Evocation Des Morts

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    Charles LANCELIN

    L'vocation des mortsLes sept voies d'intercommunication entre les deux humanits

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    A Madame la Baronne L. de WattevilleEn trs respectueux hommage de lauteur

    Ch. Lancelin

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    INTRODUCTION

    On se figure gnralement qu'il n'y a, pour l'humanit de la terre dsireuse d'entrer encommunication avec l'humanit dsincarne, d'autre voie possible que le recours la mdiumnitsoit personnelle soit trangre... C'est l, une erreur profonde : il existe actuellement car l'avenirnous en rvlera probablement d'autres sept genres de procds diffrents, pouvant tre utiliss

    par quiconque, dans notre humanit vivante, veut se mettre en rapport avec une Entit astrale.Dire que ces diffrentes voies sont d'une utilisation aussi facile les unes que les autres seraitvidemment commettre une erreur grossire, mais, chose trange, c'est peut-tre la plus facile, la

    plus simple et la mieux porte du premier venu, quel qu'il soit, qui est le plus gnralementignore : je veux parler de la voie animique.Quant aux autres, chacun en a entendu plus ou moins parler, et communment on sait leur existence

    tout en ignorant leur mode particulier de procder.Aussi nous a-t-il paru de quelque utilit de donner, en ce qui concerne chacune d'elles, quelquesexplications gnrales qui serviront les mieux faire connatre.

    Nous allons donc parler successivement de la voie animique, de la voie onirique, de la voiemdiumnique, de la voie ectoplasmique, de la voie magntique, de la voie magique et enfin de lavoie mcanique.

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    Chapitre I - LA VOIE ANIMIQUE

    C'est un truisme de dire que la loi morale, la loi suprieure toutes les lois crites, la loi qui nous

    ordonne d'viter le mal et de faire le bien, est connue de chacun de nous ; cela est un fait videntpour tous, parce que chacun de nous possde comme un sens intime qui est prcisment l'interprtede la loi morale et qu'on appelle la conscience. Qu'est la conscience ? C'est le sentiment que nousavons de la moralit de nos penses et de nos actes.J.-J. Rousseau l'a magnifiquement dfinie dans son Emile, lorsqu'il s'crie : Conscience !Conscience ! Institut divin, immortelle et cleste voix, guide assur d'un tre ignorant et born maisintelligent et libre, juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable Dieu ! C'est toiqui fais l'excellence de sa nature et la moralit de ses actions; sans toi, je ne sens rien en moi quim'lve au-dessus des btes, que le triste privilge de m'garer d'erreurs en erreurs l'aide d'unentendement sans rgle et d'une raison sans principes. Donc, chacun de nous se rend compte qu'il possde une conscience et que cette conscience lui estun guide assur pour fuir le mal et marcher vers le bien mme les hommes dont on dit vulgairement qu'ils manquent de sens moral et n'ont pas de conscience... C'est l une erreur que rectifie Kant1: Quand on dit qu'un homme n'a pas de conscience, on veut dire par l qu'il ne tient aucun comptede ses arrts, car s'il n'en avait rellement pas, il ne s'imputerait aucune action conforme au devoir etne s'en reprocherait aucune comme lui tant contraire. Le manque de conscience n'est donc pasl'absence de la conscience, mais un penchant ne tenir aucun compte de son jugement. Or,toujours la conscience veille en chacun de nous.., tant pis pour qui n'coute pas sa voix !Mais qui donc fait entendre en nous ces avertissements intrieurs, ces cris intimes, si nettementimpratifs et qui nous disent : Tu fais le mal !... D'o vient que nous sentons au plus profond denotre tre un tribunal intrieur qui nous condamne plus srement que tous les juges de la terre ?

    Car enfin, l'homme est faible et faillible ; son intelligence est borne ; ses sens sont trompeurs et,pour employer les termes mmes de J.-J. Rousseau, son entendement est sans rgle et sa raisonsans principes... Alors, quoi ?Il est de la dernire vidence que l'erreur humaine ne peut crer l'infaillibilit conscientielle. D'odonc provient cette infaillibilit sinon de l'extrieur, et qui est-ce qui la cause ?Il existe, dans l'enseignement catholique, une thorie trs belle quoique lgrement dforme,d'aprs laquelle chacun de nous est attach un ange gardien qui veille sur la crature confie ses soins, sans jamais l'abandonner dans ses pires excs, toujours prt la retirer des abmes,toujours prt lui enseigner la voie qui conduit aux sommets.Cette thorie, qui est communment reue et enseigne, n'a malheureusement aucune basedogmatique, mais elle rpond merveilleusement au besoin intime qu'prouve l'tre humain de se

    sentir soutenu divinement au cours de ses multiples preuves terrestres. Son manque de fondementdoctrinal fait qu'on peut, qu'on doit la regarder comme le rsultat christianis d'une fuite del'enseignement mystrial des vieux sanctuaires, provenant en premier lieu de l'indiscrtion dequelque initi aux Grands Mystres, et ensuite reprise et dveloppe par les hautes philosophies del'antiquit : Platon, entre autres, a plusieurs fois affirm cette ide issue des enseignementsmystriaux, et Socrate, intimement convaincu que chaque tre humain est guid, dans la vie, par unGnie suprieur, appelait daimn, ce gnie de qui la voix, confondue par l'homme avec celle de saconscience, entrane avec lui quiconque sait l'couter et conformer sa conduite ses inspirations,vers les plus purs sommets de la vrit, de la science et de la morale, vers l'idal absolu, vers Dieu.Or Platon et Socrate taient des initis.

    1Mtaphysique des murs, 1 vol. Leipzig, 1340.

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    Nous savons, en effet2 qu' chacun de nous sont attaches des Entits astrales ayant mission de nousguider, de nous faire progresser dans la voie du bien qui doit nous conduire aux plans suprieurs duCosmos pour, plus tard, atteindre le plan divin.Ce sont ces Entits du plan astral qui nous parlent par la voix de notre conscience, et c'est leurimpulsion, dans l'intimit de notre tre, qui nous carte du mal pour nous faire progresser vers le

    bien. C'est donc par la conscience que, sans s'en douter, chacun de nous entre en communicationavec les tres qui ont vcu, comme nous aujourd'hui, de la vie terrestre, et qui, plus volus quenous, ont maintenant charge de nous guider dans la voie de l'volution morale.A qui, en effet, n'est-il pas arriv, se trouvant dans quelque occurrence critique ou simplementdouteuse, de songer un parent, un ami dfunt qu'il sait avoir vcu selon la norme de la justice etqu'en consquence il regarde comme plus volu que lui-mme, et de se demander : Que ferait-ildans la circonstance prsente, o je me trouve indcis de savoir o est le bien, o est le mal ? Or,

    pendant que son anxit interroge l'tre disparu, c'est sa conscience qui lui rpond : Voil ce qu'ilconvient de faire ! Et sa conscience, j'entends la conscience pure, la conscience qui n'a pas tsophistique ne trompe jamais.Car la conscience d'un tre peut tre alambique, affaiblie et fausse par la malice et la faiblesse

    humaines et c'est encore une preuve que, si notre conscience est dans notre intimit, ses ressortsnous sont extrieurs.En effet, les moralistes ont, avec raison, enseign certaines divisions de la conscience qui n'est pasla mme chez tous les hommes. Dans la conscience gnrale, ils ont donc trouv : la consciencevraie, la conscience droite, qui juge conformment la loi ; la fausse ou errone, qui s'en carte ; lasectaire, qui juge sans crainte de se tromper ; la probable, qui juge sur de simples vraisemblances ;la douteuse, qui est combattue par des raisons d'gale force ; la large ou facile, qui juge sur de lgersmotifs favorables ; la scrupuleuse, qui se cre des motifs futiles de crainte et n'ose se dcider etenfin l'ignorante, qui n'interdit pas le mal uniquement parce qu'elle n'a aucune connaissance du bien.Chacune de ces dispositions particulires, chacun de ces diffrents degrs de la conscienceabstraction faite, naturellement de la conscience droite, de la conscience certaine, qui sont rgies pardes Entits venues de l'Astral, et de la conscience ignorante qui est celle de l'enfant encore sansintelligence provient de la mchancet ou de l'infirmit humaines. Trop souvent, l'homme agitcontre sa conscience, et, la longue, la conscience se trouble: en d'autres termes, la voix des Entitssuprieures perd de son autorit persuasive simplement parce que l'habitude est prise de larepousser : l'homme en arrive confondre l'ordre de sa passion avec l'ordre de sa conscience et, s'iln'a pas la force de ragir, sa conscience devient fausse, ou, pour mieux dire, en quelque sorteaphone: elle parle toujours, mais il ne l'entend plus parce qu'il a d'abord refus de l'entendre ou,comme l'a dit J.-J. Rousseau : a la conscience se rebute force d'tre conduite ; elle ne nous parle

    plus, elle ne nous rpond plus...Ds lors, l'homme ne se dirige plus que par des mobiles passionnels uniquement pour ce motif qu'il

    a donn depuis longtemps la prdominance sa passion et que maintenant il en est arriv prendresa passion pour sa conscience. Mais alors, qu'il fasse un nergique effort pour se librer de soi-mme, et les Entits amies, qui ne l'abandonnent jamais, si bas soit-il tomb, se feront entendre denouveau au plus profond de son tre... pour lui apporter quoi ? Lobsession du remords d'abord, et

    plus tard, le repentir qui expie, qui rachte et qui rpare.Les anciens avaient parfaitement compris cette cause des remords, extrieure au coupable et leflagellant d'indestructibles lanires ; ils disaient en effet dus coupable exaspr de ses tourments Athnes : Ce sont les Erinnyes qui le poursuivent ! Et, Rome : Il est en proie aux Furies !

    2 V. la Vie Posthume selon la psychophysiologie, la psychologie exprimentale et la physique, du mme auteur (1 vol.

    grand in-8", Paris, 1923) dont la prsente brochure constitue, en quelque sorte, un chapitre supplmentaire.

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    Il n'est aucun criminaliste, aucune police au monde qui ignore ce phnomne caractristique etprimordial qui se manifeste immanquablement chez tout criminel : la conscience aigu et torturantedu forfait criant chez son auteur l'obsdant besoin de revoir le lieu de son crime, et bien que plusrarement le poussant se livrer, pour en finir, la justice humaine.Cet inluctable, cet infrangible besoin de revoir le lieu o il fut criminel, peut-on raisonnablement

    soutenir qu'il prend son origine dans le cur de Monime lui-mme ? Non, non ! Il est l'indniablersultat d'une force trangre, et cette force a sa source sur le plan astral. S'il en tait autrement,aucun assassin, obissant au suprme instinct de la conservation, ne commettrait ce geste inutile etimprudent qui, neuf fois sur dix, le livre la justice. Or, que l'on ne s'y trompe pas : la consciencemeut l'homme, mais elle est elle-mme mue par des Entits plus puissantes que l'homme, et ce sontces Entits suprieures qui indniablement crent le remords chez le criminel.Le remords ! Ecoutez cette page o Chateaubriand3 le dcrit d'une plume impressionnante : Chaque homme a, au milieu du cur, un tribunal o il commence se juger soi-mme, en attendantque l'arbitre souverain confirme la sentence. Si le vice n'est qu'une consquence physique de notreorganisation, d'o vient cette frayeur qui trouble le jour d'une prosprit coupable ? Pourquoi leremords est-il si terrible qu'on prfre souvent se soumettre la pauvret et toute la rigueur de la

    vertu plutt que d'acqurir des biens illgitimes ? Le tigre dchire sa proie et dort; l'homme devienthomicide et veille. Il cherche les lieux dserts, et cependant la solitude l'effraie ; il se trane autourdes tombeaux, et cependant il a peur des tombeaux. Son regard est inquiet et mobile ; il n'ose fixerle mur de la salle du festin, dans la crainte d'y voir des caractres funestes. Tous ses sens semblentdevenir meilleurs pour le tourmenter; il voit, au milieu de la nuit, des lueurs menaantes; il esttoujours environn de l'odeur du carnage; il dcouvre le 'got du poison jusque dans les mets qu'il alui-mme prpars ; son oreille, d'une trange subtilit, trouve le bruit o tout le monde trouve lesilence et, en embrassant son ami, il croit sentir un poignard cach sous ses vtements. C'est ce que, avant lui Michel Montaigne avait rsum en deux lignes d'une admirable nergie : La malice s'empoisonne de son propre venin. Le vice laisse comme un ulcre en la chair, unerepentance en l'me qui toujours s'gratigne et s'ensanglante elle-mme4. Mais, dans ces deuxlignes, Montaigne ne voit que le fait brutal, dont la cause lui chappe.Or, pour quiconque recherche cette cause, il est indniable qu'elle n'est pas en nous et ne serencontre que dans un monde extrieur au ntre, dans un monde suprieur au monde terrestre.Dufieux a dit quelque part: La conscience, c'est Dieu en nous... Non ! Dieu est trop grand et noussommes trop petits ; il est trop haut et nous sommes trop infimes ; mais on peut dire, en touteassurance que la conscience, c'est le reprsentant de Dieu en nous. Et qui est ce reprsentant, sinonl'tre humain dsincarn, volu, plus intelligent, par suite, et plus puissant que nous, quil'Egrgore, ministre mdiat lui-mme de la Divinit, a confi le soin de nous suivre dans la vie pournous rapprocher de lui dans la mort ?Pour que l'on ne s'y trompe pas : notre conscience est, en nous, le porte-parole de nos morts, et il

    nous est loisible, tout instant, de nous entretenir avec nos chers disparus... En vain l'orgueilhumain s'crie : La conscience, c'est l'homme ! Non, si la conscience tait l'homme lui-mme,comment pourrait-on expliquer que l'homme ft si souvent en dsaccord avec sa conscience et quesi souvent aussi, hlas ! Il agt contre elle ? La conscience, cela a t dit plus haut mais ne sauraittre trop rpt, la conscience est soumise une force extrieure qui est celle de notre gnie denotre guide, disent les spirites et notre gnie laisse nos morts nous parler quand leursenseignements nous peuvent tre utiles.Comment cela se fait-il ? Voici :Le souvenir est le lien qui unit l'humanit incarne l'humanit dsincarne. Lorsque, sur terre,nous pensons quelqu'un de nos chers disparus non pas lgrement et en passant, mais

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    Gnie du Christianisme, 5 vol. in-8, Paris, 1802.4 Essais.

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    profondment et en les appelant passionnment, dans l'intimit de notre tre, notre souvenir, ainsifortement affirm, cre dans l'astral, ou pour parler plus scientifiquement, dans l'ther5, une srie devibrations s'tendant instantanment autour de nous et se diffusant dans le cosmos entier car, enquelque point de l'univers que se trouve l'tre vers qui va l'affection de notre souvenir, il est touch

    par les vibrations mentales que nous mettons, et il accourt aussitt notre appel.

    Alors, envelopp de notre affection terrestre, il nous enveloppe son tour de son affectionspiritueuse ; alors notre esprit le voit plus clairement, plus distinctement que nos yeux de chair nel'ont jamais vu sur terre ; alors, il se rfugie en nous comme nous nous rfugions en lui, et c'est,dans le triple secret de la conscience, dans l'impntrable intimit de nous mme, une ineffableconversation, un mystrieux entretien de deux tres n'ayant de commun entre eux que les souvenirsdu pass scells dans la mutuelle affection qui les unit et c'est le vivant terrestre qui, cras par laduret des hommes et l'inclmence des choses, demande au vivant supraterrestre, plus clairvoyantque lui-mme, de lui allger le fardeau de ses preuves en ce monde, de le conseiller dans sesdoutes et de le guider dans ses tnbres, tandis que le frre astral, qui comprend mieux encore queson frre terrestre le besoin des appuis divins, lui demande le secours de ses penses et de ses

    prires... Qu'il est superbe alors, cet ineffable rle de la conscience qui, dans un colloque

    souverainement mystique et dans une indicible communaut de sentiment, runit pour un instant lepass avec le prsent, l'affection terrestre avec l'affection psychique, l'homme de la matire avecl'Entit des espaces, le plan physique avec le plan astral, la Vie qui peine avec la Mort qui pense !Et cette voie de communication entre deux mondes est qu'on ne l'oublie pas ! Ouverte tout instantet pour chacun de nous et non seulement l'tre humain y peut voquer l'Entit astrale, mais encorecelle-ci peut s'y rvler d'elle-mme et sans tre appele, pour peu qu'elle ait une pense utile suggrer.

    5 On sait maintenant que la pense est d'ordre matriel, bien que d'une matire particulirement quintessencie, puisqueson laboration cause la destruction physiologique de cellules crbrales, et que son nergie rduit les sels d'argent

    (photographie de la pense), deux phnomnes entre bien d'autres qui ne sauraient se raliser si la pense tait denature spirituelle.

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    Chapitre II - LA VOIE ONIRIQUE

    A cette voie de la conscience se rattache celle du songe6qui n'en est que le dveloppement, puisque

    le songe lui-mme n'est que la rsultante d'un tat particulier de la conscience qui se continue dansle sommeil, jusqu'au point de s'objectiver parfois avec toutes les apparences de la ralit.On peut dfinir le phnomne onirique en gnral songe ou rve : un ensemble tonnant mais

    presque toujours incohrent de figures, d'ides, d'images qui se prsente notre esprit durant lesommeil.Maine de Biran en a donn une thorie qui est a retenir. Le sommeil, dit-il 7, se produit ds qu'il ya une concentration des forces sensitives et motrices dans l'organe crbral, concentration qui tend affaiblir peu peu les communications sympathiques de ce centre avec les parties qui lui sontsoumises et ter ainsi au centre moteur son empire et aux organes mobiles leur obissance.Puisque la volont se retire pendant le sommeil, il n'y a plus, dans l'entendement, qu'une facult

    passive de sentir ou de recevoir des impressions et d'en tre affect ; d'prouver, par suite desdispositions naturelles ou acquises des organes, certains apptits ou penchants ; d'avoir les intuitionset les images des objets relatifs ces apptits; de raliser ces images au dehors de se les reprsenterdans un certain ordre d'association ncessaire ou accidentel... D'aprs cette thorie, qui sembletrs juste, les phnomnes se produisant durant le sommeil s'expliquent par la suspensionmomentane de la volont et l'affaiblissement de la puissance d'attention.Donc, pendant le sommeil, l'tre se trouve dans un tat presque complet d'inertie et de passivit,c'est--dire dans les conditions absolument requises pour que les Entits du Mystre puissent venirle trouver et entrer en conversation avec lui8. C'est dire qu'en telle occurrence, l'intercommunicationest trs aise ; mais seulement pour l'Entit astrale qui, trouvant l'tre humain passif, peut ragir surson attention laquelle elle s'impose.

    A quoi tiennent l'incohrence, la bizarrerie et l'inconsquence des rves ? Trs vraisemblablement ce que l'association des ides ne s'opre pas d'aprs les lois de la logique, de la raison, mais suivantdes analogies de toute espce, analogies de sons, de temps, de figures, etc. L'ordre n'est pasarbitraire, mais, au lieu d'tre rgl sur un mobile dtermin, sur un but vers lequel la volont dirigetoutes les ides, il s'tablit de lui-mme : ceci, dans le rve; mais dans le songe, il est tabli parl'Entit directrice, laquelle conduit le dveloppement de ce mme songe avec une logique, avec unelucidit parfaites, de faon le mener pas pas jusqu' son aboutissement voulu. Tantt il estsimplement dirig par cette mme Entit, de manire nous donner un avertissement, unenseignement particuliers c'est alors le songe monitoire, dont il existe tant d'exemples et tanttl'Entit se rvle elle-mme pour donner plus de force sa parole et nous frapper davantage, et alorsc'est l'intercommunication dans son absolu, avec cette diffrence, toutefois : c'est que, par suite de

    son tat de passivit, l'tre humain qui est l'objet de cette manifestation est gnralement hors d'tatde discuter avec l'Entit prsente et doit se borner recevoir les prceptes qu'elle est venue luidonner.Cette croyance la signification supra-normale de certains songes ne date pas d'hier : aussi haut quenous pouvons, remonter dans le pass, nous la trouvons tablie. Les Grecs les regardaient soit

    6 Ne pas confondre le rve vague et fou, issu d'une fcheuse digestion ou d'un vnement -qui nous a frapps l'tat deveille, avec le songe qui constitue souvent une prmonition suggre par une force extrieure.7 uvres philosophiques, 4 vol. in-8., Paris, 1841, t. II, p. 213 seq.8 Il est remarquer, en effet, que ce mme tat d'inertie et de passivit est absolument ncessaire chez les sujetsmagntiques que l'on se prpare endormir, et qu'il faut le produire artificiellement chez ceux qui se soumettent

    endormir, et qu'il faut la produire artificiellement chez ceux qui se soumettent pour la premire fois la magntisation.A remarquer encore que les mdiums en transe se trouvent invariablement plongs dans le mme tat.

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    comme des communications de la Divinit (chrmatismos), soit comme des visions des chosesfutures (orama) et cette ide a rgn en matresse chez tous les peuples anciens, en Egypte, enJude, aux pays d'Assur et de Babylone, en Perse, Rome, etc. Elle a t accepte par tous lesgrands esprits de tous les temps : Platon explique la vue que l'me peut avoir en songe des chosesfutures parce qu'il la suppose alors moins soumise l'influence du corps ; Xnophon partagea cette

    opinion, et aussi Socrate, semble-t-il bien ; Cicron la dveloppa dans son desenectute , et on laretrouve chez Montaigne, Pasquier, Franklin, etc. Ne voit-on pas d'ailleurs, dans le plus grave detous les livres, dans l'Evangile, Marie et Joseph avertis par un songe qui les fait fuir en Egypte, et lafemme de Pilate faire part son mari du songe prmonitoire qu'elle vient d'avoir touchant le Christlui-mme ?Certes il ne faut faire aucune confusion entre les songes srieux qui sont envoys et dirigs par desEntits astrales, o parfois elles se manifestent elles-mmes pour leur donner plus d'autorit, et lesrves capricieux et dsordonns dont la fausse science appele Onirocritie explique avec emphasetoutes les futilits, toutes les inepties, toutes les absurdits-les plus biscornues... Les rves sont uneffet de notre imagination subconsciente, de nos souvenirs latents, de l'tat momentan de nosorganes ou de notre ambiance physique : ils ne mritent aucune attention ; mais il n'en est pas de

    mme des songes prmonitoires dont, je le rpte, il existe autour de nous d'innombrables exemples,et surtout de ceux, bien que plus rares, o nous entrons en communication avec nos aims de laterre, passs de l'autre ct du voile et revenant s'entretenir avec nous...A qui de nous, en effet, n'est-il pas arriv de voir en songe quelque parent ou ami dfunt, deconverser avec lui comme de son vivant, et de lui demander quelque conseil sur l'objet de ses

    proccupations du moment ? Le songe est, en ce cas, comme l'panouissement d'un souvenir intimequi semble profiter de l'engourdissement o le sommeil jette notre organisme, pour prendre corps etrevivre, devant notre regard interne, avec tout le relief d'une ralit rnove.Mais, justement parce que le songe n'est, en quelque sorte, dans ces conditions, qu'une objectivationfactice et momentane de la conscience, il suffit de signaler cette voie qui, bien qu'elle en semblediffrer, rentre absolument dans ce qui vient d'tre dit de la voie conscientielle avec une diffrencecapitale, cependant, qui est celle-ci : Il nous est loisible en tout tat de cause et dans toutes lesoccurrences de la vie, de descendre dans notre for intrieur pour nous y recueillir et nous yentretenir avec nos chers disparus ; il nous est impossible de faire natre nos songes ; tout au plus

    pouvons nous, par un ardent dsir, crer un milieu mental propice leur dveloppement... mais celaest si rare9 !Toutefois, il m'est permis de donner cet gard une indication, peut-tre bien fruste, mais qui

    pourra tre de quelque utilit.Au cours d'un ouvrage prcdent10 j'ai eu, en vue de produire, en cours de sommeil, leddoublement de l'tre, tudier de faon quelque peu approfondie les conditions psychologiqueso se trouve l'homme qui dort, et, en suite de cette tude, j'ai t amen tablir cette conclusion:

    Le sommeil est une priode caractrise par le repos des organes qui servent la vie de relation, etpar un redoublement d'activit dans les fonctions de la vie intrieure; c'est ainsi que durant cettepriode, les sens demeurent inertes, mais les fonctions physiologiques internes (digestion, etc.)s'accomplissent avec plus de rapidit que dans l'tat de veille. Or, ce qui est vrai au point de vue

    physiologique l'est galement au point de vue psychologique : la volont s'obnubile, mais lammoire subsiste : elle peut donc recevoir, pendant la veille, les ordres de la volont et lesconserver pour les transmettre l'organisme pendant le sommeil.Ceci est exact pour arriver la ralisation du phnomne de ddoublement alors, tudi ; mais il

    9 V. cependant Les rves et les moyens de les diriger, (1 vol. in-8, Paris, 1867) sans nom d'auteur (d'Hervey de Saint-Denis).10

    Mthode de ddoublement personnel, du mme auteur, 1 vol. in-8, Paris 1910.

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    faut remarquer qu'ici, pour ce qui touche le phnomne d'une apparition onirique, deux volontsdoivent tre mises simultanment en jeu, celle de l'tre humain qui veut tre l'objet de la vision etcelle de l'Entit astrale qui la doit raliser ; si donc la volont de cette dernire ne se manifeste pas,le rsultat obtenu par l'autre ne pourra tre que nul.Cette rserve faite, voici, mon avis comment il convient d'oprer : Pendant vingt-quatre ou

    quarante-huit heures, s'astreindre penser constamment, nergiquement l'tre invoqu; rappelertous les souvenirs connus qui vous lient lui, toutes les circonstances, futiles ou notables, o l'ons'est trouv avec lui ; en un mot, arriver crer en soi une ambiance mentale qui soit commune l'un et l'autre. Quand cette ambiance est enfin cre et que, par elle, l'opration est bien prpare,demander l'Entit invoque, avec la dernire nergie de volont, qu'elle veuille bien se manifesterla nuit suivante, au cours d'un songe; cette volont ne doit pas tre celle d'un enfant qui veut unefriandise ou celle d'une femme qui veut un colifichet, mais celle d'un homme qui tomb dans unerivire et ne sachant pas nager, veut malgr tout ne pas prir: c'est dire que la volont dploye doittre la fois intense et constante; cette volont, cette voulitodynamie, je l'ai expliqu ailleurs, creautour de vous des sries continues de vibrations thriques qui touchent, o qu'elle se trouve,l'Entit voque, et l'amnent prs de vous ; depuis le moment o vous vous couchez jusqu' celui

    o vient le sommeil, exacerbez encore si possible votre vouloir et votre supplication ; quand lesommeil est venu, la volont ne peut plus agir, mais elle est alors remplace par la mmoire quicontinue son uvre, et si la volont de l'tre appel rpond la vtre, le phnomne attendu seralisera.Dans ce cas, une condition utile remplir, sinon ncessaire, consiste s'endormir en tenant lamain un objet provenant de l'tre invoqu (lettre, cheveux, etc.) ou lui ayant intimement appartenuet imprgn de son aura (bague, montre, etc.) un tel objet, en dirigeant la mentalit de l'appelant eten amenant celle de l'appel, constituera en quelque sorte un trait d'union, la fois matriel et

    psychique, entre les deux individus terrestre et astral, et contribuera fortement produire leurrapprochement et, par suite, la vision onirique dsire.

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    Chapitre III - LA VOIE MDIUMNIQUE

    Comme on vient de le voir, la voie animique ou conscientielle est ouverte tous et suffit tous pour

    entrer en communication avec les Entits du mystre; mais, pour beaucoup de personnes, la vanithumaine est digne de foi lorsqu'elle affirme avec quelle erreur ! Que la conscience n'est que partieconstitutive de la personnalit, sans aucune communication avec l'extrieur et ces personnes, sefigurant qu'une conversation dans l'intimit de leur conscience n'est qu'un dbat avec elles-mmes,un produit simplement de leur propre imagination, demandent, lorsqu'elles entreprennent decommuniquer avec le Mystre, un procd ne leur laissant aucun doute sur la ralit d'une Entit del'astral correspondant avec elles-mmes.A ces personnes, la voie mdiumnique est ouverte, mais beaucoup, mme l'heure actuelle, ne sedoutent pas que cette voie est trop souvent moins sre que celle de la conscience et que, lorsqu'enl'utilisant elles se figurent tre devant un pan soulev du voile mystrieux, o elles croient jeter leurregard sur l'infini, elles ne se trouvent en ralit souvent que comme devant un miroir qui ne faitque reflter et leur renvoyer leurs propres penses.En effet, lorsque, il y a quarante ans, A. Aksakoff publia Animisme et Spiritisme11 d'abord enRussie, puis plus tard en Allemagne, et enfin en France, les spirites rapportaient indistinctement auxEsprits tout phnomne leur paraissant supranormal, quoi que leur en dissent cet gard lesoccultistes12. Aksakoff jeta quelque dsarroi dans les ides reues en prouvant scientifiquement,dans l'tre humain, l'existence de certaines forces ignores de la physiologie et gnrant, dans laralit, des phnomnes rapports jusqu' lui l'indniable action des Esprits. Depuis lors les

    progrs de la psychophysiologie et de la psychologie exprimentale ont compltement confirm lesthories d'Aksakoff.Personnellement, j'ai maintes fois eu l'occasion de constater quel point la suggestion mentale des

    assistants influe sur les mdiums en transe, au point que je considre gnralement leurs indicationscomme suspectes et comme ayant besoin d'tre confirmes par d'autres voies.Lors donc que ces personnes vont consulter un mdium, elles se figurent que, immanquablement, larponse donne par ce mdium ne peut maner que de l'Entit qui le fait agir et parler, alors que,trs gnralement, elles apportent dans leur esprit la rponse qu'elles esprent, qu'elles suggrentmentalement elles-mmes sans s'en douter au mdium, de qui la rponse n'est, en ce cas, que laralisation verbale de leur propre dsir.Donc la voie mdiumnique, quoi qu'on en pense, est moins sre que la voie conscientielle. Est-ce dire pour cela qu'on doit lui refuser toute confiance ? Cette conclusion radicale est bien loin de ma

    pense, pourvu toutefois que l'on opre prudemment et judicieusement, car il est indniable qu'enchacun de nous existe une facult particulire trs rudimentaire chez les uns, au point d'en tre

    presque nulle, plus ou moins dveloppe chez la plupart d'entre nous et parfois, mais trs rarement,atteignant chez quelques individus un degr d'panouissement qui fait de son dtenteur un tre part: je veux parler de la mdiumnit.Qu'est-ce que la mdiumnit ? Si nous ouvrons le Larousse, nous trouvons : Prtendue science desmdiums .

    11 Edition franaise, 1 vol. in-8, Paris, 1893.12 Il est mme curieux de relire ce sujet les livres dEliphas Lvi qui, en maints endroits de ses ouvrages, mais surtoutdans sa Science des Esprits (1 vol. in-8, Paris, 1865) met les spirites en garde contre de nombreux phnomnes regardsalors trs gnralement comme mdiumniques.

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    Au mot mdium, nous trouvons : Superst. Etre anim ou inanim qui passe pour servir decommunication dans la production de certains phnomnes spirites. Personne mme qui passe

    pour servir d'intermdiaire entre le monde visible et le monde invisible. Littr est encore plus net : Personne qui prtend servir d'intermdiaire entre ses semblables et lesesprits des morts ou autres.

    Telle est l'explication donne par des lexicographes qui ne savent rien de ces choses des lecteursqui en ignorent tout. D'autre part, des explications, sinon fausses, au moins inexactes ont tdonnes par des intelligences pourtant averties de ces choses.Je suis donc conduit exposer ici une brve thorie des faits pour amener le lecteur lacomprhension exacte de ce qu'est en ralit cette facult spciale qu'on appelle la mdiumnit.L'tre humain est tri-un, c'est--dire compos de trois principes, distincts entre eux etessentiellement diffrents les uns des autres, et qui sont :A L'esprit, qui gnre les ides.B L'me, intermdiaire plastique entre l'esprit et le corps, transmettant au second les idesgnres par le premier.C L'organisme physique, ralisateur des ides.

    L'me elle-mme n'est pas une, mais compose de sept lments13 dont chacun a sa forme spcialeet son rle particulier remplir et qui sont, en descendant :1. L'me conscientielle, sige du moi de l'individu.2. L'me intuitive, qui l'esprit transmet les ides nes en lui.3. L'me morale, qui distingue le bien du mal.4. L'me causale, sige de la mmoire et de la volont.5. L'me intelligente (appele aussi corps mental), centre de la science humaine.6. L'me sensitive (appele aussi corps astral) sige de la sensibilit.7. Et enfin l'me vitale (appele aussi double aithrique ou corps odique) qui dtient la viematrielle de l'individu.

    Chacune de ces sous-mes possde sa forme particulire : c'est dire que chacune d'elles est doued'une certaine nergie de forme et, par suite, de volume. Tout ceci ressort de mes expriences

    personnelles dment contrles, et rptes, l'heure actuelle, par d'autres exprimentateurs.Les mes suprieures se composent de substance presque spiritique dont d'ailleurs nous ignoronsencore la nature pour tre en relation avec l'esprit.

    Nous ne savons encore quelle substance constitue l'me causale, qui relie les mes suprieures auxtrois suivantes.Enfin, les trois mes infrieures sont constitues par des thers diffrencis, c'est--dire par unesubstance fluidique presque matrielle pour pouvoir lorsqu'elle est suffisamment condense, agir

    directement sur la matire. La substance des autres mes est sans aucune action sur la matire, mais,par contre, la substance de l'me sensitive se combine trs facilement avec celle de l'me vitale - lasienne ou celle d'un individu diffrent et, par le moyen de cet intermdiaire, normal ou occasionnel,

    possde un moyen indirect d'action sur la matire.Or que se passe-t-il dans le phnomne de la mort ?L'esprit, n'tant plus retenu dans son organisme us, s'en spare et remonte vers les plans suprieurs,entranant avec soi son enveloppe normale, l'me, elle aussi libre. Mais l'me n'est pas compltequand elle s'vade du corps dfunt : elle dlaisse la partie d'elle-mme, l'me vitale, doublethrique qui dtient la vie physique et qui reste prs du cadavre qu'elle ne peut plus animer etqu'elle suit elle-mme dans la mort au bout de quelques jours.Le fantme du dcd n'est donc plus base d'me vitale comme celui du vivant, mais base d'me

    13 V. l'Ame humaine, du mme auteur (1 vol. in-12, Paris).

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    sensitive14.D'autre part, nombre d'tres humains, surtout les nerveux, extriorent inconsciemment, avec leurnergie neurique, une partie plus ou moins grande de la substance qui constitue leur me vitale etqui revt alors deux apparences : soit, l'tat statique, une sorte de duvet lumineux couvrant les

    parties du corps dnudes bleutre gauche et orangetre droite, que le Colonel de Rochas appela

    des lobes ; soit l'tat dynamique, ces radiations spciales qu'a souvent saisies la plaquephotographique, qui s'chappent des yeux, de la bouche, des doigts, etc., et qu'on appelle rayons V(Darget) ou rayons N (Blondlot et Charpentier). Lorsque cette force substance thrique est maneen quantit suffisante pour pouvoir se condenser, elle constitue le fantme des vivants maintes fois

    photographi, et dont les manifestations ont t aussi souvent tudies et contrles que celles dufantme des morts.Or, runissez ces deux phnomnes diffrents et combinez-les ensemble : dune part, un vivant quiextriore en grande quantit sa force substance vitale, susceptible d'agir sur la matire organise ounon et d'autre part, un tre dfunt bas sur de la force substance sensitive n'ayant par elle-mmeaucune action sur la matire mais apte se combiner avec de la force substance vitale appartenantau vivant dont il vient d'tre question, et qu'il trouve en face de soi. La runion de ces deux

    phnomnes en un seul et les suites qui en dcoulent constitueront la srie des phnomnesmdiumniques, o, comme on dit aujourd'hui plus scientifiquement mtapsychiques.On appelle donc mdiumnit la facult spciale que possdent certains vivants d'extriorer leurforce substance thrique ou vitale en assez grande quantit pour que certains dfunts puissent sel'assimiler momentanment et, avec son aide, agir sur la matire, que cette matire soit inerte,comme, par exemple, un meuble que l'Entit fera mouvoir ou craquer ; ou bien qu'elle soit vivante,comme l'organisme du mdium qu'alors l'Entit fera agir ou parler. Par suite, le mdium est l'trevivant, capable d'maner sa force substance thrique dans les conditions qui viennent d'treindiques. On voit que la mdiumnit n'est jamais l'indice d'un tat pathologique, et que son abusseul, amenant une dpense de fluide vital, peut tre une cause d'affaiblissement ; elle est pluttd'ordre psychique que d'ordre physique, aussi doit-on viter vis--vis des mdiums, tout ce qui peutsurexciter l'imagination. D'un autre ct, les diverses combinaisons de ces forces substancesfluidiques diffrentes, dans telle ou telle proportion ou bien dans tel mode plutt que tel autre,donne lieu plus facilement certains ordres de phnomnes qu' d'autres; on comprend, dans cesconditions qu'il existe une grande quantit de mdiumnits bien distinctes entre elles par les effetsqu'elles produisent et dont je vais examiner rapidement les varits les plus rpandues.Je citerai tout d'abord les mdiums effets physiques, qui sont plus spcialement aptes produireles phnomnes matriels ; mouvements de corps inertes, bruits, etc. ; ils sont conscients ouinconscients, et agissent avec ou sans leur volont propre. Les classes les plus connus de ce genrede mdiums sont :A les mdiums typteurs qui produisent les coups frapps.

    B Les mdiums moteurs, produisant les mouvements des corps inertes.C Les mdiums translation et suspension, qui produisent le transport ou l'arrt, dans l'espace,de corps inertes et sans point d'appui.D Les mdiums effets musicaux provoquant le jeu d'instruments avec ou sans contact.E Les mdiums apparitions et matrialisations, provoquant des apparitions fluidiques plus oumoins matrialises : visibles, audibles, tangibles... Il en sera plus loin question de faon spciale15.F Enfin les mdiums apports, amenant prs d'eux ou crant de toutes pices des objetsmatriels.

    14 Encore cette me sensitive semble-t-elle bien abandonner, dans cette profonde modification qu'est la mort, la partie

    d'elle-mme qui dtient la sensibilit purement physique, et dont elle n'a que faire sur le plan voisin.15 V. La voie Ectoplasmique.

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    Les mdiums sensitifs, ou impressibles, ressentent la prsence des Entits du Mystre parune vague impression, une sorte de frlement aux mains et au visage, facult qui n'a rien voir avecla neuricit, car on la rencontre chez des sujets dont le systme nerveux est fort peu dlicat.

    Les mdiums auditifs entendent la voix des Entits, mais de deux faons diffrentes : pourles uns, la voix, claire et distincte, frappe et fait vibrer leur tympan ; pour les autres, c'est un son

    particulier qu'ils peroivent par tout leur corps, ou bien une voix intime qui se fait entendre dansleur for intrieur. Cette facult prsente quelques dangers, et, quand elle se rvle, mieux vauts'abstenir de la dvelopper : son abus peut conduire l'hallucination.

    Les mdiums parlants (qu'il ne faut pas confondre avec les mdiums auditifs, quitransmettent les paroles entendues) n'entendent pas la voix des Entits ; celles-ci agissent sur lesorganes vocaux comme ils agissent sur les mains du mdium crivain ; quant au sujet lui-mme, ilest trs gnralement inconscient de ce qu'il dit ; il est passif; mais il peut tre aussi intuitif.

    Les mdiums voyants sont dous de la facult de voir les choses et les tres de l'au-del ;chez quelques-uns, cette facult s'exerce dans leur tat normal ; chez d'autres, elle ne se rvle qu'encours de transe ou dans un tat hypnode particulier. Les uns, le plus grand nombre, ne voientqu'une entit qu'ils peuvent dcrire; quelques-uns, trs rares, voient l'ensemble du monde psychique.

    De plus, beaucoup d'entre eux ne peuvent exercer leur facult qu' l'aide d'un objet destin fasciner leur regard : verre d'eau, boule de cristal et toute la srie des miroirs dits magiques. Commel'audition mdiumnique, cette facult peut faire verser dans l'hallucination; il ne faut donc la mettreen uvre qu'avec une certaine prudence.

    Les mdiums somnambules ne doivent pas tre confondus avec les sujets hypnotiques qui,dans les tats superficiels voient, entendent et peroivent en dehors de la limite des sens; enapprofondissant leur tat, on peut alors substituer son esprit au leur ; quand cette opration au lieud'tre faite par un vivant, est accomplie par une Entit du mystre, le somnambule devient alors unmdium sous le contrle d'Etres extrieurs.

    Les mdiums gurisseurs font de la mdecine intuitive ; leur facult a beaucoup de rapportsavec le magntisme curatif; la seule diffrence est qu'ils l'exercent inconsciemment.

    Le mdium pneumatographe est assez rare : il possde la facult d'obtenir directementl'criture des Entits du mystre.

    Les mdiums crivains se divisent en plusieurs varits.A Le mdium mcanique prte seulement, inconsciemment et passivement, sa main quiest dirige par une influence extrieure.B Le mdium intuitif peroit comme une dicte mentale qu'il transcrit.C Le mdium semi-mcanique tient des deux prcdents : chez lui, la penseaccompagne l'criture.

    Les mdiums excitateurs ont le pouvoir de dvelopper telle ou telle facult mdiumniquechez les personnes dsireuses de l'acqurir.

    Enfin, les mdiums dessinateurs, peintres, sculpteurs, musiciens, etc., agissent sous uneinfluence extrieure, les uns consciemment, et les autres inconsciemment.

    On voit, par ce qui prcde, que les facults mdiumniques sont trs nombreuses, et il n'estpersonne, peut-on dire, qui n'ait en quelque sorte la sienne; l'essentiel est que la force substancethrique extriore soit en assez grande quantit pour pouvoir tre employe par une Entitextrieure dans le sens de la mise en uvre de cette mme facult. En tous cas, ceux qui l'exercentsont assez connus dans les milieux spciaux pour qu'on puisse, suivant l'occurrence, recourir tel

    ou tel genre de mdium.Mais si l'on veut dvelopper soi-mme quelque facult latente dont on ne fait que souponner

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    fait un malin plaisir de vous induire en erreur. Songez en effet la grise mine que vous ferait un amique vous rappelleriez d'Amrique o il est occup, uniquement pour savoir son opinion sur legagnant du prochain grand prix, ou le cours probable de telle valeur !Au contraire, vos tentatives rptes en ce sens n'ont-elles abouti aucune russite, et tes-vousassur, aprs de persvrants efforts, qu'elles n'ont pas chance d'en obtenir davantage ?

    Essayez d'un autre procd ; aprs un repos d'une huitaine, installez-vous devant un oui-j. Le oui jest constitu par une table, planchette ou carton d'environ 0,60 sur 0,40, comportant tout l'alphabet,la srie des chiffres, les mots oui, non et diffrents signes. Sur cet objet, on place une sorte de petitchariot mont sur roulettes ou sur billes, c'est--dire pouvant voluer facilement dans tous les sens.On appuie une main sur le chariot d'ordinaire la main droite de faon l'y tenir en quilibre,sans qu'elle y pse, sans que, davantage, le bras repose lourdement sur le plateau : en un mot, rienne doit gner les volutions, les caprices mme du petit chariot.Vous attendez dans le calme et le recueillement, sans faire de mouvement, mme pour inciter lamise en train: vous ne donneriez lieu, en ce cas, qu' une dtente nerveuse et vous finiriez par ne

    plus savoir, lequel, du chariot ou de votre main, entrane l'autre.Les mouvements, quand il s'en produit, sont d'abord lents et comme hsitants ; peu peu, ils

    prennent de la vivacit et de l'ampleur ; enfin, l'instrument circule prs des lettres comme s'ilcherchait dire quelque chose. Ds que les mouvements sont assurs, vous pouvez poser unequestion.En fait de questions, cherchez d'abord, au oui-j comme au guridon dont il t parl plus haut,comme l'criture automatique dont il va tre question plus loin, savoir qui vous avez affaire,c'est--dire si votre correspondant est srieux ou moqueur, bon ou mauvais: cela ressortira de cequ'il vous dira; ds que vous aurez une certitude, renvoyez impitoyablement tout tre mauvais, ft-ce mme en dlaissant la sance. D'autre part n'essayez jamais de ruser de finesse avec lui : c'est un

    jeu qui tournerait contre vous ! Rappelez-vous, en effet, que votre interlocuteur dans le Mystre,pourvu qu'il ait quelque puissance, lit vos penses mesure qu'elles se forment dans votre cerveauet qu'il lui est autrement facile de se cacher de vous qu' vous de vous cacher de lui.Si le oui-j ne vous donne pas encore de rsultats de cette faon, essayez d'une manire que j'ai vuesouvent produire de surprenants effets. Maintes fois, en effet, j'ai constat ceci : deux personnesn'obtenant jamais aucun mouvement quand elles placent isolment la main sur le chariot, le mettenten marche ds que, ensemble, elles y appliquent l'une sa main droite et l'autre la main gauche, lesdeux mains tant superposes : il y a l une assez obscure question de mlange de fluides. Mais,quelle qu'en soit la raison, le rsultat est, trs souvent, des plus satisfaisants.Si donc vous voyez que, seul, vous n'aboutissez rien, essayez avec plusieurs personnes tour derle ; il n'est pas ncessaire de persvrer un mois avec chacune d'elles : une seule sance suffira

    pour vous rvler vos facults respectives.Enfin, les rsultats du oui-j sont-ils dfinitivement nuls ? En dernier ressort, essayez de l'criture

    automatique bien que, vrai dire, l'criture automatique soit plutt un perfectionnement des deuxautres systmes, c'est--dire qu'elle se manifeste surtout chez la personne qui, au guridon ou au ouij, a dj donn des preuves de mdiumnit ; mais enfin, quelquefois, il est arriv que ce mode demdiumnit se dveloppt alors que les essais en d'autres sens n'avaient jusqu'alors rien produit.Si vous essayez de ce systme, placez-vous de votre faon habituelle pour crire, tenant la mainun crayon mine plutt dure pour ne pas se briser trop facilement dont la pointe reposera sur unefeuille de papier ; le poignet ne doit porter que trs lgrement sur la table, le poids de la main aussiallg que possible reposant presque entirement sur le petit doigt ; le coude doit tre dans le vide ;rien en un mot, ne doit gner la marche du crayon.Si vous devez acqurir cette sorte de mdiumnit, vous sentirez votre main comme entrance ; necontrariez pas son mouvement ; ne l'activez pas davantage ; tout votre organisme doit tre inerte et

    passif. Le crayon tracera des lignes d'abord informes, puis plus rgulires, qui ensuite deviendrontdes jambages, et enfin des lettres, pendant que vous sentirez un lger engourdissement vous gagner

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    l'avant-bras.Arriv ce point, il faut faire bien attention ce que vous crivez et analyser scrupuleusement lafaon dont vous agissez, car il se prsentera possiblement un cueil que vous nesouponnez pas. Il se peut, en effet, qu'aprs plusieurs sances de traits ou de btons, votre neuricitexaspre se fasse jour malgr vous et qu'elle cause dans votre main des mouvements spasmodiques

    qui, pour vous, seront inconscients et qui, cependant, n'auront leur source qu'en vous. Faites y bienattention, rappelez tout le calme et toute la patience dont vous tes capable, et si alors vous voyezles traits cesser, c'est que l'criture provenait de vous seul: en ce cas, recommencez sur nouveauxfrais.Si, malgr toute votre bonne volont, malgr tout votre dsir, vos tentatives par ce troisime

    procd ont t aussi nulles que par les deux autres, prenez-en votre parti et renoncez : vous tes deceux qui n'extriorent pas leur force substance thrique avec assez d'abondance pour obtenir des

    phnomnes mdiumniques.N'essayez pas alors d'autres voies, d'abord parce que, exigeant une plus grande dpense de forces,elles vous seraient aussi inutiles que les premires et ne feraient que vous prendre un temps qui peuttre employ plus utilement, et que, parmi elles, les unes ne s'ouvrent que fortuitement, sous 'empire

    de certaines circonstances spciales, et les autres prsentent du danger pour le simple amateur quevous tes.Je viens de dire : Prenez-en, votre parti... Soit, mais ne dsesprez pas. Si en effet nous savonsce qui constitue la mdiumnit, nous ignorons les causes qui amnent en elle de ces modificationsque nous ne pouvons que constater sans comprendre leur mode de production.Par exemple tel mdium trs puissant verra un jour sa force diminuer puis disparatre sans savoir ,quoi attribuer cet effet17 ; telle personne, au contraire, qui a vainement essay, durant des annes,d'acqurir une petite mdiumnit et y a renonc devant l'inutilit de ses efforts, pourra se voir, aucontraire, subitement entrance, et gnrera de beaux phnomnes sans se rendre compte du

    pourquoi de cette modification radicale de son organisme; parmi les causes dterminant de telschangements, cependant on peut placer une grande douleur morale, une modification de l'tat desant et quelques autres contingences qui influent profondment sur le cours d'une vie.

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    Beaucoup de fraudes, chez les mdiums, proviennent de l'affaiblissement ou de la disparition de leur facult, parcequ'ils veulent, malgr toute impossibilit mtapsychique, gnrer quand mme leurs phnomnes habituels.

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    rien autre que la force vitale et neurique du sujet, et que cette force vitale et neurique, extriore parlui, est des plus instables; qu'elle se dissout dans un rayon de lumire blanche et qu'enfin il y arpercussion, sur l'organisme du mdium de tous les svices, de toutes les plaies, de toutes leslsions, en un mot, de toutes les atteintes, quelles qu'elles soient, qui ont pu endommager lamatrialisation18.

    Lorsqu'on assiste ce genre de sance, il faut, comme d'ailleurs pour n'importe quel phnomnepsychique, se conformer rigoureusement aux demandes du sujet qui, la plupart du temps, n'est quele porte-parole des Entits agissantes, lesquelles peuvent demander plus ou moins de lumireanactinique rouge ou jaune19 pour clairer ou assombrir la pice, ou des crans au sulfure decalcium phosphorescent pour rendre certaines formations plus distinctes, ou bien encore des chants

    pour unifier la mentalit des assistants dont la diversit peut tre un obstacle la production desphnomnes, etc.Mais lorsque enfin, aprs une attente plus ou moins longue, la matrialisation s'est rvle, quel,ravissement, quel enthousiasme intime, quelle motion pour le spectateur reconnaissant, devant soi,un tre tendrement aim sur terre et disparu depuis de longues annes, qui parle avec le son de voixaccoutum, avec les gestes d'autrefois, avec les caresses de la main qui semblent d'hier ! Pour ma

    part, je n'ai jamais rien ressenti d'aussi profondment motionnant que la premire fois que je mesuis trouv en prsence d'une telle rvlation ! Il me souvient encore, aprs des annes et desannes, de la pense intime qui s'imposait moi : Combien la mort, dont nous nous faisons uneimage d'pouvante et de terreur, est suprieure la vie que nous vivons sur terre ! Trs gnralement les matrialisations, quand on a affaire un puissant sujet mdiumnique, sont la fois visibles, audibles et tangibles; on peut les presser dans ses bras, les voir comme si l'Entittait matriellement vivante, converser avec elles... La seule diffrence entre elles et un treterrestre ordinaire, c'est cette lumire intrieure qui les illumine d'une lueur plus ou moins vive,avec un ton azur infiniment doux au regard, et que n'ont jamais pu rendre les ples imitationscres par les prestidigitateurs... Pour les heureux qui il a t donn de contempler unematrialisation complte, mme s'ils n'ont pas vu en elle un parent ou un ami dcd, il y a, pour

    jamais dans leur cur, un souvenir d'une dlicatesse exquise et d'une merveilleuse beaut, presquedivin force d'tre superbe: ils ont vu vivre la mort dans toute son idale splendeur.Il a t dit plus haut que ce procd d'intercommunication ressortissait en somme la voiemdiumnique : en effet, en soi, il n'en est que le dveloppement. Mais il existe, entre ces deux voiesune diffrence capitale qui m'a amen consacrer celle-ci un titre spcial : c'est que, dans la voiemdiumnique, si l'on recourt un intermdiaire, on n'est jamais assur que les penses noncesn'manent pas de son propre fonds, et, si l'on agit par soi-mme, on peut craindre d'tre le jouet desa propre neuricit exaspre par un motif ou par un autre ; au contraire, quand on se trouve en faced'une matrialisation, le mdium est, du fait, limin; et, quand cette matrialisation vous adresse la

    parole, il y a toute chance pour que cette parole soit, en notre monde, une rvlation dans tous les

    sens du mot d'un monde suprieur.Il est aussi un autre genre de matrialisation dont il convient de dire ici quelques mots, mais dont jeconseillerai plutt de s'carter, car, moins qu'on ne vive journellement avec le mdium et que, parsuite, on n'ait avec lui de frquentes sances o, pour lui, l'accoutumance se fera progressivement,on n'y peut gure trouver que la sinon mme un soupon de fraude : je veux parler de latransfiguration, appele aussi incarnation.Ce phnomne particulier consiste en ceci que le sujet mdiumnique se trouve en quelque sorteenvahi compltement par l'Entit appele, qui lui modifie le masque de faon lui donner lareprsentation de sa propre figure lorsquelle mme tait vivante. Mais si le mdium est, par

    18 Il existe plusieurs exemples de brusque dissolution du fantme produite par le subit clatement d'une allumette

    (lumire blanche) provenant du fait d'un malintentionn ou mme d'un tourdi, et ayant caus au mdium du momentune incurable ccit.19 La lumire anactinique est sans effet sur la substance fantomale.

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    exemple, une jeune fille de quinze ans et si l'Entit qui l'intrance est un homme mort quatre-vingtans, on voit tout de suite la difficult qui s'oppose une aussi radicale transformation des traits,transformation qui ne peut s'obtenir qu' la suite d'essais longuement rpts et qui, au premierabord, ne parat donner lieu qu' la laide grimace d'un visage tortur, ne rappelant en rien ni celui dumdium ni celui de l'entit attendue.

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    Chapitre V - LA VOIE MAGNTIQUE

    Ici, nous nous trouvons en prsence de deux faons de procder, qui diffrent essentiellement l'une

    de l'autre, suivant que l'on se propose de pntrer dans le mystre de la mort pour tudier ce qui s'ypasse, ou bien d'appeler soi un dfunt nommment dsign en vue de s'entretenir avec lui.J'examinerai donc successivement ces deux procds magntiques.

    A Exploration de la mortEn l'ouvrage dj cit20 j'ai dj eu, dire quelques mots sur la faon de procder quand on veutrejeter un sujet magntique21 dans le mystre. Mais cette opration est assez dlicate on peut mmela qualifier de dangereuse pour expliquer en dtail son mode de production.En effet, quelque lecteur, aprs avoir pris connaissance de l'ouvrage en question, pourra tre tentde raliser l'exprience : je dsire qu'il ne le fasse qu'en toute connaissance de cause, c'est--direavec le moins de risques possible pour le sujet.Ce serait en effet se tromper trangement que de regarder cette exprience comme un simple jeu :elle est, au contraire trs longue pour qui veut agir prudemment trs mticuleuse, trs dlicate, et,

    pour le sujet en hypnose, elle constitue une srie d'preuves, o les craintes, les angoisses et lespouvantes ne font gnralement que se succder, pour ainsi dire jet continu.D'abord le choix du sujet.On ne peut, naturellement, utiliser le premier sujet venu, et celui qu'on prendra doit prsentercertaines qualits indispensables.Il doit tre d'abord dou d'une excellente sant ; se figure-t-on, en effet, un cardiaque soumis toutes les terreurs qui marquent chaque pas en avant de l'autre ct du voile ? Se figure-t-on, plussimplement, un valtudinaire ayant supporter une somme d'motions que nul ne peut prjuger

    d'avance, et qui, parfois dpassent de beaucoup les prvisions les plus extrmes ?Le sujet doit tre en possession d'une grande puissance psychique, bien dveloppe ce n'est pas, eneffet, un dbutant peine dgrossi, ou mme un sujet quelconque que l'on peut soumettre cetteopration ; il faut qu'il ait longtemps travaill autant que possible avec la personne qui veut lui fairesubir cette preuve, et qu'il ait pass par toutes les phases qui constituent le bon sujet, qu'en un mot

    20 La Vie posthume d'aprs la psychophysiologie, la psychologie exprimentale et la physique, du mme auteur (1 vol.grand in-8, Paris, 1923.21 Je dis bien magntique et non hypnotique, J'ai eu l'occasion de l'expliquer ailleurs : tous les procds hypnotiquessont brutaux, parce qu'ils agissent par le choc nerveux or, le choc nerveux fait dj perdre au sujet une partie de sesforces psychiques, alors qu'il n'a pas de trop de la totalit de ces mmes forces pour supporter efficacement ladsagrgation partielle de son tre et sa situation dans des conditions vitales trs critiques pour ne pas dire dangereuses;d'autre part, les procds hypnotiques, tant naturellement bass sur la brutalit (coup de gong ou de pistolet, lumiresubite et aveuglante, etc.) ne peuvent susciter, chez le sujet, pour l'oprateur, qu'un sentiment de crainte qui devientrapidement de la terreur, au lieu de ce sentiment de confiance affectueuse et dvoue sans laquelle on ne peut aboutir rien de srieux. Qu'il me soit permis, l'appui, de citer une anecdote inconnue :Une jeune femme vint un jour se jeter aux pieds du Colonel de Rochas, le suppliant de la sauver de l'emprise deshypnotiseurs de la Salpetrire qui faisaient d'elle elle le sentait une vritable loque humaine.

    - Mais, interrogea le Matre, pourquoi y allez-vous ?- J'y suis alle une fois pour une consultation, et, depuis lors, c'est comme une force invincible qui me contraint,

    malgr toute ma volont, malgr ma rsistance, y aller aux jours et heures qui me sont indiqus.Le Colonel comprit que cette femme obissait une suggestion ; il l'endormit magntiquement pour lui donner lasuggestion contraire et lui permettre de rsister. Or, cette malheureuse ressentit un tel bien-tre du sommeil magntiquequ'elle continua travailler avec M. de Rochas, et, de cette femme de qui la Salpetrire n'avait fait qu'une malade, le

    Matre fit le brillant sujet Lina, qu'il tudia tout particulirement dans son ouvrage Les Sentiments, la Musique et le,Geste (1 vol. gram in-8, Grenoble, 1900).

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    on soit sr de lui.Il doit avoir une confiance absolue, sans limites, en l'oprateur, confiance qu'il ne peut acqurir qu'la longue, par la constatation qu'il a faite lui-mme de la somme de prudence qu'apporte lemagntiseur au cours de son exprimentation. Cette question a t rsume plusieurs fois par unmot prononc par mon principal sujet de recherches, Mme Lambert, propos de certaines

    expriences que je trouvais moi-mme assez risques et o j'tais surpris par l'abandon du sujet.Quand alors je lui demandais, en son hypnose : Vous n'avez pas peur ? Avec vous, non ! Mais avec tout autre, je rsisterais de toutes mes forces. Mme, lui demandai-je un jour insidieusement, sachant le culte qu'elle professe pour lammoire du Colonel de Rochas, mme si cet autre tait M. de Rochas ?Ce jour-l, il rpondit nettement, fermement : Oui.... Je rsisterais... Mme M. de Rochas... il y ades fois o je ne le trouvais pas assez prudent.Cela montre que le sujet, mme en hypnose, possde un raisonnement intime l'gard de sonmagntiseur : c'est ce raisonnement qui finit par crer en lui la confiance indispensable qui veut lemener au-del des limites habituelles de l'exprimentation.

    Une qualit primordiale du sujet doit tre un grand courage ; c'est le corollaire de la confiance, maiscela ne se commande pas. Si, en effet, on agit sur un sujet timor, il se peut que l'on perde sontemps, en l'amenant une certaine limite qu'ensuite, avec la dernire nergie, avec une indomptablersistance, il se refuse franchir.Par contre, je suppose l'oprateur dou de tout le sang-froid ncessaire pour parer tous lesincidents inattendus, et mme, et surtout aux accidents qui peuvent se produire; c'est un lmentessentiel de russite car le sujet, mme le plus dvou, ne s'abandonnera jamais que dans la mesureo il se sentira protg.Enfin, le magntiseur devra toujours je dis toujours user de la plus grande loyaut envers lesujet en l'avertissant l'tat de veille, du danger que peut prsenter l'exprience prpare, de faonqu'il y acquiesce dans sa conscience normale: il faut donc, pour qu'il donne son consentement, qu'ilprouve, l encore, vis--vis de son magntiseur, une confiance base la fois sur l'estime et sur unlong pass de travaux suivis en commun et sans trop d'accidents dont il ait eu souffrir.Ce point de dpart une fois acquis, on endort le sujet doucement par des passes22 ; quand sonsommeil est suffisamment profond, on commence par le ddoubler23 : c'est une simple mesure de

    prudence, en ce sens que, en cas d'accident, toujours redouter au cours de si dlicates expriences,on peut agir la fois matriellement sur l'organisme et magntiquement sur le double, pour remettreles choses en tat.Quand le double le fantme est bien condens (gnralement la gauche du sujet) sur le sige

    pralablement prpar pour le recevoir, on agit alors sur le sujet, par suggestion verbale, trsautoritaire, en le replaant dix ans, vingt ans, en arrire.

    Vous avez trente ans... vingt ans... quinze ans... dix ans... huit ans... six ans... quatre ans... troisans.... deux ans...un an...Il est bon, surtout au cours des premires tentatives, de tenir au sujet une conversation de quelquesinstants, approprie l'ge o on le replace, pour l'habituer, si je puis m'exprimer ainsi, reprendre

    pied dans chacune des poques successives o on le situe.Les premires fois, il prouve, quand on le change d'ge, un lger sursaut qui disparat avecl'accoutumance. Un phnomne bizarre se produit la plupart du temps, c'est que la voix du sujet,lorsqu'on lui parle, change de timbre en se rajeunissant, pour devenir vers deux ans une vritablevoix de bb.

    22 Le procd que j'indique en dtail est celui que j'utilise moi-mme. J'ignore s'il en existe d'autres magntiquement

    parlant; en tous cas, il ne peut y on avoir de plus prudent que celui-ci et, dans toutes ces expriences transcendantales laprudence, mme la plus exagre, est de la ncessit la plus absolue.23 V. dans L'me humaine (1 vol. in-12, Paris, 1921) du mme auteur, les procds de ddoublement.

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    Un autre phnomne non moins trange, est celui-ci : Le sujet se recroqueville, se tasse sur lui-mme de plus en plus en s'inclinant du ct o est son double : la raison du fait est que le fantme,obissant l'ordre du magntiseur plus facilement que l'organisme physique, reprend la taille qu'ilavait l'ge o on vient de le replacer et, comme il constitue, pour ainsi dire, le moule du corps

    matriel, ce dernier se replie sur soi-mme pour se maintenir en quelque sorte en harmonie avec sonpropre moule.J'ai, de plus, l'habitude de prudence, que je recommande tout exprimentateur, de prendre entremes doigts le pouls du sujet quand, en rtrogradant, il atteint l'ge o l'enfant ne parle pas encore;cela permet de se rendre compte, au moins d'une faon relative, de ce qui se passe en lui.Quand on a atteint un an, on continue :Vous avez dix mots... huit mois... six mois... quatre mois... deux mois... un mois... Il y a vingt joursque vous tes au monde... quinze jours... dix jours... huit jours... six jours... quatre jours... trois

    jours... deux jours... un jour... Il y a vingt heures que vous tes n... seize heures... douze heures...neuf heures... six heures... quatre heures... trois heures... deux heures... une heure... Depuiscinquante minutes vous tes sur terre... depuis quarante minutes... trente minutes... vingt minutes...

    quinze minutes... dix minutes... huit minutes... six minutes... quatre minutes... trois minutes... deuxminutes... une minute... Il y a cinquante secondes seulement que vous tes au monde... quarantesecondes... trente secondes... vingt secondes... dix secondes... huit secondes... six secondes... quatresecondes... trois secondes... deux secondes... une seconde...Quand, aprs cette ultime seconde, l'exprimentateur prononce l'ordre : Maintenant, retournezdans le sein de votre mre ! il est ordinaire que le sujet se rebelle, refuse d'obir, se roule sur le solen vagissant; il y a une lutte parfois angoissante entre la volont de l'oprateur et l'instinct du sujet,lutte dans laquelle le magntiseur a rarement le dessus au cours des premiers essais, car, si bien quesoit dispos le sujet, il a peur, et cette peur dtermine parfois chez lui une rsistance qui ne se peutvaincre qu' la longue, la suite de tentatives o la fermet et la douceur doivent s'allier dans une

    juste mesure.Pour franchir cet obstacle, il est parfois besoin de multiples sances o l'on ne peut, au pointcritique, ni raisonner le sujet qui est dans une priode vitale o la raison nexiste pas encore, ni

    parler avec lui pour le rassurer, puisqu'il ignore la fois le sens des mots et l'usage de la parole:c'est chez lui, je le rpte affaire d'instinct et de sauvegarde personnelle.Afin d'abrger ce temps d'attente en rassurant le sujet et en agissant comme si je m'inclinais devantsa rsistance, j'ai recours un moyen qui peut sembler bizarre mais qui russit assez bien. Voici:Avant de commencer la rgression de la mmoire, je dis au sujet en hypnose : Quand il s'agira derentrer dans la vie utrine, vous me rsisterez... Pourquoi ?... Est-ce qu'il y a du danger ? Non... Jene vous ai jamais fait de mal... Pourquoi vous en ferais-je ?... Allons... laissez-vous faire !... Je neveux pas agir malgr vous... Eh bien ! Cest vous qui me ferez savoir que vous tes dcid obir...

    A une seconde de votre naissance, vous ne parlez pas, c'est entendu ; mais vous savez tter, ds cetge-l... Donc, je vous mettrai mon doigt dans la bouche, et, si vous consentez, vous tterez ! Il y a l un instinct assez obscur qui force en quelque sorte le nouveau-n tter tout ce qu'on lui

    place dans la bouche... Le sujet se croit-il engag par ce commencement d'excution, ou bienemporte-t-il au fond de cette rgression le vague souvenir des encouragements qui lui ont tdonns ? Je ne sais, mais le fait est l: ce procd m'a gnralement russi. Je dis gnralement, caril y a des sujets qui ne cdent aucun moyen : chez eux l'instinct de la vie normale et de saconservation est plus fort que tout.Quoi qu'il en soit, quand on a russi replacer le sujet dans la vie utrine 24, on lui en fait remonter

    24 Il prend trs gnralement alors, suivant que sa souplesse et son ge le lui permettent, la position caractristique du

    ftus dans le sein de sa mre jambes replies et bras croiss sous le menton pour se dtendre progressivement, mesurequ'on le rapproche de l'poque de la conception.

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    le cours comme prcdemment : huit mois, sept mois... vingt-cinq jours, vingt jours... vingt heures,quinze heures.., cinquante minutes, quarante minutes.., cinquante secondes, quarante secondes...quatre, trois, deux secondes... une seconde aprs la conception.A la suggestion imprative qui suit : Repassez maintenant avant votre conception ! rpondd'ordinaire, les premires fois, un refus du sujet refus muet, cela va sans dire, puisque, ce stade de

    sa vie il ignore la parole ; il reste inerte, sans obir; et si on insiste, il prsente une dfenseinfiniment plus pre que celle laquelle il a eu recours avant de passer de la vie normale la vieutrine.Et cela se comprend, car, pour lui, ce qu'on lui demande, c'est en somme, puisqu'il ignore lesantriorits de la vie, de rentrer dans le nant. Souvent, cette rsistance qu'il oppose instinctivementest des plus impressionnantes, et, surtout aux premiers essais, il convient d'y avoir gard et de leramener son ge normal25; ce n'est que par la volont, une volont de plus en plus imprieuse chaque nouvelle tentative que l'on arrive amener le sujet aux fins voulues, ce qui produit dans toutson organisme une sorte de sursaut nerveux.La premire fois qu'il se dcide retourner dans les antriorits de la vie, une seule question, maisune question primordiale, est lui poser : En cet tat, pouvez-vous parler ? S'il ne rpond pas, on

    le fait rentrer dans le sein de sa mre et on le ramne son ge normal, quitte renouveler latentative quelques jours plus tard.Si, chaque fois, le rsultat est aussi ngatif, on n'a qu' passer par profits et pertes tout le tempssouvent des mois et des mois consacr aboutir cette vaine issue : le sujet est inutilisable pour lesrecherches dans le Mystre, et il faut recommencer sur nouveaux frais avec un autre que l'onesprera plus apte atteindre le but poursuivi.Si, au contraire il rpond affirmativement et assez souvent par un simple signe de tte, cela suffit

    pour la premire preuve. Il faut aussitt, c'est--dire avant qu'il ait eu le temps de se rendre comptede l'tat o il est, le replacer dans la vie utrine, puis le ramener au temps prsent. Il faut, en un mot,lui donner l'accoutumance au Mystre par des essais ritrs mais de peu de dure, faute de quoi laterreur qu'il prouvera invariablement au premier contact un peu prolong avec le Mystre peutcrer en lui un instinct de rvolte qu'il serait ensuite trs difficile de dominer. En un mot, on ne doitl'exposer l'invitable pouvante que quand il a bien pris l'habitude de franchir la limite de la vie

    physique.Dans toutes ces expriences, en effet, les paroles du sujet aboutissent presque invariablement aumme leitmotiv : J'ai peur ! J'ai peur ! Il serait imprudent de ngliger cette angoisse et ilconvient de le ramener son ge normal ds qu'il la manifeste, parce que c'est en se sentant protgqu'il contractera l'assurance ncessaire, de sa part, la poursuite de ces recherches.Dans les conditions o il se trouve situ, le sujet s'exprime avec une lgre difficult ; sa voix estsourde, lointaine et, parfois, difficilement perceptible mme si l'on y apporte la plus grandeattention; cette difficult de parole peut atteindre l'aphonie ; en tout tat de cause, on peut essayer de

    lui dgager les cordes vocales par des passes transversales opre, sur le cou, mais sans tre srd'amliorer sa diction ; dans ce cas, il n'y a qu'un parti prendre mettre fin l'exprience enamenant le sujet son ge normal.D'ordinaire, la question : O tes-vous ? il rpond : Dans le gris ou Dans le noir . Puis ildistingue autour de lui comme un mur infranchissable de tnbres ou bien ce sont des tres oudes fluides rouges qui le terrifient et toujours cela finit par : J'ai peur ! J'ai peur ! Il faut l'habituer considrer en face ce qu'il regarde comme des dangers, et, la premire accalmiequ'il prsente, l'engager diriger sa vue vers le lointain ; il finira par y apercevoir des lueurs

    blanches qui l'attirent parce qu'il les devine en quelque manire bienfaisantes ; en mme temps, il

    25 Il est a remarquer que, lorsqu'on ramne le sujet la prsente poque en lui faisant suivre en sens inverse le chemin

    parcouru, il importe de ne pas prcipiter la marche et de lui laisser, chaque stade indiqu, de mme qu' l'aller, letemps ncessaire pour se fixer la priode voulue, sinon il revient: lui tout tourdi et gnralement impropre, pour lereste de la sance, . toute recherche ou exprimentation.

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    percevra des harmonies merveilleuses quoique encore bien vagues. On le pousse de plus en plusvers ces lueurs et vers ces harmonies qui, mesure qu'il s'en rapproche, deviennent pour luid'admirables clarts et des chants divinement sublimes. Mais, pour y arriver, il a des obstaclessuccessifs surmonter ou bien des hostilits mystrieuses vaincre ; il faut le soutenir,l'encourager, lui promettre l'ineffable bonheur quand il aura atteint les clarts.

    D'abord, il est en quelque sorte drout par les fluides sombres ou noirs dont les volutes mouvantesl'enserrent dans leurs replis et o il ne sait comment se diriger : ce sont, en ralit, les principeshyliques o s'enlise l'me lorsquabandonnant la vie suprieure elle va renatre la vie terrestre.Parmi ces fluides, quelques-uns lui paraissent rougetres et lui causent une instinctive terreur ; ilconvient de l'habituer les examiner, et il finit par voir que leur couleur provient des tres rougesqui y voluent, et qui sont des dsincarns relis encore la terre par leurs passions dont ils n'ont pus'affranchir, par le mal qu'il y ont commis et dont ils ne sont pas librs, par toutes les causes enfinqui mettent obstacle l'volution posthume ; c'est dire que ces entits sont mauvaises et leur seulevue pouvante le sujet qu'il importe de soutenir et de rassrner au cours de ce stade.Progressivement, voluant vers les clarts lointaines, il se voit entour d 'toiles oufeux follets plusou moins ples et brillant, par lesquels il se sent comme protg. Si on les lui fait regarder avec

    attention, il finit par reconnatre que ce ne sont pas des toiles, mais des lueurs o se reclent destres de bien qui lui donnent confiance. Telle est l'aspect que revt gnralement ce premier stade26.Ds que le sujet a repris confiance, il faut rappeler son attention vers les splendeurs lointaines, versles clarts divines et les chants mystrieux, et l'inciter remonter vers eux malgr tous les obstaclesdu chemin. Et quand enfin il les a rejoints, il faut beaucoup d'autorit sur lui ; il convient de n'avoiraucun gard ses supplications et ses rvoltes pour demeurer en cet tat o il se sent l'apoge du

    bonheur, sans quoi, je ne sais ce qui arriverait, vu sa rpugnance reprendre contact avec lesmisres de la vie terrestre.Ce n'est que quand il a bien contract l'habitude de revenir sur terre qu'on peut sans inconvnient lelaisser demeurer mais jamais bien longtemps dans la batitude du Mystre. On peut alorsl'interroger, et il raconte ce qu'il voit autour de soi et ce que lui disent les Entits avec lesquelles ilentre en communication. En telle occurrence, principalement, sa voix est frle et lointaine : il parlecomme dans un rve. Dans tous les cas, il faut le surveiller de trs prs et lui poser toujours desquestions retenant son attention puisqu'il y doit rpondre ; faute de quoi il tombe trs facilementdans une extase qui se traduit par une catalepsie dont on a d'autant plus de peine le retirer qu'on ne

    peut gure agir que sur son double, puisque, dans cet tat, son organisme est, pour lui, commeinexistant.On demandera peut-tre : Combien de temps faut-il consacrer telle exprience pour l'amener aursultat voulu ? Voici : Il y a des sujets plus ou moins bien disposs, mais je ne conseille pasde les pousser trop vivement, parce que leur manque d'accoutumance pour chaque stade del'opration peut provoquer des accidents de graves accidents. Avec le sujet Mme Lambert qui est un

    sujet d'lite j'ai employ un peu plus de deux ans, une sance par semaine mais avec interruptiondes sances durant l't, ce qui forait, lors des reprises, consacrer quelques sances une sorte dervision des points acquis, j'ai, dis-je, employ un peu plus de deux ans pour simplement la rejeteravant la conception.Si quelque lecteur press trouve que c'est bien du temps, je lui rpondrai ceci : En de tellesexpriences, il est un lment qu'il ne faut jamais liminer: la conscience de l'oprateur ; or, il estfacile un simple lecteur de critiquer la perte de temps ; il est plus malais un oprateur decharger sa conscience d'un accident o peut se trouver engage une vie humaine. Pour moi, je

    26 J'ai a peine besoin de dire que, pour risquer des expriences de telle nature, j'ai recours de la faon la plus exclusive,uniquement des sujets de la moralit de qui je suis absolument sr. J'ignore ce qui pourrait se passer si l'on utilisait des

    sujets sympathisant avec les entits mauvaises qu'ils rencontrent dans le Mystre.

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    prfre, je le dis bien hautement, me paratre ridicule moi-mme force de prcautionssurajoutes les unes aux autres, force de tentatives rptes satit, jusqu' ce que j'en soisabsolument sr, force de temps consacr ce qui peut sembler des vtilles. Or, sait-on jamais,quand on marche sur ce terrain redoutablement inconnu, si ce qui semble de prime abord unevtille, n'est pas la condition essentielle dont dpend la vie du sujet ? J'aime mieux dis-je, avoir

    nettement perdu du temps et de la peine, et pouvoir proclamer avec la satisfaction que l'on peutimaginer : au cours de ces recherches dans le Mystre, au milieu d'embches d'autant plusdangereuses qu'elles sont plus ignores, je n'ai jamais eu le moindre accident me reprocher,

    jamais!Certes, j'ai eu parer nombre incidents : il n'en saurait tre autrement et de telles surprisesfoisonnent au cours de ce genre de recherches o l'on s'aventure dans des rgions absolumentignores tout point de vue ! Le plus grave qui me soit arriv dans cet ordre d'expriences et je nele mentionne ici que pour montrer aux exprimentateurs combien il importe de toujours procderrigoureusement de la mme faon chacun des essais m'est survenu un jour o, par une inconcevabledistraction, j'ai omis le parcours de la vie utrine et fait passer le sujet sans transition de la vienormale (une seconde aprs la naissance) la vie antrieure la conception. La suggestion tait

    peine donne que je m'aperus de ma faute et tentai de la rparer ; mais il n'tait plus temps. Lesujet fut soudain en proie une contracture gnrale qui le recroquevilla sur lui-mme, et tombadans une profonde catalepsie. Heureusement et probablement par suite de son habitude de passer

    par la vie utrine, il n'avait pas abandonn son organisme, sur lequel je pus agir, et quelquesminutes qui, la vrit me parurent longues comme des sicles me suffirent pour le tirer d'affaire.Quant aux accidents proprement dits de ceux qui, par exemple, laissent le sujet dans le coma

    pendant des jours et des semaines (ce qui est arriv au Colonel de Rochas au cours d'une exprienceo il avait eu l'imprudence de confier le contrle un mdecin de qui l'incrdulit faillit susciter unmalheur) jamais, je le rpte, il ne m'en est arriv ; cela tient, selon moi, au luxe de prcautions,minutieuses parfois jusqua la purilit, auxquelles j'ai pour principe de ne jamais me soustraire.J'estime, en effet, que dans ces conditions un oprateur a charge d'une vie humaine, et qu'une telleresponsabilit ordonne de prvoir tout danger possible, et d'y parer avant de pousser plus loinl'exprience.C'est l'aide du procd qui vient d'tre expos, et en utilisant un certain nombre de sujets, qu'il m'at donn de pntrer de l'autre ct du voile, et de jeter un regard curieux sur les conditions de lavie 'dans l'Au-del, et c'est le rsum de mes tudes exprimentales en ce sens que j'ai pu donner au

    public sous le titre de La vie posthume d'aprs la psychologie exprimentale, la psychophysiologieet la physique.Et, faut-il le dire ? J'ai, pour ma part, infiniment plus de confiance dans ce procd que dans la voiemdiumnique, car, endormant moi-mme le sujet, je sais o je le conduis, je puis lui donner toutesles suggestions ncessaires (ne me rapporter que ce dont il est sr, ne pas puiser ses rponses dans

    mon cerveau, etc.) je puis en un mot lui faire plus de confiance qu' un mdium qui, endormi parune Entit astrale que je ne connais pas27, peut me raconter tout ce qu'il veut ou tout ce qu'on luiordonne de me dire, sans que j'aie aucun critrium de sa vracit.Cela veut-il dire qu'on peut accepter aveuglment toutes les paroles d'un sujet magntique ? Loin del ! Ce serait faire preuve d'une blmable lgret que d'agir de la sorte, car toute tude sur leMystre ncessite, plus que toute autre, un contrle incessant et multiple dont la bas est la pluralitdes sujets, mais dont la description dtaille a t donne ailleurs28.

    B Rappel d'un dfuntCette voie d'intercommunication est bien plus facile utiliser que la prcdente, car, outre qu'elle ne

    27

    La Calice mdiumnique est, je l'ai dj dit, une vritable hypnose cause par la magntisation des entits astrales.28 V. La Vie posthume, dj cite et L'Ame humaine, 1 vol. in-12, Paris, 1(20, o se trouvent indiqus en dtail tous lesprocds de contrle que j'ai utiliss au cours de mes recherches exprimentales.

    27

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    fait courir aucun risque au sujet29, elle ne ncessite qu'un tat d'hypnose qui, sans tre toutefoissuperficiel, est nanmoins beaucoup moins profond que dans le cas prcdent et ne ncessiteaucunement le ddoublement du sujet.Aprs avoir procd la mise en hypnose, on amne rapidement le sujet au sommeilsomnambulique de faon tre bien en rapport avec lui, et l'on continue la magntisation jusqu' ce

    qu'il juge son sommeil assez profond pour l'exprience laquelle il va tre soumis30

    .On lui met alors entre les mains, pour l'aimanter, pour diriger ses recherches dans le mystre, unelettre ou un objet qui, ayant intimement appartenu au dfunt, dtient encore dans sa propre auraquelques-uns des effluves du disparu, pour l'aider le retrouver et entrer en communication aveclui.Il va sans dire qu'on lui a fait les suggestions de rigueur en pareil cas, c'est--dire de ne donneraucune indication, de ne rapporter aucune parole, dont il ne soit absolument sr. Du reste, il y a dessujets qui disent d'eux-mmes ne pouvoir faire telle ou telle question une rponse dont-ils ne sont

    pas assurs : ce sont d'ordinaire les sujets d'un certain ge qui, ayant longtemps travaill avec desexprimentateurs srieux, ont reu d'eux, en quelque sorte jet continu, la suggestion de ne pastromper, et se sont fait, la longue, une seconde nature de la loyaut mme en tat d'hypnose.

    Donc, dans ces conditions, c'est entendu : le sujet ne trompe pas consciemment l'oprateur ; maispeut-il se tromper ? Peut-il tre mme tromp par des Entits fallacieuses et, par suite, induireinconsciemment en erreur l'exprimentateur qui agit avec lui ? Cela est indubitable, mais alors c'estau consultant d'agir avec lui comme il agirait avec un mdium ordinaire, c'est--dire d'tablir, parson propre jugement, si les penses qui lui sont transmises, comme manant de l'Entit voque,correspondent bien son caractre, sa mentalit, tout ce qu'il connat d'elle.Comme on le voit, en pareil cas le sujet magntique est en quelque sorte transform en sujetmdiumnique, avec une diffrence capitale, cependant, qui limine bien des causes d'erreurs et qui at dj mentionne plus haut: c'est que l'exprimentateur, agissant magntiquement, sait o ilamne son sujet et, par suite, Jusqu'o peut aller sa confiance en lui, alors qu'il est loin d'en tre demme lorsqu'on se trouve en prsence d'un mdium de qui l'hypnose est produite par une causecompltement inconnue et sur laquelle on ne possde aucun moyen ni d'action ni de raction.En rsum, la ligne de conduite tenir tant la mme, au point de vue, s'entend, del'intercommunication, qu'il s'agisse d'un sujet magntique ou d'un vritable mdium, je nem'appesantirai pas davantage sur ce point.Toutefois, une remarque est faire, qui m'a t suggre par une toute rcente exprience si rcentequ'elle n'a encore atteint qu'une partie de sa conclusion et que je la poursuis en ce moment : c'estque, en certains cas, par l'usage de cette voie d'intercommunication, nous pouvons aider les dfuntsrcents se dgager de la matire qui les enlise, les obnubile et leur est une cause de souffrances.Le fait est assez important pour valoir d'tre rsum en quelques lignes.L'hiver prcdent (1923-1924) mourait, seize cents kilomtres de Paris, un ami que je n'avais

    jamais vu mais avec qui, par suite de certaines circonstances, je m'tais li par une correspondancesuivie pendant plusieurs annes, car j'avais trouv en lui une intelligence d'lite et un caractrecomme je les comprends.Aussitt aprs son dcs, sa veuve m'crivit pour me demander si je ne pourrais pas entrer enrelation avec le dfunt. A si peu de temps de la mort, la chose me paraissait assez difficile,nanmoins je tentai l'opration, mais le rsultat fut celui que j'escomptais : il me fallait attendre uncertain temps que l'tre ft sorti de l'tat de trouble qui suit ncessairement le passage du milieu29 Voir cependant ce qui va tre dit plus loin30 L'cole de la Salptrire a tabli en doctrine absolue que, mesure que s'approfondit le sommeil, les trois tats(lthargie, somnambulisme et catalepsie) se suivent et se succdent invariablement les uns aux autres : c'est entrebeaucoup d'autres de cette cole une erreur, base sur l'autosuggestion des oprateurs, et que ne partage pas l'cole

    de Nancy. Au reste, en fait d'hypnotisme, les seuls ouvrages de l'cole de Nancy mritent crance, surtout - quand elleproclame avec l'autorit de Bernheim : Il n'y a pas d'hypnotisme!

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    terrestre au milieu astral ; j'attendis donc quelques mois, jusqu'en dcembre (bien que ce laps detemps me part quelque peu restreint) o je tentai l'exprience.Parmi les prcautions dont je m'tais entour pour augmenter les chances de la russite, il en est unequi consistait prier la veuve, bien que trs loigne de moi, d'unir avec les miennes ses penses,ses prires et sa volont, les jours, et aux heures prcises, o je ferais l'vocation chez moi, l'aide

    du sujet magntique de premier ordre qu'est Mme Lambert.Ds la premire sance, le sujet aimant, trouva l'Entit, mais sans pouvoir entrer tout d'abord encommunication avec elle: elle tait en quelque sorte enfouie dans une sorte de nuage noir, opaque,constitu par des fluides grossiers et presque matriels dont elle ne pouvait arriver se dgager.

    Cet homme souffre beaucoup, me dit le sujet, et il faudra que nous l'aidions se librer. En cemoment je ne fais que l'entrevoir dans ce nuage qui l'obnubile et je ne puis encore entrer encommunication directe avec lui: je ne sais de lui que ce qu'on m'en dit...

    Qui on? Les autres. Et que vous en disent-ils? Qu'il fait des efforts trs douloureux pour s'affranchir, car il sait que nous le cherchons et il

    voudrait tant nous parler ! Ces efforts qu'il fait, les voyez-vous? Oui. Comment se traduisent-ils ? Par des clatements lumineux... Tenez ! Avez-vous vu ? Quoi donc ? Un de ces clatements... il a t si violent que toute cette pice en a t illumine. Vousn'avez rien vu ?

    Hlas ! Avec mes yeux de chair, je suis un aveugle pour ce que vous voyez vous-mme.Une pense de contrle ce sentiment, ce besoin de vrification ne me quitte jamais en coursd'exprience me survint alors et je demandai :

    Mais, de tout ce que vous m'affirmez, pouvez-vous me donner une preuve quelconque. Oui, cet clatement de lumire qui a illumin votre bureau et que n'avez pas vu, sa veuve,elle, l'a peru.

    A seize cents kilomtres d'ici ?... Et lui-mme tant ici? Oui. Il a voulu montrer sa veuve que s'il est ici, sa pense est prs d'elle, et il a fait unviolent et douloureux effort pour que cette pense se manifeste, pour qu'elle la sente ses cts.....Enfin, aprs un certain temps d'efforts, le sujet annonce :

    Il veut parler... il peut parler.Et le sujet articule, mais pniblement et d'une voix tout autre:

    Mer...ci...

    Puis il est pris d'une crise d'touffement et s'affaisse. Je fais des passes pour le dgager : la crisecontinue.Aprs une demi heure, le sujet tant trs fatigu j'ai mis fin la sance. Le soir mme, j'en crivaisle compte rendu qui partait le lendemain vers Madame X...Or, quelques jours plus tard, je recevais de cette dame une lettre o elle me disait: ... A l'heuredsigne, je me suis recueillie dans une demi-obscurit, la chambre tant seulement claire par une

    petite veilleuse que je tiens jour et nuit allume dans ma petite chapelle... J'ai pri de tout mon curet de toute mon me, et j'ai senti une grande paix en moi-mme...Durant l'heure de recueillement, j'ai vu tout coup la chambre s'clairer vivement ; cela m'a un peufrappe, mais j'ai pens que cela tait d un mouvement de la flamme de la veilleuse... Ainsi donc m'tait donne la preuve que j'avais demande, de n'tre pas le jouet d'une illusion soit

    de ma part, soit de celle du sujet que j'employais.Je m'appliquai, par certains moyens trop longs dtailler ici, librer l'Entit des restes de matire

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  • 8/4/2019 Evocation Des Morts

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    qui la retenaient encore prisonnire et l'empchai