28
Service de Mkdecinc dc I’Hijpital Maria, Stockholm. (B16decin Chef: Dr. Arnold Josefsoo.) &tilde stir dens em d’lzenzoglobiiznrie iL frigore. Par GUSTAF HOGLUND. Lors de ses manifestations, l’h6moglobinurie paroxystique n frigore est caract6ris6e, comme on le sait, par des paroxysmes d’intensit6 variable, mais de breve dur6e et qui surviennent h l’occasion d’un refroidissement. Sous leur forme complete, ainsi que Widal l’a surtout fait remarquer, les paroxysmes presentent, cl’une part, une crise h6molytique (h6moglobin6mie-h6moglobin- urie) et, d’autre part, un syndrome fort semblable A celui du simple shock A la peptone (crise h6moclasique, suivie de modifications antagonistes de la temperature, de la pression sanguine, de la formule leucocytaire ainsi que par les sympt8mes de shock). Depuis que Dressler, en 1854, eut attire l’attention sur ce curieux 6tat morbide par une description detaillee des patients qui en Btaient atteints et l’analyse rigoureuse des conditions provoquant la coloration passaghre des urines, on s’est vivement int6ress6 h la pathogenie et l’ktiologie de la maladie. Nombreux sont donc les travaux qui ont tent6 d’approfondir et d’6lucider ces deux questions. De la p6riode 1870-1890 datent en effet les importantes recherches de Lichtheim, Murri, Ehrlich et Rosenbach, pour ne citer qu’eus. Tous fournirent de prkcieuses contributions h la connaissance de la clinique et de la pathogenie de l’affection. I1 n’en est pas moins vrai que le point central de la pathogenie - la cause des accidents h6molytiques transitoires - demeura plong6 dans l’obscurit6 jusqu’h ces derniers temps. En effet, toute la s6rie des hypothBses explicatives qu’on avait anterieurement imaginCes sont peu A peu devenues insoutenables et Yon a dG finalement les abandonner. C’est dans ces conditions que Donath et Landsteiner publierent en 1904-1906 leurs exp6riences ilz 3-270456. Acta med. Scandinau. Vol. LSVI.

Étude sur deux cas d'hémoglobinurie a frigore

Embed Size (px)

Citation preview

Service de Mkdecinc dc I’Hijpital Maria, Stockholm. (B16decin Chef: Dr. Arnold Josefsoo.)

&tilde stir dens em d’lzenzoglobiiznrie iL frigore. Par

GUSTAF HOGLUND.

Lors de ses manifestations, l’h6moglobinurie paroxystique n frigore est caract6ris6e, comme on le sait, par des paroxysmes d’intensit6 variable, mais de breve dur6e et qui surviennent h l’occasion d’un refroidissement. Sous leur forme complete, ainsi que Widal l’a surtout fait remarquer, les paroxysmes presentent, cl’une part, une crise h6molytique (h6moglobin6mie-h6moglobin- urie) et, d’autre part, un syndrome fort semblable A celui du simple shock A la peptone (crise h6moclasique, suivie de modifications antagonistes de la temperature, de la pression sanguine, de la formule leucocytaire ainsi que par les sympt8mes de shock).

Depuis que Dressler, en 1854, eut attire l’attention sur ce curieux 6tat morbide par une description detaillee des patients qui en Btaient atteints et l’analyse rigoureuse des conditions provoquant la coloration passaghre des urines, on s’est vivement int6ress6 h la pathogenie et l’ktiologie de la maladie. Nombreux sont donc les travaux qui ont tent6 d’approfondir et d’6lucider ces deux questions. De la p6riode 1870-1890 datent en effet les importantes recherches de Lichtheim, Murri, Ehrlich et Rosenbach, pour ne citer qu’eus. Tous fournirent de prkcieuses contributions h la connaissance de la clinique et de la pathogenie de l’affection. I1 n’en est pas moins vrai que le point central de la pathogenie - la cause des accidents h6molytiques transitoires - demeura plong6 dans l’obscurit6 jusqu’h ces derniers temps. En effet, toute la s6rie des hypothBses explicatives qu’on avait anterieurement imaginCes sont peu A peu devenues insoutenables et Yon a dG finalement les abandonner. C’est dans ces conditions que Donath et Landsteiner publierent en 1904-1906 leurs exp6riences ilz

3-270456. Acta med. Scandinau. Vol. LSVI.

34 GUBTAF HOOLUSD.

vitro; ces experiences, d'une grande importance pour la question pathog6nique) furent effectuees sup le serum d'un hemoglobin- urique a frigore, dans lequel on avait dilue les globules rouges de ce mdme patient et dont le sang avait 6th rendu incoagulable par une addition d'oxalate. Ces auteurs montrhrent ainsi que le serum en question par son refroidissement h 0" et son chauffage ulterieur A 37", pouvait hemolyser les globules rouges, aussi bien ceux du malade en cause que ceux d'un autre sujet isologue. Par contre, l'hemolyse faisait defaut si ce mdme me'lange de serum et de globules rouges etait chauffe directement A 37" sans refroi- dissement prealable. L'hemolyse faisait encore d6faut si les globules rouges de cet hemoglobinurique Btaient dilues dans la solution physiologique de sel marin, puis soumis successivement au refroidissement A 0" et au chauffage A 37". Les mdmes auteurs purent montrer aussi que l'experience ne necessitait la presence du serum d'un hemoglobinurique que durant la phase du refroi- dissement; par contre, n'importe quel liquide contenant le com- plement (naturellement A l'exclusion des iso- ou heterolyses) pouvait dtre employe, au cours du chauffage ConsBcutif, pour obtenir l'hemolyse. Dans la suite bien des exphrimentateurs arriverent aux mdmes resultats. En consequence de leurs obser- vations, Donath et Landsteiner voulaient placer le systhme herno- lytique present dans cette maladie sup le mdme pied que les hemolysines habituelles dn serum, avec cette difference pourtant que l'ambocepteur agissant en cette occasion, A l'inverse des autres ambocepteurs, exigeait pour sa fixation aux globules rouges un refroidissement d u mtlange de se'rurn et de globules rouges. Ainsi donc Donath et Landsteiner se croyaient en droit de penser que l'hemolysine demontree in vitro Btait active in vivo et ils voyaient dans sa presence la cause et l'explication des paroxysmes provo- ques par le froid.

Dans l'hypothhse de Donath et Landsteiner le mecanisme des crises hemoglobinuriques apparaissant de temps A autre sous l'in- fluence du froid aurait 6th le suivant: L'ambocepteur a frigore qui caracterisait la maladie entrait en action lors du refroidissement du patient; il sensibilisait les globules rouges et par ce moyen les rendait receptifs h 1'Bgard de l'agent complementolytique du serum. La dissolution, qui se produisait alors, de la matiere colo- rante libre du sang engendrait les autres sympttimes qui carac- teisent les acchs, h savoir le frisson, l'ascension de la temperature, du pouls, de la pression sanguine etc. . . .

h’YUDE SUR UEUX CAS D‘IlhMOGLOBlNURIE A PRICORE. 3s

D’aprks Donath et Landsteiner, nombre d’auteurs ont publie des etudes approfondies, cliniques et s&ologiques, sur l’h6moglo- binurie par le froid et complete d‘nne manikre extr6mement pr6- cieuse nos connaissances sur la clinique, la pathogenie e t autres questions concernant cette singulikre affection (Meyer et Emmerich, Moro e t Noda, Lindbom etc.. . .).

La plupart de ces auteurs ont soutenu la theorie pathogeniqne qne nous venom d’indiquer. Par contre, beaucoup d’autres ont fait valoir une s6rie de particularit&, k ce qu’il semble, inconci- liables avec elle et refuse de l’adopter. Les objections les plus importantes qu’on peut faire valoir contre la thBorie de Donath e t Landsteiner paraissent 6tre les suivantes:

1) Un refroidissement m6me trks intense ne determine pas tou- jours une attaque d’h6moglobinurie, bien que le serum, lors d‘une Bpreuve contemporaine in vitro, posskde d’hergiques pro- pri6t6s autohkmolytiques. C’est ainsi qu’en certaines occasions les patients tolBrent un fort refroidissement et qu’en d’autres ils ont une attaque fort violente sur un refroidissement tout B fait insignifiant. I1 est certain qu’on a fait nombre d’exphriences pour expliquer le fait, tout en invoquant les fortes variations que pouvaient presenter les proprietes lytiqnes des serums. Mais cette dernikre hypothkse elle-m6me n’a pu &re maintenue (Moro et Noda, Meyer et Emmerich, Kumagai et Inoue). SalBn a fait une etude critique approfondie de ces questions et je renvoie A son travail ceux qui desireraient de plus amples details.

2) Alors que l’attaque t;pique d’hbmoglobinurie est touj ours formee de deux composantes principales, la crise h6molytique et la crise ht5moclasique, il n’en est pas moins vrai que les effets du refroidissement peuvent, suivant les sujets ou les occasions, voire chez un m6me sujet, se limiter k l‘une seulement des deux. C’est ainsi qu’on peut observer une crise hemolytique sans h6mo- clasie (Sal6n) et inversement - c’est A dire de violents sympt6mes de shock sans apparition simultanee d’h6moglobin6mie et d’hhmo- globinurie (Widal, Abrami et Brissaud, Sa lh) .

3) Donath et Landsteiner avaient eux-rn6mes pu montrer qu’une fonction serique s’accordant parfaitement, sous le rapport s6rolo- gique, avec l‘ambocepteur a frigore pouvait exister chez des indi- vidus qui n’avaient jamais present6 le moindre sympt6me d’h6- moglobinurie a frigore. Des recherches prolongees sur cette ques- tion ont B t B depuis executees par Kumagai, Inoue et Ito. E n d6pit de refroidissements intenses, ils ne purent jamais dans

36 UUSTAF HOGLUSD.

quclqncs cas provoquer des acchs d‘h6moglobinurie, bien que le s6- rum des patients, A en juger par les experiences in vitro, presentiit des proprietes identiques A celui qu’on recueillait dans les cas avec manifestations hemoglobinuriques consecutives i un refroidisse- ment. Comme ce fait semblait inconciliable avec la theorie de Donath et Landsteiner sur l’origine de la crise hemoglobinurique, on recourut A quelques hypothhses de fortune pour rhsoudre les difficult& anxquelles se heurtait la thQorie. - Dans les manifes- tations hhmoglobinuriques a frigore on devrait done pouvoir mettre en evidence une qualit6 speciale des globules rouges, sous forme d’une moindre resistance l’egard des actions mhcaniques et osmo- tiques, ce qui les rendrait plus aptes A subir l’action de la fonction hhmolytique du serum. L’absence dune alteration qualitative de ce genre dans les globules sanguins des hkmoglobinuriques la- tents (les porteurs d’hemolysine) expliquerait pourquoi les symp- t6mes cliniques font dBfaut chez ces patients. S a l h a fait une Btude critique de cette question, Btude fondhe aussi bien sur les faits publies dans la litteratwe medicale que sur des observations personnelles. Or il en resulte qu’on n’a pu Btablir de difference entre les h6moglobinuriques A sympt6mes manifestes e t les h6m07 globinnriques latents; de plus, en regle gGnBrale, on n’a pu decouvrir dans les Brythrocytes une constitution anormale speciale e t se montrant au cours des crises h6moglobinuriques.

Pour expliquer l’apparition des paroxysmes, on a dans beaucoup de cas fait appel A un autre facteur; on a dit que les patients ferai- ent preuve d’une certaine vasolabilitg A 1’6gard du froid. Ce fac- teur serait nkessaire pour que la temperature exterieure f i i t capable de provoquer un abaissement suffisamment prononch de la temperature du sang et pour que l’ambocepteur trouvBt des conditions lui permettant d’agir. Par contre, dans les cas latents, l‘absence d’une pareille vasolabilite expliquerait l’bvolution clinique silencieuse. Toutefois S a l h oppose A cette opinion des objections qui semblent, elles aussi, fort valables. D’une part, en effet, il peut arriver que dans les hemoglobinuries c1 frigore en Qtat de crise apparente survienne une hemolyse, sans qu’il se produise pourtant aucune espike de phenomenes vasomoteurs. D’autre part, dans un cas latent, Salen a pu montrer qu’un refroi- dissement, si intense qu’il soit, est sans effet, si dans la ou les parties du corps soulvises au refroidissement on determine par periodes une forte stase, en appliquant une ligature en amont des parties refroidies. Salen pense qu’il rBalise ainsi une stase beau-

gTUDE SUR D E U S CAS 1 ~ ’ I I ~ ~ l O Q I ~ O ~ I N U R I l ~ A PRIGORE. 37

coup plus puissante que celle que pourrait Bventuellenient engend- rer l’hypothetique labilite vasomotrice.

Oblige par ses experiences de rejeter les theories anterieure- ment BdifiBes, S a l h a present6 en leur place, sur le mecanisme des crises hQmoglobinuriqnes, une explication qui semble extr Gmement plausible et qui du m6me coup Qclaire la pathogenie tout entibre de l’affection. J e vais la presenter en quelques mots et j’insisterai de preference sur les points qui Qtaient jusqu’ici inexpliquQs ou incompr6hensibles.

Dans son travail SalBn dBcrit en detail 3 observations d’hemo- globinurie a frzgore dont il a suivi les malades pendant longtemps; pour la premibre fois on y voit la maladie passer, sous les yeux m8me de l’observateur, de l’tvolution naannifeste ci l‘e‘volution latente. ilinsi se trouve confirm6 le rapport pathoghique existant entre l’h6moglobinurie a frigore nianifeste e t l’hhoglobinurie latente 0)porteurs d’h6molysine))). Par des recherches combinees, cli- niques et sQrologiques, Salen fournit la preuve irrefragable de l’importance causale que possbde l‘ambocepteur du froid dam les processus hemolytiques passagers. Quant A la cause des effets variables du refroidissement dans les types manifestes OLI

latents de la maladie - question difficile r6sondre - S a l h l’explique en admettant que la presence ou l’absence de l’hkmolyse intravasculaire depend de ce que le plasma possbde ou non la fonction lytique h 1’Bgarcl des globules sanguins sensibilisks sous l’influence du refroidissement. Alors que, in vitro ii 37”, le s t rum une fois depose est constamment pourvu de cette fonction, S a l h constate que, dans la periode de latence le plnsma en est priv6; par contre, clans l’h6moglobinurie nianifeste, il la possbde. MGme dans un cas anthieurement latent le froid provoque la sensibilisation d’un plus ou moins grand nombre de globules (111 sang, A la condition qu’il soit suffisamment intense. En &pit de la fonction lytique negative du s6rum, line partie de ces cellules sensibilisees peuvent &tre dktrnites, e t cela, sans qu’il se produise A cette occasion une h h o l y s e zntrcwasculaire ou des phenombnes de shock (y compris crise hQmoclasique). L’uniqae signe r6v6lateur du processus est alors une diminution dn nombre des Qrythro- cytes, ainsi que l’urobilinurie consecutive. 11 y st donc 18. une variete nouvelle, non encore observhe, cies effets dn refroidisse- ment, effets se montrant justement dans les cas tout ii fait latents ou dans ceus qui, de nianifestes qn’ils Btaient anterieurement, sont devenus latents. Dam cette forme de destruction du sang

3s GUSTAF HOGLUXD

unc albuminurie passagkre peut elle-meme faire compl&tement defaut.

Le destin des cellules sensibilisees depend donc en premier lieu de la presence ou de l’absence Bventuelles d’une fonction lytique adequate dans le liqnide sanguin. Si elle existe, la plupart des cellules sensibilisees subissent probablement une hemolyse intra- vasculaire. X i cette fonction fait d&faut, le resultat peut &re different suivant les cas. ilu moyen de recherches serologiques minutieuses, SalBn a prouve quiune diminution relativement in- signifiante de la temperature du sang determine dejB la sensibili- sation des cellules les plus anciemes entrant dans la constitution du sang, tandis quc les cellules relativement OLI absolument Zes plus jeunes exigent, pour leur sensibilisation, nn refroidissement beaucoup plus intense. 11 a constate de m6me que l’union de l’ambocepteur aux globules sanguins est de beaucoup plus facile B rompre avec des cellules jeunes qu’avec des anciennes. Dans ce fait SalBn voit une condition particulikrement importante relative- ment B l’explication dn mecanisme de la crise et, par suite, ?i

l’action de l’ambocepteur pendant la vie. Alors que les cellules les plus anciennes, quand elles ont 6th sensibilisees avec une fonction lytique negative, sont en fin cle compte detruites par une autre voie que par le moyen d‘une hemolyse intravasculaire, les jeunes cellules, si l’on peut dire, sont mieux protegees. Pour la sensibilisation des toutes jeunes cellules il faut, d’une part, un abaissement extrihement fort de la temperature du corps (et tellement bas qu’on a cle la peine B le concevoir in vivo) et, d’autre part, line dissociation particulikrement rapide de la fixation de l’ambocepteur aux cellules du sang, sous reserve que le complement lytique n’intervienne pas. SalBn attire de plus notre attention sur ce que, dans le refroidissement d’une partie peripherique dn corps, on rencontre les conditions et l’explication d’un phenomhne signal6 par beaucoup d’auteurs, B savoir qu’une diminution de la temperature du sang, en elle-m6me relativement insignifiante, peut aboutir h l‘hemolyse d’nn grand nombre de globules rouges. A travers la partie du corps refroidie il passe en effet et il s’y refroidit continuellement de nouvelles quantites de sang et ce dernier apporte sans cesse un nouveau lot de cellules sanguines alzciennes, lesquelles, pour Gtre sensibilisees, n’exigent qu’une trks faible diminution de la temperature dn sang. Le m6canisme intra- vasculaire se trouve done fonctionner comme un appareil d’epu- ration B 1’8gard des cellules absolument et relativement anciennes

~ T U D E . SUR DEUX CAS D’HI~MOGLOBTFURIE A PRIGORE. 39

dn sang. Par contre, une fois que ces dernikres cellules ont Bt6 6liminBes, il fandra, au cours d’une periode ulterieure, un refroi- dissement plus intense pour determiner la sensibilisation des cellnles restantes. S a l h voit dans ce fait la cause des crises spon- tanees et manifestes de l’hemoglobinurie a frigore; il y voit aussi la cause de ce fait bien connu qu’aprks une crise le patient devient generalement plus r6sistant au froid, mais que sa resistance dimi- nne, si pendant quelque temps il est demeur6 B l’abri de toute action du froid.

Pour ce qui est enfin des phhomknes de shock que peut deter- miner le froid (crise hemoclasique, symptdmes cliniques du shock), Salen partage au fond les id6es de Widal, Abrami et Rrissaud. Une des observations de Salen est un exemple de shock intense a f r igore, en depit de l’absence complete des signes d‘une h6molyse intra- vasculaire. Une autre de ses observations est un esemple de la condition inverse. Les recherches ultramicroscopiques et serolo- giques de Sal6n rendent probable que la capacit6 du serum sanguin de produire aussi bien du shock que de l’autosensibilisation est en relation avec les alterations de certains de ses colloides albumineus sous l’influence du froid. Quant B la question de savoir pourquoi, dans le refroidissement, les phbnomhes de shock se produisent ou non, Salen la &out, de m6me que Widal, en faisant observer que l‘organisme est tantdt r6ceptif et tantdt desensibilis6 B l’6gard de ces alterations colloidales causant le shock. La dQensibilisa- tion de l’organisme peut survenir e t persister de deux manikres: ou bien spontanbment, si, par exemple, l’individu est expos6 de temps A autre B l’action du froid qui provoque une l6gkre h6t6ro- gbnisation des collo’ides en question, heterogenisation suffisante pour agir comme une ))injection immunisanteo et desensibilisante, mais trop faible pour determiner un shock; ou bien artificiellement, si, par exemple, on soumet le malade A des bains de pied rBp6tes de temperature et de duree convenables. Avec un pareil traite- ment un des malades de SalQn, qui souffrait depuis son enfance d’une hemoglobinurie a f r igore typique et manifeste B quarante- trois ans, entra rapidement, dans une periode de latence et y demeura par la suite durant plusieurs annees. Sal6n convient cependant que, dans certains cas, un traitement antisyphilitique peut contribuer B rbaliser une dbensibilisation de l’organisme.

Pour finir, cet auteur a trait6 dans deux publications ulterieures et successives la question des rapports de la syphilis e t de l’hemo- globinurie et celle du mecanisme de la reaction de Wassermann

40 GUSTAF HOGLUND.

qu’on rencontre dans l’h6moglobinurie. En ce qui concerne la premihre, SalCn conclut qu’il y a de fortes presomptions A croire que la maladie doit Btre considhr6e comme un Btat post-syphilitique et qu’elle est comparable aux affections mhta- et parasyphilitiques. I1 observe de plus qu’on n’a gukre de raisons pour penser que la reaction de Wassermann, genkralement positive dans l’h6moglo- binurie, soit independante de la syphilis, par cons6quent non specifique, et enfin qu’on ne peut incriminer aucune autre cause ad6quate pour expliquer la maladie, quand il est impossible de demontrer le r6le de syphilis et de l’h6r6do-syphilis. S a l h ap- puie ses conclusions sur une statistique de 116 cas publies aprks 1904. Sur ce total il existait 98 fois des donnhes de la faveur ou l’absence de la syphlis et dans 80 cas (82 %) on avait des preuves cliniques ou anamnestiques de la syphilis. La reaction de Wasser- mann fut positive dans 92 yo des cas 06 elle fut cherchke. Par rapport A 1’Bge et au sexe, on constate une repartition des malades presque identique ii celle des affections m6tasyphilitiques. Avec ces dernihres l’h6moglobinurie a frigore aurait encore ceci de commun qu’elle n’est influencee que d‘une manihre insignifiante par le traitement antisyphilitique et qu’une reaction positive de Wassermann ne parait Btre qu’exceptionnellement modifihe par ce traitement.

Quant j la question du mecanisme de la rhaction de Wassermann dans l’h6moglobinurie a friyore, Salen fait observer que la tenenr du serum en ambocepteurs a friqore est sans influence sur le titre de la reaction de Wassermann et que les ambocepteurs a frigore qui, par le moyen de leur fixation aux hrythrocytes et de leur dissociation cons6cutive, ont Bt6 report& dans un milieu au chlo- pure de sodium ne confkrent pas A ce milieu la capacite de donner une reaction de Wassermann positive, ainsi que Burmeister l’a recemment prhtendu. S a l h appuie ses affirmations sur des expe- riences comparatives dans lesquelles il recherchait la reaction de Wassermann sur le serum d’h6moglobinuriques a frigore, avec ou sans Bpuisement prealable de l’ambocepteur a frigore.

Au cours de mon service A l’H6pital Maria, j’ai eu l’occasion d‘observer deux cas d’h6moglobinurie paroxystique et, depuis lors, j’ai pu suivre l’un d‘eux pendant denx ans. J e vais com- mencer par donner les observations qui mentionnent l’6tat cli- nique de ces malades et la serie des recherches shrologiques dont ils furent l’objet. Mais auparavant qu’il me soit permis d‘offrir mes plus sinckres remerciements A mon ancien chef, le Docent A.

ESTUDE SUR DEUS CAS D’H~IOGLOBISURIIS A FRIQORE. 41

Josefson; je dois ?A sa bienveillance de pouvoir publier ces obser- vations qui proviennent de son service.

Observations personnelles.

ODs. 1. B. V. U., nC en 1581. Artiste. Antkcbdents hhrhditaires sans intCr8t. Maladies usuelles de l’en-

fance. Vers quinzc ails, albuminuric qui est trait& pendant quelque temps ii l’hspital. L e malade ignore pourtant si l’albuminurie disparut :i l’h6pital m6me. Reforme, ii ce qu’il dit, pour ))cardiopathie>; toute- fois, B cettc bpoquc, il n’kprouvait aucun trouble subjectif du c8t6 du cmnr.

A trerite alas environ il observe pour la premizrc fo is que son urine est teintCe de sang. Ce sympt6me revenait par accGs; durant les premiBres annbes ces acchs reparurent B des intervallcs d’environ s i s mois; plus tard ils devinrent plus frequents. 11s s’accompagnaicnt gCn6ralement ds frissons e t d’nne grande seusation de fatigue, mais il ne se produisit jamais dc grands frissons avec tremblement. Ces acces ne duraient gitneralement que quinze ii vingt minutes e t n’ap- paraissaient que si l e patient avait shjourn6 dehors par un temps froid; il ne les itprouva jamais pendant les jours chauds. L’urine Ctait d’habitude nettement sanguinolente ii l’wil nu, mSme lors de la secondc miction postitrieure au d6but dc i’accss; elle reprenait ensuitc une coloration normale. A l’origine de l’acchs, l’urine Qtait rouge clajr; plus tard, pendant l’acck, elle dcvenait brun fonc6 et c’Ctait seulemcnt par la suite qu’eIIe devcnait rouge clair, pour reprcndrc finalemcnt sa coloration normale. I h temps des accBs les mains ct les pieds ittaient habituellement froids et les dernisres phalanges prcnaient une coloration franchement blanche, comme B la face; en rnsme temps le patient devcnait fortcmcnt pile. Cette pileur disparaissait, dCs qu’il sc trouvait au chaud. Souvcnt, pen- dant les dernieres annbes. il survint des douleurs C p h b m h s tant6t d’un c8t6, tantijt. de l’autre, mais d’ordinaire seulement apres une cxposition au froid. Au COUPS de ces dcrnieres annCes les efforts amenaient frCquemment des palpitations et dc la dyspnite. Le patient fu t souvent incommodd par l’insomnie. Jarnais d’ced&mes. Jamais d’hgmorrhagies cutandes ou muqueuses.

L e patient, vcuf depuis dix ans, nie toutc infection syphilitique; vers 1916, il contracta une bleunorrhagic. 11 nie dc mGme toute habitude alcooliquc. Sa femme n’aurait fait, h sa connaissance, aucune maladie. I3llc eut un seul enfant qui mourut vers un an d’une maladie inconnue ; pas d’avortenient.

Les accGs augment?zent peu ii peu d’intensith e t de frbquence. Pendant l’autornue 1923, ils s’allierent & des symptijmes g6neraus tellement intenscs que le patient dut restcr chez lui. N e pouvant plus travailler, il consulte en novembre, pour la prcmiare fois, un mbdccin qui l’cnvoie aussit6t ii l’H6pital Maria; i l y est admis le 24 novcmbrc 1023.

42 GUSTAF EIOGLUND.

Etuf B l’admission : Bon &at g8n6raL Constitution gr6lc. Visage pile. Rien aux organes interncs. Rate non perceptible au palper. Pression sanguine, 135/65 mm. de Hg. Rien au fond des y e w . Urine dc coloration normale. R6action de Hcller positive. Dans le s6diment quelques leucocgtcs; par contrc, n i erythrocytes, ni cylindres. R6action de Wassermann et de Sachs-Georgi fortement positive avec le serum sanguin.

27. 11. Composition du sang: h6moglobinc (d’aprcs Sahli) 57 $; globules rouges 3,830,000; leucocytes 7,200, dont neutrophilcs 43 $, 6osinophilcs 2 $, petits lymphocytes 38.5 s/, grands lymphocytes e t formes de transition 1 6.5 7:. ‘l’hrombocytcs (d’apras Kristenson) 390,000.

29. 11. Riaction de prBcipitation (d’aprhs F~hrrcus-T~restergren) : 2 mm. pour Line heure.

6 . 12. On cxBcute l’esphrience d e Donath et Landstciner:

1) HS 0.3 C.C. -t HE 1 gouttc. ’/? heurc 2’; 2 heures 37‘.

2) HS 0.2 C.C. + NE 1 goutte. ‘/9 hcure 2’; 2 heures 37‘.

3) NS 0.3 C.C. + HE 1 gouttc. ‘/P heure 2’; 2 heures 37’.

4) NaCl 0 . 2 C.C. + HE 1 gouttc. ’/? hcurc 2’; 2 hcures 37’.

5 ) HS (inact.) 0.9 C.C. + HE 1 gontte. 2 heures 37‘. lthsultat

6) HS 0 . 3 C . C . +HE 1 gouttc. 2 licurcs 37:. R6sultat - h6molgse. 7) HS 0 . 3 C.C. +NE 1 gouttc. 2 heures 37 . R6sultat - h8molysr.

ThrombocStcs 372,000.

R6sultat + + + h6molgse.

RBsultat + + + hBmolyse.

ltdsultat -- h6molyse.

R6sultat - h6molysc.

- h6molyse.

6. 12. Ihp6rience de refroidissement: Pendant 1 5 minutes le ma- lade garCleo ses d e u s pieds plongbs d a m de l’eau d’une tempgrature de 9 it 11 . On obtient les r6sultats ci-dessous.

Daus cette experience, de m&me que (hiis les autres, les abrkviations ont la signification suivante:

HS = serum frais de patient atteint d’hetnoglobitiurie a fvigore. HE = globules ssnguius de patient hemoglobiuurique a p e s lavage ii la soln-

N S = Sernm normal. N E = globules sanguins provenant d’ane personne saine: ils ont ete laves d a m

.HS (inact.) on NS (inact.) = sernm inactive B 56” et provenant respectivement, d u n malade atteiut d’hemoglobiuurie (c f v i g o ~ e ou d’une personne sainc.

tion physiologiqne de sel mariit e t en snspension concentree.

la solntion saline physiologique.

NaCl = solution physiologique de sel mariii.

Les denx indications thermom6triques concernent l a teinperntnre ti 1:quelle l’ichantillon R BtB refroidi ou chanffe pendant l’experiencc.

Le signe - = pas d’hemolgse BU cours de l’experience. +, + +, i- + + = hemolyse au cours de l’experience. Lea diferentes intensites fnrent evalnhes an jug6 et sans reconrir k des pro-

cedes objectifs.

~ W D E SUR DEUS CAS D’IJI~~OGLOBINURIE: A YRIGORE. 43

Avant 1’expBriencc la composition du sang Btait la suivantc: IiEmo- globine 93 $; globules rouges 3,950,000; leucocytes 6.500; thrombo- cytes 397,000. L’urine est jaune clair. Dans le s6diment quelques leucocytes. 116actions de l’urobiline cet de la teinture de gayac nBga- tives. Temperature d u matin 36.4. liefroidisseme~it de 1 2 11. 30 B 1% h. 45.

Aprbs 2 minutes. Le patient commence 2 se plaindre dc violentcs clouleurs sacrBes.

Apri?s 5 min. L’urine est encore jaune clair; les r6actions de l’urobiline ou du gayac sont nbgatives, mais le sbdiment conticnt d c nombrcuses plaquettes amorphes.

Aprhs 1 5 min. La pression sanguine cst dc 145/80. ‘I’oujours de fortes douleurs sacr6es.

Aprbs 20 min. Leucocytes 5,200. Xpr6s 40 min.

I1 s’agite e t sc tourne de tout 6 t h .

Le patient commence ?t se plaindrc d’un malaise gEnEral e t pr6sente des frissons d’intensitB croissante. Quelques baillements Pour finir, grands frissons.

Apr& G O min. Thrombocgtes 453,000. Lc sEruni sanguin offrc maintenant unc teinte hBmoglobinique manifestc.

Aprbs 65 min. Urine hpaisse, de coloration brun rougc. La r6ac- tion de l’urobiline est toujours n6gati.i-e. Dans le s6diment on voit de rares cylindres granuleus e t de nombrcuses masses amorphes dc coloration brun rouge.

Bpres 70 min. Globules blancs 7,300. Le visagc cst maintenant franchement psle, de mCme que la pcau des mains e t dcs pieds L’6tat de malaise persiste, ainsi que les frissons. La tcmpbrature est de 35.;.

AprBs 75 min. Pression sanguine 150/iO. AprGs 1 0 6 min. Clol~nles blancs 7,000. Thrombocytcs 526,000. Apri?s 135 min. Pression sanguine 135/65. Urine toujours bpaisse,

brun sombre. Bpres 225 min. Leucocytes 5,200. L’urine est maintenant plus

Claire. Reaction de l’urobiline positive. Dans le s6diment cpelqucs rares masses amorphes.

Composition du sang: hemoglobine SD $; Erythro- cytes 3,550,000; leucocytes 12,400.

L’urine est devenue plus limpidc et jaunc. Traccs d’urobiline. li6action du gayac negative. Dans lc s6diment r a m masses am orphes.

L e lendcmain matin, l’urinc btait limpide, jaunc clair. Toujours dcs traces d’urobiline.

1 0 . 1 2 . Thrombocytcs 401,000. 14. 12. Eta t du sang avant l’espkrience: h6moglobine 1 0 4 %; Erythrocytes

4,700,000: lciicocytes 7,500; thrombocytes 430,000. Pression sanguine 136/60. R6attion dc l’urobilinc positive dans l’urine. Tempkrature du matin 36.4

De 1 h. 30 i 1 h. 42 refroidissement des clcus pieds dans de l’eau B 12’. .

RBaction de l’urobiline nbgative.

AprBs 240 niin.

Aprbv 5 heures.

Nouvelle esp6riencc d c refroidisseinent :

44 GUSTAF I I ~ G L U N I ) .

Au bout dc 2 minutes bourdonnemeiits d’orcille e t fortes doulcurs

AprBs 1 5 min. R6action de pr6cipitation: 3 mm. c n une henrc. Apr6s 20 min. Urinc toujours limpide, jauiie clair. Dans le s6di-

ment quelques leucocytes et masses amorphes. R6action dc I’urobilinc f aiblement positive.

Spr6s 25 min. Pression sanguine 165/75. Les malaises apparais- sent; chphalSes, tendance au somnieil e t longs baillements.

hpr6s 35 min. Urine legerement rouge. Dans le s6dimcnt rares plaquettes de coloration brun rouge. Reaction de l’urobilinc litgsrement positive. Des frissons violents s’6tablisaent peu peu ; malaise genbral.

Apr&s 40 min. Leucocytes 7,700. AprBs G O inin. Urine hpaissc, bruii rouge. I lans Ic s6diment

nombreuses masses amorphe: brun rouge. 726action dc I’urobilinc n6gative. Tcmphrature: 39.5 .

AprGs 6 5 min. Thrombocytes 452,000. Epreuve dc pr6cipitation : 2 mm. en une hcurc.

Apr&s 75 min. Leucocytes 6,200. Lcs frissons commencent B climinuer, inais il y a toujours de shrieuses douleurs dans lc dos.

Apr6s 90 min. Pression sanguine 145/75. AprBs 105 min. Leucocytes 6,100. Les malaises augmcntent de

AprBs 2 h. L’urine est toujours kpaisse e t color6e cn brun. T i Reaction de l’urobiline fortement positirc.

AprBs 2 h . ’/A. Leucocytes 9,600. Thrombocytes 430,000. Apr6s 4 11. Les malaises ont diminu6, mais les doulcurs dorsales

persistent, hien qu‘affaiblies. Urinc plus limpide. Dans lc s6diment rares masscs amorphcs. 12Saction dc I’urobiline faiblcment positive.

Aprhs 4 h. ‘ / 9 . Composition d u sang: h6moglobine 102 %; brythro- cytcs 4,200,000; leucocytes 1 , 1 0 0 .

Le lendemain inatin, urine jaunc clair. Plaquettes ainorphcs encore pr6sentes dans le s6dimcnt. R6action dc l’urobiline fniblement positive.

19. 12. Eta t du sang avant le refroidisscnient: hbmoglobine 0 1 $; brythro-

cytes 4,010,000; leucocytes 7,100. Reaction de l’urobilinc negatirc dans I’urinc. REaction de prbcipitation: 3 nini. en une heurc. Tempgratnre du matin : 36.2 .

D e 11 11. 35 2 11 11. 45 rtfroidissement des deus picds dans dc l’eau d’une temp6ratui-c de 1 2 14’.

Apr6s .5 min. Pression sanguinc l3O/G5. Aprss 50 min. AprAs G O min. Xalaisc yh@ral , c6pha16cs et douleurs dans la

poitrine. Temp6rature: 37.3 . hpr& 65 min. Grands frissons avec tremblement. Les doigts

sont piles e t les ongles presentent une s6rie d c taches rouge clnir. Pieds froids, pPles.

Apr6s 7 5 min. Temphrature: 37.‘;. Urinc bruri clair. 116action de I’urobilinc nkgative. Dans le skdimcnt asscz nombreuses plaquettes amorphes. Pression sanguine 155/75.

dans la r6gion sacr6c.

nouveau ct s’accompagnent de vomisscments.

sediment cst comme avant.

Nouvelle exphiencc dc reftoidisssment :

Apparition cle malaises et dc baillements.

~ T I J D E SUE DEUS GAS D’H~MOGLOBIKURIE A BRTGORE. 45

Apr& 1 0 5 miu. Plus de malaises. TempSrature: 37.:. AprCs 2 h. Aprhs 2 h . ’/?.

Aprhs 2 11. 3/4.

Pression sanguine 130/65. RBaction de prgcipitation: 3 mm. pour line heure. L’urine, d e coloration brun rougc, contient tou-

jours d’abondantes masscs bruncs amorphes ; u,ne partie d’entrc elles se sont transformEes en cylindres. La rBaction d c l’urobiline est n6gative.

Apr2s 4 11. ’/‘&. Eta t du sang: h6moglobine 9 1 7;. Erythrocytcs 3,940,O 0 0. Lcucocytes 11, (i 0 0. Reaction d e l’u robiline fai blcmen t positivc. Pendant la nuit, l6gcr malaisc g6n6ral et douleurs thora- ciques

Le lendemain matin, l’urine est limpide, jaune clair. REaction de l’urobiline toujours faiblement positive.

14. 1. Thrombocytes 408,000. 16 . 1. Pendant son s6jour B l’h8pital lc malade n’a dprouv6

jusqu’ici aucun malaisc. Au dCbut, on le traitait par Ie repos au l i t e t des bains chauds. Dans I’espoir d’agir 6ventuellement sur la maladie, cn cnrayaot la fonciion spl6nique, on entreprcnd aujourd’liui dcs irradiations dc la rate avec les rayons de Rontgcn.

H6moglobine 55 %; Erythrocytes 4,450,000; leucocytes 7,200. 1ZEactions de Wassermann e t de Sachs-Georgi fortement po-

24. 1. Thrombocytes 37G,OOO. 25. 7 . 29. 1.

si tives. 1. 2. Thrombocytes 355,000. 5. 2. et 6. 2. Nouvelles irradiations de la rate.

11. 2. Thrombocytes 355,000. 14 . 2. D2s les prcmiers jours aprbs sa sortie, il a de nouveau dcs accas

fort graves, la sensation generale d’ctre sericuscment malade et des urines fortement color6es. DBs qu’il sort il cst pris de gros frissons. 11 souffrc de nouveau heaucoup de scs douleurs sacrecs. Ces troubles ndanmoins s’attbnuent peu B pcu et, de temps 2 autre, il peut faire dc brcfs sEjours ;i l’air librc, m h e par la neigc, sans 6prouver de malaises notables. C’est pourtant B sa propre demande clue, le 3 . 2. 24, il est admis unc secondc fois 2 l’H8pital Maria.

Etat B l’admission: Asscz bon Gtat gdn6ral. E n cc qui concerne des organcs internes, on note seiilement un souftle bref, doux et systolique B la base du cceur et l’accentuation du second bruit aortique. Ratc non perceptible au palper. Composition du sang: h6moglobine 89 7 i ; globules rouges 4,900,000; lcucocytes 3,600 ; thrombocytes 345,000. REactions de Wassermann e t de Sachs- Georgi fortemcnt positives.

5. 3. et 10. 3. Wouvellcs s6ances d’irradiation dc la rate par lcs rayons de Rontgen.

12. 3. Thrombocytes 252.000. 15. 3 Thrombocytes 301,000. Lcs derniBres s6ances dc ront-

genotherapie ayant cause m e sensation de malaise gBn6ral e t une grande lassitude, ce traitcment est suspcndu et l’on commence un traitement mercuriel.

L e paticnt quittc I’h8pital.

46 GUSTAF HOGLUND.

20. 3. HBmoglobine 53 5:; globules rouges 4,GS0,000; lcucocytcs 5,400.

6. 4. Durant les niois qui suivent immBdiatcnient la sortie, il a encore

de temps B autre, surtout par les jours froids, des crises, bien que relativement, IBghres, avec frissons, sensation d e maladie e t urine faiblement sanguinolente. Durant 1’6tB 1024, ccs criscs disparaissent nBanmoins complhtement e t n’ont plus reparu depuis. En automne 1924, il reprend son travail e t depuis il a pu le continuer tout Ic temps. Les seuls troubles qu’il accuse sont plutbt du type neurn- sthBnique e t consistent, par exeniple, en sensations plus ou moins pBriodiques dc lassitude, insomnie e t autres troubles similaires.

Dans les examens shrologiques de contrble qui furent pratiqu6s presque chaque mois apr8s la sortie, I’expBrience de Donath-Land- steiner a toujours donnC des resultats fortement positifs, de m h i c qu’B l’hpoque de I’entrBe B l’Hbpital Naria.

26. 3. 1926. RBaction de Wassermann fortement positivc (hEmo. lyse totale avec 0.0; C.C. de skrum; avec 0.0125 C.C. de serum, SO :4 d’hbmolyse).

Le malade sort de l’hbpital.

RBaction de Sachs-Gcorgi fortement positive.

Obs. II. E. A. L., n6 en 1903. Apprenti. Rien d’int6rcssant au point dc vue h6rBditaire. L c patient flit

atteint des maladies habituelles B I’enfance et, B douze am, d’une inflammation pulmonaire En etb 19,%?, soit 5 vingt ans, il s’apersozt Orusquement que so%

urine est snnguinolente. Ce symptbrne reparut deux fois, sous forme d’acces, aprhs exposition prolongee 2 un froid assez intense; dnns l’une de ces occasions le malade avait pass6 la nuit dans line tcnte. En m6me temps que l’acchs survenaient des frissons et une sensa- tion de lassitudc gBnBrale. En automne 1023, les crises augmcnth- rent notablement de frhquencc, mais nc survenaient tout de memc que par un temps froid. Finalement elles apparaissent B peu prhs tous les trois jours; elles augmentent en mbme temps d’intensitb, car il s’y ajoute souJent de violents frissons et des ascensions ther- miques d’environ 39 . En m8me temps Etat gEneral grave e t cBpha- IBes, mais pas d’autres douleurs ailleurs. N i dyspnBe n i palpitations. Par contre, de temps 1 autre, 1Bger.gonflement des paupihres, mais pas d’autre ced8me. Le patient nie toute infection vBnBrienne ou tout abus alcoolique. Pour causc de Pfaiblesse d c constitutions il fu t libBr6 du service militairc au printemps 1923.

Comme l’aggravation de son ma1 ne lui permettait pas de travailler, il consulte un mBdecin e t entre B l’H8pital Naria le 26. 2. 24.

Etat B l’admission: Constitution grgle. Assez bon &tat gBn6ra1. Teint pkle. Les ganglions des aines ou du cou perceptibles au palper sont peu nombreux; ils ont le volume d’un haricot, sont indolents e t de consistance assez molle. Dimensions d u cceur nor- males i la percussion. A la pointe, souffle systolique assez dous. L e second bruit aortique pulmonaire est un peu accentuC. Pression sanguine 140/75. L e murmure vksiculaire est un peu bref et la

Ih!UDE SUE DEUS CAE D’HhMOQLORINURIE A PRIQORE. 47

respiration cst un peu alteree aux sommet des deux poumons. A cc niveau on perqoit en outre une s6rie de souffles fins e t durs se rapprochant des riiles. La rate n’est pas perceptible au palper. Fond des yeus normal. Urine de coloration normale. R6action de Heller negative pour l’albumine. Dans le sddiment quelques cylindres hyalins ou d’aspect granuleux ; de plus, nombreuscs plaquettes amor- phes de coloration brune. La reaction de l’urobiline de Schlesinger est fortement positive. Riactions de lvassermann et de Sachs-Georgi nigatives pour le sang.

25. 2. Composition du sang: hgmoglobine 9G $; 6rythrocytes 4,520,000; leucocytes 5,500, dont neutrophiles 53 %, Bosinophiles 2 %, petits lymphocytes 15.2 %. grands mononucl6aires et cellules de transition 26.5 %.

27. 2. Esphrience de Donath-Landsteiner:

1) HS 0 . 2 C.C. + HE 1 gouttc. 1 5 min. 0’. 3 heurcs 37’.

2 ) NS 0.2 C.O. + HI3 1 gouttc. 15 min. 0’. 3 heures 3i‘.

3) HS (inact.) 0 .2 C.C. + HE 1 goutte. 1 5 min. 0’. 2 heurcs 37’.

4) HS (inact.) 0 .9 C.C. + HE 1 goutte + Addition de compl6-

5) HS 0.2 C.C. +HE 2 heures 37 . Resultat - htmolysc.

4. 3. L a rdaction de Wassermann pour le sang fu t de nouveau exdcutiie dans deux laboratoires differents: dans l’un on trouvc u n e riaction positive (0.1 C.C. de s6rum donne 0 7: d’h6molyse); dans l’az~tre on trouve u n e &action douteuse (0 .2 C.C. donne 30 $ d’h6mo- Iyse). Reaction de Sachs-Georgi douteuse.

5. 3. E x p h i p c e de refroidissetnent. les deus pieds baignant dans l’cau B 7’ ou 5 pendant dix minutes.

Composition du sang avant l’exp6rience: h6moglobine 100 %; 6rythrocytes 4,840,000 ; leucocytcs 5,700 ; throm bocytes 324,000. Epreuve de precipitation (d’aprBs \~rcstergren-FBhrrcus) : 4 mni. pour une heure. Urine limpidc, jaune. Reaction de l’urobiline negative. Dans le sediment quelques globules sanguips iso1i.s. Pression san- guine 142/85.

I)e 1 2 h. 54 B 1 h. 04 sdance de refroidissement. Au cours d u bain de pied forte sensation de froid dans les pieds.

AprBs 25 min. Urine toujours limpide, jaune. Rdaction dc I’uro- biline faiblement positive.

AprBs 30 min. AprBs 40 min. Leucocytes 5,300. AprBe 50 min. Thrombocytes 322,000. Pas dc symptbmes sub-

AprBs 5 5 min. Forte rdactiou de l’urobiline. ltdaction du gayac

AprBs SO min. Le patient est pris de quelques petits frissons.

12dsultat + + + hemolyse.

Rdsultat - hdmolyse.

Rdsultat - h6molyse.

ment. 1 5 min. 0’. RGsultat + hemo!yse.

Tempdrature du matin: 36.6.

Sediment comme avant. Pression sanguine 145/95.

jectifs.

n6gative.

Tempbaturc: 37.7 .

Pour le reste rien de change.

Prcssion sanguine 132/90.

48 GUSTAP IlOGLUSD.

Bprh 105 min. Pas de symptsmes subjcctifs. Leucocytes 10,500.

A p r h 2 h. Thrombocytes 317,000. Epreuvc de pr6cipitation :

Aprbs 3 h. Aprbs 4 h. Composition du sang: hbmoglobinc ‘LOO :!; 6rythro-

AprBs 5 h. L’urine, prise toutes les heures, continue B se mon- Elle donne tout le tcmps une forte reaction

Pas

Pression sanguine 132/85.

3 mm. en une heure. Pression sanguine 128/80.

cytes 4,780,000; leucocytes 17,300.

trer limpide e t jaune. positive de I’urobiline, mais la r6action du gayac cst negative. de modifications du cBtb du s6diment.

Aprbs six heures. Pression sanguine 142155. Aprbs 7 h. Urine toujours limpide e t Claire. Hhaction de l’urobiline

faiblement positive. lE6action du gayac negative. Sediment comme avant. L e lendemain matin, l’urine est d’apparcnce normale et d6pourvue

d’urobiline. 19. 3. V6tu de ses Gtements usuels de travail, le patient fait

une p r p c n a d e de trente minutes par une temp6rature esterieure de - 5 . Durant les dis-sept heures suivantes on ne put d6couvrir dans l’urinc n i urobiline, n i h6moglobine. Leucocytcs avant I’exp6- rience: 10,500; aprhs 2 heures: 7,600.

Riact ion de l17ussermann positive pour le sung (50 $ d’arrtt de l’h6molysc). RCaction de Sachs-Georgi negative (?>. b 26. 3. Composition du sang: h6moglobinc 97 y!; Crythroeytes 4,540,000; leucocytes 4,000.

27. 3. Riact ions de Wassermann et de Such-Georg i n fga t ives p o w le sang.

3. 4. Nouvelle csperieiice clc refroidissement avec pjeds p lpgcant durant 30 min. d a m de l’eau d’une temperature de 5 B 1 0 .

Examen du sang avant l’esp6rience: leucocytes 7,400. Pression sanguine 149175. Epreuve de precipitation d u sang: 2 mm. pou: une heure. Rien du eft6 dcs urines. Temp6ratui-e du mntin: 36.2.

De 1 h. 45 Li 2 h. 1 5 sbance de refroidissemcnt. Pendant ce temps fortes douleurs dans les membres i n f i meurs. .

Aprbs 5 min. Petits frissons. Aprbs 1 5 min. Apras 30 min. Leucocytes 5.400. Epreuve de prkeipitation d u

Urine limpide, jaune. RCactions de

21. 3.

Pression sanguine 136/100.

sang: 2 mm. pour une heure. l’urobiline et d u gayac positivcs.

AprGs 35 min. Pression sanguine 1431100. Aprks GO min. Urine brunc.

Pas de sbdiment. Apras 75 min. Malaise gEn6ral e t piileur. Apr& 50 min. Pression sanguinc 144195. Leucocytes 4,GOO. Aprbs 90 min. Epreuve dc prbcipitation: 2 mm. pour une heure. Aprbs 2 h Leucocytes 5,500. Pour l’urinc, r6action toujours

Aprks 3 h. Leucocytcs 7,900. Reaction de l‘urobiline toujours

Pas de sediment.

Rdactions de l’urobiline et du gayac assez fortement positives.

fortement positive de l’urobiline et faible reaction du gayac.

positive; reaction du gayac douteuse.

I~TUDE SUR DEUS GAS D’HJ~MOGLOBINUKIE A FKIGORE. 49

Apr6s 4 h. Pression sanguine 130/95. Epreurc de pr6cipitation: 2 mm. pour une heure.

ilpres 5 h. Leucocytes 7,200. Dans I’urine faible r6action posi- tive de l’urobiline; reaction du gayac n6gative. Toujours pas de sbdiment.

Le jour suivant, l’urine est d’aspect normal et ne donne plus les reactions de l’urobiline et d u gayac.

15. 4. Thrombocytes 275,000. Sortie de l’h8pital. AprPs la sortie pas de symptbmes subjectifs notables et aucune

coloration sanguinolente des irrines Le 5. 5. 1924, on admet de nouveau le patient B l’h8pita1, afin de prolonger son observation.

Etat B l’admission: 13on &tat g6n6ral. PLleur de la face. Organes internes comme prec6demment. Reaction cle Wassermann et de Sachs- Gcorgi negatives le 5 . 5.

9. 5. Thrombocytes 231,000. 1 2 . 5. Thrombocytes 309,000. 15. 5. Thrombocytes 308,000. Riact ion de Wassermann posztive

(0 s C . C . donnent 0 % d’hemolyse) 16 . 5. Le patient sort sup sa demande et depuis on n’a pu l’ame-

ner B subir de nouveanx esamens ou se hisser prcndre de nouvcaus 6chantiIlons dc sang; il n’a pas 6tb possiblc non plus d’cxaminer les autres parents d u malade.

Discussion des observations.

Notre premiere observation se r6fkre donc B un homme de qua- rante-deux ans, qui, depuis 1’Lge d’environ trente ans, souffre de crises typiques d’h6moglobinurie a fr igore. Au d6but, ces crises sur- venaient ?i des intervalles d’environ six mois, mais dans la suite elles augmentent de frkquence et d’intensit6. AU cows de l‘hiver 1923-,1924, le patient est trait6 B l’h6pital Maria pendant ?i peu pres quatre mois au total; il n’y prksente aucune crise spontanke. Apres sa sortie de l’h6pital les crises reparaissent promptement, mais avec une mointlre intensit6. Elles s’att6nuent ensuite peu & peu et, depuis 1’6th 1924, elles n’ont plus reparu. AU cours du skjour A l’hSpita1, comme par la suite, l’expkrience de Donath- Landsteiner fnt toujours fortement positive; de mi‘ime, les ex- periences de refroidissement local pendant le s6jour & l’hepital donnhrent des crises typiques d’h6moglobinurie. Le diagnostic d’h6moglobinurie a f r igore se trouvait ainsi bien Qtabli.

L’observation I1 concerne un homme de vingt-et-un ans qui, durant tine annke environ, offre pareillement des attaques tout B fait typiques d’h6moglobinurie a fr igore. Au debut elles sont de m6me assez rares, puis elles augmentent rapidement de fr6quence

4-270460. dcta med. Scnndinao. 1-01. LSI’ l .

50 GUSTAF IIOGLUND.

et d‘intensit6. AU printemps 1924, le malade est trait6 pendant deux petits mois A l’H8pital Maria; il en sort sur sa propre demande. Toutes les exphriences de Donath-Landsteiner exBcut6es A l’h8pital furent fortement positives et, lors d’une experience de refroidisse- ment, on observa une legere h6moglobinurie. Chez ce malade Bgalement on pent poser le diagnostic d’h6moglobinurie a frigore en toute certitude.

Chez notre premier patient, comme il a 6t6 dit, nous avons ex& cut6, A peu d’intervalle l’une de l’autre, trois expkriences de re- froidissement d’une intensit6 diffkrente. Chacune d’elles engendra un accbs typique d’h6moglobinurie avec douleurs sacr6es et, d8s le debut de l‘acc8s, une sensation de malaise g6n6ra1, de la somnolence et finalement de violents frissons avec 616vation de la temperature A 38.5”. Lors du premier refroidissement, qui fut le plus fort, l’urine 6tait d6jA, une heure apres la fin de la dance, de coloration brun rouge fond et, dans le skdiment, on voyait des plaquettes d’h6moglobine typiques. L’urine se clarifia ensuite peu A peu, mais, a p r h trois heures, on constatait encore A l’ceil nu la presence de l’h6moglobine. I1 est intkressant de noter que la reaction de l’urobiline de Schlesinger, anterieurement nkgative, devint positive dans le premier Bchantillon d’urine pris aprbs le refroidissement, Bchantillon qui n’offrait pas B l’eil nu la colo- ration de l’h6moglobine. (Dam tous les Cchantillons la reaction de l’urobiline fut ex6cutBe sur l’urobiline totale). Cette urobilinu- rie persistait encore le lendemain, bien que sous forme de traces. Quant A la composition du sang, il se produisit au cours de Vex- p6rience une diminution manifeste du nombre des leucocytes. Cette diminution apparut 20 minutes aprbs la cessation du refroi- dissement, par cons6quent avant les autres sympt8mes; d’une va- leur initiale de (5,500 les leucocytes tombbrent au chiffre de 5.300 par mm. c. Le nombre des thrombocytes qui, A ma connaissance, n’a jamais B t B antkrieurement 6tudi6 au cours de ces exp6riences de refroidissement subit au cours des miennes une ascension no- table. (Tontes les num6rations des thrombocytes furent exBcut6es d’aprbs la m6thocle de Kristenson). Avant l’exp6rience on avait d6jh obtenu une valeur initiale de 397,000 par mm. c., soit une valeur fort proche de la limite sup6rieure de la normale pour cet 616ment figur6; apr&s 1 h. 3/4 cette valeur s’6levait A 526,000 par mm. c., c’est A dire qu’il existait une thrombocytose marqu6e.

La seconde experience de refroidissement fournit en somme des r6sultats similaires: l’h6moglobine 6tait reconnaissable h l’ail

~ ~ T U D E SUR DEUS CAS D ‘ H ~ O G L O B I N U R I E A YRIGORE. 51

nu dam l’urine et Yon constatait de mBme une legkre urobilinurie qui existait encore le lendemain matin. La chute precitee du nombre des leucocytes fu t moins prononcee, mais pourtant mani- feste: d’une valeur initiale de 7,500 ils tombkrent, a p r h 1 h. l/q,

au chiffre de 6,200 par mm. c. Aprks 4 h. on observa de mBme une ascension notable allant jusqu’a 12,100 par mm. c. L’aug- mentation du nombre des thrombocytes fut cette fois moins pro- iioncee que dans l’experience prBcBdente, ce qui tient p u t - Btre ZL la vxlenr BlevBe gui existait avant la seance de refroidissement. D’une valeur initiale de 430,000 les thrombocytes passkrent en effet, aprks une heure environ, au chiffre de 452,000 par mm. c.; aprks 2 11. 1/4, ils Qtaient revenus A celui de 429,000 par mm. c.

Enfin, dans nne troisikme experience de refroidissement, les sympt8mes gBn6raux furent bien moins prononc6s que dans les experiences prBc6dentes; m8me alors cependant on observa une IiBmoglobinurie manifeste, constatable & l’ct il nu, avec leg ere urobilinurie consecutive. Dans cette experience on n’ktudia pas en &tail la composition du sang. A la demande expresse du ma- lade, on n’executa plus chez lui de nouvelles experiences de refroi- dissement, soit A l’hdpital, soit plus tard, en raison des graves symptdmes gBn6raux qui accompagnaient les crises.

Quant aux experiences de refroidissement executees sur notre second malade, elles sont fort interessantes. Dans la premiGre, en &pit d’un refroidissement assez intense, on ne put jamais, pas plus k l’ceil nu qn’avec les reactifs chimiques, demontrer la pr6- sence de lJh6moglobinurie, et ceci, bien que le patient ait eu momentan6ment des petits frissons et une ascension thermique a 37.7”. Par contre, il se produisit une urobilinurie manifeste et qu’on pouvait d6jA deceler au bout de 25 minutes, mais qui aug- menta considerablement dans la suite et qui, cinq heures aprks la fin de la seance de refroidissement, Btait encore fort accusee. Dam cette experience le nombre des leucocytes offrit une ascension presque constante depuis la valeur initiale, anterieure h, l’exp6- rience, de 5,700 jusqu’au chiffre de 17,200, aprks quatre heures. En Bchange, on constata une legkre diminution du nombre des Brythrocytes. Dans cette experience on n’observa aucune in- fluence notable sur le nombre des thrombocytes.

Dans la seconde exphrience, avec un refroidissement particuljike- ment intense, on parvint cependant & determiner line crise authen- tique, bien que courte, d’hBmoglobinurie. On vit donc apparaitre cles symptdmes gBn6raux legers, des petits frissons, une hBmo-

52 GUSTAF UOGLUXD.

globiriurie perceptible A I’mil nu et une reaction au gayac positive dans l’urine. La reaction de l’urobiline fut alors, elle aussi, nette- ment positive et se montra en meme temps qne la reaction au gayac; par contre, elle persista plus longtemps que celle-ci. Le nombre des leucocytes subit, aprbs line henre un quart environ, une baisse fort sensible, de 7,400 ii 4,600 par mm. c. Dans la suite Bgalement il se produisit une rapide ascension, mais sans qu’il f i i t pourtant possible de parler de leucocytose.

En tant qu’illustration des diff6rents modes de reaction dcs hemoglobinuries B 1’6gard du refroidissement, les experiences precedentes de refroidissement ne sont pas dkpourvues d’int6rGt. La reaction la plus commune, celle qui est caracteriske par l’appa- ritioii d’une crise hkmoclasique avec sympt6mes cliniques de shock, par de l‘h6moglobinurie, par une diminution du nombre des erythrocytes e t une elimination exageree d’urobiline possede comme son prototype dam toutes les experiences de refroidisse- ment de notre obs. I. Ainsi qu’on le snit, surtout par les recherches de Widal, Salen e t autres il est encore dans cette maladie deux modes de reaction ii l’kgard du froid e t qui tous deux sont carac- terises par une sensibilisation intravasculaire des globules san- guins, mais qui se distinguent l’un de l’autre en ce que l’hemo- globinurie apparait dans l’un sans sympt8me de shock e t que, dans l’autre, le shock existe, mais sans ItBmolyse. Sal6n enfin, comme nous l’avons dit, a indique l’existence d’un quatrikme mode; dans ce dernier, en d6pit de la sensibilisation des globules sanguins, on n’observe ni shock, ni li6molyse e t la diminution consecutive du nombre des 6rythrocytes, ainsi que l’urobilinurie sont les seuls signes visibles du processus qui s’est d6roul6. Dans la premibre experience de refroidissement de ma seconde obser- vation il ne se produisit en effet que des sympt8mes de shock peu importants, sous forme de frissons legers e t d’une insignifiante ascension de temperature, mais aucun signe positif d’hemolyse: I1 semble donc qu’il y ait I& comme un stade intermediaire aux troisihme e t quatribme modes de reaction gue nous venons de menti onner.

Les recherches sdrologipues que j’ai ex6cut6es avaient essentielle- ment pour but d’etudier les facteurs qui influent sur la reaction de Donath-Landsteiner. De meme que SalBn e t autres, j’ai pu de- montrer la puissante action antireactive du chlorure de sodium, ce qui ressort nettement des experiences effectuees simultanement avec le serum normal ou la solution saline physiologique comme

~ T U D E SUR DELIS CAS D'H~MOGLOBINURIE A PRIGORE. 53

,milieu dissolvant. Deux de ces exphriences, provenant de mon obs. I, sont reproduites dans le tableau suivant.

2s. 12. 1923. Expdrience de Donath-Landsteiner sur le serum dilue B des titres differents avec dn skrum normal e t la solution saline physiologique.

a) :I)iintion avec dii serum normal (provenant de E. D.): 1 ) H S 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 min. + 1". 2 heures + 37". Resultat

2 ) (HS : NS = 1 : 1) 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 2 heures + 37".

3) (HS : NS = 1 : 2) 0.5 c c . + HE 1 gontte. 2 heures + 37".

4) (HS : NS = 1 : 4) + HE 1 gontte. 15 min. + 1". 2 hcuresi-37". Resultat

5) (HS: NS = 1 :5) 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 2 heures + 3'7".

6) (HS : NS = 1 : 10) 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 miii. + 1". 2 heores + 37".

7) H S 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 2 heures 37". Resultat - hemolyse. 1)) :Dilution nvcc la solution saline physiologique: 1) (HS : NaCl = 1 : 1) 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 min. + 1". 2 heiires + 37".

2) (HS : NaC1 = 1 : 2) 0.5 C.C. + H E 1 gontte. 15 niin. + 1". 2 henrcs i- 37".

3) (HS : NaCl = 1 : 4) 0.5 C.C. t HE 1 goutte. 15 min..+ 1" 2 heiires + 37".

4) (HS : NaCl = 1 : 5) 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 15 min. + 1". 2 heurcs + 37".

28.1. 1927. Meiiie experience avec uti serom normal provenant d'une autre

a) Diliitioti avec d u serum normal (provensht dc H. H.) : 1) HS 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 min. 2". 2.hciires +37'. RBsnltat + + +

2) (HS: NS = 1 : 4) 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 min. 2". 2 heures + 37".

3) (HS: NS = 1 : 5) 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 miti. 2'. 2 heures + 37".

4) (HS : NS = 1 : 10) 0.5 C.C. + H E 1 goutte. 15 mih: 2". 2 heores + 37".

5) (HS: NS = 1 : 15) 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 15 min. 2". 2 henres + 37".

6 ) (HS : NS = 1 : 20) 0.5 C.C. + HE 1 goutte. 2 heures -t 3 7 .

1)) Dilution avec la solution saline physiologique: 1) (HS : NaCl = 1. : 4) 0.5 C.C. -+ HE 1 goutte.

2) (HS : NaCl = 1 : 5) 0.5 C.C. + HE 1 goutte.

-t + + hemolyse.

Resultat + + hemolyse.

Resultat + + hemolyse.

+ hemolyse.

Resultat + hkmolyse.

Resultat - hemolyse.

15 min. + 1". 16 min. + 1".

15 min. + 1".

Resultat + + hemolyse.

R6snltat ' + hemolyse.

Rbsultat + hernolyse.

Resultat - hemolyse.

persotine.

h6molyse.

Resultat + + + hemolyse.

Resnltat + + heniolyse.

R6saltat + + hemolyse.

Resultat + hemolyse.

.Resultat - hemolyse. 15' min. 2".

15 miii. + 2".

15 min. + 2".

2 heures 4 37".

2 henres + 37". Resultat + hemolyse.

Resultat - h6niolyse.

54 QUSTAF I I ~ G L U N D .

De ces experiences il ressort donc que le serum d'un h6moglo- binurique dilue avec un serum normal est encore capable au titre de 1/15 de produire une hemolyse nettement reconnaissable, tandis qu'une dilution 8 ' Is avec la solution saline physiologique est d6jh suffisante pour enrayer completement la reaction.

Dam le but de rechercher si des serums normaux paraissent capables d'influer sur les resultats de la reaction, j'ai ex6cut6 une serie de recherches comparatives avec le serum de personnes saines comme liquide de dilution. Le resultat de ces experiences est consign6 dans le tableau ci-dessous.

Resultats avec du &ram normal provenant de: Ii. H. E. 1'. S. J.

(HS : NS =, 1 : 5) 0.5 C.C. + HE I goutte.

(HS: NS = 1 : 10) 0.5 cc. + HE 1 goutte.

(HS : NS = 1 : 15) 0.5 C.C. + HE 1 goutte.

15 miu. 0". 2 henres + 37" . . . . . . + + + + (+) h h o l y s e

15 min. 0". 2 heures + 37" . . . . . . + - + >

15 min. 0". 2 heures + 37" . . . . . . - - - D

Comme on le voit, avec trois serums normaux differents, l'ex- perience donna des resultats quelque peu differents; aussi, dans l'experience de Donath-Landsteiner, il conviendrait peut-btre de songer it la possibilith d'un certain enrayage - variable suivant les cas - de la rhaction, quand on opere la dilution avec des serums normaux. I1 s'ensuit que toutes les experiences visant A une graduation objective de la force de la reaction, en essayant de fixer le titre repondant 8 la dilution-limite qui donne encore une reaction positive, sont vaines, que ces experiences soient executees avec un serum ou avec la solution saline physiologique comme liquide de dilution.

De meme que Salen, j'ai pu demontrer chez mes malades, au coum de nombreuses experiences, une difference importante dans la force de l'hemolyse, quand l'experience de Donath-Landsteiner est exhcutee avec le serum ou le plasma, car, dans l'exphrience avec le serum, un nombre de globules rouges notablement plus considerable que dans l'expkrience avec le plasma furent herno- 1yses.

En ce qui concerne 1'Biologie de l'h6moglobinurie a jrigore, .on ne trouve, chez aucun de mes patients, de donnees anamnes- tiques en faveur de la syphilis. Dans l'obs. I le malade avouait une blennorrhagie et pendant deux ans la reaction de Wassermann

I~TUDE SUR DEUX CAS D’HI~MOGLOBINURIE A FRIGORE. 55

donna constamment des resultats fortement positifs. Afin cl’ap- profondit la signification de la reaction de Wassermann dans l’hemoglobinurie, j’ai fait sur mes patients comme SalBn, quelques recherches dam ce but. Ainsi que je l‘ai dit, on a soutenu de differents c6tBs (Burmeister entre autres) la non-specificit6 de la reaction de Wassermann dans cette maladie e t admis en Bchange gue l’arr8t de l’hemolyse depend de la presence e t de l’action de l’ambocepteur a frigore. Dans ses dernieres recherches, alors qu’il s’efforpait d’epuiser cet ambocepteur, avant d’entreprendre la reaction de Wassermann, Salen a tent6 de montrer que le titre necessaire 8. cette reaction est absolument independant de la teneur du serum en ambocepteurs a frigore.

Les experiences que j’ai executees sur le malade de mon obs. I ont Bgalement pour but, apr bs Bpuisement des ambocepteurs a frigore par le froid, de rechercher, pour ce malade, le titre n6- cessaire 8. la reaction de Wassermann. J’ai dii par consequent entreprendre des experiences repetees d’epuisement par le froid, en ajoutant, avant chaque refroidissement, de nouvelles quan- tit& d’une suspension concentree de globules sanguins e t en centrifugeant les globules sanguins aprbs la fin du refroidissement. Pour le contr6le je me servais du serum du malade; ce serum Btait Bpuise le mdme nombre de fois par la seule chaleur avec des glo- bules‘sanguins. De la sorte les conditions de dilution des denx Bchantillons Btaient aussi Qgales que possible; il ne pouvait non plus s’dtre produit de fixation des ambocepteurs a frigore dans l’echantillon de contr6le. En mdme temps j’executais la reaction sur le serum, ii 1’6tat naturel, du malade.

Pour mes experiences les reactions de Wassermann furent ex& cut6es dam le laboratoire clinique du Serafimerlasaret d’apr 6s la technique qui s’y trouve en usage. Pour toutes les experiences on employa l’extrait alcoolique cholesterinise de Sachs e t la reaction fut executee apres les Bpreuves preparatoires requises pour determiner les quantites necessaires d’ambocepteur e t de complement. Tous les serums avaient Bte inactives par un chauf- fage, d’une demi-heure de durbe, ii 56“.

Lors de la premiere experience, j’executai de la sorte cinq Bpuisements des ambocepteurs a frigore e t les resultats de la reaction de Wassermann furent ceux que donne le tableau ci- dessous.

56

Quantites de serum

0.1 0.05

0.025

0.0125

0.00626

QUSTAF HOQLUBD.

R e s u l t a t s Le serum le serum aprhs- 5 Bpuise-

uaturel ments par le froid

0 0 0 0 0 40

40 90 100 100

a v e c le serum apr& 5 epuise-

ments par la cbaleur

0 % - d’hholyse 0 % P

70 X 1oo.x 100 % >

Ainsi qu’on le voit par ce tableau, aprhs cinq Bpuisements de l’ambocepteur on trouvait toujours une forte reaction positive avec arrgt encore total de l’h6molyse pour une quantite de serum de 0.05 C.C. Avec des quantites moindres de serum il existait une faible difference dans le degre de l’hemolyse, c’est A dire que le serum Bpuise par le froid donnait une reaction plus forte que le serum Bpuise par la chaleur. Naturellement cette difference insignifiante pouvait trhs bien tenir & de leghres variations dans la dilution, variations du reste forcees aprhs les multiples mani- pulations que subissent les serums dans des experiences de ce genre.

Mais, comme d’autres experiences sur ce premier malade mon- trent que le serum, aprhs cinq Bpuisements, contient encore une quantitt5 tout & fait suffisante d’ambocepteurs pour donner, apr hs chauffage e t addition de complBment, une reaction fort nette de Donath e t Landsteiner, dans une. nouvelle serie d’experiences je poussai l’epuisement encore plus loin. Dans cette serie, en effet, j’epuisai complhtement tous les ambocepteurs a frigore, du serum, tout en verifiant le resultat au moyen de la reaction de Donatli- Landsteiner. Ce resultat ne s’obtint du reste qu’aprhs 13 essays d’epuisement; ce fut alors seulement que la reaction devint abso- lument negative. En Bchange, les milieux de contrde, forines d’un serum, avec globules sanguins, qui avait B t B Bpuise le mkme nonibre de fois par la chaleur e t qui pour le reste (sauf le refroidissement) avait subi des manipulations identiques, donnhrent touj ours une reaction de Donath-Landsteiner fortement positive. De I& on peut conclure en toute certitude que le se’rum e‘puise’ par le froid avait e‘te’ complbtement de‘barrasse’ de tous les ambocepteurs a friqore, tandis que ceux-ci continuaient & se trouver abondamment presents dans l’echantillon de contrele. Sur ces deux serums, ainsi que sup du serum nature1 du malade on executa maintenant une reaction de Wassermann. En voici les resultats:

~ T U D E SUR DEUX CAS D’H~MOGLOBINURIE A FRIQORE. 57 R B s u l t a t s a v e c Quantitks

de serum Le serum le serum a.pr&s 13 epuise- le serum aprks 13 epuise-

0. I 0 0 0 % d’hcmolyse 0.05 0 30 40 % 2

0.025 50 60 80-90 %

0.0125 so . 90-109 100 %

0.00625 100 100 100 x 3

nature1 ments par le froid meuts par la chaleur

Cette experience prouve donc que, malgre un 6puisement com- plet des ambocepteurs a frigore, la reaction fu t toujours fortement positive, avec arrbt total de l’hemolyse, pour une quantite de serum de 0.1 C.C. Dans l’echantillon de contr6le: O?I l’on savait que les ambocepteurs Btaient prBsents en grande abondance, on obtint Bgalement une reaction fortement positive. Toutefois, dans cette experience, la rkaction de Wassermann jut kqalement un. peu plus jorte avec le strum t!pu$st par le jroid pu’avec l‘kcchan- tillon. de contr6le. I1 semble donc certain que, dans le cas present, la force cle la reaction ne fut pas influencke par la teneur du s@rum en ambocepteurs e t que ceux-ci, par consequent, ne peuvent btre rendus responsables de l’issue positive de la reaction de Wasser- mann. Cette constatation est en soi fort intkressante, car il n’exi- stait, chez le malade en cause, .aucune donnee en faveur de la syphilis acquise ou hereditaire; pat suite, d’apres la classification de Burmeister, ce fait aurait dii btre rejete dans le ngroupe non syphilitique)). , I1 va de soi que la rkaction, apres les kpuisements, ait 6th plus faible qu’avec ,le serum nature1 de l’h6moglobinurique, car, ii chaque nouvelle experience d’epuisement, le serum subis- sait une legere, mais inevitable dilution.

De ‘ce qui precede il semble donc permis de conclute que, chez mon malade de l’obs. I, la reaction de Wassermann etait absolu- ment independante de la presence .des ambocepteurs a jrigore dans le sang. I1 y a donc toute,espece de raison pour supposer qu’elle Btait specifique et, par suite, d’origine syphilitique, malgre l’ab- sence de tout autre indice de syphilis ou d’herkdo-syphilis chez ce patient.

Dans mon obs. 11, comme je l’ai deja dit, il n’existait aucune donnee anamnestique autorisant u11 diagnostic de syphilis; mal- heureusement ni les parents, ni les collateraux du malade, en dkpit d’instances rBithrBes, ne voulurent se soumettre ii un examen quelconque. En l’espQce la reaction de Wassermann donna des

5s GUSTAP IIOGLUND.

rhsultats un peu differents suivant les laboratoires oh elle fut es6cut6e. C’est ainsi que, dans l’un, sur les quatre Bchantillons prelevks en diffhrentes occasions on n’obtint qu’une seule fois un arrbt partiel (50 %) de l’hkmolyse; tous les autres essais furent negatifs. Pour un cinquieme Bchantillon qui fut examine simul- tanement dans deux autres laboratoires, la reponse fut, dans un cas, ))rhaction siirement positive)) (arrbt total avec 0.1 C . C . de serum) et, dans l’autre, or6action douteuse)) (30 % d’arrbt de l’he- molyse avec 0.2 C.C. de serum). Pour un sixieme khantillon enfin la reponse fut ))r6sultat positif)) (arrbt total avec 0.2 C . C . de serum); on peut donc bien, semble-t-il, considerer la reaction comme siirement positive. La reaction de Sachs-Georgi donna ghneralement des resultats semblables & celle de Wassermann, pour autant du moins que les resultats de cette derniere furent negatifs. Lors des deux reactions de Wassermann douteuses on observa m e sorte d’ebauche de la reaction de Sachs-Georgi sous forme d’une precipitation finement floconneuse; mais cette der- niere reaction ne donna jamais de resultats siirement positifs. Dans l’obs. I1 je n’ai pu opBrer des recherches d’bpuisement comme dans l’obs. I. Mais il est int6ressant de constater que, dans l’obs. 11, la reaction de Wassermann donna plusieurs fois des resultats nhgatifs, bien que la reaction de Donath-Landsteiner, executee sur le mbme Bchantillon de shrum, eiit donne un resultat nette- ment positif. C’est une confirmation nouvelle de l’observation faite de differents c6ths que, m6me dans ces conditions, les deux reactions peuvent se montrer independantes l’une de l’autre. Etant donne que le patient niait toute possibilite d’infection syphilitique, il se peut bien que l’issue douteuse de la reac- tion de Wassermann soit l’indice d’une her6do-syphilis tardive; toutefois des donnees en faveur de cette hypothese n’ont pu btre recueillies.

Au point de vue thdrapeutipue, nous avons fait quelques essais, en soumettant la rate aux rayons de Rontgen avec l’intention de supprimer, au moins pour un temps, la fonction de l’organe e t d’influencer par 1& le processus hemolytique. C’est ainsi que notre premier malade, du 16. 1. au 10. 3. 24, subit au total cinq seances d’irradiations portant sur la rate, mais sans qu’on piit observer le moindre effet tant sur les experiences in vitro de Donath-Landsteiner que sur les reactions du patient & 1’6gard du refroidissement. Comme, d’autre part, l’etat general du malade Btait assez fortement Qprouve par ce traitement rontgenologique,

~ T U D E SUR DEUS CAS D’lUblOGLOBINURIE A FRIQORE. 59

on le suspendit e t l’on institua, en mars 1924, un traitement antisyphilitique B la fois au mercui-e e t au salvarsan. Ce traite- ment se poursuivit ulterieurement par une serie de cures au mer- cure e t quelques cures au salvarsan; on le continue encore B cette date (mars 1926). Sous l’influence de cette therapeutique, le patient s’ameliora peu ii peu, en sorte que, pendant l’hiver 1926, il put sortir par une temperature exthrieure de - lo” h - 20” Celse, sans en dtre particuliBrement incommode. Etant donne que, dep& le printemps 1924, on ne recourut pas B d’autre traitement, on est bien en droit de penser que le traitement antisyphilitique a joue ici un r61e considerable dans la modification des reactions de l’organisme h 1’Qgard du froid. Par contre, on n’observa aucun effet ni sur les experiences in vitro de Donath-Landsteiner, ni sur la reaction de Wassermann; toutes deux demeur6rent fortement positives.

Chez notre second patient on fit Bgalement un essai de rontgeno- therapie de la rate; un traitement antisyphilitique fut de mBme institue B l’hbpital, mais la sortie du malade en amena l’inter- r upti on.

Les rdsultats des expdriences tentees sur mes patients peuvent se resumer ainsi:

1) La reaction de Donatb-Landsteiner fut chez tous fortement positive dam toutes les experiences.

2) En depit d’un traitement antisyphilitique suivi pendant plus que deux ans dans l’obs. I e t d’une amhlioration consecutive notable des symptSmes cliniques, cette reaction n’a pas 6tB modifiee.

3) La reaction est fortement contrecarree par la presence du chlorure de sodium, h un moindre degrC par celle du serum normal.

4) Executee avec le serum, la reaction de Donath-Landsteiner est plus accusee qu’avec le plasma.

5) Dans l’obs. I la reaction de Wassermann fut toujours forte- ment positive e t ne fut pas influencee par un traitement anti- syphilitique de longue duree.

6) En depit d’un Bpuisement complet des ambocepteurs a jrigore, la reaction de Wassermann demeura fortement positive chez notre premier malade; elle 1’6tait m6me un peu plus forte- ment que dans Yechantillon de contrble qui avait Bt6 Bpuise, avec des globules rouges, rien que par la chaleur.

7) Dans l’obs. I1 la rhaction de Wassermann donna, suivant les essais, des resultats un peu variables e t qui allBrent du negatif

60 GUSTAF E16GLIJND

au sQrement positif. Mais, bien que la reaction fQt parfois n6ga- tive, la reaction de Donath-Landsteiner, avec ce m6me &rum, fu t toujours fortement positive.

Bibliographie.

Bruhn-Flhrreus, Hygiea 4-5, 11119. Burmeister, Zcitschr. f. Idin. Med. 92, 1921. Donath e t Landsteiner, Miinch. med. Woch. 36, 1904. Donath et Landsteiner, Zeitschr. f . klin. &led. 55, 1906. Dressler, Cite d'aprcs Senator. Eulenburgs Realencyklop. 1909. Ehrlich, Zeitschr. f. klin. hled. 3, :L881. Kiissner, Deutsch. mecl. Woch. 37, 1579. Kumogai e t Inoue, hfitteil. a. d. ined. Fakultet d. k. Universitct zu Tokio 1.0, 197.1. Lichtheim, Verhandl. d. Icon- gress f . inn. Med. 1853. Lindjiom, Hygiei 9, 1913. Lindbom, Zeitschr. f . klin. $led. 79, 1913. Meyer et Emmerich, Deutsch. Arch. f . klin. Med. 96, 1909. Meyer ct Emmerich, Bed. klin. Woch. 5, 1909. Moro et Noda, Miinch. med. Woch. 11, 1900. Moro et Noda, Berl. klin. \\ 'oc~. 5, 1909. Rosenbach, Berl. kl in . Woch. 10-11, 1850. SalBn, Ilygiea 14-1.5, 1921. Salbn, Dissert. Acta med. Scandinav. 1925, Suppl. XI, Bibliogrnphie complhte. SalBn, Acta med. Scandinav. G2, 1925. ]\Tidal e t Rostaine, Compt. rend. e t &Em. de la SOC. 'Biol. 55, 1905. Widall Abranii e t Brissaud, Sem. m6d. 52, 1913. Ifridall Abrami e t Brissaud, Compt. rend. e t MBm. de la SOC. Biol. 1013. IVidal, Abrami et Brissaud, Presse mbd. 19 , 1920; 1 9 , 1112.1.