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1 I. Enron : Présentation factuelle et historique de l’affaire. 1. le contexte. La société Enron est née en 1985 de la fusion entre Houston Natural Gas et Internorth sous l’influence de Kenneth Lay qui prendra ensuite la direction de l’entreprise. Très vite cette société a diversifié ses activités pour que l’activité initiale d’opérateur de gazoduc devienne marginale. En effet, dès 1989, poussé par les lois fédérales sur la déréglementation, Kenneth Lay décide de transformer le producteur et transporteur de gaz Enron en une société de négoce en énergie. Jusque en 1990, date d’entré de Andrew Fastow, Enron connaissait une croissance régulière et équilibré supporté par des investissement modérés. Le premier investissement de grande ampleur, la construction d’une centrale en Inde en 1993, déjà était controversé. L’activité de trading en électricité s’est généralisée pour devenir l’activité principale en 1994. C’est en 1997 qu’Enron se lance dans un cycle sans fin d’investissements massifs. On retiendra par exemple l’achat de Portland General Electric pour 32 milliards de $(07/97), la constitution d’Azurix pour gérer les nombreux investissement de la compagnie à l’étranger (07/98). C’est aussi à partir de cette date là qu’Enron s’implante sur le marché des produits dérivés, notamment grâce au concept de « dérivé météorologiques » (censés protéger les entreprises des risques dus aux aléas climatiques. La société s’est impliquée toujours davantage dans le négoce. Du papier aux fibres optiques, sans oublier les câbles, la bande passante, le bois… de nombreux domaines sont couvert, souvent sans rapport avec l’énergie qui constitue pourtant l’activité d’origine . Supportée par la croissance de la fin du 20 ème siècle du à l’essor des nouvelles technologies, Enron à connu une évolution positive. La société semble se porter pour le mieux : élevée au rang « d’investment grade » Enron a vu son chiffre d’affaire dépasser les 100 milliards de dollars en 2000 et le cours de ces action dépasser les 90$. Tous les chiffres de la société pour l’année 2000 sont ceux d’une société de haut rang. Chiffres d’affaires 180 milliards de $ Actif 47,3 milliards de $ Production d’électricité E.U 7050 Mw Production d’électricité R-U 2800 Mw Réseau de gazoducs 49 000 Km Réseau de fibre optique 25 000 Km Effectifs 21 000 dans 40 pays Enron a d’ailleurs été classée comme la 7 ème socié té aux Etats-Unis. 2. Le début de la crise, révélation du scandale. Août 2000 : Premier avertissement : La crise californienne concerne Enron. Aussi des problèmes avec la filiale holding Azurix apparaissent et le cours de l'action de la holding (garanti par la maison mère) s'en ressent passant de 19 à 5 $. Usant de sa force de persuasion, Kenneth K. Lay redonne confiance aux analystes du marché et aux média. Kenneth Lay est élu manager de l'année aux Etats-Unis.

Enron : Présentation factuelle et historique de l’affaire

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Présentation factuelle et historique de l’affaire de Enron.

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    I. Enron : Prsentation factuelle et historique de laffaire.

    1. le contexte.

    La socit Enron est ne en 1985 de la fusion entre Houston Natural Gas et Internorth sous linfluence de Kenneth Lay qui prendra ensuite la direction de lentreprise. Trs vite cette socit a diversifi ses activits pour que lactivit initiale doprateur de gazoduc devienne marginale . En effet, ds 1989, pouss par les lois fdrales sur la drglementation, Kenneth Lay dcide de transformer le producteur et transporteur de gaz Enron en une socit de ngoce en nergie. Jusque en 1990, date dentr de Andrew Fastow, Enron connaissait une croissance rgulire et quilibr support par des investissement modrs. Le premier investissement de grande ampleur, la construction dune centrale en Inde en 1993, dj tait controvers. Lactivit de trading en lectricit sest gnralise pour devenir lactivit principale en 1994. Cest en 1997 quEnron se lance dans un cycle sans fin dinvestissements massifs. On retiendra par exemple lachat de Portland General Electric pour 32 milliards de $(07/97), la constitution dAzurix pour grer les nombreux investissement de la compagnie ltranger (07/98). Cest aussi partir de cette date l quEnron simplante sur le march des produits drivs, notamment grce au concept de driv mtorologiques (censs protger les entreprises des risques dus aux alas climatiques. La socit sest implique toujours davantage dans le ngoce. Du papier aux fibres optiques, sans oublier les cbles, la bande passante, le bois de nombreux domaines sont couvert, souvent sans rapport avec lnergie qui constitue pourtant lactivit dorigine.

    Supporte par la croissance de la fin du 20me sicle du lessor des nouvelles technologies, Enron connu une volution positive.

    La socit semble se porter pour le mieux : leve au rang dinvestment grade Enron a vu son chiffre daffaire dpasser les 100 milliards de dollars en 2000 et le cours de ces action dpasser les 90$. Tous les chiffres de la socit pour lanne 2000 sont ceux dune socit de haut rang.

    Chiffres daffaires 180 milliards de $ Actif 47,3 milliards de $ Production dlectricit E.U 7050 Mw Production dlectricit R-U 2800 Mw Rseau de gazoducs 49 000 Km Rseau de fibre optique 25 000 Km Effectifs 21 000 dans 40 pays

    Enron a dailleur s t classe comme la 7me socit

    aux Etats-Unis.

    2. Le dbut de la crise, rvlation du scandale.

    Aot 2000 : Premier avertissement : La crise californienne concerne Enron. Aussi des problmes avec la filiale holding Azurix apparaissent et le cours de l'action de la holding (garanti par la maison mre) s'en ressent passant de 19 5 $. Usant de sa force de persuasion, Kenneth K. Lay redonne confiance aux analystes du march et aux mdia. Kenneth Lay est lu manager de l'anne aux Etats-Unis.

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    En janvier 2001, les dirigeants dEnron savent que les pertes enregistres par la socit s'lvent 600 millions de dollars. Wall Street s'inquite passagrement ; l'action baisse 50 $. Pour rassurer les milieux financiers, Kenneth Lay confie la direction de l'entreprise son adjoint Jeffrey K.Skilling. Ces derniers vendent en masse leurs actions. J.K. Skilling empoche par exemple 17,5 millions de dollars, Kenneth Lay 34 millions. Les salaris ne peuvent raliser leurs stock-options bloques qui se dvaluent tout comme la valeur de leur fonds de pension, constitus sur recommandation de la direction d'Enron, plus de 60% d'actions de l'entreprise.

    Malgr ces ventes massives de la part des dirigeants, les invitations au personnel investir dans la socit persistent jusquen octobre 2001 ; date laquelle les pertes sont pour la premire fois officiellement annonces. La force de persuasion de Kenneth Lay est dsormais impuissante rassurer lopinion. Le mois suivant, la SEC lance une enqute. Une srie dvnements prpare ensuite la fin dEnron. : Dynergie retire sa proposition

    de rachat de lentreprise, laction Enron, qui constituait une valeur sure est abaisse au rang de junk bond et perd en quelque semaine toute valeur pour tomber sous le seuil de 1$. Enron se place alors sous le rgime de protection du droit des faillites amricain.

    3. les consquences de laffaire

    Pour le personnel Ds le 2 dcembre, Enron annonce le licenciement de

    8000 employs dont 4000 hors des Etats-Unis. Suite la faillite, tous perdront leur emploi. Mais au-del de leur emploi, ces employs ont perdu leur droit la retraite puisque le fonds de pension charg de la gestion de leurs cotisations avait investit la majeure partie du capital dans des actions Enron.

    Pour les actionnaires

    Les actionnaires ayant investit leur pargne dans les actions Enron ont vu leur capital fondre et disparatre sans quil ny puisse rien faire. Entre autres, de nombreux employs dEnron sont dans cette situation (plaant leur pargne dans Enron sur les recommandations de la direction) mais aussi des tats tel la Floride (perte de 325 M$) ou la Californie (Perte de 200 M$) travers les fonds de pensions.

    Les cranciers dEnron perdent les emprunts quEnron avait contract auprs eux et ne seront jamais rembourss. Pour eux, les 618 m$ de dette partent en fume. De nombreuses banques sont concernes, aussi bien aux Etats-Unis quen Europe.

    Pour les fournisseurs et sous-traitants il sagit dune perte dactivit. Toutes les entreprises qui

    travaillaient pour Enron, perde au moins court terme leur march. Donc au-del des licenciements directs dEnron, il faudrait ajouter de nombreux licenciements indirects.

    Pour le management et laudit ces professions sont dcrdites.

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    Ainsi, nombreuses sont les personne ont perdu quelque chose dans cette affaire. Mais au-del des personnes lses cest le modle capitaliste drglement tel quEnron et ses dirigeants lont encourag qui est remis en cause.

    Cela implique donc aussi tous ceux qui ont mis en place soutenu ou appliqu ce modle. Dans ces conditions il semble difficile de rendre quelques personnes responsables dune telle affaire.

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    II. Le difficile partage des responsabilits :

    1. Les dirigeants dEnroncoupables mais pas responsables ! On saperoit que la stratgie de forte expansion choisie par les dirigeants dEnron explique en

    grande partie la dgradation de la situation dEnron. En effet, les investissements dmesurs de la compagnie visaient tendre lactivit dEnron non seulement toute les nergie, mais aussi un grand nombre de produits financiers. Doit-on condamner les responsables dEnron pour lapplication de cette stratgie ?

    - Il convient de rappeler que les actionnaires jugent les performances de lquipe dirigeante sur les rsultats quelle est capable de faire produire lentreprise. Lexpansion est considre comme une preuve de la bonne sant dune entreprise. Cest cette stratgie a valu Kenneth Lay la distinction de meilleur dirigeant des Etats-Unis. Cette stratgie a donc t mise en place sous la pression des actionnaires (ou tout au moins avec leur consentement) au sens o elle a permis de produire, au moins temporairement les rsultats quils attendaient (hausse du chiffre daffaire, des actifs). - Le systme de rmunration par stock-option est lui aussi responsable car il incite les dirigeants gonfler le cours de laction - Le systme ducatif peut galement tre mis en cause et constituer pour les dirigeants une circonstance attnuante : dans la formation des managers amricains, tout prdispose au choix de telles stratgies. - La conjoncture rends lapplication de ces stratgies risques possibles : leuphorie des marchs et les bnfices consquents sur les placements qui en rsultent, la facilite de leve des capitaux permettent et mme incitent lachat dentreprises peu rentables un cot disproportionn. Cependant on peut tout de mme inculper les dirigeant pour leur raction face lvolution de la situation, pour les dissimulations desquelles ils ont eu linitiative. Mais dans ce domaine, on saperoit quils ont eu dautres soutiens.

    2. Le soutien des politiques

    On critique souvent les relations quils existent entre le monde politique et le monde conomique et financier. Cette critique se trouve tre particulirement adapte au cas Enron. Le modle de dveloppement pens par Kenneth Lay dpend de lavance de la drglementation en matire de politique nergtique. Enron a su contourner les obstacles son expansion en acclrant le processus de drglementation grce aux nombreux appuis de K. Lay dans le monde politique. Dailleurs K

    Lay est issu du monde politique puisque avant de prendre la direction dEnron, il tait secrtaire l'nergie sous Ronald Reagan. G.W. Bush, Dick Cheney, Franck Wisner (ambassadeur des USA en Indes), Bill Clinton, John Wakeman (conservateur britannique) la liste des politiques ayant bnfici des largesses dEnron en change de tel ou tel service est longue, tant aux Etats-Unis qu ltranger.

    3. La machinerie des systmes comptables et financiers

    Une telle affaire naurait pas t possible sans le concours dun bon nombre de personnes du monde de la comptabilit, de la finance et du rating. Comment la vrit aurait-elle pu tre aussi bien dissimule pendant si longtemps ?

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    Le premier accus dans cette catgorie est Arthur Andersen, le cabinet daudit charg de la rvision des comptes dEnron. Ils ont aid les dirigeant dissimuler les pertes dans la comptabilit et dtruire les preuves susceptibles dtre gnantes. Le systme compliqu visant reporter les dettes dEnron sur dautre socits non consolides dans le bilan de lentreprise (SPE) na pu tre tablit quavec laide de professionnel de la finance, capables de trouver une solution et de maquiller les oprations quelles ncessitent. Pour Arthur Andersen, on voque un conflit dintrts puisque le cabinet tait la fois auditeur et conseiller de lentreprise. Cependant ce nest pas la seule raison.

    De nombreuses banques daffaires ont facilit la ralisation des oprations douteuses dEnron.

    Comment pouvait elle ragir, sans rvler un scandale pesant sur lensemble du monde bancaire et sans renoncer aux millions de dollars de commissions quelles ralisaient ?

    Les agences de rating, les analyste financier ont eux aussi leur part de responsabilit. Devant la complexit et lopacit des comptes dEnron, il ont limit leur contrle sur la socit au lieu de le renforcer jugeant que la rputation et les rsultats dont jouissait Enron taient preuve suffisante de la solidit de lentreprise. La encore les relations haut places de Kenneth Lay et les largesses dEnron ont facilit la dissimulation. On peut par exemple citer Louis Gagliardi, analyste chez John S. Herold Inc., et dont les propos ont t publis par le Washington Post : Ctait si compliqu que tout le monde avait peur de lever

    la main et de dire je ne comprends pas. Les auditeurs avaient cru bon dmettre une opinion positive sur les procdures de contrle, le comit daudit tait prsid par Robert Jaedicke, un ancien doyen de la prestigieuse Business School de Stanford, auteur de plusieurs livres de comptabilit, et comprenait dautres personnalits minentes de la banque, des affaires et des marchs terme .

    le durcissement de du contexte conomique est galement voqu pour justifier la dissimulation des pertes qui sont considres comme temporaires, et qui ne ncessite par consquent pas dalarmer les actionnaire. Cependant la baisse de la rentabilit est un problme structurel quil fau rsoudre, et non dissimuler (mme provisoirement) sous des pratiques irresponsables

    4. Comment les empcher de nuire nouveau ?

    Le dfi consiste donc non pas identifier quelques responsables mais bien rendre impossible les

    concertations entre les dirigeants dentreprise, les rgulateurs du monde financier et les politiques lorigine de cette faillite. Il y a aussi un autre dfi relever, celui pour tous ces secteurs de retrouver la confiance des actionnaires, et du publique , fortement mise mal par cette affaire. Bien que les politiques

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    se soient retirs avec une discrtion tonnante avant que laffaire ne prenne de lampleur, ceux-ci ont tout de mme t clabousss par laffaire. Pour regagner la confiance peut tre devrait il rviser les mesures de drglementation htives quil ont pris sous linfluence des avantages offerts par de nombreuses compagnies. Cependant le retour sur ces mesures correspond galement une mise en cause du modle capitaliste libral que les Etats-Unis sattachent mettre en place depuis le dbut des annes 80 et vers lequel lEurope tend galement. Ce modle est-il le bon, ne peut-il pas tre amlior, comment ? Quel dirigeant politique lancera-t-il une telle polmique sur ce qui est pourtant un problme essentiel. Comment empcher une telle affaire de ce reproduire ? Aussi en repensant le mode de fonctionnement du systme de contrle des entreprises.

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    III. Impact de laffaire sur la comptabilit

    1. Pourquoi les comptables on-ils eu avantages favoriser ces pratiques Arthur Andersen a touch en 2001 de la part dEnron 27 M$ au titre de ses activits de consulting et 25 M$ pour les fonctions daudit. Pour conserver son rle dans le conseil de lentreprise, le cabinet a du satisfaire les dirigeants dEnron dans le domaine de laudit. Ce conflit dintrt entre lauditeur et le consultant a t peru puisque des mesures ont t prise pour lempcher. Cependant, ces mesures sont elles suffisantes. On en doute quand on sait quune telle dcision avait dj t prise auparavant et quaprs avoir donn lieu la sparation entre Andersen et Accenture, on a vu lapparition dun ple Andersen Consulting au sein du cabinet daudit. La rvlation des pertes serait la preuve dune mauvaise gestion, dune mauvaise stratgie que lactionnaire pourrait penser due de mauvais conseills souvent lorigine du fil conducteur des politiques dentreprises. Cest ainsi la rputation du cabinet qui est en jeu et qui incite Andersen dissimuler les pertes.

    2. Les normes vers lesquelles on tend sont-elles les bonnes ?

    Luniformisation en cours des normes comptables au niveau international tend rapprocher toutes les consignes comptables du monde de normes amricaines, lesdites normes dont les failles ont justement permis la dissimulation des pertes dEnron. Cet article de lexpansion du 30 mars 2000 montre dans quelle circonstance les normes US gaap ont t adoptes par lIASC, bien que celles-ci soit criticables de nombreux gards

    Accoud au bar d'un htel vnitien, il est grand, un peu vot et visiblement trs fatigu. C'est Karel Van Hulle, le Monsieur Normalisation comptable de la Commission europenne. Un homme le rejoint et lui tend un document. Voil, c'est ce que le conseil d'administration adoptera demain. - Quand mme, on va pouvoir en discuter, apporter quelques modifications... - Non, insiste l'homme, c'est tout ou rien. C'est ainsi que le lendemain, le 19 novembre 1999, l'Iasc (International Accounting Standards Committee), l'institut charg d'difier les normes comptables internationales, est pass sous la coupe amricaine. A la suite d'un vritable putsch auquel les Europens non seulement n'ont oppos aucune rsistance, mais dont ils ont mme t les premiers complices. Une humiliation , au dire de Ren Ricol, vice-prsident de l'Ifac (International Federation of Accountants), l'association qui regroupe le gratin mondial de la comptabilit et dont mane l'Iasc.

    Normes comptables, deux mots plus efficaces qu'un tube de Valium. C'est pourtant d'elles que dpendent la prsentation des comptes d'une entreprise et donc sa crdibilit. Chaque pays a les siennes, ce qui ne posait pas de problme tant que chacun restait chez soi. Mais quand 1 200 groupes trangers viennent rechercher des capitaux la Bourse de New York et que les entreprises europennes fusionnent tour de bras, il devient urgent de pouvoir chausser les mmes lunettes. Lesquelles ? Les amricaines, dites US Gaap ?

    Politiquement inacceptable et techniquement irraliste. Les europennes ? Elles n'existent pas. Les franaises ? Mais alors pourquoi pas les anglaises ou les allemandes ? Crons donc des normes internationales que reconnatraient tous les pays, et en particulier les Etats-Unis, premire place financire mondiale. En 1973, cette tche est confie l'Iasc, laquelle la Commission europenne se rallie en 1995, ayant renonc difier son propre corpus de rgles. En 1997, le travail est achev 90 %, mais peine 10 % des problmes ont t rsolus.

    En effet, les Etats-Unis rechignent toujours reconnatre ces textes. Et pour cause : les entreprises europennes les utilisent comme bon leur semble, adoptant les clauses qui les servent, rejetant les autres, sans qu'aucune institution en Europe ne soit en mesure de faire la police. Je peux, au choix, vous sortir 2 milliards de bnfices ou de pertes, et cela le plus lgalement du monde , affirme un expert-comptable franais de renomme internationale. Pas srieux. De plus, pour donner des gages aux Etats-Unis, l'Iasc s'est faite plus royaliste que le roi sur certains points. Raction des entreprises europennes : A ce compte-l, adoptons les US Gaap ! ()

    Lexpansion 30/03/00

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    3. Faut-il repenser la comptabilit ?

    Au-del des normes comptables, nest ce pas le fonctionnement de la comptabilit quil faudrait revoir ? Comment ?

    Plus dindpendance

    Pour pouvoir tre totalement sincres sur les avis quils mettent sur les comptes dune entreprise, les cabinets daudit devraient tre tout fait indpendant des entreprises dont il certifie les comptes. En effet, lobjectivit semble difficile obtenir si le contrleur est li aux dirigeants quil contrle. Elle est dautant plus difficile atteindre si lentreprise propose dautre march lauditeur, plus ou moins directement (consulting). Pour supprimer toute influence subjective, il ne faut pas non plus isoler totalement le monde de laudit du reste de lconomie, car si cette indpendance garantie la sincrit, elle nuit la qualit de lanalyse qui se trouverait alors dconnecte de lconomie relle. Par contre, on peut imaginer

    la suppression du lien financier qui rend lauditeur dpendant de son client en mettant en place un systme ou non seulement lauditeur nexerce pas dautres fonctions pour son client, mais aussi ou lentreprise ne choisi pas et ne rmunre pas directement son auditeur. Un organisme servirait alors dintermdiaire charg de missionner les cabinets daudit et de les rmunrer ( partir de prlvements sur les entreprises). On supprime ainsi le lien qui contraint lauditeur vis--vis de son client ; celui-ci nest plus tenu de donner un avis conformes aux attentes de la direction.

    Afin de dpasser la distinction entre comptabilit financire et comptabilit de gestion, lune a destination des actionnaires montrant souvent lentreprise et sa direction telles que lesprent les apporteurs de capitaux, lautre destination des dirigeant biaise par les messages que le consultant veut faire passer au dirigeant sur lvolution de sa stratgie Le but est datteindre un systme de comptabilit unique et destin tous refltant la ralit. Unique au sens o il ne doit pas y avoir plusieurs versions de la comptabilit selon si elle sadresse aux actionnaires, au public, la direction, au personnel A long termes les objectifs sont les mmes pour chacun : la prennit et la profitabilit de lentreprise. La comptabilit devrait donc inciter les acteurs de la vie conomique acqurir une vision densemble long terme, dpassant le court terme o les intrts divergent (les actionnaires recherche un rsultat lev rapidement source de dividendes levs et de la hausse du cours de laction ce qui bride les stratgie dinvestissement des entreprises souhaits par les dirigeants).

    Pour une comptabilit plus sincre refltant fidlement rellement la solidit de lentreprise.

    Cette nouvelle optique rendrait la comptabilit plus fidle la ralit. Celle -ci devrait alors tre capable de mettre en reliefs les points forts des entreprises mais aussi leurs vraies difficults.

    Un tel changement imposerait la volont de tous les partis ; hors il nest de lintrt personnel direct daucun acteur. Il faut donc que les acteurs se portent sinon vers le dsintressement, vers lintrt collectif. Ceci ne peut rsulter que dune prise de conscience relle des disfonctionnements majeurs et dun dsir de plus dintgrit. Cet lan vers lintgrit ne serait- il pas suffisant rtablir la confiance envers le modle capitaliste, confiance que les nombreuses affaires faisant suite lclatement de la bulle Internet ont profondment mine.

    Cette analyse fait donc ressortir les qualit du bon gestionnaire : honn^te, conome, prvoyant.