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Dr. Wissem ABDELKEFI Historique Dialyse omme forme de thérapie, la dialyse est au moins aussi vieille que la civilisation elle-même; en effet les romains réalisaient déjà des « dialyses » dans des bains très chauds rendant la peau plus perméable laissant ainsi passer les toxines. C C’est en 1854 que le terme de dialyse fut employé pour la première fois dans la littérature scientifique : Thomas GRAHAM, professeur de chimie à l’université de Londres, montre que le composant cristalloïde d’une solution diffuse à travers une membrane végétale de parchemin; il appelle ce phénomène dialyse (venant du grec dialusis : séparation) (91). Thomas GRAHAM John Abel Soixante années s’écoulent entre les expériences de ce dernier et la mise au point à Baltimore par John J. ABEL, Léonard G. ROWNTREE et B. B TURNER, en 1913, d’un dispositif ayant déjà les caractéristiques fondamentales des reins artificiels actuels, ce dispositif de dialyse a été testé sur des chiens (la membrane de dialyse est en collodion de nitrocellulose, le circuit sanguin rendu incoagulable par l’hirudine, qui s’est révélé trop toxique pour tenter l'expérience sur des humains.) Le système de dialyseur d’Abel, Rowntree, Turner. Profil Acido-basique chez le dialysé chronique : Comparaison entre HDB et BSA à 84‰ 3

Histoire de la Dialyse

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Comme forme de thérapie, la dialyse est au moins aussi vieille que la civilisation elle-même

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omme forme de thérapie, la dialyse est au moins aussi vieille que la civilisation

elle-même; en effet les romains réalisaient déjà des « dialyses » dans des bains

très chauds rendant la peau plus perméable laissant ainsi passer les toxines.

CC’est en 1854 que le terme de dialyse fut employé pour la première fois dans la

littérature scientifique : Thomas GRAHAM, professeur de chimie à l’université de

Londres, montre que le composant cristalloïde d’une solution diffuse à travers une

membrane végétale de parchemin; il appelle ce phénomène dialyse (venant du grec

dialusis : séparation) (91).

Thomas GRAHAM John Abel

Soixante années s’écoulent entre les expériences de ce dernier et la mise au point

à Baltimore par John J. ABEL, Léonard G. ROWNTREE et B. B TURNER,

en 1913, d’un dispositif ayant déjà les caractéristiques fondamentales des reins

artificiels actuels, ce dispositif de dialyse a été testé sur des chiens (la membrane de

dialyse est en collodion de nitrocellulose, le circuit sanguin rendu incoagulable par

l’hirudine, qui s’est révélé trop toxique pour tenter l'expérience sur des humains.)

Le système de dialyseur d’Abel, Rowntree, Turner.

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La première dialyse humaine est à attribuer, en 1924, au Docteur Georg HASS

(1886-1971), chercheur allemand à l’université de Giessen qui a utilisé de l'Hirudine

purifiée pour dialyser pendant 15 minutes un malade en insuffisance rénale aiguë grâce

au dispositif d'Abel, avec succès (91).

La première hémodialyse chez l’homme (18 février 1925)

L’Héparine est découverte en 1922, mais n’a été utilisée comme anticoagulant

sur des humains qu’à partir des années quarante.

La Cellophane est commercialisée en 1927, et fournit aux chercheurs un

nouveau type de membrane semi perméable d’utilisation largement plus souple que

tous les matériaux disponibles jusqu’à lors.

C’est en 1943, à Kampen, en Hollande, que la Docteur Willem Kolff a mis au

point le premier rein artificiel fonctionnel « the rotating drum dialyser » :

(la membrane est en cellophane, l’anticoagulant est l’héparine purifiée). Des tubes en

métal ou en verre sont utilisés pour accéder directement à une veine et à une artère, ce

qui empêche une utilisation récurrente (91).

L’hémodialyse était réservée au traitement de l’insuffisance rénale aiguë (IRA)

car l’abord vasculaire nécessitait des dénudations chirurgicales itératives.

La première survie directement liée à l’hémodialyse date de 1945 chez une

patiente de la série de Kolff atteinte d’une IRA d’origine toxique médicamenteuse.

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Willem Kolff Machine à hémodialyse de W Kollf (91)

Au milieu des années 50, le téflon et le silastic, deux matières plastiques, sont

mises au point.

C’est le 9 mars 1960 que la technique d’hémodialyse intermittente va prendre un

essor avec la réalisation par Belding Scribner et W.E. Quinton du «Scribner Shunt» :

premier abord vasculaire permanent en créant un court-circuit entre une artère et une

veine, qui fut installé chez un patient de Seattle, premier patient à recevoir des

traitements d’hémodialyse à long terme (91).

Le «Scribner Shunt» s’avérera, du fait de sa faible longévité, mieux adapté au

traitement de l’insuffisance rénale aiguë que de l’insuffisance rénale chronique.

Belding Scribner Première version du shunt artério-veineux

de Quinton-Scribner (90)

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Dans les années 60, de nombreux progrès sont accomplis. Le premier centre

d’hémodialyse ouvre ses portes à Seattle, aux USA, en 1962. La dialyse à domicile est

également expérimentée avec succès (91).

L’abord vasculaire pour le traitement de l’insuffisance rénale chronique trouvera

sa solution en 1966 avec la création par Brescia et James Cimino des premières

fistules artério-veineuse (FAV).

Fistule artério-veineuse (FAV) pour hémodialyse (91)

C’est donc à partir de 1960 que l’utilisation de l’hémodialyse intermittente (HDI)

va s’étendre et bénéficier au fil du temps d’améliorations successives tant sur le plan

technologique que dans ses modalités d’utilisation favorisées par une meilleure

connaissance des mécanismes physicochimiques impliqués dans l’épuration et ses

conséquences physiopathologiques.

A partir de l'année 1964, à la suite des travaux de Charles Mion, l'acétate de

sodium fut utilisé comme base tampon dans le dialysat, évitant les précipitations de

carbonates de calcium et magnésium lorsque les ions calcium et magnésium sont en

présence de bicarbonate.

Depuis 1976, les générateurs d’hémodialyse sont munis de pompes à trois corps,

permettant la fabrication de dialysat au bicarbonate à partir de deux concentrés.

Plusieurs équipes dans le monde réintroduisirent le bicarbonate comme substance

tampon dans les bains d'hémodialyse à partir de 1980, en séparant le concentré en deux

fractions distinctes afin d'éviter toute précipitation : une fraction dite « acide » et la

fraction dite « bicarbonate ».

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EN 1967, Henderson propose une technique originale d’épuration extra-rénale

qui est l’hémofiltration (HF) pré-dilutionnelle, secondairement cette technique s’est

développée avec une ultrafiltration suivie d’une réinjection c’est l’hémofiltration

post-dilutionnelle (16).

Le concept de l’hémodiafiltration (HDF) a été décrit en 1969 par Schinagerger

et introduit en 1977 par Leber et coll ainsi que Kunitomo et coll (16).

Le concept de la biofiltration sans acétate a été élaboré par Van Stone et

Mitchell en 1980 (56). Mais cette conception n’a pas été suivie d’un développement

de la technique.

En 1985, Bene (7) en se basant sur ce concept a développé une technique de

biofiltration connue couramment sous le non d’"Acetate free biofiltration" (A.F.B).

Cette technique utilise comme solution de réinjection le bicarbonate de sodium

1/6 molaire ou à 14‰ à raison de 6 à 8 litres par séance nécessitant ainsi l’utilisation

d’un filtre de très haute perméabilité hydraulique et d’un générateur

d’hémodiafiltration.

En 1992, Debure et Coll (18) a décrit une technique d’épuration extra rénale

qu’il l’a dénommé : Hémodialyse sans acétate qui utilise le bicarbonate molaire 84‰.

En Juin 1994, Hmida et Coll (37) ont développé une autre technique, dérivée de

celle de DEBURE, dans le but de garder les avantages sur le plan hémodynamique,

sans majoration du coût et afin de la pouvoir l’utiliser avec plus de sécurité chez les

patients insuffisants rénaux chroniques.

Machine à hémodialyse de G. Hass (90) Machine à hémodialyse de W Kollf (90)

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