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Notes de lecture 691 p&es au pluriel ? Et les p&es eux-memes ne sont-ils pas dans une incertitude redoutable quant aux limites de leurs fonctions ? L’approche systemique met ici en lumibre de facon criante les difficult& et les souffrances likes a la filiation patemelle. Tel Gilles (p. 165 sqq) qui se fait appeler du nom du compagnon de sa mere et voudrait Ctre adopt6 par lui car une relation forte les unit. 11 a un p&e legal qu’il corn&t peu mais ce demier tient au lien ftiatif avec Gilles et refuse le desaveu de paternite... Dans cette situation, la parole des mere et belle-mere est certes importante mais la therapie met bien plus en exergue la necessite pour chacun de c( parler >> des situations et des malaises qu’elles suscitent et surtout de rencontrer et de parler avec les membres du reseau concern& directement par les difficult& de l’enfant. C’est alors que peuvent surgir des problematiques intergenerationnelles filiatives propres a l’histoire du sujet, comme dans le cas de Bertrand (p. 767) revelees par la situation de recomposition. 11 s’agit bien dans ce type de processus therapeutique de N gerer )) a la fois l’ensemble des systemes familiaux (p&e, mere, grands-parents) qui ont a red&irk leur position et de reequilibrer les systemes, a la fois de prendre en charge une souf- fiance like a des problematiques individuelles et de permettre de les assumer. C’est ainsi que M. Bertrand pourra, au terme d’entretiens familiaux, accepter de ne pas Ctre un N pere parfait b) (selon ses vceux) pour Maxime son fils legal, mais de le rencon- trer une fois par mois dans des conditions qu’il juge <( minimales >> pour un p&e. La therapie familiale, telle que nous la presente Chantal Van Cutsem, est la mise en auvre d’une fonction tierce representee et soutenue par la therapeute. Celle-ci travaille toujours sur deux plans : celui de l’evolution personnelle des consultants, celui de la mise en mouvement et de la transformation vivante du systeme familial. Dans tous les cas, ce systbme est le lieu et la possibilite que le voyage reprenne, que des conflits se denouent, que la parole circule a nouveau. A ces N citoyens sans boussole )X qui viennent consulter, repond alors, dans ce cheminement therapeutique, grace a la reequilibration de la place et des fonctions de chacun, la possibilite dune retrouvaille du sens. E Hurstel Neurologie Braun MJ. kluation neuropsychologique. Montreal : Decarie ; 1998.424 p. Cette discipline, qui, on le sait, traite, a partir des dereglements pathologiques, des fonctions mentales superieures dans leur rapport avec les structures cerebrales, est en pleine expansion. Descendante lointaine des travaux de Broca, de Dejerine, de Pierre Marie dans notre pays.. .

Évaluation neuropsychologique: Braun MJ. Montréal: Décarie; 1998. 424 p

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Notes de lecture 691

p&es au pluriel ? Et les p&es eux-memes ne sont-ils pas dans une incertitude redoutable quant aux limites de leurs fonctions ?

L’approche systemique met ici en lumibre de facon criante les difficult& et les souffrances likes a la filiation patemelle. Tel Gilles (p. 165 sqq) qui se fait appeler du nom du compagnon de sa mere et voudrait Ctre adopt6 par lui car une relation forte les unit. 11 a un p&e legal qu’il corn&t peu mais ce demier tient au lien ftiatif avec Gilles et refuse le desaveu de paternite... Dans cette situation, la parole des mere et belle-mere est certes importante mais la therapie met bien plus en exergue la necessite pour chacun de c( parler >> des situations et des malaises qu’elles suscitent et surtout de rencontrer et de parler avec les membres du reseau concern& directement par les difficult& de l’enfant. C’est alors que peuvent surgir des problematiques intergenerationnelles filiatives propres a l’histoire du sujet, comme dans le cas de Bertrand (p. 767) revelees par la situation de recomposition.

11 s’agit bien dans ce type de processus therapeutique de N gerer )) a la fois l’ensemble des systemes familiaux (p&e, mere, grands-parents) qui ont a red&irk leur position et de reequilibrer les systemes, a la fois de prendre en charge une souf- fiance like a des problematiques individuelles et de permettre de les assumer. C’est ainsi que M. Bertrand pourra, au terme d’entretiens familiaux, accepter de ne pas Ctre un N pere parfait b) (selon ses vceux) pour Maxime son fils legal, mais de le rencon- trer une fois par mois dans des conditions qu’il juge <( minimales >> pour un p&e.

La therapie familiale, telle que nous la presente Chantal Van Cutsem, est la mise en auvre d’une fonction tierce representee et soutenue par la therapeute. Celle-ci travaille toujours sur deux plans : celui de l’evolution personnelle des consultants, celui de la mise en mouvement et de la transformation vivante du systeme familial. Dans tous les cas, ce systbme est le lieu et la possibilite que le voyage reprenne, que des conflits se denouent, que la parole circule a nouveau.

A ces N citoyens sans boussole )X qui viennent consulter, repond alors, dans ce cheminement therapeutique, grace a la reequilibration de la place et des fonctions de chacun, la possibilite dune retrouvaille du sens.

E Hurstel

Neurologie

Braun MJ. kluation neuropsychologique. Montreal : Decarie ; 1998.424 p.

Cette discipline, qui, on le sait, traite, a partir des dereglements pathologiques, des fonctions mentales superieures dans leur rapport avec les structures cerebrales, est en pleine expansion. Descendante lointaine des travaux de Broca, de Dejerine, de Pierre Marie dans notre pays.. .

692 Notes de lecture

A partir de degradations neurologiques centrales complexes, veritable travail d’archeologie, la neuropsychologie tente de reperer des modules de competence, avec des modules fondamentaux a vocation gemkale, qui maitriseraient l’ensemble des fonctions cerebrales du cerveau. Les psychiatres, pour le moment, sauf exception, ne se sentent guere concern& par ce domaine en plein chantier, malgre la fascination que pourrait exercer sur eux l’ambition de la foule de ces patients chercheurs. La masse de travail et sa variete, a la simple lecture des tables des matibres des ouvrages recemment parus, sont impressionnantes. Fruit de l’ecole de Montreal qui fut peut-Ctre mise en route par la neurochirurgie neo- localisatrice de Penfield, cet ouvrage est axe sur l’evaluation.

Apres un grand et minutieux chapitre consacre a la mdthodologie, M.J. Braun met en valeur la (q validite Ccologique >> d’une recherche fondee non plus sur le site lbsionnel, l’etiologie ou le syndrome, mais plutot sur le rendement ou sur le statut d’une activite quotidienne dans le milieu nature1 du patient Ctudie.

Puis, le terrain d’application, c’est celui de la dissimulation, comportement auquel une personne peut Ctre contrainte de se livrer. De la, nous sommes, avec Ctonnement, transport6 dans le domaine judiciaire aux l?tats-Unis ou, nous dit- on, << le litige judiciaire prend des proportions dpidemiques w, d’ou le recours croissant aux connaissances neuropsychologiques dans c< ce monde de guerre lar- vee peuple de gagnants et de perdants >p. kvaluation des capacites, des deficits, d’etats comportementaux. Chemin faisant, nous faisons un plongeon dans une psy- chiatrie que nous connaissons. Notamment celle des schizophrenics qui seraient reconnues comme facteur notable de violence (!). L’allusion aux epilepsies et au comportement des traumatises crania-cerebraux a davantage notre assentiment.

Un hommage au genial neurologue moscovite solitaire, Luria, dont l’apport a dQ etre decisif, nous vaut un chapitre. Le travail d’autres grands decouvreurs, Halstead, Boston, l’ecole britannique (la francophonie doit beaucoup a Tim Shallice), est mis au grand jour.

Puis, la neuropsychologie est CtudiCe dans la pathologie des lobes : parietal, temporal, frontal. Les autres chapitres analysent l’attention, la memoire, l’affectivite.

Ces recherches mettent en route un maniement d’operations complexes qui bras- sent une immense numeration. Des 1960, les ordinateurs furent mis a leur service. De ce fait, cet ouvrage se termine par un bilan de la situation actuelle de cette utilisation.

Le lecteur, peu competent, percoit la vastitude du sujet. 11 aurait aime une introduction << pedagogique >> qui l’aurait apprivoise, plutot que d’etre livrd de plein fouet au sujet. Les avancees vers la psychiatric ne sont pas tres convain- cantes, ou en tout cas pas operationnelles, tant elles sont assorties de lourds pro- tocoles et d’un vocabulaire psychologique cloisonne. Tout cela n’attenuant pas pour autant la valeur de l’ensemble du travail expose.

P.B.