8
1 PALUDISME 1 • Les rechutes de paludisme sont fréquentes en France. 2 • Les effets indésirables psychiatriques de la méfloquine ne sont observés que chez l’adulte. 3 • En traite- ment curatif, quatre comprimés de Riamet doivent être pris six fois en l’espace de 60 heures. 4 • En chimioprophylaxie, la posologie de la doxycycline est de 100 mg par jour pour les plus de 40 kg, à poursuivre 4 semaines après le retour de zone impaludée. Réponses p. 8 QUIZ vrai ou faux ? Cahier de formation Cahier de formation © jamesbenet/iStock CAHIER 2 DU N° 151 • AVRIL 2018 • N° 28 90 % des cas de paludisme mortels sont causés par le parasite P. falciparum. 2,7 milliards de dollars ont été investis en 2016 par les gouvernements des pays endémiques pour lutter contre le paludisme. 4 000 à 5 000 nouveaux cas de paludisme sont découverts chaque année en France. Un chiffre stable depuis 2010. 409 millions de traitements par combinaison thérapeutique à base d’artémisinine ont été achetés par les pays impaludés en 2016. 430 000 décès causés par le paludisme chaque année dans le monde, la grande majorité en Afrique. La moitié de la population mondiale est exposée au paludisme. Le paludisme est l’une des maladies infectieuses, dont l’évolution peut être mortelle chez l’Homme. Si actuellement aucun vaccin n’a prouvé son efficacité, les traitements préventifs et curatifs constituent aujourd’hui un arsenal thérapeutique robuste.

formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

  • Upload
    lykhanh

  • View
    226

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

1

PALUDISME

1 • Les rechutes de paludisme sont fréquentes en France.

2 • Les effets indésirables psychiatriques de la méfloquine ne sont observés que chez l’adulte.

3 • En traite-ment curatif, quatre comprimés de Riamet doivent être pris six fois en l’espace de 60 heures.

4 • En chimioprophylaxie, la posologie de la doxycycline est de 100 mg par jour pour les plus de 40 kg, à poursuivre 4 semaines après le retour de zone impaludée.

Réponses p. 8QUIZ vrai ou faux ?

Cahier de formationCahier de formation

©

jam

esb

enet

/iSto

ck

CAHIER 2 DU N° 151 • AVRIL 2018 • N° 28

90 %des cas de paludisme

mortels sont causés par le parasite P. falciparum.

2,7milliards de dollars ont été investis en 2016

par les gouvernements des pays endémiques pour lutter contre le paludisme.

4 000à 5 000 nouveaux cas de paludisme sont découverts chaque année en France. Un chiffre stable depuis 2010.

409 millions de traitements par combinaison thérapeutique à

base d’artémisinine ont été achetés par les pays impaludés en 2016.

430 000 décèscausés par le

paludisme chaque année dans le

monde, la grande majorité en Afrique.

La moitié de la population mondiale est exposée au paludisme.

Le paludisme est l’une des maladies infectieuses, dont l’évolution peut être mortelle chez l’Homme. Si actuellement aucun vaccin n’a prouvé son efficacité, les traitements

préventifs et curatifs constituent aujourd’hui un arsenal thérapeutique robuste.

Page 2: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

2

QUESTIONS DE COMPTOIRThierry, 32 ans, est envoyé en Tanzanie pour une mission de 6 mois, dans le cadre de son activité professionnelle. Pour ses premiers jours dans ce nouveau pays, il sera accompagné de sa femme et de leur fils de 2 ans. Il vous présente trois ordonnances d’un médecin généraliste qu’il a consulté plus tôt dans la matinée. Le médecin a prescrit une chimioprophylaxie antipaludique à toute la famille.

Le 5 mars 2018

Thierry D., 32 ans

Lariam (Méfl oquine) : 1 comprimé par semaine pendant 6 mois

Docteur PaluMédecine générale

Le 5 mars 2018

Gisèle D., 32 ans

Lariam (Méfl oquine 250 mg) : 1 comprimé par semaine pendant 1 mois

Docteur PaluMédecine générale

Le 5 mars 2018

Oscar D., 2 ans

Atovaquone/Proguanil 62,5 mg/25 mg, comprimés pédiatriques : 1 comprimé par jour pendant toute la durée du séjour

Docteur PaluMédecine générale

©

dro

gatn

ev /

iSto

ck

Page 3: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

ANALYSE DE L’ORDONNANCELe prescripteur, médecin généraliste, est tout à fait habilité à prescrire une chimioprophylaxie antipaludique. Dans ce cas, il semblerait que le médecin n’a consulté ni la femme ni le fils de Thierry, ce qui pose un problème. Le pharma-cien devra être donc tout particulièrement vigi-lant lors de la délivrance des traitements, et s’in-quiéter de la bonne compréhension du patient.

Dans le cas de ces traitements, la dose est ajustée en fonction du poids. Le médecin aurait donc dû le mentionner sur l’ordonnance.

LA PRESCRIPTION EST‑ELLE COHÉRENTE ?Elle fait appel à deux schizonticides. Ces mé-dicaments n’empêchent pas l’infestation, mais ont pour objectif d’éviter l’expression de la morbidité. Aucune molécule n’assure une pré-vention complète contre le paludisme. Chez le voyageur, la chimioprophylaxie est prescrite « à la carte » en tenant compte du type de voyage, de sa durée, de l’itinéraire précis, de son état physiologique, de la répétition éventuelle de ses voyages. Au-delà de 7 jours en zone d’endémie palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à l’efficacité sur le ter-rain : l’adaptation de la médication au risque réel du voyage et la compliance du patient.

Dans le cadre d’un séjour en Afrique, ces deux médicaments préventifs sont recommandés.

QUE DEMANDER AU PATIENT ? La prescription de méfloquine doit faire l’objet d’une recherche d’antécédents de convulsion, d’une dépression active, d’un antécédent de dépression, d’une anxiété généralisée, d’une psychose, d’une tentative de suicide, d’idées suicidaires, d’une schizophrénie ou d’autres troubles psychiatriques.D’autre part, pour les personnes pesant moins de 45 kg, la dose de méfloquine sera ajustée en fonction du poids. Il faudra donc vérifier le poids de la compagne de Thierry.

SUITE DU CASEn vous voyant apporter toutes ces boîtes, Thierry s’inquiète pour son fils de 2 ans qui n’a encore jamais avalé de comprimé. Il se demande d’ailleurs pourquoi Oscar n’a pas le même traitement que ses parents.

QUELS CONSEILS ASSOCIER À LA DÉLIVRANCE ? Les comprimés devront être conservés à l’abri de la lumière, de la chaleur et de l’humidité. Chez l’enfant, la chimioprophylaxie par méflo-quine obéit aux mêmes règles que pour l’adulte, à la dose de 5 mg/kg/semaine. Cependant, le produit n’existe que sous forme de comprimé quadrisécable (dosé à 250 mg) qui ne permet d’adapter la prophylaxie que chez les sujets de plus de 15 kg (environ 3 ans). Ce traitement ne pouvait donc pas être prescrit au petit Oscar. En ce qui concerne les parents, en l’absence de contre-indication, la méfloquine a l’avantage d’être une chimioprophylaxie « pratique », no-tamment chez les patients les moins observants.

MODE D’ADMINISTRATIONLa méfloquine doit être prise avec des aliments (lors de n’importe quel repas) et avec beaucoup d’eau (au moins 240 ml = un grand verre d’eau). Les comprimés ne doivent pas être croqués, mais ils peuvent être écrasés et mélangés avec un peu d’eau, de lait ou toute autre boisson. Attention, la recommandation d’un moment de prise lors de la délivrance a son importance : afin de garantir un taux maximal d’atovaquone/

3

Y A-T-IL UN PROBLÈME AVEC CETTE ORDONNANCE ?

Le paludisme est une maladie grave, potentiellement mortelle, transmise par des moustiques, et très répandue en zone tropicale. Il existe plusieurs espèces de parasites responsables du paludisme. Plasmodium falciparum est l’espèce la plus dangereuse, car elle est responsable des formes mortelles. C’est également la plus fréquente. C’est donc prioritairement contre cette espèce que sont dirigées les mesures préventives.

REPÈRE

Page 4: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

Y a-t-il un problème avec cette ordonnance ?

4

proguanil dans le sang, conseillez aux parents d’administrer le médicament au coucher du soleil, moment où l’anophèle pique. Mieux, de cette fa-çon, la prévention de la maladie sera rappelée ré-gulièrement au bon moment, et incitera la famille à être particulièrement vigilante à la nuit tombée.

RESPECT DES POSOLOGIESAttention aux posologies de l’ordonnance qui sont incorrectes. La méfloquine (Lariam) est prescrite en prise hebdomadaire, à raison d’un comprimé de 250 mg/semaine, à commencer 10 jours avant le départ pour vérifier la tolérance, soit deux prises avant le séjour, de façon à envi-sager, le cas échéant, une autre prophylaxie, et pour obtenir une concentration sanguine assu-rant une protection optimale. Les patients pren-dront leur traitement pendant 3 semaines après leur retour de la zone impaludée au cas où, à la suite d’une infection, le parasite serait en train de se reproduire dans le foie. Veillez donc à délivrer la quantité de comprimés nécessaire à la bonne réussite du traitement. L’apparition sous traitement de troubles neuropsychiques, tels qu’une anxiété aiguë, un syndrome dépres-sif, une agitation, une confusion mentale, des tendances suicidaires ou même des troubles mineurs tels qu’une tristesse inexpliquée, des céphalées, des vertiges ou des troubles du sommeil, doit conduire à l’interruption immé-diate de cette prophylaxie.Thierry se voit prescrire ce traitement au long cours. Aucune crainte, la méfloquine, employée depuis une vingtaine d’années, ne s’accumule pas dans les tissus en cas d’utilisation prolon-gée. Lors d’une prise pouvant aller jusqu’à deux

ans et demi, la méfloquine était mieux tolérée que la chloroquine seule. En ce qui concerne l’atovaquone/proguanil, la prise du traitement devra débuter la veille du départ et se prolonger durant une semaine après le retour de la zone d’endémie.

PROPHYLAXIE MÉCANIQUENe jamais négliger la protection mécanique contre ce parasite. Conseiller à tous vos patients le port de vêtements longs dès la tombée de la nuit. Les vêtements, moustiquaires ou toiles de tente peuvent être imprégnés par pulvérisation (spray) ou par trempage (I’insecticide utilisé doit alors être la perméthrine).

L’application d’un produit répulsif (insectifuge ou repellent) sur les parties découvertes du corps est indispensable. Elle doit se faire dès le coucher du soleil sur toutes les parties dé-couvertes du corps, visage compris, ainsi que sur celles pouvant se trouver découvertes lors de mouvements. La durée de la protection varie de 2 à 5 heures selon le produit. Les applica-tions seront renouvelées plus fréquemment en fonction de la transpiration ou des bains et des douches. La pulvérisation de répulsif sur les vê-tements est possible mais de courte efficacité (2 heures), car le produit est volatil. Conseillez de dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide en bon état et bordée sous le ma-telas, ou touchant le sol. La durée d’efficacité du produit est de 6 à 8 mois. Pour finir, n’ou-bliez pas ce précepte : « Toute fièvre au retour d’une zone d’endémie est un paludisme jusqu’à preuve du contraire ». l

©

Flat

icon

Engager le dialogue sur la vaccination

Les départs à l’étranger sont l’occasion de faire le point sur les vaccinations de la famille. Au-delà du risque de paludisme, certaines maladies restent présentes et, pour quelques-unes, mortelles. Avant tout voyage, il convient d’établir un programme de vaccination qui tient compte de deux critères : l’obligation administrative qui correspond à la protection du pays contre un risque infectieux exogène, et les risques réels encourus par le voyageur. Ils varient en fonction de la situation sanitaire du pays visité, des conditions et de la durée du séjour, des caractéristiques propres du voyageur, en particulier l’âge et aussi les vaccinations antérieures. C’est donc un, voire deux, mois avant le départ qu’il faut se préoccuper des vaccins nécessaires au risque d’être pris de court.

Page 5: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

Après un accès palustre, quelle surveillance mettre en place ? Les rechutes sont-elles fréquentes ?

Selon les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé, nous contrôlons les enfants entre 3 et 5 jours après la fin du traitement, car il est dans les faits difficile de contrôler à J3 précisément. Ce contrôle est clinique et biologique, avec numération sanguine des plaquettes, frottis sanguin et goutte épaisse. L’OMS recommande également un contrôle à 7 jours en cas de positivité à J3. Le contrôle à J 28 +/- 2 jours est réalisé dans presque tous les cas. Les rechutes sont très rares aujourd’hui, notamment grâce aux dérivés de l’artémisinine. Auparavant, l’halofantrine, qui n’est plus commercialisée, exposait à un risque de rechute en raison de sa demi-vie courte et de son utilisation en monothérapie. Les dérivés de l’artémisinine sont toujours couplés en France à une autre molécule (luméfantrine ou pipéraquine). Une fois la majeure partie des parasites tués par le dérivé de l’artémisinine, dont

la demi-vie est très courte, la deuxième molécule prend le relais dans la durée, ce qui permet un taux de rechute très faible. L’artémisinine expose par ailleurs à moins d’effets indésirables que les autres antipalustres. Par ailleurs, lors d’un accès palustre sévère, l’efficacité de l’artésunate intraveineux (IV) est bien supérieure à celle de la quinine IV, qui a été progressivement abandonnée dans cette indication.

Est-il possible de développer une immunité acquise au paludisme ?

Oui, il existe une immunité acquise, mais uniquement pour les habitants des zones d’endémie qui sont piqués plusieurs fois par jour par des moustiques impaludés pendant 5 ans. À ce prix, la plupart des enfants de plus de 5 ans possèdent une immunité solide, évitant la dérive vers une forme grave. En revanche, si on part simplement retrouver sa famille un ou deux mois par an en Afrique, les anticorps ne se développent pas de façon suffisante, même si l’on présente un accès palustre. Par ailleurs, il existe à l’heure

actuelle plus de dix candidats-vaccins mais aucun n’est, pour le moment, suffisamment efficace pour permettre une vaccination de masse.

Comment choisir une chimioprophylaxie et quels conseils donner ?

En préventif, c’est la combinaison atovaquone + proguanil (Malarone) qui domine le marché. La méfloquine expose à des effets indésirables, notamment neuropsychiatriques, rapportés initialement chez l’adulte et de plus en plus observés chez l’enfant. Les effets indésirables les plus souvent constatés avec la Malarone sont les vomissements chez l’enfant et les douleurs abdominales avec nausées chez l’adulte. Parfois fréquents, les vomissements chez l’enfant peuvent conduire leur mère à arrêter le traitement, avec le risque de paludisme qui en découle. Le pharmacien doit bien alerter sur ce risque de vomissements. Dans la mesure du possible, il faut essayer de poursuivre le traitement. Et pour éviter les effets psychiatriques de la méfloquine, mieux vaut tester le médicament deux fois avant le départ. l

5

« Les rechutes sont très rares aujourd’hui, grâce à la redécouverte des dérivés de l’artémisinine. »

AVIS D’EXPERT

DR JEAN-YVES SIRIEZPédiatre infectiologue au CHU

Robert-Debré à Paris

Page 6: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

6

Fièvre, frissons, nausées, vomissements, céphalées, asthénie... tout symptôme paludique au retour de zone impaludée est considéré comme un paludisme, jusqu’à preuve du contraire. Le diagnostic doit rapidement être confirmé par un frottis ou une goutte épaisse, et traité dans les plus brefs délais, en fonction du poids.

TRAITEMENT CURATIF DE L’ACCÈS PALUSTRE SIMPLE

En première ligne : les ACT

Artéméther-luméfantrine = Riamet• rapide, efficace et bien toléré, • efficace sur les souches résistantes à d’autres antipaludéens,

y compris la quinine, • posologie complexe : 4 comprimés en une prise à H0, H8-12,

H24, H36, H48 et H60.

À prendre toujours avec des aliments contenant des corps gras

Dihydroartémisinine-pipéraquine = Eurartesim• rapide, efficace et bien toléré,• traitement court, posologie simple : 3 comprimés en une prise/j,

à jeun, pendant 3 jours consécutifs, à 24 heures d’intervalle.

Risque d’allongement de l’intervalle QTc, contre-indiqué chez les patients prenant des antiarythmiques ou des hypokaliémiants notamment, et ceux à antécédents d’affection cardiaque

En deuxième ligne : la malarone

Atovaquone + proguanil = Malarone • traitement court, posologie simple : 1 prise/j pendant 3 jours à

24 heures d’intervalle,• action plus lente,• convient à la femme enceinte et particulièrement efficace sur les

formes parasitaires hépatiques pré-érythrocytaires.

Vomissements fréquents, à prendre pendant les repas, sinon l’absorption est limitée

En troisième ligne

Quinine = Quinimaxe, Quinine Lafran• convient pendant la grossesse,• tolérance moyenne, mais possibilité d’administration IV si vomis-

sements incoercibles. La quinine requiert une bonne adhérence, • traitement long : 8 mg/kg x 3/j pendant 7 jours sans dépasser 2 g/j.

Vomissements, hypoglycémie, hypotension et allongement de l’intervalle QTc

Méfloquine = Lariam • en deuxième intention, en cas de contre-indication à la quinine ou

de résistance du plasmodium chez la femme enceinte. Elle agit sur les formes matures du parasite,

• en première intention chez l’enfant en cas de forme non compliquée,

• posologie : 25 mg/kg en moins de 24 heures. Afin de réduire le risque de survenue d’effets indésirables, la dose totale sera répartie en 2 ou 3 prises pouvant être espacées par un intervalle de 6 à 12 heures.

Chez l’enfant, à associer à un antiémétique. Effets indésirables psychiatriques (dépression, anxiété, cauchemars), y compris chez l’enfant, toxicité cardiaque et risque d’hypoglycémie.

Indication à l’hospitalisation

• Tout accès palustre sévère. Le traitement est l’artesunate IV qui possède une ATU depuis 2011.

• Facteurs de risque : pathologie cardiaque, grossesse, enfant, patient âgé…

TRAITEMENT PRÉVENTIFUne chimioprophylaxie peut être proposée au patient en fonction de la durée du séjour et des pays visités. Elle doit être associée à des mesures de protection mécanique : insecticides, répulsifs, mousti-quaire et vêtements imprégnés...

Chloroquine• posologie : un comprimé par jour chez l’adulte de plus de 50 kg,• schéma : à débuter dès le jour d’arrivée et pendant 4 semaines

après le retour, • indiquée seulement dans les zones de résistance de niveau 1, • à noter que la chloroquine est le traitement curatif des autres

souches de paludisme plus rares que le falciparum : P. vivax, P. Knowlesi, P. malariae et P. ovale.

Atovaquone + proguanil• posologie : un comprimé par jour chez l’enfant de plus de 40 kg.

Disponible également en comprimés pédiatriques selon le poids de l’enfant,

• schéma : particulièrement adapté aux séjours courts, un com-primé dès le premier jour et pendant seulement 7 jours après le retour,

• tolérance supérieure à la méfloquine.

Doxycycline • posologie : 100 mg/j pour les plus de 40 kg, 50 mg chez les

moins de 40 kg, • schéma : à débuter dès le jour d’arrivée et pendant 4 semaines

après le retour, • à prendre le soir, car phototoxique et au moins une heure avant le coucher,• bonne tolérance et adaptée aux voyageurs à petit budget,• contre-indiquée avant 8 ans en France et 12 ans en Angleterre

(risque de coloration définitive des dents) et pendant la grossesse.

Méfloquine• posologie : 250 mg une fois par semaine chez l’adulte et l’enfant

de plus de 45 kg. Facilité de prise adaptée au séjour long,• schéma : à continuer pendant 3 semaines après le retour, • tolérance moyenne,• posologie de 5 mg/kg/semaine, compliquée à respecter chez l’en-

fant de moins de 15 kg. l

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE DE RÉFÉRENCE

Page 7: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

7

CONSEILS ASSOCIÉSLES RÉGIONS À RISQUE En fonction du degré de résistance au traitement et de la virulence du parasite, les pays impaludés sont classés en trois zones par l’OMS. La zone 3, qui regroupe la majeure partie de l’Afrique subsaharienne, une partie de l’Asie et l’Amérique tropicale, est définie par une prévalence élevée de chloroquinorésistance et des risques de multirésistance. Le risque de contracter le paludisme est néanmoins mille fois plus important pour un séjour en Afrique subsaharienne que pour un séjour en Asie ou Amérique tropicale. À l’inverse de l’Afrique subsaharienne, les séjours touristiques « conventionnels », de moins de 30 jours en zone urbaine asiatique ou américaine expose à un risque faible. La balance bénéfice/risque n’est donc pas en faveur d’une prophylaxie. La mise en route d’une chimioprophylaxie doit donc prendre en compte la durée du séjour, la zone visitée ainsi que d’éventuelles contre-indications ou facteurs de risque. Toute fièvre au retour d’une zone impaludée nécessite une recherche de paludisme.

DES MOUSTIQUAIRES INDISPENSABLES Chimioprophylaxie ou non, des mesures de protection personnelle contre les moustiques sont toujours indispensables à partir de la tombée du jour et jusqu’au lever du soleil, période pendant laquelle les anophèles femelles, vectrices du paludisme, peuvent piquer. La protection la plus efficace reste la moustiquaire imprégnée d’insecticide, à ne pas oublier autour du berceau ou de la poussette. À cela s’ajoutent des moustiquaires grillagées aux portes et fenêtres. Les raquettes électriques et autres serpentins de fumée ont une efficacité plus limitée, tout comme le fait d’enclencher la ventilation. Le port de pantalon et de chemise à manches longues est de mise.

DU BON USAGE DE LA DOXYCYCLINEQuelques spécialités de doxycycline disposent d’une AMM en prophylaxie du paludisme, c’est le cas du Doxypalu ou encore de Granudoxy Gé. Comme ces médicaments ne sont pas remboursés, certains voyageurs se font prescrire hors AMM de la doxycycline générique, qui ne dispose d’aucune indication contre le paludisme. L’ordonnance devra alors absolument porter la mention « non remboursable » ou « hors AMM ». À défaut, contacter le prescripteur. Comme toute cycline, la doxycycline expose à des risques de lésion au contact de la muqueuse de l’œsophage. Le traitement doit donc être pris pendant le repas et au moins une heure avant de se coucher. Par ailleurs, l’absorption des cyclines est diminuée par leur prise simultanée avec des produits laitiers, des sels (fer, hydroxyde de magnésium...) ou encore des pansements gastriques, par un phénomène de chélation.

BIEN UTILISER LES CRÈMES RÉPULSIVES L’application de répulsif doit se faire dès le coucher du soleil sur toutes les parties découvertes, y compris les mains, le visage, et celles susceptibles d’être découvertes lors de mouvements. En fonction de la température, de l’humidité, de la sudation et de la substance active, l’application doit être renouvelée toutes les 2 à 4 heures. D’une manière générale, mieux vaut ne pas excéder trois applications par jour et éviter les muqueuses et les lésions cutanées. Par ailleurs, si le patient utilise de la crème solaire, il doit attendre au moins 20 minutes avant d’appliquer son répulsif.

RÉPULSIFS : QUELS ACTIFS CONSEILLER ? Conseiller toujours des répulsifs efficaces en zones tropicales et infectées. C’est le cas du DEET (Insect Écran Zones infestées, Biovectrol Tropiques), dosé à 50 % ou à 30 % pour les enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes. Il diminue par ailleurs l’efficacité des crèmes solaires. C’est la molécule la plus efficace à ce jour. L’IR 3535 (Cinq sur Cinq Tropic...) est un autre répulsif de synthèse efficace en zones tropicales. Il est autorisé chez les femmes enceintes, tout comme l’Icaridine (Insect Écran Spécial tropiques...), particulièrement efficace sur les moustiques vecteurs du paludisme et bonne variante du DEET. La perméthrine, une pyréthrine synthétique, est un insecticide réservé à l’imprégnation des vêtements. Le Citridiol est un répulsif naturel assez efficace, à l’inverse de la citronnelle et des mélanges d’huiles essentielles qui ne doivent absolument pas être utilisés en zones tropicales ou infestées, car leur efficacité est limitée.

Page 8: formation Cahier de PALUDISME - revuepharma.fr · palustre, la prise d’une chimioprophylaxie est conseillée. Quelle que soit la chimioprophylaxie, deux facteurs participent à

8

1 : Faux. La chimioprophylaxie est indiquée pour les séjours de plus de 7 jours en zone impaludée subsaharienne et de plus de 30 jours en cas de séjour touristique en zones urbaines asiatiques ou américaines touchées.

2 : Vrai. En prophylaxie, elle est de 5 mg de méfloquine/kg/semaine.

3 : Vrai. C’est aussi le cas de l’Icaridine et du DEET, seulement lorsque ce dernier est dosé à 30 %.

4 : Faux. Cette chimioprophylaxie peut être commencée la veille du départ.

5 : Faux. La Malarone doit être poursuivie au maximum chez l’enfant pour éviter de contracter le paludisme. Généralement les vomissements s’estompent rapidement.

6 : Vrai. Ce message est primordial, car ces répulsifs ne sont pas assez efficaces pour les zones infestées et tropicales.

7 : Vrai. La posologie est d’un comprimé de 250 mg une fois par semaine, à débuter 10 jours avant le voyage, pour tester les éventuels effets indésirables.

8 : Faux. Mieux vaut conseiller une application plus fréquente, toutes les 2 à 4 heures.

1. Faux. Elles sont de plus en plus rares, notamment grâce à l’arrivée des dérivés combinés de l’artémisinine.

2. Faux. Le Lariam expose à des effets psychiatriques indésirables, y compris chez les enfants (anxiété, cauchemars).

3. Vrai. L’artéméther-luméfantrine dispose d’une posologie complexe avec une prise à H0, H8-H12, H24, H36, H48 et H60.

4. Vrai. Et de 50 mg chez les moins de 40 kg. Elle doit être prise dès le jour d’arrivée.

1 Dès 3 jours de séjour en zone impaludée, une chimioprophylaxie doit être engagée.

2 La posologie du Lariam doit être ajustée en fonction du poids, uniquement chez les patients de moins de 45 kg.

3 Le répulsif IR 3535, présent dans le Cinq sur Cinq Tropic, peut être utilisé chez la femme enceinte.

4 La combinaison atovaquone/proguanil en prophylaxie doit être débutée une semaine avant le départ.

5 Dès les premiers vomissements chez l’enfant liés à la Malarone, le traitement préventif doit être immédiatement arrêté.

6 Les répulsifs à base d’huiles essentielles ou de citronnelle ne doivent pas être conseillés pour un voyage en zone tropicale.

7 L’avantage de la méfloquine est que la posologie prophylactique est simple à respecter.

8 En zone impaludée, l’application de répulsif doit être faite toutes les 6 à 8 heures.

RÉPONSES

Votre score /86 ou plus : félicitations ! Vous pouvez refaire le test dans quelques jours pour consolider vos acquis.Entre 4 et 6 : c’est bien. Vous pouvez faire encore mieux. Revoyez les points qui vous manquent et refaites le test.Inférieur à 4 : rien n’est perdu. Relisez le cahier et refaites le test.

Réponses de la page 1

VRAI ouFAUX ?

Cahier de formation réalisé par Tina Géréral, pharmacienne, et Léa Galanopoulo, journaliste scientifique. • Les bibliographies complètes sont disponibles sur revuepharma.fr • Chaque cahier est relu par un membre du comité scientifique de La Revue Pharma. • Retrouvez davantage de formations sur Évaluation Pharma, plateforme d’e-learning dédiée aux pharmaciens.

ÉVALUEZ-VOUS