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François Bruetschy

Galerie Convergences 2016

Galerie Convergences 2016

François Bruetschy

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CIRCULEZ !IL YA TANT À VOIR !Petit ou grand, on sait bien la distance à laquelle le regardeur se

pose : d’innombrables photos en rendent compte. Ce que fait le regard, ce que font les yeux (ce qui fait corps devant une peinture) on le sait moins bien, sinon ces règles de lecture de gauche à droite et de haut en bas, qu’on applique systématiquement sans s’autoriser à être un peu mioche, en ayant le regard libre, un peu voyageur (japonais ou arabe) en même temps que voyeur. Car c’est aussi de cela que dépendent les possibles : cent regards multiplieront cent « visions », toutes vraies, toutes fausses. Celles superposées du peintre ? Va savoir !

Donc, nous voilà devant un tableau plus ou moins grand, plus ou moins coloré, plein de petites formes joyeuses qu’on essaye de déchiffrer, de comprendre en les nommant pour s’y retrouver. Si on prend assez de temps, on peut avoir quelque surprise et n’en pas croire ses yeux : est-ce bien ce que je vois ? Est-ce que tout le monde, par exemple celui qui regarde par dessus mon épaule, un peu décalé, voit aussi ce que j’appellerais (en me laissant aller) un tas de gens tout nus qui se mélangent les couleurs, avec plaisir dirait-on. Il y a sur ce fond noir, ou jaune, ou bleu, tout un kamasoutra rigolard qui mérite la promenade. Le corps alors baisse la tête un peu comme une autruche mais pas pour la mettre dans le sable, pour en faire un genre de périscope et partir en reconnaissance. On peut aussi, réveillant en nous le versaillais qui ne sommeille qu’à demi, hausser les épaules, les sourcils, jeter un regard vipérin à la personne qui tient la galerie et qui

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Sans titre, mai 2015. Huile sur toile – 162 x 130 cm.

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Sans titre, 31/12/2014. Crayon noir et gouache sur papier – 65 x 50 cm.

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prend un air innocent dont il ne faut pas être dupe, et s’en retourner après avoir bu un verre pour avaler toutes ces petites couleuvres grouillantes.

C’est ce qu’on appelle de la peinture abstraite dit la dame au jeune garçon qui l’accompagne et qui s’étonne in petto (il est bien élevé) parce qu’il a bien vu tout ce dont il a été question plus haut. Un peu malin il rétorque qu’on peut y voir les parcours d’insectes dans le sable. Que ne s’est-il tu ! La dame saute sur le hanneton (en bas à droite, elle le pointe d’un ongle rouge red rot, elle parle avec plusieurs accents superposés) se redresse et d’un autre doigt suit le vol des abeilles bourdonnantes qui essaiment vers la fontaine où elles vont boire. On n’imagine jamais que les abeilles vont boire dit le jeune homme en pensant que to bee or not to bee est aussi la question. Elle lui tapote la joue comme pour dire bravo petit galopin et soudain elle lui voit du talent, un avenir, un métier : coureur de chemins creux, collectionneur de nymphes, cueilleur chasseur de signes sur les chemins et les pierres du chemin. Elle lui ferait bien un cours privé sur les pollens pris dans les pattes des abeilles et sur les papillons qui ceci cela et pire encore. Croyez-vous dit-il dans un sourire qui lui plisse l’œil, que les phasmes aiment à changer de tenue pour un carnaval improvisé sur le mur beige ? Si j’étais phasme j’en aurais assez du vert du brun du beige, tout ça, j’irai habiter là un petit moment, ce serait très amusant. Et puis il quitte la dame parce qu’il espère trouver plus loin une luciole et que ce ne soit pas dans un tombeau.

La jeune fille aux jambes de faon, une étrangère, regarde le jeune garçon, sa peau brune et ses traits étranges. Puis le tableau la prend

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dans sa toile où se suivent des gravures pariétales qu’elle n’avait jamais vues mais qui sont aussi vraies que nature, des griffures dans la mémoire, une inquiétude presque animale devant l’inconnu. Elle a sorti de son grand sac des jumelles de théâtre et regarde en les tenant à l’envers, à l’envers de toutes les règles : en rond et à contretemps. Puis, à l’endroit, elle entre dans les détails et y retrouve les hommes étendus, les hommes pissant et bandant des grottes, les parois aux ventres femelles, les épis de blés et les biches. Il manque aux formes un entour pour qu’on songe directement à un codex inca gravé par le roi des oiseaux ou au rituel du serpent écrit sur quelques feuilles dans le bureau d’Aby Warburg. Mais, elle a beau avoir beaucoup d’imagination (il en faut pour être un honnête regardeur) c’est le réel qui la prend au dépourvu. Elle se souvient d’un temps pas si lointain où le peintre peignait sur un fond de sang concassé et minéral l’univers qui se défaisait en charpie, épars et perdu dans les guerres innommables des temps présents. Aujourd’hui, ce qu’elle prend là dans la gueule c’est, vu de haut parce que de près ce n’est pas supportable, la jungle, le bout de l’exil et de la misère : des morceaux de cabanes, de petits tas de tissus, des ustensiles cabossés, des hommes qui fument, des femmes épuisées et des enfants qui jouent quand même. Essayez de circuler, pour voir : hors champ vous tombez dans la mer.

Hélène SturmMai 2016

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Sans titre, février 2016. Huile sur toile – 35 x 27 cm.

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Sans titre, 02/01/2015. Crayon noir et gouache sur papier – 65 x 50 cm.

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Sans titre, juillet 2015. Huile sur toile – 100 x 100 cm.

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Sans titre, 2016. Huile sur plexi – 121 x 126 cm.

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Sans titre, mars 2016. Petit panneau acrylique sur toile, grand panneau huile sur toile – 50 x 60 cm.

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Sans titre, décembre 2015. Huile sur toile – 92 x 73 cm.

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Sans titre, 11/08/2015. Gouache sur papier – 100 x 65 cm.

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Sans titre, octobre 2015. Huile sur toile – 73 x 60 cm.

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Sans titre, 08/05/2015. Gouache sur papier – 32 x 24 cm.

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Sans titre, février 2015. Huile sur toile – 46 x 38 cm.

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Sans titre, 25/01/2015. Crayons sur papier – 40 x 30 cm.

Sans titre, 2016. Crayons sur papier – 40 x 30 cm.

Sans titre, 12/05/2016. Crayons sur papier – 40 x 30 cm.

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Sans titre, juin 2014. Huile sur toile – 92 x 73 cm.

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L’amitié et la peinture semblent avoir toujours existé entre François et moi.

Cela remonte à la fin des années 60 à Mulhouse ou nous travaillions, l’un et l’autre. Je me souviens de l’appartement et de la pièce qui servait d’atelier, de l’odeur de térébenthine, de mon étonnement en découvrant cette peinture si nouvelle pour moi et des commentaires radicaux qui l’accompagnaient. De mois en mois familiarisé avec cet univers, je me suis retrouvé fasciné par la Peinture au point de “prophétiser” : « un jour j’aurai une galerie et je t’exposerai ! ».

Vingt ans après, ma galerie, rue des Beaux-Arts à Paris, exposait pour la première fois François Bruetschy. Cette expérience concluante devait, par la suite, être renouvelée avec succès à plusieurs reprises tant à la galerie que dans les foires internationales.

La peinture de François y gagnait à chaque fois une densité nouvelle, un renouveau, la poursuite d’une écriture très personnelle ou la nature, l’architecture, la musique trouvaient leur part. C’est dans cette alliance permanente de couleurs rares, de tensions et de sensualité que s’exprime au mieux son univers et nous le retrouvons aujourd’hui, pour notre plus grand bonheur, dans l’ambiance chaleureuse de la galerie Convergences.

Bon vent à la poursuite de l’Aventure !

François Callu Merite

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Sans titre, 20/07/2014. Aquarelle sur papier – 76 x 57 cm.

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Sans titre, 12/10/2015. Aquarelle sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, 12/04/2016. Aquarelle sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, 12/04/2015. Aquarelle sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, 21/03/2016. Aquarelle sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, 03/03/2016. Aquarelle sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, avril 2016. Huile sur toile – 35 x 27 cm.

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Sans titre, 09/07/2014. Gouache sur papier – 76 x 57 cm.

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Sans titre, 18/09/2015. Gouache et pastel sur papier – 65 x 50 cm.

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Sans titre, 15/02/2015. Gouache et pastel sur papier – 65 x 50 cm.

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Sans titre, 23/02/2015. Gouache et pastel sur papier – 64 x 50 cm.

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Sans titre, 17/06/2014. Gouache sur papier – 76 x 57 cm.

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Sans titre, 21/06/2014. Gouache sur papier – 76 x 57 cm.

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Portrait de l’artiste mis à nu

Il est né à Strasbourg un mardi gras, et continue à avancer masqué. La guerre est venue vite et ça lui a fait voir du pays. Mais depuis, il n’aime pas le son des sirènes (le chant oui, parfois). À l’âge où la mémoire s’aguerrit il habitait Noisy-le-Sec. Un jour sur Google map il a retrouvé la rue et la maison. Sa mémoire, en admettant le principe qu’il en ait, est celle d’un cartographe architecte. À son retour en Alsace, il a vécu avec des vieux, un peu seul. Son grand-père mettait des fleurs sur la télé pour les offrir à Catherine Langeais et gémissait très fort quand il avait la grippe. Il l’imite très bien. Le grand père au jardin est une de ses premières toiles.

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Autant l’homme a aimé être professeur, autant l’enfant a détesté l’école, il l’a donc faite buissonnière, dans la forêt avec un arc et des flèches et, plus tard, un crayon.

La messe aussi, ne fut pas trop son affaire. Surtout celle de sa première communion. Ce jour-là il a refusé de porter la couronne de petites roses blanches qui faisait partie du costume. Il a échappé à l’examen de fin d’études de l’école des Arts Appliqués et à la guerre d’Algérie mais pas à l’armée. De longs mois dans une champignonnière furent de longs mois de lecture. Puis il s’est marié, il a eu deux filles et il est allé gagner son pain noir, avec autant de courage que de colère, en dessinant des immeubles sur des kilomètres de papier calque et en peignant quand même, toujours.

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Sa mémoire n’a pas essayé de retenir le nom des “mille e tre” dames qui ont traversé sa vie et ses carnets à dessin. Il y a des corps entiers ou en petits bouts dans toute sa peinture depuis presque toujours, parce qu’il faut une première fois à ces choses. Elle avait un prénom de pirate brechtienne, et on peut la remercier pour ce que son travail lui doit. Sur le mur de l’atelier, des images découpées dans les journaux, de corps noirs, de Marilyn Monroe, et des bout de branches cloués. La forêt est un corps, et le corps est une forêt. Il s’y retrouve toujours. En cherchant bien on trouvera les petits cailloux blancs du petit Poucet qu’il est encore et qui, quelle que soit l’histoire, le ramènent à l’atelier. Aucune femme n’est de taille, en admettant qu’elle le veuille, à se battre contre ça. L’œil frise au printemps pourtant, quand les jupes se font courtes et les épaules nues.

Le travail, c’est tout le temps. Le reste est du temps perdu, quel que soit le plaisir qu’il y prend. Les heures passées à courir ou marcher n’existent que pour que le corps peignant ne soit pas peinant et dure, et dur. Et c’est là que se font les provisions, les prévisions, les visions. Personne ne sait comment ça fonctionne. Même pas lui. Tout est dans les dessins, les peintures, les volumes, et dans certains 1 %, disparus – c’est un regret qu’il a. C’est un souci qu’il a : qu’est-ce que ça va devenir, tout ça ?

La sinueuse ligne blanche qui traverse le noir du temps, il l’inventera en la suivant jusqu’au bout, qui arrivera trop tôt alors que rien ne sera achevé. Il n’arrive pas à se faire à cette idée. C’est une mauvaise idée, disent le noir à ses mains, la tache de rouge sur sa joue, quand il descend de l’atelier parce qu’il a soif et faim et qu’il s’inquiète de la marche du monde.

Hélène Sturm

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EXPOSITIONS PERSONNELLES (SÉLECTION)

Galerie Chantal Bamberger, Strasbourg « Sens dessins dessous ».

Château d’Alba-la-Romaine.

Art É

«Poussières des astres ». Édition d’un catalogue. Art É

É Édition d’un catalogue.

Galerie Ammar Farhat, Tunis, Tunisie.É

FIAC, ÉÉ

Saarlandisch Kunstlerhaus, Saarbrücken, Allemagne. Édition d’un catalogue.É

« Passages », Badische Kunstverein, Karlsruhe, Allemagne. Édition d’un catalogue.Édition d’un catalogue.

Centre d’Art Contemporain Passages, Troyes.Éditions É

Édition d’un catalogue. É

Galerie Jade, Colmar.

Édition d’un catalogue.

Palais de Badenweiler, Badenweiler, Allemagne.

Galerie Jade, Colmar. Édition d’un catalogue.

Édition d’un catalogue.

Galerie Tsoephuis, Groningue, Pays-Bas.

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COMMANDES ET ACQUISITIONS PUBLIQUES (SÉLECTION)

Rencontres et ateliers avec des artistes mauritaniens. Atelier plastique avec des élèves de 4e, Bourg-Saint-Andéol.

Équatoriale.

Polychromie de la façade d’un immeuble, rue des Platanes, Strasbourg.

au palmarès national de l’habitat 1982.

ÉÉcole primaire de Rixheim.É

CATALOGUES ET ÉDITIONS (SÉLECTION)

ÉÉdition d’un catalogue, texte de Jean-Yves Bainier.

É

ÉÉditions É

É texte de Hélène Sturm.

Éditions É

VIDEO, EMISSIONS (SÉLECTION)

CONFERENCES ET INTERVENTIONS (SÉLECTION)

École des Arts

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Un grand merci à Hélène…

Photos : Pascal Bichain (panoramique), Richard Müller, Galerie Convergences.

Textes de Hélène Sturm et François Callu Merite.

Graphisme : Luc-Marie Bouët.

Le catalogue est publié par la galerie Convergences à l’occasion de l’exposition François Bruetschy. Du 2 au 22 juin, puis du 29 juin au 2 juillet 2016.

Galerie Convergences 22, rue des Coutures-Saint-Gervais 75003 Paris 06 24 54 03 09 graisvalerie@yahoo.fr www.galerieconvergences.com

© Galerie Convergences, Paris 2016

Galerie Convergences10,00 €