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Gutenberg 2.0

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Le livre est un objet qui n’a cessé de connaître des évolutions au fil des millénaires. Il va durant cette première décennie du XXIe siècle connaître une révolution comparable à celle de l’imprimerie (XVe siècle). Le livre aborde les nouvelles technologies à l’œuvre dans ces livres de nouvelle génération avec un nouvel aspect pratique autour des lecteurs disponibles Sony Irex Bookeen Les Echos Amazon… Les évolutions prévisibles sont analysés. Une synthèse ouverte sur les impacts et les perspectives pour l’économie du livre termine ce livre. Nouveaux chapitres sur les aspects pratiques (achat utilisation…) sur les communautés sur Second Life… Nombreuses interventions de professionnels du livre…Biographie de l'auteurLorenzo Soccavo est prospectiviste de l'édition et conférencier. Il est le créateur du blog NouvoLivrActu, premier blog francophone de veille et d'information sur le livre, l'édition et la presse à l'ère du numérique : nouvolivractu.cluster21.com. Après plus de quinze années de journalisme spécialisé en actualité de l'édition off et on fine, d'abord pour les auteurs de l'écrit, puis pour l'ensemble des partenaires de la chaîne du livre et leur intégration des NTIC, il développe aujourd'hui une activité de consultant R&D au service des maisons d'édition.

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Lorenzo Soccavo

M21 Editions

GutEnbErG 2.0 :LE futur du LivrE

Six SiècLES aprèS GutEnbErG unE nouvELLE révoLution va chanGEr votrE façon dE LirE…

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iSbn: 2-916260-12-9tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

pour tous pays.

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L’auteur

conseil en stratégies de l’innovation, Lorenzo Soccavo est prospectiviste de l’édition. il est le créateur du blog nouvoLivractu, premier blog francophone de veille et d’information sur le livre, l’édition et la presse à l’ère du numérique : nouvolivractu.cluster21.com, et de nouvoLivractu SL pour la promotion du livre et de l’édition dans Second Life.

après plus de quinze années de journalisme spécialisé en actualité de l’édi-tion off et on line, d’abord, au service des auteurs de l’écrit, puis, au service de l’ensemble des partenaires de la chaîne du livre, pour les accompagner dans l’intégration des ntic, il développe aujourd’hui une activité de conférencier et de consultant r&d, notamment au service des maisons d’édition (lorenzo.soccavo.free.fr).

bibliographie- J’ose éditer mon livre. réussir son livre de l’écriture à la vente, Entrecom éd., 2004 (préface Martin Winckler).- Guide annuaire des ateliers d’écriture, dixit éd., 2004.

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Lorenzo Soccavo a été bien inspiré d’intituler son ouvrage Gutenberg 2.0 plutôt que Livre 2.0, par exemple. En effet, la numérisation des contenus éditoriaux bouscule les catégories dont, peut-être, celle-là même que

constitue le livre parmi les différents supports de l’écrit. L’auteur consacre du reste un important chapitre à la presse où les effets de la numérisation sont sans doute aujourd’hui les plus spectaculaires.

il faut dire que le livre, le bon vieux livre de papier, ne se laisse pas lui-même si facilement catégoriser. il a une histoire, c’est-à-dire des origines (bien antérieures à Gutenberg 1.0), des étapes et peut-être une fin : « nous avons tendance à oublier que les livres, éminemment vulnérables, peuvent être supprimés ou détruits. ils ont leur histoire, comme toutes les autres productions humaines, une histoire dont les débuts mêmes contiennent en germe la possibilité, l’éventualité d’une fin. », ainsi que nous le rappelle George Steiner dans Le Silence des livres.

préfacepar paul Soriano

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cette fin du livre, Lorenzo Soccavo la réfute en affirmant la permanence d’une certaine idée du livre à travers ses métamorphoses passées et, surtout, à venir, en réponse au défi du numérique.

il est vrai que le livre n’est pas tant un objet qu’un “hyper-objet” comme on dit aujourd’hui pour signifier qu’il est multidimensionnel. comme objet, déjà, il se présente sous trois aspects au moins : objet technique, objet industriel et objet de commerce. il possède à l’évidence une dimension intellectuelle, en tant que support de toutes sortes d’écrits, dont les plus prestigieux expriment et communiquent le récit et la pensée : le livre, cette « brique élémentaire » de la pensée occidentale, comme le dit Michel Melot, conservateur général des bibliothèques. Mais il existe bien d’autres sortes de livres… Sa large diffusion, sa valorisation, les soins qu’on lui prodigue dans nos sociétés “cultivées” lui confèrent aussi une dimension culturelle, jusqu’à en faire un marqueur social.

Les choses se compliquent encore quand on évoque les relations et corrélations établies entre cet objet matériel singulier, les diverses institutions du livre (dont les “auteurs” et leurs “droits”) et les caractéristiques culturelles et intellectuelles de ses contenus, sans oublier les modèles économiques. bien avant l’épreuve de la numérisation, ces relations ont connu des mutations importantes dans l’histoire des révolutions techniques précédentes : sélection du format “codex” et du matériau papier, manuscrit, page puis caractères imprimés, industrialisation et développement du commerce des livres, première introduction de l’informatique dans la création des textes et la production des ouvrages, avant que l’internet mette en circulation ces textes numérisés…

nul doute, par exemple, que la figure de l’auteur s’est progressivement consolidée au fil des transformations de l’objet livre, depuis l’âge des manuscrits dont les œuvres accueillaient divers contributeurs, souvent anonymes, jusqu’à l’âge industriel où la division du travail consacre l’auteur dont le nom, s’il est un best-seller, s’affiche ostensiblement sur la couverture ou le bandeau publicitaire. a cet égard, il semble bien que les évolutions en cours raniment des pratiques éditoriales originelles et d’anciens métiers que Gutenberg 2.0 nous restitue en les rapprochant de leurs équivalents modernes : scriptor (spécialiste du copié-collé), compilator (agrégateur de contenus), commentator (comme sur les blogs) et enfin auctor (l’auteur, mais ici engagé dans un processus collectif ) : « en somme, remarque Lorenzo Soccavo, les moines du Moyen age avaient inventé le wiki, mais sans l’informatique… ».

ainsi, même si l’on admet une permanence de l’essence du livre dans les métamorphoses de l’objet, il reste que bien des réalités, matérielles et immatérielles, attachés au livre de papier sont profondément affectées. c’est

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le cas pour le droit d’auteur, dont il faut bien reconnaître qu’il est fondé sur un artifice consistant à estimer, sinon l’insaisissable valeur de l’œuvre, du moins la rémunération due à l’auteur, calculée en pourcentage du prix de vente du support matériel de son œuvre. du coup, et eu égard aux conditions (difficiles) dans lesquelles s’effectue la distribution des livres, la part de l’auteur se révèle trois ou quatre fois inférieure à celle du libraire qui pour autant ne roule pas sur l’or ! bien entendu, la transformation du mode de production et de distribution des livres, plus radicalement la mise en cause de la division du travail éditorial, ne peut qu’ébranler ce dispositif : or c’est justement ce qui advient à l’ère de Gutenberg 2.0.

En multipliant un produit de facteurs (le livre) par un autre (les tic) on obtient donc… une complexité effarante qui devrait intimider les plus hardis prospectivistes. fallait-il s’y risquer ?

armé de la double culture d’un digital immigrant (par opposition aux digital natives du peuple des connecteurs), culture du livre, culture du numérique et du réseau, Lorenzo Soccavo a su trouver un bon positionnement pour cet ouvrage, par rapport à son propre blog de veille et d’échanges, nouvolivractu. un livre sur les métamorphoses du livre doit en effet, pour être crédible, trouver sa place dans le cours de ces métamorphoses, et ainsi justifier son existence par rapport à d’autres modes de publication traitant du même sujet.1

on lui saura gré de s’être tenu éloigné de deux catégories de commentateurs peu fréquentables : celle des fondamentalistes (“touche pas à mon livre !”) et celle des exterminateurs (“vivement qu’on s’en débarrasse !”).

un utile regard historique sur le livre (tout court) se prolonge par une analyse des premières tentatives de diffusion de livres électroniques à la fin du xxe siècle et s’enrichit d’un diagnostic sur les échecs commerciaux qu’elles ont connus. pour ce qui est de la nouvelle vague d’innovations, les aperçus techniques sont formulés de manière très pédagogiques et bien resitués dans leurs applications industrielles, comme dans leurs perspectives commerciales.

Mais la principale valeur ajoutée de l’ouvrage réside à nos yeux dans les grilles d’analyse et d’interprétation judicieusement “calées” sur la chaîne du livre. cette approche permet de découvrir à la fois les acteurs et les ouvertures stratégiques qui s’offrent à leurs initiatives.

Enfin, si Gutenberg 2.0 se propose d’abord de fournir au lecteur un bagage d’informations et de concepts pour entreprendre son propre parcours prospectif, il est néanmoins porteur d’une thèse, en forme de programme :

1 c’est du reste, sans doute, le défi qu’affrontent crânement l’ensemble des publications de M21 éditions…

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« passer du livre objet au livre-bibliothèque, du livre unique au livre interactif, du livre figé au livre multimédia, et du livre personnel au livre en réseau, c’est-à-dire du livre individuel au livre participatif. »

Gutenberg 2.0 annoncerait en somme l’épiphanie du livre, la révélation de toutes ses potentialités.

Mort (du papier) et transfiguration (du livre) ? Si la déconstruction numérique du codex conduit à une prolifération de formats adaptés à toutes sortes de supports et de pratiques, l’hybridation des modes de lecture et d’écriture peut aussi laisser toute leur place aux livres à l’ancienne.

car si nous devions opposer une objection à l’auteur, elle prendrait la forme de ce paradoxe : les prétendus handicaps du livre (de papier), à commencer par sa “clôture”, ne sont-ils pas en réalité ses principaux atouts ? Est-il bien sûr, par exemple, que le numérique introduit de l’interactivité dans un objet et une pratique qui en étaient jusqu’ici totalement dépourvus ? Eh bien, justement, non. rien n’est décidément plus interactif que la lecture d’un livre. Sans jamais rien cliquer, tout lecteur emporté par le texte pourtant immobile ne cesse d’établir des liens imaginaires avec un univers (un réseau ?) qui le déborde de toutes parts. on peut même se demander si l’introduction d’un dispositif technique d’interactivité (les liens de l’hypertexte) ne risque pas de faire obstacle à l’interactivité symbolique qui hante tous les bons livres. n’est-ce pas déjà le cas lorsque nous regardons un roman adapté au cinéma : un déficit d’interactivité ?

La bibliothèque imaginaire ressemble certes plus à un inextricable réseau de références croisées qu’à ces alignements figés d’ouvrages achevés que nous nommons communément “bibliothèque”.

Et encore faudrait-il inclure, dans ce réseau, les livres que l’on a à peine parcourus, ceux dont on a seulement entendu parler, ceux que l’on a lus et oubliés, mais dont on peut néanmoins légitimement parler, si l’on en croit pierre bayard, un universitaire qui sait comment parler des livres que l’on a pas lus2.

frères lecteurs, ne sommes-nous pas tous habités par un hypertexte qui ne doit rien aux liens html ?

2 aux éditions de Minuit.

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Mais trêve d’objections et de questions rhétoriques qui suggèrent un peu trop visiblement la réponse. cette préface n’avait d’autre motivation que de dire tout l’intérêt et le profit tirés de la lecture de cet ouvrage. Et la conclusion nous est de surcroît offerte par son auteur : « au fond, ce livre ne vous fait que cette unique promesse : tous vos rêves de lecteurs sont sur le point de se réaliser ! »

Séduisante et habile promesse dès lors que Gutenberg 2.0 invite le lecteur, rendu “actif”, à devenir lui-même le réalisateur de ses rêves : ce qui est, après tout, une assez bonne définition de l’auteur comme de l’artiste en général.

paul Soriano président de l’irepp, institut de prospective de La poste

paul Soriano a co-publié avec régis debray, directeur de Médium, le numéro 10 de cette revue (janvier-mars 2007), intitulé : Le numérique en toutes lettres, et consacré aux médias de papier à l’ère numérique.

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Sommaire

Gutenberg 2.0 : le futur du livre

Le mot de l’éditeur 11

2.1 : L’e-ink, l’encre électronique 61

2.2 : L’e-paper, un papier communicant 67

2.3 : de multiples applications 78

2.4 : Les e-books de nouvelle génération 81

2.5 : acheter et utiliser un reader en france 98

chapitre 1 : Le livre n’est pas un produit comme un autre 25

1.1 : Le livre : une histoire sans fin 25

1.2 : des livres mutants 35

1.3 : comment sera le Livre 2.0 ? 48

1.4 : Et si ce livre était un Livre 2.0… 56

chapitre 2 : de nouveaux appareils de lecture 61

préface par paul Soriano 13

Six siècles après Gutenberg une nouvelle révolution va changer votre façon de lire…

Quelques mots d’introduction 23

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chapitre 4 : Le livre 2.0, et après ? 115

4.1 un peu de prospective… 115

4.2 Les readers à l’horizon 2010 127

4.3 nouvelle charte graphique, nouveau contrat de lecture 132

index alphabétique 217

chapitre 3 : Le renouveau de la presse 105

Le vidéo-blog participatif associé au livre 215

annexes 193

chapitre 5 : réinventer la chaîne du livre 141

5.1 des lecteurs demandeurs et exigeants 141

5.2 Les communautés : un second souffle 144

5.3 Mobilisation des industriels et de nouveaux partenaires 147

5.4 édition et auteurs de l’écrit : un nouveau partenariat 153

5.5 e-marketing : de nouvelles voies de promotion 157

5.6 La diffusion / distribution à l’ère de la dématérialisation 161

5.7 La librairie du futur 170

5.8 Le mythe de la bibliothèque universelle 177

5.9 L’avenir du livre dans le Web 3d ou Web 3.0 179

chapitre 6 : En guise de conclusion… 189

remerciements 191

3.1 La presse fer de lance 105

3.2 L’édition e-paper du quotidien Les échos 110

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« on ne devrait jamais sous-estimer le pouvoir des livres. »

paul auster, brooklyn follies..

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Quelques mots d’introduction…

En quelques années nous avons tous vu notre vie quotidienne changer avec le numérique. d’abord au travail, avec de multiples applications bureautiques, puis, dans nos foyers et dans nos loisirs, avec les 33 tours devenus cd puis fi-chiers Mp3, les cassettes vhS devenues dvd, les photos argentiques devenues numériques, les téléphones portables et toute une kyrielle de gadgets, sans oublier les jeux vidéos, ni, bien évidemment, internet avec le haut débit à do-micile et le fameux Web 2.0.

pendant ces années, si la presse et l’édition s’informatisaient nous n’en sa-vions presque rien. c’était aussi de l’ordre de la bureautique, des améliorations techniques de la chaîne d’impression ou de la chaîne du livre, sans que cela ne transparaisse dans les quotidiens ou les livres que nous lisions.

Et soudain patatras ! Le monde de l’écrit est lui aussi rattrapé par l’informa-tique.de l’an 2000 à l’année 2006 les avancées n’étaient certes pas évidentes pour le grand public. Mais entre la sortie de la première édition de ce livre, en mars 2007, et ce 1er janvier de l’année 2008, force est de constater qu’il s’est passé plus d’innovations dans les secteurs du livre et de la presse que durant les sept premières années de ce xxie siècle.

Qu’il soit bien clair ici que je ne prône nullement la disparition du livre ni, à court terme tout au moins, le remplacement absolu du papier par du e-paper. Mais quand, pour la lecture, le papier traditionnel n’assume plus les attentes des digital natives, et que l’internet n’assure pas, par le rythme qu’il impose et son peu de confort de lecture, alors l’e-paper semble bien la réponse contem-poraine la plus pertinente, la mieux adaptée.

une tablette e-paper c’est une page unique et réinscriptible sur laquelle peuvent s’afficher des milliers de livres, c’est, à la fois la fantastique bibliothè-que de babel, et le mythique Livre de Sable, de borgès. Quelque part c’est magi-que. Mais cependant ce n’est plus vraiment un livre.

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Les livres que nous aimons, la lecture, cette activité particulière dont nous sommes nombreux à avoir besoin, n’ont rien à craindre des nouvelles techno-logies et du monde de demain, si, dès aujourd’hui, nous oeuvrons à construire leur avenir, leur devenir. car que serait un avenir sans racines, un livre sans his-toire, sans auteur ni éditeur ? préservons-nous d’un tel avenir.

c’est parce que je pense que c’est avec les lumières du passé qu’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir que jour après jour depuis des années je réfléchis et je travaille sur ces questions. vous éclairer est la mission que je me suis fixé en écrivant ce livre, disponible tant sur papier, que sur le Web, les pda, smartpho-nes et autres, que, bien évidemment, sur e-readers.

Et j’en suis heureux.

Lorenzo Soccavoparis, le 1er janvier 2008

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Le livre n’est pas un produit comme un autre

chapitre 1

1.1 Le livre : une histoire sans fin

L’écriture serait apparue dès le néolithique (environ 5 000 av. J -c). très tôt les premiers hommes ont tracé des signes. La peau, avec les scarifications, petites incisions superficielles de l’épiderme dont les cicatrices dessinent

des caractères fut certainement le premier support. puis ce furent les parois des grottes, lieux de refuge et peut-être de cultes. nous avons tous en tête des images de ces peintures dites pariétales, ou rupestres. au cours du quatrième millénaire avant notre ère, l’écriture se formalise comme système de commu-nication. Elle évolue alors dans le temps et l’espace : l’écriture cunéiforme des Mésopotamiens (aujourd’hui l’irak), l’écriture hiéroglyphique des égyptiens, l’écriture par pictogrammes puis par idéogrammes des indiens et des chinois, l’écriture syllabique, puis alphabétique, dont découlent les lignes que vous lisez en ce moment même.

Mais, de la fameuse pierre de rosette aux stèles gravées, si ces témoignages du passé ont pu traverser les siècles jusqu’à nous et ont pu être interprétés, c’est avant tout grâce à la pérennité de leurs supports. En effet, parler d’écriture c’est parler d’abord des supports de l’écrit. car le signe écrit est toujours tracé, gravé, buriné

au cours de l’histoire ces supports furent multiples : pierre, bois, argile sé-chée, poterie, cire, papyrus, bambou, soie, peau tannée, papier... Et bientôt, com-me nous allons le voir, e-paper (papier électronique).

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durant plusieurs siècles les supports de l’écriture et ceux de la lecture fu-rent les mêmes. S’ils évoluèrent constamment ce fut toujours pour répondre à des impératifs précis. Les deux principaux étant : la pérennité et la maniabilité. certes les traditions orales ne sont pas à négliger, mais nos civilisations mo-nothéistes sont incontestablement des civilisations de l’écrit. c’est parce que l’écrit n’était pas encore structuré en système de communication intelligible, ou bien que ses premiers supports n’étaient soit pas assez maniables, soit trop fragiles que la lecture à voix haute s’imposa d’abord comme une nécessité, pour apprendre, mémoriser et diffuser les textes. La question des supports était alors essentielle, car en vérité la nécessité d’écrire répondait aux impératifs de la civilisation : établir les actes de commerce et de propriétés, fixer les textes des lois, consigner les faits historiques marquants, établir alliances et traités de paix, diffuser textes religieux et fondateurs Le vieil adage l’exprime parfaite-ment : “Les paroles s’envolent les écrits restent ”

pour quelles raisons un support d’écriture doit-il évoluer ?

pour l’homme

– être plus maniable

– être transportable

– être aisément inscriptible

pour l’époque

– être conservable

– être adaptable aux usages

– être un mode d’accès aux textes

pour l’avenir

– être pérenne

– être un témoignage du passé

– être compatible

hier comme aujourd’hui, supports et usages ont toujours été liés. d’un côté, l’usage recherché oriente le choix d’un support, et, d’un autre côté, l’utilisation d’un support donné, parce que disponible dans l’environnement par exemple, influence l’usage qui en est fait. aux débuts de l’écriture, la matière du support a influencé la graphie. tracer un texte sur une tablette d’argile ou écrire sur du papyrus en rouleau impliquent des techniques différentes.

Survolons rapidement les grandes étapes d’évolution, de la pierre gravée au livre, tel que nous les connaissons aujourd’hui. Les babyloniens écrivaient

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1 le livre n’est pas un produit comme un autre

sur des tablettes d’argile humide, qu’ils laissaient ensuite sécher et durcir au soleil. égyptiens, puis Grecs et romains écrivaient sur de longues bandes de papyrus qu’ils enroulaient. Le papyrus est une plante graminée vivace qui était alors commune dans le delta du nil et qui servait déjà de matière première, no-tamment pour la fabrication de vêtements, de cordes, ou le calfatage des em-barcations. La présentation en rouleau s’impose, car elle apparaît alors comme le moyen le plus pratique pour relier entre elles, et souvent sur une longueur totale de plusieurs mètres, des bandes constituées d’étroites lamelles de papy-rus d’une vingtaine de centimètres de long chacune. La spécificité du support induit une disposition du texte en colonnes. deux techniques ont alors cours : le volumen et le rotulus. dans le premier cas, le rouleau se présente horizonta-lement et le texte est en colonnes, colonnes qui préfigurent ce que seront plus tard les pages. Le lecteur déroule d’un côté et enroule de l’autre, pour faire défi-ler les colonnes de texte devant ses yeux. dans le second cas, le rotulus, le rou-leau se déroule verticalement et les lignes de texte courent sur toute la largeur du rouleau. ce système préfigure la lecture sur écran d’ordinateur que nous pratiquons couramment de nos jours. dans les deux cas, la diffusion du texte et son transport notamment sont plus faciles que lorsqu’il s’agissait de pierres gravées. La lecture, en revanche, n’est guère aisée. il faut sans cesse dérouler et enrouler, parfois assez longtemps si l’on veut, par exemple, accéder à une partie de texte en fin de rouleau. avec le parchemin, peau d’ovin, poncée puis tannée (s’il s’agit d’une peau de veau, l’on parle de vélin), plus souple et donc assemblable en cahiers, l’idée d’assembler des feuilles de manière à constituer un volume va être un véritable progrès. La page apparaît alors.

aujourd’hui, au xxie siècle, avec les tablettes de lecture en e-paper c’est, nous le verrons en détails dans ce livre, l’accès immédiat à des centaines de volumes sur une seule et unique page réinscriptible à loisir qui est maintenant possible.

Si dès le début du Moyen age les chrétiens parviennent à imposer l’usage du parchemin c’est que ce dernier est plus résistant que le papyrus et facilite grandement la propagation de leurs écrits. L’usage du rouleau n’est plus néces-saire, car, contrairement au papyrus, on peut dorénavant plier les feuilles sans les casser. on peut aussi maintenant consulter aisément une page précise. Le lecteur accède au droit à une lecture sélective et silencieuse. il peut également écrire sur les deux faces. Les mains libérées, il peut consulter plusieurs ouvrages simultanément et les annoter s’il le souhaite. ce faisant se constituent ainsi naturellement les premiers codices (pluriel de codex). certains, parmi les tout premiers sont constitués d’un assemblage de planchettes de bois ou de cire. En latin, codex signifie “tablette à écrire”. Les premières couvertures apparaissent. Leur fonction première est utilitaire : rassembler et protéger les feuilles de par-chemin. il n’y a pas encore de reliure et l’ensemble est maintenu fermé par un système d’agrafes ou de lacets. Si ce mode s’impose c’est parce qu’il est d’un

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maniement plus facile, non seulement pour la lecture, comme nous venons de le voir, mais, également, pour le rangement et le repérage des textes. ce pas-sage du rouleau au codex est la première étape importante dans l’histoire du livre. Elle est favorisée par le christianisme, qui est à l’époque un mouvement en pleine expansion et qui a besoin d’un média moderne pour diffuser ses idées. La bible paraîtra en codex dès le iie siècle.

au xie siècle les arabes introduisent dans les pays méditerranéens le papier, que les chinois avaient inventé dès le ier siècle. La réticence de l’homme au changement n’est pas chose nouvelle et le papier est à ses débuts considéré seulement comme un succédané au parchemin. Le papier est fabriqué à par-tir des fibres de cellulose contenues dans les cellules végétales. très vite, l’ac-croissement constant des besoins en papier d’une qualité convenable et égale conduit à industrialiser la fabrique de la pâte à papier et à imposer le bois, donc les arbres, comme principale matière première. Le papier finit par s’imposer comme le support privilégié à la transmission des savoirs.

Le passage de la xylographie (système qui prévalait jusqu’alors d’impres-sion des textes au moyen de planches de bois gravés en relief ), à l’impression typographique (basée sur l’assemblage de caractères mobiles en plomb, afin de former les mots) est la deuxième étape importante dans l’histoire du livre. Elle se déroule dans la deuxième moitié du xve siècle, grâce au célèbre Guten-berg. Elle a pour effet d’accroître le nombre de publications et d’augmenter en conséquence les besoins en papier. L’invention des caractères mobiles puis de la presse à imprimer permettent de mécaniser, puis progressivement d’indus-trialiser l’imprimerie. a la fin du xve siècle les manuscrits, qui étaient des textes copiés et recopiés peuvent désormais tous être imprimés.

durant des siècles les supports de l’écriture et ceux de la lecture avaient été les mêmes. avec l’imprimerie, il y a un certain découplage entre supports d’écriture, d’une part, et, objet dédié à la lecture, d’autre part. c’est ce que nous pourrions appeler, l’ère Gutenberg 1.0. aujourd’hui, au xxie siècle, il est intéres-sant de constater que nous revenons à la fusion initiale. un utilisateur lambda peut, grâce à la pao (publication assistée par ordinateur) produire un texte avec une mise en page professionnelle et les caractéristiques qu’il souhaite comme police de caractère, format, etc. L’ordinateur est à la fois support d’écriture, de lecture et de diffusion du texte. Les tablet pc et les futurs readers, nouveaux ap-pareils de lecture, seront tout aussi bien des supports d’écriture que de lecture, avec, en plus, une dimension interactive et rich media. nous entrons dans l’ère de Gutenberg 2.0.

cependant, aujourd’hui comme hier, supports et techniques, usages et pra-tiques restent liés dans une chaîne d’influences réciproques. toutes les muta-tions de l’objet support de l’écrit, en tant qu’appareil de lecture, du codex au li-vre que vous tenez entre vos mains (à moins que vous ne lisiez déjà ce texte sur

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un reader e-paper, ce qui est tout à fait possible à l’heure où j’écris ces lignes) toutes ces mutations ont été primordiales.

au fil des siècles l’objet livre a régulièrement évolué, en termes de capacités, pour :

• Plus de pérennité : capacité à durer, à traverser les aléas du temps

• Plus de compacité : capacité, à la fois, à occuper moins de place et, à conte-nir plus, à stocker un nombre toujours plus élevé de caractères, toujours plus de texte

• Plus de liberté : capacité du texte à s’émanciper des contraintes liées au support, et de libérer auteurs et lecteurs en facilitant la diffusion et le partage…

Les trois grandes révolutions du livre

passage du rouleau au codex

– apparition de la page

– passage à une lecture spéculative

– Meilleure conservation des textes

passage de la xylographie à l’imprimerie

– démocratisation du livre

– Multiplication des publications

– Livres transportables

passage de l’analogique au numérique

– immédiateté d’accès

– interactivité et rich media

– Extension des capacités de stockage et de conservation

Le livre n’est pas un produit comme un autre. notre rapide survol de 5 000 ans av. J -c à 2 000 ans après le démontre amplement. Si l’histoire n’a retenu que le nom de Gutenberg, de nombreux autres ont œuvré au fil des siècles sans que leur nom ne passe à l’histoire. il en fut presque ainsi pour teobaldo Ma-nucci, lequel changea son nom en aldo Manuzio, avant de le latiniser en aldus Manutius, tout cela pour être en fin de compte connu en france sous le nom d’alde Manuce, ou, parfois, sous celui de tebaldo Manuccio ! pour que son nom entre dans la postérité il faut certes faire plus simple ! né à bassiano en 1450, ce disciple vénitien de Gutenberg, lui-même imprimeur et typographe, est le

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créateur du style italique, mais, surtout, s’il est de nouveau l’objet de nos louan-ges au xxie siècle c’est pour avoir promu au xve l’idée, proprement révolution-naire, d’un “livre de main”, un livre transportable qu’il appelait enchiridion. alors que le véritable livre de poche n’allait connaître le succès qu’en 1953. tebaldo aujourd’hui en témoignerait : le livre, toujours, a été un objet mutant au cœur de plusieurs réseaux d’influences.

de tout temps la question s’est posée de déterminer pourquoi il est si diffi-cile d’anticiper les nouveaux usages. comment réduire la distance entre, d’une part, ce que de nouvelles technologies rendent possibles, et, d’autre part, ce que l’on espère ou imagine en lançant un produit innovant, et, en fin de compte, ce qu’il se passe vraiment dans la vraie vie, sur le terrain, sur le marché, comme l’on dit aujourd’hui.

il serait puéril d’imaginer qu’il fallut attendre le xxe siècle pour que prédo-mine la loi du marché ! pour s’imposer la mythique bibliothèque d’alexandrie en Egypte décréta un embargo sur le papyrus, afin de s’en assurer le monopole au lieu de chercher à en maîtriser le marché. En réponse, la bibliothèque rivale de pergame, en turquie, adopta comme nouveau support les peaux d’animaux : le parchemin. c’est lorsque le parchemin put être fabriqué en nombre et devint plus rentable, que cessa totalement l’importation de papyrus d’égypte.

c’est lorsqu’une demande sociale plus forte plébiscite le codex, que ce der-nier supplante le volumen. Si le papier finit par remplacer le parchemin, c’est que ce dernier était de plus en plus coûteux en peaux, qui étaient autant de peaux qui ne pouvaient être transformées en cuir. Le parchemin était plus ré-sistant que le papyrus, le papier moins coûteux que le parchemin. Si en l’an 2000 les premiers livres électroniques n’ont pas connu le succès, c’est pour des raisons précises : une technique qui restait encore à développer, un mo-dèle économique qui restait à préciser et, surtout, à l’époque, une demande à

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créer de toute pièce. il n’y avait, en l’an 2000, aucune demande sociale, non seulement de la part des lecteurs passionnés, mais simplement des usagers du livre, des lecteurs lambdas qui n’étaient pas, à l’époque, connectés et habitués aux appareils numériques, comme ils le sont aujourd’hui. de plus, la nécessité commerciale pour les acteurs de la chaîne du livre était encore moins évidente, ou moins pressante, qu’elle peut être à l’approche des années 2010. de 2000 à 2008, nous allons le voir, le contexte a énormément évolué. heureusement.

où va le livre ?

« au ive siècle de l’ère chrétienne, une forme nouvelle du livre s’imposa définitivement aux dépens de celle qui était familière aux lecteurs grecs et romains. Le codex, c’est-à-dire un livre composé de feuilles pliées [...] avec la nouvelle matérialité du livre, des gestes impossibles devenaient communs : ainsi, écrire en lisant, feuilleter un ouvrage, repérer un passage particulier. Les dispositifs propres au codex transformèrent profondément les usages des textes » in où va le livre ? collectif sous la direction de Jean-Yves Mol-lier, éditions La dispute, 2000-2002.

toutes les évolutions du livre qui ont eu lieu au cours des siècles ont eu lieu car elles étaient, au fond, nécessaires. rétrospectivement, elles furent nécessai-res à l’émergence du livre tel que nous le connaissons aujourd’hui, mais surtout elles étaient indispensables pour la diffusion et la pérennité des textes. c’est grâce à ces changements que nos cultures ont pu se développer et que le livre en a été le principal vecteur de développement. de plus, il est intéressant de constater qu’au fil de ces évolutions, et ce, malgré les apparences, il y a toujours eu une continuité. Et, de fait, il en est bien ainsi, par exemple, pour la gestion du texte qui, avec les nouvelles technologies, redevient, comme au Moyen age, participative. Jadis en effet, le texte n’étant pas figé par le droit de propriété lit-téraire et le commerce du livre, il demeurait vivant : le scriptor recopiait simple-ment les textes - on parlerait aujourd’hui de copié-collé ; le compilator faisait en quelque sorte office d’agrégateur, en ajoutant des compléments d’informa-tions provenant d’autres sources - un fil rSS3 en quelque sorte ; le commentator, comme son nom l’indique clairement, commentait - l’on pense ici à la publi-cation des commentaires sur les blogs ; l’auctor, lui, publiait ses propres idées, mais, en enrichissant sa pensée des diverses contributions. En somme, les moi-

3 really Simple Syndication. Lire rSS, blogs, un nouvel outil pour le management, Jean-claude Morand, M21 éd., 2005. www.rssblogsmanagement.com

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nes du Moyen age avaient inventé le wiki4, mais sans l’informatique. En outre, il est évident qu’à leur époque, comme aujourd’hui, la question de la lecture sur support nomade était d’actualité.

S’il y a bien continuité, il est également intéressant de constater qu’il y a également un vaste mouvement d’assimilation/accommodation de par les siè-cles. aujourd’hui, la numérisation des textes et, nous le verrons, la dématéria-lisation des livres, entraînent, à nouveau, une véritable réflexion sur l’éditorial et son adaptation aux nouveaux supports. En fait, il ne serait guère surprenant que la lecture du xxie siècle sur readers se fasse par blocs de texte, sur le mo-dèle ancien des versets. Les nouvelles technologies d’affichage, et notamment les possibilités de zoomage et de recomposition à la volée du texte, remettent en question la notion même de page. nous y reviendrons au cours de ce livre

Sous le signe de la continuité

« fondamentalement, pourtant, l’ère électronique se situe au moins autant sous le signe de la continuité que sous celui de la rupture par rapport à cel-le de Gutenberg. Elle libère en effet l’imprimé de la plupart des contraintes dont celui-ci était prisonnier depuis cinq siècles, malgré les progrès réali-sés en particulier depuis le début du xixe siècle, mais elle se situe dans la même logique. »

Métamorphose du livre et de la lecture, Maurice aymard, in il était une fois le livre, collectif sous la direction d’Eduardo portella, éditions de l’unesco, 2001.

ce survol historique auquel nous venons de nous livrer, ces allers-retours de jadis à aujourd’hui prouvent bien également que, toujours, les innovations techniques ont entraîné des modifications dans la présentation des textes, des évolutions dans les modes d’accès à l’écrit et conséquemment dans les prati-ques de lecture. par exemple, avec l’imprimerie, nous savons que la lecture spé-culative a succédé à la lecture à haute voix. Les auteurs ne dictent plus mais écri-vent directement. Le contrôle social et notamment religieux s’en trouve relâché et l’expression intellectuelle favorisée. dès le xvie siècle, des auteurs, grâce à l’innovation technologique de leur époque, peuvent s’exprimer avec plus de li-berté. au fil du temps le commerce du livre s’organise et l’objet livre continue d’évoluer lentement jusqu’au xixe siècle. Et de nouveau la technique redonne un nouveau souffle : la presse rotative, de nouveaux procédés de reproduction

4 Site web dynamique de publications dont tout visiteur peut modifier le contenu à volonté. Lire Les Wikis, Jérôme delacroix, M21 éd., www.leswikis.com

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des images, le développement de la photographie, favorisent l’apparition de la profession d’éditeur à part entière. L’édition se démarque enfin des métiers de l’impression et de la librairie.

Le livre a toujours su tirer parti des évolutions technologiques. c’est le dé-veloppement du réseau de chemins de fer qui donne à Louis hachette l’idée de développer des “bibliothèques” dans les gares de province, ancêtres des fameux relais hachette, aujourd’hui relay h. Les nouveaux médias qui se développent à la fin du xixe et au début du xxe siècles : téléphone, phonographe, radio, télévision, magnétophone n’entament en rien la suprématie du livre comme principal vecteur de culture. Le livre de poche se vulgarise en 1953. L’objet livre suit l’uniformisation des marchés de masse, la société de consommation, l’in-dustrialisation des processus de fabrication, les standardisations du marché, etc. au xxe siècle l’édition se concentre. Le premier micro-ordinateur pc ibM apparaît en 1981 et durant les années quatre-vingt-dix la chaîne du livre (en résumé : auteur, éditeur, imprimeur, diffuseur, distributeur, libraire, bibliothé-caire ) s’informatise. avec le numérique c’est toute une palette de nouveaux outils : de rédaction (traitements de texte, logiciels de correction et de mise en page ), d’impression (impression numérique à la demande), de diffusion (nu-mérisation et dématérialisation des contenus ), de communication (sites Web, blogs d’auteur, sites compagnons pour le lancement d’un livre ) et de commer-cialisation (librairies en ligne ), toute une palette de nouveaux outils qui pro-gressivement s’offrent à tous les partenaires de la chaîne du livre, des auteurs aux lecteurs. ces derniers bénéficient en outre de nouveaux modes d’accès aux textes et d’une possible et toute nouvelle interactivité avec les auteurs.

avec l’imprimerie il y avait eu découplage entre supports d’écriture et objet dédié à la lecture. avec le numérique, une nouvelle fusion est possible entre écrire et lire, lire et échanger. car lire, ce n’est pas consommer du texte. Et si le livre a un passé, il a aussi, et heureusement, un avenir.

un simple romain

« vous me reconnaissez ? non, bien sûr.déjà à rome je n’étais qu’un simple citoyen. Mais un citoyen amoureux des livres et des textes. J’ai toujours été persuadé que jamais les hom-mes ne trouveraient un moyen plus habile que le volumen pour faciliter la lecture et la diffusion du savoir.Mon nom n’est pas rentré dans l’histoire, mais j’étais d’une bonne famille et depuis mon plus jeune âge j’avais été habitué à manier délicatement des rouleaux de papyrus. J’ai toujours pensé que le rouleau-livre était la forme ultime, la forme la plus parfaite pour le lecteur. ce support s’im-posait naturellement comme le véhicule de la pensée hellénistique et les plus grands textes littéraires romains y trouvaient leur juste place. Le

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papyrus, que nous importions alors d’égypte était une matière noble, les Grecs la nommaient biblyos, et son assemblage en rouleau relevait d’un artisanat hautement qualifié. Les tablettes réinscriptibles, enduites de cire, ne convenaient que pour les comptes ou la correspondance, mais, l’acte de lire exigeait assurément un support plus noble et plus prati-que. car à rome, la lecture n’était pas un acte anodin. pour lire un livre il fallait prendre un rouleau dans la main droite, puis, il fallait le dérouler lentement de la main gauche, au rythme de sa lecture, puis, enrouler de nouveau graduellement la portion du texte lu, et ainsi le lecteur progres-sait, porté par une lecture en continu du texte qui se déroulait sous ses yeux comme une mélopée se serait développée à ses oreilles. Son corps et toute son attention de lecteur étaient sans cesse sollicités. il ne nous était guère possible de lire et d’écrire en même temps, de lire et de lais-ser notre esprit divaguer. pour confronter différentes parties d’un même rouleau, ou bien des textes inscrits sur différents rouleaux il nous fallait faire appel à notre mémoire. il nous fallait être patient et attentif, tout entier dans l’acte de lecture.Lire, pour nous romains, c’était comme naviguer sur un fleuve. Le feuille-tage, que quelques-uns appelaient de leurs vœux, aurait fait des lecteurs des visiteurs hagards et pressés, ballotés par des flots de textes saccadés sur des embarcations éphémères. cette lecture fragmentée aurait été hautement nuisible à la perception globale des œuvres et à leur mémo-risation. avec les pages la capacité de texte aurait été beaucoup trop grande pour un lecteur honnête. tourner à toute allure les pages d’une seule main est-ce seulement pensable ? Leur fameux codex aurait né-cessité une reliure solide qui aurait alourdi le livre, il serait devenu moins maniable, et puis leur parchemin aurait été un support ô combien plus onéreux que le papyrus et dont la production aurait remis en cause tout le commerce et l’artisanat du livre-rouleau. facilement transportables dans des écrins cylindriques richement ornés, facilement ordonnés à plat dans des casiers fixés aux murs, les volumens avaient une supréma-tie indéniable face à l’avenir toujours incertain. changer de support n’est guère une saine tentation pour un citoyen honnête. Modifier la lecture c’est modifier le style c’est risquer de modifier la société. oui, je suis heu-reux d’être mort avec cette certitude, et avec dans les bras un volumen, symbole de savoir et d’autorité. »ce texte est l’un des sketchs sur le thème “pour ou contre le remplace-ment des livres par des ebooks ?” que j’ai eu le plaisir d’écrire à la deman-de de bernard de fréminville, à l’époque directeur Général de dilicom, et qui furent lus et joués en intermèdes par hervé falloux au cours du colloque alire/dilicom du 04 juin 2007 : Les nouveaux supports numéri-ques du texte. impacts sur le commerce du livre (compte-rendu en ligne sur www.dilicom.net/compterendu_colloque.htm).

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1.2 des livres mutants

L’idée d’un livre électronique, ou e-book, apparaît pour la première fois en 1972 dans l’esprit d’alan Kay, pionnier de l’informatique, avec le dynabook, conçu dans le centre de recherche de xerox. a partir de 1996, prototypes et ten-tatives de commercialisation se multiplient sans succès : l’Everybook’s dedica-ted, le Millennium ebook de la société Librius.com, l’hiebook et l’Echyon (deux e-books sud-coréens), the alphabook de tetrawave, le tbook au royaume-uni, ou encore le reader Myfriend en italie…

certains de ce que nous pourrions aujourd’hui appeler des livres électroni-ques de première génération se présentaient avec un double écran (l’Everybook, par exemple), d’autres annonçaient les pocket pc, pda et tablet pc dont l’offre allait, quant à elle, rapidement se démultiplier. La plupart eurent une durée de vie très courte. d’aucuns ont sombré dans l’oubli, ne laissant même plus la trace d’un site sur le Web derrière eux. tous, vous le constatez bien, sont restés méconnus du grand public, dont les esprits sont seulement restés frappés : aux états-unis, des échecs de Gemstar, en france, de celui de cytale.

En fait, jusqu’à l’année 2004 et la commercialisation au Japon par Sony du premier reader utilisant la technologie de l’encre électronique (e-ink), le reader Librié, peu de produits méritent encore aujourd’hui notre attention. pour les jalons emblématiques qu’ils représentent cependant dans le passage du livre papier au livre numérique, nous nous attarderons seulement à présenter, briè-vement, quelques-uns de ces pionniers : l’@folio (1996), le rocket ebook et le Softbook (1999), les différentes versions Gemstar (2000-2003), et, pour conclu-re, le fameux cybook de cytale (2000-2002).

En 1892

« ce que je pense de la destinée des livres, mes chers amis ? Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point, et que les progrès de l’électri-cité et de la mécanique moderne m’interdisent de croire, que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en dé-suétude comme interprète de nos productions intellectuelles. L’imprimerie que rivarol appelait si judicieusement “l’artillerie de la pensée”, l’imprime-rie qui gouverne l’opinion par le livre, la brochure et le journal, l’imprime-rie qui, à dater de 1436, régna si despotiquement sur nos esprits, me sem-ble menacée de mort, à mon avis, par les divers progrès de l’électricité… » albert robida, 1892, Le vingtième siècle, la vie électrique, paris, Librairie illustrée.

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de tout temps, nous l’avons précédemment évoqué, les mutations au ni-veau des pratiques ont été moins rapides que ce que les évolutions techniques rendaient possibles. cependant, les usages innovants finissent en général par s’imposer dans la vie quotidienne des utilisateurs. Les e-books de première gé-nération avaient un écran rétro-éclairé, une capacité de stockage d’une dizaine d’ouvrages seulement et un poids supérieur à un demi-kilo, pouvant monter jusqu’à 2 kg. imaginez un livre de deux kilogrammes dans votre sacoche ! ce-pendant, les ordinateurs commençaient à envahir le pays, les téléphones mo-biles faisaient leur apparition, les cd remplaçaient les disques vinyles, les dvd les cassettes vhS, puis les photos numériques les photos argentiques. a chaque fois les usagers s’habituèrent rapidement, car ils constatèrent vite qu’il y avait progrès. En tant qu’utilisateurs, ils constataient concrètement des améliora-tions, en termes de fiabilité du support, de rendu et de sauvegarde du contenu, en services supplémentaires, par exemple, d’options et de personnalisation.

pour l’heure, un observateur non averti pourrait encore croire que l’évolu-tion du livre au xxie siècle passe encore presque exclusivement par la numéri-sation des contenus et les écrans d’ordinateurs, bien plus que par de nouveaux appareils de lecture encore peu ergonomiques. ce serait là, en vérité, et nous allons le voir, une grave erreur.

Mais comment les appeler ?

comment appeler ces “livres mutants” : e-books, digital books, livres élec-troniques, livres numériques, supports ou dispositifs de lecture, tablettes de lecture, readers, ou quoi encore ?

Jusqu’à ces derniers mois le terme d’-e-book semblait privilégié. contrac-tion d’eletronic et de book, le terme aurait été inventé en 1998 au sein de la société américaine nuvoMedia qui allait créer le premier e-book en 1999. Les défenseurs de la langue française optaient eux pour la tra-duction française, soit, tout simplement : livre électronique. de leur côté, nos amis québécois, souvent, il faut bien le reconnaître, plus inventifs que nous pour la promotion de la francophonie ont inventé le mot livrel, contraction de livre et de électronique (sur le modèle de courriel, contrac-tion de courrier et de électronique).

tous ces termes néanmoins peuvent entretenir une certaine confusion entre contenant et contenu, entre livre électronique et texte numérisé.

Si des expressions parlantes et poétiques, comme, par exemple, bala-deur de textes de pierre Schweitzer, pour nommer son @folio en 1996, ou Lyber de Michel valensi des éditions de l’éclat (terme qu’il utilise pour

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désigner depuis 2000 un livre shareware, voir sur www.lyber-eclat.net/lyber/lybertxt.html) mériteraient certainement de retenir davantage notre attention, depuis fin 2006 les spécialistes parlent préférentielle-ment de reader (lecteur), ou de e-reader, voire parfois de mobile reader (m-reader).Sur le blog d’information et de veille sur le livre, l’édition et la presse à l’ère du numérique, nouvoLivractu (nouvolivractu.cluster21.com) nous essayons de nous appliquer à employer les expressions “d’appareils de lecture”, pour désigner les e-readers, et, de “systèmes de lecture” ou de “dispositifs de lecture”, pour parler des logiciels de lecture, en attendant que le marché, les constructeurs et, surtout, les usages définissent leur vocabulaire. ce n’est pas toujours simple !

il faut en tout cas bien distinguer les appareils de lecture, des fichiers de textes numérisés, appelés aussi parfois abusivement e-books.

dans ce guide, nous emploierons parfois le terme de reader, et donc, non pas pour désigner une personne qui lit, mais, un appareil de lecture.

dans les parties les plus prospectives, notamment celles traitant de la technologie e-ink nous parlerons du livre 2.0. comme vous le verrez, nous pourrions tout aussi bien parler alors de Smart book, voire de living book, ou livre vivant ou bien, tout simplement, de livre multi ou plurimédia.

• 1996 : l’@folio, une french touch à l’origine

c’est pierre Schweitzer, architecte designer, qui est le père de cet appareil de lecture made in france conçu au départ en octobre 1996 dans le cadre d’un projet de design déposé à l’école d’architecture de Strasbourg, avant d’être dé-veloppé au sein de l’école nationale supérieure des arts et industries de cette

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même ville, avec le soutien de l’anvar-alsace (aujourd’hui intégrée à oseo5). En juillet 2002 la start-up icodex Sa6 est lancée, avec comme objet social le déve-loppement du projet @folio. il est important de noter que cet appareil de lec-ture est toujours en développement et que ses concepteurs persévèrent dans leur ambition de le sortir un jour sur le marché. une belle persévérance qui force l’admiration !

En avril 2000, Les dernières nouvelles d’alsace, sous la plume de pierre fran-ce, se faisaient l’écho du projet en ces termes : « Son projet, pierre Schweitzer le porte depuis quatre ans. a l’époque, il était étudiant à l’école d’architecture de Strasbourg et devait réfléchir sur les nouveaux objets qui accompagneront l’arri-vée des technologies de l’information à l’intérieur du foyer. […] pierre a présenté un livre. “pour moi, le web est essentiellement une succession de pages de textes, un formidable retour de l’information écrite.” or lire sur un écran d’ordinateur est pénible et imprimer le web gâche des tonnes de papier. “il fallait réinventer le livre pour que ces contenus électroniques ne soient pas incompatibles avec nos habi-tudes de lecture, pour qu’on puisse s’allonger tranquillement dans un fauteuil avec ces contenus pêchés sur le web.” »7

dès le départ de l’aventure, @folio est défini comme “une tablette de lecture nomade”, un baladeur de textes. En 1996 les valeurs liées à la mobilité n’étaient pas aussi répandues qu’aujourd’hui et le fait de pouvoir “lire n’importe où les textes glanés sur internet” était un argument de poids et surtout à l’époque vraiment novateur. précurseur, l’argumentaire de présentation mettait en avant certaines spécificités, elles aussi vraiment novatrices, comme, par exemple, l’ab-sence de consommation d’encre et de papier, la personnalisation de son profil de lecteur (choix de la mise en page : marges, taille des caractères, espacement entre les paragraphes...). L’appareil était doté “d’une mémoire généreuse” (sic) qui pouvait stocker “des milliers de pages reliées en hypertexte”.

nonobstant, depuis 1996, les technologies du numérique ont progressé infi-niment plus que l’imprimerie de Gutenberg à nos jours.

Le prototype d’origine, dont la commercialisation était originellement pré-vue pour 2003, disposait d’un écran à cristaux liquides monochrome, soit, de type Lcd cholestérique8, procurant un affichage stable sans consommation d’énergie, soit, de type Lcd translucide, permettant de profiter de la lumière ambiante naturelle, notamment par transparence. il était équipé d’un “lutrin”, support relié à un ordinateur pour pouvoir télécharger les textes. En 2008, à

5 www.oseo.fr

6 www.icodex.net

7 Le livre du Web : multimedia.dna.fr/article/art_aff_2006.php?id=134&rub=5&ssrub=48

8 phase Lcd, d’empilement continu de plans, qui doit son nom à sa découverte dans des dérivés du cholestérol.

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l’heure du sans fil et de la technologie e-ink (encre électronique), les concep-teurs d’@folio savent pertinemment qu’ils ne peuvent plus lancer sur le mar-ché un tel lecteur.

La société icodex est aujourd’hui partie prenante dans le projet SYLEn (Sys-tème de lecture nomade), soutenu par le gouvernement français, notamment le ministère de l’industrie, et piloté par la société nemoptic9 en vue de déve-lopper une filière française d’édition et de distribution de journaux et de livres électroniques, ainsi que la création d’un lecteur e-book. Soutenu, entre autres, par le pôle de compétitivité cap digital, le projet Sylen regroupe, outre icodex, Le Monde interactif, tES Electronic Solutions, bookeen (dont nous reparlerons bientôt), optinnova, et des établissements publics, comme la bibliothèque pu-blique d’information du centre pompidou et plusieurs laboratoires de recher-che. créée en région parisienne en 1999, la société nemoptic a déjà levé plus de 35 millions d’Euros.

Le point fort cependant du lecteur @folio d’origine, celui qui donne aujourd’hui encore tout son intérêt à l’objet initial de 1996, reste son parti pris pour l’utilisation d’une technologie non invasive (low tech comme il est dit sur le site d’icodex). ce baladeur de textes se veut léger, simple et ergonomique. dépourvu de bouton il offre une interface intuitive, dont l’ambition première est de préserver les gestes traditionnels de la lecture, dont les fondamentaux que sont les actions coutumières de tourner ou effleurer les pages. L’écran est translucide et tactile. translucide, il permet d’afficher des pages sur ses deux côtés et ainsi de passer naturellement de l’une à l’autre, soit en retournant sim-plement le lecteur (voir l’animation sur le site d’icodex à la page Ergonomie), soit, autre possibilité, en effleurant la molette en bas du lecteur (voir la photo), laquelle permet un défilement rapide des pages en avant et en arrière. tactile, il permet de passer rapidement d’une page à une autre à partir de notes, renvois, index, sommaires, etc., dans le texte même, ou d’un document à l’autre à l’inté-rieur d’une bibliothèque de textes stockés.

autre idée innovante, liée au baladeur @folio, le logiciel Mot@mot, logiciel passerelle vers les bibliothèques numériques. Mot@mot était dédié à la remise en page des fac-similés. Le principe est séduisant pour les chercheurs. norma-lement, pour afficher un fac-similé en pleine page, par exemple sur un écran d’ordinateur, on doit utiliser les options zooms, les barres de défilement (ascen-seurs), la souris... Le système Mot@mot permettait de remettre automatique-ment en page les fac-similés pour rendre une lisibilité optimale sur l’écran du lecteur @folio, par exemple, en décomposant une page originale en plusieurs pages, tout en préservant typographie et illustrations d’origine.

9 www.nemoptic.com

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Mais comment les appeler ? (Suite)

En septembre 2002, Marie Lebert dans Le Livre 010101, aux éditions nu-milog rapportait cette déclaration de pierre Schweitzer : « J’ai toujours trouvé l’expression livre électronique très trompeuse, piégeuse même [ ]. car quand on dit livre, on voit un objet trivial en papier, tellement courant qu’il est devenu anodin et invisible... alors qu’il s’agit en fait d’un summum technologique à l’échelle d’une civilisation. [ ] Quand on lui colle [au livre] électronique ou numérique derrière, cela renvoie à tout autre chose : il ne s’agit pas de la dimension indépassable du codex, mais de l’exploit inouï du flux qui permet de transmettre à distance, de recharger une mémoire, etc., et tout ça n’a rien à voir avec le génie originel du codex ! c’est autre chose, autour d’internet, de l’histoire du télégraphe, du téléphone, des ré-seaux... »En avril 2007, sur son blog papier électronique, bruno rives lançait la dis-cussion : e-paper ou enchiridion, le débat est ouvert... Les propositions en commentaires étaient nombreuses et souvent pertinentes (http://papierelectronique.blogspot.com/2007/04/livrel-elivre-ebibliothque.html). celle de virginie clayssen : liseuse, connaît depuis un certain suc-cès

Marc-andré fournier propose lui sur son propre site le terme de numé-ricodex, pour spécifier qu’il s’agira davantage d’un agrégateur de flux numériques (sons, vidéos ) que d’un simple livre papier. Mais qui peut prédire au fond si usages et usagers n’imposeront pas le nom de ces nouveaux et futurs dispositifs de lecture ? peut-être qu’un nom de mar-que ou de fabricant s’imposera naturellement, comme frigidaire, Klee-nex, caddie, ou encore cocotte-minute qui est une marque déposée de SEb... Qui sait ?

• 1999 : rocket ebook et Softbook, en direct de la Silicon valley

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Le rocket ebook (photo de gauche) et le Softbook (photo de droite) sont les deux premiers modèles de readers lancés en 1999 depuis la fameuse Silicon valley. a l’époque, des partenaires prestigieux s’étaient penchés sur les ber-ceaux de ce qui était censé révolutionner le marché du livre.

Le rocket ebook a été élaboré par la société nuvoMedia en partenariat avec deux des plus grands groupes éditoriaux : barnes & noble et bertelsmann. Le Softbook reader, développé par Softbook press bénéficiait lui des soutiens de random house et Simon & Schuster. a l’époque, comme aujourd’hui, un simple coup d’œil suffit pour remarquer que ces appareils, sortes d’écrans portatifs, sont peu engageants pour des lecteurs non technophiles. S’ils ont bénéficié de partenariats, d’investissements financiers et marketing infiniment supérieurs à tout ce qu’ont pu connaître les promoteurs de l’@folio, c’est peut-être sim-plement parce qu’ils étaient du bon côté de l’atlantique. il s’agissait d’appareil, certes plus ou moins de la taille d’un livre de poche, mais d’un poids entre 700 g et 2 kg, un écran rétro-éclairé, et une mémoire de 4 à 32 Mo, ne pouvant stocker que quelques dizaines d’ouvrages, le tout pour un prix de 500 $. a regarder aujourd’hui ces photos, on comprend pourquoi on parlait à l’époque pour dési-gner ces appareils de “dispositifs de lecture portables”.

• 2000 : Le Gemstar, ou comment créer la demande ?

En 2000, Gemstar, une société américaine spécialisée en technologies et systèmes interactifs pour les nouveaux produits numériques se lance dans une politique de rachats. dès janvier 2000 c’est, d’abord, le rachat de nuvoMe-dia - qui comme nous venons de le voir avait lancé l’année précédente le roc-ket ebook, puis, évidemment, vient le rachat de Softbook press. En septembre 2000, Gemstar acquiert, en france, les éditions 00h00, cherchant ainsi à tester le marché européen après les échecs américains de 1999, et pensant peut-être que l’édition numérique francophone avait une probabilité plus élevée de dé-coller à court terme.

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depuis son lancement en mai 1998 à paris, 00h00 (zéro heure) s’était im-posé comme un éditeur numérique de référence, proposant plus de 600 titres, dont des œuvres originales. avec le projet @folio, l’aventure de 00h00 est si-gnificative de la créativité de l’esprit français. En 1998, les deux fondateurs de 00h00, Jean-pierre arbon et bruno de Sa Moreira sont les premiers éditeurs au monde à avoir vendu des livres numériques. prenons conscience qu’il faudra attendre 2006 pour que numérisation des textes et nouveaux appareils de lec-ture puissent enfin converger, tant techniquement que dans les esprits. Mais revenons-en à Gemstar…

Entre 2000 et 2003, année du dépôt de bilan de sa branche e-books, Gemstar va développer toute une gamme de readers, en n’ayant cesse de rechercher une adéquation viable au marché. En fait à un marché encore inexistant. L’an 2000, c’est un peu l’an un, époque pionnière où il s’agit alors de créer la demande.

Son premier reader, ou rEb 1100 ressemble à un épais volume et pèse son demi-kilo pour 18 cm de haut. Sa mémoire de 8 Mo (extensible à 72 Mo) lui permet de stocker de 20 à 150 livres. Système d’exploitation, navigateur et lo-giciel de lecture sont spécifiques. Le format de lecture est basé sur le format oebS (open e-book standard). il s’agit d’un format ouvert basé sur l’xML, créé en septembre 1999 et applicable conjointement à un système de drM (digital rights management). En l’occurrence, le format rb utilisé était celui qui était initialement reconnu par le rocket ebook reader, premier logiciel de lecture du premier livre électronique : le rocket ebook de 1999. bien évidemment il propo-se un écran rétro-éclairé en noir et blanc. Le tout pour 300 $. Lancé à l’occasion de la foire du livre de francfort, le rEb 1100 est commercialisé dans la foulée à new-York dès octobre 2000.

Le Gemstar de deuxième génération, ou rEb 1200 est surprenant. comme si la société avait décidé d’essuyer les plâtres au regard de l’histoire. Le reader est carrément plus grand, plus lourd et plus cher, prétendument conçu pour les il-lustrations. avec ses 750 grammes il frise le kilo. apparemment les concepteurs optent pour une technologie invasive et parient davantage sur les possibilités techniques que sur l’ergonomie. Le rEb 1200 dispose d’un modem (56 Kbps à l’époque), mais aussi d’une connexion Ethernet rendant possible l’accès à l’in-ternet par câble et dSL. La mémoire est portée à 80 000 pages de texte. L’écran devient tactile et couleur, mais, bien évidemment toujours rétro-éclairé. Le tout pour 699 $.

Les rEb 1100 et 1200, construits et diffusés sous le label rca de thomson Multimédia se vendent moins bien qu’espéré : 50 000 ventes sur les états-unis et l’allemagne - chiffres cumulés pour les quatre modèles d’e-books produits au final par Gemstar.

viendra ensuite, dès octobre 2001, le GEb 2200, assez proche en fait du rEb 1100, mais qui tentera lui, à la fois, de répondre à la question des contenus, en

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proposant une bibliothèque intégrée de classiques, des abonnements à des revues, et, de conquérir le marché européen. Sa commercialisation débute en allemagne en 2001. Seulement, allez comprendre pourquoi, le GEb 2200 est en-core plus lourd : 1 kilo. c’est sans appel.

cependant, ne soyons pas injustes. tous les financiers, les industriels et tous ceux qui ces années-là ont fait le rêve d’un livre de nouvelle génération qui puisse assimiler la longue tradition du livre papier aux nouveaux modes de consultation et de lecture rendus possibles par l’informatique, tous étaient un peu des visionnaires et nous devons leur en être aujourd’hui reconnaissants.

Mais comment les appeler ? (Suite et fin)

En 2000 dans son ouvrage Enquête sur la filière du livre numérique, aux éditions 00h00, Emmanuelle Jéhanno propose une définition claire en trois points, que nous pouvons résumer ainsi. on parle d’e-book, ou livre électronique, quand il y a, à la fois : • Un contenu numérisé ; • Un support de lecture électronique ; • Un logiciel de lecture dédié.

En 2008 nous pouvons avancer la définition suivante : un reader d’e-books est un appareil informatique qui permet la lecture de textes, en apportant au lecteur, à la fois, les avantages du livre papier (lisibilité, autonomie, format portable et léger), et de nouvelles fonctions annexes apportées par l’informatique (hypertexte, rich media, interactivité ).

Malo Girod de l’ain présente ainsi son livre 2010, futur virtuel (M21 édi-tions) : « ce livre propose de réfléchir tout en se divertissant avec un essai et un grand voyage en 2010. Le site web www.2010virtual.com permet de continuer à explorer et de participer aux réflexions et aux échanges. ce livre se découvre à volonté, chacun selon ses goûts. il est possible de com-mencer par quelques pages de l’essai de la première partie, puis de passer au voyage en 2010, un peu de web, et la suite de l’essai ou le contraire... Et d’aller sur le site du livre en choisissant d’accéder à une note avec la simple liste déroulante pour accéder automatiquement aux pages correspondan-tes peut-on encore parler d’un livre ? ou, d’un weblivre ? un livregiciel, ou un progilivre, un e-livre, ou un multilivre ? L’avenir le dira »En attendant le petit dictionnaire de l’édition électronique (http://manus-critdepot.com/internet-litteraire/actualite.70.htm) contribue courageu-sement aux nécessaires efforts de clarification.

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• 2000 : Le cybook de cytale, une aventure française

En mars 2000, au Salon du livre de paris, Jacques chirac et Lionel Jospin vi-sitent le village e-book10 promu entre autres par les éditions 00h00. comme la presse, comme les professionnels du livre et de l’édition, comme des milliers de visiteurs durant ce rendez-vous traditionnel de la porte de versailles, ils vont admirer le cybook, livre électronique développé par les français de cytale et qui sera commercialisé en octobre 2001. dans la foulée, la foire du Livre de bruxel-les de 2001 ouvrira elle aussi un village e-book. Largement médiatisé à l’épo-que, ce premier lancement d’un e-book français a marqué les esprits et reste, aujourd’hui encore, présent dans les mémoires. il y demeure cependant avec l’injuste, car au fond pas vraiment justifiée, étiquette d’échec. En était-ce vérita-blement un ? rien n’est moins sûr. Le cybook mérite en tout cas que nous nous attardions un peu plus sur lui que sur ses prédécesseurs américains.

pour rester bref cependant, tout en saisissant bien les faits et en profitant du recul du temps, nous opterons pour une synthèse chronologique :

- 1997 : c’est dans un vol paris-San diego en californie que l’idée d’un french e-book naît dans l’esprit de Marc vasseur, lequel aimerait bien ce jour-là trouver une solution pour stocker et traiter l’information de la multitude de journaux, magazines et papiers divers qu’il doit trimbaler partout avec lui

- 1998 : association de Marc vasseur, Jacques attali et Jacques Lewiner, et création de la société, dénommée à l’origine cybook. ils seront rejoints en jan-vier 1999 par olivier pujol. En décembre le premier prototype en laboratoire est fonctionnel.

- 1999 : dépôt des premiers brevets en mars. En avril, dépôt de brevet sur une

10 En mars 2006 le Salon du livre de paris retrouvera une dimension prospectiviste avec un espace dédié à la numérisation et à ses principaux acteurs, dont Google.

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méthode de formatage (cytalepage). En juin, Sofinnova partners entre dans le capital. En septembre ce sont trente prototypes opérationnels qui sont produits pour les premiers tests marketing. ce n’est qu’en octobre 1999 que la société adopte son nom qui restera dans les mémoires : cytale.

- 2000 : En mars les premiers prototypes sont présentés à la presse et au grand public dans le cadre du traditionnel Salon du livre de paris. Marc devillard et érik orsenna rejoignent l’équipe. En mai, la compagnie financière Edmond de rothschild asset Managment, azéo et hypercompagnie entrent à leur tour dans le capital, pour 53 millions de francs. Le produit est finalisé durant l’été 2000 et la première série de cybook est présentée à la presse le 15 décembre.

- 2001 : dès janvier, mise en ligne de la librairie cytale et commercialisation du cybook. En octobre une augmentation de capital a lieu.

- 2002 : dès janvier, plan social et restructuration. Les circuits de distribution réagissent immédiatement en bloquant la chaîne. Le 8 avril l’état de cessation de paiement est constaté. Le 17 avril le tribunal prononce la mise en redresse-ment judiciaire. Les négociations de reprise, notamment avec la caisse nationa-le de prévoyance et la caisse des dépôts et consignations échouent. Le 18 juillet le tribunal de commerce de nanterre prononce la mise en liquidation.

derrière ce rapide survol c’est toute une aventure humaine qui est résumée. comme leurs concurrents de Gemstar, les hommes de cytale étaient des pion-niers. au début des années 2000 ils étaient parvenus à conclure des partena-riats avec plusieurs éditeurs et sociétés de presse. Et, en somme, nous pouvons dire aujourd’hui qu’il ne leur manquait que la technologie de l’encre électroni-que pour réussir. Mais l’histoire continue

- fin 2003 : Michaël dahan, l’un des tout premiers employés de cytale, et Laurent picard, qui y était en charge du développement logiciel, décident de relancer la commercialisation du cybook en lançant la société bookeen11, puis, une librairie numérique associée, baptisée ubibooks12, qui propose à son ouver-ture près de 20 000 titres en 5 langues, dans 58 thèmes. Ses e-books sont au format Mobipocket13 et peuvent être lus sur plusieurs supports (palm, pocket pc, Smartphones, pc, et, bien sûr cybook). Le stock de cybooks de première gé-nération a été écoulé en octobre 2006. preuve, à la fois, d’un marché, mais aussi, d’une demande encore raisonnable. La société bookeen persévère alors avec un cybook deuxième génération. ce cybook vision pour malvoyants, avec écran tactile de 10 pouces, plusieurs tailles de caractère et un contraste élevé repré-sentait certainement le produit le plus innovant en matière d’e-books au début des années 2000. avec son look stylé par rapport à ses concurrents américains,

11 www.bookeen.com

12 www.ubibooks.com

13 www.mobipocket.com

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ce cybook tendait aussi à prouver, dans la lignée du projet @folio, qu’il existe-rait bien une french touch pour les livres électroniques.

- octobre 2007 : La société bookeen, localisée dans le 13e arrondissement parisien, lance le cybook Gen3 (ou de troisième génération) qui intègre la tech-nologie de l’encre électronique et que nous présenterons bien évidemment en détails quelques chapitres plus loin

En annexes de ce livre un tableau détaille les caractéristiques techniques du cybook. nous devons en grande partie les informations qu’il contient à l’excel-lent travail de dominique nauroy, auteur d’une thèse intitulée : Le cybook et la filière éditoriale. il permettra de comparer avec les readers de deuxième généra-tion qui sont arrivés sur le marché à partir de 2004. En résumé, le cybook avait des dimensions de 204 x 258 x 27 mm, pour un poids de 1 kg, une autonomie maximale de 5 heures, un écran Lcd de 10 pouces, et un prix de 5 690 ff-ttc (soit 867 €).

aujourd’hui, grâce à Marc Guiblin, qui fut de 2000 à 2002 membre de l’équipe des intégrateurs xhtML de la société cytale, nous pouvons toujours avoir accès au site de cytale, à l’adresse : mguiblin.club.fr/cybook/cybook.htm. un document essentiel pour mieux comprendre aujourd’hui, avec le recul, l’ex-périence du cybook, qui restera une borne dans l’aventure vers le livre 2.0. En tête de page Web, la note suivante rappelle pudiquement ce qui, au-delà des aspects financiers, fut le naufrage d’une belle aventure : « voici un aperçu de l’aventure du livre électronique de cytale, expérience que nous avons partagée de 2000 à 2002. nous reprenons ici la maquette et les renseignements publiés sur le site de cytale avant la liquidation judiciaire de l’entreprise prononcée le 18 juillet 2002 par le tribunal de commerce de nanterre. tous droits réservés. Site de cytale : www.cytale.com. »

point de vue de… dominique nauroy

dominique nauroy, de l’université paul-verlaine de Metz est le grand spécialiste français du cybook. notamment auteur de la thèse Le cybook et la filière éditoriale, il est revenu en septembre 2006 pour le blog nou-voLivractu sur les causes de ce qui restera un échec regrettable.

« L’histoire de cytale, et de son échec, nous écrit-il, c’est celle d’un enche-vêtrement de causes qui mène à cette situation d’échec. ainsi, s’il est pos-sible de pointer des erreurs managériales, des ajustements commerciaux qui manquent parfois de lisibilité, des appréciations conjoncturelles qui se révèlent fausses, ou encore une innovation qui n’est pas tout à fait un produit, rien ne permet d’affirmer qu’une autre entreprise, à une époque différente, et qui aurait recours aux mêmes stratégies, ne réussirait pas.

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dans la réussite d’un projet, il y a une part qui échappe nécessairement à ses promoteurs. cette part, c’est l’environnement dans lequel cytale a évolué, dont elle s’est servie et dont elle a par ailleurs souffert.

L’histoire de cytale est entièrement dépendante de la bulle internet, de son éclatement au moment même où la commercialisation du cybook débu-tait, des annonces de concurrents américains sur le marché français et en-fin du débat très médiatisé qui s’est emparé de la question du livre électro-nique et de la lecture numérique, auquel cytale a naturellement participé mais, et c’est important, qu’elle n’a pas suscité.

indépendamment de ces facteurs, on peut estimer que la première erreur de cytale est de n’avoir pas choisi exclusivement la cible des handicapés visuels, qui constituait une niche directement captive, et qui lui aurait per-mis de se développer à un rythme modéré.

cela dit, si on retient cette hypothèse, on doit alors compléter en disant que, dans ce cas, cytale n’aurait pas bénéficié d’investissements en lien avec une approche plus grand public, n’aurait pas pris part à l’engouement particulier qui s’est emparé des esprits à partir du Salon du livre 2000 concernant les questions de lecture sur support électronique, optimismes qui se sont rapidement mués en rejets. Mais il n’existe pas de “purs objets” car technique et social s’influencent mutuellement.

c’est ce qui contribue à expliquer un positionnement axé vers des seg-ments de marché grand public : grands lecteurs et boulimiques de lecture, expatriés, seniors, des cibles qui ont besoin d’accéder à la littérature… mais qui, à la différence d’un public handicapé, ont encore le choix. or, le prix de la tablette cybook (environ 900 € en 2001) contribua à rendre, à leurs yeux, ce choix discutable.

L’hypothèse de l’époque consistait à préempter rapidement une première place de marché. Mais une entreprise de la taille de cytale pouvait diffici-lement gérer un réseau de distribution grand public. de ce point de vue, l’idée sans doute la plus pertinente fut de choisir les bibliothèques comme relais idéaux d’une telle innovation au sein d’un public qui aurait eu le temps de s’approprier le concept en le testant. privée de capitaux, cytale n’a pas eu le temps de conduire cette expérience à son terme et, dans le cas même où ce problème ne se serait pas posé, éditeurs et bibliothécaires s’opposaient sur le système de diffusion des œuvres…

Même si cette approche est paradoxale, on peut aussi estimer qu’il s’agit pour cytale d’un succès d’être allé si loin : l’échec aurait pu intervenir plus tôt. Les exemples ne manquent pas. Si la société s’est trouvée en 2002 en panne de refinancement, elle aurait pu ne jamais en trouver car dans le domaine de la création de nouveaux usages, le capital-risque peut se mon-

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trer frileux ; de même, les éditeurs français auraient pu être plus réticents qu’ils ne l’ont été dans le cadre d’une collaboration qui fut alors une pre-mière ; l’entreprise aurait pu se trouver dans l’incapacité de produire une tablette de lecture autonome, respectueuse des canons de présentation du texte sur la page. »

L’intégralité du texte de dominique nauroy est sur : nouvolivractu.cluster21.com/fr/blog/nouvolivractu/retour_sur_le_cy-book_de_cytale

1.3 comment sera le Livre 2.0 ?aujourd’hui de nouveaux appareils de lecture sont mis sur le marché. ils

peuvent apporter de réels plus aux lecteurs et ouvrir de nouveaux débouchés au marché du livre. dans le milieu des littéraires technophiles (plus littéraires que technophiles peut-être) deux histoires circulent. La première évoque un spécialiste qui s’interroge sur ce que serait demain l’appareil de lecture idéal. il dresse toute une liste de points primordiaux, comme la portabilité, l’accès partagé et le prêt possible, le confort de lecture, etc. Et, soudain, dans un éclair de génie, il réalise que le codex est, déjà et depuis des siècles, cet appareil de lecture idéal qu’il appelait un instant auparavant de ses vœux. La deuxième histoire évoque un autre spécialiste (ou le même ?) qui visite un laboratoire de recherche. Entouré d’une équipe d’ingénieurs et de techniciens en informa-tique il se penche avec eux sur les prototypes d’e-readers. Soudain, la grâce le visite ! « Et si, dit-il, le livre électronique que vous préparez existait déjà depuis des siècles aujourd’hui, ce serait alors l’invention du livre papier qui serait vraiment une innovation révolutionnaire ! ». L’histoire ne dit pas la tête que font alors les ingénieurs et les techniciens.

Mais soyons sérieux. comme l’histoire nous l’enseigne, des tablettes d’ar-gile des Mésopotamiens à la création du livre de poche, le livre, en tant qu’ob-jet de lecture, en tant que support de l’écrit a régulièrement évolué. avec le numérique, il est incontestable que la question du support est à reconsidérer. aujourd’hui, comme nous allons le voir en détail, la technologie e-ink (encre électronique) permet de concevoir de nouveaux appareils de lecture avec une lisibilité comparable à celle du papier. anticiper les révolutions technologiques et les ruptures d’usages n’est certes jamais une chose facile. de tout temps, les mutations au niveau des pratiques ont été moins rapides que ce que les évolutions techniques rendaient possibles. Mais, d’un autre côté, les usages innovants finissent en général par s’imposer dans la vie quotidienne des utili-sateurs. il y a seulement quelques mois, l’évolution du livre passait surtout par la numérisation des contenus et sur les écrans d’ordinateurs. il faut dire que les e-books connus des lecteurs étaient alors encore peu ergonomiques. Mais,

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comme nous allons le voir, les choses ont changé et la question essentielle qui se pose maintenant est la suivante : le livre est-il en passe de traverser une longue évolution, comme celle qui conduisit des voitures hippomobiles aux voitures automobiles, ou bien une rupture d’usage, comme lors du passage du rouleau au codex, peut-elle se produire ?

Livre 2.0 et humanité 2.0

« Je garde toujours une pile de livres sur mon bureau, que je feuillette lors-que je suis à court d’idées, que je suis à bout de nerfs, ou que j’ai besoin d’une dose d’inspiration. En prenant un ouvrage volumineux que j’avais récemment acquis, j’ai considéré l’œuvre de l’éditeur : 470 pages finement imprimées organisées en cahiers de 16 pages, cousus ensemble avec du fil blanc et collés sur un tissu gris. La couverture recouverte de lin, estampillée de lettres d’or, est reliée au reste du livre par des feuilles délicatement em-bossées. c’est une technologie qui a été perfectionnée il y a de nombreuses décennies. Les livres constituent un élément si intégré à notre civilisation – réfléchissant et modelant sa culture – qu’il est difficile de s’imaginer vi-vre sans eux. Mais les livres imprimés, comme toute autre technologie, ne pourront pas vivre éternellement… »ray Kurzweil, humanité 2.0, la bible du changement, M21 éditions (http://humanite20.cluster21.com) Extrait du passage Le cycle de vie d’une tech-nologie.

des amoureux du livre et de la lecture veulent voir dans les appareils élec-troniques la mort du livre. En tant qu’amoureux du livre et de la lecture, nous ne sommes pas d’accord avec eux. nous pensons plutôt que le numérique est une chance pour le livre et que si, grâce à l’innovation technologique, nombre d’ouvrages et d’incunables vont vivre une seconde vie, c’est d’abord la survie du livre et de sa diffusion qui vont être assurées grâce aux nouvelles technologies. pour autant, comme nous le verrons, l’intégration des technologies numéri-ques dans l’industrie du livre doit être alors au service de la pérennité du livre et de son économie. d’un côté, les technologies se développent, d’un autre, les différents secteurs, notamment de la presse et de l’édition, doivent s’adapter et évoluer : assimiler les nouvelles possibilités et accommoder leurs pratiques d’hier aux mondes d’aujourd’hui et de demain. aujourd’hui, le véritable enjeu n’est pas la survie du livre. Le véritable enjeu, c’est l’évolution des pratiques de lecture, dans un monde multimédia high-tech au sein duquel les formes issues d’une page de papier immuable apparaissent limitées.

Souvent, et le phénomène est compréhensible, notre vision du futur reste li-mitée par notre pratique quotidienne du présent. Soit nous divaguons dans des fantasmagories, soit nous craignons les effets de bouleversements déraison-

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nables. 1988, vous vous souvenez ? il y a vingt ans. 2008, vous n’y pensiez pas. pour l’an 2000 vous imaginiez volontiers des voitures volantes, mais aviez-vous pensé que vous auriez un téléphone au fond de votre poche, avec lequel vous alliez prendre des photos et des vidéos auriez-vous imaginé l’ipod ou l’iphone ? Eh bien non.

En 1998 les autobus volants existaient depuis longtemps, nous les appelons couramment des avions, mais les livres étaient pratiquement inchangés depuis le siècle précédent.alors, maintenant, examinons avec objectivité, en deux ta-bleaux, comment est aujourd’hui le livre, et comment sera, d’ici à l’année 2010, cet appareil de lecture idéal que, par rapport au livre papier traditionnel, nous appelons “le Livre 2.0”. comment doit-il être si nous voulons vraiment y gagner au change par rapport au codex. car il est clair que le Livre 2.0 doit pouvoir com-biner les avantages séculaires du livre et ceux, contemporains, du numérique et des ntic.

il s’agit également, à l’heure où la mondialisation des sociétés de l’informa-tion se conjugue avec le légitime souci du développement durable, d’allier les nouvelles technologies aux mondes de l’édition, de la presse et de l’affichage, afin de trouver des alternatives numériques au papier cellulose et à sa forte empreinte écologique.Le Livre 2.0 devra être à la fois, utile, utilisable et utilisé.

Les divers aspects énoncés dans ces tableaux seront bien évidemment ex-posés et développés dans les chapitres suivants.

Le Livre papier ou Livre 1.0

avantages inconvénients

pas d’énergie consomméeManiabilitéhabitude

destructeur d’arbrespeu attractif pour les jeunespas d’interactivitépas de mise à jourproblèmes de stockagecontenu unique, définitif, statiqueperméableparfois lourdfragile

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Le reader d’e-books ou Livre 2.0

attractif pour les jeunesfonctionnalités du Webfonction bibliothèqueinteractif, communicantparticipatifMobileécobilan positifrésistant à l’eauLégeraffichage e-papertechnologie e-ink

autonomieformats propriétaires

a la question : Le livre est-il un produit comme un autre ? notre réponse est : “non.” Le livre, objet culte, véhicule des multiples facettes de notre culture n’est jamais totalement devenu, même dans notre société de consommation, un produit comme un autre. un livre est un objet particulier. Mais aujourd’hui le péril est grand, face à la multiplication des médias et au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. ce que roger chartier écrivait en 1997, dans Le livre en révolutions (Les éditions textuel) concer-nant le texte électronique: “avec le texte électronique, un très vieux rêve de l’hu-manité qu’on pourrait résumer en deux mots, universalité et interactivité, semble enfin à la porté de notre œil et de notre doigt.” (in § Le numérique comme rêve d’universel), peut très bien ici être paraphrasé pour, non plus le texte, mais le livre électronique : “avec le livre électronique, un très vieux rêve de l’humanité qu’on pourrait résumer en deux mots, universalité et interactivité, semble enfin à la porté de notre œil et de notre doigt.”

aujourd’hui, avec le numérique, le livre est en train de dépasser l’horizon du simple objet de consommation courante qu’il risquait de devenir à court terme, relégué au rang d’antiquité à l’époque des Smartphones, de l’ipod, des lecteurs portables de dvd, du haut débit et du Web 3d... En dépassant cet horizon et en apportant davantage que du contenu statique, l’objet livre s’ouvre et ouvre aux lecteurs (et aux maisons d’édition) de nouvelles perspectives.

Que le livre puisse aussi et encore évoluer est une chance.

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Qu’est-ce qu’un Livre 2.0 ?

nous entendons par Livre 2.0 un dispositif de lecture qui, tout en appor-tant au lecteur le même confort de lecture et les mêmes avantages qu’un livre traditionnel, lui permet, s’il le souhaite, de devenir un lecteur actif et participa-tif ; par exemple, de commenter ou d’enrichir le texte d’apports personnels ou extérieurs, de communiquer et d’interagir avec d’autres lecteurs, de s’intégrer à des communautés de lecteurs, d’obtenir dans l’instant toutes informations complémentaires sur l’auteur ou toutes autres données, tels des définitions, traductions, cartes, plans et graphiques explicatifs .

durant la décennie 2010-2020, chaque lectrice, chaque lecteur pourra avoir son appareil de lecture personnel. il s’agira d’un dispositif ouvert et paramétra-ble, d’un livre de nouvelle génération, customisé aux goûts de son propriétaire. Entièrement personnalisable, il permettra de constituer au fil de sa vie et d’em-porter partout avec soi sa propre bibliothèque de plusieurs milliers d’ouvrages.

au-delà des fonctions, aujourd’hui déjà facilement concevables et auxquel-les nous sommes habitués avec les ordinateurs, d’indexation, de recherches internes, définitions et traductions instantanées de termes, annotations, lec-ture hypertexte, etc., l’appareil permettra la composition de livres à la carte, la gestion de fiches de lecture personnelles, la mémorisation et la mise en pers-pective de ses lectures, l’échange avec d’autres lecteurs, ainsi que la commu-nication et le téléchargement à partir de plateformes du savoir que seront les médiathèques en ligne dans des univers virtuels comme Second Life (nous y consacrerons un chapitre).

doté, notamment grâce à l’e-paper, d’une ergonomie prenant en compte l’historicité de notre rapport culturel et sensuel à l’objet livre, l’appareil s’adap-tera intuitivement aux pratiques de lecture de son utilisateur, avec la possibilité de garder en mémoire et de gérer plusieurs profils. La lecture sur un reader de ce type sera une lecture plus riche qu’une lecture sur livre papier, ou sur écran d’ordinateur. fondamentalement dédié au texte, cet appareil, cependant multi-média, constituera une encyclopédie universelle, et donnera également accès à l’ensemble de la presse internationale en temps réel, avec actualisation, gestion des abonnements, traduction instantanée, veille et alertes personnalisées sur les centres d’intérêt de son propriétaire, etc.

ces appareils ne seront plus des livres statiques refermés sur les textes qu’ils renferment mais des systèmes ouverts : à l’amendement de leurs contenus, aux opinions des autres lecteurs, aux contenus connexes des Smart books, voire des living books, ou livres vivants pourrions-nous presque dire

il ne s’agira aucunement de simples artefacts aux livres que nous connais-

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sons et manipulons depuis notre enfance. il ne s’agira pas simplement d’un livre high-tech. car il ne s’agit pas pour les professionnels de remplacer coûte que coûte le livre papier, mais d’offrir de nouveaux usages complémentaires aux lectorats d’aujourd’hui, séduits par le multimédia et la mobilité dans un monde qui évolue de plus en plus vite. codes typographiques, péritextes et rè-gles de mise en page devront à la fois assimiler la longue expérience du livre papier, et s’accommoder aux nouveaux modes de consultation et de lecture. La lecture, sur la lancée des blogs et wikis, est en effet appelée à devenir, pour celles et ceux qui le souhaiteront, une lecture participative14. Le lecteur qui le désire pourra être actif, publier et partager ses notes, ses impressions, voire contribuer au texte. Le livre deviendra un compagnon de vie au même titre que nos animaux familiers. Le livre accèdera à une nouvelle dimension, plus proche de la pensée. En attendant, vous pensez que cela est impossible ? Que ce n’est que rêves, fantasmes et billevesées ? Eh bien lisez donc le prochain chapitre : de nouveaux appareils de lecture, et nous en reparlerons alors…

une chose est certaine : la demande des lecteurs en ce sens est de plus en plus clairement formulée. Elle s’exprime aussi indirectement, au quotidien, dans l’adoption de nouveaux usages, de nouvelles habitudes de lecture, liées à l’em-ploi croissant de l’informatique et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. dans ce contexte, il devient clair que la crise de l’édi-tion n’est pas tant la résultante d’une chute du nombre de lecteurs, que d’une réorientation des lecteurs vers de nouveaux supports de lecture. on ne vend pratiquement plus guère de disques vinyle et l’on entend tous les jours dire que les achats de cd chutent, pourtant, on écoute de plus en plus de musique. Mais on l’écoute sur de nouveaux supports. Et en attendant la commercialisation de nouveaux appareils de lecture, on lit de plus en plus en ligne et également, au Japon et en corée du Sud en tout cas, de plus en plus sur des téléphones porta-bles de deuxième ou troisième génération. La question n’est pas de remplacer les livres papier par des livres électroniques. La question est celle de l’évolution des usages. face aux ruptures d’usages constatées, le concept d’utilisabilité peut nous aider à appréhender le marché émergent des nouveaux appareils de lecture. plus large que l’ergonomie, qui vise l’adaptation des machines et des conditions de travail à l’homme, afin d’accroître la rentabilité et les condi-tions de sécurité, l’utilisabilité, ou usabilité (d’après l’anglais usability) définit la capacité d’un nouveau produit à être, à la fois, utile, utilisable et utilisé par des acteurs-consommateurs, et en l’occurrence des lecteurs.

L’utilisabilité est ainsi au cœur des problématiques liées, tant à l’échec d’im-plantation des e-books à la fin des années quatre-vingt-dix, début des années deux mille, qu’aux conditions que les nouveaux appareils de lecture doivent aujourd’hui remplir pour susciter et accompagner de nouveaux usages. Le pari

14 Sur ce thème de la société de consommation à la société de participation, voir Génération participation, thierry Maillet, M21 éd., 2006.

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à relever est d’allier à la fois la simplicité d’emploi et l’utilité réelle. En clair : un appareil de lecture électronique doit à la fois être ergonomique, d’un emploi simple, mais, également, être utile, c’est-à-dire apporter de réels plus par rap-port à un livre papier.

dans une civilisation du livre où la dernière révolution date du xve siècle et la dernière évolution importante est en fait un formidable coup de pub d’ha-chette pour relancer en 1953 le livre de poche qui existait depuis des lustres, il faut nécessairement prendre en compte que les lecteurs (utilisateurs de li-vres) ne sont guère enclins, a priori, au changement. pour qu’ils adoptent les nouveautés que l’informatique peut apporter au monde de la lecture, il faudra passer effectivement, du livre objet au livre-bibliothèque, du livre unique au livre interactif, du livre figé au livre multimédia, et du livre personnel au livre en réseau, c’est-à-dire du livre individuel au livre participatif, du livre refermé au livre ouvert !

il est en effet temps, alors que l’an 2010 approche, de concevoir et de com-mercialiser de nouveaux dispositifs de lecture qui puissent s’intégrer, à la fois, aux nouvelles pratiques éditoriales numériques, et, également, aux habitudes, modes et réflexes culturels des jeunes générations digital natives, maîtrisant depuis leur plus jeune âge les gadgets informatiques.

un exemple emblématique de ce qui, sur le modèle de l’évolution Web/Web 2.0, pourrait conduire à livres/livres 2.0 est sans doute l’une des ces premières applications composites (mashup) dédiées aux livres. En janvier 2007, david petrou, ingénieur software chez Google a mis au point une application entre Google books et Google Maps. ainsi, chaque lieu indiqué dans un livre s’ins-crit en lien hypertexte pouvant conduire le lecteur qui clique à un plan ou une photo satellite de l’endroit. pour l’instant seuls quelques livres en ligne sont concernés (Le tour du monde en 80 jours, Guerre et paix, Le voyage de Marco polo, le rapport de la commission parlementaire américaine sur les attentats du 11 septembre 2001), mais un jour, tous les livres le seront et non plus seulement à partir du Web, mais à partir des readers portables d’e-books.

Le livre est ainsi appelé à retrouver la place qui fut longtemps la sienne, celle d’un média, c’est-à-dire d’un moyen de diffusion et de communication, et pour-quoi pas, ennoblit aujourd’hui des valeurs de partage et de participation du Web 2.0, à redevenir le premier des médias. car, comme nous allons le voir avec la présentation des premiers readers commercialisés, notamment en france, un reader est bien davantage qu’un dispositif de lecture, c’est un véritable média pour l’écrit.

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1 le livre n’est pas un produit comme un autre

Les e-books vont-ils un jour remplacer les livres ?

a cette question, posée en octobre 2006 sur le vidéoblog nouvoLivractu, un internaute enthousiaste répond : « c’est évident ! Les platines et le Mp3 coexistent-ils ? Le boulier et Windows coexistent-ils ? Soyons sérieux. dans moins de cinq ans, la plupart des livres auront disparu. L’encre électroni-que fait mieux, moins cher, plus portable, plus compact et plus puissant que ce cher vieux support pathétique, le papier, ou ce support ringard et sur consommateur d’énergie, l’écran d’ordinateur. non seulement les li-vres vont disparaître, mais la plupart des écrans d’affichage et à terme, les écrans d’ordinateur utiliseront la technologie d’encre électronique, qui est en fait presque l’équivalent de la dictée magique, astuce à laquelle on eut dû penser plus tôt, sans le détour par la télévision et l’ordinateur.a quoi bon réifier et glorifier le livre ? c’est un support sans plus, comme le mot l’est à la pensée. dans moins de cinq ans, les gens auront une pla-quette de 100 grammes, solide, en plastique, comme une ardoise avec une bibliothèque dans une puce. très enthousiasmant ! »

[www.nouvolivractu.cluster21.com/fr/poll/les_e_books_vont_ils_un_jour_remplacer_les_livres]

Si cet internaute anonyme lit aujourd’hui ce livre il doit être heureux, car, tous les jours, l’actualité des nouveaux appareils de lecture lui donne raison.

Et si nous nous projetions en 2035 ?

« Les journaux et les livres ont en commun d’être imprimés sur du papier. Si ce dernier nous a bien arrangés pendant sept ou huit siècles, entraînant avec lui une véritable révolution culturelle, il a l’inconvénient d’être une matière très lourde. L’industrie du papier est, en tonnage, la plus lourde après celle de la sidérurgie. Le papier doit être déplacé et stocké, et tous ceux qui possèdent une bibliothèque savent quelles contraintes cela peut représenter. [… ] En 2005, la pensée était en retard sur la technique. cela s’explique par le fait que, lorsqu’on est né avec une technologie, on a des œillères. c’est un phénomène assez naturel. Et c’est pour cela qu’il était indispensable qu’il y eût des renouvellements de générations à la tête des journaux comme des maisons d’édition : pour que des gens arrivent avec une vision désencombrée de leurs habitudes. [… ] En termes de maquette, le contenu est présenté en 2035 comme en 2005 mais Lire a abandonné le papier. Le support est dématérialisé »

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Jean-Louis Servan-Schreiber, fondateur (avec bernard pivot) du magazine Lire, interrogé en novembre 2005 par françois busnel, directeur de la ré-daction, à l’occasion des trente ans du magazine15.

1.4 Et si ce livre était un Livre 2.0

pour donner aux lecteurs de la version papier de Gutenberg 2.0 une idée de ce que sera, dans la pratique et dans les années à venir, un livre 2.0, il fallait un exemple. pour cet exemple, nous avons choisi le texte ci-après, intitulé juste-ment : Le Livre 2.0 sera bientôt entre vos mains16, qui présente l’intérêt de bien résumer le propos du présent ouvrage.

Si vous lisiez cette page papier sur un reader vous auriez directement ac-cès à des services et à des informations complémentaires. par exemple, dans l’illustration ci-après, tous les termes soulignés seraient en liens hypertexte actifs. nous avons indiqué entre les balises < et > le service qui correspondrait. En 2008, il est encore un peu trop tôt pour, par exemple, visionner des vidéos sur e-paper, mais d’ici 2010-2015 aucune des possibilités envisagées dans notre illustration ne devrait être impossible.

Le Livre 2.0 devra cependant rester, à notre avis, un dispositif de lecture, et non pas devenir un ordinateur de poche. avec la convergence numérique, de nombreuses solutions permettent déjà de lire du contenu multimédia en situa-tion de mobilité. a côté de ces offres, il faudra, pour les amoureux de la lecture et des livres, trouver le juste milieu entre tablette de lecture et tablet pc.

15 www.lire.fr/enquete.asp/idc=49372/idr=200/idG=

16 www.ziki.com/people/lsoccavo/archives/1653217-le-livre-2-0-sera-bientot-entre-vos-mains

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1 le livre n’est pas un produit comme un autre

Le Livre 2.0 sera bientôt entre vos mains !

voilà une affirmation qui est osée, pensez-vous. Et pourtant c’est la vérité…Souvenez-vous… En mars 2000, au Salon du livre de paris, Jacques chirac et Lionel Jospin visitent le premier village e-book <pointez le stylet et une fenêtre vous donne automatiquement la traduction : livre électronique>. comme la presse, comme les professionnels du livre et de l’édition, ils vont admirer le cybook <Lien vers le chapitre consacré au cybook>, livre électronique développé par les français de cytale et qui sera commercialisé en octobre 2001. Jacques attali et Erik orsenna <possibilité d’accéder à une notice biographique des personnes citées> sont de l’aventure.

Largement médiatisé à l’époque, ce premier lancement d’un e-book français a marqué les esprits et reste, aujourd’hui encore, présent dans les mémoires. Mais patatras ! Le 18 juillet 2002, le tribunal de commerce de nanterre prononce la mise en liquidation. En vérité, si l’absence de soutiens financiers a été fatale, la cause première du naufrage est dans la technologie de l’époque.Qui était prêt, en france, en l’an 2000, à lire sur un petit écran rétro-éclairé ? pratiquement personne. alors revenons à notre affirmation : Le Livre 2.0 sera bientôt entre vos mains !

depuis 2000, les recherches ont considérablement progressé et il existe aujourd’hui incontestablement une alternative viable au pa-pier. il s’agit de l’e-paper <Lien vers le chapitre consacré à l’e-paper> : un papier écologique, réinscriptible et communicant.c’est au fameux palo alto research center de xerox, berceau de la Silicon valley californienne <possibilité de géo localiser tous les lieux cités sur un plan et/ou une carte satellite>, que tout commence.dès 1972, dans la tête d’alan Kay qui est le premier à rêver d’un livre électronique. puis en 1977, dans celle de nicholas Sheridon, qui a lui l’idée d’une encre électronique.En 2000 justement, la société américaine E-ink corp. <Lien www .e-ink.com> au sein du Mit (Massachusetts institute of technology) commence à mettre au point l’e-ink. <pointez le stylet et une fenêtre

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us donne automatiquement la traduction : encre électronique>comment cela marche ?

c’est simple. des pigments noirs et blancs, encapsulés dans un film plastique transparent, réagissent selon leur charge à des impul-sions électriques. Les pigments noirs sont chargés négativement, les blancs positivement. une simple impulsion électrique permet l’af-fichage. <accéder à une vidéo de démonstration> par exemple, un champ électrique positif provoque la migration de pigments noirs vers le haut. ils deviennent visibles en surface. des points noirs ap-paraissent et forment des caractères. Les capsules restent stables. L’éclairage provient uniquement de la lumière ambiante naturelle. autrement dit : le support n’émet pas de lumière. pas de rétro-éclai-rage, comme avec les écrans, et donc, nous l’avons testé de nos pro-pres yeux : un confort de lecture comparable à celui du papier et une consommation énergétique très faible.

aujourd’hui, en 2007, les prototypes débouchent sur de premières applications, tant dans les domaines des nouveaux appareils de lec-ture, que dans l’affichage publicitaire <accéder à une vidéo de pré-sentation sur nouvoLivractu http://nouvolivractu.cluster21.com/node/608/play> et bientôt la presse.

Mais le Livre 2.0, concrètement, au-delà l’allusion au Web 2.0, c’est quoi ?

c’est une tablette de lecture du format et du poids d’un livre de po-che, mais, avec une seule et unique page. <accéder à une galerie pho-tos, par exemple celle en cahier central dans ce livre> car cette page, c’est de l’e-paper. Entre 2007 et 2010 ces ardoises magiques, notam-ment fabriquées en chine par Jinke <Lien vers www.jinke.com.cn/compagesql/English> et eread <Lien vers www.stareread.com/en > vont débouler en Europe et réaliser l’alchimie entre la longue tradi-tion du livre papier, ses avantages séculaires, et ceux, contemporains, du numérique et des ntic <pointez le stylet pour accéder au glos-saire>. La france n’est pas absente de ce marché émergent, notamment avec le projet de reader Sylen, développé par la société nemoptic

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1 le livre n’est pas un produit comme un autre

<accéder à une vidéo de présentation du Sylen sur www.jbouteiller.net/Le-SYLEn-de-nemoptic-en-video_a254.html>

depuis le début des années 2000, le numérique a lentement révo-lutionné la chaîne du livre. L’informatisation a apporté de nouveaux outils de rédaction, d’impression, de diffusion, de communication et de commercialisation à tous les partenaires, des auteurs aux lec-teurs. ces outils sont garants de la bibliodiversité et de l’indépen-dance, tant des auteurs que des éditeurs.

Que le livre puisse encore évoluer est une véritable chance. aujourd’hui, alors que les premiers readers sont commercialisés en asie et aux états-unis, avec le reader prS-500 de Sony <accéder au learning center du reader de Sony sur www.sony.com/reader >, ac-compagner l’évolution des pratiques de lecture dans un monde mul-timédia high-tech, bien préparer la transition est primordial pour l’avenir du livre et le devenir de l’édition.cette fois-ci est la bonne : l’émergence du livre numérique va révo-lutionner l’objet livre, qui, il faut bien le dire, n’avait que peu évolué depuis la création du livre de poche en… 1953 !Le livre Gutenberg 2.0 traite de cette (r)évolution <accéder à la vi-déo de présentation du livre sur http://nouvolivractu.cluster21.com/node/384/play>

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2.1 L’e-ink, l’encre électronique

Qu’est-ce que l’e-ink ?

des pigments noirs et blancs qui réagissent à des impulsions électriques pour se positionner sur une surface, appelée e-paper, et y afficher ainsi un texte ou une image qui restent stables, sans consommation d’énergie et sans rétroéclairage.

comme l’idée première de l’e-book, l’idée première d’une encre électroni-que vit le jour dans les laboratoires xerox, dès 1977. on la doit précisément à nicholas Sheridon17, chercheur au parc xerox, le palo alto research center18, berceau de la mythique Silicon valley californienne. il fut le premier à imagi-ner la possibilité de remplacer l’encre traditionnelle que nous connaissons par de minuscules sphères bicolores blanches et noires, placées entre deux fines feuilles de plastique. il faudra attendre décembre 2000 pour que xerox lance la start-up Gyricon Media inc.19 chargée de réaliser un Smartpaper. La technologie

17 interview the future of electronic paper : www.tfot.info/articles/1000/the-future-of-electronic-paper.html18 www.parc.comwww.parc.com19 www2.parc.com/hsl/projects/gyriconwww2.parc.com/hsl/projects/gyricon

de nouveaux appareils de lecture

chapitre 2

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de l’encre électronique (electronic ink ou e-ink) est simple à comprendre dans son principe. Sa finalité est de parvenir à un affichage stable, sur un film plasti-fié, fin et flexible, d’une épaisseur de l’ordre de seulement 0,3 mm.

il est à noter cependant qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, les écrans Lcd les plus fins font déjà seulement 0,82 mm et que la technologie d’afficha-ge oLEd (écran organic light-emitting diode) permettra bientôt la production d’écrans flexibles, fins, couleur et avec une luminosité moins agressive que celle des écrans basiques. au point que Kevin ha, chef de projet au sein de la direc-tion prospective 3Suisses international, titrait récemment sur son blog person-nel : technologie oLEd : de la vidéo dans nos magazines papier ?20

une guerre e-paper contre écran serait-elle possible ? avant d’examiner cette question et de traiter du papier électronique (e-paper), examinons l’encre électronique.

aujourd’hui et depuis 2001, le leader en recherche et développement sur la technologie e-ink reste la société américaine, judicieusement baptisée E-ink corp.21, en partenariat avec le néerlandais philips22, en charge d’assimiler l’e-ink en e-paper (papier électronique). comme nous allons le voir, leurs recherches pour créer une encre électronique, stable et facilement lisible, débouchent aujourd’hui sur des applications concrètes, notamment dans les domaines des nouveaux appareils de lecture, de l’affichage urbain de nouvelle génération, et de la presse du futur.

La première commercialisation d’un produit e-ink fut réalisée au Japon à partir d’avril 2004, pour Sony et son reader Librié, que nous présenterons bien-tôt. depuis juin 2005, l’entreprise taïwanaise prime view international (pvi)23 détient le monopole de l’intégration e-ink au format e-paper 6 pouces (à peu près équivalent à un format a5, légèrement inférieur à 15x21 cm) pour les rea-ders d’e-books. pvi appartient au groupe papetier taïwanais Yuen foong Yu pa-per, qui rassemble quatre-vingt-dix sociétés. E-ink corp., allié au distributeur neolux24, conserverait le monopole des technologies e-ink/e-paper dédiées à l’affichage.

c’est près de boston que la société E-ink, issue du Mit, développe ses re-cherches. précisément à cambridge, ville du Massachusetts aux états-unis. bien qu’il ne faille donc pas confondre avec la prestigieuse cité universitaire de cambridge, dans l’est de l’angleterre, cambridge du Massachusetts, en nou-velle-angleterre, possède également ses universités, et particulièrement l’uni-

20 www.kevinha.fr/index.php/2007/11/10/76-technologie-oled-de-la-video-dans-nos-magazines-papier21 www.www.e-ink.com22 www.research.philips.comwww.research.philips.com23 www.pvi.com.twwww.pvi.com.tw24 neoluxiim.com/englishneoluxiim.com/english

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versité harvard, ainsi donc que, le fameux Mit25 (Massachusetts institute of technology) qui regroupe dans sa périphérie de nombreux sièges de centres de recherche et de sociétés spécialisées dans les hautes technologies, notamment en informatique et biotechnologies, mais aussi nous le voyons donc, dans la technologie e-ink/e-paper. cette précision géographique nous semble d’autant plus utile que le cambridge du royaume-uni développe également ses propres recherches sur les nouveaux supports de lecture, notamment avec le capE26 (center for advanced photonics and Electronics), et au sein de son département de physique, le Laboratoire cavendish, dont est issue en 2000 la société plastic Logic27, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir bientôt.

Généalogie de la technologie e-ink pour readers

pour saisir le fonctionnement de base de la technologie e-ink, nous pou-vons utiliser une analogie : celle des panneaux d’informations municipales que nous pouvons voir à paris et dans les principales villes françaises, ou bien parfois dans les gares et aéroports avec les annonces des arrivées et départs. Les annonces qui s’affichent sur ces panneaux utilisent des sphères mi-jaunes, mi-noires. une impulsion électrique fait pivoter ces sphères de telle sorte que le message s’affiche en lettres jaunes sur fond noir et est donc facilement visi-ble et déchiffrable en extérieur, par les passants et les automobilistes, de jour comme de nuit.

En imprimerie, les contraintes et les habitudes ne sont pas les mêmes. nous lisons généralement des caractères noirs sur fond blanc et non pas jaunes sur fond noir. pour cette raison, le principe de l’encre électronique repose sur des microcapsules contenant des pigments noirs et blancs. retenus dans un film transparent, des millions de ces microcapsules flottent dans un fluide limpide. a l’intérieur de chacune, les pigments noirs et blancs montent ou descendent en fonction de leurs charges électriques. Les pigments noirs sont chargés né-gativement et les pigments blancs positivement. comme pour les panneaux urbains de simples impulsions électriques permettent l’affichage. par exemple, un champ électrique négatif provoque la migration des particules blanches vers le haut de la microcapsule. Elles deviennent donc visibles en surface. L’in-verse, une décharge positive, fait migrer les particules blanches vers le fond de la microcapsule et fait apparaître les noires. des caractères noirs apparaissent

25 www.mit.eduwww.mit.edu26 www.epaper.org.ukwww.epaper.org.uk27 www.plasticlogic.comwww.plasticlogic.com

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donc sur le fond blanc du support. En jouant ainsi avec les courants positifs et négatifs l’on peut orienter les pigments encapsulés et programmer facilement l’apparition de textes noir sur blanc, ainsi que des images en niveaux de gris.

une impulsion électrique de 15 volts suffit donc seule à l’affichage. Les cap-sules restant stables, l’éclairage provient uniquement de la lumière ambiante naturelle qui se réfléchit sur le support comme sur une feuille de papier. autre-ment dit : le support, à la différence d’un écran, n’émet pas de lumière. comme le papier il permet donc une lecture même au soleil et quel que soit l’angle de vision.

illustrations E-ink corp.28

c’est précisément parce qu’un rétro-éclairage n’est pas nécessaire, comme c’est le cas avec les écrans, notamment à cristaux liquides (Lcd), que le confort de lecture est comparable à celui que nous connaissons avec le papier, qu’en outre la consommation énergétique des nouveaux appareils de lecture est fai-ble, et leur autonomie bien supérieure à celle des e-books de première généra-tion.

28 www.www.e-ink.com/press/downloads/index.html

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L’e-ink est aujourd’hui fonctionnelle, notamment dans les premiers readers d’e-books et dans l’affichage publicitaire. E-ink corp. multiplie les partenariats et les joint ventures avec les plus importants constructeurs d’électronique et de communication, tant en occident qu’en asie : Sony (qui commercialise le reader prS-500 aux états-unis), hitachi, Matsushita, fujitsu, toppan printing29, Seiko, citizen, Lexar, Siemens, irex technologies (qui commercialise, notamment en Europe, le reader iliad et est une filiale de philips), Jinke Electronics (qui com-mercialise notamment en chine avec hanlin, une gamme de readers), intel, Motorola, neolux, Midori Mark, ixYS Micronix…

depuis 2005 l’e-ink couleur est en cours de développement, et, si la vitesse d’innovation du secteur se maintient, elle sera peut-être même commercialisée sur de nouvelles tablettes de lecture au moment où vous lirez ces lignes.

L’entreprise japonaise fujitsu30, entre autres, y travaille ardemment et a déjà dévoilé ses premiers prototypes, notamment lors du cEatEc (combined Exhibi-tion of advanced technologies) qui se tenait en octobre 2006 à Makuhari dans la périphérie de tokyo. En 2007 elle a dévoilé toute une nouvelle gamme de prototypes de readers e-paper couleur, baptisés fLEpia (4096 couleurs).

une nouvelle fois, d’autres technologies concurrentes innovent également. opalux, une start-up canadienne, a mis au point en 2007, p-ink, une nouvelle variété d’encre électronique dont la couleur change en fonction de la tension électrique appliquée. Le système repose sur une utilisation de cristaux photo-niques réfléchissants, dont les propriétés de réfraction varient selon le courant électrique. toujours en 2007, LG.philips a présenté le prototype d’un e-paper flexible intégrant une encre électronique couleur. d’un format équivalent à ce-lui d’une feuille a4, ce Lp displays pourrait lui aussi afficher 4096 couleurs, et ce avec un angle de vue à 180° quelle que soit l’orientation. Samsung et Qual-comm, entre autres, travaillent aussi sur des prototypes couleur.

il est indéniable, à l’heure où nous écrivons ces lignes, que les derniers déve-loppements techniques et la mise en industrialisation de ces procédés annon-cent la mise en masse sur le marché de nouveaux dispositifs de lecture couleur à l’horizon 2008-2010.

En mai 2007, E-ink corp.a lancé une nouvelle plateforme d’affichage e-paper, baptisée vizplex imaging film31 couplée à un nouveau contrôleur d’affichage (Metronome). cette nouvelle e-ink est plus contrastée et présente un taux de rafraichissement deux fois plus rapide que la précédente.

Le président d’E-ink corp., russ Wilcox, précisait lors de son lancement : « nous avons choisi ce terme distinctif Wizplex afin que chacun puisse facilement reconnaître la nouvelle génération d’affichages e-paper. dans le même temps, nous proposons un plus grand choix de tailles d’écran, une électronique embar-

29 www.toppan.co.jp/english/index.htmlwww.toppan.co.jp/english/index.html30 www.fujitsu.com www.fujitsu.com 31 www.eink.com/products/matrix/imaging_film.html

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quée améliorée, une compatibilité pour un plus grand nombre de niveaux de gris et un kit de développement pour élaborer des prototypes. »32

L’ambition d’E-ink corp. dépasse en vérité de loin le marché des tablettes de lecture. L’objectif de plus en plus clairement affiché est de concurrencer les différents types d’écrans et de multiplier dans le monde de demain les surfa-ces et supports d’affichages multimédias. depuis 2002 la société travaille à des prototypes couleur et a dévoilé en 2007 ses premiers tests de vidéo. Entre 2005 et 2007 le laboratoire d’E-ink est passé de la possibilité d’afficher une image seconde à trente images seconde.

illustrations E-ink corp.

32 communiqué d’E-ink corp. www.eink.com/press/releases/pr100.html

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différentes techniques pour l’e-ink…

parmi les technologies e-ink à particules électrophorétiques, nous distin-guons trois techniques différentes. La méthode de l’électrophorèse re-pose sur le déplacement, comme nous l’avons vu, de molécules soumises à un champ électrique. 1- celle fondatrice de la société américaine E-ink corp.Elle représente le système de base, celui que nous avons expliqué dans ce chapitre et elle est utilisée pour les nouveaux appareils de lecture. 2- celle de la société japonaise bridgestone, pour hitachi33, un des principaux fabricants de semi-conducteurs au Japon.La différence vient du substrat en nid d’abeilles, les microparticules ne sont pas emplies de solvant mais d’air, ce qui permettrait un affichage plus rapide. 3- celle de l’entreprise sino-américaine Sipix34.Les microparticules sont dans un fluide opaque, l’épaisseur serait plus fine (de l’ordre de 0,2 mm).Les autres techniques sont dérivées des technologies Lcd. Kent displays35 et nemoptic36 en sont les principaux représentants. Kent displays pro-duit des écrans très flexibles, destinés notamment à être intégrés dans les vêtements du futur. La société française nemoptic, comme nous l’évoquerons, cible, entre autres, le marché des readers d’e-books.L’encre électronique recouvre en fait trois technologies différentes : à particules, à cristaux liquides, et électromécanique. Mais dans les trois cas le procédé reste le même, à savoir : rendre l’effet mémoire du papier physique, c’est-à-dire que lorsque l’on coupe l’énergie électrique le texte reste cependant affiché.

2.2 L’e-paper, un papier communicant

Qu’est-ce que l’e-paper ?fondamentalement l’e-paper est une évolution du papier.c’est la feuille flexible qui contient les microcapsules avec l’e-ink.une feuille d’e-paper est un support d’affichage, plat, fin et flexible, et qui reflète la lumière ambiante comme une feuille de papier.

33 www.www.hitachi.com34 www.sipix.comwww.sipix.com35 www.kentdisplays.comwww.kentdisplays.com36 www.nemoptic.frwww.nemoptic.fr

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on appelle e-paper (papier électronique) une feuille plastique flexible utili-sant la technologie d’affichage e-ink. a première vue, l’aspect peut rappeler un papier glacé ou une couverture pelliculée. il s’agit d’un papier réinscriptible et communicant. réinscriptible, car utilisant la technologie e-ink : une simple im-pulsion électrique suffit à faire apparaître un nouveau texte sur l’unique page e-paper. communicant et rich media, car relié aux réseaux de téléphonie mo-bile et d’internet, et donc actualisable, il donne l’accès à l’interactivité du Web 2.0.

photo courtesy of plastic Logic photo courtesy of LG.philips Lcd37

afin d’éviter toute confusion, nous proposons de réserver le terme e-paper pour les techniques d’affichage utilisant la technologie e-ink, et d’utiliser des expressions comme, par exemple, écran souple, aux autres techniques, comme les écrans oLEd (organic light-emitting diode, ou diode électroluminescente organique).nous avons vu qu’il existait différentes technologies d’encre élec-tronique. Elles sont naturellement liées à différentes technologies de papier électronique. Le tableau qui suit expose les principaux types d’écrans. nous verrons que certains d’entre eux présentent les mêmes caractéristiques que l’e-paper : pas de rétro-éclairage et bistabilité, c’est-à-dire “effet mémoire” permet-tant de maintenir l’affichage stable sans source d’énergie.

au sens strict, l’e-paper est la technique d’affichage issue de la technologie E-ink corp. Si l’évolution des écrans Lcd représente une concurrence de poids, c’est qu’elle rend possible pour la fabrication, notamment des nouveaux ap-pareils de lecture, la réutilisation d’anciennes usines d’écrans Lcd, moyennant seulement de légères adaptations. L’e-paper stricto sensu nécessite lui la créa-tion de nouvelles usines dédiées et donc un surcoût considérable. En janvier 2007 il n’existait qu’une seule usine, dédiée aux nouveaux appareils de lecture et produisant une gamme d’e-papers de 1,8 à 6 pouces de diagonale. Elle a été lancée par pvi (prime view international) en avril 2006, à taiwan, au Science-

37 photos via E-ink corp.

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based industrial park d’hsinchu38, près de taipei. prime view international es-père réaliser en 2007 un chiffre d’affaires de 46 millions de dollars, en fournis-sant notamment les principaux assembleurs de readers que nous présenterons bientôt. La capacité de production mensuelle de pvi serait supérieure à 60 000 feuilles e-paper et son objectif déclaré est de 600 000 feuilles en 2007.

Mais la concurrence arrive Le 3 janvier 2007, la société britannique plastic Logic39, qui depuis 2004 conduit des recherches à partir des brevets d’E-ink corp., annonçait investir 100 millions de dollars dans la construction de la pre-mière usine européenne d’e-paper. cette somme provient de sociétés de capi-tal-risque, mais également, à la fois d’investisseurs industriels (intel et baSf) et financiers (bank of america). Le site retenu est au cœur de la Silicon Saxony, précisément à dresde, dans l’ancienne rda. La référence à la Silicon valley est évidente dès lors que l’on constate sur place la concentration d’importants groupes d’électronique, comme, par exemple, l’américain aMd. cette implanta-tion générerait 140 emplois directs et aura certainement des retombées positi-ves au niveau de la sous-traitance locale. La production démarrera début 2008, avec une capacité annuelle estimée à plus d’un million de supports e-paper par an. ce passage à l’industrialisation va avoir comme conséquence d’entraîner une chute des coûts de revient de l’e-paper et conséquemment du prix de vente des readers au public. plastic Logic travaille sur un format de 12 pouces de dia-gonale, soit le double de celui de pvi, et s’oriente vers des supports de lecture flexibles. Le dirigeant de plastic Logic, John Mills, qui évalue le marché du e-pa-per à plus de 41 millions d’unités dès 2010, est clair sur ce point : « nos écrans, dit-il, rendront possibles des produits de lecture électronique aussi confortables et naturels à lire que du papier, que vous soyez sur une plage, dans un train ou sur votre canapé ».

polymer vision, société hollandaise spin off de royal philips Electronics, a lancé en décembre 2007 un centre de production d’écrans e-paper flexibles à Southampton, sur la côte sud de l’angleterre, tandis que le japonais bridges-tone préparait une usine qui fabriquera l’e-paper non plus en feuilles de diffé-rentes dimensions, mais en rouleaux comme le papier traditionnel.

En 2007 toujours, la société française nemoptic a conclu un accord indus-triel avec Seiko instruments inc. pour la production en série de ses écrans Lcd bistables, à l’usine Microtechno de Sii, à akita, au Japon. par cet accord nemop-tic donne à Sii l’accès à sa technologie de production binem(r), lui permettant ainsi de fabriquer en série pour nemoptic des modules d’écrans Lcd bistables, tant en noir et blanc qu’en couleurs. Les technologies d’écrans bistables Lcd et oLEd qui apportent les mêmes caractéristiques que l’e-ink, ont d’emblée deux avantages de poids : ils sont en couleurs et ont un moindre coût de fabrication, car pouvant réutiliser des usines à écrans plats de téléviseurs ou d’ordinateurs.

38 www.pvi.com.tw/dm/dM_060508_Web_02.htmwww.pvi.com.tw/dm/dM_060508_Web_02.htm39 www.plasticlogic.com

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des écrans à l’epaper

Ecran crtcathode ray tubes : c’est l’ancêtre, l’écran dit “ca-thodique” des téléviseurs de notre enfance…

Ecran LcdLiquid crystal display : écran plat, dit “à cristaux liquides”…

Ecran plasmaplus lumineux que les écrans Lcd, mais gourmands et obligatoirement en verre…

Ecran oLEdorganic Light-Emitting diodes : plus contrasté et lumineux, plus fin et plus léger…

Ecran pLEdpolymer Light-Emitting diodes : des polymères émettent de la lumière, industrialisation facilitée…

Ecran cntcarbon nanotubes : un mini canon à électrons, qui nécessite encore moins d’énergie et permet des écrans ultraplats et ultrasouples...

Ecran binembinem (bistable nematic) liquid crystal display technology : affichage Lcd mais avec les avantages e-ink…

Ecran Qr-LpdQuick response Liquid powder displays : structure en nid-d’abeilles développée par bridgestone et avec les avantages e-ink…

E-paper EpdElectronic paper displays : papier électronique utilisant la technologie e-ink dédiée aux nouveaux appareils de lecture et à l’affichage…

pour les assembleurs et les diffuseurs, trois principaux challenges sont à

relever : 1. La lisibilité. 2. La sécurisation. 3. L’actualisation.

pour ce qui est de la lisibilité : l’e-paper réfléchit la lumière ambiante comme un papier traditionnel et sa résolution (niveau de qualité de l’image) est équi-valente. comme sur un papier, la lumière incidente est renvoyée dans toutes les

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directions. La réflectivité et le contraste de l’e-paper sont supérieurs à ceux du papier journal.

pour ce qui est de la sécurisation : le problème est d’assurer à la fois le confort d’utilisation et la protection des contenus, tant contre le piratage et la copie illicite, que contre la falsification des données transmises. nous reviendrons longuement dans le chapitre La diffusion/distribution à l’ère de la dématériali-sation sur les questions liées aux drM40, aux formats propriétaires et à l’inte-ropérabilité, c’est-à-dire la possibilité de pouvoir consulter un même contenu sur plusieurs supports. Le point capital à souligner ici, est qu’il ne faut pas que les éditeurs, tant de livres que de presse, deviennent de simples fournisseurs de contenu, à la traîne des innovations techniques. dans réinventer la chaîne du livre, nous verrons que l’édition innove et que le modèle ipod/itunes, basé sur l’accaparement d’une clientèle captive, devrait, souhaitons-le, trouver ses limites avec la commercialisation massive de readers d’e-books.

Enfin, pour ce qui est de l’actualisation : relié aux réseaux de téléphonie mo-bile ou d’internet par une connexion Wifi, l’e-paper peut potentiellement être mis à jour en temps réel. nous en verrons bientôt les avantages pour la presse quotidienne.

pour les chercheurs un quatrième challenge à relever est celui de la sou-plesse. de fait, le matériau semi-conducteur en plastique qu’on utilise confère à l’e-paper une souplesse lui permettant presque d’être enroulé. Le prototype de la société universal display41 en donne une intéressante illustration, tout comme le readus de philips, premier projet d’un véritable e-book enroulable42, sur le modèle des rouleaux de papyrus. taiwan est à la pointe de la recherche en électronique flexible qui servira notamment le domaine des Epd (Electronic paper displays) pour les e-journaux du futur. des prototypes sont notamment développés par l’industrial technology research institute of taiwan.

Les semi-conducteurs43 organiques, matériaux plastiques capables de conduire l’électricité sont à la base du papier électronique.

Les propriétés conductrices de certains plastiques ont été découvertes dès la fin des années soixante-dix par le Japonais hideki Shirakawa, pionnier de l’élec-tronique plastique. hideki Shirakawa, avec les américains alan Macdiarmid et alan J. heeger de l’université de pennsylvanie obtinrent pour cette découverte le prix nobel de chimie en l’an 2000. L’e-paper, développé par E-ink corp. et phi-lips repose sur un circuit imprimé en plastique souple semi-conducteur, lequel est relié au composé de milliers de microcapsules d’encre électronique. comme nous l’expliquions précédemment, c’est sous l’impulsion d’un champ électrique

40 digital rights Management.41 www.universaldisplay.com/concepts.htm42 fr.gizmodo.com/2006/08/29/lebook_qui_se_deroule_en_video.html43 Matériaux à la conductivité électrique intermédiaire entre les métaux et les isolants.Matériaux à la conductivité électrique intermédiaire entre les métaux et les isolants.

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que ces microcapsules vont migrer et montrer leur face blanche ou noire, per-mettant ainsi l’affichage de textes et d’images en noir et blanc.

Signe révélateur : la société japonaise spécialisée dans l’impression, toppan printing co, s’est alliée à la société américaine E-ink afin de collaborer à la com-mercialisation de son papier électronique. de fait, une e-ink couleur sera certai-nement au point avant l’année 2010. un premier prototype a déjà été présenté dès octobre 2005, au Japon, dans le cadre de la fpd international trade show. fujitsu, nous l’avons évoqué, développe également un projet de reader e-ink couleur.

depuis la fin des années quatre-vingt-dix, les plus grands groupes infor-matiques et industriels ont pris conscience des possibilités offertes par les semi-conducteurs organiques. Mais si les écrans à cristaux liquides peuvent, à première vue, sembler condamnés à disparaître à moyen terme - à moins juste-ment qu’ils ne retrouvent une seconde jeunesse dans le marché des nouveaux appareils de lecture ; l’évolution de la technologie oLEd, laquelle repose sur des diodes organiques lumineuses de couleurs, est elle aussi de plus en plus prometteuse. Elle rend possible la réalisation d’écrans électroniques en plas-tique souple. ces écrans n’en sont plus vraiment, et nous devrions plutôt par-ler de surface ou de support d’affichage. ces affichages-plastique présentent des caractéristiques proches de celles de l’e-paper : légèreté, souplesse, faible consommation d’énergie, confort de vision quel que soit l’angle ou la lumino-sité ambiante.

En fait, ce sont toutes les nouvelles technologies d’affichage qui sont aujourd’hui en proie à l’effervescence et la france n’est pas totalement absente de cette compétition. Si le procédé nanopage, développé par la société françai-se inanov44 pour la production de grands écrans numériques souples, à base de nanotubes de carbone et de polymères, a été interrompu en mars 2006, faute de soutiens financiers, une autre société française, nemoptic45 reste dans la course. cette dernière innove en développant une technologie baptisée binem (bistable nematic), découlant des travaux du nobel de physique pierre-Gilles de Gesnes et de son groupe de chercheurs de l’université d’orsay et du cnrS, sur la physique des cristaux liquides. En 2007, la technologie binem est adaptée à un prototype de reader, baptisé Sylen (Système numérique de Lecture nomade). il s’agit d’un affichage de type Lcd, en cristaux liquides donc, mais qui présente les mêmes avantages que la technologie e-ink : pas de rétro-éclairage et une stabilité suffisante pour maintenir une page affichée sans consommation sup-plémentaire d’énergie. un tel reader aurait également deux autres avantages de poids : il serait d’emblée en couleurs, puisque Lcd, et il serait moins coûteux que ses concurrents, du fait qu’il n’utilise pas la technologie e-ink. L’ambition de

44 www.inanov.frwww.inanov.fr45 www.nemoptic.frwww.nemoptic.fr

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nemoptic, créée en 1999, avec son siège social en région parisienne, une unité de production en Suède et qui au 1er décembre 2006 avait déjà levé plus de 35 millions d’euros, est de concurrencer la technologie e-ink sur la même et vaste gamme d’applications (readers d’e-books, pc ultra-portables, télépho-nes mobiles, étiquettes électroniques ). dans ce challenge entre les différentes technologies d’affichage, les fabricants français ont cependant des concurrents de poids. notamment panasonic, marque principale du groupe japonais Mat-sushita Electric industrial co Ltd, l’un des leaders mondiaux de l’électronique grand public, avec son reader Words Gear à écran Lcd, qui cible les fans de man-gas guère rebutés par une lecture sur écran, ou toshiba avec son e-book dual Screen, appareil à deux écrans et qui s’ouvre comme un livre.

La société japonaise bridgestone, en partenariat avec hitachi, développe la technologie Qr-Lpd (Quick response Liquid powder displays). cet e-paper de 0,29 mm seulement d’épaisseur, baptisé albirey, n’utilise pas la technologie e-ink américaine, mais une structure en nid d’abeilles qui lui confère l’appa-rence du papier, tout en étant bien évidemment réinscriptible. au Japon, en décembre 2006, avec la société de marketing East Japan Marketing & commu-nications (Jeki) et une trentaine de sponsors, hitachi a testé cette technologie, avec des affichages publicitaires e-paper de 13,1 pouces et 8 couleurs, dans trois trains de la ligne Yamanote Line de tokyo, de la compagnie ferroviaire Jr East trains. Les images étaient fixes, mais il est prévu à moyen terme de pouvoir dif-fuser des séquences vidéo. Les caractéristiques techniques sont d’ores et déjà prometteuses : une résolution de 512 x 284 pixels, un affichage e-paper de 4096 couleurs, une mémoire de 8 Mo permettant de faire défiler 37 publicités par affiche équipée d’une liaison Lan Wifi.

Les polymères organiques conducteurs présentent encore de nombreuses perspectives d’applications pour le secteur émergent de l’électronique impri-mée et les recherches progressent chaque jour. ces polymères conducteurs, appelés couramment “encres conductrices”, concernent les différents types d’écrans et pas exclusivement l’e-paper.

La start-up américaine Quantum paper46 travaille à rendre un jour possible la surimpression d’un écran électronique sur un support papier ou plastique traditionnel. nous le constatons tous : les écrans sont de plus en plus plats et de plus en plus souples. dans cette compétition le coréen Samsung se positionne en leader avec, d’une part, un écran Lcd d’une épaisseur de seulement 0,82 mm, mais, surtout, une nouvelle technologie, baptisée i-Lens et permettant de ren-dre plus compact l’ensemble formé par le support, la matrice active et les dif-férentes couches qui la protègent. destinées avant tout aux téléphones porta-bles, ces technologies vont certainement ouvrir de nouvelles voies aux marchés

46 www.quantumpaper.comwww.quantumpaper.com

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de l’affichage en général, et, peut-être, du livre électronique en particulier. Et si nous revenions aux rouleaux, mais avec des connexions bluetooth et Wifi ? Le prototype de la société polymer vision47 va très clairement dans ce sens.

une guerre e-ink vs Lcd est-elle possible ? En ce qui nous concerne, nous voyons plutôt le futur en termes de complémentarité, même si nous croyons en l’avenir de l’e-paper comme support d’affichage dédié à la lecture de l’écrit.

cependant, e-paper flexible, suppose batteries et microprocesseurs flexi-bles. c’est sur ces points que la recherche doit progresser. Et elle progresse.

côté batterie : nEc48 a mis au point une batterie tellement fine qu’elle en est flexible. Elle est idéale pour s’intégrer, par exemple, à du papier électronique. La société affirme que cette pile organique peut se recharger plus vite que son ombre : en 30 secondes. La mise au point de cette orb (organic radical battery) est l’aboutissement de cinq années de recherches. La pile ne fait pas plus de 300 microns d’épaisseur. Elle utilise un polymère organique en guise de catho-de, ce qui rend possible sa rapidité de rechargement. Elle serait en outre parfai-tement écologique, sans métaux toxiques, comme le mercure ou le cadmium, contrairement aux batteries ordinaires. Le fabricant coréen de batteries, rocket, lance également sa propre batterie ultra-mince et flexible, et n’incluant aucun produit chimique toxique. La cible est les utilisateurs de tags rfid (étiquette électronique d’identification lisible par ondes hertziennes), les fabricants de cartes bancaires

côté microprocesseur, qu’il s’agisse d’un ordinateur ou d’e-paper, le micro-processeur est le cerveau du système. pour faire simple, il s’agit d’une puce complexe à circuit intégré déterminant la vitesse et la puissance de l’ensem-ble d’un système informatique et en gérant la majeure partie du traitement de données. déjà miniaturisée à l’extrême, elle se doit donc maintenant d’être en plus également flexible. Epson49 a annoncé la réussite du développement du premier microprocesseur flexible asynchrone 8 bits au monde. Son procédé repose sur des transistors en minces couches de silicium polycristallin à fai-ble température sur un substrat en plastique. Les premiers résultats de ces re-cherches développées par Epson ont été présentés dans le cadre de l’iSScc, dès 2005 à San francisco.

il ne fait aucun doute que l’électronique flexible va accélérer la dématéria-lisation du livre. fin 2006, l’institut de recherche technologique industrielle de taiwan (itri) estimait que l’électronique flexible, intégrant processeurs, mé-moires, batteries et écrans sera commercialisée avec succès à partir de 2008. Selon une étude de 2007 de la display bank (corée) le marché des écrans e-pa-

47 ww.polymervision.comww.polymervision.com48 www.nec-display-solutions.comwww.nec-display-solutions.com49 www.epson.dewww.epson.de

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per flexibles représentera 6 millions de dollars américains d’ici 2010 et pourrait doubler en 2015.

Si les écrans ont encore un rôle à jouer dans les prochaines années, dans les secteurs de la télévision et de la téléphonie mobile notamment, en revan-che, l’e-paper va certainement révolutionner ceux de l’édition et de la presse. Les économies engendrées vont, en effet, être substantielles, avec carrément l’élimination des coûts liés au papier, à l’impression et à la distribution. c’est pourquoi, comme nous le verrons quelques chapitres plus loin, la presse va cer-tainement être le fer de lance pour introduire l’usage de l’e-paper dans la vie quotidienne des lecteurs.

alors que la problématique du développement durable se pose avec une acuité chaque jour accrue, l’e-paper peut être une solution d’avenir. En appor-tant un support pérenne et réinscriptible par rapport au papier traditionnel, il ouvre des possibilités d’impression et d’édition illimitées et davantage éco-responsables, auxquelles sont particulièrement sensibles les pays-continents émergents que sont la chine et l’inde.

d’autres recherches se poursuivent en parallèle de l’e-paper, parfois avec des finalités proches. La société israélienne Epos a créé un système permettant de transformer une feuille de papier en écran tactile, le texte écrit apparaissant sur son écran d’ordinateur. En novembre 2006, la chercheuse brinda dalal de xerox a mis au point, avec le palo alto research center, un papier auto-effa-çable et réinscriptible. un vernis spécial entraîne, après un délai de seize heu-res, l’auto-effacement de l’impression et la feuille peut ensuite être réutilisée tout naturellement dans une photocopieuse. une cinquantaine d’utilisations est pour l’instant possible, sur un papier légèrement jaune et une impression, sans encre donc, violette. S’ils peuvent à terme être intéressants, notamment en bureautique, ces procédés ne feront cependant pas d’ombre à la technologie e-ink/e-paper, davantage destinée à l’affichage et à l’édition et qui a le mérite, nous allons le voir, d’être déjà commercialisée.

L’e-paper est-il un papier écologique ?Les écotaxes sur le papier et les préoccupations liées au développement durable et au reboisement de certaines régions sinistrées sur la planète, légitiment cette question : l’e-paper est-il écologique ?a ce jour nous ignorons la durée de vie de l’e-paper. Les semi-conducteurs organiques, nous l’avons signalé, sont à la base des matériaux plastiques et sont donc dérivés du pétrole.En revanche, comme nous l’avons également évoqué, les batteries flexi-bles seront, elles, parfaitement écologiques.réinscriptible et résistant à l’eau, l’e-paper devrait rapidement s’imposer comme une alternative au papier dans les pays soumis à de forts taux

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d’humidité (nous pensons à l’inde, par exemple, qui après la chine, et avant le brésil, devrait devenir l’un des grands marchés pour l’e-paper).Globalement, à ce jour, nous pouvons estimer que l’écobilan de l’e-paper serait plus positif que celui du papier traditionnel. En caricaturant à pei-ne, voici comment les choses se passent encore aujourd’hui. pour faire un livre, un quotidien ou un magazine il faut du papier. cela signifie qu’il faut couper des arbres et les transporter en camions dans des usines pour en faire de la pâte à papier. puis, il faut transporter des rouleaux de papier dans des imprimeries, qui peuvent par ailleurs utiliser des encres chimiques. puis, il faut transporter livres, journaux ou magazines dans des entrepôts, d’où ils seront de nouveau transportés vers des points de ventes disséminés sur un vaste territoire. Les lecteurs les transporteront à leur tour. S’il s’agit de quotidiens ces derniers finiront le plus souvent à la poubelle. Le contenu des poubelles sera transporté par des camions Le papier sera trié et transporté, etc. n’est-ce pas archaïque ?il est indé-niable qu’impression, stockage et routage de l’édition et de la presse tra-ditionnelles sont énergivores. Le centre des communications durables de l’institut royal de technologie de Stockholm conduit des recherches pour juger de l’empreinte écologique de l’e-paper. « Les technologies de e-paper apparaissent plus économes en terme de consommation énergétique que d’autres formats. Leur efficacité réelle en termes d’impact sur l’environnement est cependant incertaine. […] L’étude montre que le papier électronique a un certain potentiel d’un point de vue environnemental s’il fait l’objet de l’intérêt des lecteurs et des entrepri-ses. cependant, nous ne savons toujours pas comment cette technologie pourra être retraitée, et les données quant aux éléments chimiques que contient le e-paper restent incertaines… » (Source : Le journal en papier électronique est écologique, L’atelier groupe bnp paribas). voir aussi : Le e-paper plus écolo que le papier - résultat d’une étude suédoise sur le cycle de vie du papier et de l’e-paper, par frédéric Lohier, sur Ginjfo, hard-ware & Environnement50. a l’occasion du Salon du Livre de paris de mars 2007, Greenpeace a appelé les éditeurs à agir en faveur de la protection des forêts primaires en adoptant du papier 100% recyclé ou bien certifié fSc. L’association écologiste a rappelé à cette occasion que : « un cin-quième du papier produit dans le monde l’est à partir de coupes de forêts primaires, et non pas de sylviculture et de chutes de bois… ». pour elle : « L’industrie papetière participe à ce processus de destruction… » a lire ici sur Greenpeace france : www.greenpeace.org/france/news/20070326-1-livre-sur-5-provient-de-la-destruction-des-forets-primaires

50 www.ginjfo.com/publics/actualites/act1-1494-Le- www.ginjfo.com/publics/actualites/act1-1494-Le-e-paper-plus-ecolo-que-le-papier.html

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Qu’en est-il du contraste de l’e-paper ?

La manière la plus simple de mesurer le contraste est d’appliquer la Méthode full on / full off (dite fo-fo). il suffit de mesurer l’intensité lumineuse au centre d’une image blanche (valeur i on), puis, au centre d’une image noire (valeur i off). Le contraste est donné par le rapport i on / i off.on observe généralement qu’une feuille d’e-paper présente un contraste au minimum équivalent à celui d’un papier classique.Les rapports indiqués sont de l’ordre de : 10 :1 pour l’e-paper, 7 :1 pour le papier journal, 20 :1 pour le papier magazine.c’est surtout l’absence de rétro-éclairage de l’e-paper qui lui permet un contraste élevé à la lumière naturelle. En supprimant les effets de scin-tillements des écrans rétro-éclairés, l’e-paper entraîne moins de fatigue oculaire et permet un confort de lecture égal à celui auquel nous som-mes habitués avec les livres traditionnels. La nouvelle encre électronique vizplex, lancée en 2007 par E-ink corp., est plus contrastée et présente un taux de rafraichissement deux fois plus rapide que la précédente, ce qui réduit par ailleurs considérablement l’effet ghost (fantôme), la sous-impression qui demeure du texte précédemment affiché. La lecture sur e-paper est ainsi d’une qualité supérieure à celle sur papier journal qui laisse transparaître le texte imprimé au verso de la feuille.

point de vue de… hubert Guillaud

a la question : « S’il y avait pour vous un et un seul point essentiel dans les bouleversements que le e-paper va apporter à la chaine du livre, quel serait-il et pourquoi ? » hubert Guillaud du blog La feuille “observer l’in-novation pour comprendre les enjeux de l’édition électronique” répond :

« aucun. aucun et c’est une réponse volontairement provocatrice. nous parlons ici et avant tout de technologies, celles de l’amélioration des écrans de lecture, qui n’a rien à voir avec les processus de la chaîne du livre. L’e-paper n’est pas appelé demain à se diffuser via des lecteurs portatif au format livre, tels les ebooks qu’on nous propose aujourd’hui, mais bien à se diffuser sur tout types de gadgets : écrans des téléphones mobiles, de montres, écrans d’affichage dans la ville, mais aussi vitres de nos maisons, de nos voitures, de nos bureaux... Les ebooks, qui semblent aujourd’hui la forme idéale de cette technologie, ne sont pourtant qu’une forme transi-toire, adaptée aux possibilités techniques actuelles de l’e-paper. La taille, le format, le noir et blanc ne sont que les conséquences des capacités tech-niques de la techno aujourd’hui. Mais son évolution vers des formats de

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plus en plus souples et en couleurs, dessine une gamme d’usage à venir bien éloignée du seul livre numérique (ebook). La technologie de l’encre électronique va investir des milliers de terminaux, et même certainement les écrans de nos chers ordinateurs. Le confort de lecture va s’améliorer sur tous les supports et cela ne concerne pas que la chaîne du livre, mais aussi tout ce qui compose aujourd’hui le web, mobile ou pas.

Enfin, personnellement, je ne suis pas convaincu de la pertinence d’un outil dédié au livre ou à la lecture, même si son apport en termes de confort de lecture était exceptionnel. comme je l’ai déjà dit, à la suite de daniel Kaplan, je pense profondément que les lecteurs sont aussi demandeurs de pouvoir et d’autonomie : un outil qui ne servirait qu’à lire serait finalement assez frustrant. En ce sens, le téléphone mobile ou la console de jeu porta-ble me semblent avoir plus d’avenir en tant que support de lecture qu’un support dédié. Sans compter, qu’il n’est pas sûr que nous lisions encore beaucoup demain sur nos écrans. Qui nous dit qu’une voix ne nous lira pas l’essentiel de ce à quoi nous avons accès aujourd’hui via des écrans ? »hubert Guillaud, journaliste, La feuille .(http://lafeuille.blogspot.com) et internet actu (http://www.internetactu.net)

2.3 de multiples applications

il suffit de faire travailler un peu son imagination pour découvrir aussitôt avec étonnement toutes les applications que pourra bientôt avoir le papier électronique. certaines sont déjà opérationnelles, notamment au Japon et en corée du Sud. comme le clame le slogan de fujitsu : the possibilities are infi-nite, notamment sur un site51 où nous pouvons visionner ses spots publicitaires à destination des chaînes japonaises.

L’e-paper est une évolution du papier, soit, mais aussi quelque part des écrans. Les Epd ou Electronic paper displays (affichages en papier électronique) ont donc des débouchés bien au-delà des readers d’e-books. Si ces applications restent encore liées à l’écrit au sens le plus large, et, plus particulièrement, aux domaines de l’affichage qui vont à court terme être totalement révolutionnés par ce nouveau support, nous pouvons penser que la convergence papier/écran va apporter bien des nouveautés dans les décennies à venir.une première ex-périmentation européenne d’affichage e-paper a été menée en france pour le compte du distributeur d’articles de sport décathlon, dans trois villes (paris, Lyon, Lille) en septembre 2006. Les partenaires initiateurs de cette opération

51 jad.fujitsu.comjad.fujitsu.com

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étaient : l’observatoire tebaldo52 pour le conseil technique, l’agence MpG-art53 (pôle culturel filial d’havas) et le leader de l’affichage et du mobilier urbains Jc decaux54, via son département innovation (innovate france). La technolo-gie e-ink apporte un nouveau souffle à l’affichage publicitaire. d’abord, d’im-portantes économies : l’affiche e-paper est installée une fois pour toutes, c’est une “affiche blanche”, plus de frais donc de production, d’impression, de mise en place a distance, l’afficheur, l’annonceur ou son agence de communication peuvent faire apparaître, ou disparaître, modifier ou actualiser le message. un autre intérêt de l’e-paper pour l’affichage publicitaire réside dans le ciblage très pointu qu’il permet. La possibilité de louer un même espace publicitaire à diffé-rents annonceurs, sur un abri bus par exemple, selon des tranches horaires pré-cises en fonction du type de population qui attend le bus à un moment donné de la journée, est vraiment révolutionnaire pour l’univers de la publicité et du marketing en général. a moyen terme, le coût des affiches en e-paper devrait se situer en-dessous de 30 € l’unité pour une centaine d’affiches de moins de 70 g par feuille et trois mois d’autonomie. ces affiches, qui ne demandent aucun système particulier de mise en place, seront en outre animées sur toute leur surface de la taille des panneaux d’abribus (seules certaines zones limitées à un format 72 x 24 cm l’étaient dans le test français de septembre 2006), elles seront en couleur et pourront même émettre des sons. utilisant la technologie e-ink, elles offrent, sous n’importe quel angle de vue, la même lisibilité que des affiches en papier, et ce quelles que soient les conditions, en plein soleil ou en lumière artificielle, de nuit ou en magasin. une vidéo d’une de ces premières affiches e-paper françaises, à deux pas de la place de l’opéra à paris, peut être visionnée sur le blog nouvoLivractu55. a l’issue de ce test, décathlon était telle-ment satisfait qu’il envisagerait l’intégration d’e-paper dans certains des objets et équipements sportifs qu’il distribue.

comme pour les applications aux readers, différentes technologies, appor-tant les avantages de l’encre électronique, sont en compétition sur ce domaine très prometteur de l’affichage. nous avons déjà évoqué, dans le chapitre précé-dent, le test d’hitachi en décembre 2006, dans trois trains de tokyo. du 17 au 28 mai 2006, des tests ont eu lieu à cannes, à l’occasion du 59e festival du film. d’autres tests se sont déroulés depuis janvier 2007, notamment à Londres, to-kyo et Ljubljana, en Slovénie. ces derniers sont conduits par la société israélien-ne Magink display technologies inc56. fondée en 2000 et implantée en israël, au royaume-uni et aux états-unis, Magink développe des affichages dynamiques à encre numérique colorisée, qui utilisent la luminosité ambiante pour amélio-rer la visibilité de l’image, avec un rendu similaire à celui du papier traditionnel.

52 www.tebaldo.comwww.tebaldo.com53 www.mpg-france.comwww.mpg-france.com54 www.jcdecaux.frwww.jcdecaux.fr55 nouvolivractu.cluster21.com/fr/node/608/playnouvolivractu.cluster21.com/fr/node/608/play56 www.magink.comwww.magink.com

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de nombreuses applications e-paper sont envisageables dans les lieux publics, que ce soit pour la publicité, mais, également, pour l’information des usagers dans les aéroports, gares, centres commerciaux, grands hôtels, etc. L’en-treprise japonaise toppan travaille à des dalles e-paper pouvant, en fonction des informations communiquées par une puce rfid par exemple, guider tout un chacun par un marquage au sol dédié au parcours personnel qu’il doit em-prunter. ainsi, un jour, à l’aéroport, à la gare où à l’opéra, nos billets pourront nous conduire directement à nos places. équipé du système mupass, destiné à connecter appareils ménagers ou jouets à internet, via la téléphonie mobile, l’e-paper pourrait même devenir un élément incontournable de notre décor quo-tidien. demain le e-paper ne sera pas seulement dans nos porte-documents ou nos sacs à mains, en tant que tablette de lecture, mais également épinglé au revers de nos vestons, comme e-badge, et dans nos portefeuilles, sous forme de cartes de membres, d’abonnements La fonction actualisation en temps réel par Wi-fi ou GprS57, s’avérera vite très intéressante, par exemple, pour les affiches de spectacles, les manifestations sportives des applications dérivées concerne-ront également les menus de restaurants, les étiquettes dans les supermarchés, le packaging, les cartes routières actualisées en fonction de la circulation, les partitions musicales, et même l’horlogerie. Seiko et citizen travaillent en effet à révolutionner nos montres bracelets et à préparer la production d’horloges pliables. côté packaging, la société neolux58 développe la technologie dédiée ink-in-Motion, qui consiste à activer ou non certaines zones d’une image, en uti-lisant de l’encre électronique. Le packaging des jeux vidéo devrait rapidement profiter de ce nouveau procédé publicitaire. côté étiquetage, nemoptic, société française que nous avons précédemment présentée, a remporté en décembre 2006 un important marché en Espagne, portant sur la production d’étiquet-tes électroniques destinées à la grande distribution. a l’heure où l’étiquetage est de plus en plus réglementé et doit comporter de plus en plus d’indications précises et actualisables, notamment en termes de traçabilité des produits, les Epd ont, là aussi, certainement un bel avenir. de plus, la grande distribution s’intéresse également au support pour son affichage promotionnel et ses car-tes de fidélités. Même La française des Jeux serait intéressée par l’e-paper. avec un peu d’idées, et les industriels en ont beaucoup, des applications aujourd’hui insoupçonnées verront rapidement le jour. Support d’affichage révolutionnaire, l’e-paper peut parfaitement s’intégrer à une table, de restaurant par exemple, pour afficher les menus, voire passer les commandes, ou d’écolier, pour devenir un pupitre tactile Lexar a déjà créé la surprise en introduisant l’e-ink dans le domaine des clés uSb. Sa clé Jumpdrive Mercury offre sur une de ses faces un mini cadre e-paper affichant le pourcentage d’espace occupé sur la clé, sans devoir connecter cette dernière comme c’est ordinairement le cas. comme le

57 General packet radio Service : norme pour la téléphonie mobile dérivée du GSM.General packet radio Service : norme pour la téléphonie mobile dérivée du GSM.58 neoluxiim.com/english neoluxiim.com/english

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cadre utilise la technologie e-ink, il n’a pas besoin d’être alimenté. pratique.

Motorola a lancé fin 2006 la commercialisation de son fonE f3, premier mobile à affichage e-ink et donc sans rétro-éclairage. fin 2007, c’est le géant japonais des télécommunications, ntt docomo, qui présentait au cEatEc un prototype de téléphone mobile avec touches du clavier à base d’e-ink. com-ment, dans ce contexte, en 2008, ne pas se dire que l’e-paper changera notre quotidien avant 2010 ?

d’autant plus que le e-paper est appelé également à devenir, à court terme, une alternative au papier dans l’environnement bureautique. Epson va com-mercialiser une imprimante pour e-paper et xerox une photocopieuse pour e-paper. cette dernière rendra possible le transfert de contenu, de plusieurs pa-ges classiques, vers une seule et unique page e-paper. Enfin la solution idéale pour économiser le papier dont, paradoxalement, la consommation, à cause de la fatigue oculaire engendrée par la lecture sur des écrans d’ordinateurs rétro-éclairés et le recours systématique aux imprimantes qui en découlait, augmen-tait exponentiellement à l’informatisation. Et s’il fallait encore une preuve que l’e-paper est une évolution du papier avec des applications similaires, elle est apportée depuis octobre 2007, grâce au peintre parisien Gilles Guias, lequel a réalisé et exposé (notamment à la Galerie bernard ceysson, dans le cadre du Sa-lon d’art moderne et contemporain «Les élysées de l’art») les premières œuvres sur e-paper., lançant ainsi le mouvement e-paper’art59.

on y vient…

« comment les nouvelles technologies modifient-elles le rapport au livre ? Le lecteur qui est charnel, sensuel, pousse des cris quand on lui parle de livre électronique, et vous chantera le grain d’un papier comme la peau d’une femme. Mais on y vient »

alice ferney dans Livres hebdo n° 645 du 12 mai 2006, p. 61, rubrique un mois avec...

2.4 Les e-books de nouvelle génération 2004-2008

Le point de vue de… hadrien Gardeur

« ce qui est essentiel avec l’e-paper, c’est qu’on détient enfin une solution pour faire basculer le livre dans l’ère numérique. on parle depuis plusieurs dizaines d’années de livres numériques, mais jusqu’à maintenant il n’y a jamais eu d’alternative viable au livre.

59 www.gillesguias.com et http://peinturenumerique.blogspot.com

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La révolution numérique apporte son lot de questions et de problémati-ques nouvelles : on l’a vu avec le marché de la musique, on bouscule en particulier les fondements économiques. Mais ce qu’il y a de plus révolu-tionnaire dans le numérique, ce n’est pas la technologie, mais la dimension culturelle qui accompagne ce mouvement. dans ma poche, je peux désor-mais me balader avec les plus grands classiques de la littérature comme les dernières nouveautés. Mais ce que le numérique apporte vraiment, c’est de la diversité. Les catalogues des éditeurs regorgent de merveilles qui ne sont plus éditées et qu’on pourra bientôt redécouvrir, le numérique nous débar-rassant des contraintes d’impressions, de distribution et de stockage.pour de jeunes auteurs, c’est aussi l’occasion d’être publié et distribué sans aucune des contraintes habituelles du monde de l’édition. au fond, peu im-porte la technologie, la taille et la nature de l’écran. face à la richesse des contenus, tout cela perd de son importance. L’e-paper est un vrai pas en avant car justement, il n’est pas intrusif. »hadrien Gardeur, co-fondateur de feedbooks (www.feedbooks.com)

Les e-books, plus exactement, les readers d’e-books de nouvelle génération, qui apparaissent en avant première au Japon en 2004, avec le Librié de Sony, mais surtout, en nombre, à partir du second semestre de 2006, n’ont pratique-ment plus rien à voir avec les livres mutants que nous avons précédemment présentés. d’une façon générale ils n’ont plus d’écran Lcd rétro-éclairés. ils utili-sent la technologie e-ink, sur un Epd (e-paper) 6 pouces. comme pour les écrans traditionnels, c’est l’unité de mesure anglo-saxonne, le pouce, qui correspond à 2,54 cm qui est utilisé. ainsi, un Epd de 6 pouces équivaut à un e-paper dont la diagonale est de 6 x 2,54 cm, soit 15,24 cm, c’est-à-dire légèrement inférieure à une page d’un livre de poche. Le format total du reader est lui à peu près équi-valent à celui d’un livre de poche, avec un poids moyen de 300 grammes. parfois beaucoup moins, comme, par exemple, le StarebooK d’eread, à 176 grammes. Leur autonomie se calcule généralement en nombre de pages (le plus souvent 10 000 pages de texte), considérant que l’énergie électrique de leur batterie est seulement sollicitée pour l’affichage des pages. Mises à jour logicielles et téléchargements de livres se font via internet. il suffit, depuis un ordinateur, de connecter un port mini-uSb. ils lisent les principaux formats, dont le pdf. il s’agit de véritables tablettes de lecture, dont l’ergonomie est pensée pour le confort des lecteurs.

un reader d’e-books de nouvelle génération n’est pas un ordinateur ou un pocket pc avec des fonctions en moins, c’est un livre avec des fonctions en plus. Si nous adoptions un point de vue critique, en prétendant, par exemple, qu’un simple livre de poche peut être tout aussi pratique qu’un de ces nouveaux rea-ders, cette simple assertion, a priori sensée, serait cependant une ineptie pour

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la simple raison qu’un reader contient, lui, dans le format et le poids d’un livre de poche plusieurs centaines de livres de poche. Sans parler de ses multiples autres fonctionnalités que nous avons précédemment détaillées.

Les trois points forts des readers

1. La mobilité : un reader peut contenir des milliers de livres…2. L’interactivité : les lecteurs pourront échanger au sein de communau-tés thématiques 3. L’actualisation : le contenu peut être perfectible et mis à jour

chaque reader ayant cependant ses spécificités, et l’offre évoluant très vite, nous avons fait le choix de vous les présenter ci-après relativement sommaire-ment, mais en indiquant systématiquement les liens internet qui vous permet-tront de vous informer davantage et, surtout, de suivre les fréquentes actuali-sations ainsi que les nouvelles offres. de plus, vous trouverez en annexe tous les liens vers les sites des constructeurs, blogs et sites francophones et étrangers liés à ces nouveaux appareils de lecture qui vont très vite déferler sur le marché européen.

• 2004 : le Librié de Sony au pays du Soleil levant

Sony restera dans l’histoire comme le premier fabricant au monde à avoir utilisé la technologie de l’encre électronique dans un appareil destiné à rempla-cer un jour les livres papier.

c’est en avril 2004 que le géant japonais lance sur le marché nippon le rea-der Librié. rien de comparable avec les e-books de première génération, ceux du début des années 2000. ce reader ne connaît cependant guère de succès, car les différents lectorats japonais, surtout les jeunes, sont bien moins réticents que les occidentaux à une lecture sur écran rétro-éclairé. pour eux le confort de lecture des readers e-ink comparable à du papier n’est pas un argument dé-terminant. Karyn poupée, journaliste spécialisée en ntic à tokyo, où elle est correspondante permanente de l’afp a souvent constaté cette réalité. fin 2006, elle s’en faisait l’écho pour le blog nouvoLivractu : « au Japon, nous écrivait-elle alors, les terminaux privilégiés pour la lecture électronique sont, sans l’ombre d’un doute, le téléphone portable, d’une part, et le pc, d’autre part. […] La plu-part des ouvrages sur mobiles sont des romans de gare, des mangas, des livres de conseils pratiques, bref des lectures faciles pour tuer le temps dans les transports publics. […] Si le téléphone portable s’impose devant les assistants numériques ou

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livres électroniques, c’est qu’il permet à la fois de sélectionner, acheter, télécharger et lire les ouvrages n’importe où et n’importe quand. […] La limite de mémoire dont souffrait initialement le téléphone portable n’est aujourd’hui plus vraie. il est en effet d’ores et déjà possible de loger dans les téléphones des cartes de 2 Go, soit des centaines voire des milliers de livres. » Mais, les readers étant de plus en plus performants, c’est surtout une question de culture et d’écriture qui entre en jeu : « de surcroît, poursuivait en effet Karyn poupée, habitués à lire et écrire de longs e-mails sur leurs keitai (mobiles), ou à parcourir les pages de très petits livres de poche, les Japonais ne considèrent pas comme un problème la surface limitée des écrans des mobiles, d’autant que la taille des caractères est ajustable et que le défilement est automatique pour qui le souhaite. L’écriture nippone, qui mixe kanji et syllabaires, sans espaces, s’adapte plus facilement à ces supports que l’écriture alphabétique. »60

Les caractéristiques techniques du Librié

dimensions 126 x 190 x 13 mm

poids 190 g

écran 6 pouces. résolution SvGa (800x600)

autonomie 10 000 pages.

batterie quatre piles alcalines aaa

Lisibilité Epd-technologie e-ink

60 tokyo.viabloga.com

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Ergonomie couverture. clavier.

connectivité port uSb

Extensions carte Memory Stick

formats lus format propriétaire Sony

prix 410 $ (310 €)

• 2006 : Le PRS-500 de Sony à la conquête de l’ouest

prS signifie portable reader System. fort du test grandeur nature de son Librié au Japon, Sony lance fin octobre 2006 aux états-unis son nouveau reader, présenté dans un site Learning center (www.sony.com/reader) et en vente sur Sony Style (www.sonystyle.com). dès les premiers jours les 10 000 exemplaires mis sur le marché sont vendus. fin 2006, 50 000 exemplaires viennent assurer le réassortiment. pour la réussite de cette commercialisation aux états-unis, Sony mise sur le contenu. Sur son connect book Store (e-books.connect.com), en partenariat avec la chaîne de librairies borders, Sony propose d’emblée plus de 10 000 titres, issus des catalogues des principaux éditeurs américains, dont harper collins, random house, Simon & Schuster, penguin Les livres téléchar-gés sont en moyenne 25% moins chers que leurs exemplaires papiers. depuis janvier 2007, les lecteurs américains peuvent trouver en vente dans les lieux pu-blics des Sony ebooks cards, valables ensuite sur connect book Store, pour cel-les et ceux qui rechigneraient encore à régler en ligne avec une carte de crédit. La principale qualité, unanimement reconnue, de ce reader est son excellent rendu des photos noir et blanc. En janvier 2007, Sony a profité du consumer Electronics Show (cES) de Las vegas, pour présenter son reader au public et à la presse. L’accueil fut positif à en croire Matbe.com61 qui a titré : un vrai e-book chez Sony, et souligné l’essentiel : « l’ebook de Sony donne vraiment l’impres-sion de lire sur du vrai papier ». comme ses principaux concurrents, le reader de Sony, outre son format ebook propriétaire, est compatible avec les documents txt, doc, pdf, rtf, mais aussi avec les fichiers multimédias JpEG, bMp, Gif, pnG, ainsi que Mp3 et aac. plusieurs blogs américains suivent de près cette aventure de Sony aux états-unis. nous distinguerons plus particulièrement : teleread62 et Mobile read63.

61 www.matbe.com/actualites/15172/ebook-sony-prs-500www.matbe.com/actualites/15172/ebook-sony-prs-50062 www.teleread.org/ www.teleread.org/blog63 www.mobileread.comwww.mobileread.com

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Le reader prS-500 de Sony

Les caractéristiques techniques du Sony reader prS-500

dimensions 175 x 123 x 13.8 mm

poids 255 g

écran 6 pouces. résolution SvGa (800x600)

autonomie 7 500 pages

batterie Lithium-ion battery / ac

Memoire raM 64 Mb

Lisibilité Epd-technologie e-ink

connectivité uSb 1.1, headphone

Extensions pc Management Software

oS Linux

prix 350 $ (265 €)

En août 2007 Sony a lancé aux états-unis et au Japon le prS-505, deuxième génération de son potable reader system, avec une nouvelle coque en deux ver-sions, noire ou argentée, plus ergonomique et à la prise en mains conçue pour droitiers et pour gauchers, davantage d’autonomie et de mémoire, et un prix de 300 uS$. bien évidemment le prS-505 utilise la nouvelle encre électronique vizplex. il est présenté en détails sur le site de Sony Style uSa (www.sonystyle.com) et l’ebook Store Sony permet d’apprécier l’offre (http://ebookstore.sony.com). En septembre 2007, Sony a signé un accord avec borders, la deuxième

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chaîne de librairies américaines. « L’accord entre la chaîne borders et Sony, le fa-briquant du reader digital book, parie sur une politique de l’offre pour dynamiser la distribution du livre électronique aux états-unis, annonçait alors en france Livres hebdo. 500 magasins distribueront le support tandis qu’un site internet permettra de télécharger 20.000 titres. […] tous les outils marketing de la chaîne introduiront la promotion du livre électronique et du service de téléchargement. En étendant le marché avec une véritable politique de l’offre, Sony et borders espè-rent attirer des éditeurs de plus petites tailles et des fonds de catalogues d’auteurs populaires… » (Livres hebdo64).

Le reader prS-505 de Sony

• 2006 : L’iLiad d’Irex Technologies, un reader européen

irex technologies, filiale depuis 2001 du géant néerlandais royal philips Electronics65, propose depuis le début de l’année 2006 le premier reader e-ink disponible sur le marché européen, en vente sur le site : www.irextechnologies.com. depuis le Salon du livre de paris de mars 2007, ce reader est distribué en france par la société 4d concept à partir de son site Web : www.4dconcept.fr. c’est également l’un des readers proposés dans le cadre de l’édition e-paper du quotidien économique Les échos. nous le présenterons plus en détails dans un prochain chapitre.

En partenariat avec l’ifra66, organisation mondiale pour la presse, irex tech-nologies prend une longueur d’avance en développant, comme nous le verrons, son reader pour les premiers tests de journaux électroniques, que ce soit le quotidien économique flamand de tijd, ou le groupe de presse chinois Yantai daily Media Group. En outre, irex technologies vise également pour son déve-loppement les domaines de l’éducation, ainsi que les secteurs professionnels qui font un usage quotidien d’une importante documentation. Son reader iLiad pouvant facilement intégrer livres et manuels scolaires et étant doté d’un écran

64 www.livreshebdo.fr/actualites/detailsacturub.aspx?id=948 65 www.philips.fr/aboutwww.philips.fr/about66 www.ifra.comwww.ifra.com

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tactile qui permet la prise de notes il peut, en effet, pertinemment remplir les fonctions de cartable électronique. un partenariat avec la société vision ob-ject (MyScriptnotes) assure une bonne gestion de l’écriture numérique. versant professionnel, un partenariat avec arinc-inc., a débouché en 2006 sur la dif-fusion d’un reader dédié à l’aviation et baptisé eflybook. il permet, notamment aux pilotes de ligne, de consulter aisément leurs documentations techniques en bénéficiant d’une actualisation en temps réel. L’équipement de secteurs pro-fessionnels ciblés, nous pouvons penser également aux médecins et aux avo-cats, est certainement une bonne stratégie.

Les caractéristiques techniques du reader iLiad irex

dimensions 217 x 155 x 16 mm

poids 390 g

écran 122 x 163 mm

autonomie 10 heures

batterie Li-ion 1100mah

Memoire raM 64Mb ram + 128Mb free flash

Lisibilité Epd-technologie e-ink

connectivité uSb 1.1, headphone, Wifi

oS Linux

prix 649 €

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durant l’année 2007 irex technologies a considérablement élargi la distri-bution de son reader iliad, notamment aux principaux pays européens. En sep-tembre 2007 une version 2 a été lancée sur le marché avec un peu plus d’auto-nomie, un e-paper plus blanc mais sans la nouvelle encre électronique vizplex.

• 2006-2008 : Les readers V de Jinke, ou quand la Chine s’éveille

depuis 2001 la société chinoise Jinke Electronics, fondée en 1985 à tianjin, développe une gamme de reader e-ink v-hanlin67. une commercialisation de supports de lecture en e-paper, sous forme de feuille enroulable, serait envisa-gée à partir de 2008. pour l’heure, le constructeur chinois multiplie les e-rea-ders et d’ici à septembre 2007 prévoit de lancer une gamme de six lecteurs, dont certains offriront des fonctions GprS, Wi-fi, écran tactile, double page e-paper68.

Si les Japonais, très technophiles, s’orientent de préférence vers la lecture sur téléphones mobiles, les chinois, qui ont une ancestrale culture du livre, s’orientent eux davantage vers les readers et connaissent en attendant sur le Web une véritable explosion de sites littéraires69.

L’un des points forts de la chine est d’avoir très tôt misé à fond dans la dispo-nibilité des contenus, notamment via le founder Electronics70 et le projet apabi qui représentent l’un des plus important fonds de livres numérisés au monde et qui a été lancé dès 1986 par l’université de beijing (pékin). plus de 400 édi-teurs chinois proposent aujourd’hui leurs ouvrages au format électronique et parfois en association directe avec des tirages papier. L’amazon chinois, bap-tisé SuperStar n’a rien à envier à son homologue américain. comparez leurs portails pour voir : amazon71 / SuperStar72. plusieurs centaines de milliers de titres sont ainsi déjà potentiellement disponibles pour le marché émergent des e-readers. En 2004, le nombre d’exemplaires électroniques vendus en chine a ainsi atteint le chiffre record de 8,05 millions, pour un lectorat estimé à 10 mil-lions de personnes. parmi ces dernières, une importante proportion d’étudiants et d’universitaires. Si depuis les années quatre-vingt-dix tous ces contenus nu-mérisés étaient, et sont toujours principalement lus sur ordinateurs, ils sont maintenant, de fait, disponibles pour une lecture sur readers et vont servir à un moment stratégique le développement commercial de plusieurs fabricants, dont Jinke au premier rang.

67 www.jinke.com.cn/compagesql/Englishwww.jinke.com.cn/compagesql/English68 présentation sur www.gizmowatch.com/entry/jinke-to-launch-six-présentation sur www.gizmowatch.com/entry/jinke-to-launch-six-e-ink-e-book-readers69 Lire Lire Les sites Web littéraires sont en train de devenir les nouvelles coqueluches des internautes chinois, sur Le quotidien du peuple : http://french.peopledaily.com.cn:80/culture/5306270.html70 www.founder.com/newshtml/yyxw/20060524093355.htmwww.founder.com/newshtml/yyxw/20060524093355.htm71 www.amazon.comwww.amazon.com72 www.ssreader.comwww.ssreader.com

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La gamme de reader hanlin-v de Jinke pourrait un jour créer la surprise en Europe. des projets de commercialisation, notamment en allemagne, en russie et en ukraine, en turquie ont été largement ébruités. Le constructeur chinois travaille à adapter les langues de son système d’exploitation et de ses manuels. d’ores et déjà les lecteurs du blog nouvoLivractu ont pu juger par ce témoigna-ge d’un internaute du taux de pénétration et de satisfaction du v8 : « heureux possesseur d’un e-book Jinke v8 après un mois d’utilisation intensive... Je suis gros lecteur dans plusieurs domaines... L’affichage est impeccable, l’autonomie impres-sionnante, la portabilité totale. avec 280 g dans le sac, je me promène avec toute ma bibliothèque : tous les contes de Maupassant, Kafka, psychologie, policier, science-fiction avec une carte d’1 Go, je peux virtuellement emporter avec moi 5 000 livres. J’en suis à 50 livres et ça me permet, selon l’humeur et n’importe où, de lire ce que je souhaite avec un écran aussi bon que du papier et qu’on oublie. c’est même plus pratique pour lire allongé, on clique juste sur les boutons pour changer de page. [ ] après un mois d’utilisation, j’affirme que dans moins d’un an, les lecteurs avertis liront uniquement sur e-book. [ ] voila. L’amazonie va respirer de nouveau. »73.

Le reader Jinke hanlin v2

Le reader Jinke hanlin v8

73 Source : www.nouvolivractu.cluster21.comSource : www.nouvolivractu.cluster21.com

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Les caractéristiques techniques des readers hanlin / Jinke

référence reader v2 v8

dimensions 194x133.6x13.4 194x133x13.4

poids 300 g 290 g

écran double display (Epd + Stn)

autonomie 10 000 pages

batterie Li-ion 760mah

Lisibilité Epd-technologie e-ink

connectivité uSb 1.1 uSb. Sd Slot.

oS Wolf Linux Wolf Mini oS

prix 350 $ (265 €) 299 $

• 2006 : Le STAReBOOK du chinois STAReREAD

a la fin de l’année 2006, StarebooK, de la société StarerEad (www.stare-read.com/en) était certainement, au regard de ses caractéristiques techniques, l’offre la plus intéressante sur le marché émergent des e-readers. depuis, que ce soit la société Ganaxa avec l’un des deux readers proposés pour l’édition e-paper du quotidien économique Les échos, ou bien le cybook Gen3 de bookeen (que nous présentons un peu plus loin) offrent les mêmes caractéristiques avec en plus logiciels de lecture et interfaces en français.

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Les caractéristiques techniques du StarebooK eread

dimensions 188 x 118 x 8 mm

poids 176 g

écran 6 pouces

autonomie 10 000 pages

batterie Li-ion 3.7v, 800mah

Memoire raM 64Mb Sdram

Lisibilité Epd-technologie e-ink

Extension erEad Editor. Mp3.

oS Linux

prix 420 $

il faut noter que StarerEad est au départ une importante chaîne de li-brairies. Sa réussite en chine devrait faire des émules, et pas seulement chez amazon qui a lancé, comme nous allons le voir, un reader en novembre 2007. directement concurrentielle en asie des readers de Jinke/ hanlin et avec une vocation affichée à l’international, l’offre de StarerEad est liée pour son conte-nu à la librairie en ligne isoshu74 qui génère une véritable communauté d’e-lec-teurs avec plusieurs sites Web associés.

• 2006 : panasonic fait e-book à part

panasonic (panasonic.net/index.html), marque principale du groupe japo-nais Matsushita Electric industrial co Ltd (l’un des leaders mondiaux de l’élec-tronique grand public) a lancé au Japon le 20 décembre 2006 un drôle de rea-der : le Words Gear. de la taille d’un petit livre de poche, il permet, grâce à son écran Lcd en couleurs, d’afficher photos et vidéos, en plus, bien évidemment, de textes. panasonic qui, au regard de l’insuccès du Librié de Sony en vente depuis 2004, pense qu’ « un appareil de lecture seule n’a aucune chance sur le marché

74 www.isoshu.comwww.isoshu.com

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japonais », cible avec ce reader Lcd un lectorat de jeunes de 20 à 30 ans, no-tamment fans de mangas, qui téléchargeront les contenus via leur pc ou leur téléphone mobile. Le département r&d de panasonic/ Matsushita, qui espère représenter 7% à 10% du marché des e-books japonais en 2010, estime que les téléphones portables de troisième génération, équipés d’écrans de plus grande taille que ceux d’aujourd’hui, vont directement concurrencer les readers e-ink. c’est probable. Mais c’est faire peu de cas du confort de lecture, cher aux lec-teurs occidentaux. Mais Matsushita se concentre apparemment sur les mar-chés asiatiques et sur une offre de contenus riches et diversifiés. Le groupe s’est ainsi associé, d’une part, au groupe d’édition Kadokawa, d’autre part, au géant des médias audiovisuels privé tbS, pour créer sa nouvelle société éponyme : Words Gear. plus de 10 000 titres électroniques, de mangas, romans et magazi-nes étaient ainsi disponibles pour le lancement du lecteur, à un prix moyen in-férieur de 30% à celui d’exemplaires papiers75. un tel reader risque néanmoins d’être fortement concurrencé, pas tant par les dispositifs e-paper, que par les Smartphones de plus en plus ouverts à la lecture d’e-books.

Les caractéristiques techniques du Words Gear panasonic

dimensions 105 x 18,5 x 152 mm

poids 325 g

écran Lcd couleurs de 5,6 pouces

résolution 1024 x 600 pixels

autonomie 6 heures

Extension slot pour cartes mémoire Sd

prix 400 $

75 www.sigmabook.jp www.sigmabook.jp

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• 2007 : Le Walkbook

un e-reader proposé par la société turque ubit ugur bilgi teknolojileri à par-tir du site Web francophone : www.walkbook.net pour un prix de 328 euros ttc. il s’agit d’une adaptation du dispositif hanlin ereader v8 du chinois Jinke Elec-tronic. un second petit écran tactile, au-dessous de la feuille d’e-paper, permet la prise de note à l’aide d’un stylet. 250 fichiers Mp3 peuvent être stockés en plus des 96 000 pages estimées. Le principal format lu est le Wol, étant enten-du que le logiciel WolfMaker converti les fichiers txt, htML, bMp, JpG et Gif, et que le logiciel Wolfprinter convertit les fichiers doc, ExL et ppt au format WoL. Les fichiers pdf d’adobe et prc de Mobipocket ne sont donc a priori pas lisibles sur ce reader, lequel, à l’heure où nous écrivons, n’a pas percé sur le marché français sur lequel il n’a eu que très peu d’écho, notamment en comparaison des readers iliad d’irex technologies et cybook 3Gen (présenté ci-dessous) de la société bookeen.

• Juin 2007 : Le Reader Nuut

Lancé en juin 2007 en corée du Sud, le reader nuut aura été le premier à utiliser la nouvelle encre électronique e-ink vizplex, qui apporte de meilleures performances en termes de rapidité d’affichage et de contraste. il s’agit sinon, comme pour le StarebooK, d’un digital ebook reader classique de pvi, présenté sur le site http://nuutbook.com.

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• Octobre 2007 : Le cybook Gen3 de bookeen

fin octobre 2007, Michael dahan et Laurent picard dont nous avons précé-demment parlé lorsque nous avons évoqué l’épopée de cytale, lancent à paris le cybook Gen3. Le reader est présenté et vendu en ligne sur le site : www.bookeen.com. nous le présenterons plus en détails dans le chapitre suivant : acheter et utiliser un reader en france.

Les caractéristiques techniques du cybook Gen3

dimensions 118 x 188 x 8.5 mm

poids 174 g. batterie incluse

écran

E-ink vizplex, 6’’ (122 mm x 91mm) 600x800 pixels, 166 ppp. blanc et noir, 4 niveaux de gris.

autonomie 8 000 rafraîchissements écran (pages affichées)

batteriebatterie interne rechargeable (1000mah)(alimentation : chargeur universel ac)

Memoire raM16 Mo(Mémoire de stockage : 64 Mo)

Lisibilité Epd-technologie e-ink vizplex

connectivitéconnecteur 2.5mm pour casque stéréouSb client (v2.0) - connecteur Mini uSb b

Extensions Slot pour carte Sd

oS Linux embarqué

prix 350 €

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• Novembre 2007 : Le Kindle d’amazon

après des mois de rumeurs et de démentis le géant américain de la distri-bution en ligne, amazon, a finalement lancé à l’occasion d’une conférence de presse de Jeff bezos, cEo d’amazon, le 19 novembre 2007, son reader baptisé Kindle, uniquement disponible aux états-unis au prix de 399,00 $ à l’heure où nous écrivons. vous trouverez sa présentation complète sur le site : www.ama-zon.com/kindle

Si ce reader utilise aussi l’e-paper, il diffère au niveau technologique par l’utilisation pour le téléchargement des livres et de journaux actualisés (13 jour-naux et 8 magazines proposés en janvier 2008), non pas du réseau Wifi, comme l’iliad d’irex technologie, ou de l’uSb comme ses principaux concurrents, mais par l’utilisation de la 3G, utilisée par les mobiles. L’utilisation d’un réseau amé-ricain spécifique baptisé amazon Whispernet est comprise dans le prix d’achat du Kindle, le téléchargement ne nécessitant pas ensuite d’abonnement à un fournisseur d’accès à internet (fai) ou à un opérateur téléphonique.

ce réseau et les drM (digital rights Management) inhérents au Kindle lient les lecteurs aux contenus payants d’amazon.com.

Quelques jours à peine après sa sortie très soigneusement orchestrée, des milliers de pages Web présentaient, et souvent critiquaient, ce reader. une rapi-de recherche sur Google vous délivrera tout cela. Le design et l’ergonomie, avec une multitude de boutons rendant la prise en main difficile et l’utilisation peu intuitive, sont les deux aspects qui soulèvent le plus de critiques. philippe Starck en personne souligna que pour lui : « …L’intérêt de cet appareil, c’est ce qu’il y a dedans, pas autour. Mais le designer qui l’a conçu n’a pas été assez courageux pour s’effacer complètement. Le produit est moderne, le design est vieux… »

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• Novembre 2007 : iPhone d’apple

Le smartphone lancé par apple en janvier 2007 aux états-unis et qui est commercialisé en france par orange télécom depuis le 28 novembre 2007, pourrait-il concurrencer les readers d’e-books e-paper ? apparemment oui, si l’on considère l’offre de contenus francophones qui a aussitôt suivi sa disponi-bilité sur le marché français.

Le site booksoniphone.com propose d’emblée plus de 20.000 ebooks gra-tuits, certes pas tous en français, loin de là, mais le format iphone books.app est d’ores et déjà compatible avec la bibliothèque en ligne Manybooks.net (voir les liens en annexes). Les éditions pocket ont lancé sur www.pocket.fr/iphone, un projet pilote pour accéder à la lecture d’extraits de livres sur iphone. pour commencer, trois titres seulement étaient concernés en décembre 2007, dont le best-seller Mes amis, mes amours, de Marc Levy. a terme d’autres, tous peut-être le seront un jour, avec possibilités d’achat-téléchargement des titres dont la lecture gratuite des extraits aura été appréciée. Le quotidien Libération et son site Liberation.fr ont eux aussitôt lancé le service Liberation Expresso, lequel per-met la consultation d’une douzaine de titres de la une de Liberation.fr sur son iphone en mode déconnecté.

L’appareil est certes séduisant et au premier abord bluffant avec son écran tactile multipoint qui remplace avantageusement boutons et claviers tradition-nels. il ne pèse en outre que 135 grammes et dispose bien évidemment d’une connexion internet wireless (sans-fil) et haut débit par Wifi. cela dit son écran, fortement rétro-éclairé, ne fait que 3,5 pouces (8,89 cm) et son autonomie est très limitée par rapport à un reader. Elle est estimée à huit heures en mode conversation téléphonique et grand maximum une journée en mode lecture texte.

néanmoins le succès rapide de l’iphone et l’offre de contenus qui suit tout aussi rapidement une demande des possesseurs, relancent la rumeur selon la-quelle apple pourrait bien lancer un jour prochain son propre reader, directe-ment concurrent du Kindle d’amazon. En décembre 2007 il s’avérait confirmé qu’apple travaillait à implémenter la fonction reader d’e-books à ses ipods vidéo et avait commencé à contacter dans ce sens des éditeurs. a priori ce ne serait pas la technologie e-ink qui serait employée et donc, tant la taille de l’écran-page que sa lisibilité n’auront rien à voir avec la lecture sur papier ou sur e-pa-per. cela dit le design de l’ipod et son succès commercial incontesté peuvent faire trembler amazon et les premiers acquéreurs de son reader Kindle. un ipod à côté d’un Kindle c’est un peu un goéland à côté d’un mammouth laineux. Et qui peut dire si nos fameux digital natives ne vont pas se précipiter pour lire mangas et world littérature sur ces petits écrans, comme le font sans gêne les jeunes japonais et coréens Le rétro-éclairage est-il un réel frein à la lecture ? plus que l’ergonomie et la maniabilité du support ?

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2.5 acheter et utiliser un reader en france

début 2008, trois readers e-paper sont disponibles en france, par ordre d’apparition chronologique sur le marché :

- le reader iliad d’irex technologies, spin off de philips ;- le reader StarerEad Ganaxa de l’offre d’abonnement e-paper du journal Les échos ;– le cybook Gen3 de bookeen.

nous vous les avons présentés précédemment, avec leurs principales carac-téristiques et fonctionnalités, mais nous allons voir plus particulièrement dans ce chapitre comment et où vous pouvez les acheter et comment vous pouvez y télécharger des contenus de votre choix.

Le reader iliad d’irex technologies

nous vous l’avons présenté dans le chapitre précédent : Les e-books de nou-velle génération. il dispose maintenant d’une interface et d’une documentation en français. La représentation ci-après vous indique ces principales fonctionna-lités :

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vous avez trois possibilités pour acquérir un reader iliad :1. en passant par le distributeur d’irex technologies en france : la société 4d concept2. en le commandant directement sur le site Web d’irex technologies3. en vous abonnant à l’édition e-paper du quotidien économique Les échos.nous allons les examiner successivement.

La société 4d concept (www.4dconcept.fr) est « spécialisée en ingénierie documentaire, [et] accompagne depuis plus de 15 ans de grands comptes fran-çais et internationaux dans le pilotage, la définition, la mise en úuvre et le dé-ploiement de systèmes documentaires ou éditoriaux… ». Sise à proximité de paris, à Saint-Quentin-en-Yvelines, et présente également à Lyon et à toulouse, elle distribue le reader iliad en france depuis le Salon du livre de paris de mars 2007, au prix de 649 € ttc.

Le site Web d’irex technologies, à l’adresse : www.irextechnologies.com (en anglais) est le fabricant officiel du reader iliad. vous y trouverez toutes les in-formations et un espace boutique (shop) pour acheter le reader (649 € ttc) et ses accessoires.

L’abonnement e-paper Les échosdans le cadre de l’offre d’abonnement à l’édition e-paper Les échos vous pou-vez acquérir le reader iliad au prix de 769 € ttc (642,98 € ht) plus 30 € ttc de frais de port pour la france métropolitaine. vous aurez les détails de l’offre à l’adresse : www.lesechos.fr/epaper/offre-irex.htm. Le site lesechos.fr assure un service d’assistance en ligne pour la prise en main et la configuration du reader et permet le téléchargement de trois guides en français au format pdf : Manuel de prise en main par irex, Guide de l’utilisateur par irex et Manuel de connexion avec votre pc, à partir de la page www.lesechos.fr/epaper/assis-tance_iliad.htm

vous disposez de nombreuses présentations et vidéos de démonstrations en français du reader iliad sur le Web, et notamment :- aldus 2006, le blog d’hervé bienvault : http://aldus2006.typepad.fr- deux semaines avec un iLiad, epaper, mes premiers tests : http://deuxsemai-nesavecuniliad.blogspot.com- blog d’irex : http://i-to-i.irexnet.com

Le reader StarerEad Ganaxa

La société française Ganaxa (www.ganaxa.com) propose un reader Stare-rEad, tel celui que nous avons présenté dans le chapitre précédent : Les e-books de nouvelle génération, et baptisé e-reader Les Echos. Son interface et sa docu-mentation sont en français.

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Ses caractéristiques techniques sont celles du reader StarebooK de Stare-rEad ou des tablettes de lecture taïwanaise de pvi, ou encore du cybook Gen3 de bookeen que nous vous présenterons après.

a savoir : des dimensions standard avec une hauteur de 188 mm, une largeur de 118 mm, une épaisseur de 8 mm, pour un poids batterie incluse de 176 gram-mes ; un écran e-paper de six pouces de diagonale, une résolution 600x800 pixels, 170 dpi, avec quatre niveaux de gris, une extension via carte mémoire Sd ou MMc, une batterie rechargeable en environ trois heures par secteur et par port uSb.

Le reader est livré avec une carte mémoire Sd 512 Mo, des écouteurs stéréo, un câble uSb et un adaptateur secteur, un manuel d’utilisation en français avec son cd-roM, un étui de transport et de protection avec son cordon de sécurité poignet.

ce reader est compris dans l’offre baptisée par Les échos : «L’abonnement lé-gèreté» au prix de 649,00 € ttc (542,64 € ht) hors frais de livraison, et qui com-porte l’abonnement d’un an à l’édition e-paper du quotidien économique, avec une sélection de dépêches afp et des e-books, telle que nous l’avons présentée précédemment au chapitre trois, Le renouveau de la presse (partie : L’édition e-paper du quotidien Les échos).

Les lecteurs ont la possibilité d’acquérir le reader StarebooK directement sur le site du fabricant (en anglais) et au prix de 450 uSd ht (soit environ 307,00 €). Site de la société eread : www.eread.co.nz.

vous pouvez télécharger son mode d’emploi en pdf à l’adresse : www.lese-chos.fr/epaper/pdf/e-paper_mde_v2.pdf

Le reader cybook Gen3 de bookeen

nous vous l’avons présenté dans le chapitre précédent : Les e-books de nou-velle génération. Son interface et sa documentation sont en français. Les bu-reaux de la société bookeen sont sis à paris. La représentation ci-après vous in-dique les principales fonctionnalités du cybook Gen3 :

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vous pouvez l’acquérir de deux manières, soit à partir du site Web de la so-ciété bookeen, soit, dans la cadre de l’offre du pack ebook cluster21.

- Sur le site de bookeen, à l’adresse : www.bookeen.com, le reader cybook Gen3 est en vente en deux versions :1. classique, soit le reader cybook Gen3 au prix de 350,00 € ttc.2. pack deLuxe, comprenant : le cybook, un chargeur uSb, une couverture de protection en cuir, une carte d’extension mémoire de 2 Go de capacité, des écouteurs stéréo et une batterie supplémentaire de rechange, au prix de 450,00 € ttc plus 8,30 € de frais de port pour la france métropolitaine.un blog, mais exclusivement en anglais à l’heure où j’écris ces lignes, donne l’actualité du reader à l’adresse : http://bookeen.blogspot.com

– avec le pack ebook cluster21, à l’adresse : http://ebook.cluster21.com

ce pack éditorial est constitué de 24 livres qui couvrent les nouvelles tech-nologies, le management, la prospective (dont le présent ouvrage Gutenberg 2.0 que vous lisez en ce moment) pour comprendre et participer à l’ère du digi-tal, d’un cybook Gen3 (version classique ou deLuxe) et d’un accès à la commu-nauté cluster21.com.

Les livres peuvent également être lus sur un pc ou sur un pda. il s’agit d’une véritable petite bibliothèque regroupant quatorze ouvrages des éditions M21, mais aussi, cinq livres de la finG (fondation internet nouvelle Génération), deux cahiers Lasers sur les enjeux qui émergent des interactions entre techno-logies, le rapport 2007 de club Sénat sur les nouveaux supports d’opinion (Le

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livre, la presse et les médias audiovisuels à l’heure des réseaux), un dossier de Silicon Sentier (association des Starts-ups de la région parisienne), et enfin, un abonnement à la newsletter mensuelle e-paper (newsletter couplée au vidéo-blog nouvoLivractu 2.0, sur le livre, l’édition et la presse à l’ère du numérique : e-ink, e-paper, e-book, Second Life…, et également offerte dans le cadre des abonnements à l’édition e-paper du journal Les échos), ainsi qu’un roman de science-fiction (perdu dans le temps, d’alain Lefebvre).

Le pack standard avec les 24 livres, le reader cybook et l’accès à la commu-nauté cluster21 est à 369 € ht (441 € ttc). Le pack deLuxe avec les accessoires (couverture de protection en cuir, carte d’extension mémoire de 2 Go de capa-cité, écouteurs stéréo et batterie supplémentaire de rechange) est à 453 € ht (541 € ttc). pour chaque pack, les frais de livraison en france sont de 8,30 €.

La principale originalité de cette offre est que si l’on additionne les prix des 24 ouvrages la somme est à peu près équivalente aux prix des packs. or, pour ce prix, l’acheteur acquiert un reader e-paper (d’une valeur de 350,00 €) qu’il pourra utiliser librement pour y ajouter et lire des documents personnels, télé-charger gratuitement sur le Web des e-books du domaine public, ou en acheter sur les librairies en ligne dont nous donnons les liens en annexe.

toutes les informations sont sur le blog : ebook.cluster21.com

comment télécharger des contenus sur un e-reader ?

Sur tous les modèles un simple câble uSb permet de connecter le reader à son ordinateur pc ou Mac, et d’y transférer, aussi facilement que s’il s’agissait d’une clef uSb ou de n’importe quel disque de stockage externe, les fichiers dé-sirés (livres, documents dont pdf, images…).

nous indiquons en annexes les principales bibliothèques en ligne, dont de nombreuses francophones, sur lesquelles vous pouvez télécharger des livres. tous les classiques de la littérature mondiale qui sont dans le domaine public sont téléchargeables gratuitement en toute légalité.

Je vous recommande particulièrement feedbooks : http://feedbooks.com, qui propose les téléchargements à différents formats adaptés à votre terminal de lecture : epub (format e-book d’adobe), Mobipocket pour le reader Kindle amazon, pdf au format a4, Sony reader, reader iLiad…

pour télécharger des nouveautés, Mobipocket (www.mobipocket.com) so-ciété française filiale d’amazon, et, numilog (www.numilog.net) sont les deux principales librairies francophones en ligne.

Le format Mobipocket, lu notamment par les readers vendus en france, don-

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ne accès à plus de 45 000 titres sous copyright, et à plus 10 000 titres gratuits libres de droit, en français mais aussi en anglais, espagnol, allemand, néerlan-dais, italien, polonais et russe. fin 2007 près de 200 sites Web de librairies nu-mériques donnaient accès au vaste catalogue de Mobipocket.

Sur tous les modèles de readers un chargeur adaptateur uSb permet de re-charger par simple branchement sur une prise murale, comme vous le feriez avec un téléphone portable.

En annexes vous trouverez le fac-simile du Manuel d’utilisation du cybook Gen3 du pack ebook cluster21.

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index alphabetique

Symbols@folio 35, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 46,

aamazon 89, 92, 96, 97, 102, 107, 112, 116,

125, 134, 146, 147, 172, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 185, 186

apple 97, 117, 124, 125, 163, 165attali 44, 57, 110

bbibliothèque 30, 39, 43, 51, 52, 54, 55,

90, 97, 101, 117, 120, 121, 125, 127, 131, 136, 137, 141, 146, 161, 169, 170, 177, 178, 179, 181, 182, 183, 184, 186

blog 37, 40, 46, 48, 62, 77, 79, 83, 85, 90, 99, 101, 102, 107, 109, 110, 116, 121, 123, 125, 134, 137, 141, 148, 149, 150, 156, 159, 162, 164, 166, 173, 175, 178, 180, 183, 184

bookeen 39, 45, 46, 91, 94, 95, 98, 100, 101, 163

ccitizen 65, 80codex 27, 28, 29, 30, 31, 34, 40, 48, 49,

50, 132, 134, 136corée 53, 118, 123cybook 35, 44, 45, 46, 47, 57, 91, 94, 95,

98, 100, 101, 102, 103cytale 35, 44, 45, 46, 47, 57, 149, 163, 177

ddiffusion 27, 28, 29, 31, 33, 47, 49, 54, 59,

71, 88, 109, 112, 120, 123, 124, 125, 131, 135, 137, 138, 144, 147, 153, 155, 156, 160, 161, 162, 166, 167, 170, 171, 173, 177, 184

distribution 39, 45, 47, 71, 75, 80, 82, 87, 89, 96, 108, 112, 113, 151, 152, 156, 161, 164, 166, 171, 173

drM 42, 137, 163, 164, 165, 166

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Ee-book 35, 36, 39, 42, 43, 44, 57, 61, 71,

73, 85, 89, 90, 92, 102, 118, 121, 123, 125, 133, 134, 141, 146, 162, 163, 166, 168

échos 87, 91, 98, 99, 100, 102, 107, 110, 111, 115, 120, 122, 123, 127, 131, 132, 135, 136, 137, 138, 140, 142, 145, 186, 187

édition 23, 33, 37, 39, 41, 43, 44, 49, 50, 51, 53, 55, 57, 59, 71, 75, 76, 77, 82, 87, 91, 93, 99, 100, 102, 107, 108, 110, 111, 112, 113, 143, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 153, 154, 155, 156, 157, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 166, 167, 169, 170, 171, 172, 174, 175, 183, 187, 189, 190

e-ink 35, 37, 39, 48, 51, 57, 61, 62, 63, 64, 65, 67, 68, 69, 70, 72, 73, 74, 75, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 86, 87, 88, 89, 91, 92, 93, 94, 95, 97, 102, 105, 110, 113, 118, 123, 128, 129

e-paper 23, 25, 27, 29, 40, 51, 52, 56, 57, 58, 61, 62, 63, 65, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 87, 89, 91, 93, 94, 96, 97, 98, 99, 100, 102, 106, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 120, 123, 125, 127, 128, 129, 130, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 143, 145, 146, 147, 150, 151, 152, 157, 179, 181, 182, 183, 187

Epd 70, 71, 78, 80, 82, 84, 86, 88, 91, 92, 95, 105

états-unis 35, 42, 59, 62, 65, 79, 85, 86, 87, 96, 97, 106

ffrance 29, 35, 37, 38, 41, 54, 57, 58, 72,

76, 78, 79, 87, 95, 97, 98, 99, 101, 102, 109, 119, 125, 142, 145, 146, 155, 165, 175, 177, 178, 179, 181, 182, 187

fujitsu 65, 72, 78

GGanaxa 91, 98, 99, 110, 112Gemstar 35, 41, 42, 45, 177Google 44, 54, 107, 133, 139, 147, 158,

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hharry potter 105, 158, 163hanlin 65, 89, 90, 91, 92, 94, 128hitachi 67hitachi 65, 67, 73, 79

iiLiad 107imprimerie 28, 29, 32, 33, 35, 38, 63ipod 50, 51, 71, 97, 156, 161, 163

JJapon 35, 53, 62, 67, 69, 72, 73, 78, 82,

83, 85, 86, 92, 148, 163Jobs 124

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imprimé en Slovénie par Europe Still et Euroteh.

conception / Execution Montage : Studio caramia

www.studiocaramia.fr

dépôt légal février 2008.

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