Presqu’île
Source : http://caen-presquile.com/comprendre/perimetre
91
Annexe n°7 : illustrations des trois projets pour la Presqu’île
L’équipe de l’AUC associé à SLETH modernism
François Leclercq associé à JDS architects
MVRDV associé à Diagram architecture
Source : http://projets-architecte-urbanisme.fr/projet-urbain-presqu-ile-caen-leclercq-auc-
klouche-mvrdv-winy-maas/
92
Annexe n°8: Carte de la façade maritime du Grand Paris
Source : Etude sur le tourisme d’affaire en Normandie pour le Comité Régional du Tourisme par Horwath HTL
93
Table des figures et des tableaux
Photographies
Photographie n°1 : Le Mémorial de Caen Page 11
Photographie n°2 : Vue extérieure du château Page 15
Photographie n°3 : le musée des Beaux-arts Page 15
Photographie n°4 : le musée de Normandie Page 15
Photographie n°5 : Le Vaugueux, quartier des restaurants Page 22
Photographie n°6 : L’église Saint-Pierre Page 57
Photographie n°7 : La Maison des Quatrans Page 58
Photographie n°8 : La Maison à pans de bois Page 58
Photographie n°9 : Le Palais de Justice Page 59
Photographie n°10 : Le port de plaisance de Caen Page 60
Photographie n°11 : L’hippodrome de Caen vu du ciel Page 66
Photographie n°12 : L’Université de Caen avec le Phénix en premier plan Page 68
Photographie n°13 : La maquette du Plan de Rome Page 70
Illustration
Illustration n°1 : La Presqu’île de Caen à la mer Page 62
Tableaux
Tableau n°1 : Fréquentation touristique des lieux de visite de la ville de Caen Page 8
Tableau n°2- Récapitulatif des documents touristiques (nov.2011) Page 9
Tableau n°3 - Inventaire des activités touristiques offertes à Caen (2012) Page 17
Tableau n°4 - Fréquentation hôtelière en 2009 dans le Calvados Page 19
Tableau n°5 - Taux d’occupation et prix moyens des hôtels caennais en 2011 Page 19
Tableau n°6 - Répartition par tranches d’âge des personnes enquêtées Page 29
Tableau n°7 - Départements de résidence cités plus de 2 fois Page 29
Tableau n°8 - Durée du séjour à Caen Page 30
Tableau n°9 - Durée du séjour en Basse-Normandie Page 30
Tableau n°10 - Avec qui êtes-vous venus à Caen ? Page 30
Tableau n°11 - Où logez-vous ? Page 31
94
Tableau n°12 - Dans quel type d’hébergement logez-vous ? Page 31
Tableau n°13 - Pourquoi êtes-vous venus visiter Caen ? Page 34
Tableau n°14 - Qu’avez-vous visité en lien avec la Seconde Guerre Mondiale ? Page 34
Tableau n°15 - Qu’avez-vous visité en lien avec Guillaume-le-Conquérant ? Page 36
Tableau n°16 - Les lieux fréquentés par les touristes Page 37
Tableau n°17 - Est-ce votre première visite à Caen ? Page 38
Tableau n°18 - Aimeriez-vous revenir ? Page 39
Tableau n°19 - Qu’avez-vous le plus aimé lors de votre visite ? Page 40
Tableau n°20 - Qu’est-ce qui vous a le plus déçu ? Page 41
Tableau n°21 - Comment imaginiez-vous la ville de Caen avant de venir ? Page 48
Tableau n°22 - L’évolution des représentations de Caen Page 48
Graphiques
Graphique n°1 - Comparaison des taux d’occupation des hôtels caennais avec 5 villes taille
équivalente
Page 20
Graphique n°2 - Comparaison des prix moyens des hôtels caennais avec 5 villes taille équivalente
Page 20
Graphique n°3: Taux d’occupation des hôtels caennais en 2011 Page 21
95
Table des matières
Sommaire ................................................................................................................................................ 2
Introduction ............................................................................................................................................. 3
Chapitre 1-Présentation du tourisme caennais....................................................................................... 7
1-1-Des sites touristiques à forts potentiels ........................................................................................... 7
1-1-1-Aperçu général des sites touristiques caennais ........................................................................ 7
1-1-2- Le Mémorial de Caen : un musée pour la paix ....................................................................... 11
1-1-3- L’héritage de Guillaume le Conquérant : le château et les abbayes ...................................... 14
1-2- Une offre touristique limitée ......................................................................................................... 17
1-2-1 Des activités à l’événementiel ................................................................................................. 17
1-2-2 L’hébergement et la restauration touristiques ........................................................................ 19
1-2-3 La persistance d’une biculture touristique .............................................................................. 23
1-3- Caractéristiques des touristes caennais ......................................................................................... 26
1-3-1- Portait des touristes: données générales ............................................................................... 26
1-3-2- Typologie des touristes enquêtés ........................................................................................... 28
Chapitre 2- Constats sur le tourisme caennais : un potentiel important et une mise en tourisme
difficile ................................................................................................................................................... 33
2-1- Ce que pensent les touristes .......................................................................................................... 33
2-1-1-Une motivation première : le Mémorial .................................................................................. 33
2-1-2- Une connaissance limitée de la ville de Caen par les touristes .............................................. 36
2-1-3- Caen, une ville qui surprend ................................................................................................... 38
2-2- Les orientations actuelles des acteurs du tourisme ...................................................................... 42
2-2-1- Une planification touristique à trois échelles : la région Normandie, le Calvados et
l’agglomération caennaise. ............................................................................................................... 42
2-2-2- Caen, métropole régionale et touristique ? ........................................................................... 45
2-2-3- Construire une image touristique de la ville de Caen ............................................................. 47
2-3-Améliorer la mise en tourisme existante ........................................................................................ 50
2-3-1- Monumentaliser le château de Caen ...................................................................................... 50
2-3-2-Poursuivre le développement du tourisme de mémoire ........................................................ 53
96
Chapitre 3- Des pistes de valorisation et de diversification de l’offre touristique ............................... 54
3-1- Une meilleure valorisation de l’ensemble du patrimoine ............................................................. 54
3-1-1-La période de la reconstruction ............................................................................................... 54
3-1-2- Le patrimoine de la renaissance et les nombreux Monuments Historiques .......................... 57
3-1-3-Le patrimoine maritime et le Port de plaisance ...................................................................... 60
3-2-L’émergence de nouveaux espaces touristiques ............................................................................ 62
3-2-1- La Presqu’île ............................................................................................................................ 62
3-2-2- La Prairie et l’hippodrome ...................................................................................................... 65
3-2-3- L’université de Caen et la maquette du plan de Rome .......................................................... 68
3-3- De nouveaux types de tourisme .................................................................................................... 71
3-3-1- Le tourisme d’affaires ............................................................................................................. 71
3-3-2- Le tourisme événementiel ...................................................................................................... 74
3-3-3-Un nouvelle orientation : le tourisme durable ........................................................................ 76
Conclusion ............................................................................................................................................. 79
Bibliographie.......................................................................................................................................... 81
Annexes ................................................................................................................................................. 85
Table des figures et des tableaux .......................................................................................................... 93
Table des matières ................................................................................................................................ 95