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S118 EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S113–S132 en fonction du groupe de traitement (p = 0,03). À l’inverse, la perception du symptôme diarrhée présente une différence significative. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.012 Session 3 – Méthodes statistiques pour les études diagnostiques et pronostiques/évaluation médico-économique 3.1 Amélioration des performances d’un test de dépistage gériatrique à huit questions visant à détecter les patients âgés fragiles en cancérologie A. Petit-Moneger a , M. Rainfray b , P. Soubeyran c , C. Bellera a , S. Mathoulin-Pelissier a a Unité de recherche et d’épidémiologie cliniques et unité Inserm CIC-EC7, Institut Bergonié, Centre régional de lutte contre le cancer, Bordeaux, France b Pôle de gérontologie clinique, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France c Département d’oncologie médicale, Institut Bergonié, Centre régional de lutte contre le cancer, Bordeaux, France Mots clés : Test de dépistage ; Fragilité ; Personnes âgées ; Cancer Introduction.– Le G8 est un test de dépistage gériatrique de la fragilité en can- cérologie à huit questions. Il a été validé dans l’étude nationale ONCODAGE (sensibilité [Se] = 76 %, spécificité [Sp] = 64 %). La prise en compte d’autres domaines potentiellement prédictifs de la fragilité des patients pourrait per- mettre d’améliorer les performances du test. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer les performances (Se, Sp) de tests alternatifs au G8 prenant en compte l’histoire médicale, les conditions sociales ou la dépendance des patients afin de détecter les patients âgés de plus de 70 ans atteints de cancer nécessitant une évaluation gériatrique approfondie (EGA). Méthodes.– La population d’étude portait sur les patients inclus dans l’étude de cohorte multicentrique franc ¸aise ONCODAGE entre 2008 et 2010. Une revue de littérature centrée sur les facteurs associés à la fragilité des patients âgés atteints de cancer a été réalisée. Afin de valider les questions les plus pertinentes pour améliorer les performances du G8, un consensus Delphi modifié en trois tours a été réalisé auprès de 24 experts européens spécialisés en gériatrie ou en cancérologie. Différents tests alternatifs au G8 prenant en compte l’ajout, la modification, la suppression voire le remplacement de questions du G8 ont été évalués à partir d’un échantillon aléatoire correspondant aux deux tiers de la population d’étude (population de développement). Pour chaque test, les per- formances individuelles (Se, Sp) étaient estimées en prenant comme test de référence l’EGA. Le test le plus performant a priori a été comparé au G8 à partir de l’estimation des performances relatives (sensibilité relative [rSe] et spécificité relative [rSp]), puis validé sur un échantillon correspondant au tiers restant de la population d’étude (population de validation interne) et sur une population de validation externe (cohorte Oncogériatrie Aquitaine). Résultats.– La population d’étude comportait 1435 patients. Lors du consensus Delphi, 23 experts (96 %) ont répondu à l’ensemble des trois tours. Trois questions ont obtenu un taux de consensus fort, dont deux questions étaient disponibles dans l’étude nationale : la modification du seuil de la question polymédication du G8 à 6 médicaments par jour (au lieu de 3) (83 %), et le remplacement de la question du G8 sur l’existence de problèmes neuropsychologiques par les quatre questions IADL prédictives du risque de démence (78 %). Sur la population de développement (prévalence de la fragilité [P] = 80 %), seul le test G8 modifié avec remplacement d’une question du G8 par quatre questions IADL était plus performant que le G8 : Se = 77 % (IC95 % = [74 %;80 %]), Sp = 67 % (IC95 % = [60 %;74 %]), rSe (G8modifié, G8) = 0,99 (IC95 % = [0,97;1,01]), rSp (G8modifié, G8) = 1,05 (IC95 % = [1,01;1,09]). Ces résultats ont été confirmés sur les popula- tions de validation interne [P = 81 %, Se = 78 % (IC95 % = [73 %;82 %]), Sp = 71 % (IC95 % = [60 %;80 %])] et externe [P = 95 %, Se = 88 % (IC95 % = [84 %;92 %]), Sp = 69 % (IC95 % = [41 %;89 %])]. Conclusion.– La prise en compte de la dépendance des patients pour les activités instrumentales de la vie quotidienne permet d’améliorer les performances du G8. Nous avons développé et validé un test G8 modifié plus performant que le G8 pour détecter les patients âgés fragiles, tout en étant réalisable en moins de 10 minutes. Un champ de recherche utile persiste avec la prise en compte des antécédents de chute et des comorbidités du patient pour augmenter les performances du test. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.013 3.2 Évolution de la survie après un cancer chez les personnes infectées par le VIH. Résultats de la cohorte FHDH-ANRS CO4 M. Hleyhel a , A. Belot b,c , A.-M. Bouvier d , P. Tattevin e , N. De Castro f , D. Salmon g,h , A. Simon i , J.-P. Spano i , D. Costagliola a , S. Grabar a,g,h a Inserm et UPMC UMR S1136, Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Paris, France b Hospices Civils de Lyon, Lyon, France c Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France d Inserm UMR 866, Registre Bourguignon des cancers digestifs, Francim, CHU de Dijon, Dijon, France e Hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes, Rennes, France f Hôpital Saint-Louis, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), Paris, France g Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, AP–HP, Paris, France h Sorbonne universités, Université Paris Descartes, Paris, France i Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France Mots clés : Cancers ; VIH ; Survie ; Facteurs de risque ; Périodes Introduction.– Le cancer est la cause de décès la plus fréquente chez les per- sonnes infectées par le VIH en 2010en France. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’évolution de la survie après un diagnostic de cancer entre 1992 et 2009 chez les personnes infectées par le VIH. Méthodes.– Dans la base de données hospitalière franc ¸aises sur l’infection à VIH (ANRS CO4), la survie après le diagnostic des trois cancers classant SIDA (sarcome de Kaposi (SK), lymphome non Hodgkinien (LNH), col de l’utérus) et des quatre cancers non classant sida les plus fréquents (maladie de Hodgkin, poumon, foie et canal anal) a été étudiée. Les taux de survie à cinq ans ont été estimés par l’estimateur de Kaplan-Meier selon quatre périodes de diagnostic : 1992–1996, 1997–2000, 2001–2004, 2005–2009. Des modèles de Cox ont été utilisés pour comparer la mortalité au cours des périodes, en ajustant sur le sexe, l’âge, l’origine et le groupe de transmission, la co-infection par le virus de l’hépatite B et de l’hépatite C, le statut SIDA et le taux de CD4 au diagnostic. Les taux de survie à cinq ans après un diagnostic de cancer en 2001–2004 estimés en population générale par les registres des cancers du réseau Francim ont été rapportés. Résultats.– Parmi les 99 230 personnes suivies dans la cohorte, nous avons iden- tifié 941 SK viscéraux et 2733 SK non viscéraux, 2309 LNH, 181 cancers de col de l’utérus, 464 maladies de Hodgkin, 444 cancers du poumon, 317 cancers du foie et 257 cancers du canal anal. En 2005–2009, les taux de survie à cinq ans étaient de 17 % (IC à 95 % ; 9 %–26 %) pour le cancer du poumon (13 % en population générale), 20 % (IC à 95 % ; 12 %–29 %) pour le cancer du foie (10 % en population générale), 63 % (IC à 95 % ; 48 %–75 %) pour le cancer du canal anal, 65 % (IC à 95 % ; 59 %–70 %) pour le LNH (53 % en population générale), 73 % (IC à 95 % ; 58 %–84 %) pour le cancer du col de l’utérus (62 % en popu- lation générale), 83 % (IC à 95 % ; 72 %–90 %) pour le SK viscéral, 87 % (IC à 95 % ; 80 %–92 %) pour la maladie de Hodgkin (79 % en population générale) et 92 % (IC à 95 % ; 88 %–95 %) pour le SK non viscéral. Après ajustement sur des facteurs de confusion potentiels, une amélioration de la survie au cours des périodes récentes était observée pour le SK, le LNH, la maladie de Hodgkin et le cancer du foie, tandis qu’aucune différence n’était observée pour les trois autres cancers. Conclusion.– La survie s’est améliorée au cours du temps pour plusieurs des cancers étudiés. Pour les cancers les plus létaux, le cancer du foie et du poumon, les taux de survie à cinq ans dans la période la plus récente chez les personnes

Évolution de la survie après un cancer chez les personnes infectées par le VIH. Résultats de la cohorte FHDH-ANRS CO4

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Page 1: Évolution de la survie après un cancer chez les personnes infectées par le VIH. Résultats de la cohorte FHDH-ANRS CO4

S118 EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S113–S132

en fonction du groupe de traitement (p = 0,03). À l’inverse, la perception dusymptôme diarrhée présente une différence significative.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.012

Session 3 – Méthodes statistiques pour les étudesdiagnostiques et pronostiques/évaluationmédico-économique

3.1

Amélioration des performances d’un test dedépistage gériatrique à huit questions visantà détecter les patients âgés fragiles encancérologieA. Petit-Moneger a, M. Rainfray b, P. Soubeyran c,C. Bellera a, S. Mathoulin-Pelissier a

a Unité de recherche et d’épidémiologie cliniques et unité Inserm CIC-EC7,Institut Bergonié, Centre régional de lutte contre le cancer, Bordeaux, Franceb Pôle de gérontologie clinique, CHU de Bordeaux, Bordeaux, Francec Département d’oncologie médicale, Institut Bergonié, Centre régional delutte contre le cancer, Bordeaux, France

Mots clés : Test de dépistage ; Fragilité ; Personnes âgées ; CancerIntroduction.– Le G8 est un test de dépistage gériatrique de la fragilité en can-cérologie à huit questions. Il a été validé dans l’étude nationale ONCODAGE(sensibilité [Se] = 76 %, spécificité [Sp] = 64 %). La prise en compte d’autresdomaines potentiellement prédictifs de la fragilité des patients pourrait per-mettre d’améliorer les performances du test. L’objectif principal de cette étudeétait d’évaluer les performances (Se, Sp) de tests alternatifs au G8 prenant encompte l’histoire médicale, les conditions sociales ou la dépendance des patientsafin de détecter les patients âgés de plus de 70 ans atteints de cancer nécessitantune évaluation gériatrique approfondie (EGA).Méthodes.– La population d’étude portait sur les patients inclus dans l’étude decohorte multicentrique francaise ONCODAGE entre 2008 et 2010. Une revuede littérature centrée sur les facteurs associés à la fragilité des patients âgésatteints de cancer a été réalisée. Afin de valider les questions les plus pertinentespour améliorer les performances du G8, un consensus Delphi modifié en troistours a été réalisé auprès de 24 experts européens spécialisés en gériatrie ouen cancérologie. Différents tests alternatifs au G8 prenant en compte l’ajout, lamodification, la suppression voire le remplacement de questions du G8 ont étéévalués à partir d’un échantillon aléatoire correspondant aux deux tiers de lapopulation d’étude (population de développement). Pour chaque test, les per-formances individuelles (Se, Sp) étaient estimées en prenant comme test deréférence l’EGA. Le test le plus performant a priori a été comparé au G8 à partirde l’estimation des performances relatives (sensibilité relative [rSe] et spécificitérelative [rSp]), puis validé sur un échantillon correspondant au tiers restant de lapopulation d’étude (population de validation interne) et sur une population devalidation externe (cohorte Oncogériatrie Aquitaine).Résultats.– La population d’étude comportait 1435 patients. Lors du consensusDelphi, 23 experts (96 %) ont répondu à l’ensemble des trois tours. Troisquestions ont obtenu un taux de consensus fort, dont deux questions étaientdisponibles dans l’étude nationale : la modification du seuil de la questionpolymédication du G8 à 6 médicaments par jour (au lieu de 3) (83 %),et le remplacement de la question du G8 sur l’existence de problèmesneuropsychologiques par les quatre questions IADL prédictives du risquede démence (78 %). Sur la population de développement (prévalence dela fragilité [P] = 80 %), seul le test G8 modifié avec remplacement d’unequestion du G8 par quatre questions IADL était plus performant que le G8 :Se = 77 % (IC95 % = [74 %;80 %]), Sp = 67 % (IC95 % = [60 %;74 %]), rSe(G8modifié, G8) = 0,99 (IC95 % = [0,97;1,01]), rSp (G8modifié, G8) = 1,05(IC95 % = [1,01;1,09]). Ces résultats ont été confirmés sur les popula-tions de validation interne [P = 81 %, Se = 78 % (IC95 % = [73 %;82 %]),Sp = 71 % (IC95 % = [60 %;80 %])] et externe [P = 95 %, Se = 88 %(IC95 % = [84 %;92 %]), Sp = 69 % (IC95 % = [41 %;89 %])].

Conclusion.– La prise en compte de la dépendance des patients pour les activitésinstrumentales de la vie quotidienne permet d’améliorer les performances duG8. Nous avons développé et validé un test G8 modifié plus performant quele G8 pour détecter les patients âgés fragiles, tout en étant réalisable en moinsde 10 minutes. Un champ de recherche utile persiste avec la prise en comptedes antécédents de chute et des comorbidités du patient pour augmenter lesperformances du test.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.013

3.2

Évolution de la survie après un cancer chezles personnes infectées par le VIH. Résultatsde la cohorte FHDH-ANRS CO4M. Hleyhel a, A. Belot b,c, A.-M. Bouvier d, P. Tattevin e,N. De Castro f, D. Salmon g,h, A. Simon i, J.-P. Spano i,D. Costagliola a, S. Grabar a,g,h

a Inserm et UPMC UMR S1136, Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et desanté publique, Paris, Franceb Hospices Civils de Lyon, Lyon, Francec Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, Franced Inserm UMR 866, Registre Bourguignon des cancers digestifs, Francim,CHU de Dijon, Dijon, Francee Hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes, Rennes, Francef Hôpital Saint-Louis, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), Paris,Franceg Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, AP–HP, Paris, Franceh Sorbonne universités, Université Paris Descartes, Paris, Francei Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France

Mots clés : Cancers ; VIH ; Survie ; Facteurs de risque ; PériodesIntroduction.– Le cancer est la cause de décès la plus fréquente chez les per-sonnes infectées par le VIH en 2010 en France. L’objectif de cette étude estd’évaluer l’évolution de la survie après un diagnostic de cancer entre 1992 et2009 chez les personnes infectées par le VIH.Méthodes.– Dans la base de données hospitalière francaises sur l’infection àVIH (ANRS CO4), la survie après le diagnostic des trois cancers classant SIDA(sarcome de Kaposi (SK), lymphome non Hodgkinien (LNH), col de l’utérus)et des quatre cancers non classant sida les plus fréquents (maladie de Hodgkin,poumon, foie et canal anal) a été étudiée. Les taux de survie à cinq ans ont étéestimés par l’estimateur de Kaplan-Meier selon quatre périodes de diagnostic :1992–1996, 1997–2000, 2001–2004, 2005–2009. Des modèles de Cox ont étéutilisés pour comparer la mortalité au cours des périodes, en ajustant sur lesexe, l’âge, l’origine et le groupe de transmission, la co-infection par le virus del’hépatite B et de l’hépatite C, le statut SIDA et le taux de CD4 au diagnostic. Lestaux de survie à cinq ans après un diagnostic de cancer en 2001–2004 estimésen population générale par les registres des cancers du réseau Francim ont étérapportés.Résultats.– Parmi les 99 230 personnes suivies dans la cohorte, nous avons iden-tifié 941 SK viscéraux et 2733 SK non viscéraux, 2309 LNH, 181 cancers decol de l’utérus, 464 maladies de Hodgkin, 444 cancers du poumon, 317 cancersdu foie et 257 cancers du canal anal. En 2005–2009, les taux de survie à cinqans étaient de 17 % (IC à 95 % ; 9 %–26 %) pour le cancer du poumon (13 % enpopulation générale), 20 % (IC à 95 % ; 12 %–29 %) pour le cancer du foie (10 %en population générale), 63 % (IC à 95 % ; 48 %–75 %) pour le cancer du canalanal, 65 % (IC à 95 % ; 59 %–70 %) pour le LNH (53 % en population générale),73 % (IC à 95 % ; 58 %–84 %) pour le cancer du col de l’utérus (62 % en popu-lation générale), 83 % (IC à 95 % ; 72 %–90 %) pour le SK viscéral, 87 % (IC à95 % ; 80 %–92 %) pour la maladie de Hodgkin (79 % en population générale)et 92 % (IC à 95 % ; 88 %–95 %) pour le SK non viscéral. Après ajustement surdes facteurs de confusion potentiels, une amélioration de la survie au cours despériodes récentes était observée pour le SK, le LNH, la maladie de Hodgkin et lecancer du foie, tandis qu’aucune différence n’était observée pour les trois autrescancers.Conclusion.– La survie s’est améliorée au cours du temps pour plusieurs descancers étudiés. Pour les cancers les plus létaux, le cancer du foie et du poumon,les taux de survie à cinq ans dans la période la plus récente chez les personnes

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EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S113–S132 S119

infectées par le VIH étaient proches de ceux observés dans la population généraleen France en 2001–2004.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.014

3.3

Évaluation prospective de la mutationFGFR3 dans l’ADN urinaire commemarqueur de surveillance des récidives ducancer de la vessieC. Couffignal a, O. Cussenot b, F. Mentré a,B. Grandchamp c

a IAME, UMR 1137, Service de biostatistique, Hôpital Bichat, Université ParisDiderot, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, Sorbonne Paris Cité, Paris,Franceb Service d’urologie, Hôpital Tenon, Assistance publique–Hôpitaux de Paris,Paris, Francec Département de biochimie hormonale et génétique, Hôpital Bichat,Assistance publique–Hôpitaux de Paris, Paris, France

Mots clés : Cancer de la vessie ; Marqueurs urinaires ; Survie ; SensibilitéIntroduction.– Actuellement, le diagnostic de récidive du cancer de la vessie (7e

rang en Europe) repose sur un examen invasif, la cystoscopie. La détection dela mutation FGFR3 (M-FGFR3) du marqueur fibroblast growth factor receptor3 dans les urines, pourrait être une alternative pour le suivi de ce cancer. L’objectifprincipal de l’essai AUVES « Évaluation prospective d’un test de surveillancedes récidives du cancer de la vessie par analyse de l’ADN urinaire » (PHRC 2008,promoteur AP–HP) est l’évaluation de la valeur pronostique de M-FGFR3 dansles urines au moment du diagnostic initial sur les récidives.Les objectifs secondaires sont l’évaluation de M-FGFR3 sur les prélèvementsurinaires au cours du suivi comme marqueur diagnostic et pronostic de récidive.Matériel et méthodes.– Nous avons conduit une étude prospective multicentriqueincluant des patients (pts) ayant un diagnostic de tumeur vésicale nécessitantune résection issus de quatre services d’urologie de l’AP–HP de 2008 à 2010.Avant l’exérèse, un recueil urinaire était effectué pour rechercher la présenceinitiale de M-FGFR3 (détection positive M+/négative M−). Chaque patientétait suivi deux ans avec une visite tous les six mois associant un bilan desuivi habituel (cystoscopie de contrôle) et un recueil urinaire. La récidive étaitdéfinie par une cystoscopie suspecte avec confirmation par le comité d’expertsd’AUVES. La valeur pronostique de M-FGFR3 lors du diagnostic initial surles récidives est étudiée par analyse de survie ajustée sur le stade tumoralavec censure des pts sans récidive à deux ans. L’analyse des performancesdiagnostique et prospective au cours du suivi est conduite uniquement sur lespatients M+ au prélèvement initial. La performance diagnostique est évaluéepar la sensibilité (Se) et la spécificité (Sp) selon le statut récidive (oui/non)lors du recueil urinaire sur la totalité des échantillons évaluables. La perfor-mance pronostique est évaluée selon le statut récidive à la fin du suivi et enfonction du premier échantillon positif ou du dernier échantillon négatif par laSe et la Sp.Résultats.– Au total, 191 pts ont été inclus : 82 % d’hommes, 23 % de fumeurset 33 % d’anciens fumeurs, d’âge médian à l’inclusion de 67 ans [min 28–max84]. Soixante-quatorze pour cent des tumeurs étaient au stade pTa et 19 % austade pT1a/b ou CIS. Soixante-quatorze patients (39 %) étaient M+ lors du dia-gnostic initial. Le pourcentage (intervalle de confiance à 95 %) de récidive àdeux ans est estimé à 51 % (37–62) pour le groupe M+ et à 30 % (21–39)pour le groupe M−. La récidive au cours des deux ans de suivi est signi-ficativement augmentée chez les M+ avec un hazard ratio de 1,8 (1,2–2,9)(p = 0,01). Le suivi biologique au cours des deux ans a été réalisé chez 68 patientsM+ au prélèvement initial avec 170 échantillons et 30 récidives. Pour la per-formance diagnostique sur les 170 échantillons, nous obtenons une Se = 0,73(0,58–0,89) et une Sp = 0,87 (0,82–0,93). Pour la performance pronostiquechez les 68 patients, nous obtenons une Se = 0,70 (0,54–0,86) et une Sp = 0,87(0,76–0,98).Conclusion.– La mutation FGFR3 dans un prélèvement urinaire est significati-vement associée à un risque accru de récidive de cancer vésical. Ce résultat estconcordant avec la littérature pour les premières années de suivi. Cette mutationa de bonnes propriétés pronostiques et diagnostiques pour le suivi de récidive.

Associée à d’autres marqueurs urinaires, elle pourrait permettre de détecter plusprécocement un risque de récidive évitant des actes invasifs.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.015

3.4

Prédiction de la mortalité à un an chez despatients âgés atteints d’un cancer avecindication de chimiothérapieJ. Mendiboure a,b, A. Doussau b,c,d, A. Diallo a,C. Germain e, J. Durrieu f, S. Mathoulin-Pélissier a,b,c,P. Soubeyran g, M. Rainfray f, M. Fonck g,I. Bourdel-Marchasson f,h

a Unité de recherche et épidémiologie cliniques, Institut Bergonié, Bordeaux,Franceb Inserm, centre d’investigation clinique - épidémiologie clinique CIC14-01-EC, Bordeaux, Francec Isped, centre Inserm U897-Épidémiologie-biostatistique, Université deBordeaux, Bordeaux, Franced Pôle de santé publique, CHU de Bordeaux, Bordeaux, Francee Unité de soutien méthodologique à la recherche clinique et épidémiologiquedu CHU de Bordeaux, Bordeaux, Francef Pôle de gérontologie clinique, CHU de Bordeaux, Bordeaux, Franceg département d’oncologie médicale, Institut Bergonié, Bordeaux, Franceh UMR 5536 CNRS, Université de Bordeaux, Bordeaux, France

Mots clés : Dénutrition ; Cancer ; Patients âgés ; Score pronosticIntroduction.– La dénutrition associée au cancer ou cachexie cancéreuse, est unproblème majeur chez les personnes âgées. Elle augmente les complications,la durée de séjour hospitalière et la mortalité. Le MNA® (« Mini NutritionalAssessment ») est classiquement utilisé pour dépister les problèmes de dénu-trition chez les sujets âgés de plus de 70 ans mais ses qualités pronostiquesdemandent à être explorées. L’objectif de notre étude était d’évaluer la valeurpronostique de chaque item du MNA puis de construire un score pronostique dela survie à un an à partir de ces items et d’autres facteurs cliniques pronostiquesconnus des cancers.Méthodes.– La construction du score s’est basée sur une population issue de lacohorte des patients pré-inclus dans l’essai randomisé INOGAD. Cette popu-lation était constituée de patients âgés de plus de 70 ans, atteints d’une tumeursolide avec indication de chimiothérapie et ayant rempli le MNA® complet dansson intégralité. Les patients atteints d’un lymphome ont été exclus. L’événementà prédire était le décès à un an. Les valeurs pronostiques des 18 items du MNA®

complet, et de facteurs cliniques (sexe, âge, perte de poids, stade TNM, originedu cancer, statut ECOG et taux de lymphocytes) ont été étudiées. La construc-tion du score s’est déroulée en deux étapes : les items du MNA ont tout d’abordété sélectionnés en pas à pas descendant (� = 5 %), puis les autres variables ontété ajoutées au modèle en pas à pas ascendant (� = 5 %). Une validation externedu modèle a été conduite sur une cohorte indépendante, constituée de patientsâgés de plus de 70 ans, atteints d’un cancer avec indication de chimiothérapie,sans traitement antérieur.Résultats.– La population de construction du score était constituée de606 patients âgés en moyenne de 77,1 ans. Parmi les patients, 319 (52,6 %)étaient des hommes ; les cancers les plus fréquents étaient : côlon (27,2 %),pancréas (12,5 %), sein (11,9 %), bronches (11,2 %). À un an, 266 décès ontété observés. Le modèle final pour le calcul du score comprenait les variablesperte d’appétit (p = 0,0002), prise de trois médicaments ou plus (p = 0,0226),faible consommation de protéines (p = 0,0255), circonférence du mollet < 31 cm(p = 0,0002), origine du cancer (p < 0,0001), présence de métastases (p = 0,0007)et taux de lymphocytes inférieur à 1500/mm3 (p = 0,0291). L’aire sous la courbede modèle final (0,793) était supérieure à celle du modèle utilisant seulementles items du MNA® (0,706). La population de validation se composait de229 patients dont 143 hommes (62,4 %), âgés en moyenne de 76,8 ans. Quatre-vingt-sept (38,0 %) avaient un cancer du côlon, 35 (15,3 %) un cancer desbronches, 33 (14,4 %) un cancer de l’estomac. À un an, 137 décès ont été obser-vés. Dans la cohorte de validation, l’aire sous la courbe de modèle utilisant lescore pronostic (0,698) était supérieure à celle du modèle utilisant seulement lesitems du MNA® (0,606).