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214 Congrès STC 2014 8 Risques sanitaires liés au mercure, à propos d’un cas de contamination domestique P. Boltz , C. Moulut , C. Mouillard , J. Manel Centre antipoison et de toxicovigilance, hôpital Central, 54035 Nancy Cedex, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Manel) Introduction Malgré l’interdiction à la vente des thermomètres médicaux en mars 1999 et une campagne de collecte par les offi- cines, de nombreuses sources de mercure sont encore présentes dans l’habitat (baromètres, thermomètres, fioles), constituant ainsi un risque sanitaire non négligeable. L’inhalation aiguë ou chronique des vapeurs de mercure est le risque principal, souvent méconnu de la population. Observation La contamination de l’habitat d’un couple âgé est rapportée, suite à la dispersion de quelques millilitres de mercure sur un revêtement de sol en sisal, dans une chambre mansar- dée utilisée comme atelier photographique. La métrologie ainsi que la décontamination sont difficiles à mettre en œuvre, mal- gré de multiples contacts avec l’ARS et des sociétés spécialisées privées. Finalement, la métrologie et le retrait du sisal ont lieu dans un délai de 6 mois (facture de plus de 6000 euros partielle- ment aux frais de l’assureur) pour un résultat non satisfaisant. Les taux atmosphériques mesurés diminuent de 0,46 mg/m 3 à 0,035 mg/m 3 . Cette dernière valeur, qualifiée de « normale » par la société de décontamination privée, est toutefois supérieure aux valeurs toxiques de référence en inhalation (ATSDR = 0,0002 mg/m 3 ou IRIS = 0,0003 mg/m 3 ). Une tentative de confirmation des taux résiduels est un échec : l’enregistreur utilisé par une association de surveillance de la qualité de l’air (AIRLOR), trop sensible, sature immédiatement. Cela confirme cependant que le mercure reste pré- sent à des concentrations élevées dans l’ensemble de l’habitat, y compris les pièces de vie. Discussion L’intoxication mercurielle chronique se traduit par une atteinte neurologique débutant par des symptômes aspécifiques (troubles du sommeil et de l’humeur, difficultés mnésiques et de concentration). Les vapeurs de mercure ont aussi un effet sur la reproduction (fertilité et avortements spontanés). Les populations à risque, comme pour d’autres métaux lourds, sont donc les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer. Cette observation souligne la difficulté d’obtenir une métrologie atmosphérique dans le domaine privé et d’organiser une décontami- nation efficace des logements. Plusieurs problématiques se posent : moyens d’action et compétences des organismes publics ou privés, qualité des dosages, choix de mesures correctives efficaces, coût et prise en charge des frais induits. Dans le cas rapporté, il per- siste à domicile un risque d’exposition chronique, notamment lors d’hébergement d’enfants en bas âge ou lors de la revente du bien à un jeune couple. Ce risque peut en outre être totalement ignoré des futurs occupants. Conclusion L’observation proposée illustre un risque non maî- trisé d’exposition méconnue des habitants actuels et futurs. Comme d’autres polluants (plomb, amiante, radon...), le mercure est invisible dans l’habitat. Sous réserve de progrès indis- pensables du cahier des charges et du contrôle qualité des opérateurs, une mesure du taux atmosphérique de mercure pourrait être proposée lors du diagnostic technique immobilier obligatoire. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.011 9 Efficacité partielle de la naloxone dans une intoxication à la rilmenidine chez une fille de 3 ans A. Boulamery 1,2,, J. Olivier 1 , M. Glaizal 1 , C. Schmitt 1 , R. Torrents 1,2 , M. Hayek-Lanthois 1 , L. de Haro 1 , N. Simon 1,2 1 Centre antipoison de Marseille, AP—HM, hôpital Sainte-Marguerite, service de pharmacologie clinique, 13274, Marseille, France 2 Aix-Marseille université, 13284, Marseille, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Boulamery) Introduction La rilmenidine est un antihypertenseur commer- cialisé depuis 1988. Elle agit essentiellement sur les récepteurs I1-imidazolines mais aussi sur les 2 centraux. Observation Nous décrivons le cas d’une fillette de 3 ans, 15 kg, ayant probablement ingéré 2 comprimés de rilmenidine soit 2 mg. Une heure après l’ingestion, dans le service d’accueil des urgences, l’examen neurologique relevait une agitation, une somnolence et un myosis serré peu réactif. Par ailleurs, l’enfant était bradycarde et bradypnéique (FR = 8—10 cycles/min) avec des pauses respiratoires. La perfusion intraveineuse de naloxone proposée par le médecin du CAP sollicité était partiellement efficace. La guérison complète était observée en 24 heures. Entre 2002 et 2014, 99 cas relatifs à la rilmenidine ont été enre- gistrés au CAPTV de Marseille dont 28 concernaient des enfants en moyenne âgés de 1,7 an (1,3—7) et pesant 14 kg (10—22). Dans 26 % des cas pédiatriques, la rilmenidine avait été ingérée à la dose moyenne de 1,25 mg (0,25—6) et dans 65 % des cas aucun signe d’intoxication n’était rapporté. Parmi les 9 patients symptoma- tiques, 5 présentaient, dans les 30 à 60 min suivant l’ingestion, une somnolence dont 3 une bradycardie et 2 une hypotension artérielle. Enfin, chez 2 patients, une symptomatologie « opiacée » associant bradypnée et myosis était observée. Discussion Ce recensement illustre la diversité des manifesta- tions cliniques lors d’une intoxication impliquant la rilmenidine. Le syndrome opiacé, lorsqu’il est présent, pourrait justifier l’utilisation de naloxone. Ces essais thérapeutiques seraient moti- vés par le lien entre les récepteurs 2 centraux et opiacés. Ainsi, plusieurs études, chez l’animal, ont montré, que les effets car- diovasculaires de la clonidine impliquaient la stimulation des récepteurs opiacés. En effet, par son effet 2-agoniste, la clonidine provoque la libération de -endorphine, agoniste opiacé endogène. Néanmoins, l’efficacité de la naloxone, dans les intoxications à la clonidine, est inconstante. Conclusion Hormis le cadre du diagnostic différentiel de l’intoxication vraie aux opiacés, l’intérêt de la naloxone dans le traitement des intoxications à la rilmenidine ou à la clonidine n’est pas scientifiquement établi. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.012 10 Veille sanitaire sur internet et sur les réseaux sociaux—recherche et analyse des effets indésirables médicamenteux rapportés par les patients dans les réseaux sociaux C. Bousquet Service de Santé publique et information médicale, CHU de Saint-Étienne, Hôpital Nord, 42055 Saint-Étienne, France Introduction Les messages des patients dans les forums de discus- sion sur Internet constituent une source potentielle de connaissance sur les effets indésirables susceptibles d’être liés aux médicaments. L’auteur de cette communication est le coordinateur du projet Vigi4MED (Vigilance dans les forums sur les médicaments) qui a

Efficacité partielle de la naloxone dans une intoxication à la rilmenidine chez une fille de 3ans

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Page 1: Efficacité partielle de la naloxone dans une intoxication à la rilmenidine chez une fille de 3ans

214 Congrès STC 2014

8Risques sanitaires liés au mercure, à propos d’uncas de contamination domestiqueP. Boltz , C. Moulut , C. Mouillard , J. Manel ∗Centre antipoison et de toxicovigilance, hôpital Central, 54035Nancy Cedex, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Manel)

Introduction Malgré l’interdiction à la vente des thermomètresmédicaux en mars 1999 et une campagne de collecte par les offi-cines, de nombreuses sources de mercure sont encore présentesdans l’habitat (baromètres, thermomètres, fioles), constituant ainsiun risque sanitaire non négligeable. L’inhalation aiguë ou chroniquedes vapeurs de mercure est le risque principal, souvent méconnu dela population.Observation La contamination de l’habitat d’un couple âgé estrapportée, suite à la dispersion de quelques millilitres de mercuresur un revêtement de sol en sisal, dans une chambre mansar-dée utilisée comme atelier photographique. La métrologie ainsique la décontamination sont difficiles à mettre en œuvre, mal-gré de multiples contacts avec l’ARS et des sociétés spécialiséesprivées. Finalement, la métrologie et le retrait du sisal ont lieudans un délai de 6 mois (facture de plus de 6000 euros partielle-ment aux frais de l’assureur) pour un résultat non satisfaisant.Les taux atmosphériques mesurés diminuent de 0,46 mg/m3 à0,035 mg/m3. Cette dernière valeur, qualifiée de « normale » parla société de décontamination privée, est toutefois supérieure auxvaleurs toxiques de référence en inhalation (ATSDR = 0,0002 mg/m3

ou IRIS = 0,0003 mg/m3). Une tentative de confirmation des tauxrésiduels est un échec : l’enregistreur utilisé par une associationde surveillance de la qualité de l’air (AIRLOR), trop sensible, satureimmédiatement. Cela confirme cependant que le mercure reste pré-sent à des concentrations élevées dans l’ensemble de l’habitat, ycompris les pièces de vie.Discussion L’intoxication mercurielle chronique se traduit parune atteinte neurologique débutant par des symptômes aspécifiques(troubles du sommeil et de l’humeur, difficultés mnésiques et deconcentration). Les vapeurs de mercure ont aussi un effet sur lareproduction (fertilité et avortements spontanés). Les populationsà risque, comme pour d’autres métaux lourds, sont donc les jeunesenfants et les femmes en âge de procréer.Cette observation souligne la difficulté d’obtenir une métrologieatmosphérique dans le domaine privé et d’organiser une décontami-nation efficace des logements. Plusieurs problématiques se posent :moyens d’action et compétences des organismes publics ou privés,qualité des dosages, choix de mesures correctives efficaces, coûtet prise en charge des frais induits. Dans le cas rapporté, il per-siste à domicile un risque d’exposition chronique, notamment lorsd’hébergement d’enfants en bas âge ou lors de la revente du bienà un jeune couple. Ce risque peut en outre être totalement ignorédes futurs occupants.Conclusion L’observation proposée illustre un risque non maî-trisé d’exposition méconnue des habitants actuels et futurs.Comme d’autres polluants (plomb, amiante, radon. . .), le mercureest invisible dans l’habitat. Sous réserve de progrès indis-pensables du cahier des charges et du contrôle qualité desopérateurs, une mesure du taux atmosphérique de mercurepourrait être proposée lors du diagnostic technique immobilierobligatoire.Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.011

9Efficacité partielle de la naloxone dans uneintoxication à la rilmenidine chez une fille de 3 ansA. Boulamery 1,2,∗, J. Olivier 1, M. Glaizal 1, C. Schmitt 1,R. Torrents 1,2, M. Hayek-Lanthois 1, L. de Haro 1, N. Simon 1,2

1 Centre antipoison de Marseille, AP—HM, hôpitalSainte-Marguerite, service de pharmacologie clinique, 13274,Marseille, France2 Aix-Marseille université, 13284, Marseille, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A. Boulamery)

Introduction La rilmenidine est un antihypertenseur commer-cialisé depuis 1988. Elle agit essentiellement sur les récepteursI1-imidazolines mais aussi sur les �2 centraux.Observation Nous décrivons le cas d’une fillette de 3 ans, 15 kg,ayant probablement ingéré 2 comprimés de rilmenidine soit 2 mg.Une heure après l’ingestion, dans le service d’accueil des urgences,l’examen neurologique relevait une agitation, une somnolence et unmyosis serré peu réactif. Par ailleurs, l’enfant était bradycarde etbradypnéique (FR = 8—10 cycles/min) avec des pauses respiratoires.La perfusion intraveineuse de naloxone proposée par le médecindu CAP sollicité était partiellement efficace. La guérison complèteétait observée en 24 heures.Entre 2002 et 2014, 99 cas relatifs à la rilmenidine ont été enre-gistrés au CAPTV de Marseille dont 28 concernaient des enfantsen moyenne âgés de 1,7 an (1,3—7) et pesant 14 kg (10—22). Dans26 % des cas pédiatriques, la rilmenidine avait été ingérée à la dosemoyenne de 1,25 mg (0,25—6) et dans 65 % des cas aucun signed’intoxication n’était rapporté. Parmi les 9 patients symptoma-tiques, 5 présentaient, dans les 30 à 60 min suivant l’ingestion, unesomnolence dont 3 une bradycardie et 2 une hypotension artérielle.Enfin, chez 2 patients, une symptomatologie « opiacée » associantbradypnée et myosis était observée.Discussion Ce recensement illustre la diversité des manifesta-tions cliniques lors d’une intoxication impliquant la rilmenidine.Le syndrome opiacé, lorsqu’il est présent, pourrait justifierl’utilisation de naloxone. Ces essais thérapeutiques seraient moti-vés par le lien entre les récepteurs �2 centraux et opiacés. Ainsi,plusieurs études, chez l’animal, ont montré, que les effets car-diovasculaires de la clonidine impliquaient la stimulation desrécepteurs opiacés. En effet, par son effet �2-agoniste, la clonidineprovoque la libération de �-endorphine, agoniste opiacé endogène.Néanmoins, l’efficacité de la naloxone, dans les intoxications à laclonidine, est inconstante.Conclusion Hormis le cadre du diagnostic différentiel del’intoxication vraie aux opiacés, l’intérêt de la naloxone dans letraitement des intoxications à la rilmenidine ou à la clonidine n’estpas scientifiquement établi.Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.012

10Veille sanitaire sur internet et sur les réseauxsociaux—recherche et analyse des effetsindésirables médicamenteux rapportés par lespatients dans les réseaux sociauxC. BousquetService de Santé publique et information médicale, CHU deSaint-Étienne, Hôpital Nord, 42055 Saint-Étienne, France

Introduction Les messages des patients dans les forums de discus-sion sur Internet constituent une source potentielle de connaissancesur les effets indésirables susceptibles d’être liés aux médicaments.L’auteur de cette communication est le coordinateur du projetVigi4MED (Vigilance dans les forums sur les médicaments) qui a