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Immuno-analyse et biologie spécialisée (2011) 26, 201—206 TECHNIQUES AU QUOTIDIEN Intérêt des anticorps anti-prothrombine et des anticorps anti-phosphatidylsérine/prothrombine dans le bilan d’une thrombose Interest of anti-prothrombin antibodies and anti-phosphatidylserin/prothrombine antibodies in the assessment of a thrombosis D. Beauvillard, C. Buors, S. Hillion, Y. Renaudineau, P. Youinou Laboratoire d’immunologie, centre hospitalier régional universitaire, BP 824, 29609 Brest, France Rec ¸u le 15 d´ ecembre 2010 ; accepté le 26 janvier 2011 Disponible sur Internet le 17 mars 2011 KEYWORDS Thrombosis; Anti-phospholipid syndrome; Anti- phosphatidylserin; Anti-cardiolipin; Anti-phosphati- dylethanolamin; Lupus anticoagulant Summary In the anti-phospholipid (PL) syndrome (APS), conventional research of anti-PL anti- bodies (Ab) is based both on the detection of cardiolipin (CL) Ab, associated or not with anti-2 glycoprotein I (2GPI) Ab, and/or with the demonstration of lupus anticoagulant (LAC). Other auto-Abs may be present, such as anti-phosphatidylethanolamin (PE) and the antiphosphatidyl- serin (PS)/prothrombin (PT) Abs. To clarify the role of the latter, we have setup three cohorts consisting of patients with thrombosis or pre-eclampsia in the first; unselected patients in whom anti-PS/PT IgG were detected in the second ; and disease patient controls in the third. In the thrombotic population, anti-PS/PT IgG were found in 5.7% of the patients. When positive, anti- PS/PT IgG were associated with APS criteria in five of six cases, with anti-CL Ab and LAC but not with anti-PE Ab. The relapse risk of thrombosis is increased when anti-PS/PT IgG were present. In conclusion, anti-PS/PT Ab detection complement conventional determination © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. MOTS CLÉS Thrombose ; Syndrome des anticorps Résumé L’étude conventionnelle des anticorps (Ac) anti-phospholipides (PL) repose sur la détection d’auto-Ac anti-cardiolipides (CL), avec ou sans Ac anti-2 glycoprotéine I (2GPI), et sur la recherche d’un anticoagulant circulant (ACC). D’autres auto-Ac peuvent exister comme les Ac anti-phosphatidyléthanolamine (PE) et les Ac anti-phosphatidylsérine (PS)/anti- prothrombine (PT). Afin d’en évaluer l’importance, nous avons comparé entre eux les résultats Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Youinou). 0923-2532/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.immbio.2011.01.004

Intérêt des anticorps anti-prothrombine et des anticorps anti-phosphatidylsérine/prothrombine dans le bilan d’une thrombose

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Immuno-analyse et biologie spécialisée (2011) 26, 201—206

TECHNIQUES AU QUOTIDIEN

Intérêt des anticorps anti-prothrombine et desanticorps anti-phosphatidylsérine/prothrombinedans le bilan d’une thromboseInterest of anti-prothrombin antibodies andanti-phosphatidylserin/prothrombine antibodies in the assessment of athrombosis

D. Beauvillard, C. Buors, S. Hillion, Y. Renaudineau, P. Youinou ∗

Laboratoire d’immunologie, centre hospitalier régional universitaire, BP 824, 29609 Brest, France

Recu le 15 decembre 2010 ; accepté le 26 janvier 2011Disponible sur Internet le 17 mars 2011

KEYWORDSThrombosis;Anti-phospholipidsyndrome;Anti-phosphatidylserin;Anti-cardiolipin;Anti-phosphati-dylethanolamin;Lupus anticoagulant

Summary In the anti-phospholipid (PL) syndrome (APS), conventional research of anti-PL anti-bodies (Ab) is based both on the detection of cardiolipin (CL) Ab, associated or not with anti-�2glycoprotein I (�2GPI) Ab, and/or with the demonstration of lupus anticoagulant (LAC). Otherauto-Abs may be present, such as anti-phosphatidylethanolamin (PE) and the antiphosphatidyl-serin (PS)/prothrombin (PT) Abs. To clarify the role of the latter, we have setup three cohortsconsisting of patients with thrombosis or pre-eclampsia in the first; unselected patients in whomanti-PS/PT IgG were detected in the second ; and disease patient controls in the third. In thethrombotic population, anti-PS/PT IgG were found in 5.7% of the patients. When positive, anti-PS/PT IgG were associated with APS criteria in five of six cases, with anti-CL Ab and LAC but notwith anti-PE Ab. The relapse risk of thrombosis is increased when anti-PS/PT IgG were present.In conclusion, anti-PS/PT Ab detection complement conventional determination© 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

MOTS CLÉSThrombose ;

Résumé L’étude conventionnelle des anticorps (Ac) anti-phospholipides (PL) repose sur ladétection d’auto-Ac anti-cardiolipides (CL), avec ou sans Ac anti-�2 glycoprotéine I (�2GPI),et sur la recherche d’un anticoagulant circulant (ACC). D’autres auto-Ac peuvent exister

tidyléthanolamine (PE) et les Ac anti-phosphatidylsérine (PS)/anti-

Syndrome des comme les Ac anti-phospha

anticorps prothrombine (PT). Afin d’en évaluer l’importance, nous avons comparé entre eux les résultats

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (P. Youinou).

0923-2532/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.immbio.2011.01.004

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anti-phospholipides ;Anticorpsanticardiolipides ;Anticorps anti-phos-phatidyléthanolamine ;Anticorps anti-phosphatidylsérine ;Anticoagulant

obtenus dans le sérum de trois cohortes de malades : la première comprend des patients souf-frant d’une thrombose ou d’une complication obstétricale ; la deuxième, des patients nonsélectionnés chez qui nous retrouvions des IgG anti-PS/PT ; et la troisième, des témoins maladesne présentant aucune thrombose. Dans la thrombose, les IgG anti-PS/PT ne sont détectés quechez 5,7 % des patients. Toutefois, cette détection s’intègre dans cinq cas sur six dans un syn-drome des Ac anti-PL (SAPL) et s’associe à un ACC et/ou à un Ac anti-CL mais pas avec lesAc anti-PE. La positivité des IgG anti-PS/PT accroît le risque de rechute thrombotique ou defausse-couche. Bref, la recherche des IgG anti-PS/PT complète les examens conventionnelsdans un bilan de SAPL.

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immunosorbent assay (ou Elisa) selon des techniques mises

circulant © 2011 Elsevier Masson SAS

ntroduction

orsqu’ils sont associés à des thromboses ou à des fausses-ouches, les anticorps (Ac) anti-phospholipides (PL) et lesc anticoagulants circulants (ACC) s’avèrent un notable fac-eur de morbidité et de mortalité [1]. Cette observationxplique que, dans les années 1980, le syndrome des Acnti-phospholipides (SAPL) ait été individualisé pour dési-ner l’ensemble de ces anomalies. Depuis, sa définition até affinée puisqu’elle conjugue [2,3] des critères cliniquesthrombose artérielle, thrombose veineuse et complicationsbstétricales), et des critères biologiques (Ac anti-PL pen-ant 12 semaines). Sur le plan biologique, on distingue desAPL de classe I où il y a plusieurs anomalies sérologiquest des SAPL de classe II où il n’y en a qu’une seule : desCC pour le syndrome de classe IIa, des Ac anti-cardiolipidesCL) de titre élevé pour le syndrome de classe IIb, et des Acnti-�2 glycoprotéine I (�2GPI) pour le syndrome de classeIc. Sur le plan clinique, on décrit également trois typese SAPL : le SAPL primaire qui est isolé, le SAPL secon-aire qui accompagne une autre maladie autoimmune et lesyndrome catastrophique » des Ac anti-PL qui se caracté-ise par la sévérité de son pronostic.

Le terme d’Ac anti-PL regroupe un ensemble hétérogène’auto-Ac qui, pour la majorité d’entre eux, ne recon-aissent pas un PL mais le complexe entre un PL anioniquet une protéine cationique jouant le rôle de cofacteur carmmunogène. En effet, l’immunisation d’une souris avec dea �2GPI ou de la prothrombine (PT) suscite une production’Ac anti-PL, puis se complique de thromboses. Ce qui n’estas le cas si on utilise des PL pour l’immunisation [4]. La listees cofacteurs reconnus par les anti-PL n’est pas limitée àa �2GPI et à la PT. On leur adjoint en particulier la pro-éine C, la protéine S, la thrombomoduline, la vimentine,’annexine V et II. Pour certains Ac anti-PL comme les Acnti-phosphatidyléthanolamine (PE), la reconnaissance dea PE switterionique se déroule en l’absence de cofacteur.

L’intérêt des Ac anti-PT et anti-phosphatidylsérinePS)/PT dans le bilan d’une thrombose demeure controverséour deux raisons. D’une part, la majorité des études ontté réalisées chez des patients qui présentaient un SAPLecondaire et non un SAPL primaire [5]. D’autre part, lesechniques utilisées sont différentes puisque la PT peut êtrexée soit sur une plaque irradiée [6], soit fixée sur un PLnionique comme la PS, voire associée ou non à du calciumans le milieu réactionnel [7].

Afin d’évaluer l’intérêt des Ac anti-PS/PT dans le bilan’une thrombose nous avons recherché ces auto-Ac danse sérum d’un groupe de patients qui présentaient un

aEl

s droits réservés.

hénomène thrombotique et mesuré le risque de rechutehez ceux qui présentaient des Ac anti-PS/PT.

atients et méthodes

élection des patients

rois cohortes ont été rétrospectivement constituées pouréaliser cette étude monocentrique au CHRU de Brest. Laremière cohorte était composée de 88 patients qui, dans leadre du bilan étiologique d’une thrombose, avaient béné-cié d’une étude des Ac anti-PL incluant une recherche’Ac anti-PS/PT ; la deuxième de 78 patients pour les-uels le dosage des IgG anti-PS/PT s’était avéré positif ;t la troisième de 46 patients indemnes de tout événementhrombotique (22 d’entre eux souffraient d’une maladieuto-immune et les autres d’une affection inflammatoire).

En matière de thrombose, le diagnostic a été confirméoit par écho-doppler veineux ou artériel, soit pas angios-anner thoracique, soit par scintigraphie pulmonaire. Pouralider le diagnostic d’un SAPL, nous avons choisi les critèresliniques et biologiques internationaux proposés à Sapporon 2002 et révisés à Sydney en 2006 [3].

uto-anticorpsnti-phosphatidylsérine/prothrombine

es IgG et les IgM anti-PS/PT ont été dosés selon les recom-andations des fournisseurs, à savoir pour les IgG, le coffreteskulisa Serin Prothrombin (Aesku diagnostics, Wendel-heim, Allemagne), et pour les IgM le coffret Quanta LitegM (INOVA Diagnostics, Old Grove, États-Unis). Les résul-ats ont été exprimés en U/mL après ajustement à la courbe’étalonnage. Le seuil de positivité a été fixé à 18 U/mL poures IgG et à 30 U/mL pour les IgM.

utres auto-anticorps anti-phospholipides

os trois cohortes de malades ont profité d’une batterie deests sérologiques « maison », incluant un test pour les Acnti-CL, un test pour les Ac anti-�2GPI, et un test pour lesc anti-PE.

Les Ac anti-CL ont été explorés par un Enzyme-linked

u point dans le laboratoire et décrites précédemment [8].n bref, une solution de CL diluée à 50 �g/mL dans de’éthanol (Sigma-Aldrich, St Louis, États-Unis) a été fixée

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Anticorps anti-prothrombine et anti-phosphatidylsérine/pro

sur des plaques PolySorp (Nunc, Roskilde, Danemark) puis,après évaporation, le Phosphate Buffer Saline (PBS) addi-tionné de sérum de veau fœtal (SVF) à 10 % a été ajouté.Celui-ci fournit de la �2GPI aux PL de la plaque d’Elisa.Après incubation des sérums dilués au 1/100 dans le tamponPBS-SVF, la fixation des auto-Ac est reconnue par un Ac anti-immunoglobuline (Ig) marqué par de la phosphatase alcaline(Jackson Laboratory, Bar Harbor, États-Unis) et cette fixationest révélée, après lavage, par l’addition d’un chromogène lepara-nitrophenyl phosphate. La densité optique (DO) a étélue à 405 nm à l’aide du lecteur MRXII (Dynex Technologies,Chantilly, États-Unis). Les résultats sont exprimés en DO cor-rigée : DO avec CL — DO sans CL. Le recours aux standardsde Sapporo (HCAL pour les IgG anti-CL et EY2C9 pour les IgManti-CL ; INOVA, San Diego, États-Unis) permet d’exprimerles résultats en GPL ou en MPL selon les formules suivantes :GPL = 7,7 × DO2 + 16 × DO et MPL = 15,4 × DO2 + 8,1 DO soitun seuil de positivité fixé à 3,5 GPL et 2 MPL [9]. Le seuilretenu dans les critères du SAPL pour les anti-CL est de40 unités GPL ou MPL.

Les Ac anti-�2GPI ont été dépistés par un test Elisa décriten détails ailleurs [8]. La �2GPI humaine est purifiée dansle laboratoire, diluée à 5 �g/mL dans du PBS, et déposéedans des plaques MaxiSorp (Nunc). Après lavage, une solu-tion de saturation contenant 0,6 % de gélatine dans du PBSest ajoutée pendant 2 heures à 37 ◦C. Les sérums sont diluésdans une solution de PBS—Tween—Gélatine 0,6 % au 1/50 etincubés pendant 90 minutes à 37 ◦C. Après lavage, la fixationdes Ac anti-�2GPI est révélée comme pour les Ac anti-CL.Les résultats ont également été exprimés en DO corrigée etle seuil de positivité fixé à 0,150.

La PE (Avanti Polarlipids, Alabaster, États-Unis) est diluéeà 37,5 �g/mL dans de l’éthanol et déposée dans des plaquesMaxiSorp. Après évaporation, les puits sont saturés par unesolution de PBS-SVF 10 %, lavés, puis le sérum dilué au 1/100e

dans du tampon PBS-SVF est ajouté. La fixation des Ac estreconnue comme précédemment, et les résultats exprimésen DO corrigées pour un seuil de positivité fixée à 0,100 pourles IgG et 0,150 pour les IgM.

Anticoagulant circulant

La recherche d’un ACC implique de recourir à une combi-naison de tests fonctionnels d’hémostase. Le dépistagecomprend la mise en évidence d’un allongement du tempsde céphaline avec activateur (TCA). Cet examen n’étantpas spécifique, son résultat doit être confirmé par un testde correction du TCA par du plasma normal pour vérifier ladépendance à l’ACC. Celle-ci est quantifiée par l’indice deRosner, calculé selon la formule [(M + T)−T]/M*100. Enfin,la dépendance en PL de l’inhibiteur est recherchée par laréalisation du temps de thromboplastine diluée (TTD) et/oupar la mesure du temps de coagulation en présence de veninde vipère Russell dilué (DRVVT). Le seuil de positivité retenupour le TCA, TTD et DRVVT est de 1, 2 et de 15 % pour l’indicede Rosner.

Analyse statistique

Les résultats sont exprimés sous forme de moyenne ± écart-type et les résultats comparés en utilisant le test t de

eRdv

bine et thrombose 203

tudent, le test du Chi2 ou le test de Fisher. Un p < 0,05 estonsidéré comme statistiquement significatif.

ésultats

révalence des anti-PS/PT

a réactivité des IgG anti-PS/PT a été observée chezinq patients sur 88 (5,7 %) qui présentaient une throm-ose ou une fausse-couche contre aucun des 46 du groupees « témoins malades » (Tableau 1). La répartition desc anti-PS/PT positifs dans le groupe thrombose était lauivante : trois patients sur 59 (5,1 %) présentaient unehrombose veineuse, un patient sur 15 (6,7 %) une throm-ose artérielle et un patient sur 14 (7,1 %) une complicationbstétricale. L’intérêt des IgM anti-PS/PT apparaît limitéour discriminer le groupe des patients thrombotiques deelui des témoins malades 20/88 (22,7 %) versus 14/6630,4 %).

ssociation anti-PS/PT et SAPL

uisque le diagnostic de SAPL repose sur des critères cli-iques et sur des critères biologiques, nous avons comparéa positivité des IgG et IgM anti-PS/PT chez les patientsAPL+ et chez les patients SAPL− de la première cohorte,oit cinq sur six (83,3 %) d’IgG anti-PS/PT et quatre surix (66,7 %) d’IgM anti-PS/PT dans le groupe avec SAPLar rapport à aucun des 82 IgG anti-PS/PT et 16 des 82 IgMnti-PS/PT dans le groupe sans SAPL. Le lien entre lesgG anti-PS/PT et le SAPL a été confirmé sur la deuxièmeohorte (Tableau 2) qui comprend 78 patients sélection-és sur la seule base d’une positivité des IgG anti-PS/PT.insi, après analyse des dossiers cliniques, pour 29 patientsur 78 (37,2 %), tous les critères d’un SAPL étaient pré-ents (17 thromboses veineuses, huit thromboses artériellest quatre fausses-couches), 14 patients sur 78 (17,9 %) pré-entaient un épisode de thrombose (quatre thromboseseineuses, huit thromboses artérielles et deux fausses-ouches) sans que le diagnostic clinico-biologique de SAPLoit établi. Enfin, pour les 35 patients restants sur 78 (44,9 %)Tableau 2), il s’agissait de patients sans thrombose asso-iée pour lesquels un diagnostic de maladie auto-immuneans 12 cas, comme le lupus érythémateux disséminé (LED),e syndrome de Gougerot-Sjögren ou la polyarthrite rhu-atoïde ou bien d’une maladie inflammatoire dans 23 cas,

omme une infection ou un cancer avait été retenu.

ssociation entre les anticorps anti-PS/PT etnticoagulant circulant

tsumi et al. [5] professent que la majorité des ACC pos-èdent des IgG anti-PS/PT. Nous avons voulu le confirmerur la population des patients thrombotiques pour lesquelsne recherche d’ACC avait été réalisée (Tableau 3). Ainsi,rouvons-nous un lien entre la détection des IgG anti-PS/PT

t la recherche des ACC effectuée soit par la technique deosner, soit par le TTD et/ou par le DRVVT. L’allongementu TCA peu spécifique d’un ACC n’est pas associé à la positi-ité des Ac anti-PS/PT. Notons, que l’association statistique
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204 D. Beauvillard et al.

Tableau 1 Prévalence des anticorps anti-phosopholipides chez des patients thrombotiques recrutés au CHRU de Brest.

Thromboses ou FC Témoins malades (n = 46)

SAPL+ (n = 6) SAPL− (n = 82)

anti-PS/PT IgG 5 (83,3 %) 0 0anti-PS/PT IgM 4 (66,7 %) 16 (19,5 %) 14 (30,4 %)anti-CL IgG 4 (66,7 %) 10 (13,2 %) 4 (8,7 %)anti-CL IgM 1 (16,7 %) 2 (1,2 %) 8 (17,4 %)anti-�2GPI IgG + IgM 3 (50 %) 1 (1,2 %) 3 (6,5 %)anti-PE IgG 2 (33,3 %) 4 (2,4 %) 2 (4,3 %)anti-PE IgM 1 (16,7 %) 5 (6,1 %) 8 (17,4 %)ACC 4/6 (66,7 %) 3/55 (5,4 %) 4/13 (30,8 %)

FC : fausses-couches ; SAPL : syndrome des anti-phospholipides ; PS : phosphatidylsérine ; PT : prothrombine ; CL : cardiolipide ; �2GPI :�2 glycoprotéine I ; PE : phosphadidyléthanolamine ; ACC : anticoagulant circulant.

Tableau 2 IgG anti-PS/PT positifs et données clinico-biologiques.

Thromboses ou FC Absence de thrombose (n = 35)

SAPL+ (n = 29) SAPL− (n = 14)

anti-CL IgG 26 (89,7 %) 1 (7,1 %) 21 (60,0 %)anti-CL IgM 5 (17,2 %) 0 9 (25,7 %)

anti-�2GPI IgG + IgM 10 (34,5 %) 0 6 (17,1 %)

anti-PE IgG 5 (17,2 %) 1 (7,1 %) 3 (8,6 %)anti-PE IgM 9 (31,0 %) 1 (7,1 %) 7 (20,0 %)ACC 10/14 (71,4 %) 1/5 (14,3 %) 2/12 (16,7 %)

FC : fausses-couches ; SAPL : syndrome des anti-phospholipides ; CL : cardiolipide ; �2GPI : �2 glycoprotéine I ; PE : phosphadidyléthano-lamine ; ACC : anticoagulant circulant.

Tableau 3 Association entre les anticorps anti-PS/PT et la présence d’un anticoagulant circulant chez les patientsthrombotiques.

Anti-PS/PT Anti-CL Anti-PE

Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif

TCA >1,2 2 23 11 13 5 20<1,2 0 57 10 47 7 50

TTD ouDRVVT

>1,2 2** 2 3 1 1 3<1,2 1 44 11 34 5 40

Rosner >15 % 3* 3 4 2 3 3<15 % 0 13 4 9 3 10

boplaospha

Aa

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Aatdtm

ardt

D

TCA : temps de céphaline avec activateur ; TTD : test à la thromphosphatidylsérine ; PT : prothrombine ; CL : cardiolipide ; PE : ph

CC/anti-PS/PT n’est pas retrouvée pour les anti-CL et lesnti-PE.

ntérêt prédictif des anti-PS/PT

fin d’estimer l’intérêt prédictif des IgG anti-PS/PT, nousvons repris les dossiers des patients hospitalisés pour

hrombose afin de distinguer les patients chez qui une réci-ive avait été observée en tenant compte d’un éventuelraitement curatif par anticoagulant (héparine de bas poidsoléculaire ou prise d’anti-vitamine K). Comme pour les IgG

Lfpc

stine diluée ; DRVVT : temps de venin vipère Russell dilué ; PS :didyléthanolamine. *p < 0,05; **p < 0,01 (test exact de Fisher).

nti-CL, la présence d’IgG anti-PS/PT multiplie par deux leisque de thrombose pour les patients qui ne recoivent pas’anticoagulant (p < 0,05) ; ce risque disparaît sous médica-ion (Tableau 4).

iscussion

a définition d’un SAPL repose sur l’association de mani-estations cliniques et d’anomalies biologiques, comme larésence d’Ac dirigés contre les PL et/ou contre leursofacteurs. Comme cette définition est restrictive, Hughes

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Anticorps anti-prothrombine et anti-phosphatidylsérine/prothrombine et thrombose 205

Tableau 4 Le risque de rechute est accru chez des patients thrombotiques qui possèdent des IgG anti-PS/PT ou des IgG anti-CLen l’absence de thérapeutique.

Pas de thérapeutique AVK/HBPM

Rechute : oui (n = 20) Rechute : non (n = 81) Rechute : oui (n = 11) Rechute : non (n = 17)

anti-PS/PT IgG 10* (50 %) 19 (23,4 %) 3 (27,3 %) 10 (58,8 %)anti-PS/PT IgM 9 (45 %) 29 (35,8 %) 4 (36,4 %) 8 (47 %)anti-CL IgG 11 (55 %) 19 (23,4 %) 4 (36,4 %) 11 (64,7 %)anti-CL IgM 4 (20 %) 3 (3,7 %) 1 (9,1 %) 1 (5,9 %)anti-�2GPI IgG + IgM 3 (15 %) 6 (7,4 %) 1 (9,1 %) 3 (17,6 %)anti-PE IgG 1 (5 %) 11 (13,6 %) 2 (18,2 %) 2 (11,8 %)anti-PE IgM 5 (25 %) 11 (13,6 %) 1 (9,1 %) 0

AVK/HBPM : traitement curatif par anti-vitamine K ou par héparine de bas poids moléculaire ; PS : phosphatidylsérine ; PT : prothrombine ;CL : cardiolipide ; �2GPI : �2 glycoprotéine I ; PE : phosphadidyléthanolamine. *p = 0,05 (test du Chi2).

et/ou

aCL négatif/faibleaCL titre moyen/élevé

ou

anti- 2GPI +

aCL titre élevé

anti- 2GPI +et

anti- 2GPI -ou

-β +et/ou

-β +

+CCA+CCAet

-β -

ACC -

ti PS/PT ti PS/PTanti-PS/PTanti-PE

anti-PS/PTanti-PE

si + si +

SAPL type II

SAPLséronégatif

SAPLtype I

confirmation à 12 semaines

Figure 1 Examens à réaliser, en pratique quotidienne, chez un malade suspecté d’un syndrome des anticorps anti-phospholipidess d’atic d

peqdAaAptddIt

as

(SAPL). Démarche séquentielle : examens techniquement validédosage des Ac anti-PE et anti-PS/PT afin d’améliorer le diagnos

et Khasmahta ont crée l’appellation de SAPL séro-négatifpour désigner un tableau clinique de SAPL sans Ac asso-ciés [10]. L’une des explications de cette négativité seraitliée aux techniques choisies pour la recherche des Ac anti-PL. En effet, les techniques de références (ACC, Ac anti-CLet Ac anti-�2GPI) ne permettent pas de dépister certainsAc anti-PL, tels les Ac anti-PE, ou de reconnaître les Accontre certains cofacteurs comme la protéine C, la vimen-tine ou l’annexine II/V. Notons que la découverte de la �2GPIcomme cofacteur de la CL a contribué à améliorer la spécifi-cité des Ac anti-CL, mais que les cas de SAPL avec Ac anti-CLnégatifs et Ac anti-�2GPI positifs sont exceptionnels. Notonségalement que la détection des anti-PL de facon isolée dansle LED concerne 20 à 30 % des patients, et que 50 % d’entreeux développerons un SAPL dans les dix ans.

À la différence des Ac anti-�2GPI qui figurent désor-

mais dans la liste des critères internationaux en faveur duSAPL [3], les Ac anti-PT n’ont pas encore été validés [11].Depuis la découverte des cofacteurs, plusieurs études ontété vouées à la mesure de l’intérêt des Ac anti-PS/PT et en

ipdd

bord (Ac anti-CL, Ac anti-�2GPI, anticoagulant circulant) ; puise SAPL, voire d’en estimer le pronostic.

articulier de celui des IgG anti-PS/PT. Nos résultats sontn accord avec ceux de la littérature. D’abord, les patientsui remplissent les critères d’un SAPL présentent souventes Ac anti-PS/PT. Ensuite, il existe une association entreCC, anti-CL de titre élevé et Ac anti-PS/PT. En plus, les Acnti-PS/PT permettent de prévoir une rechute, comme lesc anti-CL. Cette notion observée dans un petit groupe deatients mérite d’être confirmée sur un plus grand échan-illon. Enfin, les IgG anti-PS/PT sont retrouvés en dehorse toute thrombose avec une prédominance dans les mala-ies autoimmunes et que pour ces patients, la détection desgG anti-PS/PT pourrait constituer un facteur de risque dehrombose.

En l’absence d’Ac anti-PL « conventionnels », les Acnti-PE sont les plus fréquents des auto-Ac des patientsouffrant d’un SAPL « séronégatif » [12]. Aussi, constituent-

ls un facteur de risque indépendant des Ac anti-CLour les fausses-couches avec des IgG anti-PE qui pré-ominent dans les stades précoces de la grossesse etes IgM anti-PE pour les stades plus avancés [13]. Pour
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2

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06

es thromboses veineuses, la détection des Ac anti-PE’avère être également un facteur de risque. Les Ac anti-E étaient positifs chez 12 de nos 88 patients thrombotiquesTableau 1) incluant six patients chez qui les aCL étaientégatifs (quatre thromboses veineuses et deux throm-oses artérielles). Toutefois cet examen doit être réalisén seconde intention du fait d’une positivité non négli-eable des IgM anti-PE dans la population des témoinsalades.

onclusion

ucun consensus n’existe sur les examens à réaliser chezn malade suspecté d’un SAPL. En pratique quotidienneFig. 1), nous adoptons une démarche séquentielle. Nousommencons par les examens techniquement validés commea recherche des Ac anti-CL en parallèle avec la recherchees Ac anti-�2GPI et d’un ACC. Puis nous passons auosage des Ac anti-PE et des Ac anti-PS/PT ce qui permet’améliorer le diagnostic de SAPL, et dans certains cas d’enstimer le pronostic [14].

onflit d’intérêt

ucun.

emerciements

es auteurs remercient vivement Simone Forest et Gene-iève Michel pour la dactylographie de cet article, Christinealvez et Sylvie Le Nuz pour la partie technique. Nous remer-ions également les sociétés de diagnostic médical (INGENt INOVA Diagnostics) qui nous ont cédé gracieusement leséactifs.

éférences

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