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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Horace. A Portrait by Alfred Noyes Review by: J. Hammer Latomus, T. 7, Fasc. 3/4 (Juillet-Decembre 1948), pp. 282-288 Published by: Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41515906 . Accessed: 12/06/2014 21:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Societe d’Etudes Latines de Bruxelles is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.88 on Thu, 12 Jun 2014 21:40:24 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Horace. A Portraitby Alfred Noyes

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Horace. A Portrait by Alfred NoyesReview by: J. HammerLatomus, T. 7, Fasc. 3/4 (Juillet-Decembre 1948), pp. 282-288Published by: Societe d’Etudes Latines de BruxellesStable URL: http://www.jstor.org/stable/41515906 .

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indices chronologiques et, en particulier, la datation de l'élégie de Properce, 2, 34 font conclure à la priorité du prosateur sur le poète. Dès lors, les thèses de Stacey (cf. celle de l'influence d'Ennius, source commune aux deux écrivains) s'écroulent, et il faut bien ad- mettre l'action de Tite-Live sur Virgile. Ce résultat est très im- portant. Il précise ce que l'on savait du rayonnement de Tite-Live ; de plus, Iorque des expressions, dites « poétiques », de Virgile s'appa- rentent de près à des expressions de Tite-Live, nous devons voir là non un coïncidence, - dont la fréquence ne laissait pas de me sur- prendre, - mais l'influence d'un styliste très doué, Tite-Live, sur un poète qui a su tirer de son œuvre les éléments de ses propres créations verbales. L'ouvrage de M. Santoro me semble donc une contribution essentielle à l'histoire littéraire et à l'étude du style latin. H. Bardon.

Fabio CuPAiuoLO, Considerazioni e divagazioni sul « Catalep- ton I » (Naples, Rondinella, 1943), 28 pp. in-8°.

M. F. Cupaiuolo n'a pas craint de soumettre à un nouvel examen la première des épigrammes qui figurent dans Y Appendix Vergi liana, si souvent commentée. Il n'y découvre pas d'admirables beautés : elle n'est en effet ni poétique ni spirituelle. Est-elle de Virgile? Ainsi l'auteur est amené à reconsidérer le problème de l'authenti- cité du Catalepton. Il repousse l'Éloge de Messala (n° IX), la Prière à Vénus (n° XIV), et la parodie de Catulle (n° X) ; les raisons de M. Cupaiuolo sont habilement et savamment présentées, mais la question restera toujours insoluble : quand les vers sont plats, on proteste : cela n'est pas de Virgile ; quand ils sont virgiliens, on propose : imitation de Virgile I Et pourquoi Virgile (qui a su sourire parfois) ne se serait-il pas amusé à parodier Catulle? Quoi qu'il en soit, la pièce I appartient, pense l'auteur, à Virgile ; ce serait une œuvre de jeunesse, présentant des rapports avec certaines épi- grammes de Y Anthologie palatine , et née dans le cercle de Philodème. Conclusion vraisemblable, en ce domaine où il faut se contenter de vraisemblance, suivant un spécialiste de Y Appendix Vergiliana , M. Galletier (Reu. Ét. Lat. , 1947, p. 398).

E. de Saint Denis.

Alfred Noyes, Horace. A Portrait (New York, Sheed and Ward, 1947), 292 pp. in-8°, 3 dollars 50.

MM. Sheed et Ward, les éditeurs du Virgil de F. J. H. Letter, dont nous avons rendu compte ici ( Latomus , VI, 1947, pp. 153-154), viennent de publier un autre ouvrage sur un poète classique. Cette fois, c'est un portrait biographique d'Horace, le contemporain et l'ami intime de Virgile. Avec le présent volume les éditeurs com- mencent une nouvelle série intitulée « Great Writers of the World ». Le but de la collection est de présenter un poète ou un écrivain par

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rapport à son époque et de marquer son influence dans la suite. D'abondantes citations originales accompagnées de traductions con- stituent un autre trait de la collection dont le second volume, Boc- cacio , par Francis Macmanus, a paru.

M. Noyes, qui est poète et qui considère Horace avant tout comme un poète, a écrit ce livre avec l'opinion qu'il y a place pour une nou- velle interprétation d'Horace « du point de vue de la poésie » (p.xin). Ce sera donc un livre sur un po:te ancien par un poète moderne, qui déclare qu'il évitera les pièges de la critique textuelle qu'il compare à la fosse aux lions de Daniel (p. x). Gela étant, il ne montre guère de patience à l'égard de la critique textuelle qu'il accuse d'avoir à l'occasion mal compris « les voies des poètes et les impulsions sous lesquelles ils écrivent, surtout leur emploi de l'ironie poétique qui leur sert à la fois comme une arme et un bouclier » (p. xi). Il est horrifié de trouver obscurs d'éminents savants et de ne leur voir aucune compréhension de la nature de la poésie : Wilamovitz, par exemple, est un savant mais par ailleurs « an ideological pundit ». Les commentateurs ne sont pas mieux traités par M. Noyes : souvent ils révèlent le morbus inelegans de la contradiction et de la confusion ; le même mal est celui des historiens et des critiques littéraires. Notons que les griefs de M. Noyes contre des savants, des critiques et des commentateurs éminents se poursuivent tout au long du volume. Un tel état d'esprit convient mal à un enthousiaste d'Horace du genre de M. Noyes qui devrait avant tout se souvenir des réflexions du poète: Neun vitiis nemo sine nascitur et Quid rides ? mutato no- mine de te fabula narratur.

Le premier chapitre, intitulé « The Emperor's Letter » (pp. 1-19), montre clairement que la méthode de l'auteur diffère complètement de celle qu'adoptent les savants et les critiques. La poste impériale avait apporté une lettre exprès à Horace, dans sa villa de Sabine, au moment où il se préparait à prendre un modeste repas que lui servait Davus. Le repas consistait en olives, salade, pigeon rôti, figues et vin éprouvé par Mécène. Cependant Horace, au grand ennui de Davus, ne touchait pas au repas, parce que la lettre lui enlevait la paix de l'esprit ; en effet, c'était une lettre d'Octave transmise à Mécène, qui à son tour la communiquait à Horace, in- vitant celui-ci à devenir le secrétaire particulier d'Octave. Cependant Horace ne partageait pas la dévotion de Virgile pour le futur auto- crate. Comme la liberté représentait tout pour lui, il relut la lettre à plusieurs reprises et y répondit par un refus poli, que M. Noyes considère comme la principale décision de la vie d'Horace et comme une preuve à côté d'autres que dans ses rapports avec l'empereur Horace n'abandonna jamais ses principes. De plus, la prière de la dernière strophe de Carni., 1,31, a quelque rapport avec le refus d'Ho- race d'accepter le secrétariat proposé. M. Noyes écrit (p. 16) : « It was a reasonable prayer that he addressed to the god of light and song, when Augustus made the new temple of Apollo an adjunct tg

Latumos VII. - 19.

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the imperial library. Perhaps it was in this library that Horace would have done his secretarial work if he had accepted the invitation. Is it too fanciful to suppose that his prayer to Apollo on that occa- sion has a direct reference in its closing stanza to his refusal? ».

Il apparaît donc clairement que ce premier chapitre combine le mélodrame, le roman, la poésie et quelque vérité. Cet amalgame n'est pas sans intention. Il me semble destiné à donner au lecteur un aperçu du «leitmotiv» du livre, à savoir comment un homme com- me Horace, sans pouvoir réel et sans fortune, a pu malgré les désirs personnels d'un empereur romain écrire avec indépendance et vivre avec dignité, sans capitulation et sans compromission en ce qui concerne les principes (p. 183 ; cf. p. 234). Dans Horace, M. Noyes voit d'abord un jeune idéaliste et un visionnaire qui rêvait d'un monde meilleur (p. 65) et ensuite un homme qui jamais ne se rendit à l'astuce hypocrite d'Auguste ; un homme qui eut le courage de se comporter en véritable vates quand, sans égard pour les conséquen- ces, il osa caractériser comme leges vanae et sine moribus des ten- tatives officielles de l'empereur de restaurer la religion et la mora- lité grâce à la législation (pp. 145, 163, 183), propos qui ne durent flatter que très médiocrement le maître de l'Empire (p. 145). Car Horace « with all his worldly disadvantages, nevertheless stood up to the most formidable embodiment of power the world had ever known, maintaining his own independence and philosophy of life as perhaps no other man in such circumstances had ever done before him. The quiet smile with which he did it has apparently led many readers to forget the steadfast courage and the momentousness of the achievement » (p. 234).

On peut donc dire que le livre de M. Noyes est une défense d'Ho- race contre les accusations habituelles - abandon des principes, flatterie, servilité - dirigées contre cet « artiste solitaire » et cet « homme de génie » (p. 234), accusations dans lesquelles l'auteur voit « un intolérable manque de générosité » (ibid.) de la part des criti- ques.

Le livre proprement dit commence au chap. II : « The Childhood of Horace » (pp. 20-35). « La ferme de Yenouse était un endroit idéal pour l'enfance d'un poète », car c'est là qu'Horace apprit la vie simple et la réflexion sans parler de la compréhension des beautés de la nature (p. 21). C'est là aussi qu'il apprit à connaître Faune dont nous trouvons le souvenir beaucoup plus tard dans Carm., 3, 18, où sont combinés différents traits : vieille piété italique, gaîté sérieuse et tendresse ; ce dernier élément est assez rare dans Horace (p. 24 ; cf. p. 195). Là encore, il apprit à comprendre la vieille reli- gion dont nous trouvons le souvenir dans ses poèmes ultérieurs (p. 27).

Les chapitres suivants donnent une peinture vivante de la vie et de l'évolution littéraire d'Horace. Ce qui l'intéressa le plus à Athè- nes, ce furent la vie et les livres (p. 37). Alors que les précédents biographes du poète n'ont pas montré beaucoup d'imagination pour reconstituer cette partie de la vie d'Horace après que la nouvelle de

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l'assassinat de César fut parvenue à Athènes (p. 38), M. Noyes pro- cède à cette reconstitution avec assez d'habileté et dans la croyance que « if we are to obtain a true portrait of Horace, we must try to imagine what he undoubtedly felt » (p. 59). M. Noyes compare la ferveur idéaliste d'Horace et de ses compagnons d'étude à l'égard de Brutus à celle qui inspira au xixe siècle les jeunes disciples de Mazzini dans les universités anglaises (p. 39). Quant aux relations d'Horace avec Brutus, ce n'est pas sur les capacités militaires du poète que Brutus établit la haute opinion qu'il avait de son jeune partisan (p. 42) ; ce qui les a unis, c'est leur goût commun pour la littérature (p. 43).

M. Noyes n'est pas d'accord avec les commentateurs sur l'inter- prétation de Sat., 1, 7. Cette satire n'est pas une plaisanterie : « elle présente un intérêt biographique de plus d'importance qu'il n'appa- raîtrait à première vue » (pp. 44-45). Dans le passage cur non hune Regem iugulas, les critiques retiennent le mot Regem , mais négligent de noter l'importance et la cruauté de iugulas . En écrivant ce pas- sage, Horace a transformé son style en stylet et cessé de plaisanter. Le fait qu'Horace a eu le courage de mentionner le régicide pendant la guerre montre, d'après M. Noyes, que le poète a reconsidéré son opinion sur la guerre et sur Brutus et que celui-ci et celle-là ont dû commencer à le désillusionner (p. 47). Brutus, le champion de la liberté, « may not have been too pleased to find that he had been treating the son of a freedman as if he were actually free » (p. 58) et Horace doit avoir compris que, quel que fût le vainqueur de la guerre, il resterait toujours libertino pâtre natus (p. 59).

Durant sa campagne avec Brutus, Horace visita de nombreux endroits et ne se borna pas à regarder du continent certaines des îles de l'Egée. M. Noyes est sûr qu'il visita Lesbos et Mityléně (pp. 49^ 50). Il doit avoir été à Lebedos, où il doit s'être rendu « dans l'état de désillusion qu'il décrit dans son épîtrfe » (1, 11 ; p. 55). J'incline à suivre H. R. Fairclough (Horace, Satires , Epistles and Ars Poetica , The Loeb Class. Library, p. 322, note b), qui suppose qu'Horace a probablement visité Lebedos.

Horace, qui ne dissimula jamais ses opinions, les a encore expri- mées courageusement à son retour à Rome après Philipp es (p. 65). Son humeur était celle du désespoir, et ce n'était pas Philippes qui en était la cause, mais la leçon qu'il tirait des ironies de la guerre en général et des guerres civiles en particulier (ibid.). Alors qu'il rêvait d'un monde meilleur et n'avait pas d'espoir de le voir se réa- liser en Italie, surtout depuis qu'un nouveau conflit menaçait, il transporta ce rêve ailleurs en composant la 16e épode. Dans celle-ci Horace exprime « a feeling of hopelessness about the régime of Oc- tavian » tandis que Virgile, dans la quatrième églogue « was just as definitely defending that régime » et c'est cet échange d'idées qui mit les deux poètes en présence (p. 71).

A propos de Carm., 1, 14, M. Noyes fait part de sa certitude que la 4e églogue est la réponse à la 16e épode d'Horace et que cet

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échange de vues « had led to a discussion of the « Ship of State » with Maecenas who used the same figurative language in an address to Octavian ». En outre, l'auteur avance l'hypothèse selon laquelle il est possible que Mécène dans une de leurs conversations « reminded Horace of Plato's parabole of the Ship of State. Its antidemocratic aspects would not be emphasized ; but the figure of the ship at sea and the necessity for an authoritative steersman might easily be used by the persuasive friend of Octavian, to justify the methods of the new régime » (p. 80).

Voici enfcore quelques autres interprétations. Horace et Virgile continuèrent leur entretien poétique et dans la seconde épode Horace semble donner son opinion sur les Géorgiques de Virgile (p. 121). M. Noyes pense que la clé et la signification de la seconde épode doi- vent se trouver dans les mots paterna rum du v. 3, où les terres cultivées par des gens qui leur sont attachés sont opposées par Hora- ce aux terres confisquées achetées par de riches usuriers de la ville et cultivées par des non-fermiers. Ce faisant, Horace montre son indépendance et critique la nouvelle politique terrienne (p. 125). Virgile idéalisait l'Italie et se faisait « le poète d'un Paradis incon- nu... Horace, qui n'avait que peu d'illusions, devenait le poète de l'Italie qu'il connaissait » (p. 126). Mais la façon ironique avec la- quelle Horace traite la politique que le gouvernement voulait déve- lopper conduisit à un événement important. M. Noyes conjecture qu'après un entretien avec Virgile, qui suggéra qu'Horace pouvait être malheureux à la suite de la perte de ses paterna arua , Mécène donna à Horace la ferme de Sabine (p. 129).

M. Noyes présente aussi certaines remarques intéressantes sur les femmes chez Horace. Tout en admettant que les caractères féminins chez Horace ne peuvent s'identifier, il se refuse à les considérer comme des fictions de l'imagination du poète (pp. 139 et 141), sur- tout que certains d'entre eux révèlent le sens de la vie ; ils doivent avoir été campés d'après la vie réelle, sans qu'il faille supposer des relations amoureuses du poète. Et il est certain qu'un artiste ne doit pas tomber amoureux de ses modèles. « Le poème sur Pyrrha... peut être un souvenir de ses jours d'étude à Athènes ». Phidyle est une personne réelle et il est possible que le poème qui la concerne « comporte un autre souvenir de la ferme de Venouše » (p. 146). J'ajouterai ici qu'une opinion semblable a été émise par le regretté Tenney Frank, Catullus and. Horace (New York, 1926, p. 196), qui ne trouve pas d'affectation dans cette ode qui « may be Horace's boyhood spirit conjured back... ».

M. Noyes considère l'ode I, 37 comme un poème étrange et qui n'est pas si simple qu'il semble à première vue, parce qu'Horace, le maître de l'ironie, considère ici les faits politiques de façon objective. Les mots catenis et fatale monstrum (v. 20-21) « doivent sûrement être ironiques » (pp. 152-3). Dans son ensemble cette ode ne doit pas être interprétée « as a recantation of < Horace's > political views » (p. 154). Horace était simplement du côté opposé à Antoine (p. 155).

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Il a fallu un grand courage de la part d'Horace, dit M. Noyes (p. 180), pour appeler Auguste dis te minorem quod geris imperas ( Carm ., 3, 6, 5). Cette interprétation est due au fait que M. Noyes se méprend sur le v. 2 Romane qui désignerait Auguste. Il suffit de comparer Virgile: tu ..., Romane , memento ( En ., 6, 851) pour se rendre compte qu'Horace et Virgile s'adressent tous deux au peu- ple romain et non à l'empereur.

Pour Horace, « the destiny of the Roman Empire was a sealed book » (p. 182). En conséquence, il n'y a pas de raison d'accuser Horace de contradiction (ce qui est éminemment humain), surtout que les historiens sont encore en désaccord sur le caractère d'Auguste. Même si le caractère du poète hésite entre l'espoir et le pessimisme, cela n'indique pas un abandon des principes. Le tempérament porté à l'espoir indique chez le poète qu'il pensait que ces principes pour- raient être rétablis (p. 182) et il se laissait aller au pessimisme quand il considérait qu'ils devaient être abandonnés. Il louait l'empereur, sans doute, mais en le faisant « he took care - in every case - to reaffirm the conditions on which alone the praise was valid » (p. 183). Mais comme le poète n'est jamais tout à fait sûr d'Auguste, « he safeguards himself either with these conditions, or sometimes, by the satiric tone in which he speaks of the Emperor » (p. 185). Mal- gré tout le sérieux de Carm ., 3, 3, M. Noyes décèle une pointe d'iro- nie dans les v. 11-12, quos... Augustus ... bibit ore nectar. Ces vers forment une digression dans ce poème au reste sérieux ; ils consti- tuent a « jocose part » et sont « a brief Aristophanic beatification » (p. 187). Horace ne connaissait que trop le désir d'Auguste d'être mentionné dans ses vers. De là « if pleasantries of this kind satisfied him, so much the better » (ibid.). Un autre exemple de l'ironie d'Horace est trouvée par l'auteur dans Carm. 4, 2, surtout dans les vers 46-47 : O sol... Caesare felix. M. Noyes déclare: « If Horace is not ironical in all this, nothing is ironical... If the commentators insist on taking this ode with entire solemnity, it may still seem a very strange product for a « court poet » (p. 257).

La vie du poète dans sa ferme de Sabine n'était qu'en apparence vide d'événements. Mais c'est là qu'Horace eut l'une de ses plus importantes aventures intellectuelles et spirituelles dans le domaine religieux. Chez Horace l'emploi des noms des dieux est loin d'être conventionnel ; bien plus, le poète était « as far from a narrow scep- ticism as he was from superstition » (p. 196).

Quant au Carmen saeculare, l'auteur croit que le sujet du poème n'est pas Auguste qui au long de la cérémonie apparaît dans le rôle d'un fidèle suppliant, mais une Rome idéale (pp. 237 et 239). « It is not the song of a passing day, but - as its title implies - a song of the ages, and a city not built with hands, which eventually mar- ged into the С ivi tas ?yei » (p. 237).

J'ai relevé plusieurs des interprétations de M. Noyes. Beaucoup d'autres pourraient être mentionnées. Certaines, par exemple à propos de Sat. 1, 7, sont plausibles. D'autres devront subir l'épreuve

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du temps. Il me suffira de dire que le portrait d'Horace peint par M. Noyes est plein de brillantes couleurs et de certaines ombres ; le poète de Venouše apparaît comme un noble chevalier solitaire, revêtu d'une armure sans tache. Comme M. Noyes écrit avec facilité et chaleur, son livre atteindra sans doute un cercle étendu de lec- teurs, surtout ceux qui ne sont pas familiers avec le latin. Au total cependant, la tentative de M. Noyes me rappelle la réflexion d'Emile Boutroux : « Chercher obstinément la certitude n'est pas toujours un bon moyen d'atteindre à la vérité ». J. Hammer.

Fabio CuPÀiuoLo, L'Epistola di Orazio ai Pisoni (Naples, Ron- dinella, 1941), 118 pp. in-8°.

Cette dissertation estimable résume les théories sur la composition de Norden à Steidle, montre qu'Horace s'inspire librement de Néop- tolème, étudie son attitude à l'égard des écrivains latins et l'influence de la poétique aristotélicienne à Rome. Le dernier chapitre date l'œuvre d'après le second livre des Êpîtres à l'opposé de F.Villeneuve qui croit Y Art poétique antérieur à YEpître à Auguste (II, 1). La question ne peut se résoudre à l'aide du v. 269, M. F. Cupaiulo le montre, mais il y a d'autres passages presque parallèles à ceux des deux Épîtres à Auguste et Florus (p. ex. sur Choerilos, v. 357-358 et II, 1, v. 232-235, sur les archaïsmes et néologismes, v. 50-70 et II, 2, v. 117, etc.) qui auraient pu fournir à l'auteur des indices utiles Son travail est une bonne compilation érudite, bien informée, cor- recte et raisonnable. Léon Herrmann.

Fabio CuPÀiuoLo, L'esaltazione delle virtù patrie nella sto- ria di Livio (Naples, Rondinella, 1942), 17 pp. in-8°.

Que Tite-Live a voulu dans son œuvre exalter les vertus qui ont fait la grandeur de Rome : nous le savions depuis que l'historien l'a déclaré dans sa Préface, et que tous les critiques ont expliqué ce dessein par l'éducation provinciale et l'honnêteté de l'auteur, par la propagande augustéenne en faveur d'une rénovation (voir en der- nier lieu L. Catin, En lisant Tite-Live , Paris, 1944, p. 5-16). Mais il n'est pas inutile de le redire à des jeunes ; c'est ce que M. F. Cupaiuo- lo a fait avec talent dans cette aimable conférence aux lycéens de Naples ; il a bien montré le caractère épique de la conception livienne, comparée à celle des autres historiens. E. de Saint Denis.

André Lambert, Die indirekte Rede als künstlerisches Stilmit- tel des Livius (Rüschlikon, Baublatt, 1946), 80 pp. in-8°.

Les modernes ont souvent examiné l'œuvre des historiens anciens en la considérant sous deux aspects différents ; l'intitulé des deux parties dont se compose l' Tissai fameux de Taine sur Tite Live est significatif : d'une part << L'histoire considérée comme une science »,

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