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106 Attacher est-il soigner ? C. Wittig a , A. Compte a , N. Pierre a , N. David b , M. Lamontellerie b , M. Hachelaf a , G. Capellier a a Service daccueil des urgences, centre hospitalier universitaire, Besançon, France b Unité daccueil des urgences psychiatriques, centre hospitalier universitaire, Besançon, France Mots clés. Contention ; Agitation ; Prescription médicale Introduction. La contention physique et chimique est une réponse à une situation de crise non gérable par la relation. Aux urgences, même si la contention reste une mesure dexception, celle-ci génère plusieurs difficultés tant sur le plan technique que psychologique pour les soignants. De même, le patient doit être systématiquement informé de cette décision quel que soit son état. Le but de la contention est de protéger avant tout le patient, son entourage et les soignants. L objectif de notre travail est de sensibiliser les soignants à la mise en place de contention physique en urgence. Méthode. Une réflexion sur ce thème est apparue lors du pro- jet de service sur les intoxications aiguës. Une recherche bibliogra- phique a été entreprise. Notre travail sest appuyé principalement sur la Conférence de Consensus Anaes2003. Il a abouti à une enquête conjointe sous forme de questionnaire structuré sur les pratiques actuelles de la contention. Ce dernier a été distribué au service daccueil des urgences (SAU) et à lunite daccueil des urgences psychiatriques (UAUP). À lissue des résultats de cette enquête sera élaboré un protocole de contention du patient agité et violent. Résultats. Dans lattente du dépouillement de notre enquête, un certain nombre dactions visant à améliorer nos pratiques ont été mises en place. Des formations : maîtrise dun individu dange- reux et violent, gestion de lagressivité, sont régulièrement propo- sées aux soignants des services durgence. Deux brancards équipés en permanence de contentions physiques sont dédiés à laccueil de patients agités au SAU et à lUAUP. Deux kits de contention phy- sique complets et prêts à lemploi sont disponibles. Ils sont vérifiés quotidiennement avec émargement. Conclusion. La contention physique est une prescription médicale. À ce titre, elle nécessite une traçabilité du fait de la responsabilité médicolégale. Une surveillance continue est néces- saire car les risques de complications sont nombreux, ils peuvent être graves et sont souvent méconnus. La contention physique peut être judicieusement associée à une contention chimique ou la remplacer. À terme, il sagit duniformiser et daméliorer les pratiques de la contention physique qui restent encore insatisfai- santes aux urgences. Dans cette perspective, nous attendons beau- coup des résultats de notre enquête. 107 Interventions médicopsychologiques immédiates auprès déquipes soignantes victimes dagressions violentes H. Romano, X. Combes, J. Sende, H. Auger, M. Dru, C. Bertrand, A. Margenet, J. Marty Samu 94CUMP 94, CHU Henri Mondor, Créteil, France Mots clés. Urgence médicopsychologique ; Psychotraumatisme ; Violences sur soignants Les services hospitaliers sont de plus en plus fréquemment confrontés à une violence grandissante dusagers et de leur famille. Les agressions verbales, les menaces dagressions ne sont plus les seuls incidents violents, des agressions physiques directes sont régulièrement constatées. Si les circonstances de survenue de cette violence sont actuellement bien définies et si diverses actions de prévention sont élaborées pour prévenir ces situations, la prise en charge immédiate des personnels victimes reste délicate : la violence est souvent minimisée, banalisée et la souf- france psychique des personnels qui la subisse déniée. L attention portée auprès des personnels au plus près de lagression est pour- tant essentielle pour limiter les troubles post-traumatiques et les risques dépuisement professionnel. Matériel et méthode. Une étude descriptive a été menée afin de préciser dans une population de soignants agressés le type de symptômes les plus souvent rencontrés et le type de prise en charge nécessaire. Durant une période de 36 mois, toutes les inter- ventions de la CUMP ayant pour objet la prise en charge de profes- sionnels de santé agressés dans le cadre de leur activité profession- nelle furent recensées. Les circonstances de lagression, les symptômes présentés par les victimes et le type de prise en charge psychologique ont été analysés. Résultats. Durant la période détude, 75 professionnels de santé furent agressés physiquement ou menacés dans leur vie par des patients ou par des familles de patients. Les catégories de per- sonnels victimes étaient des infirmiers (62 %), des aides-soignants (32 %), des médecins (2 %), et des personnels administratifs (4 %). Sur lensemble de la population de soignants pris en charge, 71 % des sujets avaient reçu directement des menaces de mort, 15 % avaient été blessés physiquement. On constatait chez un quart des soignants un état de stress dépassé en post-immédiat. Qua- tre-vingt-deux pour cent des victimes ont rapporté un sentiment dinsécurité, 62 % de situations avec dimportants dérèglements institutionnels En post-immédiat, 48 heures après lévénement traumatique, 86 % des soignants présentaient des symptômes post-traumatiques. Six pour cent des personnels ont eu un arrêt de travail. Quatre-vingt-treize pour cent des personnels ont déclaré avoir déjà été précédemment victimes dans la même année dagressions sans reconnaissance par linstitution et/ou prise en charge médicopsychologique. Conclusion. Cette étude montre que les manifestations post- traumatiques sont fréquentes et souvent sévères chez les person- nels soignants agressés dans leur cadre professionnel. La constata- tion de la fréquence de ces agressions et de leur fort retentisse- ment psychologique doit mener à une profonde réflexion afin daméliorer les modalités de prise en charge médicopsychologique immédiates adaptées à ce type de violence et aux spécificités des services de santé. Référence Circulaires DH/EO4-DGS/SQ2 n o 97/383 du 28 mai 1997 et DHOS/O2/DGS/6C n o 2003/235 du 20 mai 2003. 108 Exposition des intervenants paramédicaux à des événements catastrophiques : conséquences psychiques D. Derey, L. Wieczorek a , T. Schwetterle a , N. Cholin a , F. Adnet, L. Jehel b a SMUR, CH Simone Veil, Eaubonne, France b Unité de psychiatrie et psychotraumatologie, hôpital Tenon, Paris, France Mots clés. Résistance ; Stress ; Traumatisme psychique Introduction. Les conséquences psychiques après une exposi- tion de professionnels de santé à des situations dexception comme les catastrophes ont été peu étudiées en France. Nous proposons une enquête sur le retentissement psychique chez les intervenants paramédicaux qui ont été confrontés à des événements catastro- phiques. Méthode. Une étude a été menée auprès des équipes paramé- dicales intervenues en Thaïlande et au Pakistan à la suite du tsu- nami du 26 décembre 2004 et du séisme du 8 octobre 2005, afin de mesurer linfluence des missions à létranger sur leurs stratégies de gestion du stress et leur niveau de hardiesse (sens de lengage- ment, de la maîtrise et du défi). Un autoquestionnaire anonyme a S200 Abstracts

Exposition des intervenants paramédicaux à des événements catastrophiques: conséquences psychiques

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Page 1: Exposition des intervenants paramédicaux à des événements catastrophiques: conséquences psychiques

S200 Abstracts

106Attacher est-il soigner ?C. Wittiga, A. Comptea, N. Pierrea, N. Davidb, M. Lamontellerieb,M. Hachelafa, G. Capellieraa Service d’accueil des urgences, centre hospitalier universitaire,Besançon, FrancebUnité d’accueil des urgences psychiatriques, centre hospitalieruniversitaire, Besançon, France

Mots clés. – Contention ; Agitation ; Prescription médicaleIntroduction. – La contention physique et chimique est une

réponse à une situation de crise non gérable par la relation. Auxurgences, même si la contention reste une mesure d’exception,celle-ci génère plusieurs difficultés tant sur le plan technique quepsychologique pour les soignants. De même, le patient doit êtresystématiquement informé de cette décision quel que soit sonétat. Le but de la contention est de protéger avant tout le patient,son entourage et les soignants. L’objectif de notre travail est desensibiliser les soignants à la mise en place de contention physiqueen urgence.

Méthode. – Une réflexion sur ce thème est apparue lors du pro-jet de service sur les intoxications aiguës. Une recherche bibliogra-phique a été entreprise. Notre travail s’est appuyé principalementsur la Conférence de Consensus Anaes–2003. Il a abouti à uneenquête conjointe sous forme de questionnaire structuré sur lespratiques actuelles de la contention. Ce dernier a été distribué auservice d’accueil des urgences (SAU) et à l’unite d’accueil desurgences psychiatriques (UAUP). À l’issue des résultats de cetteenquête sera élaboré un protocole de contention du patient agitéet violent.

Résultats. – Dans l’attente du dépouillement de notre enquête,un certain nombre d’actions visant à améliorer nos pratiques ontété mises en place. Des formations : maîtrise d’un individu dange-reux et violent, gestion de l’agressivité, sont régulièrement propo-sées aux soignants des services d’urgence. Deux brancards équipésen permanence de contentions physiques sont dédiés à l’accueil depatients agités au SAU et à l’UAUP. Deux kits de contention phy-sique complets et prêts à l’emploi sont disponibles. Ils sont vérifiésquotidiennement avec émargement.

Conclusion. – La contention physique est une prescriptionmédicale. À ce titre, elle nécessite une traçabilité du fait de laresponsabilité médicolégale. Une surveillance continue est néces-saire car les risques de complications sont nombreux, ils peuventêtre graves et sont souvent méconnus. La contention physiquepeut être judicieusement associée à une contention chimique oula remplacer. À terme, il s’agit d’uniformiser et d’améliorer lespratiques de la contention physique qui restent encore insatisfai-santes aux urgences. Dans cette perspective, nous attendons beau-coup des résultats de notre enquête.

107Interventions médicopsychologiques immédiates auprèsd’équipes soignantes victimes d’agressions violentesH. Romano, X. Combes, J. Sende, H. Auger, M. Dru, C. Bertrand,A. Margenet, J. MartySamu 94–CUMP 94, CHU Henri Mondor, Créteil, France

Mots clés. – Urgence médicopsychologique ; Psychotraumatisme ;Violences sur soignants

Les services hospitaliers sont de plus en plus fréquemmentconfrontés à une violence grandissante d’usagers et de leurfamille. Les agressions verbales, les menaces d’agressions ne sontplus les seuls incidents violents, des agressions physiques directessont régulièrement constatées. Si les circonstances de survenue decette violence sont actuellement bien définies et si diversesactions de prévention sont élaborées pour prévenir ces situations,la prise en charge immédiate des personnels victimes reste

délicate : la violence est souvent minimisée, banalisée et la souf-france psychique des personnels qui la subisse déniée. L’attentionportée auprès des personnels au plus près de l’agression est pour-tant essentielle pour limiter les troubles post-traumatiques et lesrisques d’épuisement professionnel.

Matériel et méthode. – Une étude descriptive a été menée afinde préciser dans une population de soignants agressés le type desymptômes les plus souvent rencontrés et le type de prise encharge nécessaire. Durant une période de 36 mois, toutes les inter-ventions de la CUMP ayant pour objet la prise en charge de profes-sionnels de santé agressés dans le cadre de leur activité profession-nelle furent recensées. Les circonstances de l’agression, lessymptômes présentés par les victimes et le type de prise en chargepsychologique ont été analysés.

Résultats. – Durant la période d’étude, 75 professionnels desanté furent agressés physiquement ou menacés dans leur vie pardes patients ou par des familles de patients. Les catégories de per-sonnels victimes étaient des infirmiers (62 %), des aides-soignants(32 %), des médecins (2 %), et des personnels administratifs (4 %).Sur l’ensemble de la population de soignants pris en charge, 71 %des sujets avaient reçu directement des menaces de mort, 15 %avaient été blessés physiquement. On constatait chez un quartdes soignants un état de stress dépassé en post-immédiat. Qua-tre-vingt-deux pour cent des victimes ont rapporté un sentimentd’insécurité, 62 % de situations avec d’importants dérèglementsinstitutionnels En post-immédiat, 48 heures après l’événementtraumatique, 86 % des soignants présentaient des symptômespost-traumatiques. Six pour cent des personnels ont eu un arrêtde travail. Quatre-vingt-treize pour cent des personnels ontdéclaré avoir déjà été précédemment victimes dans la mêmeannée d’agressions sans reconnaissance par l’institution et/ouprise en charge médicopsychologique.

Conclusion. – Cette étude montre que les manifestations post-traumatiques sont fréquentes et souvent sévères chez les person-nels soignants agressés dans leur cadre professionnel. La constata-tion de la fréquence de ces agressions et de leur fort retentisse-ment psychologique doit mener à une profonde réflexion afind’améliorer les modalités de prise en charge médicopsychologiqueimmédiates adaptées à ce type de violence et aux spécificités desservices de santé.

RéférenceCirculaires DH/EO4-DGS/SQ2 no 97/383 du 28 mai 1997 etDHOS/O2/DGS/6C no 2003/235 du 20 mai 2003.

108Exposition des intervenants paramédicaux à des événementscatastrophiques : conséquences psychiquesD. Derey, L. Wieczoreka, T. Schwetterlea, N. Cholina, F. Adnet,L. Jehelba SMUR, CH Simone Veil, Eaubonne, FrancebUnité de psychiatrie et psychotraumatologie, hôpital Tenon,Paris, France

Mots clés. – Résistance ; Stress ; Traumatisme psychiqueIntroduction. – Les conséquences psychiques après une exposi-

tion de professionnels de santé à des situations d’exception commeles catastrophes ont été peu étudiées en France. Nous proposonsune enquête sur le retentissement psychique chez les intervenantsparamédicaux qui ont été confrontés à des événements catastro-phiques.

Méthode. – Une étude a été menée auprès des équipes paramé-dicales intervenues en Thaïlande et au Pakistan à la suite du tsu-nami du 26 décembre 2004 et du séisme du 8 octobre 2005, afin demesurer l’influence des missions à l’étranger sur leurs stratégies degestion du stress et leur niveau de hardiesse (sens de l’engage-ment, de la maîtrise et du défi). Un autoquestionnaire anonyme a

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été construit portant sur le vécu en cours de mission et au retourde celle-ci. Il comprenait aussi quatre échelles cliniques : un ques-tionnaire de santé générale (GHQ-12) et le questionnaire d’évalua-tion du stress post-traumatique (QSPT) pour évaluer leur bien-êtrepsychique ; l’inventaire de coping pour situations stressantes (CISS)et l’échelle des points de vue personnels (PVS) pour évaluer leursstratégies de gestion du stress et leur niveau de hardiesse.

Résultats. – Dix-neuf intervenants paramédicaux ont été inclus.Nous avons mis en évidence une absence de stress post-traumatique chez ces intervenants (0 %). Trente-sept pour centdes sujets considéraient que l’expérience des missions avait uneinfluence positive sur leur manière de gérer les difficultés profes-sionnelles rencontrées en France. Les professionnels qui souhai-taient partir aussi souvent que possible en mission (32 %) avaientun coping plus actif (+15 %, p < 0,1) et une hardiesse plus grande(+3,15 %, p = NS) que ceux qui ne veulent partir qu’occasionnelle-ment.

Conclusion. – Cette étude a montré que, malgré une expositionimportante à des situations stressantes ou potentiellement trauma-tisantes, les intervenants paramédicaux présentaient peu de souf-france au décours de ce type de missions. Il existe une tendanced’un coping plus actif chez les paramédicaux souhaitant renouvelerces missions. Il apparaît pertinent d’envisager les interventionsd’exception à l’étranger comme des contextes favorables au déve-loppement des capacités de résistance.

109Intêret d’un atelier de relaxation aux urgencesN. Leclerc, J. Brion, C. A vigliano, D. Benito, D. Soubeyrand,A. Francois, C. Chretien, X. FontaineService des urgences, centre hospitalier Manchester, Charleville-Mézières, France

Mots clés. – Stress ; Relaxation ; SérénitéIntroduction. – Devant le stress et les tensions auxquels sont

confrontées les personnes travaillant au sein d’un service d’urgen-

ces, un atelier « relaxation–détente » a été mis en place au sein denotre SAU à la fin de l’année 2004. Deux aides–soignantes du ser-vice sont à l’origine de cette idée. À la suite d’une formation sur« le mieux-être du soignant, pour faire face au stressprofessionnel », elles envisagent la création d’un atelier« relaxation–détente ». L’idée fondatrice est de prendre soin desoi pour mieux prendre en charge les patients.

Méthode. – Elles ont élaboré un projet consistant à la mise enplace de cet atelier : il est ouvert à tout le personnel des Urgencesquelle que soit sa fonction. Les ateliers ont lieu régulièrement unefois par semaine de 14 à 16 heures avec annonce au niveau desordinateurs du service Une chambre aménagée de deux brancardsest réservée 2 heures/semaine au niveau de l’unité de courtedurée. La séance se déroule dans la pénombre au son d’unemusique relaxante et dure une dizaine de minutes. Le matériel uti-lisé est un appareil de massage en bois dont elles possèdent cha-cune un exemplaire. La personne est allongée sur le ventre, touten restant habillée et puis elle est massée avec l’appareil. Le pro-jet soutenu par l’ensemble du service et du cadre a rapidementété accepté par la direction des soins infirmiers et a pu démarrer.Il a été aussi soumis au service de médecine du travail qui a aussiapprouvé l’idée et validé la mise en place de cet atelier.

Résultats. – Après plus d’un an de fonctionnement, des évalua-tions régulières confirment l’enthousiasme suscité par cette acti-vité toujours attendue avec impatience. Ce moment permet nonseulement une détente physique et morale mais a permis le rap-prochement des différentes catégories de personnel. D’autrepart, ce moment de détente permet de reprendre en charge aussi-tôt les patients plus sereinement. Actuellement, d’autres servicesenvisagent eux aussi de mettre en place la même activité, aidéspar l’expérience des aides soignantes à l’origine du projet initial.

Conclusion. – Cet atelier de relaxation a actuellement trouvésa vitesse de croisière. À la satisfaction générale du personnel, ilpermet une prise en charge des patients de façon plus sereine. Ilconviendrait maintenant, dans certaines circonstances de pouvoirl’élargir aux accompagnants ou aux patients.