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Posters S517 l’introduction de sulfasalazine 3 semaines auparavant. La biologie révélait une cholestase anictérique, une cytolyse aiguë, des séro- logies virales négatives. Le premier présentait une éosinophilie à 1,6 G/L, et le second des lymphocytes hyperbasophiles circulants. Un DRESS syndrome à la sulfasalazine était diagnostiqué. Le géno- typage NAT2 révélait un profil acétyleur lent chez nos 2 patients. L’évolution était favorable dès l’introduction d’une corticothérapie orale, associée à l’arrêt de la sulfasalazine. Discussion.— La sulfasalazine est un anti-inflammatoire associant l’acide 5-aminosalicylique à un sulfamide, la sulfapyridine, acéty- lée au niveau du foie par la NAT2, enzyme dont le polymorphisme génétique est à l’origine d’importantes variations individuelles dans le métabolisme de la molécule. Le gène codant pour cette enzyme, situé sur le chromosome 8p22, présente 25 mutations, dont 3 sont associées à un profil acétyleur lent, NAT2*5A, NAT2*6A, NAT2*7B. Quarante à soixante-dix pour cent de la population occidentale est acétyleur lent, à l’origine d’une plus grande iatrogénicité de la molécule. Ainsi, une étude a montré que sur 68 malades trai- tés par sulfasalazine, 38 % des acétyleurs lents présentaient des effets indésirables contre 8 % des acétyleurs rapides. De plus, nous avons rapporté que l’efficacité clinique du traitement était cor- rélée au phénotype acétyleur rapide chez 11 malades traités par sulfasalazine pour un lupus chronique. Conclusion.— Réaliser le génotypage NAT2dans le cadre du bilan préthérapeutique de la sulfasalazine permettrait de réserver ce traitement aux acétyleurs rapides, évitant ainsi d’exposer certains malades à un risque accru d’effets secondaires potentiellement graves. Déclaration d’intérêt.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.351 P183 DRESS avec insuffisance hépatique sévère : une place pour l’épuration extra-hépatique ? F. Brigant , G. Chaby, F. Lombart, F. Dhaille, C. Lok Dermatologie, CHU, Amiens, France Auteur correspondant. Mots clés : Allopurinol ; DRESS syndrome ; Épuration extra hépatique Introduction.— Le Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms (DRESS) peut être fatal, notamment en cas d’atteinte hépatique. Nous présentons le cas d’une patiente traitée par épu- ration extra hépatique. Observations.— Une patiente âgée de 86 ans était adressée pour éruption maculeuse associée à une altération de l’état général. Depuis 1 mois, elle était traitée pour des crises de goutte, par colchicine, puis allopurinol. L’éruption était fébrile, morbiliforme, prurigineuse, associé à des lésions de la muqueuse buccale. Le bilan mettait en évidence une insuffisance rénale, une cytolyse et une cholestase, sans anomalie à l’échographie. Le bilan bio- logique retrouvait une hyperéosinophilie (> 2 G/L), les sérologies virales (PCR parvovirus B19, HHV6-7, CMV, EBV) n’étaient pas en faveur de réactivation virale. L’histologie cutanée retrouvait des nécroses kératinocytaires avec exocytose lymphocytaire, compa- tible avec le diagnostic de DRESS. L’allopurinol était arrêté, et les traitements symptomatiques permettaient une amélioration. Un mois plus tard, la patiente présentait une ré-aggravation iso- lée de l’atteinte hépatique. Une biopsie hépatique confirmait l’hépatopathie (inflammation et fibrose). Le bilan de cirrhose ne retrouvait pas d’autres étiologies que la cause médicamenteuse. Malgré une corticothérapie intraveineuse, l’atteinte hépatique s’aggravait (ASAT : 2345 UI/L ; ALAT : 3340 UI/L ; PAL : 323 UI/L ; GGT : 834 UI/L ; bilirubine : 404 mol/L ; TP : 47 %). Il est alors réalisé 5 séances d’épuration extra-hépatique permettant une amé- lioration spectaculaire clinique et biologique (ASAT : 85 UI/L ; ALAT : 135UI/L). Toutefois, la patiente à présenté rapidement une ré- ascension du taux de bilirubine, associée à l’aggravation de sa fonction rénale. Elle est décédée, malgré la reprise des épurations, devenues inefficaces. Discussion.— Le système d’épuration extra-hépatique utilisé dans ici est le système « MARS » (Molecular Adsorbent Recirculation System), connu pour sa capacité à éliminer les toxines liées à l’albumine, résultant d’une insuffisance hépatique sévère. De nombreux effets bénéfiques sont actuellement décris : amélio- ration de l’ictère et de l’instabilité hémodynamique, réduction de l’hypertension portale, de la pression intracrânienne et amé- lioration de l’encéphalopathie hépatique. Des essais récents ne permettent pas de démontrer un effet bénéfique sur la survie sans transplantation quelle que soit la cause de l’insuffisance hépa- tique. Dans notre cas, l’objectif était de passer le cap aiguë du DRESS. Malheureusement, notre patiente n’était pas éligible pour une transplantation hépatique. Conclusion.— L’épuration extra-hépatique semble pouvoir pallier à l’insuffisance hépatique sévère due aux DRESS, mais n’est pas bénéfique sur la survie sans transplantation hépatique prévue. Déclaration d’intérêt.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.352 P184 DRESS syndrome bulleux au vemurafenib A. Gey a,, T. Jouary a , C. Mateus b , C. Robert b , G. Perro c , B. Milpied a a Dermatologie, hôpital Saint-André, Bordeaux, France b Dermatologie, institut Gustave-Roussy, Paris, France c Grands brûlés, hôpital Pellegrin, Bordeaux, France Auteur correspondant. Mots clés : DRESS syndrome bulleux ; Mélanome ; Vemurafenib Introduction.— Le vemurafenib est un inhibiteur sélectif de B-Raf qui a récemment prouvé son efficacité dans le traitement du méla- nome métastatique muté BRAF en augmentant la survie globale des patients traités. Les effets secondaires cutanés du vemurafenib sont très fréquents mais dans la majorité des cas non sévères. Nous rapportons le premier cas de DRESS syndrome (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms) bulleux sous vemurafenib. Observations.— En octobre 2012, un homme de 69 ans avec un méla- nome multimétastique débutait un traitement oral par vemurafenib 960mg matin et soir. Un mois après le début du traitement, celui- ci a dû être interrompu en raison d’une éruption cutanée de grade 2 avec nausées. Le vemurafenib était repris à demi dose 10 jours plus tard. Quatre jours après, le patient se présentait aux urgences avec de la fièvre, un exanthème maculeux et pustuleux diffus et une éosi- nophilie modérée. Malgré l’arrêt du vemurafenib et en l’absence d’autres médicaments imputables, les lésions évoluaient vers un décollement cutané couvrant progressivement plus de 90 % de la surface corporelle, avec des érosions des muqueuses buccale et génitale. Le patient était admis en réanimation dans le service des brûlés. La biopsie cutanée montrait un infiltrat dermoépidermique superficiel avec une vasculite lichénoïde et des nécroses kératino- cytaires isolées. Un traitement par corticoïdes IV était mis en place. Une réépithélisation complète était obtenue 15 jours plus tard. Le patient rentrait à domicile avec une chimiothérapie palliative. Il est décédé fin février 2013 d’une méningite néoplasique. Discussion.— Le DRESS syndrome est une toxidermie sévère appa- raissant 3 à 6 semaines après le début du médicament inducteur. Dans notre cas, avec un décollement cutané touchant plus de 90 % de la surface corporelle et une atteinte muqueuse nécessitant une admission en soins intensifs des grands brûlés, un syndrome de Lyell a été d’abord suspecté. Cependant, plusieurs éléments plaident en faveur d’un DRESS syndrome bulleux sévère : le délai de l’éruption apparaissant 5 semaines après le début du traitement, le rash initial

DRESS avec insuffisance hépatique sévère : une place pour l’épuration extra-hépatique ?

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Page 1: DRESS avec insuffisance hépatique sévère : une place pour l’épuration extra-hépatique ?

Posters S517

l’introduction de sulfasalazine 3 semaines auparavant. La biologierévélait une cholestase anictérique, une cytolyse aiguë, des séro-logies virales négatives. Le premier présentait une éosinophilie à1,6 G/L, et le second des lymphocytes hyperbasophiles circulants.Un DRESS syndrome à la sulfasalazine était diagnostiqué. Le géno-typage NAT2 révélait un profil acétyleur lent chez nos 2 patients.L’évolution était favorable dès l’introduction d’une corticothérapieorale, associée à l’arrêt de la sulfasalazine.Discussion.— La sulfasalazine est un anti-inflammatoire associantl’acide 5-aminosalicylique à un sulfamide, la sulfapyridine, acéty-lée au niveau du foie par la NAT2, enzyme dont le polymorphismegénétique est à l’origine d’importantes variations individuelles dansle métabolisme de la molécule. Le gène codant pour cette enzyme,situé sur le chromosome 8p22, présente 25 mutations, dont 3 sontassociées à un profil acétyleur lent, NAT2*5A, NAT2*6A, NAT2*7B.Quarante à soixante-dix pour cent de la population occidentaleest acétyleur lent, à l’origine d’une plus grande iatrogénicité dela molécule. Ainsi, une étude a montré que sur 68 malades trai-tés par sulfasalazine, 38 % des acétyleurs lents présentaient deseffets indésirables contre 8 % des acétyleurs rapides. De plus, nousavons rapporté que l’efficacité clinique du traitement était cor-rélée au phénotype acétyleur rapide chez 11 malades traités parsulfasalazine pour un lupus chronique.Conclusion.— Réaliser le génotypage NAT2 dans le cadre du bilanpréthérapeutique de la sulfasalazine permettrait de réserver cetraitement aux acétyleurs rapides, évitant ainsi d’exposer certainsmalades à un risque accru d’effets secondaires potentiellementgraves.Déclaration d’intérêt.— Aucun.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.351

P183DRESS avec insuffisance hépatiquesévère : une place pour l’épurationextra-hépatique ?F. Brigant ∗, G. Chaby , F. Lombart , F. Dhaille , C. LokDermatologie, CHU, Amiens, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Allopurinol ; DRESS syndrome ; Épuration extrahépatiqueIntroduction.— Le Drug Reaction with Eosinophilia and SystemicSymptoms (DRESS) peut être fatal, notamment en cas d’atteintehépatique. Nous présentons le cas d’une patiente traitée par épu-ration extra hépatique.Observations.— Une patiente âgée de 86 ans était adressée pouréruption maculeuse associée à une altération de l’état général.Depuis 1 mois, elle était traitée pour des crises de goutte, parcolchicine, puis allopurinol. L’éruption était fébrile, morbiliforme,prurigineuse, associé à des lésions de la muqueuse buccale. Lebilan mettait en évidence une insuffisance rénale, une cytolyseet une cholestase, sans anomalie à l’échographie. Le bilan bio-logique retrouvait une hyperéosinophilie (> 2 G/L), les sérologiesvirales (PCR parvovirus B19, HHV6-7, CMV, EBV) n’étaient pas enfaveur de réactivation virale. L’histologie cutanée retrouvait desnécroses kératinocytaires avec exocytose lymphocytaire, compa-tible avec le diagnostic de DRESS. L’allopurinol était arrêté, etles traitements symptomatiques permettaient une amélioration.Un mois plus tard, la patiente présentait une ré-aggravation iso-lée de l’atteinte hépatique. Une biopsie hépatique confirmaitl’hépatopathie (inflammation et fibrose). Le bilan de cirrhose neretrouvait pas d’autres étiologies que la cause médicamenteuse.Malgré une corticothérapie intraveineuse, l’atteinte hépatiques’aggravait (ASAT : 2345 UI/L ; ALAT : 3340 UI/L ; PAL : 323 UI/L ;GGT : 834 UI/L ; bilirubine : 404 �mol/L ; TP : 47 %). Il est alorsréalisé 5 séances d’épuration extra-hépatique permettant une amé-lioration spectaculaire clinique et biologique (ASAT : 85 UI/L ; ALAT :

135 UI/L). Toutefois, la patiente à présenté rapidement une ré-ascension du taux de bilirubine, associée à l’aggravation de safonction rénale. Elle est décédée, malgré la reprise des épurations,devenues inefficaces.Discussion.— Le système d’épuration extra-hépatique utilisé dansici est le système « MARS » (Molecular Adsorbent RecirculationSystem), connu pour sa capacité à éliminer les toxines liéesà l’albumine, résultant d’une insuffisance hépatique sévère. Denombreux effets bénéfiques sont actuellement décris : amélio-ration de l’ictère et de l’instabilité hémodynamique, réductionde l’hypertension portale, de la pression intracrânienne et amé-lioration de l’encéphalopathie hépatique. Des essais récents nepermettent pas de démontrer un effet bénéfique sur la survie sanstransplantation quelle que soit la cause de l’insuffisance hépa-tique. Dans notre cas, l’objectif était de passer le cap aiguë duDRESS. Malheureusement, notre patiente n’était pas éligible pourune transplantation hépatique.Conclusion.— L’épuration extra-hépatique semble pouvoir pallierà l’insuffisance hépatique sévère due aux DRESS, mais n’est pasbénéfique sur la survie sans transplantation hépatique prévue.Déclaration d’intérêt.— Aucun.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.352

P184DRESS syndrome bulleux auvemurafenib�

A. Gey a,∗, T. Jouary a, C. Mateus b, C. Robert b, G. Perro c,B. Milpied a

a Dermatologie, hôpital Saint-André, Bordeaux, Franceb Dermatologie, institut Gustave-Roussy, Paris, Francec Grands brûlés, hôpital Pellegrin, Bordeaux, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : DRESS syndrome bulleux ; Mélanome ; VemurafenibIntroduction.— Le vemurafenib est un inhibiteur sélectif de B-Rafqui a récemment prouvé son efficacité dans le traitement du méla-nome métastatique muté BRAF en augmentant la survie globaledes patients traités. Les effets secondaires cutanés du vemurafenibsont très fréquents mais dans la majorité des cas non sévères. Nousrapportons le premier cas de DRESS syndrome (Drug Reaction withEosinophilia and Systemic Symptoms) bulleux sous vemurafenib.Observations.— En octobre 2012, un homme de 69 ans avec un méla-nome multimétastique débutait un traitement oral par vemurafenib960 mg matin et soir. Un mois après le début du traitement, celui-ci a dû être interrompu en raison d’une éruption cutanée de grade2 avec nausées. Le vemurafenib était repris à demi dose 10 jours plustard. Quatre jours après, le patient se présentait aux urgences avecde la fièvre, un exanthème maculeux et pustuleux diffus et une éosi-nophilie modérée. Malgré l’arrêt du vemurafenib et en l’absenced’autres médicaments imputables, les lésions évoluaient vers undécollement cutané couvrant progressivement plus de 90 % de lasurface corporelle, avec des érosions des muqueuses buccale etgénitale. Le patient était admis en réanimation dans le service desbrûlés. La biopsie cutanée montrait un infiltrat dermoépidermiquesuperficiel avec une vasculite lichénoïde et des nécroses kératino-cytaires isolées. Un traitement par corticoïdes IV était mis en place.Une réépithélisation complète était obtenue 15 jours plus tard. Lepatient rentrait à domicile avec une chimiothérapie palliative. Ilest décédé fin février 2013 d’une méningite néoplasique.Discussion.— Le DRESS syndrome est une toxidermie sévère appa-raissant 3 à 6 semaines après le début du médicament inducteur.Dans notre cas, avec un décollement cutané touchant plus de 90 %de la surface corporelle et une atteinte muqueuse nécessitant uneadmission en soins intensifs des grands brûlés, un syndrome de Lyella été d’abord suspecté. Cependant, plusieurs éléments plaident enfaveur d’un DRESS syndrome bulleux sévère : le délai de l’éruptionapparaissant 5 semaines après le début du traitement, le rash initial