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Loup, y-es-tu ? Il sera question du loup dans cette édition de mai. Peu d’animaux pourraient disputer au loup le triste privilège d’ins- pirer tant de haine et d’épouvante. Et pourtant, on constate que grâce à sa domestication, il y a au moins 36 000 ans, Homo sapiens aurait supplanté Néanderthal. Actuellement, Ségolène Royal serait plutôt encline à autoriser les « prélèvements » de loups pour soi-disant aider les bergers à protéger leurs troupeaux. Si vous allez voir le film de Jean- Jacques Annaud, « Le dernier loup », vous serez émerveillés par la somptuosité des images et vous serez révoltés par la barbarie de quelques hommes qui vont massacrer les louve- teaux dans leur tanière, sans considération aucune pour le fragile équilibre naturel que respectaient les Anciens. Et les loups en politique, me direz-vous ? Nous en avons de beaux exemples à la tête d’EELV national, qui ont provo- qué des réactions indignées chez les militants. Des CPR de toutes les régions, remontent des motions pour demander à nos représentants nationaux de cesser leurs luttes stériles et de se concentrer sur les préoccupations de nos concitoyens. Alors, à l’heure où nous sommes en train de préparer les élections régionales, il est temps de nous rassembler, de ces- ser nos rivalités et de nous centrer, enfin, sur l’écologie ! Suzy Antoine Membre du CLFV (1) (1) Comité de lecture de la Feuille Verte MAI 2015 / n°207 / 1,70 €

FV mai 2015

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La Feuille Verte n°207 - Mai 2015

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  • Loup, y-es-tu ?

    Il sera question du loup dans cette dition de mai. Peu

    danimaux pourraient disputer au loup le triste privilge dins-

    pirer tant de haine et dpouvante. Et pourtant, on constate

    que grce sa domestication, il y a au moins 36 000 ans,

    Homo sapiens aurait supplant Nanderthal. Actuellement,

    Sgolne Royal serait plutt encline autoriser les

    prlvements de loups pour soi-disant aider les bergers

    protger leurs troupeaux. Si vous allez voir le film de Jean-

    Jacques Annaud, Le dernier loup , vous serez merveills

    par la somptuosit des images et vous serez rvolts par la

    barbarie de quelques hommes qui vont massacrer les louve-

    teaux dans leur tanire, sans considration aucune pour le

    fragile quilibre naturel que respectaient les Anciens.

    Et les loups en politique, me direz-vous ? Nous en avons

    de beaux exemples la tte dEELV national, qui ont provo-

    qu des ractions indignes chez les militants. Des CPR de

    toutes les rgions, remontent des motions pour demander

    nos reprsentants nationaux de cesser leurs luttes striles et

    de se concentrer sur les proccupations de nos concitoyens.

    Alors, lheure o nous sommes en train de prparer les

    lections rgionales, il est temps de nous rassembler, de ces-

    ser nos rivalits et de nous centrer, enfin, sur lcologie !

    Suzy Antoine

    Membre du CLFV (1)

    (1) Comit de lecture de la Feuille Verte

    MAI 2015 / n207 / 1,70

  • ORNANS : UNE PRATIQUE MILITANTE D'UN TYPE NOUVEAU ?

    Sommaire

    2

    P 1 : Edito

    P 2 : Ornans : une pratique militante dun type nouveau ?

    P 5 : Pour un dsarmement unilatral

    P 6 : Rflexions critiques sur le terrorisme

    P 8 : Crdit Impt Recherche

    P 9 : Science et cologie

    P 11 : Et maintenant, sus aux louveteaux !

    P 12 : Un mois, mois et moi

    P 14 : Bulletin dadhsion

    Une candidature tardive

    Le nouveau canton d'Ornans est une

    rgion trs vaste qui va du voisinage de Be-

    sanon (Tarcenay) la frontire suisse (Les

    Allis). Il regroupe trois anciens cantons :

    Amancey, Ornans, Montbenoit, plus le Val

    d'Usiers qui faisait partie de l'ex-canton de

    Levier. En tout 65 communes rurales tradi-

    tion fortement conservatrice.

    Vers la fin du mois de janvier, il n'y

    avait toujours pas de candidature de gauche

    et le risque tant grand que les lecteurs

    n'aient choisir qu'entre la droite et

    l'extrme droite. Christophe Garnier, maire

    dlgu de Doulaize, une petite commune

    de l'ex-canton d'Amancey, contacte alors

    l'quipe de Claude Jeannerot et prend son

    bton de plerin pour essayer de trouver les

    trois autres membres du quadrinome ,

    lections dpartementales

    On n'a pas beaucoup entendu parler du canton d'Ornans lors des rcentes dpartementales. Pourtant il s'y est pro-

    duit un petit vnement pass presque inaperu : dans un contexte politique national trs dfavorable, la gauche a t

    prsente au second tour, ce qui n'tait pas arriv depuis 20 ans sur ce territoire. On peut sans doute en tirer quelques en-

    seignements et envisager des perspectives.

  • si possible reprsentatifs de ce vaste canton.

    La tche se rvle difficile dans cette terre de droite.

    Et ds le dpart, la majorit dpartementale ne semble

    pas trs enthousiaste : demi-mot, on comprend qu'il ne

    faudrait pas que les candidats soient des opposants trop

    dtermins M. Longeot, snateur-maire UDI d'Ornans.

    C'est beaucoup plus tard, quand le soutien de celui-ci

    deux candidats PS de Besanon sera rendu public, qu'on

    comprendra pourquoi

    La notion floue de majorit dpartementale

    Disons-le d'entre de jeu : le bilan de Claude

    Jeannerot tait globalement plutt bon, avec des points

    forts comme une politique sociale dynamique et ambi-

    tieuse, le soutien l'investissement des communes, la

    gratuit des transports scolaires, un engagement la pro-

    tection des rivires comtoises, etc., mme s'il y avait eu,

    pour les cologistes, un saccage environnemental impor-

    tant sur le Mont d'Or par l'installation destine fabriquer

    de la neige artificielle. L'ide de continuer une politique

    dpartementale de gauche pouvait donc se dfendre et

    mme tre au cur d'une argumentation lectorale.

    Sauf que l'quipe de Claude Jeannerot ne parlait pas

    de politique de gauche, mais seulement de majorit d-

    partementale On va s'apercevoir trs vite que cette

    notion est beaucoup trop vague : la grande majorit des

    personnes interroges autour de nous ne savait mme pas

    si c'tait la gauche ou la droite qui tait aux commandes

    du dpartement du Doubs. Nous n'avons toujours pas

    compris pourquoi l'quipe de Claude Jeannerot attribuait

    cette notion des vertus magiques Il faudra attendre le

    deuxime tour pour voir fleurir, Besanon, des affiches

    qui parlent clairement de l'objectif de conserver le dpar-

    tement gauche.

    Signalons d'ailleurs qu'il y a eu une erreur strat-

    gique de campagne. La politique nationale de Franois

    Hollande est tellement dcrie qu'on n'ose plus s'y rfrer,

    et juste titre la campagne a t recentre sur les enjeux

    dpartementaux, mais en mme temps, on a fait appel

    des membres du gouvernement pour soutenir les candi-

    dats. Cherchez l'erreur

    Toujours est-il qu'il nous (1) a fallu batailler ferme

    pour ne pas nous contenter de cette rfrence la

    majorit dpartementale et imposer notre slogan

    Pour un canton dynamique et solidaire , ajouter

    Divers gauche sur l'affiche et la profession de foi et

    passer du mot d'ordre trop paternaliste Agir pour vous

    quelque chose de plus participatif : Agir avec vous et

    pour vous . Bien sr, la bataille a t symbolique, mais

    cela en dit tout de mme long sur certains fonctionne-

    ments politiques

    Une campagne riche d'enseignements

    Ces points de friction ont, en quelque sorte, cristalli-

    s deux conceptions de l'action politique : une conception

    dmocratique et citoyenne, qui part de la base, et une

    conception directive , qui part d'en haut et qui consi-

    dre les militants surtout comme des colleurs d'affiches et

    des distributeurs de tracts. En plus d'tre un choix idolo-

    gique, l'exprience de notre groupe municipal d'Ornans

    nous amne penser que c'est la conception dmocra-

    tique et participative de l'action politique qui est la plus

    mobilisatrice et donc la plus efficace.

    Une campagne lectorale est aussi une bonne occa-

    sion de sortir des petits cnacles de l'entre-soi et de se

    confronter d'autres points de vue. Du ct des lus, ce

    sont souvent les aberrations de la rforme territoriale qui

    sont venues sur le tapis : organisation d'une lection avant

    qu'on sache les comptences du dpartement, dcoupage

    dont on a du mal de comprendre la logique, mme si le

    souci de la parit et d'une plus grande galit dmogra-

    phique tait lgitime. Comme il ne s'agit pas de grer un

    canton mais bien un dpartement, l'instauration de la pro-

    portionnelle aurait t une solution bien prfrable.

    Nous avons aussi beaucoup entendu le dsarroi des

    lecteurs de gauche des milieux populaires dus par les

    promesses non tenues et les drives librales. Il est d'ail-

    leurs totalement invraisemblable que nos dirigeants n'en-

    tendent pas cette France qui souffre et qu'ils annoncent

    qu'ils vont poursuivre la mme politique, celle qui a dj

    fabriqu quelque 600 000 chmeurs de plus en 3 ans. Il

    n'est donc pas tonnant que le taux d'abstention grimpe.

    cet gard, rendre le vote obligatoire ne ferait que traiter

    les symptmes, pas les raisons profondes : la perte de con-

    fiance dans les responsables politiques, qui semblent d-

    connects des ralits vcues au quotidien dans les mi-

    lieux populaires.

    3

  • Faire vivre un rseau citoyen

    Il est donc ncessaire de repartir de la base et ce

    sont ces principes que nous essayons d'appliquer. Ds le

    dpart, notre groupe municipal d'Ornans a jou un rle

    important. La candidate Colette Groleau et la remplaante

    Heidi Fontaine en font partie et le groupe a servi aussi de

    soutien logistique la campagne.

    En ce sens, l'exprience des municipales a t rin-

    vestie, avec le souci de rassembler tous les militants du

    secteur, des sympathisants Front de Gauche aux quelques

    rares adhrents PS en passant par les militants colos. Mais

    ces lections ont t aussi l'occasion de nouvelles ren-

    contres sur l'ensemble du nouveau canton, jusqu' la

    Chaux-de-Gilley, o le remplaant du ticket lectoral, Gilles

    Bolle-Reddat, est maire.

    Dans cette campagne, on a vu peut-tre se dessiner

    une nouvelle forme d'engagement citoyen, avec trs peu

    de gens encarts . Pourtant la cinquantaine de personnes

    qui se sont retrouves pour faire le travail militant prou-

    vent toutes le besoin de se rassembler et de se coordonner

    pour agir. Nous devons tre attentifs ces nouvelles

    aspirations qui mergent. Les partis politiques doivent

    respecter strictement l'aspiration un fonctionnement

    dmocratique et unitaire, tout en donnant un coup de

    main quand c'est ncessaire. Il reste fdrer les nou-

    veaux contacts pris pour en faire un rseau militant et

    citoyen d'un type nouveau.

    Mais un rseau militant actif ne doit pas fonction-

    ner seulement au moment des lections. Il faut qu'il y ait

    d'autres occasions, intervalles plus ou moins rguliers,

    d'changes et de rencontres. Ornans, les conseils mu-

    nicipaux sont systmatiquement prpars par

    10-12 personnes alors que nous ne sommes que 4 con-

    seillers d'opposition. Nous avons aussi le projet de pro-

    poser, plusieurs fois dans l'anne, des cafs citoyens

    pour discuter de sujets varis (socitaux, environnemen-

    taux, conomiques et sociaux). Et nous avons dj pro-

    gramm deux confrences-dbat plus ambitieuses,

    invitation plus large, sur des sujets trs importants pour

    la priode : le 5 juin sur la transition nergtique et le 26

    septembre sur le drglement climatique.

    Grard Mamet

    (1) Un groupe s'est constitu pour organiser la

    campagne avec le quadrinome runi autour de

    Christophe Garnier. la base, des membres du groupe

    municipal d'Ornans auquel j'appartiens (Ambitions et

    Solidarit pour Ornans) et de l'association Pour un Can-

    ton vivant.

    4

    Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comt

    (14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)

    Directeur de publication : Grard Roy

    Comit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,

    Grard Roy, Suzy Antoine, Franoise Touzot

    CPPAP: 0518 P 11003

    Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

  • 5

    Pour un dsarmement unilatral

    Voil vingt ans quune parole officielle a t pro-

    nonce sur la guerre par une cologiste dELV.

    Depuis, il semble que dautres soucis, parfois des

    guerres picrocholines, aient mobilis les militants, les

    lus, les porte-parole dune famille politique qui fut en

    son temps le chantre du pacifisme.

    La guerre est pourtant une brlante actualit :

    elle fait chaque jour des victimes directes, et envoie sur

    les routes les plus dsoles du monde un flot de rfugis

    que les nantis prfrent ignorer.

    La France est trs implique dans les enjeux

    militaires internationaux, par des interventions directes

    en Afrique et par une activit florissante dans larme-

    ment de diffrents protagonistes, au Moyen-Orient en

    particulier. La vente rcente davions Rafale lInde,

    les dclarations de Franois Hollande sur la d-

    fense nuclaire, la valorisation du Laser Mgajoule (1)

    par un discours euphorique du Premier ministre (malgr

    la signature par la France du trait de non-prolifration

    des armes nuclaires), tout laisse penser que nous vi-

    vons une re belliqueuse , et que larme nuclaire

    redevient, comme au temps du gnral De Gaulle, loutil

    mythique de la grandeur de la France, et sans doute plus

    encore un argument prcieux dans le commerce de

    la mort.

    Je ne viens pas ici argumenter une nime

    fois sur laberration de larmement nuclaire, crimi-

    nel contre lhumanit, donc inutilisable, dangereux

    par sa possession mme, et trs coteux pour un

    budget national en grande difficult. Je demande

    simplement qu'Europe cologie Les Verts se pro-

    nonce en faveur du dsarmement unilatral de la

    France, et que les instances rgionales en fassent la

    demande au national.

    Antoinette Gillet

    (1) Le Laser Mgajoule (LMJ) a t mis en

    service fin 2014, avec une premire campagne de

    physique des armes. C'est une installation majeure

    du programme Simulation. Il sert tudier, toute

    petite chelle, le comportement des matriaux dans

    des conditions extrmes similaires celles atteintes

    lors du fonctionnement nuclaire des armes

    LES COLOGISTES SONT-ILS ENCORE

    DES PACIFISTES ?

    Nous pensons quil ny a ni guerre sainte, ni guerre juste, ni bonne guerre.

    Toute guerre est illgitime. (Dominique Voynet, Oser lcologie et la solidarit, d. de

    lAube, 1995, p. 103).

  • 6

    REFLEXIONS CRITIQUES SUR LE TERRORISME

    Les attentats de janvier Paris ne doivent pas d-

    former notre perception : ce sont les populations civiles

    des pays musulmans qui sont les premires touches par

    les exactions des islamistes. Dans Le Monde Diplomatique

    d'avril, Alain Gresh, qui

    est un spcialiste du

    Moyen-Orient, livre

    quelques explications

    sur les conditions qui

    favorisent le dvelop-

    pement du terrorisme.

    Question de vocabulaire

    Rien ne peut justifier les actes de barbarie

    comme la dcapitation de journalistes ou d'otages. Mais il

    est important aussi de ne pas oublier la terreur seme par

    les drones et les bombardiers amricains ni les innom-

    brables bavures qui alimentent la haine contre

    l'Occident dans les populations touches. Ensuite, selon le

    camp auquel on appartient, on n'utilise pas le mme lan-

    gage : on parle de rsistants ou de barbares, de combat-

    tants de la libert ou de dlinquants, etc. Le qualificatif de

    terroriste s'applique toujours l'Autre. Le Hamas est

    qualifi de terroriste pour avoir tu 3 civils israliens

    pendant la guerre de Gaza de l't 2014, mais pas l'tat

    d'Isral qui, avec ses chars et ses avions, a pourtant tu

    entre 800 et 1 000 civils, selon l'arme isralienne elle-

    mme, dont plusieurs centaines d'enfants. La notion de

    guerre asymtrique est sans doute plus approprie

    que celle de terrorisme .

    En effet, selon Alain Gresh, le concept flou de

    terrorisme tend dpolitiser les analyses et par l

    rendre impossible toute comprhension des problmes

    soulevs : nous luttons contre l'empire du Mal et

    la seule solution tiendrait donc dans l'limination

    physique des barbares. Entre 2001 et 2013, le

    nombre d'attentats a tripl. Ne faut-il pas s'interroger

    sur les consquences des politiques menes par les

    tats-Unis et leurs allis depuis plusieurs dcennies

    en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Pakistan et plus

    gnralement au Moyen-Orient ?

    Chaos constructif ?

    C'est l'expression employe en 2005 par

    Condoleezza Rice pour justifier la politique de Bush

    dans la rgion. Chaos est bien le mot qui convient

    pour parler du rsultat des politiques occidentales :

    L'tat libyen a disparu, l'tat irakien sombre dans le

    confessionnalisme et la guerre civile, le pouvoir

    afghan vacille, les talibans n'ont jamais t aussi puis-

    sants au Pakistan. (1)

    Et la lecture religieuse que certains dirigeants

    occidentaux, autant que les islamistes, veulent nous

    imposer est trs dangereuse parce qu'elle alimente la

    guerre des civilisations chre aux noconserva-

    teurs amricains et Netanyahou. Alain Gresh fait

    rfrence un livre crit par un ancien de la CIA,

    Graham Fuller : Un monde sans islam (2).

    Point de vue

  • 7

    L'auteur rsume lui-mme sa conclusion : Il

    existe un douzaine de bonnes raisons en dehors de l'Islam

    pour lesquelles les relations entre l'Occident et le Proche-

    Orient sont mauvaises : les croisades (une aventure cono-

    mique, sociale et gopolitique occidentale), l'imprialisme,

    le colonialisme, le contrle occidental des ressources du

    Proche-Orient en nergie,

    la mise en place de dicta-

    tures pro-occidentales, les

    interventions politiques et

    militaires occidentales sans

    fin, les frontires redessi-

    nes, la cration par l'Occi-

    dent de l'tat d'Isral, les

    invasions et les guerres

    amricaines, les politiques

    amricaines biaises et

    persistantes par rapport

    la question palestinienne,

    etc. Rien de tout cela n'a de rapports avec l'Islam. En

    fait, compte tenu de la prgnance du fait religieux dans

    cette rgion, il n'est pas surprenant que les ractions

    soient, effectivement, reformules en termes religieux ou

    culturels. Mais ce n'est pas l'islam qui est l'origine des

    conflits.

    Oui, il faut dnoncer les discours de haine

    propags par certains prcheurs musulmans radi-

    caux, mais entrer dans une problmatique d'affron-

    tement religieux ou de guerre de civilisation serait

    faire le jeu des islamistes et de l'extrme droite. Et

    de notre ct, nous devons nous battre pour infl-

    chir les politiques occidentales qui alimentent, de-

    puis des dcennies, le chaos et la haine.

    Grard Mamet

    (1) Pour en finir (vraiment) avec le terrorisme, Alain

    Gresh, Le Monde Diplomatique, avril 2015, p. 17.

    (2) A World Without Islam, Little Brown and Co, New

    York, 2010. Cit par Alain Gresh.

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    EELV-FC 14, rue de la Rpublique 25000 Besanon

  • 8

    Sans vouloir alimenter de manire excessive le

    Hollande bashing, sans vouloir toujours crier au loup et

    renforcer la dsesprance et les craintes d'un avenir non

    pas bleu marine mais noir de rancur, il nous faut bien

    regarder en face des faits.

    L'association Sciences en marche , qui avait

    t, au mois de juin 2014, l'initiative d'une marche pour

    dfendre la recherche publique et avait demand la ro-

    rientation de 4 milliards du Crdit d'Impt Recherche

    (CIR), sur les 6 qu'il cote, vers les organismes de re-

    cherche et les universits, a t auditionne par une

    commission snatoriale et a publi un rapport : CIR et

    Recherche & Dveloppement : efficacit du dispositif de-

    puis la rforme de 2008 (1).

    Certes, le CIR n'a pas t mis en place l'arrive

    de Hollande la prsidence de la Rpublique, mais sa

    drive s'est poursuivie et amplifie depuis le dbut de

    son mandat.

    Son cot est pass d'environ 1 milliard d'euros en

    2008 6 milliards en 2014 ; pour quels rsultats ? Le rap-

    port indique : Il nexiste aucune corrlation entre la

    cration demplois en R&D et la crance de CIR pour

    l'ensemble des entreprises (p. 9). Certes, des emplois ont

    t crs par les entreprises de moins de 500 salaris (ce

    qui tait la cible vise), mais les entreprises de plus de

    500 salaris, qui bnficient de 63 % des sommes en jeu,

    n'ont cr que 18 % des emplois. Pire, les secteurs les

    plus gourmands en crdit (Sanofi par exemple) ont d-

    truit 2 400 emplois. Pire encore, le CIR a cr un effet

    d'aubaine, une fraude avre (p. 21). Pour le dire vite,

    des emplois classiques sont dclars comme emplois

    Recherche et Dveloppement pour bnficier de la

    manne publique. : Le CIR a visiblement dclench un

    comportement opportuniste chez certaines entre-

    prises ,qui tentent den bnficier sans rellement investir

    dans la recherche ou linnovation (p. 28) ; cot du d-

    tournement : 6 milliards d'euros.

    Autrement dit, les grandes entreprises se gavent

    d'argent public sans rel effet sur la recherche et l'em-

    ploi. Nous sommes dans la mme logique que le CICE (2),

    dans l'absence de conditionnalit et de contrle. Et cela

    finit par coter cher aux finances publiques ! Et la

    dette.

    Dans le mme temps, la jeunesse, dont Franois

    Hollande voulait faire une priorit, cette jeunesse qui

    s'est investie dans des formations doctorales, se retrouve

    sans perspectives d'emploi, que ce soit l'universit (gel

    des postes) ou dans les organismes publics, tel le CNRS

    qui recrute de moins en moins ; cette jeunesse se prca-

    rise de petits contrats en petits contrats.

    Et long terme, la baisse du nombre d'tudiants

    dsireux d'investir le monde de la recherche aura proba-

    blement un effet catastrophique sur nos capacits pro-

    duire non seulement de l'innovation, mais aussi de la

    connaissance.

    Alors, quand Sciences en marche demande

    que, sur les 6 milliards du CIR, 2 soient consacrs aux

    PME et 4 la recherche publique (le tout budget cons-

    tant, donc sans effet sur la dette), pourquoi n'est-elle pas

    coute ? Il ne s'agit mme pas d'tre plus gauche,

    juste de regarder en face les faits et d'avoir le courage de

    bouger la ligne pour rpondre l'attente : celle de jeunes

    chercheurs ou futurs chercheurs, celle des chercheurs en

    place qui n'en peuvent plus de chercher de quoi faire de

    la recherche.

    Michel Boutanquoi

    (1) http://tinyurl.com/mgnocmn

    (2) Crdit d'impt pour la comptitivit et l'emploi.

    Crdit Impt Recherche

    CARAMBA, ENCORE RAT !

  • 9

    RETOUR DE L'OBSCURANTISME, DOMESTICATION DU LOUP

    ET ECONOMIE COLLABORATIVE

    Science et cologie

    1. Le rveil de l'obscurantisme

    Au XVIIe sicle, par le postulat d'objectivit, Gali-

    le et Descartes avaient libr la science du joug de la

    thologie et de la religion. Depuis quatre sicles s'est donc

    construite la ncessaire distinction entre savoir et croire.

    Or aujourd'hui, des mouvements inquitants se dvelop-

    pent autour du crationnisme. Les crationnistes, qui

    sont particulirement actifs aux tat-Unis et en Arabie

    saoudite, cherchent ravaler la science de l'volution au

    rang de simple discours hypothtique en concurrence

    avec la thse crationniste. (La Recherche n498, avril

    2015, pp. 56-59)

    Commentaire : La construction de la science ne

    s'est pas faite sans rsistance. Ce sont les dcouvertes, les

    observations et les expriences qui ont progressivement

    fond la science et sont venues bout des explications

    thologiques. Les crationnistes du dessein intelli-

    gent (1) rtablissent la confusion entre croire et savoir.

    On revient quatre sicles en arrire, aux formes de su-

    perstition et de fanatisme. Cette guerre idologique se

    joue contre la science, mais aussi contre la libert de pen-

    ser, au profit d'une rgression intellectuelle, sociale et

    politique. Il s'agit donc d'intgrisme politique autant que

    religieux, qui vise interdire la libert de pense et d'ex-

    pression.

    2. L'volution de l'homme sur la piste du

    loup

    Le chien est un loup domestiqu et il n'y a que

    0,2 % de diffrence gntique entre les deux espces.

    Par ailleurs, le loup est le premier animal a avoir t

    domestiqu par l'homme, il y a au moins 36 000 ans,

    bien avant le cheval ou le mouton, par des tribus no-

    mades de chasseurs-cueilleurs. Entre 40 000 et

    30 000 ans, les Homo sapiens ont supplant les

    Nanderthaliens. L'ide avance par certains cher-

    cheurs, c'est que l'utilisation du loup domestiqu

    comme auxiliaire de chasse aurait donn un avantage

    Homo sapiens, qui aurait pu ainsi mieux nourrir ses

    enfants et l'emporter au niveau dmographique sur les

    Nanderthaliens. (La Recherche n498, avril 2015,

    pp. 60-65)

    La science pour clairer les choix de l'cologie politique.

    La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.

  • 10

    Commentaire : Les causes de la domestication

    du loup ont t l'aide la chasse et la garde du camp. L'uti-

    lisation pour la garde des troupeaux n'est venue que prs

    de 25 30 000 ans plus tard, avec l'apparition de l'levage.

    L'intrt de nos anctres pour cet animal a sans dout t

    sa capacit de coopration dans la meute pour chasser

    collectivement le gros gibier et pour se dfendre contre les

    grands prdateurs. Ce compagnonnage particulier entre le

    loup et l'homme est un argument supplmentaire en fa-

    veur la protection de cet animal.

    3. Le partage des biens n'est pas toujours

    cologique

    L'conomie de partage dcolle surtout parce

    qu'internet offre, grande chelle, des services de prt, de

    location et de revente. Une tude rcente value l'cono-

    mie collaborative 12 milliards d'euros par an dans le

    monde, mais cela reste un march de niche, comme

    l'exemple emblmatique BlaBlaCar (2). L'effet peut tre

    positif sur l'environnement, condition que les biens par-

    tags soient de meilleure qualit et rellement durables.

    On rduit alors l'utilisation de ressources et la production

    de dchets. (La Recherche n498, avril 2015, pp. 78-81)

    Commentaire : L'conomie de la location peut

    aussi pousser la consommation et nuire l'environne-

    ment. Par exemple, les loueurs de tlphone poussent

    leurs clients changer d'appareil tous les ans. Il y a une

    incitation acclrer le cycle de consommation et

    d'innovation. Autre exemple : le covoiturage, qui peut

    devenir une relle concurrence pour le train parce que

    la voiture partage est moins chre que le rail. Mais cela

    vient d'une distorsion de concurrence parce que la voi-

    ture, contrairement au train, ne finance pas des infras-

    tructures onreuses. Les politiques publiques peuvent

    agir sur le verdissement de l'conomie collaborative en

    mettant en place des outils financiers et fiscaux ad-

    quats.

    Grard Mamet

    (1) Le dessein intelligent est une thorie crationniste

    prtendant que la complexit du vivant rsulte d'une

    intelligence suprieure : Dieu.

    (2) BlaBlaCar : site de covoiturage ; on rserve et on

    rgle sa participation par internet.

    Nos trois candidats en lice pour les rgionales

    ric DURAND

    Ccile PRUDHOMME

    Franois LOTTEAU

  • 11

    Prcisons-le tout de suite pour viter les malenten-

    dus : non seulement on veut bien admettre que la cohabi-

    tation entre les troupeaux d'ovins et le loup ne soit pas

    toujours vidente grer par les leveurs, mais on est ga-

    lement favorable aux diverses subventions destines les y

    aider. Comme le rappelle justement l'ASPAS (1), le salaire

    des bergers, l'achat de cltures, de chiens de protection et

    de leur nourriture sont subventionns 80 % .

    On est dj nettement moins emball - et c'est un

    euphmisme ! - par le fait que les pertes de moutons soient

    indemnises l'leveur mme dans les cas o celui-ci n'a

    pas pris les ncessaires mesures de protection de son trou-

    peau, et mme si on ne peut pas affirmer que l'attaque est

    due au loup : cela s'est pass il y a quelques annes dans

    ma commune haut-jurassienne, le sous-prfet ayant imm-

    diatement accus un loup d'avoir croqu quelques brebis,

    et cela en l'absence de toute trace gntique probante. Il

    faut prciser que dans le cas d'une attaque par Canis lupus,

    l'indemnisation est immdiate, alors que si on incrimine un

    ou des chiens errants, l'leveur a intrt tre patient...

    Et on apprcie encore moins que tant de respon-

    sables d'associations d'leveurs, oubliant que l'levage ovin

    est subventionn de toute faon 50, voire 80 %, dcla-

    rent qui veut les entendre qu'ils ne veulent plus tre in-

    demniss, mais vivre de leur mtier , ce que le loup,

    les entendre, leur interdirait.

    Quand en plus ces (ir)responsables rclament,

    comme en novembre dernier, qu'on fasse appel l'ar-

    me (2) pour dzinguer l'animal honni, ou dclarent -

    ce fut le cas fin avril - qu' il faut aller prlever les

    jeunes loups dans les tanires (3), on peut lgitime-

    ment se demander au nom de quoi l'argent public (c'est-

    -dire le ntre) devrait subventionner les lobbys agri-

    coles et cyngtiques les plus borns, alors que les

    fonds en question aideraient tellement mieux les le-

    veurs responsables qui cherchent adapter leurs m-

    thodes la prsence des grands prdateurs.

    Si tant est qu'elle est encore capable d'entendre

    des paroles senses, il serait grand temps que Mme

    Royal, au lieu de fayoter auprs des pires ennemis de la

    faune sauvage, en prenne conscience et interdise toutes

    les mesures visant au prlvement (!!) de loups, me-

    sures qui ont, de toute faon, largement montr leur

    inanit (4).

    Grard Roy

    (1) Association pour la Protection des Animaux sauvages

    www.aspas-nature.org

    (2) Ren Laurens, prsident de la FDSEA des Hautes-

    Alpes.

    (3) Yves Derbez, prsident de l'association leveurs et

    Montagnes.

    (4) Sans parler de leur illgalit, le loup tant une espce

    protge.

    Tanires

    ET MAINTENANT, SUS AUX LOUVETEAUX !

  • 12

    Ne pas confondre. Kaboul, une jeune

    femme accuse ( tort, en plus !) d'avoir brl un coran

    est lynche, jete d'un toit et brle par la foule. Rap-

    pelons que ce regrettable excs n'a rien voir avec

    l'islam.

    Pas d'amalgame. Les Chabab revendiquent

    le massacre de quelque 150 tudiants, presque tous

    chrtiens, dans une universit kenyane au nom de la

    lutte contre les infidles . Rappelons que ce regret-

    table excs n'a rien v... Ah ! merde, je l'ai dj dit.

    Nulle. Non seulement elle ne lit pas, mais elle

    fait aussi de la pub sur Twitter et Instagram pour qu'on

    prenne des selfies dans les muses. Rappelez-moi : elle

    est ministre de quoi, dj, Fleur Pellerin ?

    Bye ! Aprs la dculotte des dpartemen-

    tales, Christophe Perny, ex-prsident PS du Conseil g-

    nral du Jura, annonce son retrait de la vie politique. Si

    on m'avait dit qu'un jour j'applaudirais une dcision de

    Perny...!

    JVP. Incontestablement, nous donnons une

    mauvaise image de la politique , reconnat

    Jean-Vincent Plac propos des bisbilles au sein d'ELV.

    Orfvre en la matire...

    Bb. Alain

    Joyandet, qui se voit dj

    prsident de Bourgogne-

    Franche-Comt, raconte

    qui veut l'entendre

    qu'il est n, Dijon, sur

    la table de la salle

    manger de ses parents .

    S'ils avaient pu se douter

    de ce qu'il deviendrait, ils

    en

    auraient peut-tre fait le gigot du dimanche

    Caoutchouc. Un groupe chinois rachte le fabri-

    cant de pneus Pirelli, l'un des fleurons de l'industrie ita-

    lienne. Le calendrier prfr des routiers ne montrera

    dsormais plus que des Pkinoises poil.

    Trafic. 8 000 euros et une BMW (d'occase, d'ac-

    cord, mais quand mme) pour acheter un bb rom

    Marseille. a fait bien cher pour tre emmerd aprs pen-

    dant des annes par un sale gosse.

    Patrimoine. Une enqute de l'INED (1) le prouve :

    pouser un ou une riche hritire est une utopie. Depuis

    le temps que je cherche, je me disais bien, aussi...

    Pratique. L'Inde commande Dassault 36 Rafale

    prts voler . D'habitude, le Rafale, c'est comme le

    Meccano : tu achtes une bote de pices et tu montes

    tout avec ton petit tournevis.

    Gaulois. 63 % des Franais seraient favorables

    une limitation de leurs liberts individuelles au nom de la

    lutte contre le terrorisme . Les mmes qui gueulent

    qu' on n'a plus le droit de rien faire parce qu'ils doivent

    aller fumer dehors ou rouler 90 maxi.

    UN MOIS, MOIS ET MOI

    Rafale en pices dtaches !!!

  • 13

    Runion. Un ado qui surfait dans une zone inter-

    dite la baignade se fait bouffer par un requin. Moi, je

    serais requin, vu l'extermination qui se prpare, je me

    grouillerais d'en becqueter un maximum, des surfeurs.

    Sarko II. L'ex-UMP va s'appeler Les Rpubli-

    cains . Non seulement c'est l une scandaleuse opra-

    tion de dtournement politique (2), mais vu le fonction-

    nement monarchique de notre fichue Ve, Les

    Royalistes , ce serait plutt mieux, non ?

    Najat. Un nouveau calendrier scolaire aux petits

    oignons pour le lobby des sports d'hiver. Je sais pas vous,

    mais moi, un tel souci pdagogique, a m'meut...

    Bagnole. Il se vend des voitures de plus en plus

    grosses, de plus en plus sophistiques, de plus en plus

    chics et chres (gros boum sur les SUV), des acheteurs

    de moins en moins nombreux. L'galit progresse pas

    de gants.

    Bcasses. En

    Savoie, une associa-

    tion de chasse au

    fminin, LChasse,

    proteste contre le

    nouveau statut du

    renard, retir dans

    ce dpartement de la

    l i s t e d e s

    nuisibles . Dans le

    domaine de la con-

    nerie, la parit pro-

    gresse plus vite

    qu'en politique.

    Craintes. Le dput UMP Pierre Lellouche

    s'inquite de voir la loi Renseignement tomber un

    jour dans de mauvaises mains . C'est vrai qu'avec le

    retour probable de la droite en 2017...

    Flau. La rage tue chaque anne 59 000 per-

    sonnes dans le monde. Dommage que leur rage ne tue

    pas les lecteurs du Front national.

    Varitoche. Aprs Demis Roussos, Richard

    Anthony : 2015 a mal commenc pour la grande chanson

    texte. Pourvu que Cline Dion ne nous lche pas !

    Chutes. Les glises parisiennes sont si dlabres

    que plusieurs ont dj perdu des morceaux de portail ou

    de clocher. Morceaux jamais tombs sur personne ! Et y

    a encore des mcrants pour ne pas croire aux miracles !

    Grard Roy

    (1) Institut national d'tudes dmographiques.

    (2) Jean-Nol Jeanneney, dans Le Monde du 15 avril.

  • 14, rue de la Rpublique 25000 Besanon / 03 81 81 06 66 / http://franchecomte.eelv.fr/