5
Bambakidis NC, Feiz-Erfan I, Klopfenstein JD, Sonntag VK. Indications for surgical fusion of the cervical and lumbar motion segment. Spine 2005;30:S2–6. Batson OV. The function of the vertebral veins and their role in the spread of metastases. Ann Surg 1940;112:138–49. Delgado-Lopez PD, Martin-Velasco V, Castilla-Diez JM, Ferna ´ ndez-Arconada O, Corrales-Garcı´a EM, Galacho- Harnero A, et al. Metastatic meningioma to the eleventh dorsal vertebral body: total en bloc spondylectomy. Case report and review of the literature. Neurocirugia (Astur) 2006;17:240–9. Frippiat F, Meunier F, Derue G. Place of newer quinolones and rifampicin in the treatment of Gram-positive bone and joint infections. J Antimicrob Chemother 2004;54:1159. Khanna RK, Malik GM, Rock JP, Rosenblum ML. Spinal epidural abscess: evaluation of factors influencing outcome. Neurosurgery 1996;39:958–64. Lee YY, Wen-Wei Hsu R, Huang TJ, Hsueh S, Wang JY. Metastatic meningioma in the sacrum: a case report. Spine 2002;27:E100–3. Onuigbo WI. Paradoxical position of vertebral veins in cancer carriage. Med Hypotheses 1977;3:267–9. Ratanatharathorn V, Powers WE, Steverson N, Han I, Ahmad K, Grimm J. Bone metastasis from cervical cancer. Cancer 1994;73:2372–9. Wiltse LL, Fonseca AS, Amster J, Dimartino P, Ravessoud FA. Relationship of the dura, Hofmann’s ligaments, Batson’s plexus, and a fibrovascular membrane lying on the posterior surface of the vertebral bodies and attaching to the deep layer of the posterior longitudinal ligament. An anatomical, radiologic, and clinical study. Spine 1993;18:1030–43. Yanni DS, LaBagnara M, Saravanan R, Mammis A, Goldstein IM. Transcervical drainage of epidural and retropharyngeal abscess. J Clin Neurosci 2010;17:636–8. J.-F. Kaux a, * J. Lenelle b F. Frippiat c C. Le Goff d V. Bartsch a, J.-M. Crielaard a, D. Dive e, a Service de me ´decine physique et re ´ adaptation, CHU de Lie `ge, universite ´ de Lie `ge, avenue de l’Ho ˆ pital, B35, 4000 Lie `ge, Belgique b Service de neurochirurgie, CHU de Lie `ge, 4000 Lie `ge, Belgique c Service des maladies infectieuses et de me ´decine interne ge ´ne ´rale, CHU Sart-Tilman, 4000 Lie `ge, Belgique d De ´ partement de biologie clinique, CHU de Lie `ge, 4000 Lie `ge, Belgique e Service de neurologie, CHU de Lie `ge, 4000 Lie `ge, Belgique *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.-F. Kaux) Rec ¸u le 6 de ´ cembre 2010 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 21 fe ´ vrier 2011 Accepte ´ le 8 mars 2011 Disponible sur Internet le 15 avril 2011 0035-3787/$ see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. doi:10.1016/j.neurol.2011.03.001 Ence ´ phalite a ` Mycoplasma pneumoniae chez une patiente adulte Adult encephalitis associated with Mycoplasma pneumoniae infection 1. Introduction Mycoplasma pneumoniae (MP) est une bacte ´rie intracellulaire de petite taille et d’identification difficile. Elle est bien connue pour e ˆtre responsable d’infections respiratoires, en particulier des pneumopathies atypiques. Les infections a ` MP survien- nent le plus fre ´ quemment chez les enfants scolarise ´s et les adolescents. L’atteinte neurologique, centrale ou pe ´ riphe ´- rique, en est la manifestation extra-respiratoire la plus fre ´ quente et la plus grave. Nous rapportons le cas d’une jeune patiente adulte ayant pre ´ sente ´ une me ´ ningo-ence ´ phalite lie ´e a ` MP, d’e ´ volution favorable sous antibiothe ´ rapie et corticothe ´ rapie. 2. Observation clinique Une jeune femme de 24 ans a e ´te ´ admise aux urgences fin avril 2009 pour une crise convulsive tonico-clonique inaugurale. Ses ante ´ce ´ dents personnels e ´ taient marque ´s par une anorexie mentale gue ´ rie, un syndrome de ´ pressif et un tabagisme actif. On notait e ´ galement une e ´ pilepsie cryptoge ´ nique chez son pe `re. Elle avait voyage ´ en Re ´ publique dominicaine en janvier 2009. Elle prenait une contraception orale estroprogestative. Elle n’avait pas d’animaux. La patiente avait pre ´ sente ´ une toux se `che pendant le mois pre ´ce ´ dant l’apparition de la crise convulsive. Elle rapportait e ´ galement des troubles de la me ´ moire apparus dans les dix jours pre ´ce ´ dant sa consultation aux urgences, caracte ´rise ´s par une amne ´sie des faits re ´ cents. L’examen neurologique retrouvait initialement un nys- tagmus dans le regard late ´ral droit isole ´. Le scanner ce ´re ´bral sans injection e ´tait normal. Malgre ´ un traitement par valproate de sodium bien conduit, les crises convulsives ont re ´ cidive ´ a ` j5, ce qui a motive ´ une hospitalisation en neurologie a ` j7. La patiente e ´tait alors apyre ´tique, asthe ´ nique, avec des troubles de vigilance, une dysarthrie et un nystagmus multidirectionnel. Il n’y avait pas de de ´ficit sensitivomoteur, les re ´ flexes oste ´ o-tendineux e ´ taient pre ´ sents syme ´ triques, sans signe de Babinski. A ` j22, le cas de la patiente s’est aggrave ´, ne ´ cessitant un transfert en re ´ animation pour e ´tat de mal e ´ pileptique ge ´ne ´ ralise ´. A ` j38, l’examen retrouvait une ataxie ce ´re ´ belleuse, une paralysie faciale centrale droite, une confusion (sans fie ` vre) avec hallucinations visuelles, de ´ sorientation temporospatiale et des troubles mne ´ siques sur les faits re ´ cents. Le bilan neuropsychologique (re ´ alise ´ lorsque le niveau de vigilance a e ´te ´ compatible avec de tels tests) montrait un syndrome dysexe ´ cutif marque ´. Les radiographies pulmonaires e ´ taient normales. L’e ´ lectroence ´ phalogramme (a ` j21) montrait des bouffe ´es d’ondes lentes pseudope ´ riodiques, avec ondes bi- ou tripha- siques et quelques pointes-ondes pre ´ dominant dans les r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 6 3 8 6 4 4 640

Encéphalite à Mycoplasma pneumoniae chez une patiente adulte

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Bambakidis NC, Feiz-Erfan I, Klopfenstein JD, Sonntag VK.Indications for surgical fusion of the cervical and lumbarmotion segment. Spine 2005;30:S2–6.

Batson OV. The function of the vertebral veins and their role inthe spread of metastases. Ann Surg 1940;112:138–49.

Delgado-Lopez PD, Martin-Velasco V, Castilla-Diez JM,Fernandez-Arconada O, Corrales-Garcıa EM, Galacho-Harnero A, et al. Metastatic meningioma to the eleventhdorsal vertebral body: total en bloc spondylectomy. Casereport and review of the literature. Neurocirugia (Astur)2006;17:240–9.

Frippiat F, Meunier F, Derue G. Place of newer quinolones and

Encephalite a Mycoplasma pneumoniae chez unepatiente adulte

Adult encephalitis associated with Mycoplasmapneumoniae infection

1. Introduction

Mycoplasma pneumoniae (MP) est une bacterie intracellulaire de

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 6 3 8 – 6 4 4640

rifampicin in the treatment of Gram-positive bone and joint

Une jeune femme de 24 ans a ete admise aux urgences fin avril

2009 pour une crise convulsive tonico-clonique inaugurale.

Ses antecedents personnels etaient marques par une anorexie

mentale guerie, un syndrome depressif et un tabagisme actif.

On notait egalement une epilepsie cryptogenique chez son

pere. Elle avait voyage en Republique dominicaine en janvier

2009. Elle prenait une contraception orale estroprogestative.

Elle n’avait pas d’animaux.

La patiente avait presente une toux seche pendant le mois

precedant l’apparition de la crise convulsive. Elle rapportait

egalement des troubles de la memoire apparus dans les dix

jours precedant sa consultation aux urgences, caracterises par

une amnesie des faits recents.

L’examen neurologique retrouvait initialement un nys-

tagmus dans le regard lateral droit isole. Le scanner cerebral

sans injection etait normal. Malgre un traitement par

valproate de sodium bien conduit, les crises convulsives

ont recidive a j5, ce qui a motive une hospitalisation

en neurologie a j7. La patiente etait alors apyretique,

asthenique, avec des troubles de vigilance, une dysarthrie

et un nystagmus multidirectionnel. Il n’y avait pas de deficit

sensitivomoteur, les reflexes osteo-tendineux etaient presents

symetriques, sans signe de Babinski. A j22, le cas de la patiente

s’est aggrave, necessitant un transfert en reanimation pour

etat de mal epileptique generalise. A j38, l’examen retrouvait

une ataxie cerebelleuse, une paralysie faciale centrale droite,

une confusion (sans fievre) avec hallucinations visuelles,

desorientation temporospatiale et des troubles mnesiques sur

les faits recents. Le bilan neuropsychologique (realise lorsque

le niveau de vigilance a ete compatible avec de tels tests)

montrait un syndrome dysexecutif marque. Les radiographies

pulmonaires etaient normales.

infections. J Antimicrob Chemother 2004;54:1159.Khanna RK, Malik GM, Rock JP, Rosenblum ML. Spinal epidural

abscess: evaluation of factors influencing outcome.Neurosurgery 1996;39:958–64.

Lee YY, Wen-Wei Hsu R, Huang TJ, Hsueh S, Wang JY.Metastatic meningioma in the sacrum: a case report. Spine2002;27:E100–3.

Onuigbo WI. Paradoxical position of vertebral veins in cancercarriage. Med Hypotheses 1977;3:267–9.

Ratanatharathorn V, Powers WE, Steverson N, Han I, Ahmad K,Grimm J. Bone metastasis from cervical cancer. Cancer1994;73:2372–9.

Wiltse LL, Fonseca AS, Amster J, Dimartino P, Ravessoud FA.Relationship of the dura, Hofmann’s ligaments, Batson’splexus, and a fibrovascular membrane lying on the posteriorsurface of the vertebral bodies and attaching to the deeplayer of the posterior longitudinal ligament. An anatomical,radiologic, and clinical study. Spine 1993;18:1030–43.

Yanni DS, LaBagnara M, Saravanan R, Mammis A, Goldstein IM.Transcervical drainage of epidural and retropharyngealabscess. J Clin Neurosci 2010;17:636–8.

J.-F. Kauxa,*

J. Lenelleb

F. Frippiatc

C. Le Goffd

V. Bartscha,

J.-M. Crielaarda,

D. Divee,

aService de medecine physique et readaptation,

CHU de Liege, universite de Liege, avenue de l’Hopital,

B35, 4000 Liege, BelgiquebService de neurochirurgie, CHU de Liege, 4000 Liege, Belgique

cService des maladies infectieuses et de medecine interne generale,

CHU Sart-Tilman, 4000 Liege, BelgiquedDepartement de biologie clinique, CHU de Liege, 4000 Liege, Belgique

eService de neurologie, CHU de Liege, 4000 Liege, Belgique

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected]

(J.-F. Kaux)

Recu le 6 decembre 2010

Recu sous la forme revisee le 21 fevrier 2011

Accepte le 8 mars 2011

Disponible sur Internet le 15 avril 2011

0035-3787/$ – see front matter

# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

doi:10.1016/j.neurol.2011.03.001

petite taille et d’identification difficile. Elle est bien connue

pour etre responsable d’infections respiratoires, en particulier

des pneumopathies atypiques. Les infections a MP survien-

nent le plus frequemment chez les enfants scolarises et les

adolescents. L’atteinte neurologique, centrale ou periphe-

rique, en est la manifestation extra-respiratoire la plus

frequente et la plus grave.

Nous rapportons le cas d’une jeune patiente adulte ayant

presente une meningo-encephalite liee a MP, d’evolution

favorable sous antibiotherapie et corticotherapie.

2. Observation clinique

L’electroencephalogramme (a j21) montrait des bouffees

d’ondes lentes pseudoperiodiques, avec ondes bi- ou tripha-

siques et quelques pointes-ondes predominant dans les

regions anterieures. La ponction lombaire (PL), realisee a j7, a

revele une meningite lymphocytaire : liquide clair, 77 globules

blancs (98 % de lymphocytes et 2 % de macrophages), trois

globules rouges, hyperproteinorachie a 0,84 g/L, glycorachie

normale a 0,53 g/L, liquide sterile a l’examen direct et en

culture. L’Imagerie par resonance magnetique (IRM) cerebrale

etait normale a trois reprises (j7, j10, j21), eliminant les

diagnostics de thrombose veineuse cerebrale et d’encephalo-

myelite aigue disseminee (ADEM) (Fig. 1 et 2). De meme, la

normalite de l’imagerie cerebrale etait peu en faveur d’une

encephalite limbique. Le bilan biologique standard (iono-

gramme sanguin, numeration formule sanguine, bilan hepa-

Fig. 1 – IRM cerebrale T2-Flair, coupe transversale passant

par les lobes temporaux internes : normale.

T2-Flair-weighted brain MRI: axial internal temporal image:

normal.

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 6 3 8 – 6 4 4 641

Fig. 2 – IRM cerebrale T1 avec injection de gadolinium,

coupe transversale passant par les lobes temporaux

internes : normale.

T1-weighted brain MRI with gadolinium perfusion: axial

internal temporal image: normal.

tique, calcemie, TSH, CRP, ammoniemie) etait egalement

normal. Un traitement antibiotique et antiviral probabiliste a

ete debute a j7 par acyclovir (dans l’hypothese d’une meningo-

encephalite herpetique), amoxicilline (dans l’hypothese d’une

meningo-encephalite a Listeria monocytogenes) et ofloxacine

(dans l’hypothese d’une meningo-encephalite a MP ou

Chlamydia pneumoniae, etant donnee la notion d’une toux

seche).

De nombreux prelevements a la recherche d’une etiologie

infectieuse ont ete realises dans le sang et le liquide

cephalorachidien (LCR). Sur la premiere PL realisee avant la

mise en route des anti-infectieux, la serologie Varicelle-Zona-

Virus (VZV) et les PCR Herpes Simplex Virus (HSV), Cytome-

galovirus (CMV) et Enterovirus etaient negatives ; la serologie

de la rougeole etait positive en immunoglobulines G (IgG),

negative en immunoglobulines M (IgM), temoignant d’une

cicatrice serologique. Sur la deuxieme PL realisee trois jours

apres le debut du traitement (a j10) (meme analyse cyto-

chimique que la premiere PL), les PCR tuberculose et HSV

etaient negatives, ainsi que la PCR MP (non-realisee sur la

premiere PL). D’autres recherches ont ete effectuees sur une

troisieme PL (15 jours apres le debut du traitement, devant

l’absence d’amelioration clinique) : PCR VZV, tuberculose, HSV

1 et 2, Enterovirus, Adenovirus, Human Herpes Virus 6,

Whipple, Ehrlichia, WestNile, Toscana, CMV, Virus JC, Pare-

chovirus et MP negatives ; recherches de Listeria et d’antigenes

de cryptococcus neoformans negatives et coloration a l’encre

de Chine negative. L’examen histologique du LCR n’a pas

retrouve de cellules anormales.

La positivite de la serologie de MP en IgM (taux d’anticorps

IgG + IgM positif au 1/640e a j7, avec recherche specifique d’IgM

positive par technique Elisa) etait en faveur d’une primo-

infection a MP. Les autres serologies etaient negatives (HIV 1 et

2, Hepatite C, Coxiella Burnetti, Rickettsia, VZV, Picornavirus,

Bordetella pertussis, HSV, Enterovirus, Chlamydia, Bartonella,

Rubeole, oreillons, WestNile, Toscana, syphilis) ou temoi-

gnaient d’une infection ancienne par leur positivite en IgG

sans IgM (CMV, Rougeole, Epstein-Barr Virus) ou d’une

vaccination (Hepatite B). Les PCR Adenovirus, Influenza A et

B, Parainfluenza, et la recherche d’antigenes de Cryptococcus

neoformans et de CMV dans le serum etaient negatives. Les

recherches a visee auto-immune ont egalement ete negatives

(anticorps anti-nucleaires, anti-cardiolipides, anti-recepteurs

TSH) ; les taux des vitamines B1, B6, B9 et B12 etaient dans les

normes.

Etant donnes le contexte clinique de toux precedant des

signes d’encephalite associes a un syndrome cerebelleux et la

positivite de la serologie MP en IgM, le diagnostic retenu a ete

celui de meningo-encephalite a MP, malgre la negativite de la

PCR MP dans le LCR. Le traitement par ofloxacine a ete

poursuivi pendant trois semaines, associe a une corticothe-

rapie debutee a 2 mg/kg, puis a doses rapidement degressives.

Un mois et demi apres le debut des troubles, la patiente a

ete admise en centre de reeducation et readaptation fonc-

tionnelle, ou l’evolution a ete lentement favorable. La patiente

a ete revue en consultation de neurologie en octobre 2009, soit

environ six mois apres le debut des sympto mes : l’examen

etait normal, avec un Mini-Mental State Examination a 29/30

(perte d’un point concernant l’etage dans l’item « orientation

spatiale »). Le bilan neuropsychologique etait normal.

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 6 3 8 – 6 4 4642

Bien que certains sympto mes initiaux (troubles de vigi-

lance, convulsions et troubles mnesiques) aient pu etre en

faveur d’une encephalite limbique, la chronologie des symp-

to mes cliniques (toux seche precedant les signes d’encepha-

lite), l’atteinte cerebelleuse, la normalite de l’IRM cerebrale, la

positivite de la serologie MP en IgM temoignant d’une primo-

infection a MP et la guerison persistante plusieurs mois apres

l’episode neurologique avaient permis d’ecarter ce diagnostic ;

les anticorps anti-neuronaux, anti-NMDAR et anti-VGKC n’ont

ainsi pas ete realises.

3. Discussion

L’atteinte neurologique est la manifestation extra-respiratoire

la plus frequente et la plus grave de l’infection a MP. Plusieurs

etudes ont montre que 1 a 10 % des patients necessitant une

hospitalisation pour une infection a MP avaient des mani-

festations neurologiques associees (Tsiodras et al., 2005, 2006).

L’incidence des complications neurologiques de MP serait

cependant beaucoup plus faible en population generale (0,01 %

des patients infectes par MP dans une large serie de patients

finlandais, selon Sican et al. (2001), les premieres etudes ne

prenant en compte que les patients hospitalises avec un

tableau respiratoire severe.

Les manifestations neurologiques peuvent concerner aussi

bien le systeme nerveux central que peripherique. La principale

atteinte neurologique centrale de MP est l’encephalite ou

meningo-encephalite (Tsiodras et al., 2005 ; Watanabe et al.,

2007). La caracteristique majeure de l’encephalite a MP est la

presence d’une ataxie, comme c’est le cas chez notre patiente,

temoignant d’une atteinte cerebelleuse frequente, et donc d’un

tropisme cerebelleux pour cette bacterie de petite taille et

intracellulaire (Tsiodras et al., 2005). Les autres signes cliniques

sont classiques d’une encephalite : crises convulsives, ence-

phalopathie, signes neurologiques focaux, signes meninges.

D’apres les recentes etudes prospectives recensant les causes

d’encephalites aigues infectieuses, MP en reste une cause

exceptionnelle (Christie et al., 2007 ; Glaser et al., 2006 ; Granerod

et al., 2010 ; Mailles et Stahl, 2009). Des hemorragies intracere-

brales en rapport avec une leucoencephalopathie a MP sont

egalement decrites (Pfausler et al., 2002). Les autres manifesta-

tions neurologiques (Tsiodras et al., 2005), moins frequentes,

sont les myelites aigues transverses (Abele-Horn et al., 1998 ;

Dallot et al., 2005 ; Tsiodras et al., 2006), les infarctus cerebraux

(Padovan et al., 2001 ; Sotgiu et al., 2003), les encephalomyelites

aigues disseminees (ADEM) (Riedel et al., 2001 ; Sotgiu et al.,

2003 ; Stamm et al., 2008), les nevrites optiques uni- ou

bilaterales (Ginestal et al., 2004 ; Sagui et al., 2007), les

meningoradiculites et les polyradiculonevrites aigues de type

Guillain-Basrre (Pfausler et al., 2002 ; Ginestal et al., 2004).

Les manifestations neurologiques de MP peuvent etre

isolees ou associees a des sympto mes respiratoires precessifs

(Tsiodras et al., 2005). Le delai median entre sympto mes

respiratoires et sympto mes neurologiques est de deux

semaines (de trois jours a quatre semaines selon les

etudes : Gucuyener et al., 2000 ; Sotgiu et al., 2003 ; Sagui

et al., 2007) : on constate les memes delais chez notre patiente

qui avait presente une toux seche dans le mois precedant le

debut des troubles neurologiques.

Les manifestations neurologiques de MP, et en particulier

l’encephalite, sont beaucoup plus frequentes chez les enfants

entre cinq et dix ans, deja vaccines contre les principaux

autres germes responsables d’encephalite ; mais tous les ages

peuvent etre atteints (Bitnun et al., 2001 ; Tsiodras et al., 2005 ;

Yis et al., 2008). Les infections a MP sont repandues et severes

chez les enfants dans les pays en voie de developpement

(Bitnun et al., 2001) et sont considerees comme l’une des

principales etiologies des encephalites pediatriques d’Europe

et d’Amerique du Nord (Domenech et al., 2009). En outre, selon

une etude californienne, 76 % des patients porteurs d’une

encephalite a MP etaient ages de moins de 18 ans (Christie

et al., 2007). Il est donc assez rare de contracter une

encephalite a MP apres l’a ge de 18 ans. Il faut cependant ne

pas oublier que ce diagnostic est possible a l’age adulte,

comme en temoigne le cas clinique que nous presentons.

La physiopathologie de l’atteinte neurologique, en parti-

culier du systeme nerveux central, n’est pas completement

elucidee. Plusieurs theories se discutent (Gucuyener et al.,

2000 ; Tsiodras et al., 2005) :

� l’envahissement direct du parenchyme cerebral par MP, a

travers la lame criblee du nerf olfactif (Bencina et al., 2000),

apres avoir colonise l’oropharynx, entraınant la liberation

de cytokines pro-inflammatoires, pourrait expliquer la

survenue d’encephalite de debut precoce apres les signes

pulmonaires ;

� une reaction immunitaire mediee par les complexes

immuns circulants, qui s’appuie sur un phenomene de

mimetisme moleculaire, pourrait, quant a elle, expliquer la

survenue d’encephalite tardivement apres les sympto mes

respiratoires (Stamm et al., 2008) ;

� un etat d’hypercoagulabilite et la presence de lesions de

vascularite cerebrale ont ete avances pour expliquer les cas

d’infarctus cerebraux lies a MP ;

� certaines especes de MP pourraient liberer, in vitro, des

neurotoxines ;

� enfin, il pourrait exister une susceptibilite genetique

individuelle a developper une infection du systeme nerveux

central a MP (Dallot et al., 2005).

La clinique des atteintes neurologiques a MP etant

aspecifique, le diagnostic repose sur l’identification de MP

dans le sang et/ou le LCR. La serologie est plus sensible que la

culture pour le diagnostic de primo-infection a MP, et semble

avoir la me me sensibilite que la Polymerase Chain Reaction

(PCR) (Tsiodras et al., 2005). Les IgM anti-MP apparaissent

quelques jours apres le debut de l’infection et sont detectes

par la serologie sept a dix jours apres le debut de la maladie, et

les IgG deux a trois semaines apres. La presence d’IgM

specifiques anti-MP et/ou la seroconversion (augmentation

du titre d’anticorps sur deux serologies consecutives a trois

semaines d’intervalle) signent l’infection aigue a MP (Tsio-

dras et al., 2005). La PCR a la recherche de MP dans le LCR est

l’examen le plus fiable (Nicolson et al., 1998 ; Tsiodras et al.,

2005), mais sa negativite n’elimine cependant pas le diagnos-

tic d’encephalite a MP (Sagui et al., 2007). Afin d’optimiser sa

sensibilite et sa specificite, elle doit e tre realisee a un stade

precoce de la maladie, avant toute antibiotherapie (Abele-

Horn et al., 1998). La culture est inutile, car difficile a realiser et

beaucoup moins sensible que la PCR (Tsiodras et al., 2005).

Dans le cas clinique presente, la presence d’IgM specifiques

de MP est un argument supplementaire en faveur du

diagnostic de meningo-encephalite a MP, malgre l’absence

de positivite de la PCR dans le LCR, celle-ci ayant ete realisee

quelques jours apres la mise en route de l’antibiotherapie. Le

diagnostic est conforte par l’efficacite du traitement anti-

biotique cible contre MP.

D’autres examens complementaires de routine doivent

etre realises pour confirmer le diagnostic d’atteinte du

systeme nerveux central et pouvoir eliminer les diagnostics

differentiels. En cas d’encephalite, la ponction lombaire avec

etude du LCR montre une meningite lymphocytaire et l’IRM

cerebrale peut mettre en evidence un œdeme cerebral diffus

ou etre normale, comme c’est le cas chez notre patiente a

plusieurs reprises (Tsiodras et al., 2005). L’IRM cerebrale

permet egalement d’apporter des arguments contre les

diagnostics differentiels tels que l’ADEM, l’encephalite lim-

bique (Dalmau et al., 2011) ou la thrombophlebite cerebrale.

L’IRM medullaire est plus parlante, souvent anormale, dans les

cas de myelite transverse (Tsiodras et al., 2006).

L’encephalite a MP est une maladie grave : on estime, selon

les etudes, qu’environ 30 % des patients necessitent une

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 6 3 8 – 6 4 4 643

hospitalisation en reanimation, et son taux de mortalite varie

entre 5 et 10 % des patients selon les etudes (Gucuyener et al.,

2000 ; Tsiodras et al., 2005). Les sequelles neurologiques sont

frequentes (environ 50 a 60 % des patients ayant une

encephalite a MP documentee) (Gucuyener et al., 2000 ; Bitnun

et al., 2001 ; Tsiodras et al., 2005) : retard psychomoteur, deficit

cognitif, mouvements anormaux (choreoathetose), epilepsie,

hydrocephalie, ataxie cerebelleuse et deficit neurologique focal

essentiellement.

Le traitement antibiotique contre MP mis en place pre-

cocement est le meilleur moyen pour eviter les sequelles,

comme le montre notre observation. Le traitement antibiotique

fait appel a une monotherapie par fluoroquinolone, tetracycline

ou macrolide, tous actifs sur les germes intracellulaires, a

laquelle les auteurs associent une corticotherapie a visee

immunosuppressive, sous-tendue par les mecanismes physio-

pathologiques evoques (Abele-Horn et al., 1998 ; Nicolson et al.,

1998 ; Tsiodras et al., 2005 ; Sagui et al., 2007). Cependant, ces

antibiotiques ne traversant que tres mediocrement la barriere

hemato-encephalique (Tsiodras et al., 2005) (10 a 26 % pour les

tetracyclines, selon Sican et al. (2001) et leur efficacite est parfois

aleatoire. Enfin, des immunoglobulines intraveineuses sont

utilisees en cas d’ADEM ou de polyradiculonevrite aigue (Riedel

et al., 2001 ; Sotgiu et al., 2003), en association avec une

antibiotherapie specifique. Il n’existe aucun consensus quant a

la posologie et la duree de l’antibiotherapie (trois a quatre

semaines ?) (Tsiodras et al., 2006 ; Sagui et al., 2007).

En conclusion, l’infection a MP doit etre evoquee pre-

cocement devant toute encephalite, chez des patients adultes,

en presence ou en l’absence de sympto mes respiratoires

precessifs, meme anciens (jusqu’a un delai de quatre

semaines environ), et notamment s’il existe une ataxie

cerebelleuse associee. Il s’agit d’une urgence diagnostique et

therapeutique. Ni la normalite de l’IRM cerebrale, ni la

negativite de la PCR MP dans le LCR n’eliminent le diagnostic.

Les examens complementaires a la recherche de MP doivent

etre precoces et realises avant toute antibiotherapie, dans le

sang et LCR. Le traitement antibiotique bien conduit associe a

une corticotherapie peut permettre d’eviter les sequelles

neurologiques et neuropsychologiques.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en

relation avec cet article.

r e f e r e n c e s

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A. Jacquin*

M. Caillier-Minier

S. Brechard

F. Contegal

P. Vion

D. Minier

Service de neurologie, centre hospitalier William-Morey,

7, quai de L’Hopital, BP 120, 71321

Chalon-sur-Saone, France

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (A. Jacquin)

Recu le 22 decembre 2010

Recu sous la forme revisee le 18 janvier 2011

Accepte le 2 fevrier 2011

Disponible sur Internet le 22 avril 2011

0035-3787/$ – see front matter

# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

doi:10.1016/j.neurol.2011.02.040