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806 Lettres à la rédaction Ann Dermatol Venereol 2006;133:804-8 émulsifiants, caoutchouc, dermocorticoïdes et métaux mon- traient à 48 et 72 heures une positivité isolée pour le CuSO 4 5 p. 100 aq (++/++) expliquant probablement la symptomato- logie cutanée. L’éruption cutanée était guérie suite à l’arrêt des bains de CuSO 4 et l’arrêt de travail. Discussion La dermatite de contact allergique au cuivre est rarement rap- portée dans la littérature médicale. Des réactions immunolo- giques au cuivre étaient observées surtout avec les dispositifs intra-utérins et les prothèses dentaires. Les réactions immu- nologiques au cuivre comprenaient la dermatite de contact al- lergique, les réactions allergiques systémiques, l’urticaire de contact et la stomatite de contact [1]. Le cuivre possède un bas potentiel de sensibilisation. Le CuSO 4 est utilisé dans les soins locaux des dermatoses en tant qu’antiseptique mais peu de cas rapportaient une dermatite de contact allergique dans la littérature. L’ion électropositif de cuivre est potentielle- ment immunogène à cause de sa capacité de diffuser à tra- vers les membranes biologiques pour former des complexes avec les protéines tissulaires [1]. L’allergie au CuSO 4 est rare- ment monovalente et est habituellement associée à d’autres allergies aux métaux, surtout au nickel et au cobalt, sensibili- sations absentes chez notre malade [2]. La présentation clini- que, l’histoire de survenue de symptômes rythmée par son activité professionnelle de mécanicien, l’exacerbation de l’ec- zéma par les bains de CuSO 4 , ainsi que le test épicutané po- sitif indiquent que le CuSO 4 était à l’origine de l’eczéma. Afin d’éviter l’incertitude d’une réelle sensibilisation au cuivre (réactions positives probables à des impuretés de l’allergène testé), une réaction au CuSO 4 pourrait être vérifiée par un test de dilution sériée. Cependant, une sensibilisation croisée en- tre le CuSO 4 et le NiSO 4 est peu probable [3]. Les ouvriers exposés aux métaux, y compris le cuivre, doi- vent se laver les mains fréquemment et utiliser des émol- lients servant de barrière protectrice pour la peau comme celles contenant l’acide diéthylène triamine penta-acétique, un chélateur métallique [4, 5]. Références 1. Hostynek JJ, Maibach HI. Copper hypersensitivity: dermatologic aspects. Dermatol Ther 2004;17:328-33. 2. Zabel M, Lindscheid KR, Mark H. Copper sulfate allergy with special reference to internal exposure. Z Hautkr 1990;65:485-6. 3. Van Joost Th, Habets JMW, Stolz E, Naafs B. The meaning of positive patch tests to copper sulphate in nickel allergy. Contact Dermatitis 1998;18:101-2. 4. Saary J, Qureshi R, Palda V, DeKoven J, Pratt M, Skotnicki-Grant S, et al. A systematic review of contact dermatitis treatment and prevention. J Am Acad Dermatol 2005;53:845-55. 5. Fujio T, Yasui S, Fukuda M, Yamada S. Investigation of the cause of contact dermatitis due to heavy metal in a metal spray process in a film- condenser factory. Sangyo Eiseigaku Zasshi 2004;46:13-20. Hidradénite eccrine neutrophilique chez une jeune femme en bonne santé C. REYNAUD-HAUTIN ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article de A. Morice et al., (Ann Dermatol Venereol 2005;132:686-8) indi- quant une sous-estimation de cas d’hidradénite eccri- ne neutrophilique (HEN) chez les sujets sains. Je rapporte une observation. Une femme de 27 ans, infirmière, consultait pour une éruption diffuse d’éléments papuleux, érythémateux, associée à des arthralgies des genoux et des chevilles entraînant une impotence fonctionnelle. IL existait une fièvre entre 38,5 et 40,2 °C pendant 6 jours. Ses antécédents personnels étaient un herpès labial, des aphtes récidivants, et une dysplasie du col utérin traitée par laser. Elle avait des antécédents familiaux de cancer du sein, et du colon chez sa mère décédée à 48 ans. Elle prenait uniquement une contraception orale par Cilest ® . Fig. 1. Eczéma des mains. Place Galilée, Parc Schweitzer, 85300 Challans. Tirés à part : C. REYNAUD-HAUTIN, à l’adresse ci-dessus. E-mail : [email protected] J’

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Lettres à la rédaction Ann Dermatol Venereol2006;133:804-8

émulsifiants, caoutchouc, dermocorticoïdes et métaux mon-

traient à 48 et 72 heures une positivité isolée pour le CuSO4

5 p. 100 aq (++/++) expliquant probablement la symptomato-

logie cutanée. L’éruption cutanée était guérie suite à l’arrêt

des bains de CuSO4 et l’arrêt de travail.

Discussion

La dermatite de contact allergique au cuivre est rarement rap-

portée dans la littérature médicale. Des réactions immunolo-

giques au cuivre étaient observées surtout avec les dispositifs

intra-utérins et les prothèses dentaires. Les réactions immu-

nologiques au cuivre comprenaient la dermatite de contact al-

lergique, les réactions allergiques systémiques, l’urticaire de

contact et la stomatite de contact [1]. Le cuivre possède un bas

potentiel de sensibilisation. Le CuSO4 est utilisé dans les

soins locaux des dermatoses en tant qu’antiseptique mais peu

de cas rapportaient une dermatite de contact allergique dans

la littérature. L’ion électropositif de cuivre est potentielle-

ment immunogène à cause de sa capacité de diffuser à tra-

vers les membranes biologiques pour former des complexes

avec les protéines tissulaires [1]. L’allergie au CuSO4 est rare-

ment monovalente et est habituellement associée à d’autres

allergies aux métaux, surtout au nickel et au cobalt, sensibili-

sations absentes chez notre malade [2]. La présentation clini-

que, l’histoire de survenue de symptômes rythmée par son

activité professionnelle de mécanicien, l’exacerbation de l’ec-

zéma par les bains de CuSO4, ainsi que le test épicutané po-

sitif indiquent que le CuSO4 était à l’origine de l’eczéma. Afin

d’éviter l’incertitude d’une réelle sensibilisation au cuivre

(réactions positives probables à des impuretés de l’allergène

testé), une réaction au CuSO4 pourrait être vérifiée par un test

de dilution sériée. Cependant, une sensibilisation croisée en-

tre le CuSO4 et le NiSO4 est peu probable [3].

Les ouvriers exposés aux métaux, y compris le cuivre, doi-

vent se laver les mains fréquemment et utiliser des émol-

lients servant de barrière protectrice pour la peau comme

celles contenant l’acide diéthylène triamine penta-acétique,

un chélateur métallique [4, 5].

Références

1. Hostynek JJ, Maibach HI. Copper hypersensitivity: dermatologicaspects. Dermatol Ther 2004;17:328-33.

2. Zabel M, Lindscheid KR, Mark H. Copper sulfate allergy with specialreference to internal exposure. Z Hautkr 1990;65:485-6.

3. Van Joost Th, Habets JMW, Stolz E, Naafs B. The meaning of positivepatch tests to copper sulphate in nickel allergy. Contact Dermatitis1998;18:101-2.

4. Saary J, Qureshi R, Palda V, DeKoven J, Pratt M, Skotnicki-Grant S,et al. A systematic review of contact dermatitis treatment and prevention.J Am Acad Dermatol 2005;53:845-55.

5. Fujio T, Yasui S, Fukuda M, Yamada S. Investigation of the cause ofcontact dermatitis due to heavy metal in a metal spray process in a film-condenser factory. Sangyo Eiseigaku Zasshi 2004;46:13-20.

Hidradénite eccrine neutrophilique chez une jeune femme en bonne santéC. REYNAUD-HAUTIN

ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article de A. Morice

et al., (Ann Dermatol Venereol 2005;132:686-8) indi-

quant une sous-estimation de cas d’hidradénite eccri-

ne neutrophilique (HEN) chez les sujets sains. Je rapporte

une observation.

Une femme de 27 ans, infirmière, consultait pour une

éruption diffuse d’éléments papuleux, érythémateux, associée

à des arthralgies des genoux et des chevilles entraînant une

impotence fonctionnelle. IL existait une fièvre entre 38,5 et

40,2 °C pendant 6 jours. Ses antécédents personnels étaient

un herpès labial, des aphtes récidivants, et une dysplasie du

col utérin traitée par laser. Elle avait des antécédents familiaux

de cancer du sein, et du colon chez sa mère décédée à 48 ans.

Elle prenait uniquement une contraception orale par Cilest®.

Fig. 1. Eczéma des mains.

Place Galilée, Parc Schweitzer, 85300 Challans.

Tirés à part : C. REYNAUD-HAUTIN, à l’adresse ci-dessus.E-mail : [email protected]

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Lettres à la rédaction

L’examen clinique trouvait des éléments érythémateux, in-

filtrés, sensibles, siégeant sur les membres, particulièrement

les jambes (fig. 1). Il existait des nodules dans les paumes et

les plantes, entrainant des difficultés à la marche. Il existait un

érythème et un œdème périorbitaire (fig. 2). Elle rapportait un

épisode similaire 9 mois plus tôt, pendant ses vacances,

moins sévère, rapidement résolutif sous corticothérapie orale

pendant 5 jours. Le reste de l’examen clinique était normal :

il n’y avait pas d’atteinte muqueuse, ni d’adénopathies, ni

d’hépatosplénomégalie. La palpation des seins était normale ;

il n’y avait pas d’arthrite. Les examens biologiques montraient

un syndrome inflammatoire avec une VS à 53, une CRP à 120.

La NFS, la biologie rénale étaient normales, les TGP à la limite

supérieure (56/55). La recherche de foyers infectieux était né-

gative. Les sérologies HIV et hépatite C étaient négatives.

L’échographie abdomino-pelvienne était normale.

La biopsie montrait une HEN, avec dans le derme moyen

un infiltrat neutrophilique peu dense installé au pourtour

des annexes sudorales. Cet infiltrat vient dissocier les trous-

seaux de fibres collagènes un peu épaissis (Dr J.J. Renaut,

Nantes)

La patiente était traitée par Solupred®, 60 mg/j, en raison

de l’impotence fonctionnelle pendant 5 jours avec une dimi-

nution progressive sur 3 semaines. La guérison se faisait

avec une pigmentation résiduelle prolongée.

Cinq ans après, il n’y avait pas eu de récidive de l’HEN.

Elle avait récidivé sa dysplasie du col. Elle continuait le

Cilest®.

Il s’agissait d’une forme mixte, dite disséminée, d’HEN,

survenue chez une jeune femme sans pathologie associée,

en dehors d’une dysplasie du col préexistante au premier épi-

sode et ayant récidivé, sans nouvel épisode d’HEN.

Vestibulite vulvaire : traitement par la toxine botuliniqueB. BENNANI (1), S. RAKI (1), G. MONNIER (2), F. PELLETIER (1), PH. HUMBERT (1)

a vestibulite vulvaire aurait été décrite à la fin du

XIXe siècle [1], puis a disparu de la littérature jusqu’aux

travaux de Woodruff et Friedrich en 1985 [2]. Elle appa-

raît aussi sous le terme de vulvite focalisée. C’est une affec-

tion d’étiopathogénie controversée, caractérisée par une

dyspareunie associée à un érythème vestibulaire chronique,

ayant un retentissement psychologique très important.

Observation

Une femme âgée de 27 ans, nullipare, traitée par contracep-

tion œstroprogestative depuis plusieurs années, consultait

pour une dyspareunie d’intromission, une dysurie, ainsi que

des douleurs superficielles de la vulve au toucher et à la toilet-

te, d’intensité croissante, installées progressivement. L’exa-

men clinique montrait une fourchette postérieure fragile,

souvent fissurée et une sensibilité au toucher de la face inter-

ne des petites lèvres. Le diagnostic de vulvodynie était évoqué

après avoir écarté les diagnostics différentiels. La malade était

traitée par amitriptyline à doses croissantes jusqu’à 100 mg/j,

entraînant une amélioration transitoire jusqu’en 1997, où

Fig. 1. Éléments érythémateux, infiltrés, sensibles, sur les jambes. Fig. 2. Érythème et œdème périorbitaire.

(1) Service de Dermatologie, CHU Saint Jacques, Besançon.(2) Service de Neurologie, CHU Jean Minjoz, Besançon.

Tirés à part : Ph. HUMBERT, Service de Dermatologie, CHU Saint Jacques,

2, place Saint-Jacques, 25030 Besançon Cedex.

E-mail : [email protected]

L