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www.biotech-finances.com SOMMAIRE Hors-Série 2013 - n°4 Spécial Nantes Entreprises Valneva à 100 % sur ses vaccins «Une fusion transfrontalière est toujours un défi.» Maïlys Ferrère p. 3 Lemer Pax, du made in France ouvert sur le monde «Le leadership d’un CEO charis- matique.» Jérôme Fortineau p. 6 Immunobiothérapies In-Cell-Art Cytune Pharma Affilogic p. 4 Radiopharmaceutiques ISOTOP4LIFE Keosys Arronax Atlab Pharma Chelatec p. 5 Médecine régénérative Biomatlante Atlanta Clean Cells Reborne p. 7 Bioressources marines AlgoSource Défi microalgues Hemarina Ifremer p. 8 Bioproduction Le centre de formation Biopractis fait sa rentrée p. 9 Interview Nantes s’imagine en grand pôle de l’innovation de l’Ouest p. 10 - 11 Partez à la découverte de la BioMap France 2013 : Atlanpole Biotherapies : un esprit pionnier intact ! A tlanpole déploie une force vive de 380 entreprises dont 77 dédiées aux sciences de la vie et de la santé, regroupées au sein du pôle Atlanpole Biotherapies. La mobilisation pour atteindre la masse critique est forte, la dynamique entrepreneuriale et la soli- darité de tous les acteurs du territoire sont exemplaires mais la partition reste complexe à jouer. Murielle Cazaubiel, direc- trice de la BU Clinique de Biofortis, filiale du groupe Mérieux, préside Atlanpole Biotherapies. Avec Jean-François Balducchi, délégué général d’Atlanpole et d’Atlanpole Biotherapies, ils reviennent sur les atouts et challenges de leur territoire. Biotech finances : Le territoire atlanpolitain, c’est une histoire relativement neuve et une dynamique d’acteurs très intéressante. Comment analysez-vous la réussite de votre écosystème et plus particulièrement celle d’Atlanpole Biotherapies ? Jean-François Balducchi : L’histoire de notre territoire est à la fois récente et avant- gardiste. Récente si on se place dans un contexte global académique, avec la réou- verture de l’université de Nantes en 1962 seulement; avant-gardiste parce que le cluster biotech/santé, qui avait commencé à émerger au milieu des années 90, s’était structuré comme un pôle de compétitivité avant même le lancement de ces derniers. Il existe ici un esprit véritable- ment pionnier qui se traduit à plusieurs niveaux. La solidarité y est omniprésente, avec un jeu collectif des équipes qui sont engagées dans les diffé- rentes thématiques, une forte culture de la valorisation et de l’entrepreneuriat. Nous n’avons peut-être pas dans le domaine de la Santé l’histoire industrielle qui fait la renommée d’autres régions, mais Nantes a toujours fait preuve d’excellence scienti- fique et de dynamisme entrepreneurial. Le pôle doit en grande partie son existence et sa notoriété à nombre de chercheurs entrepre- neurs, comme par exemple les Prs Jean-Paul Soulillou et Denis Escande. À l’origine, ils ont su fédérer, animer, faire venir les compé- tences nécessaires à l’enrichissement de notre écosystème. Petit à petit, nous avons vu croître une population d’entreprises , incubées d’ailleurs par Atlanpole , et il a fallu assurer l’animation et la promotion de ce cluster , ce qui nous avait conduit à l’époque (2003) à organiser avec un certain succès le Carrefour européen des biotechs. Au moment de la mise en place des pôles en 2005 cette maturité a permis la labellisation d’Atlanpole Biotherapies sur des axes bien identifiés, renforcés depuis par des infrastructures et équipements de haut niveau. Murielle Cazaubiel : La volonté d’entre- prendre résonne beaucoup à Nantes, avec un esprit très start-up. Nous sommes tout le temps proactifs, c’est une qualité de notre territoire. Nous savons saisir les opportunités importantes, rester en alerte par rapport aux entreprises qui nous entourent et demeurer cohérents les uns avec les autres. On peut très vite décider d’un changement de cap pour aller vers un développement particu- lier, par exemple. Il nous est parfois reproché une faible présence de grands comptes sur notre territoire mais, comparé à d’autres pôles, notre écosystème présente une véri- table dynamique de création et de déve- loppement de PME dont certaines, comme Valvena, sont cotées en Bourse, affichent une croissance continue et pourront bientôt, nous l’espérons, devenir des leaders européens/ mondiaux dans leur domaine. Jean-François Balducchi : Le contexte géogra- phique entre également en ligne de compte. Nantes se situe au confluent de plusieurs cultures - bretonne, vendéenne, ligérienne - et cela fait un très bon cocktail. En Vendée, l’esprit entrepreneurial est très marqué. C’est également le cas en Bretagne et plus généralement dans ce territoire périphérique que constitue le Grand Ouest Atlantique. En outre, les responsables politiques de droite comme de gauche ont toujours soutenu l’innovation. Au milieu des années 90, Jean-Marc Ayrault était maire de Nantes. Il a toujours été à l’écoute des besoins spécifiques en matière de biothechnologie, comme les autres responsables des collecti- vités locales et territoriales. Ayant ressenti Nos succès nous ont permis d’intéresser les grands comptes, dont Sanofi et Mérieux. Jean-François Balducchi (suite page 2) hors-serie-4.indd 1 16/09/13 14:58

Hors-série Biotech Finances Spécial Nantes 2013

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Hors-série du magazine Biotech Finances consacré aux acteurs spécialisés en biotechnologies à Nantes et dans ses environs.

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www.biotech-finances.com

SOMMAIREHors-Série 2013 - n°4

Spécial NantesEntreprises Valneva à 100 % sur ses vaccins

«Une fusion transfrontalière est toujours un défi.»Maïlys Ferrère

p. 3 Lemer Pax, du made in France ouvert sur le monde

«Le leadership d’un CEO charis-matique.»Jérôme Fortineau

p. 6Immunobiothérapies In-Cell-Art Cytune Pharma Affilogic

p. 4Radiopharmaceutiques IsOtOP4LIFE Keosys Arronax Atlab Pharma Chelatec

p. 5Médecine régénérative Biomatlante Atlanta Clean Cells Reborne

p. 7Bioressources marines Algosource Défi microalgues Hemarina Ifremer

p. 8Bioproduction Le centre de formation Biopractis fait sa rentrée

p. 9Interview Nantes s’imagine en grand pôle de l’innovation de l’Ouest

p. 10 - 11

Partez à la découverte de la BioMap France 2013 :

Atlanpole Biotherapies : un esprit pionnier intact !

Atlanpole déploie une force vive de 380 entreprises dont 77 dédiées aux sciences de la vie et de la santé, regroupées au sein du pôle

Atlanpole Biotherapies. La mobilisation pour atteindre la masse critique est forte, la dynamique entrepreneuriale et la soli-darité de tous les acteurs du territoire sont exemplaires mais la partition reste complexe à jouer. Murielle Cazaubiel, direc-trice de la BU Clinique de Biofortis, filiale du groupe Mérieux, préside Atlanpole Biotherapies. Avec Jean-François Balducchi, délégué général d’Atlanpole et d’Atlanpole Biotherapies, ils reviennent sur les atouts et challenges de leur territoire.

Biotech finances : Le territoire atlanpolitain, c’est une histoire relativement neuve et une dynamique d’acteurs très intéressante. Comment analysez-vous la réussite de votre écosystème et plus particulièrement celle d’Atlanpole Biotherapies ? Jean-François Balducchi : L’histoire de notre territoire est à la fois récente et avant-gardiste. Récente si on se place dans un contexte global académique, avec la réou-verture de l’université de Nantes en 1962 seulement; avant-gardiste parce que le cluster biotech/santé, qui avait commencé à émerger au milieu des années 90, s’était structuré comme un pôle de compétitivité avant même le lancement de ces derniers. Il existe ici un esprit véritable-ment pionnier qui se traduit à plusieurs niveaux. La solidarité y est omniprésente, avec un jeu collectif des équipes qui sont engagées dans les diffé-rentes thématiques, une forte culture de la valorisation et de l’entrepreneuriat. Nous n’avons peut-être pas dans le domaine de la santé l’histoire industrielle qui fait la renommée d’autres régions, mais Nantes a toujours fait preuve d’excellence scienti-fique et de dynamisme entrepreneurial. Le pôle doit en grande partie son existence et sa notoriété à nombre de chercheurs entrepre-neurs, comme par exemple les Prs Jean-Paul soulillou et Denis Escande. À l’origine, ils ont su fédérer, animer, faire venir les compé-tences nécessaires à l’enrichissement de notre écosystème. Petit à petit, nous avons vu croître une population d’entreprises , incubées d’ailleurs par Atlanpole , et il a fallu assurer l’animation et la promotion de ce

cluster , ce qui nous avait conduit à l’époque (2003) à organiser avec un certain succès le Carrefour européen des biotechs. Au moment de la mise en place des pôles en 2005 cette maturité a permis la labellisation d’Atlanpole Biotherapies sur des axes bien identifiés, renforcés depuis par des infrastructures et équipements de haut niveau.

Murielle Cazaubiel : La volonté d’entre-prendre résonne beaucoup à Nantes, avec un esprit très start-up. Nous sommes tout le temps proactifs, c’est une qualité de notre territoire. Nous savons saisir les opportunités importantes, rester en alerte par rapport aux entreprises qui nous entourent et demeurer cohérents les uns avec les autres. On peut très vite décider d’un changement de cap pour aller vers un développement particu-lier, par exemple. Il nous est parfois reproché une faible présence de grands comptes sur notre territoire mais, comparé à d’autres pôles, notre écosystème présente une véri-table dynamique de création et de déve-loppement de PME dont certaines, comme Valvena, sont cotées en Bourse, affichent une croissance continue et pourront bientôt, nous l’espérons, devenir des leaders européens/mondiaux dans leur domaine.

Jean-François Balducchi : Le contexte géogra-phique entre également en ligne de compte. Nantes se situe au confluent de plusieurs

cultures - bretonne, vendéenne, ligérienne - et cela fait un très bon cocktail. En Vendée, l’esprit entrepreneurial est très marqué. C’est également le cas en Bretagne et plus généralement dans ce territoire périphérique que constitue le Grand Ouest Atlantique. En outre, les responsables politiques de droite comme de gauche ont toujours soutenu l’innovation. Au milieu des années 90, Jean-Marc Ayrault était maire de Nantes. Il a toujours été à l’écoute des besoins spécifiques en matière de biothechnologie, comme les autres responsables des collecti-vités locales et territoriales. Ayant ressenti

Nos succès nous ont permis d’intéresser les grands comptes, dont Sanofi et Mérieux.

Jean-François Balducchi

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S p é c i a l N a n t e s

la nécessité d’un rattrapage sur le plan de la Recherche publique, notamment dans les sciences de la vie, tous marchent d’un même pas et dans la même direction. La Région Pays de la Loire est la 3e région indus-trielle de France et 10e ou 11e dans le classe-ment en sciences de la vie. Le territoire est donc sensible aux messages industriels. Cela l’a conduit à anticiper et accompagner le changement, avec de grands équipements/projets structurants comme le cyclotron Arronax, dédié à la recherche et à la produc-tion de radioéléments pour le traitement du cancer ; Atlantic Bio GMP (ABG), qui est un site de production de médicaments de thérapies innovantes (thérapies génique et cellulaire) pour les maladies rares ; l’IHU ; et bien entendu le soutien au développement des entreprises, le dialogue avec les investis-seurs, la construction du nouveau CHU sur l’Île de Nantes, etc.

Biotech finances : Comment caractérisez- vous vos actions pour le développement de ce territoire ?Jean-François Balducchi : Atlanpole Biotherapies se positionne sur trois théma-tiques principales fortes : immunobiothé-rapies, radiopharmaceutiques, médecine régénérative auxquelles s’ajoutent de façon transversale les technologies innovantes pour les biothérapies. Ces thématiques ont été confortées bien sûr par une recherche d’excellence, comme je l’ai déjà mentionné, et par des entreprises aux parcours très variés, notamment Valneva (ex-Vivalis) ou Biofortis qui ont valorisé les résultats de cette recherche. Ce qui nous caractérise, c’est un processus bien élaboré et profes-sionnalisé de détection et d’accompagne-ment de projets innovants, que ce soit de nouvelles entreprises ou de nouveaux projets, au sein d’entreprises existantes. Nous animons et offrons des services sur mesure aux acteurs de cet écosystème, dans toutes ces thématiques. Nous valori-sons l’interaction entre tous les membres du réseau, y compris dans le croisement de filières. Notre savoir-faire en matière d’ingé-nierie de l’innovation couvre la préincuba-tion, l’incubation et la postincubation. Une des caractéristiques d’Atlanpole est d’être proactif. Nous visitons les laboratoires en permanence pour détecter tout ce qui est valorisable. Nous disposons en interne des compétences nécessaires pour le montage de projets collaboratifs, en plus de l’équipe dédiée à l’incubation de projets et d’en-treprises. Au total, l’équipe biotech de six personnes couvre l’ensemble de la chaîne de valeur. Nous sommes aujourd’hui, toutes thématiques confondues, sur un rythme de 50 consortiums labellisés par an, avec essentiellement des PME et 1/4 à 1/3 de ces projets sont financés. Nous avons également lancé de véritables manifestations très colla-boratives pour la mise en réseau des acteurs de l’écosystème. startWest existe depuis 13 ans et nous permet de rapprocher investis-seurs et porteurs de projets. Nous avons identifié très tôt la complexité des besoins de financement des JEI et avons agi pour pallier les moments difficiles. Désormais, les investisseurs viennent à startWest, avec l’assurance de découvrir en avant-première des projets qualifiés et répondant au mieux à leurs critères. Le pôle est très impliqué au niveau du Comité consultatif régional de la Recherche et du Développement

technologique (CCRRDt) des Pays de la Loire dans l’élaboration des stratégies régionales. Il a joué un rôle important dans le cadre du PIA, avec l’EQUIPEX ArronaxPlus, le LABEX IRON pour la recherche et le développement de radiopharmaceutiques en oncologie et neurologie, le LABEX IGO pour la R&D d’im-munothérapies dans le Grand Ouest, sans oublier l’IHU, l’Institut hospitalo-universi-taire CEstI. Celui-ci est dédié aux sciences de la transplantation et à l’immunothérapie. Il réunit l’université de Nantes, le CHU de Nantes, Oniris (l’École nationale vétérinaire et agroalimentaire), l’EFs Pays de Loire et le pôle de compétitivité Atlanpole Biotherapies qui est soutenu par Nantes Métropole, la Région des Pays de la Loire et le PREs université Nantes-Angers-Le Mans. sur le plan international, Atlanpole Biotherapies est pilote dans un développement très en amont sur la médecine régénérative. Le projet européen tERM (tissue Engineering and Regenerative Medicine), qui cible l’éla-boration de thérapies innovantes pour réparer ou remplacer des tissus endom-magés ou défectueux, ouvre de nouvelles

perspectives dans le traitement de mala-dies graves telles que le cancer, le diabète, l’Alzheimer ou le Parkinson. Il s’agit de l’un des sept lauréats du programme « Régions de la connaissance ». Cela nous a permis de continuer à travailler avec des clusters que nous connaissons bien en Europe, que ce soit à Berlin, Londres, Milan ou Madrid, et tout cela contribue à ouvrir des perspec-tives et accroître la visibilité internationale du pôle.

Biotech finances : En matière d’attractivité obtenez-vous les résultats escomptés ? Jean-François Balducchi : Nos succès nous ont permis d’intéresser les grands comptes, comme sanofi ou Mérieux, qui viennent régulièrement à la rencontre des acteurs locaux et vont parfois jusqu’à racheter les pépites qui se développent sur notre terri-toire. L’exemple de Biofortis avec le groupe Mérieux est tout à fait parlant. Je pense personnellement qu’il vaut mieux faire connaître les compétences et atouts de notre territoire pour créer des opportunités plutôt que de dépenser beaucoup d’énergie en prospection au résultat incertain…. En ce qui concerne l’international, nous n’avons donc pas nécessairement une politique de marketing très agressive. Nous souhaitons d’abord accompagner nos entreprises du mieux que nous pouvons, à titre individuel ou collectif. Lors du dernier BIO à Chicago, nous avions 12 sociétés d’Atlanpole Biotherapies, dont deux de Normandie, et là nous avons fait en sorte qu’elles soient dans un environnement qui facilite leur business. Nous aidons d’ailleurs nos PME à se déve-lopper à l’international grâce au programme IN2Lifesciences (IN2Ls) qui permet de faci-liter l’accès des PME à des développements internationaux en finançant, par exemple,

des missions ou des déplacements sur les salons internationaux. Dans ce domaine également, le fait de jouer collectif avec nos partenaires tels que CCI international et le Conseil régional reste le meilleur de nos atouts.

Biotech finances : Comment regardez-vous l’avenir d’Atlanpole Biotherapies ? Jean-François Balducchi : Depuis l’origine, nous avons créé une soixantaine d’entre-prises de biotech, avec seulement six ou sept dépôts de bilan. Nous enregistrons quelques beaux succès avec des sociétés qui progressent de façon intéressante : Atlangene, Biofortis, Vivalis devenue Valneva, Effimune, In-Cell-Art, Clean Cells ou Affilogic constituent de belles réfé-rences. Notre souhait est de voir toutes les entreprises accélérer leur croissance et nous essayons de faire au mieux pour les y aider. Il faut que le gradient soit fort, qu’il y ait la masse critique et une transfor-mation des PME en EtI. L’objectif est de renforcer les trois axes stratégiques du pôle, d’abord en termes d’assise de recherche.

La Région a lancé un appel à projets, Connect talent, pour détecter puis accompagner dans leur maturation des projets de rupture et d’enver-gure. Il s’agit de recruter des talents internationaux dans des domaines où il est impor-tant d’avoir des leaders. Nous allons accentuer par ailleurs nos efforts sur la valorisation

des bioressources marines, en partenariat avec le pôle Mer Bretagne via Atlanpole Blue Cluster. Enfin, sur le plan institutionnel, l’accord de principe intervenu récemment avec les Régions Bretagne et Centre ouvre la voie à un élargissement du pôle Atlanpole Biotherapies sur l’ensemble du Grand Ouest, ce qui est une excellente nouvelle pour tous nos membres, entreprises et académiques.

Murielle Cazaubiel : Atlanpole Biotherapies s’inscrit véritablement dans la médecine de demain, avec des axes innovants dans le développement de nouvelles thérapies et dans la découverte de méthodologies inexplorées pour soigner l’humain. Nous sommes très forts et constants sur ces trois domaines qui s’enrichissent énormément avec les technologies transversales. Il faut désormais réussir à structurer de manière très cohérente les différents acteurs et créer un effet de loupe sur la région, avec deux à trois beaux projets qui vont vraiment montrer l’excellence de notre savoir-faire en médecine innovante, en médecine person-nalisée sur la base d’une recherche pointue, et en développement des anticorps avec des stratégies de ciblage des thérapies extrême-ment nouvelles. Nous sommes parvenus à un moment clé où, finalement, comme les thématiques ont été extrêmement bien tenues les choses se mettent en place. Il faut juste articuler et structurer l’ensemble et cela est en train de se faire.

Il faut créer un effet de loupe sur la région, avec 2 à 3 beaux projets.

Murielle Cazaubiel

Propos recueillis par Jacques-Bernard taste

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3BIOtECH FINANCES - Hors-Série 2013 - n°4

Entreprises

La nouvelle est tombée au début de l’été. Valneva, entité fusionnée Vivalis/Intercell (1), arrêtera avant la fin de l’année

son activité de bioproduction sous contrat, au profit d’une recentra-lisation sur le développement de vaccins. Une opération périlleuse, conjointement menée par Franck Grimaud, l’ancien DG de Vivalis, et par le management autrichien de Valneva, lesquels se sont attachés à trouver un repreneur qui conserve-rait la nature de l’usine ainsi que son personnel. Pari réussi, avec la subsis-tance sur le site des 22 employés qui agissent désormais pour le compte de la biopharma familiale indienne Biological E. Du côté de l’acquéreur, qui est le manufacturier et le reven-

deur du premier vaccin de Valneva en Asie, la stratégie est claire : ouvrir une tête de pont en Europe pour préparer la commercialisation de vaccins et de médicaments innovants sur le territoire. La cession de cette activité de CMO devrait permettre à Valneva d’économiser 3 M€ en dépenses annuelles de fonctionne-ment. L’entreprise recevra, en outre, une contrepartie financière pour la vente, dont les termes n’ont pas été rendus publics, mais qui excède la valeur nette comptable du site. « L’arrêt de nos prestations de

services autour de la lignée cellu-laire EB66®, issue de cellules souches de canard et utilisée pour la fabri-cation de vaccins en remplace-ment des systèmes traditionnels de fabrication, ne signifie pas la fin de l’exploitation de cette technologie puisque nous prévoyons de trouver des partenaires spécialisés pour faire perdurer l’activité via des contrats de licences globaux. Plusieurs discus-sions sont en cours, dans l’idée de signer des premiers deals d’ici la fin de l’année, explique Franck Grimaud. Une source additionnelle de revenus récurrents, qui sera ajoutée à nos fonds propres pour développer notre pipe de vaccins et d’anticorps théra-peutiques. »

Pousser un nouveau vaccin jusqu’au marchéGrâce à son premier vaccin, actif contre l’encéphalite japo-naise, Valneva a prouvé qu’elle était capable de développer, enre-gistrer, produire et

pousser sur le marché un premier vaccin sur un marché de niche à fort potentiel. technologies en main, les dirigeants souhaitent pour-suivre dans cette voie en investis-sant dans le développement d’un second vaccin candidat, qui pour-rait atteindre le marché dans les trois ans. Parmi les leads potentiels, la société travaille sur trois axes : son vaccin interne Pseudomonas aeruginosa, en phase II/III, contre la bactérie gram-négative du même nom ; son programme Clostridium, difficile, testé en phase Ia sur une

population de volontaires sains ; ou un projet externe totalement nouveau à in-licencier. « La décision de pousser l’une ou l’autre molécule sera prise en fin d’année au vu des résultats de l’essai en cours sur le Pseudomonas aeruginosa, tranche Franck Grimaud. Elle sera soutenue par la conclusion du refinancement que nous venons de sécuriser pour près de 40 M€ auprès du Bpifrance, du Groupe Grimaud et de l’un de ses partenaires financiers, de deux banques ainsi que de nos action-naires historiques, par le biais d’une augmentation de capital avec droits préférentiels de souscription.» L’engagement fort des financiers sur le dossier laisse entrevoir de belles perspectives pour le groupe franco-autrichien qui a désormais toutes les cartes en main pour avancer et devenir un acteur intégré reconnu à sa juste valeur boursière.

Valneva à 100 % sur ses vaccins

Regard croisé sur Valneva

Maïlys Ferrère, directrice d’investissement - Bpifrance« Le rapprochement opéré entre Vivalis et Intercell pour créer Valneva a été une opération clé pour les deux entreprises qui ont des points communs importants. Les deux entités sont tout d’abord indépendantes sur le plan capitalistique vis-à-vis des partenaires industriels, ce qui leur laisse un champ opératoire stratégique important. Ces dernières ont toutefois déjà obtenu des reconnaissances de leurs pairs, avec des deals parte-nariaux clés, avec Novartis pour Intercell ou sanofi et GsK pour Vivalis, notamment. sur le plan technologique, Vivalis a apporté ses plates-formes technologiques EB66 et VIVAscreen, alors qu’Intercell possédait un outil plus avancé avec des produits late stage et un vaccin déjà sur le marché. Ce savoir-faire de développement clinique, de mise sur le marché et de commercialisation sera un atout de taille pour faire émerger le business

de Valneva dans les années à venir. Une fusion transfrontalière est toujours un défi, sur le plan humain et culturel. Dans le cas présent cette opération a été décidée et dirigée par les équipes et portée par les managers qui travaillaient de concert depuis plus de 18 mois. C’est un point non négligeable qui aidera probablement au bon déroulement du rapprochement. Dès que l’intégration sera complète, les dirigeants devront mettre l’accent sur le renforcement de leur structure commerciale, tout en continuant d’avancer les projets les plus en amont afin de s’assurer un positionnement stratégique sur des marchés de niche qui assureront la croissance de demain pour le groupe. »

V a l n e v aLyon - 69 / saint-Herblain - 44

Banques

Crédit Agricole, Crédit Lyonnais, Caisse d’Épargne, Crédit Mutuel, Natixis, CIC

Conseiller juridique pour les accords de licence

Jonathan Burnham, Cabinet HBC

Propriété intellectuelle

Cabinet Regimbeau, BPIF

Commissaire aux comptes

Deloitte, Cabinet Chesneau et associés (co-commissariat)

Juliette Lemaignen

1 – Lire : « Viva Valneva ! » dans le n° 576 de Bf du 24/12/2012

Un refinance-ment sécurisé avec utilisa-tion de DPS.

Franck Grimaud

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R a d i o p h a r m a c e u t i q u e sI m m u n o b i o t h é r a p i e s

Affilogic avance son lead vers la clinique

Proposer des alternatives aux anti-corps thérapeutiques, en dévelop-pant à façon ou pour des projets

internes des protéines spécifiques, voici l’objectif que s’est fixé Olivier Kitten, le CEO d’Affilogic. Créée en 2010 à Nantes, l’entreprise exploite une plate-forme technologique brevetée pour générer une nouvelle classe de ligands d’affinité : les Nanofitines®. Liés à des cibles particu-lières, ces derniers affichent des taux de

production plus de dix fois supérieurs à ceux des anticorps et permettent d’agir sur des indications non accessibles par leurs molécules concurrentes. Pour démarrer son activité, Affilogic a mis en place des contrats de partenariat avec des industriels qui souhaitent développer des molécules sur des cibles spéci-fiques. Cette mission a permis à l’entreprise d’autofinancer son

développement et de s’ouvrir quelques indications pour son pipe interne. Le projet le plus emblématique dans ce domaine est soutenu par la Commission européenne dans le cadre du consortium sADEL (scaffolds for Alternative DELivery). son objectif : développer des formulations orales de Nanofitines® pour le traitement des pathologies inflammatoires chroniques de l’intestin, et notamment de la maladie de Crohn. En cours de développement préclinique, l’alliance, qui réunit sept parte-naires depuis début 2012, est en train d’opérer un tournant stratégique avec l’intégration imminente d’un partenaire phar-maceutique. Une reconnaissance industrielle de taille dans un secteur thérapeutique très courtisé qui laisse entrevoir à Affilogic un débouché clinique intéressant pour son composé. D’ici là, la start-up prévoit de consolider ses actifs en levant un premier tour de table d’environ 800 000 €. Gageons que les fonds régionaux seront réactifs à cette belle histoire locale.

Olivier Kitten

Cytune Pharma pousse une nouvelle génération de cytokines

Issue de la recherche nantaise, la biotech Cytune Pharma s’apprête à mener en préclinique réglementaire son candidat

médicament phare, CYP0150, une version optimisée de l’interleukine-15. Cette cyto-kine (IL-15) joue un rôle essentiel dans le système immunitaire car elle est capable de stimuler la prolifération des cellules tueuses naturelles, mais il a été démontré dans les années 2000 que son efficacité était limitée, principalement parce que la

chaîne alpha de son récepteur alpha est coupée par des méca-nismes d’échappement de la tumeur, l’empêchant ainsi d’agir. En 2005, une équipe de l’Inserm a décidé de fabriquer une protéine de fusion combinant l’IL-15 avec une partie du récepteur alpha, baptisée RLI ou CYP0150, qui optimise la réponse immunitaire. CYP0150 pourrait avoir une action contre différents cancers avancés, dont le mélanome, le cancer du rein ou du poumon. En 2009, Cytune Pharma a acquis une licence auprès de l’Inserm sur ce composé. « C’est le début du développement d’une molécule qui pourrait apporter une réponse thérapeutique innovante en complément des anticorps immunomodulateurs actuellement en

vogue. Le développement industriel réglementaire débutera dès fin 2013 et vise principalement à produire la protéine à l’échelle industrielle, ainsi qu’à valider le profil de tolérance du candidat afin d’obtenir l’autorisation d’injecter le produit à l’homme », explique le Dr David Bechard, cofondateur avec le Dr Yannick Jacques de Cytune Pharma, en 2007. L’équipe dirigeante envi-sage une entrée chez l’homme fin 2015 et étudie déjà les pistes de financement des deux premières phases cliniques. Elle évalue la possibilité de faire appel à des fonds d’investissement, des charity business ou des institutions étrangères comme le NIH. Des discussions sont en cours, parallèlement avec plusieurs pharmas, qui pourraient mener à la signature dans les 24 mois d’un accord de codéveloppement. Pour avancer sur ces diffé-rents fronts, Cytune Pharma aura besoin de se refinancer et compte entamer une levée de fonds avant la fin de l’année, avec l’objectif de réunir 5 M€. Elle avait déjà levé 1 M€ en 2012 auprès de Idée, le fonds du conseil régional, et de trois VC déjà actionnaires, le Nantais sodero, le suisse Remora Capital et le Parisien starquest Capital. si les choses avancent positivement, la PME touchera du doigt le marché des agents immunothéra-peutiques, qui pourrait atteindre 26 Md€ en 2020.

David Bechard

In-Cell-Art entame une collaboration avec Stallergenes

Ce n’est pas la première fois que la biotech In-Cell-Art travaille avec un acteur majeur du secteur. spécialisée

dans le développement de nanovecteurs pour la formulation de vaccins et d’anti-corps, cette société, qui a vu le jour en 2005, collabore avec sanofi Pasteur dans le cadre d’un consortium de recherche financé par le ministère américain de la Défense et vient de céder une option de licence d’exploitation sur sa technologie au

leader français des vaccins. D’ailleurs, In-Cell-Art a connu dès son origine une certaine notoriété puisqu’elle compte parmi ses fondateurs le prix Nobel de chimie 1987, Jean-Marie Lehn. Aussi n’y a-t-il rien de surprenant à ce qu’elle ait capté l’intérêt du spécialiste de l’immunothérapie des allergies, stallergenes. Leur partenariat a pour objet la production de nouveaux anticorps pour les programmes de recherche de stallergenes. In-Cell-Art emploiera sa technologie ICANtibodies™ qui permet de décou-vrir des anticorps à façon. Nul besoin de recourir à l’antigène,

seule sa séquence ADN informatique suffit. Une fois le brin d’ADN synthétisé, il est formulé dans un Nanotaxi®, la classe de vecteurs mis au point par In-Cell-Art, avant d’être injecté à l’animal qui produit enfin l’anticorps recherché. « La supériorité technologique de notre technologie ICANtibodies™, par rapport aux autres méthodes d’immunisation génique, repose sur l’uti-lisation des Nanotaxi® qui induisent une très forte expression de l’antigène et une stimulation importante du système immu-nitaire, y compris contre des cibles extrêmement difficiles », souligne Bruno Pitard, l’un des fondateurs de l’entreprise qui compte aujourd’hui 10 employés. Cet accord, dont les termes financiers n’ont pas été révélés, octroiera de nouveaux revenus à In-Cell-Art. Principalement détenue par ses fondateurs, la PME, qui fonctionne sur un modèle mixte avec un chiffre d’affaires supérieur au million d’euros, compte sur ses ressources propres pour financer ses projets. Au-delà des travaux effectués pour des tiers, In-Cell-Art développe son propre candidat médicament, un vaccin thérapeutique et préventif contre le cancer hépatique, qui devrait entrer en préclinique réglementaire avant la fin de l’année. Cette start-up nantaise n’a pas fini de faire parler d’elle.

Bruno Pitard

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R a d i o p h a r m a c e u t i q u e s

ISOtOP4LIFE, le peti t réseau qui veut devenir grandCréée autour de huit industriels et

de quatre équipes académiques acteurs du domaine du nucléaire

pour la santé, l’alliance scientifique et économique IsOtOP4LIFE a aujourd’hui de nouvelles ambitions de croissance. « Les académiques du secteur sont très bien structurés mais ils ne sont pas encore offi-ciellement connectés avec le monde indus-

triel représenté en l’occurrence par notre groupement, explique Jean-François Gestin, fondateur d’IsOtOP4LIFE. Faire travailler

toutes ces personnes ensemble, sous la même bannière et avec des intérêts économiques et territoriaux communs serait une très bonne manière de consolider les forces en présence dans la région, afin d’être mieux armés pour affronter la concurrence internationale. » Parmi les axes de développement envisagés pour parvenir à cette osmose, le renforcement de la filière par la création à Nantes d’un centre d’imagerie multimodalités et le lancement d’un centre de production de radiopharmaceutiques aux normes GMP. La soumission d’une candidature à l’appel à projets Connect talent devrait dynamiser cette évolution. Résultat des labellisations prévu pour l’automne.

Arronax exploite le cyclotron nantais à plein régime Opérationnel depuis deux ans et

demi et déjà quasiment à pleine capacité, le cyclotron nantais,

établi dans les murs du GIP Arronax, ne désemplit pas. « Les projets de recherche comme de production se succèdent selon un planning et des protocoles bien définis », commente Jacques Barbet, directeur du GIP Arronax, qui souligne l’importance portée à la sécurité du site. « Compte tenu de ses spécificités, notre appareil trouve toute sa puissance dans les applications

de R&D, un axe qui doit rester prioritaire et coordonné avec les

applications industrielles. » Pour assurer sa pérennité financière, Arronax a établi, dès son lancement en 2011, une routine de production de strontium-82, un traceur radioactif utilisé pour l’imagerie tEP en cardiologie. Uniquement commercialisé aux UsA, ce produit pourrait être adapté prochainement au marché européen, selon un projet en cours de réalisation par le nantais Lemer PAX qui travaille avec l’équipe d’Arronax pour mettre au point un générateur et un injecteur automatique. Le soutien de cette initiative, baptisée QuantiCardi, au niveau national, avec une dotation FUI de 4 M€, servira de levier pour ce nouveau marché qui pourrait être couvert dans les trois ans. Dès mainte-nant, les projets sont lancés sur le site.Jacques Barbet

Le rêve américain de Keosysspécialiste des solutions de gestion des données d’imagerie médicale, Keosys accélère son développement à l’inter-national. Après l’ouverture d’un bureau à singapour, cette entreprise de 30 personnes, basée à saint-Herblain, vient d’inaugurer un nouveau bureau aux États-Unis, à Philadelphie. « Cette première structure outre-atlantique nous permet de nous rapprocher des grands comptes américains, auprès desquels nous propo-serons notre plate-forme unique IT de

gestion des essais cliniques », nous a confié Jérôme Fortineau, président de Keosys, qui réalise 2,5 M€ de chiffre d’affaires.

Les discussions sont déjà en cours avec plusieurs pharmas Us, dont quatre ou cinq pistes concrètes qui pourraient aboutir à des signatures avant la fin de l’année. La FDA, qui exige le recours à un expert indépendant pour le management des essais cliniques, pousse les entreprises américaines à faire appel à des prestataires externes. Keosys dispose d’une forte crédibilité, après l’enregistrement en 2012 de 10 M€ de commandes sur cinq ans portant sur la conduite d’essais cliniques auprès d’acteurs référents tels que GsK, servier. sa plate-forme de gestion des dossiers d’imagerie médicale cloud permet de centraliser et de partager les dossiers des patients entre des centres géographiquement éloignés. Le dirigeant vise 10 M€ de chiffre d’affaires en 2015.

Jérôme Fortineau

Cap sur la phase III pour Atlab Pharma Les résultats scientifiques se succè-

dent pour Atlab Pharma qui a fait un parcours sans faute jusqu’à la phase

II, avec sa molécule phare l’AtL101. Ce nouveau candidat médicament de radio-thérapie vectorisée est actif contre le cancer de la prostate métastatique, avec un mode d’action ciblé très spécifique. AtL101 combine en effet l’anticorps mono-clonal humanisé J591, qui se localise dans les cellules tumorales, avec un atome radioactif, le Lutetium-177, qui irradie

les tumeurs par les électrons qu’il émet. Ces électrons ont un parcours très court dans la matière, ce qui est particulièrement indiqué pour les métastases du cancer de la prostate qui sont de petite taille. Un essai international de phase IIb démarrera d’ici six mois avec AtL101 afin d’optimiser son mode d’administra-tion en vue de la phase III. En parallèle, Atlab Pharma travaille sur une nouvelle génération de radiothérapie ciblée qui embar-querait cette fois l’Astate-211 qui émet des particules alpha de parcours encore plus court que le Lutetium-177. Cette nouvelle formulation permettra de cibler des cellules isolées, notamment dans le cas des patients opérés de leur tumeur primaire et qui pourraient présenter quelques métastases indétectables. Jean-Marc Le Doussal

Chelatec prend un nouvel élanSpécialisée dans le marquage radioactif

et l’évaluation préclinique de molé-cules, Chelatec finit l’année en accord

avec ses prévisions. « Nous devrions dépasser le million d’euros de chiffre d’af-faires en 2013 grâce au travail fourni par l’ensemble de nos collaborateurs et grâce à des efforts supplémentaires en termes de communication à l’international », se félicite Jean-François Gestin qui a fondé l’entreprise en 2000, aux côtés d’An-thony Loussouarn. Le succès de Chelatec

s’est construit pas à pas depuis sa création en 2000, basant

sa stratégie de développement sur l’innovation, la flexibilité et la satisfaction client. À partir de 2010, cette société de 13 personnes a été impactée, comme d’autres acteurs du domaine, par la baisse des dépenses R&D des big pharmas dans le sillage de la crise économique. Depuis, elle a pris le contre-pied de la situation et a su redonner une nouvelle impulsion : dévelop-pement d’un axe de production en parallèle de son activité de services dans le radiomarquage, nouveaux outils de validation de molécules en préclinique et expansion de son portefeuille de clients à l’international. Mais Chelatec voit plus loin et plus haut : elle ambitionne de se lancer dans le marquage radioactif des produits en phases cliniques. Jean-François Gestin

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Passer de 40 % d’exportations à 80 % dans les trois ans, l’ob-jectif fixé par Pierre-Marie Lemer, P-dg de la société

Lemer Pax, spécialiste nantais de la radioprotection, est ambitieux mais réaliste, comme le reste de la stra-tégie de l’entreprise familiale établie sur le sol de Carquefou depuis 1970. Pour atteindre ce seuil, le CEO mise sur le renforcement de son réseau de distributeurs à l’international, avec

plusieurs territoires prioritaires en ligne de mire dont la Russie, le Brésil, l’Allemagne, la Chine, le Japon et l’Inde. « Trouver de bons partenaires qui comprennent notre offre et l’har-monisent avec un portefeuille de produits existants nécessite de longs mois de prospection, de discussion et, in fine, d’adaptation », explique Pierre-Marie Lemer qui ajoute : « Nous venons de gagner près de deux ans sur cette procédure longue et fastidieuse pour l’accès au territoire indien, grâce à la participation, au printemps dernier, à un voyage prési-dentiel organisé à Bombay. L’impact de ce séjour a été de premier ordre, au-delà même de tout ce que j’aurais pu imaginer. Faire partie d’une délé-gation présidentielle ou ministérielle est un fantastique accélérateur de business que je souhaite à toute PME qui voudrait booster sa croissance. » Le trophée INPI de l’Innovation, remis

en février dernier par la ministre délé-guée aux PME, Fleur Pellerin, a été le réel déclencheur de la rencontre. Décerné à la PME industrielle hexa-gonale la plus innovante de l’année, ce prix est une belle reconnaissance pour les 40 années d’innovations portées par les 66 brevets déposés au cours des quatre dernières années.

Un voyage présidentiel en Inde Parmi les dernières innovations,

l’équipe de R&D d’une dizaine de personnes vient de mettre au point le prototypage industriel d’une membrane radio-protectrice de dernière génération, baptisée Novashield®. Cette feuille composite écolo-

gique, légère et flexible comme un tissu et facilement injectable, offre une alternative aux plaques de plomb actuellement utilisées en radiopro-tection. Un marché immense qui s’ouvre à la société qui a déjà reçu de nombreux encouragements de la

part d’industriels intéressés par ce biomatériau à haute valeur ajoutée. EDF se serait notamment déjà montré intéressé par le support, dans le cadre de la modernisation des équipements de ses centrales nucléaires. Un projet parmi tant d’autres pour le dirigeant que rien ne semble arrêter. « J’aime toujours étudier à fond les demandes avant de dire non. C’est un principe. Et en définitive, nous trouvons dans la grande majorité des cas une solu-tion aux demandes de nos clients, en associant des briques technolo-giques que nous avons déjà dévelop-pées pour d’autres applications », complète Pierre-Marie Lemer qui vise cette année un chiffre d’affaires de plus de 15 M€, en croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. Une belle réussite qui rayonne sur toute la région des Pays de la Loire, avec déjà une cinquantaine d’emplois en équivalent temps pleins suscités sur le territoire, en out-sourcing.

E n t r e p r i s e s

Juliette Lemaignen

Lemer Pax, du made in France ouvert sur le monde

Nous voulons réa-liser 80 % de nos ventes à l’export d’ici à 2017.

Pierre-Marie Lemer

Regard croisé sur Lemer Pax

Jérôme Fortineau, président – Keosys« Cela fait plusieurs années que nous collaborons avec Lemer Pax dans plusieurs projets dont le plus récent, Quanticardi, est dirigé par Lemer Pax pour un budget total de près de 3,2 M€. Quanticardi a pour objet de développer l’utilisation de l’imagerie tEP dans le domaine de la cardiologie en Europe, ce qui représente un très fort potentiel tant sur le plan médical qu’économique.Dans l’un des axes du programme, nous allons développer un logiciel d’analyse d’images dédié au suivi du strontium 82, qui sera créé au sein du cyclotron nantais Arronax puis injecté chez le patient selon un méca-nisme novateur mis au point par Lemer Pax. Au terme du consortium, nous serons amenés à travailler de manière plus directe avec nos partenaires dans le cadre d’un contrat de co-commercialisation.

La forte expertise de Lemer Pax dans le secteur de la radiopharmacie, appuyée par le leadership de son CEO charismatique, Pierre-Marie Lemer, sera un atout de taille pour convaincre les leaders d’opinion d’adhérer au nouveau concept que nous déve-loppons. L’enjeu est de taille puisque l’imagerie du cœur, qui étudie aujourd’hui principalement la perfusion myocardique, est un examen très fréquent, avec 400 000 cas chaque année en France, 3 à 4 millions en Europe et 6 à 7 millions aux États-Unis. »

REPÈRES• Siège social Nantes - France • Effectif : 50 salariés avec une majorité au département R&D • Brevets : plus de 65 en France et à l’étranger

1970 - Création de Lemer Pax 1983 - Standardisation des premières cellules blindées 1995 - Développement des hublots en verre au plomb et des nouveaux matériaux souples radioprotecteurs (Novashield®) 2001 - Développement de la première cabine de radioprotection pour la cardiologie (Cathpax®) 2004 - Premier injecteur de radio-isotopes : Posijet® 2011 - Grand prix Siemens Innovation pour le Posijet® 2012 - Création de LemerPax USA (Scottsburg - Indiana)

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Biomatlante parie sur les substituts osseux synthétiques

Les prochains mois vont être décisifs pour la biotech Biomatlante qui développe et commercialise des biomatériaux pour

stimuler la régénération osseuse. La société cherche à imposer sa technologie sur un marché très concurrentiel où bataillent PME innovantes et majors de l’orthopédie. « C’est en nous rapprochant des chirurgiens leaders d’opinion que nous progresserons », estime Chantal Gobin, présidente de cette société cofondée avec des chercheurs de l’université de Nantes, en 1995. « Nous allons intensifier la prospection commer-ciale, renforcer notre visibilité sur les congrès et

multiplier les partenariats industriels ou de R&D. » Des discussions encore confidentielles sont en cours avec plusieurs grands groupes et la société viendra notamment promouvoir ses solutions en octobre au congrès Eurospine, à Liverpool. Biomatlante intervient sur deux secteurs bien distincts : la chirurgie dentaire, qui représente un marché de 300 à 400 M€, et le marché orthopédique (incluant le rachis), plus conséquent, de l’ordre de 2 à 3 Md€. sa dernière levée de fonds de 3,5 M€ en 2009 lui avait permis de finaliser certains développements et de renforcer

son comité de direction par l’arrivée d’un directeur financier et d’un directeur commercial. ses gammes de produits commercialisés dans une cinquantaine de pays sont basées sur la technologie MBCPtM, devenue aujourd’hui la matrice synthétique de référence mondiale pour l’ingé-nierie tissulaire et sur laquelle repose une dizaine de brevets et licences d’exploitation exclusive. Cette céramique micro et macroporeuse est résorbable et favorise la différenciation des cellules osseuses pour son remplacement progressif par de l’os architecturé naturel. « Nos subs-tituts coûtent moins cher et présentent des avantages par rapport aux solutions combinées. » La communauté médicale s’intéresse de près aux alternatives synthétiques, à l’autogreffe, l’allogreffe et les xénogreffes qui présentent de sérieux inconvénients parmi lesquels le recours à une chirurgie longue et invasive, les risques de contamination et l’absence d’ostéo-intégration chez certains patients. Biomatlante ne se contente pas de répondre à ces besoins mais imagine les solutions de demain. Elle participe ainsi à plusieurs programmes de recherche, dont GeltOP sur l’encapsulation de principes actifs pour une libération contrôlée in situ, REBORNE dont l’objectif est de créer des biomatériaux combinés avec des cellules souches adultes, ou, plus en amont encore, GAMBA en thérapie génique pour réparer les lésions tissulaires liées à l’arthrose.

Chantal Gobin

Nouveau site, nouveaux projets pour AtlantaC’est dans un bâtiment flambant

neuf de 1 200 m² s’articulant autour de laboratoires de recherche, de

bureaux administratifs et commerciaux et d’une animalerie dernier cri, que Ronan Le Bot, CEO de la holding Atlanta, projette sa nouvelle stratégie de développement. Désormais à l’aise pour avancer ses projets et recruter le personnel lié, le jeune chef d’entreprise avance son business plan selon trois axes, dans le domaine de la thérapie osseuse : la prestation de services sous

contrat pour l’évaluation de produits précliniques non régle-mentaires (Atlantic Bone screen), la réalisation de synthèses

organiques à façon pour des molécules de tiers (Atlanchim Pharma) et le développement de molécules thérapeutiques (Atlanthéra). Ce dernier pôle, qui représente la mission la plus ambitieuse de l’entreprise, a permis l’identification d’un premier candidat médicament actif contre les ostéosarcomes. son prin-cipe : combiner un composé anticancéreux avec une molécule anti-ostéoporotique afin de disposer d’une molécule ciblée et duale. Pour poursuivre le développement dans ce domaine et atteindre la preuve de concept clinique de phase IIa visée, l’équipe de Ronan Le Bot travaille sur une ouverture de capital. En complément du premier tour de table déjà réalisé et des aides publiques obtenues, 3 à 4 M€ seront nécessaires dès l’année prochaine. Des premiers contacts sont déjà pris.

Ronan Le Bot

Reborne ou la réparation osseuse 2.0L’excitation est palpable dans la voix de

Pierre Layrolle, directeur de recherche Inserm et porteur du projet euro-

péen Reborne, qui s’apprête à participer à la première injection de son composé innovant chez l’homme. « Âgé de 35 ans, le patient que nous allons opérer est un accidenté de la route dont une fracture tibiale n’a pu se remettre naturellement. L’alternative thérapeutique pour lui était claire : une autogreffe, avec les risques et les effets secondaires qu’une telle chirurgie comporte, ou le test de notre technologie,

qui a l’avantage de combiner un biomatériau à haute valeur ajoutée avec des cellules souches adultes issues de sa propre moelle osseuse », nous a confié Pierre Layrolle qui possède

une bonne expérience du développement clinique pour avoir participé à l’aventure de l’une des premières biopépites néer-landaises de régénération osseuse, voici une dizaine d’années. très prudent sur sa stratégie capitalistique et partenariale, le professeur Layrolle souhaite cette fois valider en interne toutes les preuves de concept afin d’avoir un produit commerciale-ment disponible dans les deux ans. Un moyen pour lui égale-ment de s’assurer que son innovation atteindra, sans condition de ressources, les 1/1000 patients qui ne se remettent pas aujourd’hui de leurs fractures. Une démarche vertueuse qui a un prix : de très nombreuses heures de travail et « l’absorption » de dizaines de classeurs réglementaires pour l’autorisation de transfert de la technologie vers la clinique. Et ce sans soutien particulier de la part des agences réglementaires qui restent des plus prudentes vis-à-vis de l’utilisation des cellules souches adultes, encore jugée risquée car trop peu documentée.

Pierre Layrolle

Clean Cells, bientôt établissement pharmaceutiqueLe graal de la certification GMP est

désormais au bout des doigts de l’équipe d’Olivier Boisteau, président

de la CRO vendéenne Clean Cells spécia-lisée dans la sécurité des médicaments. Une étape cruciale pour l’entreprise qui a beau-coup investi ces deux dernières années pour mettre son site aux normes les plus abouties, développer ses salles blanches et recruter le personnel adéquat. « Une haute valeur ajoutée qui nous permettra d’atteindre de nouveaux marchés et de

nous différencier face à d’éventuels compétiteurs, nous a confié Olivier Boisteau. Nous pouvons ainsi proposer à nos clients une

offre de one stop lab, associant la production de leurs lots précli-niques et cliniques, voire un jour industriels, avec des prestations de safety qui nous sont propres. » Clean Cells a en effet déve-loppé en interne tout un savoir-faire autour de la mise au point à façon de tests de sécurité pour des produits thérapeutiques, notamment dans le domaine de la thérapie génique et cellulaire, ainsi que pour tous les produits biopharmaceutiques en santé humaine et vétérinaire. Un savoir-faire de pointe qui a permis à l’entreprise d’atteindre un niveau de revenus de 3,1 M€ en 2012, avec une croissance de près de 22 % par rapport à l’exer-cice précédent. Obtenir le statut prisé d’établissement pharma-ceutique permettra à Clean Cells de faire un réel bond en avant en termes de chiffre d’affaires. Verdict avant la fin de l’année.

Olivier Boisteau

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B i o r e s s o u r c e s m a r i n e s

AlgoSource veut développer la culture de microalgues

Cultiver des microalgues pour s’octroyer des revenus supplémentaires ? L’idée pourrait séduire les agriculteurs proprié-

taires ou souhaitant investir dans une station de méthanisation. Pour les dirigeants de la société Algosource, spécialiste de la valorisation des microalgues, ce concept répond au double défi de la diversification de long terme des exploi-tations agricoles et de la rationalisation de leur consommation énergétique. « Intégrer un bassin de culture de microalgues à sa station de métha-nisation permet d’utiliser la chaleur rejetée par celle-ci pour produire de la biomasse à coût réduit »,

explique Olivier Lépine, dirigeant et cofondateur d’Algosource, dont la filiale, Alpha Biotech, produit des microalgues depuis 20 ans. « Les microalgues peuvent être ensuite valorisées dans différents domaines industriels, comme les compléments alimentaires, et procurer à l’agriculteur des revenus complémentaires. » L’entreprise, qui prend en charge tout le projet, de la réalisation des études d’ingénierie à

l’installation de l’exploitation de microalgues clés en main à travers son entité Algosource technologies, travaille sur le couplage d’une dizaine d’unités de méthanisation sur le territoire qui en compte 90 en tout. Elle souhaite accélérer le rythme en 2014. Elle vise la mise en place de 40 nouvelles unités par an. Le contexte s’annonce favorable puisque le gouvernement prévoit de soutenir la construction d’un millier de stations de méthanisation dans les fermes d’ici à 2020 dans le cadre de son plan Energie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA). Réalisant un chiffre d’affaires de 1,2 M€ via ses deux entités, Alpha Biotech (vente de compléments alimentaires extraits des microalgues) et Algosource technologies (R&D et conseil), Algosource mise sur le développement de sa troisième branche, Algosource Projets. « Une fois que la filière des microalgues sera structurée, plus de systèmes intégrés verront le jour dans différentes configurations où il est possible de faire de la culture de microalgues », conclut le dirigeant. L’entreprise colla-bore ainsi avec séché Environnement et le cabinet X-tU, le GEPEA dans le cadre du projet symbio2 soutenu par la Région Pays de Loire pour installer une façade de microalgues sur une centrale de valorisation des déchets ménagers.

Olivier Lépine

Défi microalgues : du rêve à la réalitéCréer une plate-forme

globale de produc-tion de microalgues,

avec une vingtaine de lignes industrielles et un dispositif de bioraffinerie, qui soit à la fois ouverte aux chercheurs et aux industriels. Ce que

certains n’osaient rêver, il y a encore quelques mois, deviendra réalité dès l’automne prochain. À la racine du projet, le GEPEA, un laboratoire CNRs de 200 personnes qui réunit, depuis 2000, les équipes de Génie des procédés de l’université de Nantes, de l’école des Mines de Nantes et de l’ONIRIs (Nantes). Inscrite dans une dynamique de valorisation de la filière des microalgues

sur le territoire du Grand Ouest (espace Loire-Bretagne), la structure a été retenue par le dispositif des « investisse-ments d’avenir régionaux des Pays de la Loire » pour financer son projet d’un budget de 3,56 M€. D’une superficie totale de 2 600 m², le bâtiment dédié sera installé à saint-Nazaire, entre le site universitaire de Gavy, qui héberge notamment l’école d’ingénieurs Polytech et le centre de recherches du GEPEA. En attendant sa sortie de terre, les équipes de Pascal Jaouen, directeur adjoint du GEPEA, travaillent sur une plate-forme de production temporaire à plus petite échelle. Installés sur les toits terrasses de l’université de Gavy, des photobioréacteurs de dernière génération fonctionneront exclusivement en lumière solaire, visant, par leur conception, un bilan énergétique très intéressant.

Hemarina part à la conquête des laboratoiresDéveloppant une nouvelle génération

de transporteurs d’oxygène d’origine marine, la biotech bretonne Hemarina

lance sur le marché une première innovation, HEMOXCell®. Il s’agit d’un produit de labora-toire destiné à accélérer la culture cellulaire. Composé d’hémoglobine provenant d’inver-tébrés marins, qui a la propriété d’optimiser le transport de l’oxygène jusqu’aux cellules, HEMOXCell® permet « d’augmenter le rende-ment des cultures de 50 à 70 % par rapport

aux conditions standards », explique Franck Zal, fondateur et diri-geant de cette société née en 2007 et basée à Morlaix. L’entreprise vient de passer un accord de commercialisation avec le distributeur Eurobio, prévoyant la fourniture du marché français dès 2013 et du reste de l’Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord en 2014 et

2015. HEMOXCell® pourrait rapporter à maturité entre 3 et 5 M€ de revenus annuels à la PME qui est soutenue depuis ses débuts par plusieurs investisseurs, dont Inserm transfert Initiative, et des réseaux de business angels. Ce lancement n’est qu’une étape dans l’ambition plus large d’Hemarina de toucher à la santé humaine. son produit phare, HEMO2Life®, solution de préservation de gref-fons, est en cours de façonnage. Un essai devrait être lancé au second semestre 2014 pour une commercialisation envisagée en 2015. HEMO2Life® permettrait de mieux préserver les organes en attente de transplantation grâce à une meilleure oxygénation du greffon, comparativement aux solutions courantes à base de sel et de colloïdes, un marché de niche estimé à 50 M€. Pour sécuriser sa chaîne de valeur, Hemarina vient par ailleurs d’acquérir le site vendéen de France turbot, un investissement stratégique qui lui a permis d’obtenir les autorisations de pompage et de rejet d’eau de mer pour ses propres élevages de vers marins.

Franck Zal

Un Institut des microalgues en préparation à l’IfremerDans le milieu scientifique, rares sont

les disciplines qui n’ont pas leur institut dédié, alors quoi de plus

naturel que de proposer un Institut des microalgues ? Le projet, conduit par Jean-Paul Cadoret, directeur du laboratoire Physiologie et Biotechnologie des algues à l’Ifremer, attend l’aval des autorités publiques. Le chercheur revient sur son origine. « Après des années d’atermoie-ment autour du potentiel industriel des

microalgues, le milieu des années 2000 a vu la montée en popu-larité de ces micro-organismes dans des domaines industriels de premier plan, comme l’énergie ou la santé, résume Jean-Paul Cadoret. Exxon, ENI et d’autres énergéticiens ont investi des centaines de millions de dollars dans la recherche sur les biocar-burants produits à partir de microalgues. En Europe, ces derniers mois, on ne compte plus les projets collaboratifs autour des microalgues. Face à l’émergence de ces initiatives, nous avons

ressenti le besoin en France d’avoir un organisme qui couvrirait tous les métiers, de l’étude à l’exploitation des microalgues, qui serait une référence mondiale en la matière et auprès duquel on viendrait se fournir ou demander conseil. » Cet institut, tel qu’il a été imaginé dans sa première mouture, serait le résultat d’un investissement public-privé et comprendrait une quaran-taine de personnes issues de l’Ifremer et d’ailleurs. Dédié à la R&D et pensé comme une « machine à brevets », la structure aurait aussi la mission de valoriser les résultats de ses travaux par la création de spin-off pour s’inscrire dans le développement économique local. « Sans compter qu’il serait un formidable outil pour structurer la filière des microalgues et mieux gérer la ressource dans un souci de préservation de l’environnement », abonde Jean-Pascal Bergé, directeur du laboratoire science et technologie de la biomasse marine à l’Ifremer. Le projet, qui représente un budget d’environ 10 M€, doit encore trouver des partenaires industriels et recevoir le feu vert de ses autorités de tutelle.

Jean-Paul Cadoret

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B i o p r o d u c t i o n

tout est prêt pour l’arrivée des nouveaux stagiaires : les bioréac-teurs tout neufs, dotés de poches à usage unique, attendent à côté

des paillasses blanches immaculées que les couloirs vides s’animent pour cette nouvelle rentrée. Les 400 m2 de salles blanches aux normes BPF/GMP, qui constituent le centre de formation en bioproduction Biopractis, ont été inau-gurés il y a un an sur le site BioOuest.

Cette usine école unique en France affiche déjà un premier bilan positif. « Les stagiaires de l’année passée ont fait des retours très enthousiastes sur nos forma-tions, entame Pierric Chalois, directeur de Biopractis. Nous avons même eu la visite d’une équipe du Qatar qui monte un projet d’unité de thérapie génique et tissulaire et souhaitait se former aux conditions GMP. C’est une visibilité internationale plutôt inattendue pour une structure aussi jeune, preuve que la pertinence de notre offre a séduit au-delà des frontières. Ce démarrage prometteur nous fait penser que nous pourrons atteindre cette année un taux de remplissage proche de 100 %. » Biopractis prodigue des formations courtes de 1 à 4 jours à destination des techniciens, ingénieurs, responsables et cadres d’unités de production. Les programmes des formations ont été élaborés avec l’aide des entrepreneurs du

secteur pour correspondre aux besoins précis de l’industrie biopharmaceutique. Ils proposent, par exemple, des modules sur le bionettoyage et la désinfection des salles propres, l’utilisation d’un bioréac-teur à usage unique, la culture cellulaire en contexte GMP, chacun coûtant entre 1 500 et 2 500 €. Lors des sessions, tout est fait pour placer les stagiaires en condi-tions réelles d’une production indus-trielle, l’ensemble des équipements et

des consommables présents étant en tous points iden-tiques à ceux utilisés par les industriels en biopro-duction. Biopractis accueille aussi des formations initiales pour les élèves ingénieurs de la filière biotechnologie de la santé d’Oniris (École nationale vétérinaire, agroalimentaire

et de l’alimentation Nantes-Atlantique) et pour les étudiants du master 2 DCPs (développement et contrôle des produits de santé) de l’université de Nantes.

Apprendre les règles basiques en un jour« Cette année, nous avons ajouté au programme des formations d’une journée pour répondre à la demande des indus-triels de modules basiques, plus courts, ciblés sur une thématique précise, par exemple l’habillage pour l’entrée en salle propre, poursuit Pierric Chalois. Autre nouveauté, nous renforçons les workshops qui sont des journées d’échanges réunis-sant trois à cinq experts et des respon-sables d’unité de production autour d’une thématique particulière. C’est l’occasion pour les participants de poser des ques-tions sur des sujets pointus. » Des forma-tions qualifiantes pourraient également voir le jour d’ici deux à trois ans. L’idée

de mettre en place un tel centre a émané en 2007 de la concertation de plusieurs entrepreneurs nantais, comme Franck Grimaud, P-dg de Vivalis, ou Olivier Boisteau, président de Clean Cells, qui constataient le défaut de compétences en bioproduction de la région. Les entre-prises devaient recruter des techniciens de l’agroalimentaire, secteur le plus proche en termes d’exigence réglemen-taire. À l’époque, Nantes n’était d’ailleurs pas la seule ville à se poser la question de l’urgence de constituer une main d’œuvre formée aux normes GMP alors qu’ailleurs en Europe, et notamment en Irlande, les biomanufacturing training centers rencontraient beaucoup de succès auprès des big pharmas. En 2008, une étude du LEEM pointait déjà les défis en matière de ressources humaines que poserait de plus en plus au secteur l’investissement crois-sant des majors dans les biomédicaments. sur ces faits, Nantes Métropole, la Région Pays de la Loire et l’État ont cerné l’intérêt de se doter d’un tel centre de formation en matière d’emploi et d’attractivité territo-riale. La Région et l’État ont chacun financé son installation à hauteur de 400 k€, le Fonds européen de développe-ment régional (Feder) devrait apporter une contribution de 250 k€ et Nantes Métropole prend à sa charge l’héber-gement de Biopractis au site BioOuest pendant trois ans, échéance à laquelle le centre devrait avoir atteint l’équi-libre. Biopractis est porté par Oniris, en partenariat avec l’université de Nantes et avec le soutien du pôle de compétiti-vité Atlanpole Biotherapies. Le concept a déjà séduit d’autres villes en France où devraient naître dans les prochaines années des structures similaires.

Le centre de formation Biopractis fait sa rentrée

thibault Lasgouzes, 22 ans, étudiant à l’école Oniris, filière biotechnologies :« Dans le cadre de ma formation d’ingénieur j’ai participé à un module sur la zone en atmosphère contrôlée où j’ai appris tous les gestes de la manipulation sous hotte, et à deux travaux pratiques sur la culture cellulaire upstream. Nous aurons l’occasion d’y

retourner l’an prochain pour apprendre les étapes downstream. C’est la première fois que je découvrais les conditions GMP et les exigences régle-mentaires en corrélation, et j’ai été agréablement surpris par le niveau de propreté du centre Biopractis. J’ai tout de suite fait la comparaison avec les laboratoires d’un organisme de recherche public dans lequel j’avais fait un stage et où les conditions matérielles étaient bien différentes. Je suis convaincu que cette expérience à Biopractis est un atout supplémentaire dans ma formation. J’ai déjà pu la valoriser en l’inscrivant sur mon CV. savoir manipuler dans des conditions GMP est une capacité qui est particulièrement appréciée par les industriels. Je ne manquerai pas de mettre en avant les connaissances acquises à Biopractis lors de ma prochaine recherche de stage en 2014, en France ou à l’étranger. »

Ange Filippi, responsable formations et procédures au centre de production Sanofi de Vitry-sur-Seine :« suite à des modifications de ZAC dans notre atelier de production biotechnologique, un besoin urgent de formation en habillage classe stérile (A/B) a fait jour. Comme nous n’avions pas de compétences en interne et très peu d’expérience des ZAC stériles, nous avons cherché un organisme à l’exté-rieur de sanofi. Biopractis est vite apparu comme le meilleur choix pour combler notre besoin en formation initiale sur ce sujet. Cette jeune structure possède des installations de tout premier ordre pour assurer une formation de qualité au plus près de nos besoins pratiques : un laboratoire classé avec sas d’habillage et des appareils qui mettent les stagiaires en situation professionnelle réelle. De plus, l’équipe de Biopractis a été très réactive car il ne lui a fallu que 15 jours pour mettre en place les deux sessions de formation, ce qui répondait à notre besoin immédiat. Ces modules ont été préparés exclusivement pour les besoins de nos opérateurs : leur contenu a été adapté à notre demande et le programme “standard” modifié pour coller au plus près de nos attentes. Enfin, je tiens à souligner la qualité de l’enseignement, la compétence et la grande disponibilité des intervenants. »

Anne-Laure Languille

Le programme correspond aux besoins de l’industrie phar-maceutique.

Pierric Chalois

Prochaines formations en 20131er octobre Bonnes pratiques d’entrée en salle propre4 octobre Utilisation d’un bioréacteur en vagues « wave »8 octobre Bionettoyages des salles propres10 octobre Bases de la culture cellulaire5 et 6 novembre GMP et manipulations en salles propres7 novembre Bioproduction petite échelle en contexte GMP8 novembre Utilisation d’un bioréacteur en vagues « wave »

L’AVIS DES StAgIAIRES

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La métropole nantaise peut se targuer d’avoir bâti depuis deux décennies un tissu d’entreprises innovantes de taille moyenne, au

rayonnement international, grâce à une politique claire en matière d’attractivité. L’implantation de projets ou de PME et le maintien sur place des entreprises exis-tantes sont primordiaux pour soutenir toute la filière régionale. « L’objectif à moyen terme est de constituer autour de Nantes un grand pôle biotech fédérant les différentes forces de l’Ouest », nous expliquent Christophe Clergeau, premier vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire, et Patrick Rimbert, maire de Nantes, premier vice-prési-dent de Nantes Métropole et président d’Atlanpole.

Biotech finances : Quelles sont les grandes forces de la métropole nantaise qui la distinguent sur le plan national et rendent son offre territoriale unique ? Patrick Rimbert : Nantes dispose d’un tissu économique diversifié, assis sur un vrai socle industriel, une configuration qui lui permet de mieux résister à la crise que d’autres métropoles. Nous continuons d’ailleurs, en cette période économique difficile, à investir résolument dans la recherche et l’innovation afin d’anticiper dès aujourd’hui les besoins de demain. Cette aptitude à conserver un écosystème industriel dynamique est conditionnée par la capacité du territoire à offrir aux entreprises un environnement inno-vant et performant. Il se compose d’une université de qualité, de plusieurs grandes écoles (Audencia, Centrale, Mines, Véto) et d’un tissu académique représentant 50 000 étudiants. Ainsi, une entreprise désireuse de s’implanter à Nantes est sûre de pouvoir recruter des salariés de qualité et d’être au cœur de l’innovation. Autre marqueur de notre dynamisme, l’énergie créatrice indéniable qui nous anime. La structuration du pôle biotech nantais résulte d’un consensus entre tous les acteurs locaux, d’un potentiel de recherche et de jeunes entreprises en forte expansion, le tout conjugué à une dynamique de réseau. L’engagement de l’ensemble des acteurs (instituts de recherche, collectivités, cliniciens, écoles de management, entrepreneurs, struc-tures d’accompagnement) et une culture transdisciplinaire permettent à des orga-nismes de différente nature de mettre leur savoir-faire en commun et de colla-borer pour faire avancer la recherche. Nous avons ainsi mis en place de grands équipements et projets biotechs (cyclo-tron Arronax, IHU prometteur CEstI, Atlantic BioGMP, plates-formes du CHU, notamment UtCG) autour desquels gravitent des start-up et PME très liées au monde académique et clinique. Cet écosystème de l’innovation (incu-bation, accompagnement individuel,

accompagnement collectif) favorise les collaborations et fait avancer l’ensemble des acteurs dans le même sens.

Christophe Clergeau : Notre principale force, et ce qui peut donner confiance à un entrepreneur arrivant de l’extérieur, est notre capacité à faire grandir les entre-prises sur notre territoire. L’un de nos plus beaux succès reste la société Valneva, qui résulte de la fusion entre la biotech autri-chienne Intercell et la biotech nantaise Vivalis, née en 1999 et à peine sortie de sa condition de start-up ! Nous défen-dons le maintien sur notre métropole de nos expertises, ne souhaitant pas que la propriété industrielle quitte la région ou le pays. Les rachats de Biofortis et d’Atlan-gene Applications par BioMérieux restent également de bons exemples d’opé-rations qui permettent de conserver à Nantes le savoir-faire, les emplois de deux entreprises issues respectivement du CHU et de l’université et que nous avons aidées à grandir. C’est cette croissance endo-gène qui va nous permettre par la suite de rayonner à l’international.

Biotech finances : Quelle est la légitimité du positionnement de Nantes dans les biotechnologies ? Patrick Rimbert : Depuis plusieurs années, les biotechnologies constituent

un des axes prioritaires du développe-ment économique de Nantes Métropole. L’essaimage de la recherche, accompli en matière de santé au sein des équipes du CHU, de l’INsERM et de l’université, a favorisé au fil des ans le développement d’un tissu solide d’entreprises inno-vantes. La particularité de cet écosystème réside dans la diversité des organismes de recherche et dans sa capacité à se fédérer autour de ses filières d’excel-lence. Le terreau académique fertile allié à un positionnement thématique fort font de Nantes une place qui compte dans le monde des biotechnologies à l’échelle européenne et la positionne comme un des futurs leaders mondiaux pour les biothérapies. Le cyclotron Arronax, inau-guré en 2008 et destiné à accélérer la lutte contre le cancer, est un atout majeur dans cette stratégie.signe de la vitalité de sa R&D en santé, Nantes Métropole a vu son pôle de compétitivité, Atlanpole Biotherapies, validé par l’État en 2005. Ce cluster avant-gardiste, à forte base scientifique, marqué par un solide esprit entrepreneurial et

de nombreuses start-up, travaille sur la médecine de demain. Géré par Atlanpole, technopole multidisciplinaire et multi-polaire du bassin nantais, il est animé par des permanents et réunit 180 adhé-rents dont 77 entreprises, des unités de recherche, des plates-formes techno-logiques, des universités et instituts de recherche. Atlanpole Biotherapies est positionné autour de trois axes : l’immu-nobiothérapie, les radiopharmaceutiques et la médecine régénératrice (thérapie cellulaire, thérapie génique, biomaté-riaux). Le pôle nous permet de dynamiser la recherche et la compétitivité de nos entreprises à travers des projets collabo-ratifs de R&D, de favoriser les échanges et d’aider au montage de projets complexes.

Christophe Clergeau : J’ajouterai simple-ment que l’une des spécificités du site nantais est de ne pas chercher à se posi-tionner comme un pôle santé global. Nous souhaitons être identifiés comme étant significatifs et actifs dans les trois domaines de biothérapie que vient de citer Patrick Rimbert et dans un quatrième axe, que nous développons parallèlement, que sont les bioressources marines.

Biotech finances : Le fait que le territoire ne compte pas de big pharmas est-il un frein à son attractivité ?

Christophe Clergeau : Les industriels historiques de la pharma ne font pas partie de notre histoire mais sont très présents aujourd’hui dans la région. Ils s’associent régu-lièrement à nos PME dans le cadre de projets colla-boratifs et s’intéressent de plus en plus à nos activités

car nous nous focalisons sur les segments facteurs de croissance dans les dix années à venir. Cet état de fait présente des avantages. Dans ce domaine de pointe, où nous sommes obligés de travailler à l’échelle mondiale, notre visibilité est assurée par certaines de nos PME qui ont parfois plus de résonance à l’étranger qu’en France. De plus, la région nantaise constitue une porte d’entrée abordable pour des groupes étrangers désireux de commer-cialiser leurs produits sur le marché fran-çais, à l’inverse d’autres métropoles. Notons aussi qu’à défaut de big pharmas, nous avons vu grandir des industriels qui étaient partis de petites structures à l’origine. C’est le cas d’Eurofins scientific, fondé en 1987 à Nantes, reconnu aujourd’hui comme un leader mondial parmi les prestataires de la bioanalyse, avec plus de 14 000 salariés répartis dans une trentaine de pays. Le rayonnement de nos PME et la solidité de quelques industriels implantés depuis longtemps dans la région démontrent la vitalité de l’environnement. Nous n’avons hérité

Nantes s’imagine en grand pôle de l’innovation de l’Ouest

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La structuration du pôle biotech nantais résulte d’un consen-sus entre tous les acteurs locaux.

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d’aucune base industrielle, nous avons tout construit. Et nous sommes attentifs à ce que nos pépites restent sur le terri-toire, nous ne tenons pas à ce que nos PME soient absorbées et que l’innova-tion, pour laquelle nous avons mis tant d’efforts à soutenir et à développer, migre vers d’autres contrées. En cela l’exemple de Biomérieux, arrivé depuis deux ans sur notre territoire, est prometteur.

Biotech finances : Que représentent aujourd’hui vos efforts pour attirer des entreprises ?Patrick Rimbert : Étoffer le tissu biotech nantais fait partie de nos priorités et Nantes Métropole a mis en place un dispositif ambitieux à cet effet. Ce dernier passe par le développement d’outils dédiés tels que des aides financières pour la création, l’accompagnement et l’héber-gement des biotechs ; des projets urbains et immobiliers dévolus à l’implantation de laboratoires, d’entreprises et d’infras-tructures intervenant dans le domaine des sciences de la vie. Ces solutions d’implantation sont structurées autour de trois sites atlanpolitains majeurs : Bio Ouest – Laennec, où se situe un hôtel d’entreprises pour les biotechnologies et la bio-industrie ; La Géraudière, spéci-fiquement orientée agrobiosciences ; et enfin l’Île de Nantes pour la thématique santé. tous ces lieux sont situés à proxi-mité immédiate des centres de recherche et des plates-formes industrielles et nous pensons que les entreprises en phase de développement trouvent dans ces pépi-nières un environnement favorable à leur croissance.À titre d’exemple, l’immeuble Bio Ouest Île de Nantes 2 abritera de jeunes entre-prises et laboratoires de recherche de la filière biotech sur 2 120 m2 et des locaux de recherche pour l’Institut IRt Campus sur 1 741 m2, à l’horizon 2015. Ce projet fait l’objet de 23 millions d’euros d’inves-tissement. Ce bâtiment s’inscrit dans la perspective du regroupement envisagé des activités hospitalières sur l’Île de Nantes et constitue un pilier du « pôle d’excellence » voulu en matière de santé. Notre compétitivité doit aussi s’appuyer sur la formation professionnelle continue au service des PME et tPE, aussi bien pour les chefs d’entreprises que pour les sala-riés, dans l’objectif d’accroître les compé-tences. D’où la création de Biopractis, un centre de formation dédié aux bonnes pratiques de laboratoire et aux biothé-rapies. son programme a été conçu par des chercheurs, au sein du pôle. Elle est maintenant portée par l’école vétérinaire et agroalimentaire Oniris et l’université de Nantes. Grâce à ces actions, la volonté de Nantes Métropole est d’atteindre une taille critique européenne sur tous les segments.

Christophe Clergeau : Nous faisons égale-ment en sorte de trouver des solutions de financement adaptées aux différents profils entrepreneuriaux et de leur faire bénéficier de notre force de frappe. Des dispositifs comme start West sont très efficaces pour soutenir les entreprises,

auxquels s’ajoutent les fonds régionaux actifs, comme Idée qui est le fonds de co-investissement de la Région des Pays de la Loire au service des entreprises, mais aussi Go Capital, sodero ou des fonds de business angels de plus en plus nombreux et présents. Nous sommes très réactifs face aux dossiers et n’hésiterons pas à investir. si le projet est structurant nous pouvons débloquer entre 30 et 50 M€ sur une période de trois à quatre ans, c’est ce que nous avons fait avec le cyclotron d’Ar-ronax. Aux côtés du financement régional, nous faisons en sorte de pouvoir mobiliser celui de l’Union européenne (Feder) afin d’accompagner les projets et les infrastructures asso-ciées, sur la période 2014-2020. Le Premier ministre a également annoncé un futur contrat État-Région qui comportera un volet enseignement supérieur et recherche.toutefois, si nous avons l’ambition de monter en gamme et de nous projeter comme cluster de dimension internationale, nous souhai-tons en priorité agrandir notre bassin d’entreprises, vitrine de notre dynamisme en matière de création d’entreprise et d’attractivité.

Biotech finances : Quels profils d’entre-prises ou de bioentrepreneurs souhaitez-vous attirer ?Christophe Clergeau : Notre priorité est d’attirer des créateurs qui développeront leurs innovations sur notre territoire, et à partager avec eux notre culture du parte-nariat et de l’innovation. Cela constitue la marque de fabrique de la recherche à la nantaise. Ainsi, avant même de considérer le projet dans le détail, nous sommes extrêmement attentifs à la volonté de la start-up ou de la PME candidate de contri-buer au développement économique de Nantes et de sa région. Nous n’avons pas déterminé de profil particulier pour le porteur du projet. Nous favorisons bien sûr l’implantation de projets ou entre-prises relevant de l’un des sous-secteurs dans lesquels nous souhaitons nous déve-lopper (radiopharmaceutique, immuno-biothérapie, médecine régénératrice et biotech marine). C’est toute la mission de notre appel à projets « Connect talent », organisé par la Région Pays de la Loire et ouvert jusqu’en février 2014, qui sélec-tionne des candidatures nationales et internationales pour accompagner les porteurs dans la maturation de leur projet de rupture.

Biotech finances : Comment vous placez-vous vis-à-vis de Rennes et de la Bretagne qui hébergent à quelques kilomètres au nord un autre cluster dédié aux sciences de la vie ? Patrick Rimbert : Il n’y a pas de compé-tition entre les sites qui sont spécialisés dans des domaines différents en santé. Par exemple, Nantes est reconnue pour son expertise dans les vecteurs biolo-giques et Angers a une spécialité dans

les vecteurs synthétiques, des activités pour lesquelles nous recherchons avant tout les synergies. Nantes se structure sur le plan local, avec la mise en relation des investisseurs, chercheurs et entre-preneurs ; sur le plan interrégional, avec Ouest Genopole, le Canceropole, le Pôle Agronomique Ouest et le bio-cluster France Atlantique (Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes) ; sur le plan national, avec la présence d’Atlanpole au sein du réseau national de l’innovation (REtIs) et enfin sur le plan international, là encore grâce à la présence d’Atlanpole au sein du réseau européen EBN et du réseau international IAsP, ayant facilité la

mise en place de partenariats à l’échelle européenne. De plus, de nombreuses animations thématiques et interfilières à l’échelle régionale et internationale sont organisées. Plusieurs réseaux interna-tionaux sont actifs (R&D et commercia-lisation) en biotech/santé, comme par exemple tERM pour la médecine régéné-ratrice, BIOMAt’In pour les biomatériaux, INLifesciences pour les collaborations internationales avec l’Europe du Nord.

Christophe Clergeau : Les frontières régionales s’effacent dans un monde économique. Nantes doit jouer son rôle de capitale de l’Ouest. Dans le cadre de la phase III des pôles de compétitivité, nous souhaitons fédérer les forces de l’Ouest dans un ensemble regroupant la Bretagne, les Pays de la Loire et la Région Centre. L’idée est d’aller ensemble à l’international sous la marque Atlanpole Biotherapies. trois grands projets structureront cette ambition dans les années à venir. Le déplacement du CHU de Nantes sur l’Île de Nantes, à horizon 2020, marquera un grand pas dans les ambitions de Nantes de fédérer autour d’elle. Les travaux prévoient la construction de grands plateaux pour les activités de soin et de recherche, avec des pavillons reliant l’envi-ronnement clinique à celui de la recherche fondamentale. Notre second objectif est d’imposer l’université de Nantes parmi les dix meilleures universités françaises et d’être reconnue comme le pôle universi-taire de référence de la côte atlantique au niveau européen. Enfin, le projet d’aéro-port de Notre-Dame-des-Landes doit faire de Nantes un pôle d’échanges européen et la porte d’entrée du Grand Ouest. Dans l’Ouest, il y a des perspectives et des dyna-miques fortes et le rôle des deux régions est d’être le garant de cette cohérence sur le territoire.

Nous souhaitons fédérer les forces de l’Ouest dans un pôle interrégional.

Christophe Clergeau

Propos recueillis par Anne-Laure Languille

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Spécial Nantes

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5 universities

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WELCOMEto the Western France biocluster

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ATL062_AP_ABT_182x247.indd 1 10/06/13 17:12Biotech finances est une lettre hebdomadaire imprimée et en ligne publiée par les Editions Européennes de l’Innovation ▪ Directeur de la publication et de la rédaction : Jacques-Bernard taste [email protected] ▪ Rédactrice en chef : Juliette Lemaignen [email protected] ▪ Rédaction:H Ella [email protected] ; Anne-Laure Languille [email protected] ▪ Chargée de mission BioMap : tatevikAvetisyan ▪ Office manager : Jeanne Urvoy ▪ Maquette : Anne-Laure Perret - www.annelaure-p.com ▪ Société Editrice : Editions Européennes de l’Innovation, au capital de 40 326€ ▪ Siège Social : 108 rue Bossuet, 69006 Lyon France ▪ tél. + 33 (0) 980 08 51 45 ▪ Fax. +33 (0) 980 08 51 46 ▪ RCS Lyon : 480 764 398 ▪ Commission paritaire : 0616 I 79205 ▪ ISSN : 1298-9428 ▪ Prix du numéro : 37 € ▪ Prix de l’abonnement annuel : 1 170 € (44 n° / an) ▪ Site web : www.biotech-finances.com ▪ Publicité : + 33 (0) 980 08 51 45 ▪ Imprimeur : Dupli-Print 2 rue Descartes, 95330 Domont.

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