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Leyla Akman UNIL SSP Entretien psychologique Cours 1 Entretien Psychologique 19. septembre. 2012 L’entretien psychologique : définition Muriel Katz Pour qu’il y ait un entretien, il faut : échange discursif intersubjectif écoute professionnel, psychologue diplômé relation d’aide cadre précis. Il faut qu’il y ait un échange verbal avec autrui, intersubjectif, avec une personne censée écouter et entendre ce qu’on dit à lui et ce qu’on dit à nous-même. Cet autre il faut qu’il soit un professionnel, un psychologue diplômé. Etre psychologues c’est aussi se référer à des autres collègues par rapport à cette rencontre unique. Il faudrait aussi questionner le thème de la souffrance (principale motivation à la base de la rencontre) : on ne consulte pas n’importe qui, mais on s’adresse à une personne spécifique pouvant aider à sortir de cette souffrance. Définition « échange discursif intersubjectif favorisé par l’écoute d’un psychologue diplômé en vue d’établir une relation d’aide, et qui se déroule dans un cadre précis » Ecoute définition Petit Robert A) Guetteur, sentinelle : thème de la protection Sœur écoute : religieuse qui accompagne au parloir une religieuse ou une pensionnaire Guet, poste de guet (être aux écoutes, être aux aguets) Militaire : détection de l'activité ennemie par le son Action d'écouter une communication téléphonique, une émission radiophonique B) Marine : manoeuvre, cordage servant à orienter une voile et à l'amarrer à son coin inférieur sous le vent, qui est le point d'écoute Spécificité écoute psychanalytique Quelle est la place du silence dans l’écoute psychanalytique ? La clinique analytique ressort d’une articulation spécifique de l’écoute et de la parole qui émanent toutes deux du silence, compris comme une source d’ouverture privilégiée vers l’Inconscient. L’inconscient ce n’est pas seulement celui du patient, mais c’est aussi celui de l’analyste et celui qui circule entre patient et analyste : c’est dans cet espace qui circule entre patient et clinicien qui va potentiellement émerger le sens. On peut écouter : dans le silence, au travers du silence, on écoute le corps, la voix, les affects, on écoute moins le contenu et les paroles.

Entretien Psychologique Notes de Cours 2012 Leyla Akman

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Entretien Psychologique

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    Entretien Psychologique 19. septembre. 2012 Lentretien psychologique : dfinition Muriel Katz Pour quil y ait un entretien, il faut : change discursif intersubjectif coute professionnel, psychologue diplm relation daide cadre prcis. Il faut quil y ait un change verbal avec autrui, intersubjectif, avec une personne cense couter et entendre ce quon dit lui et ce quon dit nous-mme. Cet autre il faut quil soit un professionnel, un psychologue diplm. Etre psychologues cest aussi se rfrer des autres collgues par rapport cette rencontre unique. Il faudrait aussi questionner le thme de la souffrance (principale motivation la base de la rencontre) : on ne consulte pas nimporte qui, mais on sadresse une personne spcifique pouvant aider sortir de cette souffrance.

    Dfinition change discursif intersubjectif favoris par lcoute dun psychologue diplm en vue dtablir une relation daide, et qui se droule dans un cadre prcis

    Ecoute dfinition Petit Robert A) Guetteur, sentinelle : thme de la protection Sur coute : religieuse qui accompagne au parloir une religieuse ou une pensionnaire Guet, poste de guet (tre aux coutes, tre aux aguets) Militaire : dtection de l'activit ennemie par le son Action d'couter une communication tlphonique, une mission radiophonique B) Marine : manoeuvre, cordage servant orienter une voile et l'amarrer son coin infrieur

    sous le vent, qui est le point d'coute

    Spcificit coute psychanalytique Quelle est la place du silence dans lcoute psychanalytique ?

    La clinique analytique ressort dune articulation spcifique de lcoute et de la parole qui manent toutes deux du silence, compris comme une source douverture privilgie vers lInconscient. Linconscient ce nest pas seulement celui du patient, mais cest aussi celui de lanalyste et celui qui circule entre patient et analyste : cest dans cet espace qui circule entre patient et clinicien qui va potentiellement merger le sens. On peut couter : dans le silence, au travers du silence, on coute le corps, la voix, les affects, on coute moins le contenu et les paroles.

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    Silence et coute psychanalytique Le silence cest : coute analytique, dirige vers la disposition laccueil, sabstenant de tout jugement et de toute critique. Une coute est galement flottante, non inflchie ni par les exigences du dialogue ni par les exigences de la politesse. Le silence cest un moyen pour bien entendre linconscient et favoriser la prise de conscience chez le patient.

    Citations : silence et coute psychanalytique Le non-dit de l'analyste peut tre le silence de l'attention flottante, silence peupl

    de paroles potentielles, d'associations, de reprsentations ou d'affects Nicole Carels

    Il y a bien un moment parmi d'autres, me semble-t-il, o l'analyste a tout intrt se taire : c'est lorsque son interprtation, "juste" et dite "au bon moment" provoque le silence du patient. Si ce silence signe effectivement que les diffrentes instances sont touches, [...], et qu'un travail de dliaison pour une nouvelle reliaison se met en route, c'est dans le silence partag que ce travail a le plus de chances de s'effectuer. Nicole Carels

    Le silence n'a de sens ni de valeur que si l'on en sort Serge Viderman Le silence na finalement de sens que sil se met au service du processus

    psychanalytique et finalement de linterprtation Paul Denis [...] le seul silence absolu de lanalyste doit tre son silence sur lui-mme Paul

    Denis [...] le seul silence absolu de lanalyste doit tre son silence sur lui-mme Paul

    Denis Lart de lanalyste, cest justement darriver trouver le moyen de ne pas laisser

    lautre dans le vide, tout en lui faisant entendre le silence, le silence quil y a au-del de certains mots [...]. Avec certains patients, il nest pas bon dtre compltement silencieux [...]. Mais le silence reste indispensable parce que cest la seule garantie dune rsonance de la parole Jean-Pierre Winter

    Le silence cest la construction dun espace de vibration. Si on prive le patient de

    cet espace de vibration, il ny a aucune chance qu un moment, la parole fasse retour Jean-Pierre Winter

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    26. Septembre. 2012

    Grille Courants / questions directrices Courants - psychanalyse classique - psychothrapie psychanalytique - psychodrame psychanalytique - thrapie familiale psychanalytique - thrapie psychanalytique groupe

    Questions directrices ? 1. Quelle conception de lhomme ? Question importante car quand on choisit une

    orientation on est en train de choisir une vision de lhomme : par exemple, dans lapproche psychanalytique on se centre sur la dimension inconsciente.

    2. Quelle finalit de la pratique clinique psychanalytique ?

    Finalit du dispositif et du cadre

    3. Quels principaux processus en jeu ?

    4. Quelle dfinition du cadre ? En gnral, dans la littrature, quand on dit cadre on entend le dispositif, mais cest aussi les rgles. a) Quelles rgles ? b) Quel dispositif ?

    5. Quels lments techniques ? Cela se rfre surtout linterprtation, qui permet de

    faire des liens entre la dimension consciente et celle inconsciente. Extrait film Tourn dans des urgences psychiatriques, concernant lexemple du travail du corps mdical (psychiatres). Il parle de lapproche de la relation et du psychisme humain et montre une premire rencontre entre un patient et un psychiatre. Il se joue dans un espace restreint, le psychiatre ne permet pas au patient de se mettre laise et de construire un rapport de confiance, le psychiatre ressemble un flic, cause de son habillement. Le psychiatre ne regarde pas le patient dans les yeux, etc. Lenjeu de lextrait cest le respect par le patient du cadre.

    Cadre thrapeutique (Gilliron, 1996) Le cadre thrapeutique est ce qui permet de dfinir la psychothrapie : a

    concerne surtout la psychothrapie ; Le cadre thrapeutique est ce qui permet dfinir la relation thrapeutique : un

    cadre permet de dfinir et dlimiter la rencontre un soignant et un patient, la relation thrapeutique. Dlimiter les frontires a veut dire quil y a un dehors et un dedans mais aussi quil y a des choses quon fait lintrieur de la relation quon ne fait pas au dehors et vice-versa (il y a des choses quon fait dehors et pas dedans).

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    Le cadre thrapeutique est ce qui permet de dlimiter les frontires de la

    psychothrapie et de la relation thrapeutique, par opposition une relation sociale ou sentimentale. partir du moment o on dfinit un cadre, ce cadre va distinguer des modalits relationnelles, habituelles (amicales, familiales, professionnelles, etc.) entre soignant et soign.

    En dlimitant ces frontires, on distingue le champ thrapeutique (du soin) par

    opposition au champ social (celui de la relation sociale habituelle). Le cadre thrapeutique est ce qui permet de dlimiter le contenant dynamique de

    la relation thrapeutique, savoir les processus psychiques et relationnels en jeu dans la relation thrapeutique. La dlimitation des frontires dans la relation thrapeutique implique quelque chose dinhabituel, ncessitant ainsi lintroduction des rgles, lesquelles transgressent les rgles inhabituelles de la conversation (par exemple, la rgle de confidentialit est inhabituelle dans les conversations en famille). Cela sert ouvrir un espace singulier dans la relation, un dedans, un contenant, o la parole et le non-verbal peuvent circuler. Ainsi, en psychanalyse, ce qui est directement en jeu (quand on dlimite un cadre), ce sont les processus mises en jeu, donc les processus transfrentiels.

    Cadre thrapeutique : facteurs (Gilliron, 1996) Le cadre thrapeutique est constitu de lensemble des facteurs permettant au thrapeute dexercer son activit de soignant : si on ne fixe pas le cadre, on ne peut pas faire le soignant ni donc offrir une relation daide. Loriginalit de Gilliron, cest daffirmer que cest lensemble des facteurs qui concourent dlimiter la relation qui dfinit le cadre et il ne sagit pas selon de sarrter au dispositif. Si on sarrterait au dispositif on ferait donc rfrence uniquement au divan fauteuil, ce qui est indispensable pour la psychanalyse, mais ce nest pas la seule chose. On ne peut pas rduire le cadre au dispositif !! Il y a deux ordres de facteurs permettant de dfinir le cadre thrapeutique, qui interagissent : rgles dispositif

    Cadre thrapeutique: rgles (Gilliron, 1996) Dfinition des rgles de comportement entre patient et thrapeute Rgles concernant le psychanalyste : dfinition de la relation lintrieur dun

    rseau des rgles. Dfinition du cadre socio-culturel du traitement (donc les rgles de comportement). Exemple de rgles dfinissant le cadre psychanalytique classique : lattention flottante, la neutralit, rgle fondamentale, etc.

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    Cadre thrapeutique

    rgles dispositif

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    Cadre thrapeutique: dispositif (Gilliron, 1996) En psychanalyse a concerne gnralement le divan / fauteuil. Dfinition : donnes fixes et concrtes

    Amnagement du temps : dure, rgularit et frquence des sances Dure du traitement : combien de fois par semaine, combien de temps, etc. Disposition des lieux : face face, divan Nombre de personnes en prsence : individuel, groupe, famille, etc. Modalit de payement des sances : combien a coute, comment on paye (main

    main, avec carte, etc.), quest-ce qui se passe pour les sances manques, etc.

    Cadre thrapeutique: facteurs (Roussillon, 1995) Le dispositif peut tre : spatial temporel financier Tous les lments du cadre sont sujets variation selon telle ou telle cole. Mais quelle que soit leur forme, tous correspondent un niveau de justification thorico-pratique. Tous les lments du cadre font ncessairement lobjet dun contrat, dune convention.

    Cadre thrapeutique: dispositif (Etchegoyen, 2005) Permanence du lieu Permanence du temps

    Cadre thrapeutique: caractristiques Constance Stabilit Permanence Immuabilit Caractristiques qui donnent beaucoup de stabilit au cadre des sances.

    Cadre thrapeutique (Donnet, 1995) Le cadre concourt instaurer la situation thrapeutique psychanalytique

    Il y a une forme de contrat ncessaire au cadre Il constitue un condition ncessaire la possibilit de lcoute thrapeutique

    psychanalytique : je ne peux pas couter autrui de manire psychanalytique en dehors dun cadre, parce que tablir un cadre me permet dcouter autrui.

    Le cadre comme condition ncessaire au processus thrapeutique [psychanalytique]

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    Cadre thrapeutique: (Arfouilloux, 1996) Le cadre comme facteur dterminant du processus Le processus justifie le maintien du cadre

    Le cadre - les cadres (Gilbert, in press) Dans la plupart des rencontres entre patient et soignant, sont impliqus beaucoup dautres dimensions autres que le cadre thrapeutique, comme par exemple le cadre institutionnel. Cadre thrapeutique

    Cadre thique

    Cadre institutionnel

    Cadre dontologique (code qui varie dune corporation professionnelle lautre)

    Cadre juridique Il ne faut pas rduire la question du cadre ses aspects cliniques, mais il faut porter attention aussi dautres dimensions. Vision de la prof : hirarchisation des cadres - Quels emboitements ? - Quelle hirarchisation ferait-il un autre

    psychologue ? Exemple dun professionnel qui fait primer le cadre juridique sur tout le reste.

    Il faut se demander quelles articulations/emboitements il y a entre les diffrents cadres, quelle hirarchisation, etc. La clinique va toujours sinterroger sur ces questions, sinon on va simplement coller des informations les unes les autres, sans implications prcises. Il faut galement tenir en compte que le cadre respecte le patient pour que celui-ci adhre au processus thrapeutique.

    Cadre personnel du psychologue valeurs et convictions personnelles du clinicien normes personnelles du clinicien (confidentialit) histoire personnelle du clinicien exprience thrapeutique personnelle du clinicien parcours professionnel du clinicien exprience de vie du clinicien

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    Cadre du psychologue

    Cadre thrapeutique

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    Cadre institutionnel

    Cadre du psychologue

    Cadre thrapeutique

    Cadre dontologique

    [META]-CADRE JURIDIQUE

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    Groupes TP B, salle 5146, Carole Edoa, Octobre : 18, 25 ; Novembre : 8, 15, 22, 29 ; Dcembre : 6 03. Octobre. 2012 28. Novembre : sance de confrence sur le cadre juridique dans lentretien clinique 5. Novembre : approche systmique de lentretien clinique.

    Cadre institutionnel Dans quel cadre institutionnel se droule la consultation ? Autre que le cadre clinique, on peut identifier dautres cadres, comme celui institutionnel, qui dfinit des rgles bien prcises : il ny a aucun psychologue qui travaille hors dun cadre institutionnel, mme pour ceux qui travaillent en priv . On peut par exemple travailler en tant install en priv, dans un quipe pluridisciplinaire dun hpital psychiatrique, dans une consultation ambulatoire pour adolescents, comme superviseur dans une quipe mdicale, etc. Dans tout cadre institutionnel on a des rgles de fonctionnement (institutionnel) qui lui sont associes, mais aussi un rglement ou des dispositions internes linstitution. Ces rgles peuvent concerner par exemple : - une directive institutionnelle pour la constitution du dossier du patient, sa

    consultation, son accs, son archivage ou sa transmission ;

    - des clauses de confidentialit par rapport au traitement du dossier.

    3 niveaux de cadre Ici cest la vision de la prof dune hirarchie entre les cadres.

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    Cadre du psychologue

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    Cadre thrapeutique

    rgles dispositif

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    Cadre institutionnel

    Cadre du psychologue

    Cadre thrapeutique

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    Cadre dontologique Cadre dontologique du psychologue (Hess, 2008) Dontologie : elle cadre lensemble des devoirs lis lexercice dune pratique professionnelle, contrairement la lois qui elle est plus gnrale (sauf celle des psychologues). Elle sadresse un groupe de professionnels, et le code dontologique dun psychologue peut tre diffrent de celui dun journaliste ou dun mdecin. Elle est compose de lensemble des rgles (obligations, interdictions) dont la transgression conduit une sanction ou ventuellement lexpulsion. Les codes dontologiques des psychologues sont des codes dontologiques associatifs et de type diffrent : FSP, AVP, ASP, IPA.

    Cadre juridique (du psychologue) Il est trs complexe, tant li la complexit du systme du cadre juridique suisse : il est rgi par des lois fdrales, enrichies par des lois cantonales. Pour illustrer des exemples, on peut citer les articles suivants : Lois fdrales o Secret professionnel et mdical (321 CP), (leve/consentement) o Secret de fonction (320 CP) o Loi Fdrale sur la protection des donnes (3, 4, 5, 8, 12, 35 LPD) o Loi sur laide aux victimes ( 4 LAVI 4) o Devoir de discrtion (CC et CO) o Loi sur les professions de la psychologie (Lpsy) Lois cantonales o Loi vaudoise sur la Sant publique vaudoise (80) o Loi vaudoise sur la protection des donnes o Loi vaudoise sur la Protection des mineurs (26) o Loi vaudoise sur le Statut de fonctionnaire (26) o Loi scolaire vaudoise (67)

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    Cadre institutionnel

    Cadre du psychologue

    Cadre thrapeutique

    Cadre dontologique

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    Cadre thique Il est assez complexe, car il est soutenu par 4 grandes principes dthique biomdicale, labore par Beauchamp et Childress en 1979 (Principles of Biomedical Ethics) :

    - principe dautonomie - principe de bienfaisance - principe de non-malfaisance - principe de justice

    Principe dautonomie Principe le plus discut et innovant. Il nous vient dHippocrate : le patient est dans une sorte de partenariat avec le soignant, et il ne doit absolument pas tre vu comme un objet de soin. Le principe dautonomie le plus rpandu est celui du consentement libre et clair, consentement qui concrtise lexercice de lautonomie qui se dfini par lensemble des rgles exprimant lobligation, pour le soignant, de respecter la volont du patient en ce qui concerne ses prises de dcision en matire de sant. Ici il y soit une libert mais aussi une responsabilit qui est confie au patient. Une dcision autonome est indissociable dune dcision consentie librement et de faon claire, du respect de la confidentialit et de la vracit de linformation. On a droit, en tant que patient autonome, de dire ce quon veut, et en tant que soignant, il est essentiel de toujours dire la vrit, mme si elle est mauvaise . Lexercice de lautonomie doit impliquer indispensablement la capacit de discernement ! Elle est une condition ncessaire. Cela veut dire que le principe dautonomie souligne aujourdhui (seulement partir du 1979), la capacit du patient participer aux processus de dcision le concernant. Il a t ncessaire ldiction dun tel code thique, car il y avait trop dexprimentations qui ne respectaient pas lhumanit. Est autonome ltre qui se donne lui-mme les normes de son propre comportement. Avec le terme autonomie on entend la facult dagir avec indpendance, en se donnant des lois et en prenant de dcisions par soi-mme (auto-), On entend donc autonomie dans le sens dauto-dtermination par opposition htronomie, dans le sens de soumission des normes imposes par lextrieur (alors que lautonomie implique une lois qui vient de lintrieur). Ce principe dautonomie recouvre :

    La facult de sapproprier des informations ncessaires la prise de dcision.

    Capacit dcisionnelle

    Dignit de la personne humaine. Latteinte la dignit et la personne, aujourdhui sont heureusement fortement sanctionnes.

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    Choix autonome : choix intentionnel inform, volontaire Le bien du patient ne justifie pas toute action : il faut toujours demander au patient

    ce quil souhaite. Vouloir le bien ne justifie pas de passer outre la volont du patient Principe dautonomie : quelle limite si sacralisation ? Comme dans tout genre de dbats, on trouve encore des positions bien opposes : beaucoup de gens maintiennent une position anti-autonomie, alors que de lautre ct on trouve aussi les shrifs de lautonomie et enfin on trouve des positions mdianes, qui affirment que lexercice de lautonomie ne va pas de soi et qui pose normment de dbats. La majorit des instituts de soin se retrouvent dans cette dernire position mais le dbat continue et porte sur les limites poser lautonomie.

    Principe de non-malfaisance Lorsquon est soignant, on a (du point de vue thique) lobligation de ne pas infliger du mal autrui ni lui faire du tort. Autrement dit, Primum non nocere (Hippocrate) : premier principe dans lhistoire de la mdecine, quil ne faut pas oublier. Je dirigerai le rgime des malades leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je les protgerai de tout mal et de toute injustice Hippocrate Par mal, on entend le fait de contrarier, de faire chouer ou dentraver les intrts dun groupe dindividus ou dune personne; ici le mal est associ au mal physique, la douleur, la mort et linvalidit; mal psychique; vouloir causer la mort ou le risque de mort; ne pas risquer de causer le mal. Le principe de non-malfaisance est prescrit sous forme prohibitive (alors que le principe de bienfaisance est dcrit sous forme permissive), cest--dire quil faut viter le mal en sabstenant intentionnellement dagir en causant le mal. Une ngligence est vue comme labsence des soins qui devraient tre dus et elle peut tre soit intentionnelle, tant appele imprudence, soit non-intentionnelle, dite par inadvertance. Concrtement, le principe de non-malfaisance sexprime par les rgles suivantes :

    1. Ne pas tuer 2. Ne pas causer de douleur ni de souffrance 3. Ne pas mettre autrui dans une situation dincapacit 4. Noffenser personne 5. Ne pas priver autrui des biens de la vie

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    Principe de bienfaisance Les soins incluent la volont de ne pas faire le mal, mais aussi toute action accomplie dans lintentionnalit plus large de faire le bien dautrui (bienfaisance). La bienveillance cest un trait de caractre, une vertu, qui consiste tre dispos agir pour le bien dautrui. Le principe de bienfaisance consiste en une obligation morale dagir pour le bien dautrui (servir ses intrts). Il sexprime sous une forme prescriptive (non plus prohibitive) et vise :

    - empcher le mal ou le tort - liminer le mal ou le tort - faire ou promouvoir le bien

    Cela ncessite, au plan mdical (en tant que soignant en psychologie) dvaluer de manire trs approfondie le rapport qui existe entre les risques et les bnfices pour le patient pour tel ou tel dispositif, proposition de soin, interprtation psychanalytique, On peut distinguer deux types de bienfaisance : Bienfaisance gnrale (absolue), qui va au-del des relations particulires que lon

    entretien avec autrui Bienfaisance spcifique, qui sadresse des personnes spcifiques (enfants, parents,

    amis, patients, etc.).

    Principe de justice Elle se rfre la justice distributive et un traitement quitable pour tous. Elle vise obtenir un accs quitable aux soins (au moins minimal), ce qui pose encore beaucoup de problmes : cela veut dire donc une rpartition la plus quitable possible des soins / ressources / bnfices mais aussi des effets indsirables / risques lies certains dispositifs de soins. Par exemple : accs quitable une assurance maladie, du matriel mdical couteux, des organes artificiels, des services ou des biens, aux mdicaments, etc. On entend ici par accs aux soins un accs non seulement minimal, mais aussi un accs gal pour tout le monde.

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    Le cadre de confidentialit dans lentretien clinique Dfinition de lobjet En termes juridiques (chez Olivier Guillod, Prof. de Droit de la sant, 2006) La confidentialit cest dabord une norme juridique rgissant la relation patient-mdecin sous la forme dun interdit, savoir celui de rompre le secret mdical (321CPS, LPD, LSP). Tout soignant est soumis cette obligation lgale concernant les donnes sur la sant et qui sont trs complexes : elles se rfrent au devoir de respecter le secret, devoir de discrtion, devoir de protger les donnes mdicales.

    Le cadre - les cadres (Gilbert, in press) Cadre juridique (du psychologue) Il est trs complexe, tant li la complexit du systme du cadre juridique suisse : il est rgi par des lois fdrales, enrichies par des lois cantonales. titre dexemples, on peut citer les articles suivants :

    Lois fdrales o Secret professionnel et mdical (321 CP), (leve/consentement) o Secret de fonction (320 CP) o Loi Fdrale sur la protection des donnes (3, 4, 5, 8, 12, 35 LPD) o Loi sur laide aux victimes ( 4 LAVI 4) o Devoir de discrtion (CC et CO) o Loi sur les professions de la psychologie (Lpsy)

    Lois cantonales o Loi vaudoise sur la Sant publique vaudoise (80) o Loi vaudoise sur la protection des donnes o Loi vaudoise sur la Protection des mineurs (26) o Loi vaudoise sur le Statut de fonctionnaire (26) o Loi scolaire vaudoise (67) En termes institutionnels, la confidentialit est dfinie comme rgle institutionnelle rgissant la relation patient-professionnel de la sant. Elle comprend des directives institutionnelles concernant les donnes sur la sant. Cadre institutionnel : rgles de fonctionnement institutionnel, rglement/dispositions internes linstitutions. Ce sont des rgles que si ne pas respectes, peuvent impliquer une sanction. Elles devraient tre respectueuses de la loi. Parmi les exemples, on peut trouver : directive institutionnelle pour la constitution du dossier, sa consultation, son accs, son archivage, sa transmission; clauses de confidentialit par rapport au traitement du dossier. En termes dontologiques, Paul Ricoeur (prof. de philosophie, 1996) dfini la confidentialit comme rgle dontologique rgissant la rencontre clinique sous la forme dun interdit, savoir celui de rompre le secret mdical. Il sagit dun pacte de soins, qui est bas sur un contrat liant tous les professionnels leurs patients. Exemples de normes dontologiques : FSP, SSP, AVP, etc.

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    Dontologie (Hess, 2008) ensemble des devoirs lis lexercice dune pratique professionnelle compose de lensemble des rgles (obligations, interdictions) dont la transgression

    conduit une sanction codes dontologiques associatifs pour les psychologues (FSP, AVP, ASP, IPA) Confidentialit et serment dHippocrate Tout ce que je verrai ou entendrai autour de moi, dans lexercice de mon art ou hors de mon ministre, et qui ne devra par tre divulgu, je le tairai et le considrerai comme un secret. Nouveau code de dontologie FSP (2011) Article 2.3. :

    - protection des donnes - secret professionnel - documentation

    En termes thiques, Ricoeur dfinit la confidentialit comme noyaux thique de la rencontre clinique : cest le pacte de confidentialit qui engage lun lgard de lautre tel patient avec tel mdecin . Il dfinit la confidentialit comme un pacte de soin bas sur la confiance (sopposant la mfiance et au soupon), ce qui met en vidence la dimension proprement thique et non pas dans juridique. Autrement dit, si on transgresse cette rgle, on dtruit la relation avec le patient et le pacte de confiance (promesse faite au patient de respecter le pacte de confidentialit) : ainsi, on va faire surgir des sentiments de mfiance, de soupons. Ce pacte de confidentialit est aussi sujet une grande fragilit, parce quil sagit dune promesse tacite de respecter le pacte (dun sujet face un autre) et donc il y a aura toujours des choses qui peuvent chapper.

    Dans des situations particulires et dlicates ce pacte peut tre transgress, notamment lorsque le soignant peroit que le patient peut tre dangereux pour des tiers ou pour soi-mme (risque de tentative de suicide). En termes thiques, chez Beauchamp et Childress (1979), le champ clinique est rgi par quatre niveaux / principes thiques :

    1. autonomie 2. bienfaisance 3. non-malfaisance 4. justice

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    Justifications thiques de la confidentialit Beauchamp et Childress : Principles of Biomedical Ethics (1979)

    Nature de la confidentialit : la confidentialit apparat lorsquune personne rvle une information une autre personne par des mots ou lors dun examen mdical, et que la personne qui linformation est rvle (donc le soignant) sengage ne pas la transmettre une tierce personne sans lautorisation de la personne qui a confi linformation (principe dautonomie). Linformation confidentielle est par dfinition prive et communique volontairement et en toute confiance. La confidentialit est donc restreinte deux personnes.

    10. Octobre. 2012 Le cadre Suisse est tout fait conforme ce cadre thique. En effet, en Suisse, on garantit le secret nimporte quel prix dans le domaine de lentretien psychologique. Tout autre type dinformation doit tre garantie par le consentement du patient. Il existent 2 manires pour justifier, argumenter, les choses autour de la question de la confidentialit (pourquoi on le maintien ou pourquoi on le transgresse). Autrement dit, il y a 2 faons de traiter la confidentialit : 1. Par le cadre thico-dontologiste, rgi par le principe dautonomie

    Il se base sur le respect du principe priori, sans gard pour les consquences possibles de leur application. On justifie toute dcision travers le principe dautonomie : quelles que soient les consquences, on va ABSOLUMENT respecter la volont du patient en ce qui concerne ses prises de dcision en matire de sant. On est dans lthique du devoir, donc on va suivre lthique du patient dans tous les cas. Est conforme ce cadre une action qui est accomplie en honorant des principes absolus sappliquant quelles que soient les consquences (privilgie le juste). On va donner un argument qui vaut lui tout seul, faisant foi, qui sert de preuve (p.ex. : linterdit de meurtre). On va se trouver dans un raisonnement de type thico-dontologiste partir du moment o on va maintenir la rgle de ne pas casser le pacte de confidentialit tout prix. Arguments en faveur du maintien de la confidentialit fonde sur les droits lautonomie et lintimit :

    En vertu du principe dautonomie

    En faveur du respect de lintimit du patient (intimacy) : respect de la libert et de la sphre personnelles; intimit de linformation : droit disposer comme on lentend dinformations concernant la sphre personnelle (accs ou non accs autrui)

    Nul besoin de raisonner en termes de consquences, le droit au respect de lautonomie et de lintimit sous-tendent eux seuls le fait de maintenir le pacte de confidentialit

    Promesse implicite ou explicite de ne pas divaguer les informations sans laccord du patient

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    2. Par le cadre thico-consquentialiste, rgi par le principe de bienfaisance Il se rfre au consquentialisme (penser en terme de consquences) : est conforme ce cadre une action base sur lvaluation de ses consquences. On value la situation pour estimer sil faut soit enlever la confidentialit, soit la laisser. Lacte valoris sur le plan thico-consquentialiste est celui qui produira le meilleur rsultat gnral en termes de consquences (privilgier le bien, la maximisation du bien). Il sagit dun cadre qui relve du relativisme. Le cadre consquentialiste fait prvaloir le principe de bienfaisance, selon lequel les soins incluent la volont de ne pas faire du mal, mais aussi toute action accomplie pour le bien dautrui. Exemples de raisonnement

    Je va transgresser la rgle de confidentialit pour le bien de mon patient, car il veut tuer quelquun le lendemain (on ne peut pas respecter son autonomie !) .

    Je va maintenir le pacte de confidentialit, car il me permet dtablir une relation de confiance avec le patient, ainsi je peux lui apporter les soins adquats

    Arguments consquentialistes, pouvant tre voqus pour favoriser soit la leve, soit le maintien de la confidentialit, sur la base du respect du principe de bienfaisance dans les deux cas Dans le cadre consquentialiste, on met en balance le principe gnral (le secret), tout en garantissant au patient de faire le possible pour son bien. La confidentialit devrait gnralement tre maintenue, mais il faut toujours peser les intrts (pro/contre). En faveur de la leve de la confidentialit En faveur du maintien de la

    confidentialit

    Arguments qui soutiennent des possibles exceptions la rgle de la confidentialit, ce qui renvoie une conception non absolue des rgles de confidentialit. Les arguments consquentialistes en faveur de la leve de la confidentialit : Sont en contradiction avec le respect du patient,

    puisquils transgressent le principe dautonomie

    Sont, dans une certaine mesure, en contradiction avec le respect du principe de bienfaisance, puisquils menacent le lien et donc le soin

    Ils vont lencontre du pacte de confiance stipul

    entre soignant-patient Les effets ngatifs de la leve ne peuvent pas

    tre neutraliss que dans la mesure o lintrt public ou le patient lui-mme sont menacs.

    Une autre manire de maintenir la confidentialit (autre que de la poser au dpart priori) cest celle de la maintenir en raison du fait que, si on lenlverait, le patient perdrait sa confiance en nous, confiance ncessaire livrer des informations sensibles aux soignants. Sans confiance, on na pas de confidences, et sil ny a pas de confidences, il vient manquer des informations susceptibles de contribuer au diagnostic, au pronostic et au traitement.

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    Il y a 3 possibles valuations des consquences du fait : 1. Avertir les victimes potentielles dun patient des menaces de violences exprimes

    par le patient (violer la confidentialit pour sauver les victimes potentielles) 2. Permettre aux thrapeutes de violer la confidentialit face un danger menaant

    pour autrui (danger de leve systmatique ou frquente : confiance entame et donc pas de confidences, donc pas de traitement efficace; do risque daugmentation des passages lacte) : dans ce cadre de figure, il faut demander le consensus et signaler le problme aux autorits comptentes

    3. Exception du canton de Vaud : un rglement obligeant de signaler des abuses, ou

    des possibilits dun abus possible, aux autorits. Exemple dans les deux cadres Cadre thico-dontologiste : linterdit du meurtre ( tu ne tueras point ) lui seul, prvaut. Quelques soient les consquences de lapplication de ce principe, cest lui qui fait foi. En loccurrence, cela veut dire que mme si ne pas tuer pourrait signifier se faire tuer , la rgle ne pas tuer prvaut. Donc, si je dis quen aucun cas je ne peux tuer mme si cest pour prserver ma vie ou la vie de mes proches je ne prends pas en compte les consquences : dans tous les cas, je respecte le principe ! Cadre thico-consquentialiste : est-ce mieux de se faire tuer ou de tuer pour pouvoir prserver ma vie ? partir du moment que lon fait ce calcul valuatif, on met en question le principe tu ne tueras point . On value les consquences. La dcision thique que lon va prendre dpend de lvaluation des consquences que pourrait avoir telle ou telle dcision. On doit donc faire un choix entre ces deux faons de considrer lthique. Face un patient qui nous raconte quil va soit se tuer, soit tuer quelquun, on peut soit choisir de ne rien faire (cadre thico-dontologique : le principe de confidentialit prvaut), soit, au contraire, on peut larrter en transgressant le principe de confidentialit car on value les consquences de laction du patient (cadre thico-consquentialiste). Ds que lon est dans une pense rflexive moderne, en relation avec le libre-arbitre, on est plutt dans un raisonnement thico-consquentialiste, qui permet davoir une certaine flexibilit par rapport aux principes thiques. En tout cas, il est important de savoir formuler des arguments, une opinion adverse, qui nest pas fonde sur des arguments spontans : il faut que notre raisonnement sinscrit dans un type de raisonnement thique, qui nest pas nanmoins lunique solution ( savoir raisonner de manire critique).

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    En termes personnels : Le cadre personnel prvaut pour beaucoup de dcisions, et surtout en matire deuthanasie et quand rien ne simpose (et o les gens ne savent pas quoi faire). Le cadre personnel voit la confidentialit comme norme personnelle rgissant la

    rencontre clinique sous la forme de en son me et conscience et il intervient par exemple au moment o on se retranche sur les convictions intimes, religieuses.

    Il sagit dun pacte de soins bas sur un contrat liant le professionnel du soin son patient.

    Cadre du professionnel

    valeurs et convictions personnelles du clinicien normes personnelles du clinicien (confidentialit) histoire personnelle du clinicien exprience thrapeutique personnelle du clinicien parcours professionnel du clinicien exprience de vie du clinicien Exemple : dcider en son me et conscience e ne pas lever la confidentialit, alors que.. La confidentialit en termes de la clinique psychanalytique Chez S. Freud (1938) Elle est un concept qui a t conu hors du cadre psychanalytique (elle na pas t introduite par cette approche) et Freud, tonnement, a trs peu parl de la confidentialit, sauf dans des textes o il suggre de concilier la rgle du secret avec la transmission de la psychanalyse des fins de formations de nouveaux professionnels. Sincrit totale contre discrtion absolue

    Cest le don contre don , mais qui lui-mme remet en question car si on suit cette rgle la lettre, on ne peut rien raconter de ses propres cas, alors que Freud a bien racont de ses patients dans des ouvrages.

    Chez Allanah Furlong (psychologue, psychanalyste, 2005) En matire de confidentialit, lauteur se demande sil y a une manire spcifique pour lgitimer le travail transfrentiel. La confidentialit interprte comme fidlit un idal dcoute psychanalytique.

    Lcoute psychanalytique consiste pouvoir explorer/laisser se dvelopper une relation transfro-transfrentielle, o les associations du clinicien et du patient se rencontrent, o les relations sinterprtent de manire complmentaire. Le but cest toujours de faire merger linconscient du patient, et pour faire merger linconscient de lautre, il faut faire merger des choses de manire contre-transfrentielle. Ce lieu o linconscient va merger cest un lieu rserv, priv. Cette relation dun Inconscient lautre doit pouvoir se dployer en toute intimit et confidentialit, sinon on nest pas libre dassocier, dinterprter le contenu du

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    matriel psychique qui merge, pas seulement chez le patient, chez moi en tant que clinicien, mais entre lui et moi.

    Facteur qui contribue lintgrit de la relation psychanalytique en prservant la libert mentale et lintgrit de lanalyste et du patient.

    Il propose de penser la confidentialit psychanalytique comme peau et non comme verrou qui implique une mise lcart inerte. Il y a une peau autour de la rencontre clinique : sil y a une rencontre psychanalytique, a suppose quil y ait un superviseur. Pour que la dimension inconsciente de lexprience soit explore, il faut que le clinicien snior puisse accder certains passages qui se font entre les sances. Donc cela implique quil y ait une certaine transparence. Finalement donc, il y a une sphre lgrement transparente (pas accessible des tiers autoriss, comme les superviseurs) mais en dehors de cette premire sphre, il y en a une autre trs solide, absolument impermable des autres tiers (incconnus).

    Extrait Film Another Woman Ici la rgle apparat parce quelle a t transgress, sans ncessairement que cela soit voulu. Cet extrait montre bien lenjeu sur la confidentialit et le fait que cest trs difficile dy rsister et ne pas couter.

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    17. Octobre. 2012

    Approche psychanalytique Introduction La conception de lhomme est au cur de lapproche psychanalytique et elle ne varie pas dun dispositif lautre. Ici on peut remarquer les premires hypothses qui ont conduit la naissance de la psychanalyse. On parlera aussi des rsistances de la psychanalyse et des vagues de critiques de la presse.

    Lecture obligatoire : La pratique clinique

    Sigmund Freud (1856-1939) Vcu Vienne (migr en 1860) mais n en Tchcoslovaquie, il a sjourn chez Charcot pendant plusieurs annes, ce qui a jou un grand rle dans sa vie. Il a crit plusieurs ouvrages ( les tudes sur lhystrie , psychopathologie de la vie quotidienne , etc.), mais surtout il a abandonn une thorie. Il a migr Londres, suite la condamnation de ses thories par les nazis et de ses origines juives.

    Traitement des hystriques Cest comment Freud a commenc sintresser la souffrance et au traitement dans la relation avec le patient : on ne peut pas distancier le Freud clinicien du Freud chercheur, thoricien (tentant de thoriser ses dcouvertes et les hypothses faites). Dans ce sens, Freud a donn un grand apport : il faut remarquer que les thories freudiennes ont normment volu dans le temps et elles ont continu se dvelopper grce ses successeurs, car il sagit de ramnagements permanents du travail de la clinique. Plus ses thories sintressent des communauts pratiques, une matire vivante, plus elles vont voluer et avancer au cours du temps. Pour expliquer lhystrie il propose une hypothse dun traumatisme sexuel : lhystrie serait engendre par un traumatisme sexuel rel dans lenfance, hypothse qui attrait des faits qui ont rellement eu lieu dans le pass du patient hystrique (tiologie traumatique). Elle sappelle : thorie de la sduction relle dun adulte par un enfant . Dans cette vision des choses, les patients hystriques souffriraient de rminiscences : le souvenir de ces mauvais traitements sexuels est coup de ses origines, il revient linsu du sujet et il va se manifester par une srie de symptmes. Dans cette perspective, les symptmes hystriques sont compris comme lexpression des effets pathognes de laffect attach au souvenir lorsque celui-ci na pas pu faire lobjet dune dcharge motionnelle au moment des faits : on encaisse car on est enfants et aprs, ces souvenirs qui se sont enfuis, encaissent le sujet inconsciemment. Ainsi, la souffrance va sexprimer par des symptmes contre lesquelles ni sujets ni mdecins nen peuvent rien.

    Freud (1856-1939) 3

    Freud (1856-1939)

    1856 Naissance en Tchcoslovaquie

    1860 Emigration famille Freud Vienne

    tudes de mdecine

    1885 Sjour Paris chez Charcot (1825-1893)

    Salptrire

    1886 Installation Vienne

    Etudes sur l'hystrie avec Breuer (1842-1925)

    1897 Abandon thorie sduction relle

    1900 L'interptation des rves

    1901 Psychopathologie de la vie quotidienne

    4

    Freud (1856-1939)

    1905 Trois essais sur la thorie de la sexualit

    1910 Cinq leons sur la psychanalyse

    1913 Totem et tabou

    1915 Mtapsychologie

    1920 Au-del du principe de plaisir

    1930 Malaise dans la civilisation

    1938 Emigration Londres suite la

    condamnation de ses thories par les nazis et de ses

    origines juives

    1939 Dcs Londres

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    Dans le but de connatre ces symptmes, les mdecins proposent une premire solution, cest--dire la technique de lhypnose, pouvant librer laffect. Ainsi, la source de gurison, pouvait tre trouve dans une remmoration du pass, grce lidentification de lvnement traumatique, vnement dont il sagit de retrouver la trace pour faciliter labraction. Il fallait identifier le souvenir de lvnement traumatique pour faciliter cette dcharge motionnelle, tant donne que cette dcharge est attache au souvenir traumatique Dans une lettre quil crit Fliess (21 septembre 1897), Freud crit : je ne crois plus ma neurotica . Par neurotica, Freud entend ici la thorie de la nvrose hystrique, quil dcide dabandonner. Cette thorie consistait dire que ltiologie de lhystrie sorigine dans la thorie de la sduction relle, alors quelle ne lest pas : il fallait donc la remplacer. ce moment l, Freud a eu lintuition dune hypothse tiologique autre que celle hystrique, cest--dire lhypothse dune thorie de la ralit psychique inconsciente, hypothse qui sous-tend une ralit fantasmatique du sujet. Mais il faut tre attentif au fait que ce nest pas parce que cest une ralit fantasmatique que lvnement na pas eu lieu : cela ne veut pas dire quil ny a pas dvnements quon fantasme, qui sinscrivent dans notre cerveau. Freud renonce donc des explications mcanicistes : il pense quil y a un sujet, que sa subjectivit joue un rle.

    Thorie de la ralit psychique inconsciente Dans un premier temps, on a une thorie vnementielle, qui sappuie sur la connaissance du pass. Mais dans un deuxime temps, avec la thorie fantasmatique, Freud privilgie lhypothse du fantasme (au lieu de celle de lvnement) et il change de mthode : il favorise lexpression des dsirs inconscients qui marquent lhistoire psychique du sujet, expression souleve via le transfert. Le sujet doit remettre en jeu ces fantasmes dans la relation avec le psychanalyste. On passe dune hypothse fonde sur un ralisme mmoriel une hypothse beaucoup plus subjectiviste, qui met le sujet au cur de son histoire et de sa souffrance, lequel peut aussi ( travers la mthode transfrentielle) tre source de sa propre gurison.

    Thorie de la sduction relle

    Thorie de la ralit psychique inconsciente

    Evnement Fantasme Mthode cathartique Mthode psychanalytique Abraction Association libre Hypnose Restaurer mmoire

    Eclairer lhistoire consciente partir de la dimension inconsciente. Favoriser lexpression (via transfert) des dsirs inconscients ayant marqu lhistoire psychique du sujet.

    Connatre le pass

    Ralisme mmoriel Subjectivisme

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    Clinique psychiatrique versus psychanalytique Du cot de la clinique, on est pass dune clinique psychiatrique, o le savoir rside du ct de lobservateur (mdecin) une hypothse qui met le savoir du cot de celui qui parle et qui souffre, cest--dire du sujet. Il souffre mme dautant plus que lInconscient lui parle et agit en lui. Il sagit non plus dune clinique rductrice (car avec la clinique psychanalytique on voulait sortir la souffrance de la tte du patient), mais au contraire dune clinique du discours et de la rencontre, discours adress une figure autre, qui se trouve tre souvent le psychanalyste. Il y a donc la tentative, la proposition de gurir avec des mots, par la parole, avec ce lien de parole qui lie clinicien et patient. Il y a donc une efficacit symbolique. Psychanalyse Le champ couvert par la psychanalyse, sarticule autour de 3 axes : a) Mtapsychologie

    b) Modle dveloppemental slide : avec modle psychopathologique associ

    c) Mthode de traitement : cest laxe auquel on se rfre le plus souvent et qui touche au divan fauteuil.

    a) Mtapsychologie b) Modle dveloppemental & psychopathologie psychanalytique

    c) Mthode de traitement

    Thorisation du fonctionnement psychique, base sur la modlisation des processus psychiques (sous forme dappareil psychique).

    Dveloppement psycho-sexuel de lenfant

    la cure-type psychanalytique comme dispositif spcifique imposant des rgles spcifiques (cadre psychanalytique)

    1re topique (systmes) : Inconscient, Prconscient, Conscient

    Stades : oral, anal, gnital, priode de latence. Complexe ddipe

    2me topique (instances psychiques) : a, Moi, Surmoi

    Psychopathologie psychanalytique : nvrose, psychose, perversion

    Rsistances la psychanalyse (Freud, 1925) Ds que Freud a form des thories psychosexuelles, centres sur lenfant, ses thories sont au centre de dbats, jusqu mme aujourdhui. Pourquoi ce nest pas possible daccepter la psychanalyse comme on accepte dautres thories? Pour Freud, cest parce quau fond les sujets ne peuvent pas accepter que Freud inflige une vexation/ humiliation psychologique supplmentaire lamour propre humain, en disant que lon nest pas seules conduire notre bateau :

    Le Moi nest pas matre en sa propre maison .

    ct du Moi, il y a des forces obscures, inconscientes, conflictuelles, destructrices et trs difficilement contrlables, qui veulent aussi gouverner.

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    Freud se place ainsi comme auteur de la troisime vexation humaine, dont :

    - la premire est lhumiliation cosmologique de Copernic, propos de la dcouverte de lhliocentrisme ( on ne vit pas au centre de lunivers )

    - la deuxime est lhumiliation biologique de Darwin, propos de la thorie de la descendance ( lhomme descend du singe ) :

    Les raisons ayant engendr lexpression de ce refus (intellectuel, sociologique et moral) sont les suivantes :

    En mettant laccent sur la vie psychique individuelle, la psychanalyse inflige une blessure lhomme comme appartenant la communaut sociale. Il prte ainsi chacun ce caractre sombre, sexuel, dont lhomme nen veut rien savoir.

    En plus, la psychanalyse, enterre la fiction idalise de lenfance asexuelle. Freud lui prte ainsi une sexualit, de sorte que lenfant porte ainsi des dsirs, et le dsigne comme un pervers polymorphe (en tant quhomme en miniature). De plus, outre que cette vision sexuelle de lenfant (sexualit infantile), il lui prte aussi des mouvements trs hostiles envers les parents, car au cur de cette sexualit infantile il y a un dsir de meurtre et dinceste : Freud dit quon est structurellement construit autour de ces deux dsirs.

    Le fait de rappeler ladulte ces antcdents et trs risqus (et lui provoque honte). Une autre rsistance la psychanalyse rside dans le fait que cest trs difficile de se

    faire une opinion indpendante de la psychanalyse sans avoir fait lexprience de lanalyse.

    Une autre question importante au centre des rsistances cest la question de la

    rsistance la psychanalytique due lidentit juive de Freud : les juifs ne peuvent pas apporter grande chose lhumanit.

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    Quelle conception de lhomme ? Ralit psychique

    Roussillon, 2002 ; 2012 Il affirme que la conception de lhomme propre la psychanalyse est difficile faire, car elle est par dfinition ce qui nous chappe . La ralit psychique est comprise comme un des invariants de la pratique clinique

    psychanalytique : linvariant numro 1 de ces dispositifs cest la ralit psychique inconsciente.

    Cest un concept prsent depuis le trs jeune Freud ( interprtation des rves, 1900),

    Elle renvoie au caractre imprieux du fantasme, fantasme qui surgit dans le sujet

    et parfois mme son insu. La ralit psychique est un niveau de ralit singulier, que dans le monde a une

    spcificit et se distingue dautres niveaux : ce nest pas une ralit matrielle, mais cest un cas particulier de ralit matrielle, qui relve aussi du vivant.

    Autrement dit, la ralit psychique vivante : en ce sens a serait un cas particulier

    de la ralit biologique. Freud a eu des intuitions au niveau neuropsychologique quil na pas pu vrifier personnellement, mais maintenant on a les outils et les connaissances pour mettre lpreuve ses hypothses, en trouvant des rsultats qui donnent un poids la ralit psychique inconsciente.

    La ralit psychique chappe pour une part la conscience immdiate : il y a des

    choses qui se passent en nous, quon le veut ou non, et qui nous chappent (jour, nuit, etc.). Cette part qui chappe la conscience relve en partie de lInconscient.

    Cest trs difficile de penser cette ralit psychique inconsciente car elle relve pour

    une part des processus inconscients, de ce qui nous chappe. La ralit psychique inconsciente produit des effets sur la vie psychique

    relationnelle : on a les signes tangibles que cette ralit psychique se manifeste par une srie de signes (souvent notre insu), notamment par les rves, les lapsus, les actes manqus et les symptmes. Cette ralit psychique inconsciente va en outre avoir des consquences sur la ralit du sujet et sur sa vie relationnelle.

    Ces formations de la ralit psychique inconsciente ont pour origine des modes de

    symbolisation inconscients , qui donnent lieux des formations. Par exemple, le rve rpond au principe de plaisir, sauf en situations traumatiques.

    La ralit psychique inconsciente peut, pour une part, et certaines conditions

    (notamment les dispositifs cliniques / transfert) faire lobjet de processus de transformation (symbolisation) et devenir consciente.

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    Cette ralit psychique inconsciente est lobjet privilgi de la psychanalyse :

    - la psychanalyse reconnat lexistence de cette ralit (ce que les autres approches ne font pas) ;

    - de plus, elle reconnat aussi ses effets propres sur la vie relationnelle et psychique. On va donc faire lhypothse que les phnomnes inconscients vont tre la base de

    certaines conduites et mme de certains troubles, tels que comportements alimentaires, chec scolaire, etc.

    Ainsi, la psychanalyse, est caractrise par la prise en compte de la ralit

    psychique inconsciente et de son impact sur la ralit psychique . Inconscient (Das Unbewusste)

    Laplanche & Pontalis (1967, 1988)

    Comme adjectif connote parfois lensemble des contenus non prsents dans le champ actuel de la conscience.

    Tout ce qui chappe maintenant la conscience.

    Fdida (1974) Inconscient serait le concept ngatif sopposant la conscience

    Il sagit dun concept dcisif qui fait la spcificit thorique et technique de la psychanalyse.

    Son existence est tmoigne par des manifestations, mais dont nous ignorons tout, bien quil se droule en nous.

    Roussillon (2012)

    Thoriquement, linconscient est compris comme une positivit agissante. Mais la conscience nest pas illimite : je peux penser (consciemment) que la conscience a des limites, ce que donc implique quune partie de vie est inconsciente. La conscience peut organiser le concept de sa propre limite, de ce qui lui chappe, de son ngatif : le concept dinconscience. Cest la rflexivit, propre ltre humain : on peut faire lexprience donc de cette partie ngative. Pratiquement, soit dans la relation clinique, on rencontre cette ngativit luvre quest la dimension inconsciente dans le transfert : par le non-dit, non-vu, non-su, non-senti, non-pens, non-reprsent, non-symbolis, linconnu.

    INCONSCIENT

    (Laplanche & Pontalis (1967) (1988))

    2e topique :

    N'est plus le propre d'une instance particulire

    Peut qualifier toutes les instances psychiques

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    INCONSCIENT

    (Laplanche & Pontalis (1967) (1988))

    1re topique :

    Dsigne lun des systme dfinis par Freud dans le cadre de la premire thorie de lappareil psychique

    Est constitu des contenus refouls qui par laction du refoulement se sont vus refuser laccs au systme conscient-prconscient

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    la pratique implique la rencontre avec une relation dinconnu, daltrit, et la rencontre avec les effets de cet inconnu ainsi que leurs implications,

    elle implique une capacit au ngatif La rencontre entre Conscient et Inconscient gnre des effets quil faut analyser, avec notamment un superviseur. Selon Roussillon, il y a 3 invariants qui permettent dunifier la pratique psychanalytique, dont deux sont lis la conception de lhomme :

    Ralit psychique (consciente) Inconscient (ralit psychique inconsciente)

    Transfert Ds quun clinicien prend en compte et travaille avec ces 3 concepts, on est dans une clinique psychanalytique, quelle que soit sa forme et le lieu. Lacan Linconscient est ce que Lacan appelle Lautre scne , une scne tant celle consciente, et lautre scne se rfrant ce qui nous chappe et que lon va retrouver toutes les nuits et qui nous prsente des scnarios que lon rve inconsciemment. Green (1986) Linconscient se devine, il ne se montre pas [], il fait signe .

    24. octobre. 2012

    Cette part inconsciente peut faire lobjet de transformations dans le but de devenir consciente, transformation que dans ce cas concerne surtout la symbolisation et le langage. Cette dimension inconsciente de la ralit psychique peut tre accde toutes les nuits (pendant certaines phases du sommeil) et dans certaines conditions de la vie diurne. La ralit psychique inconsciente nest pas la seule manire dont linconscient peut apparatre, mais il peut survenir aussi sous la forme du refoulement, tant constitutif de linconscient. Refoulement (Verdrangung) Freud ( Mtapsychologie , 1915) Le refoulement consiste mettre lcart et tenir distance du conscient un certain nombre de dsirs dont la satisfaction prsenterait plus de dplaisir que de plaisir, compte tenu de lensemble des exigences psychiques en prsence chez le sujet. Freud, qui en modifie plusieurs fois la dfinition et le champ d'action, considre le refoulement comme constitutif du noyau originel de l'inconscient.(Roudinesco & Plon, 1997) Le noyau originel de linconscient va se construire partir du refoulement originel : linconscient rsulte donc du refoulement et il constitue le pilier sur lequel repose ldifice de la psychanalyse. Il sagit en principe dune opration dfensive.

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    Les trois phases du refoulement (Freud, 1915) Retour du refoul certaines conditions, le refoul revient sur la scne du sujet, sous forme de symptmes mais aussi de formations substitutives. Par formations substitutives Freud entend les actes manqus, les lapsus, les rves, qui constituent le matriel sur lequel lanalyste travaille (transfert, associations). Chaque fois que lon rve, notre inconscient sexprime, et cest ce matriel l qui va faire lobjet du travail psychanalytique. Linconscient (les processus inconscients) non seulement a donc des rpercussions symptomatiques, mais il est aussi capable deffet et daction inconsciente influenant la vie du patient sans quil nen discerne lorigine (retour du refoul) : il va donc agir en nous, que le sujet le veule ou pas, ou quil sache comment. Le refoulement est un processus mnsique qui amne le sujet (pendant la cure) avoir accs des contenus jadis refouls. Cela donne la pratique clinique psychanalytique un aspect particulier, cest--dire que pendant la cure, les entretiens, etc. des souvenirs par exemple vont venir se dire sur la scne du transfert. Cela veut dire que le refoulement se lve dans la cure, comme du brouillard qui se lve et qui permet de voir le pass plus clairement : le pass ne passe pas (Pontalis), dans le sens quil est l et il nous parle, il agit travers nous. Pulsion (Trieb) Roussillon parle peu de la notion de pulsion, mais on ne peut parler de lhomme psychanalytique sans parler de la pulsion : la ralit psychique est sans racine sans ralit pulsionnelle. Zatlzman On est bien lemprise avec notre vie pulsionnelle, mais comme on vit en socit, on doit dompter ces pulsions qui sont en nous.

    Lhumain est le produit dun compromis entre les pulsions, les tendances les plus gostes, rotiques et agressives, et lincapacit vitale de chacun se suffire soi-mme, ce qui lui fait

    obligation de transformer ce fond pulsionnel gotiste pour vivre avec les autres. Lacquis psychanalytique concerne ce choix oblig, cette source de la morale, cette rencontre dintrts

    communs forcs entre lindividuel et le collectif... Laplanche & Pontalis (1967, 1988) Nous sommes habits par des pulsions (du verbe allemand treiben = pousser). Il sagit dune pousse irrpressible qui nous habite et qui nous pousse agir : cest donc un processus dynamique, qui fait tendre lorganisme vers un but. Freud (1915)

    Il sagit dun concept difficile, car il est vu la fois comme concept naturaliste, somatique, ancr dans le corps humain, mais au mme temps aussi comme concept psychique : cest donc un concept la limite entre le somatique et le psychique,

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    Green (1999) La pulsion est dorigine somatique : elle provient de la profondeur du corps. En plus, cest un concept qui nest pas directement observable, mais que lon peut au moins infrer partir des comportements observables : donc elle se manifeste suite une transformation, travers des ides ou des reprsentations (colores par les affects qui leur sont associs) et qui seules les rendent possiblement accessibles la conscience.

    Laplanche & Pontalis (1967, 1988) Dans un premier temps, Freud avait distingue les pulsions entre pulsions sexuelles et pulsions dautoconservation/du moi. Mais partir du 1920, il distingue pulsion de mort (Eros) et pulsion de vie (Thanatos) : cela donne une ide de lhomme sombre.

    Dans un premier temps, Freud a fait scandale parce quil a dit que la vie des enfants nest pas asexuelle : il a prt des dsirs et des motions sexuelles aux enfants. Mais dans un deuxime temps, il a fait un deuxime scandale, en disant que non seulement lenfant a des pulsions sexuelles (envers ses parents en particulier), mais en plus ces pulsions peuvent tre hostiles. Les pulsions de vie peuvent tendre vers un double but : conservation de la vie et la faire crotre tablissement comme maintien et croissance des formes diffrencies et organises,

    allant vers leur progressive complexification. Ainsi, les pulsions de vie ne vont pas seulement dans la direction de lautre (, mais aussi dans la direction de la destruction : elles tendent conserver et faire crotre la vie. Les pulsions de vie visent lunion et lunification et elles sont soumises au principe de la liaison psychique : si la vie psychique du sujet tait soumise qu des pulsions de vie, elle tendrait uniquement des unifications, mais ce nest pas si simple, car il y a aussi plein de pulsions de mort. La pulsion de vie intgre et produit de la diffrence, alors que la pulsion de mort tend la destructivit, la destruction de soi et du autrui, et lgalisation des tensions. Le pique de la pulsion de mort est sa tendance au retour un tat anorganique, inanim (tat de repos absolu), et plus largement un tat antrieur. Ces pulsions de mort tendent donc la rgression et elles sont soumises au principe de nirvana, qui a tendance rduire les excitations zro, jusqu la mort. Freud ( Abrg de psychanalyse, 1938) Le but dEros est dtablir toujours de plus grandes units, donc de conserver : cest la liaison. Le but de lautre pulsion, au contraire, est de briser les rapports, donc de dtruire les choses. Ici Freud nous livre une conception de lhomme qui nest pas que plaisante et rassurante : elle conduit penser la complexit et la conflictualit du caractre humain, dans une perspective pessimiste (voire raliste). Lhomme est donc habit par des pulsions (terrain de la vie psychique), qui stendent sur deux ples, cest--dire les pulsions de vie tendant lunification, la conjonction, le rassemblement, la liaison psychique, et les pulsions tendant la dliaison psychique, disjonction, la sparation, la dsagrgation.

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    Roussillon (2000)

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    Finalit et dfinition de la pratique clinique psychanalytique Quelle dfinition de la pratique clinique psychanalytique ? La pratique clinique dorientation psychanalytique est fonde sur la disposition desprit du praticien qui place le vertex de la ralit psychique et des processus de sa transformation symbolisante en son centre partir dune mthode centre sur lattention porte lassociativit des processus psychiques et ses diverses modes dexpression. Pour qualifier la qualit de la ralit psychique, une des qualits principales cest son associativit : la ralit psychique fonctionne au fond principalement par des associations. Lassociativit cest donc le mode sur lequel la ralit psychique sexprime et se laisse aborder. Roussillon (2012) Vise gnrales en termes thiques : optimiser la libert dtre du sujet en favorisant appropriation subjective/subjectivation de sa vie psychique et de son mode relationnel. Ce que lon doit faire lorsque lon coute un patient cest de favoriser la libert dtre, et cela ne peut se faire quen favorisant lappropriation subjective. A cet effet, le processus de symbolisation est au premier plan puisquil est indispensable lappropriation subjectivante de la vie psychique, qui suppose une rflexivit : on doit aider le sujet transformer une part de sa ralit psychique de manire quelle lui soit accessible, afin de pouvoir symboliser sa propre exprience.

    Je ne peux pas accder ma vie psychique si je ne peux pas transformer certains de mes vcus en les symbolisant, en les nommant et en les adressant autrui ; symboliser en psychanalyse se rfre surtout au fait de nommer les choses. Donc, ce que lon doit pouvoir faire cest daccder cette associativit de la vie psychique pour pouvoir devenir moi-mme conscient des diffrents aspects qui mchappent.

    Je ne peux pas accder ma vie psychique directement : pour cela faire on doit symboliser, le rve tant le lieu privilgi de cette symbolisation. Mais il faut aussi sapproprier de ses rves, par exemple en puissant les raconter, car en les racontant on sapproprie de ces rves.

    Donc, on peut non seulement rver, mais aussi raconter autrui un rve fait, et ce faisant, on peut aussi se raconter soi mme un rve : cest la rflexivit, se rfrant au fait de savoir que lon est en train de raconter le rve autrui et tant une particularit de ltre humain. En effet, le sujet humain a un potentiel singulier : savoir la rflexivit ; il peut, certaines conditions, prendre conscience du caractre subjectif et parfois inconscient des reprsentations quil se forge du monde, de lui-mme et dautrui.

    La ralit psychique signifie donc donner accs au sujet, cest--dire aider le sujet prendre conscience du fait que tout ce quil vit est subjectif. Ce qui va intresser principalement les psychanalystes cest en effet que ce que lon vit est vcu subjectivement, pour une part consciemment et pour une part inconsciemment. Plus je peux devenir conscient de cette part subjective, plus je suis privilgi la pratique de la psychanalyse.

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    La psych humaine peut dvelopper une perception interne du fait, paradoxal que, pour elle, les choses du monde sont et ne sont pas semblables elles-mmes : le sujet entretient donc un rapport subjectif au monde. Dans un entretien, on doit donc chercher dvelopper la capacit conjointe (avec le patient) de prendre conscience de notre rapport subjectif au monde. Le sujet peut aussi, certaines conditions, prendre conscience du caractre subjectif de ses reprsentations ; cest ce que lon appelle lappropriation subjectivante par symbolisation. Donc, la vise principale de la pratique clinique psychanalytique cest de favoriser cette appropriation subjectivante par la symbolisation : je deviens plus sujet, jhabite plus ma propre psych, en pouvant parler avec un clinicien, avec moi-mme, y compris autour des questions et des dsirs inconscients. Do limportance du processus de subjectivation par symbolisation qui constitue en ce sens le centre de gravit, lhorizon laboratif de la pense comme de la pratique clinique psychanalytique.

    Quelle dfinition de la pratique clinique psychanalytique ? On peut donc dfinit la pratique clinique psychanalytique comme une disposition desprit centre sur le praticien, qui prend pour objet privilgi la ralit psychique et ses processus de transformation. La pratique clinique psychanalytique se fait via une mthode centre sur lattention porte lassociativit des processus psychiques et ses divers modes dexpression. Il nest pas effectivement rare que, lors dune sance ou loccasion dun rve, me reviennent des souvenirs : cela est donc le mode par lequel la psych sexprime, voie dexpression de type associative, notamment voie royale vers linconscient. Le mode privilgi sous lequel la ralit psychique se dploie cest donc lassociativit, qualit particulire de la ralit psychique : lassociativit a veut dire que lon ne peroit pas au dpart les choses, mais quon va les dcouvrir. Freud donne lhypothse quil semble que notre fonctionnement neurologique, est principalement dordre associatif. Dans lanalyse, tout est fait pour favoriser lexpression de cette associativit. Dans le chapitre suivant nous pourrions observer le cadre dans lequel peut sexprimer cette associativit, dont la rgle fondamentale (en psychanalyse) est celle de lassociation libre, et qui traverse tous les dispositifs : on ne peut pas dire quun dispositif est psychanalytique sil ne favorise pas les associations libres.

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    Extrait Film Another Woman Mise en image du processus associatif : extrait trs parlant dune exprience faite rgulirement, qui est celle de lassociativit. La ligne associative que lon peut reprer ici peut se rfrer diffrentes choses :

    la panthre de la cage captivit/ angoisse / colre ;

    masque blanc pos, pas port, voquant une vie qui cache quelque chose, des dsirs, etc. (dsir dune vie relativement bien range vs dsir dun homme plus actif, moins avouable,..)

    tableau avec une femme enceinte (Klimpt) : condition fminine se rfrant la dame en thrapie. La protagoniste retombe au souvenir de sa fille (en intimit avec son partenaire) qui se rfre elle comme une jugementaliste. Il sagit dune association dune jeunesse passe et dune critique de sa fille (la dcrivant comme trop jugeante).

    Prise de conscience subjective dun sentiment de captivit, dun sentiment de vie qui marque dsirs conflictuels et dune sorte de vie fonde sur le jugement, jugement sur autrui mais aussi sur sa propre vie (lui ayant empch de vivre son dsir passionnel)

    Cet extrait constitue un exemple dune scne associative ayant permis didentifier/soulever un souvenir. Evidemment, tous les jours on associe, car on ne peut pas viter de faire des associations : mais quest-ce qui diffrencie lassociativit spontane de lassociativit dans la sance clinique ? On nassocie pas de la mme manire selon que lon est en sance dans la clinique et que lon est dans la vie sociale quotidienne, parce que la vie sociale est soumise une censure morale : on ne peut pas se permettre dexprimer tous ce qui passe par lesprit dans lici et le maintenant. Cest une censure morale qui fait que nous civilisons notre associativit et que lon garde cette associativit pour soi. Il sagit non seulement dune censure morale, mais aussi une censure sociale : on ne freine pas notre associativit seulement parce que ce nest pas moralement accept, mais aussi cause dune censure sociale. Une troisime type censure, qui fait que lon ne parle pas en clinique comme lon parle dans la vie sociale, cest une censure logique : lassociativit produit une chaine qui napparat pas trop logique. Plus cette associativit est enracine dans complexit psychique inconsciente, plus elle apparat illogique.

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    Cadre de la pratique clinique psychanalytique A. Quelles rgles ? Nous allons parler des rgles pour le clinicien et aussi des rgles pour le sujet ; le sujet est invit dire tout ce qui lui passe par lesprit (= rgle dassociation libre, ou rgle fondamentale), et le clinicien, couter tous les lments que le sujet exprime avec la mme attention (= rgle dattention galement flottante).Donc, la rgle de lassociation libre constitue une premire rgle du cadre de lapproche clinique psychanalytique.

    A.1. Rgles pour lanalysant Rgle fondamentale (Grundregel)

    Rgle fondamentale qui structure toute la relation psychanalytique et qui consiste inviter le patient se laisser aller dire (tout) ce qui traverse lesprit, mme si (prcise Freud) il trouve cela inutile, inadquat, stupide, ridicule, hors de propos et dsagrable communiquer. Freud formule cette rgle psychanalytique, en prcisant quil ne sagit pas de censurer, domettre des lments qui passent lesprit, mme sils peuvent paratre pnibles. Il faut laisser aller lassociativit, plutt que chercher faire des sortes de rcits structurs. Pour accder au matriel inconscient on doit se laisser aller lassociativit. Freud (1913) Votre rcit (lon dirait plutt discours, car rcit est par dfinition structur) doit diffrer, sur un point, dune conversation ordinaire. Tandis que vous cherchez gnralement, comme il se doit, ne pas perdre le fil de votre rcit et liminer toutes les penses, toutes les ides secondaires qui gneraient votre expos et qui vous feraient remonter au dluge, en analyse vous procderez autrement. Vous allez observer que, pendant votre rcit, diverses ides vont surgir, des ides que vous voudriez bien rejeter parce quelles ont pass par le crible de votre critique. Vous serez tent de vous dire : Ceci ou cela na rien voir ici ou bien telle chose na aucune importance ou encore cest insens et il ny a pas lieu den parler Ne cdez pas cette critique et parlez malgr tout, mme quand vous rpugnez le faire ou justement cause de cela. Vous verrez et comprendrez plus tard pourquoi je vous impose cette rgle, la seule dailleurs que vous deviez suivre. Donc, dites tout ce qui vous passe par la tte. Invitation se livrer sans censure particulire, dire tout ce qui nous passe par la tte : dire et seulement dire, sans faire (contrairement dautres techniques o lon se lve, on bouge, etc.). Comportez-vous la manire dun voyageur qui, assis prs de la fentre de son compartiment, dcrirait le paysage tel quil se droule une personne place derrire lui. Enfin, noubliez jamais votre promesse dtre tout fait franc, nomettez rien de ce qui, pour une raison quelconque, vous parat dsagrable dire.

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    Association libre (Methode der freien Assoziation)

    Il sagit de lexpression sans discrimination de toutes les penses qui viennent lesprit, soit partir dun lment isol (p.ex. mot), soit de faon spontane. Lide que ici est importante cest de ne pas discriminer ce qui vient lesprit : le patient doit dire ce qui vient, comme a vient. Lexpression de linconscient fait que lon est surpris en sentendant dire quelque chose dit dans la sance : il ny a donc pas de thmes pralablement dfinit lors des sances. Freud Au lieu dinciter le patient dire quelque chose sur un sujet dtermin, on linvitait prsent sabandonner l association libre, en dautres termes dire tout ce qui pouvait lui venir lesprit, quand il sabstenait de toute reprsentation consciente dun but (1925). Dans ce cadre, on sen remet pour lessentiel au patient du soin de dterminer le cheminement de lanalyse et lordonnancement du matriau (1925) : ce qui est particulier cette invitation (de tout dire) cest que cest le sujet qui va dcider lui-mme de quoi il parle et comment il va le dire. Nous partons de lhypothse, que ses associations [celles du patient] ne seront pas arbitraires, mais quelles seront dtermines par leur rapport avec son secret, son complexe (1906). Lhypothse de Freud, cest que les associations du patient (ce qui nous livre le patient, qui nous peut paratre priori sans sens) soient supposes avoir un sens et que seraient inhrentes aux conflits psychiques qui habitent le sujet. [...]Lanalyse a chang dans la mesure o le psychanalyste ne cherche plus obtenir le matriel qui lintresse lui-mme, mais permet au patient de suivre le cours naturel et spontan de ses penses. (1907) Ce qui a rvolutionn la pratique freudienne cest le fait de passer une autre thorie (proposer la ralit psychique inconsciente), mais surtout le fait de inventer le transfert et la mthode associative : il ne endors plus les patients, mais les invite sallonger sur le divan, et il fait lhypothse que le savoir rside du ct du patient (cest le patient qui va nous montrer le chemin pour clairer la dimension psychique inconsciente). Roussillon (2012) Pour Roussillon, lassociativit est dune part, la modalit principale travers laquelle fonctionne le fonctionnement et les processus psychiques : si on fait de lassociation cest pour faire le lien entre ce qui se passe dans le sujet et le fait de subjectiver lexprience par la parole.

    Lassociation libre est donc vue comme la voie daccs privilgie la vie psychique et ses divers modes dexpression. Dautre part, lassociation libre est au service de la subjectivation par la symbolisation. Roussillon voque ici la libre association comme mthode de la psychanalyse (Freud) mais ici entendu comme rgle du cadre psychanalytique.

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    Ds lors se pose la question de ce qui caractrise la question de lassociativit dans la rencontre clinique. Ce nest pas dans les associations elles-mmes quil faut rechercher cette caractristique, elles caractrisent le fonctionnement psychique lui-mme, cest dans le mode dcoute du clinicien quelle rside en fait et, en particulier dans le postulat implicite [... que] ce qui sassocie possde un lien, manifeste ou latent, et tmoigne, doit tmoigner dans tous les cas dune certaine forme de logique .

    Du point de vue psychique, on ne fait quassocier et donc ce qui est particulier lassociation libre en pratique clinique psychanalytique cest lcoute que lassociativit reoit de la part du clinicien, une coute qui postule que ce que le patient dit a ait du sens. Celui qui ces associations sont adresses (le rpondant) cest celui qui va aider le patient surmonter le problme, parce quil postule que a ait du sens. 31. Octobre. 2012

    Lassociation libre ce nest pas seulement la rgle qui invite le patient se laisser aller associer tout ce qui lui passe par la tte, mais cest aussi une modalit particulire de fonctionnement des processus psychiques inconscients. De Mijolla Lassociation libre en sance en psychanalyse, cest une libration de la parole du patient, parole qui

    sort des chemins de parole logiques, dans le but de favoriser lmergence dune autre scne, dune vrit complmentaire, cache.

    Elle est le mode principal de production du matriel en analyse Cest une rgle propose au patient, mais aussi une modalit particulire dexpression de lInconscient, du fonctionnement des processus psychiques inconscients. Fdida

    Modalit de parole privilgie en psychanalyse Contrairement au rve, elle permet dentrer dans la communaut de la langue. Elle vise shistoriciser, notamment historiciser le vcu Elle ne fait quun avec le processus du se (re)souvenir . J. Andr Lassociation libre comme moyen et non comme fin (non pas parler en coq lne uniquement, cadre en suivant la rgle la lettre, comme moyen de rsistance) : ce nest pas la fin en soi, mais un moyen pour tenter progressivement dexplorer lInconscient et dlaborer un vcu subjectif qui vient de cette autre scne, comme par exemple celle du rve. Ce qui est espr par les psychanalystes cest la pense incidente, qui tombe comme un cheveu dans la soupe ; a na pas de rapport mais Cela indique proprement lassociativit et la possible

    mergence dune parole qui est libre de la trame logique, chronologique, rationnelle, pour pouvoir exposer toutes les images, les vcus, les ressentis, les souvenirs, les rves, les penses, etc.

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    Rgle comme appel la dliaison, la dfaite dans le langage des raisons qui en brident lexpression. Cest une sorte de dfaite du langage habituel (tant situ du cot de la conscience et structur par des rgles de cohrence, rationnelles), quici sont au contraire invits prendre le large.

    Lacan Lassociation libre peut tre envisage comme une parole libre, dont le patient na pas la matrise, qui nest pas agence sous langle de la conscience et de la rationalit. Delourme A pour fonction dclairer le monde interne ( la temprature leve du transfert) Procde (suit) dune leve de la censure Consiste exprimer sans discrimination les penses qui viennent lesprit sans

    orienter ni contrler ce droulement par une intention slective

    Exploration livre de lenchainement des mots et des thmes

    A.1. Rgles pour le clinicien

    Attention galement flottante (Gleischschwebende Aufmerksamkeit)

    Freud (1912)

    Conseils aux mdecins sur le traitement analytique in La technique psychanalytique

    A cette rgle de lassociation libre, correspond une autre rgle, qui est une sorte de mode dcoute de lanalyste face ce sujet. Cette coute sappelle donc techniquement lattention galement flottante dont Freud en a parl diffrents endroits.

    Lobligation de ne rien distinguer particulirement au cours des sances trouve son pendant [] dans la rgle impose lanalys de ne rien omettre de ce qui lui vient lesprit, en renonant toute critique et tout choix. [] Voici comment doit snoncer la rgle impose au mdecin : viter de laisser sexercer sur sa facult dobservation quelque influence que ce soit et se fier entirement sa mmoire inconsciente ou, en langage technique simple, couter sans se proccuper de savoir si lon va retenir quelque chose.

    Le psychanalyste doit laisser aller son esprit libre sa propre associativit, sans chercher retenir quelque chose en particulier. Donc, il ne va pas privilgier priori des lments dans le discours du patient, comme le disent Laplanche et Pontalis. Laplanche & Pontalis (1967, 1988) On ne va pas privilgier priori des lments dans le discours.

    Recommandation technique comme pendant la rgle de libre association Directive pour guider la faon dont le psychanalyste doit couter le patient En ne privilgiant aucun lment de son discours En laissant aller le plus librement possible sa propre coute inconsciente En suspendant les motivations qui rglent lattention

    Cest un relchement de lattention logique, chronologique et objective : cest une coute de ce qui va se dire entre les lignes.

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    7. Novembre. 2012 Roussillon (2012)

    Une manire singulire dcouter le sujet : elle permet au clinicien dtre attentif la mmoire inconsciente du sujet, cest--dire celle qui est voque travers son discours inconscient. Elle suppose dcouter le plus librement possible ce que dit le patient.

    Attention porte lassociativit des processus psychiques et de ses divers modes dexpression , non seulement ce qui lui est adress consciemment, mais aussi inconsciemment. Le psychanalyste porte ainsi son attention non seulement sur ce qui est conscient pour le sujet, mais aussi sur ce qui lui pourrait chapper : est une attention porte ce qui lui est adress consciemment mais aussi inconsciemment.

    Mode de rponse du clinicien lassociativit du sujet guide par une disposition desprit singulire. Ce qui intresse plus la psychanalyse cest la rencontre entre deux inconscients (celui du patient et celui du clinicien) et non pas le fait davoir deux inconscients spars.

    Une forme dassociation libre de la part du clinicien qui prend source dans les associations du sujet. Les associations du clinicien prennent donc source dans celles du sujet : il associe partir de ce que le sujet dit (ou ne dit pas).

    Le clinicien associe avec ses propres caractristiques psychiques mais sur les associations du sujet . Quelque chose de lordre dune fcondit entre les sujets est donc possible. Lassociativit en cho entre clinicien et patient fait merger quelque chose de lordre du vivant de la souffrance psychique du patient. Le clinicien fait un cho associatif partir de ce que dit le sujet (ou partir de ce quil ne dit pas, justement !).

    Le clinicien tente de mettre son fonctionnement associatif singulier au service de lassociativit du patient.

    Autrement dit, les deux protagonistes de la rencontre clinique associent le plus librement possible, ils associent partir de ce quils ressentent dans la rencontre, lun partir de ce qui vient se transfrer pour lui dans celle-ci, lautre partir de sa propre manire de ressentir le transfert du sujet, ils coassocient donc sur le transfert . Communication dinconscient inconscient. Mais il y a galement dautres modalits du cot des rgles pour le clinicien. Neutralit (Neutralitt) On a souvent confondu la neutralit avec la froideur glaciale du psychanalyste pendant la sance, car pour le patient, cest comme sil parlait un mur : le clinicien fait comme sil ntait pas l. Mais attention : lattitude neutre nindique absolument pas la ncessit tre froid ! Freud voque la question de la ncessaire neutralit du psychanalyste plusieurs reprises dans ses uvres :

    o Conseil aux mdecins sur le traitement psychanalytique (1912) o Le dbut du traitement (1913) o Les voies qui s'ouvrent la thrapeutique psychanalytique (1918)

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    Laplanche & Pontalis (1967, 1988) Attitude selon laquelle lanalyste se doit dtre neutre quant aux valeurs religieuses, politiques, morales, sociales, cest--dire ne pas diriger la cure en fonction dun idal quelconque . Le but de la cure est dessayer accompagner le patient qui sinterroge sur les choix quil fait, sur ce qui la conduit se balancer plutt vers des valeurs telles que la tolrance, ou au contraire du rejet de lautre. La cure ne vise donc pas orienter les choix du patient ! On ne doit pas faire comprendre que cest meilleur dtre dans un ct ou de lautre, mais on doit conduire le sujet comprendre le cheminement qui la amen au choix des valeurs. Du moment que le sujet prend conscience que ses choix sont orients par certaines expriences pralables (il peut raliser cela suite lappropriation subjective), il pourra - sil le souhaite - dcider de les changer, mais cela nest pas le but du psychanalyste que de lui faire changer davis ! Do la ncessit de ne pas imposer des valeurs prcises, mais de privilgier la comprhension du cheminement du choix des valeurs. Le psychanalyste doit rester neutre lgard des manifestations transfrentielles : le clinicien se doit de ne pas entrer dans le jeu du patient (mme quand il serait agrable dentrer dans ce jeu l !) Il ne doit pas cder la tentation dtre flatt suite aux sductions du patient, la tentation de renforcer son narcissisme avec les compliments quun patient pourrait adresser. Plutt, il faut se demander ce qui est jeu dans cette sduction : quest-ce que ce le patient veille avec ce jeu, quest-ce qui a provoqu ce jeu de sduction (quest-ce qui fait que jai tendance me sentir sduit par ce patient ? Vers quoi cela pourrait me faire glisser si je me laissais sduire ? etc.) Il faut donc toujours analyser les effets transfrentiels, les processus psychiques sous-jacents ce sentiment de sduction, plutt que de se laisser submerger par eux.

    Les patients adolescents font souvent tout le contraire ; au lieu dtre sduisants, ils cherchent tre rejets (inconsciemment). Il faut alors viter de cder leur dsir (inconscient) que lon les laisse tranquilles. Cest aussi une manire de sinterroger sur ce qui est dangereux pour le patient, sur ce qui fait quil essaie de dtruire le cadre. On doit toujours faire lhypothse que les effets contre-transfrentiels ont un rapport avec ce que le patient vit de faon inconsciente, pour pouvoir laider. Donc, ds que lon ressent quelque chose en tant que clinicien, cela peut nous informer sur la souffrance du patient. Neutre par rapport au discours de lanalys : ne pas privilgier en fonction des prjugs thoriques tel ou tel fragment de significations. La thorie est un frein la bonne comprhension du fonctionnement psychique en jeu dans la sance, car on a tendance conformer ce que lon vit en sance thories prtablies, alors mme que la thorie dcoule de la rencontre ! La thorie nous guide, mais il ne faut pas trop simmerger dans celle-ci. La neutralit dfinit une des qualits de la fonction danalyste (vs sa personne). La neutralit ne concerne donc pas une qualit de sa personne : il ne sagit pas de dfinir la personne du clinicien comme personne neutre , mais uniquement sa fonction. Cest lanalyste dans sa fonction qui se doit tre neutre. Dans la vie, on peut tre quelquun qui nest pas du tout neutre, mais tout en tant un bon analyste neutre. Il ne sagit pas de la personne neutre mais de l analyste neutre . Recommandation, vise Vs suggestion

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    Abstinence (Grundsatz der Abstinenz) Notion apparue dans Observations sur lamour de transfert (1915) qui concerne une des facettes de la neutralit : cest une manire