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Expression écrite - nancy.archi.fr · - à porter une attention soutenue à l’orthographe et à l’expression, - à respecter strictement l’énoncé et un format de 320 mots

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Page 1: Expression écrite - nancy.archi.fr · - à porter une attention soutenue à l’orthographe et à l’expression, - à respecter strictement l’énoncé et un format de 320 mots

Expression écrite© ENSA-Nancy 2011

Durée : 55 minutes

Russell Page (1906-1985), un “simple jardinier” comme il aimait se définir, est un paysagiste britannique de renommée internationale qui consacra toute sa carrière à créer des jardins pour les autres. A la fin de sa vie, il rêve à ce domaine où il pourrait prolonger ses expérimentations et trouver un peu de repos.Poursuivez cet exercice d’imagination en décrivant la maison de l’auteur, en cohérence avec les indications présentes dans le texte ci-joint.

Dans cette épreuve vous êtes invité (e) :

- à rédiger lisiblement,

- à porter une attention soutenue à l’orthographe et à l’expression,

- à respecter strictement l’énoncé et un format de 320 mots maximum.

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Mon jardin sera de la plus grande simplicité. Pas de bordure de vivaces, pas de roseraie, pas de parterres élaborés, et donc pas de tuteurage, pas de découpe de bordures, pas de massifs à regarnir régulièrement. Une pièce au rez-de-chaussée de la maison ou quelque dépendance aménagée me tiendra lieu de pièce de travail, mi-atelier avec ma planche à dessin et mon matériel de peinture, mi-cabane à outils pour tous les petits ustensiles, la ficelle, le raphia, les boîtes où ranger les graines récoltées, et tous les accessoires prolongeant les mains d’un jardinier.

Je vois ma pièce de travail avec une large fenêtre occupant toute la largeur d’un mur, et sous cette fenêtre, une table de travail de la même largeur, avec un emplacement pour dessiner, un autre pour écrire. Les murs seront blanchis à la chaux, le sol pavé de briques. Il y aura une cheminée, des fauteuils pour les conversations entre amis, et au moins tout un mur tapissé de livres.

La pièce s’ouvrira sur le sud ou l’ouest, directement sur mon jardin d’expérimentation, mon jardin-palette, et celui-ci ressemblera tout à fait aux anciennes boîtes de couleur en métal laqué noir. Il sera rectangulaire, et aussi vaste que je pourrai me l’offrir et l’entretenir sans problème. Avec un peu de chance il sera protégé de hauts murs sur l’est et le nord, et je clorai les deux autres côtés d’un muret ou d’une haie d’ifs ou de buis, d’un mètre cinquante de haut environ. Au pied des murs, j’aménagerai une bordure d’un mètre à un mètre vingt de large, destinée à recevoir des plantes grimpantes et des végétaux appréciant la douce tiédeur d’une muraille. Puis je compartimenterai le reste de la surface en petites planches rectangulaires ou carrées, séparées d’allées d’une quarantaine de centimètres de large, revêtues de briques posées de chant, ou de dalles de pierre ou même de ciment d’une teinte agréable, sur une assise de ciment léger afin d’en exclure les mauvaises herbes (…). Cette partie du jardin sera mon muséum végétal privé, ma galerie d’art de formes vivantes, le terrain expérimental dont je tirerai chaque jour des enseignements. Peut-être planterai-je un arbre à fleur, ici ou là, sur l’un des mes carrés en timbre-poste, pour le confort de plantes appréciant la mi-ombre, et peut-être éviderai-je un carré ou deux pour un bassin de nénuphars(…).

La majeure partie de mon jardin prendra la forme d’une vaste pelouse déroulée devant la maison. Mais qu’elle soit rigoureusement plane, qu’elle s’élève ou s’abaisse en pente douce ou accentuée, qu’elle s’étire en largeur ou en longueur, sur trente mètres, soixante ou cent, je m’efforcerai de lui donner une forme qui se suffise à elle-même. Elle sera l’espace ouvert seul capable d’assurer le lien entre les divers éléments du jardin et de leur conférer un sens - maison et haies, arbres et massifs, sans oublier le ciel, clair ou nuageux, qui lui aussi fait partie de l’ensemble. Pour mettre en valeur tous ces éléments, je tâcherai de doter cet espace net d’un contour affirmé, mais sans raideur. Comme je n’envisage pas ma maison comme un trésor d’architecture exigeant l’écrin d’un jardin classique, j’éviterai toute forme géométrique et soulignerai le contour de ma pelouse, à proximité de la maison, de haies au tracé souple ou de plantations simples (…)

J’ai peine à imaginer mon futur jardin sans me représenter aussi sa maison – l’exercice revient un peu à dessiner un corps sans tête.

Russell Page : « The Education of a Gardener ». Harper Collins, 1994.