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Memoire
Grille AGGIR et aide a la specification des besoinsdes personnes agees en perte d’autonomie
AGGIR scale: A contribution to specifying the needs ofdisabled elders
L. Aguilova a,b,*, H. Sauzeon a,b,c, E. Balland c, C. Consel d, B. N’Kaoua a,b,c
aService de medecine physique et readaptation, EA 4136, universite Bordeaux, handicap et systeme nerveux,
batiment Tastet-Girard, CHU Pellegrin, place Amelie-Raba-Leon, 33076 Bordeaux cedex, Franceb Inserm, IFR handicap, handicap et systeme nerveux, EA 4136, batiment 1B, 1er etage, 146, rue Leo-Saignat,
33076 Bordeaux cedex, Francec Inria, 200, avenue de la Vieille-Tour, 33405 Talence cedex, Franced Inria et universite de Bordeaux, 200, avenue de la Vieille-Tour, 33405 Talence cedex, France
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i n f o a r t i c l e
Historique de l’article :
Recu le 27 mars 2013
Recu sous la forme revisee le
29 novembre 2013
Accepte le 8 janvier 2014
Disponible sur Internet le
14 mars 2014
Mots cles :
AGGIR
Autonomie
Dependance
I/AVQ
Vieillissement
Keywords:
AGGIR
Ageing
Dependency
I/ADL
r e s u m e
Il existe plusieurs instruments permettant l’evaluation de la dependance, mais le plus utilise
en France est la grille AGGIR (autonomie gerontologie groupes iso-ressources). Cette grille
d’evaluation porte a la fois sur des dimensions dıtes instrumentales, correspondant a des
activites relativement complexes (la cuisine, le suivi du traitement, la gestion de budget,
etc.) et sur des dimensions a forte composante physique (dimension appelee fondamentale
et correspondant aux activites telles que le deplacement, l’habillage, la toilette, etc.). Or, a
l’heure actuelle, seules les activites fondamentales sont prises en compte dans l’evaluation
de la dependance des personnes a gees. L’objectif de notre etude etait d’identifier l’impor-
tance relative de ces 2 dimensions (fondamentales et instrumentales) dans la definition et
l’identification des difficultes que les personnes agees rencontrent au quotidien. Une
analyse en composantes principales a ete realisee a partir des grilles AGGIR de 525 personnes
agees vivant a domicile. Les resultats indiquent que la prise en compte des activites
instrumentales pourrait ameliorer l’evaluation du degre de dependance des a ges et faciliter
ainsi la mise en place de reponses adaptees au besoin des personnes en perte d’autonomie.
# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
a b s t r a c t
Several instruments are used for the assessment of the disability, and the scale AGGIR
(Autonomie Gerontologie Groupes Iso-Ressources) is the one most commonly used in
France. This scale covers so-called instrumental dimensions, that correspond to relatively
complex activities with the dominating cognitive component (cooking, medication use,
Disponible en ligne sur
ScienceDirectwww.sciencedirect.com
finances, etc.) as well as
fundamental dimension
* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Aguilova).
0035-3787/$ – see front matter # 2014 Elsevier Masson SAS. Tous drohttp://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.01.039
dimensions with the dominating physical component (so-called
s that are related to such activities as walking, dressing, toileting,
its reserves.
etc.). However, at present, only the fundamental activities are taken into account while
assessing the dependency of the elderly within the scale AGGIR. The aim of our study was to
identify the relative importance of these two dimensions (fundamental and instrumental) in
the definition and identification of difficulties that older people encounter in their everyday
life. A principal components analysis was carried out using 525 AGGIR scales of non-
institutionalized elders living at their homes. The results indicate that the inclusion of
instrumental activities may improve the assessment of dependency of the elderly and thus
facilitate the implementation of appropriate responses to the needs of disabled people.
# 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
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1. Introduction
La dependance peut se definir comme l’impossibilite (ou la
difficulte durable) a accomplir seul et sans aide les gestes de la
vie quotidienne et a participer normalement a la vie sociale.
Aujourd’hui, presque tous les travaux relatifs a la dependance
se referent a deux publications majeures concernant ce que
l’on appelle l’index d’independance dans les activites de la vie
quotidienne (AVQ en francais et ADL pour Activities of Daily
Life en anglais) [1,2]. Six fonctions sont decrites comme
centrales pour realiser un diagnostic de dependance : se laver,
s’habiller, aller a la toilette, se transferer, l’incontinence et
manger.
A la meme epoque, Lawton et Brody [3] developpent
l’evaluation des activites instrumentales de la vie quotidienne
(AIVQ en francais et IADL pour Instrumental Activities of Daily
Life en anglais). Cette evaluation cible huit fonctions plus
elaborees permettant l’autonomie domestique et sociale, a
savoir les capacites d’utiliser le telephone, de faire ses courses,
faire la cuisine, d’entretenir la maison, etc. Ces travaux princeps
serviront de base a tous les developpements ulterieurs.
En France, le systeme autonomie gerontologie groupes iso-
ressources (AGGIR) a ete retenu comme outil d’evaluation de la
dependance [4]. Il s’agit d’un outil de mesure de l’autonomie
reposant sur l’observation de 10 activites que peut ou non
effectuer seule une personne agee : se laver, s’habiller, se
deplacer, etc. L’outil permet la classification des personnes en
6 groupes GIR (Groupes Iso-Ressources) allant du groupe 1
(personnes ayant perdue toute autonomie mentale, corporelle,
locomotrice et sociale) au groupe 6 (personnes autonomes pour
les actes discriminants de la vie courante).
A co te de l’evaluation de ces activites dıtes fondamentales
(a forte composante physique et sensori-motrice), la grille
AGGIR evalue egalement des activites instrumentales (plus
complexes sur le plan cognitif), mais qui ne rentrent pas en
compte dans le diagnostic final de dependance. Il s’agit
notamment de la cuisine, les achats, la gestion de budget,
l’organisation du temps libre, les transports et le menage.
Or, aujourd’hui, les repercussions des difficultes cognitives
sur la gestion des activites instrumentales [5–7], et de facon plus
generale, sur la gestion des activites de la vie quotidienne [8,9]
ont clairement ete identifiees. Par exemple, Dodge et al. [5] ont
mis en relation, dans une etude longitudinale, les difficultes
cognitives dans de tres nombreux domaines (apprentissage,
memoire, fonctions executives, denomination, capacites visuo-
spatiales, fluences categorielles, etc.) avec les activites ins-
trumentales evaluees a l’aide de l’evaluation OARS (Older
American Ressources and Services). Ils montrent que les profils
cognitifs (quel que soit le domaine evalue) sont d’excellents
predicteurs des declins fonctionnels lies a l’age.
Dans ce travail, nous avons realise une analyse factorielle a
partir des donnees de 525 personnes agees ayant beneficie
d’une evaluation AGGIR, en prenant en compte a la fois les
activites fondamentales (habituellement utilisees dans le
diagnostic de dependance) mais egalement les activites
instrumentales. L’objectif est d’identifier l’importance relative
de ces 2 dimensions (fondamentales et instrumentales) dans
la definition et l’identification des difficultes que les personnes
agees rencontrent au quotidien. Il s’agit egalement de montrer
que la prise en compte des activites instrumentales peut
ameliorer l’evaluation du degre de dependance et faciliter
ainsi la mise en place de reponses adaptees au besoin des
personnes en perte d’autonomie.
2. Population et methode
2.1. Population d’etude
La presente etude porte sur l’analyse des donnees recueillies
aupres de 525 personnes agees vivant a leur domicile en Gironde
(France). Les caracteristiques socio-demographiques des per-
sonnes sont resumees dans le Tableau 1. Toutes les personnes
sont beneficiaires d’une assistance a domicile fourni par les
centres communaux d’action sociale (CCAS). Il s’agit d’une
etude retrospective sur dossier portant sur les donnees fournies
par l’UDCCAS de Gironde qui constitue le principal reseau
public d’aide a domicile en France. Ces donnees correspondent
aux personnes gerees par l’UDCCAS 33 entre 2011 et 2013.
2.2. La cotation AGGIR
La grille nationale autonomie gerontologie groupes iso-
ressources a pour but d’evaluer le degree de perte d’autonomie
et de dependance des personnes agees a l’aide d’un systeme
de classification en 6 groupes iso-ressources [10].
La grille d’evaluation comporte deux ensembles de
variables : 10 variables discriminantes (ou de classification) :
coherence (communication et comportement), orientation
(dans le temps et dans l’espace), toilette (du haut et du bas du
corps), habillage (du haut, du milieu et de bas du corps),
alimentation (se servir et manger), elimination (fecale et
urinaire), transferts, deplacements a l’interieur, deplacements
a l’exterieur, communication a distance (telephone, alarme).
Ces variables correspondent a des activites fondamentales de
Tableau 1 – Caracteristiques socio-demographiques des sujets et groupes iso-ressources (GIR), n = 525.
GIR 1 GIR 2 GIR 3 GIR 4 GIR 5 GIR 6 Total
n (%) n (%) n (%) n (%) n (%) n (%) n (%)
Ensemble des sujets 3 (0,6) 48 (9,1) 64 (12,2) 146 (27,8) 112 (21,3) 152 (29,0) 525 (100)
Age
Moyenne (ecart-type) 82,7 (2,1) 81,8 (10,2) 84,2 (7,8) 82,2 (7,3) 79,9 (11,5) 79,2 (8,8) 81,1 (9,2)
En classes
< 75 ans – 9 (19,1) 6 (9,5) 23 (16,5) 17 (15,9) 27 (21,8) 82 (17,0)
75–79 ans – 5 (10,6) 7 (11,1) 28 (20,1) 28 (26,2) 33 (26,6) 101 (21,0)
80–84 ans 2 (66,7) 9 (19,1) 15 (23,9) 27 (19,4) 24 (22,4) 32 (25,8) 109 (22,6)
85 ans et + 1 (33,3) 24 (51,1) 35 (55,6) 61 (43,9) 38 (35,5) 32 (25,8) 191 (39,5)
Sexe
Hommes 1 (33,3) 1 (31,3) 19 (29,7) 41 (28,1) 30 (26,8) 45 (29,6) 151 (28,8)
Femmes 2 (66,7) 33 (68,8) 45 (70,3) 105 (71,9) 82 (73,2) 107 (70,4) 374 (71,2)
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la vie quotidienne [10] et permettent le calcul du score GIR ;
7 variables illustratives (gestion, cuisine, menage, transport,
achats, suivi du traitement, activites de temps libres). Celles-ci
ne sont pas prises en compte dans le calcul du score GIR, mais
sont utilises pour l’elaboration du plan d’aide personnalise.
Ces variables correspondent aux activites instrumentales de la
vie quotidienne [11]. Pour chaque variable, trois modalites de
reponses sont proposees : personnes effectuant seul, totale-
ment, habituellement et correctement les activites ; personnes
effectuant ces activites partiellement, ou non habituellement
ou non correctement et personnes n’effectuant pas ces
activites.
Le classement, effectue par un algorithme de calcul,
regroupe les personnes qui necessitent des ressources ou
qui generent des couts similaires (groupes iso-ressources). Les
personnes sont alors affectees a l’un des groupes allant du
GIR 6 (personnes qui n’ont pas perdu leur autonomie pour les
actes discriminants de la vie quotidienne) au GIR 1 (personnes
confinees au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales
sont gravement alterees et qui necessitent une presence
indispensable et continue d’intervenants).
2.3. Analyses statistiques
Les analyses statistiques ont ete realisees a l’aide d’une analyse
en composantes principales (ACP) sans puis avec rotation
Varimax. L’analyse en composantes principales, notee ACP, fait
partie des techniques descriptives multidimensionnelles. A
partir d’une base de donnees a « n » observations et « p »
variables (quantitatives), l’analyse permet de resumer l’infor-
mation disponible a l’aide de quelques variables synthetiques
appelees facteurs. L’interpretation de ces facteurs permet
d’extraire, de hierarchiser et de donner un sens aux informa-
tions contenues dans la base de donnees initiale. La rotation
Varimax est une rotation orthogonale des facteurs permettant
de maximiser l’extraction d’informations pertinentes.
3. Resultats
Parmi les 525 dossiers analyses, 28,8 % etaient des hommes et
71,2 % des femmes. L’age moyen est de 81,1 ans (� 9 ans).
L’etude de la repartition montre qu’une tres forte proportion
des sujets (78,1 %) est classee dans les groupes les moins
dependants – groupes 4, 5 et 6 (29,1 % des personnes
appartiennent au groupe 6 et sont donc totalement auto-
nomes). Meme si cette proportion diminue avec l’age, 68,6 %
des sujets les plus agees (85 ans et plus) sont encore classes
dans les groupes 4, 5 et 6.
Une analyse en composantes principales (ACP) sans et avec
rotation orthogonale Varimax a ete utilisee pour etudier la
structure factorielle des 525 grilles AGGIR [12].
L’ACP sans rotation a permis d’identifier une solution a
quatre facteurs : facteur 1 (47 p. 100), facteur 2 (10 p. 100),
facteur 3 (8 p. 100) et facteur 4 (6 p. 100) (Tableau 2). Afin de
preciser ces facteurs, une rotation orthogonale Varimax a ete
effectuee (Tableau 3).
La rotation Varimax a egalement permis d’identifier
4 facteurs. Le facteur 1 (22 p. 100) comporte des variables
telles que les achats, les activites de temps libre, l’utilisation
des transports, le suivi de traitement, la gestion de budget, la
cuisine, les deplacements exterieures, la communication a
distance (telephone, alarme) et le menage. Il s’agit, pour
l’essentiel, de variables correspondant a des activites ins-
trumentales complexes de la vie quotidienne. Le facteur 2
(19 p. 100) identifie des variables qui correspondent a des
activites demandant des efforts physiques moderes : l’habil-
lage et la toilette. Le facteur 3 (16 p. 100) identifie essen-
tiellement les variables coherence et orientation. Le facteur 4
(14 p. 100) comporte de variables correspondants aux activites
fondamentales de la vie quotidienne telles que les deplace-
ments a l’interieure, le transfert de positions, l’alimentation et
l’elimination.
4. Discussion
Dans ce travail, nous avons analyse les grilles AGGIR de
525 personnes agees vivant a domicile. L’objectif etait
d’identifier l’importance relative des activites dıtes fonda-
mentales (a forte composante physique) et instrumentales (a
forte composante cognitive) dans la definition et l’identifica-
tion des difficultes que les personnes agees rencontrent au
quotidien. Il s’agissait egalement de montrer que la prise en
compte des activites instrumentales dans l’analyse des grilles
AGGIR pouvait ameliorer l’evaluation du degre de dependance
Tableau 2 – Analyse en composantes principales (ACP) autonomie gerontologie groupes iso-ressources (AGGIR) : sansrotation.
Variables Facteur 1 Facteur 2 Facteur 3 Facteur 4
Habillage du milieu du corps 0,816 �0,283 �0,342 �0,184
Suivie du traitement 0,788 0,037 0,309 �0,051
Habillage de haut du corps 0,785 �0,270 �0,359 �0,220
Se servir 0,776 0,243 �0,128 0,188
Toilette du haut du corps 0,769 �0,302 �0,377 �0,237
Transports 0,739 �0,098 0,302 0,072
Habillage du bas du corps 0,737 �0,325 �0,300 �0,251
Communication a distance 0,732 0,111 0,296 0,028
Toilette du bas du corps 0,729 �0,360 �0,348 �0,237
Achats 0,722 �0,236 0,394 �0,012
Cuisine 0,715 �0,197 0,259 �0,130
Manger 0,689 0,287 �0,220 0,243
Deplacements interieurs 0,686 �0,166 �0,003 0,287
Deplacements exterieurs 0,663 �0,207 0,283 0,154
Transfert des positions 0,641 �0,245 �0,020 0,358
Elimination fecale 0,631 0,189 �0,264 0,548
Elimination urinaire 0,630 0,198 �0,285 0,546
Coherence de communication 0,629 0,554 �0,059 �0,193
Activites temps libre 0,624 �0,163 0,400 0,053
Coherence de comportement 0,612 0,609 �0,046 �0,218
Gestion de budget 0,564 0,029 0,469 �0,045
Menage 0,481 �0,227 0,259 �0,130
Orientation dans le temps 0,577 0,656 0,016 �0,238
Orientation dans l’espace 0,564 0,571 0,023 �0,272
Pourcentage 47 10 8 6
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et faciliter ainsi la mise en place de reponses adaptees au
besoin des personnes en perte d’autonomie.
L’analyse en composantes principales a permis d’identifier
4 facteurs expliquant 71 % de la variance totale. Le premier
Tableau 3 – Analyse en composantes principales (ACP) autonoVarimax.
Variables Facteur 1
Achats 0,792
Activites temps libre 0,721
Transports 0,698
Suivie du traitement 0,693
Gestion de budget 0,682
Cuisine 0,673
Deplacements exterieurs 0,670
Communication a distance 0,632
Menage 0,541
Toilette du haut du corps
Toilette du bas du corps
Habillage du haut du corps
Habillage du milieu du corps
Habillage du bas du corps
Orientation dans le temps
Coherence de comportement
Orientation dans l’espace
Coherence de communication
Elimination urinaire
Elimination fecale
Manger
Se servir
Transfert des positions
Deplacements interieurs
Pourcentage 22
Les valeurs > 0,50 ont ete retenues comme significatives, les valeurs < 0
facteur comporte principalement des variables liees aux
activites instrumentales de la vie quotidienne avec, en
particulier, les achats, les activites de temps libre, l’utilisation
des transports, le suivi de traitement, la gestion de budget, la
mie gerontologie groupes iso-ressources (AGGIR) : rotation
Facteur 2 Facteur 3 Facteur 4
0,862
0,851
0,837
0,835
0,816
0,874
0,844
0,811
0,797
0,846
0,840
0,611
0,567
0,546
0,512
19 16 14
,50 ont ete supprimees pour la clarte du tableau.
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cuisine, les deplacements exterieurs, la communication a
distance et le menage. L’atteinte de ces activites a deja ete
identifiee comme jouant un ro le crucial dans le diagnostic de
perte d’autonomie [13]. Plusieurs etudes recentes suggerent
que les fonctions executives seraient parmi les premieres
fonctions cognitives a subir les effets negatifs du vieillisse-
ment normal. Or, ces fonctions jouent un ro le fondamental
dans la gestion des activites instrumentales comme ont pu le
demontrer differents auteurs. Par exemple, dans une etude
longitudinale, Royall et al. [14] ont observe une correlation
importante entre le score obtenu a une mesure des fonctions
executives (l’Executive Interview test) et le declin des
activites instrumentales chez les personnes a gees (appre-
hendee par l’Older Adults Resources Scale) (pour des resultats
similaires : [15,16]).
L’atteinte des fonctions executives liee au vieillissement
serait donc le principal mediateur des atteintes des activites
quotidiennes et en particuliers des activites instrumentales
necessitant la mise en jeu de processus de planification, de
flexibilite, d’inhibition, etc. (telles que les activites correspon-
dants a notre premier facteur).
Le facteur 2 identifie des variables qui renvoient a des
activites elementaires des la vie quotidienne (l’habillage et la
toilette). Il faut noter que le lien entre les limitations
fonctionnelles (difficultes sensorielles, cognitives, physiques,
etc.) de la personne a gee et les difficultes et/ou le besoin d’aide
pour realiser des activites elementaires (telles que se nourrir,
se laver, s’habiller, aller aux toilettes, se lever du lit et se
coucher) est relativement complexe et depend de nombreux
parametres. Par exemple, selon l’enquete Handicap-incapa-
cites-dependance de l’Insee [17] sur les 14,75 millions de
personnes agees de 55 ans ou plus, la moitie presente un ou
plusieurs problemes fonctionnels, c’est-a-dire concretement
des difficultes a voir, se deplacer, se pencher, se souvenir, etc.
Parmi les personnes qui presentent ces genes, une sur cinq
rencontres de serieuses difficultes pour realiser des activites
elementaires de la vie quotidienne (se nourrir, se laver,
s’habiller, aller aux toilettes, se lever du lit et se coucher). Les
autres personnes parviennent a mener seules ces activites, en
depit de leurs problemes fonctionnels. Ce qui differencie les
personnes qui maintiennent leur autonomie pour ces activites
peut etre la nature physique, sensorielle ou cognitive des
problemes fonctionnels, leur frequence et leur gravite ou
encore la facon de les compenser (amenagement de l’envi-
ronnement, aidants familiaux, professionnels, etc.) [17].
Le facteur 3 identifie des variables en lien avec le
comportement et la communication (item note coherence)
et l’orientation dans le temps et dans l’espace. Tout comme le
facteur 1, ces variables renseignent sur les difficultes
cognitives des personnes agees mais temoignent d’une
aggravation importante des difficultes de la vie quotidienne.
En effet, il a ete etabli que les incoherences de communication,
les troubles visuospatiaux et de l’orientation, ainsi que les
difficultes d’adaptation comportementale font partie des pre-
requis pour le diagnostic de la demence et sont des facteurs
clairement identifies de perte d’autonomie chez la personne
agee [18]. Enfin, le facteur 4 identifie les variables suivantes :
les deplacements a l’interieure, les transferts de positions
(couche/assis/debout), l’alimentation et l’elimination. Tout
comme, le facteur 2, il s’agit de variables en lien avec l’activite
physique et locomotrice, mais la encore, un declin de ces
activites temoigne d’une aggravation importante des difficul-
tes quotidiennes. Par exemple, plusieurs travaux ont identifie
les troubles de l’alimentation et de l’elimination comme des
indicateurs majeurs (voire ultimes) de perte d’autonomie chez
la personne agee [19–21].
Dans notre etude, les deux premiers facteurs (respective-
ment 47 % et 10 % de la variance) identifient essentiellement
les difficultes dans les activites instrumentales (premier
facteur) et fondamentales (second facteur). Or, comme nous
l’avons vu, dans la grille AGGIR, l’evaluation des difficultes de
la vie quotidienne repose en grande partie sur une synthese
des travaux de Katz autour des activites fondamentales (AVQ
[1,2]) et des travaux de Lawton et Brody [3] autour des activites
instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ). Les resultats de
notre etude confirment l’interet de prendre en compte ces
2 composantes dans l’identification des difficultes des ages et
dans la mise en place de reponses adaptees.
Dans une etude realisee aupres de 2977 personnes agees,
Spector et Fleishman [20] avaient deja indiques qu’une
combinaison des echelles AVQ et AIVQ augmentait la
sensibilite aux effets du vieillissement. Par la suite, LaPlante
[21] a confirme ce resultat aupres de 25 470 personnes en
montrant qu’une echelle combinant les AVQ et les IAVQ
montrait une plus grande validite pour definir les besoins
d’aide des a ges, ainsi qu’une plus grande sensibilite a l’a ge, en
comparaison de l’echelle classique d’AVQ.
Roudier et al-Aloucy [22] ont egalement realise une ACP a
partir des items de la grille AGGIR mais sans prendre en
compte les variables instrumentales. Ils ont essentiellement
inclus des sujets dements dont l’etat cognitif a ete apprecie par
le Mini Mental State (MMS [23]) et la Severe Impairment
Battery (SIB [24]). L’analyse a identifie 5 facteurs en fonction
des variables les mieux representees : proprete (habillage,
toilette, elimination), dynamique (transferts, deplacements a
l’interieure), cognitif (coherence, orientation, alimentation),
deplacements a l’exterieur, communication a distance. Mais
les auteurs soulignent la necessite de prendre en compte, dans
l’evaluation des difficultes, les variables evaluant les troubles
cognitifs (instrumentaux) et psycho-comportementaux.
Meme si la conclusion de ces derniers auteurs rejoint les
conclusions de notre etude, il faut noter qu’une des limites de
notre travail est que nous n’avons pas pu acceder aux donnees
concernant les eventuels troubles cognitifs et les comorbidites
de notre echantillon. Les consequences sont attenuees du fait
que les sujets explores vivent essentiellement a domicile, ce
qui explique qu’une tres forte proportion des sujets (78,1 %) est
classee dans les groupes les moins dependants – groupes 4, 5 et
6 (29,1 % des personnes appartiennent au groupe 6 et sont donc
totalement autonomes). Mais il sera interessant a l’avenir
d’inclure les donnees concernant le statut cognitif et medical
des ages afin d’en evaluer l’impact sur les difficultes au
quotidien.
Enfin, il faut noter egalement que les caracteristiques de
notre echantillon (personnes vivant a domicile) limitent
egalement la portee des conclusions. Ces caracteristiques
expliquent certainement en partie la prevalence des difficultes
instrumentales (facteur 1) sur les difficultes dans les activites
elementaires (facteur 2). En effet, l’enquete Handicaps-
incapacites-dependance de l’Insee [17] montre de larges
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differences entre la population vivant en institutions et celle
vivant a domicile (le leur, celui d’un proche ou un logement-
foyer). Dans la population agee de 55 ans et plus, les
limitations fonctionnelles (vue, orientation dans le temps,
souplesse et manipulation, locomotion et equilibre) touchent
95 % des residents des institutions et 48 % des personnes
vivant a domicile. Les restrictions d’activite severes pour
realiser les soins personnels (se nourrir, se laver. . .) concer-
nent quant a elles respectivement 65 et 9 % de ces deux
groupes de population. Il sera donc interessant a l’avenir de
comparer nos resultats a ceux issus d’analyse incluant des
personnes a gees vivant en institution.
En conclusion, comme nous l’avons indique, la grille AGGIR
est le systeme retenu, sur le plan national, pour identifier le
degre de dependance des personnes a gees. Mais, a l’heure
actuelle, la classification en groupes iso-ressources ne repose
que sur les variables dıtes fondamentales. Or, notre etude
montre que la prise en compte des activites instrumentales
pourrait ameliorer l’evaluation du degre de dependance des
ages et faciliter ainsi la mise en place de reponses adaptees au
besoin des personnes en perte d’autonomie.
Declaration d’interets
Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en
relation avec cet article.
Remerciements
Cette etude a ete co-financee par la CARSAT Aquitaine.
r e f e r e n c e s
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