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Journalisme, comment s’approprier les médias sociaux ? Morgane Simonin Septembre 2016 Tutrice : Béatrice Drot-Delange Directrice de master : Dacia Dressen-Hammouda Master 2 Ingénierie de la Documentation Technique Multilingue

Journalisme, comment s’approprier les médias sociaux · 1.4 Médias sociaux et pratique du journalisme ..... 9 2. Méthodologie ... les flux RSS et l’utilisation des réseaux

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Journalisme, comment s’approprier les médias sociaux ?

Morgane Simonin Septembre 2016

Tutrice : Béatrice Drot-Delange

Directrice de master : Dacia Dressen-Hammouda

Master 2 Ingénierie de la Documentation Technique Multilingue

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Table des matières

Abstract ................................................................................................................ 2

Introduction ......................................................................................................... 4

1. Etat des lieux ........................................................................................... 5

1.1 Vers une société numérique ........................................................................... 5

1.2 Les médias sociaux, concepts et dimensions ................................................... 5

1.3 Ancien média et nouveau média ...................................................................... 6

1.4 Médias sociaux, web 2.0 et information ........................................................... 8

1.4 Médias sociaux et pratique du journalisme ....................................................... 9

2. Méthodologie ......................................................................................... 10

3. Analyse des résultats ........................................................................ 11

3.1 Collecte des données socio-démographiques .............................................. 11

3.2 Evaluation des réseaux sociaux les plus utilisés ............................................ 11

3.3 Les blogs dans le journalisme ....................................................................... 14

4. Discussion .............................................................................................. 16

3.1 Nouvelle tendance, l’équipe d’un seul ............................................................ 16

3.2 Vers une dépendance envers les médias sociaux ......................................... 16

3.3 Quelle direction prend le journalisme ............................................................ 17

5. Conclusion .............................................................................................. 18

6. Références ............................................................................................. 19

3

Abstract

Cet article de recherche expose les changements dans l’utilisation des médias sociaux suite

à l’évolution d’internet ces dernières années. L’entrée dans l’ère numérique et l’apparition

des communautés a entrainé des mutations profondes dans le paysage des médias

d’information et du journalisme et a créé de nouveaux besoins ainsi que de nouveaux

enjeux. Cette étude explore ce contexte en examinant les comportements des deux acteurs,

média et utilisateur. Pour cela, une étude qualitative a été réalisé pour évaluer les stratégies

mises en place et leur effectivité. Il s’agit de mesurer l’impact qu’à la relation avec la

communauté pour le développement des médias. Les résultats montrent que la majorité des

journalistes ont adopté l’utilisation des médias sociaux dans le cadre de leur travail mais

aussi en dehors.

Abstract

This research article describes the changes in the use of social media following the evolution

of the Internet these last years. The entry into the digital era and the emergence of

communities has driven profound changes in the information media landscape and created

new needs and new challenges. This study explores the context by examining the behavior

of both actors, media and user. To do so, a qualitative study was conducted to evaluate the

strategies implemented and their effectiveness in order to measure the impact of the

relationship with the community in media development. The results show that journalists

already have adopted social media, as well as in their work environnement and personnal

environnement.

Mots clés : réseaux sociaux, médias sociaux, journalisme, web 2.0, contenu, information,

Facebook, Twitter.

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« Les médias sociaux sont un groupe d’applications en ligne qui se fondent sur

l’idéologie et la technique du Web 2.0 et permettent la création et l’échange du

contenu généré par les utilisateurs »

Kaplan et Haenlein, 2010

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Introduction

La dernière décennie a vu plus de changements dans le monde des médias en ligne

qu’aucune autre. Peut-être que le plus grand a été une implication et des attentes en

constante croissance du lecteur, la relation entre les médias et le public s’en est vue

transformée. Cela a commencé grâce à l'accessibilité du courrier électronique, associée

avec la nature de plus en plus active d’Internet. Les lecteurs, les auditeurs et les

observateurs sont devenus des utilisateurs.

Mais alors que cette transition a offert ce qui est en quelque sorte une expérience améliorée

pour le public, elle a également contribué à la normalisation et à l'uniformité du contenu.

Personne n’a le monopole de l’accès à l’information, elle est accessible à tout le monde et à

tout moment. C’est pourquoi, pour les grandes sociétés de médias aussi bien que pour les

petits éditeurs, l'avènement du numérique représente des défis communs pour tous, surtout

comment rester pertinent et rentable tout en se développant dans l'espace des médias

numériques. Il faut donc remettre en question la fonction du journaliste et sa position.

Cependant, jusqu'à présent les chercheurs en communication se sont d’abord concentrés

sur le brand journalism, le journalisme de marque. Ceci est la rencontre entre le journalisme

traditionnel et la communication commerciale, c’est-à-dire appliquer les règles du

journalisme aux stratégies de communication des entreprises car aujourd’hui toute entreprise

peut devenir média. Les études abordant la relation entre le journaliste et les supports

digitaux sont encore très rares. Ce manque de recherche peut être dû à la relative

nouveauté des médias d’information en ligne.

Cet article de recherche a pour objectif de mettre en lumière les démarches et les stratégies

de communication impliquant les médias sociaux et pouvant favoriser le développement et la

longévité des médias d’information sur un web devenu communautaire. Puis, à travers une

étude menée auprès d’un échantillon de journalistes et de chefs de rédaction, il proposera

des recommandations et des bonnes pratiques pour faire vivre le journalisme et les médias

d’information sur les supports digitaux.

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1. Etat des lieux

1.1 Vers une société numérique

Dans l’histoire de l’information et de la communication, peu de périodes ont vu autant de

changements que le XXème siècle. Internet s’est affirmé comme média complémentaire, à

l’influence incomparable. Créant un tout nouvel environnement, il marque la transition d’une

société industrielle à une société numérique fondée sur la connaissance. Au cours de cette

transition, les médias de masse ont perdu de leur pouvoir de contrôle des individus. Dans

son livre Droits et enjeux de la communication de 2013, Normand Landry relève que le

modèle vertical et unidirectionnel, de la communication, je parle et tu écoutes, a été

remplacé par un modèle horizontal et multidirectionnel dans lequel les personnes sont autant

producteurs que consommateurs de contenu. C’est cette rupture du paradigme de la

communication de masse qui a dominé l’ère industrielle.

Dans ce monde centré autour de l’utilisateur, les médias de masse sont remplacés par une

masse de médias, les médias traditionnels ne sont plus qu’un parmi tant d’autres. C’est un

processus clair de désintermédiation, les intermédiaires sont supprimés. Dans ce cas, les

utilisateurs n’ont pas besoin de journalistes pour rester informer ou pour faire entendre leur

voix. Ils ont le contrôle de ce qu’ils écoutent et voient, de plus, ils disent ce qu’ils veulent,

quand ils veulent et où ils veulent. Le journalisme n’est plus monopolisé par les journalistes

et les médias, tout le monde peut créer des médias. Cependant, cela ne signifie pas la fin du

journalisme, au contraire, c’est le début d’une ère nouvelle pour la démocratisation de

l’information.

1.2 Les médias sociaux, concepts et dimensions

Le phénomène des médias sociaux se fait une place dans notre société de manière

extrêmement rapide et par le biais de différents moyens. En 2009, Kaplan et Haenlein

expliquaient en détail leur essence même, leur sens et leur origine. Quand on parle des

médias sociaux, il est important de citer deux concepts reliés, le web 2.0 et le contenu

généré par les utilisateurs, ou en anglais User Generated Content (UGC).

Le web 2.0 est un terme apparu en 2004 pour illustrer la nouvelle façon dont les

développeurs de logiciels et les utilisateurs ont commencé à fonctionner avec le World Wide

Web. C’est une plateforme dont le contenu est modifié non pas par un seul individu mais par

tous les utilisateurs de manière collaborative, les blogs et les wikis en sont des exemples. Il

est considéré comme la plateforme à l’origine de l’évolution des médias sociaux (Kaplan,

Haenlein, 2009). Contrairement au web 2.0 définissant l’idéologie et les fondements

techniques des réseaux sociaux, le contenu généré par les utilisateurs représente les

moyens possibles par lesquels les médias sociaux peuvent être utilisés. Le terme est apparu

pour la première fois en 2005 afin d’expliquer la variété du contenu des médias créé pour les

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utilisateurs. Afin d'être considéré et confirmé en tant que tel, le contenu généré par

l'utilisateur doit remplir deux exigences, la première étant le contenu. Il doit être publié sur un

site web public ou sur un site de réseautage accessible à un groupe défini de personnes.

Deuxièmement, il doit user de créativité et être créé en marge des routines professionnelles

(Kaplan, Haeinlein, 2009).

Alors qu’en 1999, avant l’arrivée du web 2.0, Lemieux définissait les médias sociaux en tant

« qu’ensemble de relations entre un ensemble d’acteurs. Cet ensemble peut être organisé

(une entreprise, par exemple) ou non (comme un réseau d’amis) et ces relations peuvent

être de nature fort diverse (pouvoir, échanges de cadeaux, conseil, etc.), spécialisées ou

non, symétriques ou non », Kaplan et Haenlein les définissent dix ans plus tard comme « un

groupe d’applications en ligne qui se fondent sur la philosophie et la technologie du net et

permettent la création et l’échange du contenu généré par les utilisateurs ».

1.3 Ancien média et nouveau média

Aujourd’hui, la consommation d’information ne se fait pas de la même manière que quelques

années auparavant lorsque les personnes attendaient le journal papier du matin ou le journal

télévisé de 20h pour avoir les nouvelles fraîches de la journée. Plus récemment, un nombre

croissant de lecteurs, auditeurs et téléspectateurs se rendent sur internet pour trouver les

informations. La télévision, les journaux et la radio sont bien sûr toujours présents, mais ils

mènent une compétition croissante avec les médias interactifs en ligne.

Le web 2.0 donne un nouveau sens aux notions de partage, d’ouverture et de communauté.

Les éditeurs web créent des plateformes plus que du contenu lui-même. Facebook,

Instagram, Wikipedia et Youtube, pour n’en citer que quelque uns, illustrent la puissance du

web 2.0 à l’heure d’aujourd’hui, en particulier pour les utilisateurs de l’internet basique. Ils

créer et distribuent du contenu se caractérisant par une communication ouverte, la

décentralisation des pouvoirs, ainsi que la liberté de partager et de réutiliser du contenu.

Avec le web 1.0, l’éditeur web, de site d’information ou de site personnel, diffusait du

contenu sur un site internet dans le but d’être lu par les utilisateurs et l’échange s’arrêtait ici.

Le web 2.0 permet aux utilisateurs de commenter et d’ajouter du contenu eux-mêmes.

L’illustration ci-dessous, réalisée par le blog Aysoon, fait un comparatif des web 1.0 et 2.0,

elle explique en quoi les choses ont changé depuis l’évolution de la culture web. Le

webmaster et les interactions utilisateurs ne dépendent plus de moyens de communication

directs, ils se sont transformés en un tout nouveau système d’interaction sociale comprenant

les flux RSS et l’utilisation des réseaux sociaux.

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Web 1.0 et web 2.0

Les anciens médias, tels que l’édition, nécessitaient l’utilisation d’une imprimante papier. La

circulation de l’information était donc limitée à une fraction d’un espace géographique. La

diffusion via les radios et télévisions se basent sur des équipements coûteux pour

transmettre les signaux dans une région, un pays, ou dans le monde entier. Aujourd’hui,

lorsqu’un utilisateur se connecte à internet, il a accès à une plateforme à la fois libre et

gratuite. Supposant que les appareils sont eux-mêmes intelligents, un utilisateur peut

explorer et proposer du contenu sans l’approbation d’une tiers personne. Mais les nouvelles

technologies dans les médias n’ont pas seulement un effet révolutionnaire de par leur impact

sur le journalisme. La manière dont la grande majorité des médias publics et commerciaux

sont en train de changer est en en relation directe avec l’émergence du journalisme citoyen

et de la blogosphère indépendante. Ensemble, ils offrent la possibilité de transformer les

médias d’information en un espace d’information et de débat plus ouvert, plus fiable et plus

utile. Alors que l’information devient non-linéaire et open-source, le journalisme en lui-même

change, contestant la position des médias traditionnels en tant que seuls diffuseurs de

l’autorité et de l’objectivité.

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1.4 Médias sociaux, web 2.0 et information

Un profond changement est en marche dans l’industrie des médias, les médias personnels

se substituent peu à peu aux médias de masse. Auparavant, le journaliste suivait une piste

ou sortait dehors pour trouver son histoire. Aujourd’hui, beaucoup d’histoires sont trouvées à

la seule aide d’internet à travers des publications Facebook ou Twitter. Lorsque l’histoire est

attribuée au journaliste, elle est déjà publique dans l’univers des médias sociaux. Le

journaliste doit prendre cela en considération et trouver un angle différent et inexploité pour

intéresser le public.

Quant aux notions de scoop ou de breaking news, beaucoup de pistes sont désormais

basées sur les recherches populaires des moteurs de recherche tels que Google et Bing, ou

sur les sujets tendances des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter. Ces nouvelles

pratiques changent radicalement le concept de scoop. Les journalistes sont forcés

d’accélérer le processus journalistique traditionnel car les utilisateurs attendent leurs

informations en temps réel. Le risque étant de se faire devancer par la concurrence, ou bien

même d’être perçu comme lent par le public. Il est devenu nécessaire de délivrer

l’information à l’audience le plus vite possible, dès qu’elle est disponible, l’attente est

devenue un luxe. Traditionnellement, les médias se concurrencent pour sortir l’information,

mais aujourd’hui, ils risquent plus souvent de se faire devancer par des amateurs tels que

les boggeurs, les adeptes des réseaux sociaux ou encore les journalistes citoyens.

Alors que le paysage technologique actuel est prometteur et présente de nombreuses

opportunités pour l’information, il comporte également de nombreux pièges potentiels. Pour

ne pas tomber dans ces pièges, il faut être objectif et savoir démêler le vrai du faux et éviter

les canulars.

Les médias sociaux ainsi que les applications web 2.0 telles que les blogs et Google ont

changé l'industrie de l’information et la pratique du journalisme. Elles présentent des

possibilités révolutionnaires, mais aussi un risque élevé de commettre des erreurs. Les

médias sociaux et le web 2.0 soumettent les journalistes à des challenges jamais vus

auparavant. L’accès est facilité puisque chaque personne possédant un ordinateur, un

smartphone ou une tablette peut désormais être éditeur de contenu en ligne. Ils peuvent

blogger, tweeter, poster à n’importe quelle heure et à n’importe quel endroit. L’étude des

médias sociaux est particulièrement intéressante dans le champ du journalisme car leur

influence en tant qu’outil de communication est indéniable. Par exemple, en juillet 2009, un

utilisateur de Twitter a devancé la majorité des grands médias internationaux en annonçant

le premier les attentas de Jakarta.

Une enquête réalisée en 2016 par Institut Reuteurs, spécialiste de l’étude du journalisme,

révèle que sur 50 000 personnes interrogées à travers le monde, la moitié utilise les réseaux

sociaux comme source d’information. Aussi, plus de 10% déclarent les utiliser comme

principale source d’information, Facebook étant de loin le réseau le plus privilégié.

10

Utilisation des smartphones pour la recherche d’information

Le graphique ci-dessus, réalisé par l’Institut Reuteurs, met en évidence l’utilisation croissante

des smartphones ces dernières années pour la recherche d’information. En France, en

l’espace de cinq ans, entre 2012 et 2015, le pourcentage d’utilisation des smartphones pour

la recherche d’information est passé de 28 à 42. Cette augmentation est similaire chez tous

les pays interrogés, ce n’est donc pas un phénomène propre aux français ou européens

mais bien un phénomène mondial.

1.5 Médias sociaux et pratique du journalisme

L’industrie des médias est en constante évolution, de ce fait, elle essaye de suivre les

avancées technologiques du web 2.0, même celles en cours de développement. Alors que

les médias sociaux et les applications 2.0 ont ouvert la voie à de nouvelles opportunités pour

l’industrie, ils soulèvent également la question d’une crise professionnelle pour les

journalistes.

Pour le journaliste, la nouvelle norme est de faire beaucoup plus avec beaucoup moins. Ils

sont maintenant tenus de soumettre des articles visant la publication sur de multiples

plateformes, télévision, radio, internet, impression. Dans le paysage médiatique actuel, il est

essentiel pour le journaliste de se diversifier et d’être polyvalent. Pour les médias, la

convergence est devenue une stratégie commune, ils prennent conscience qu’il est

impossible de tout faire soi même. Un média ne peut pas traiter lui-même tout le flot

d’information dans la sphère des médias sociaux, ainsi, les partenariats sont devenus

courants.

11

2. Méthodologie

Une méthodologie de recherche qualitative sera utilisée pour cette étude. Selon Du Plooy

(1997), une recherche qualitative fournit souvent une connaissance plus approfondie du

sujet et permet au chercheur d’avoir une vision de l’intérieur. Le questionnaire sera l’outil

utilisé pour cette étude, il permet de recueillir des informations à partir d’un groupe de

personnes pour ainsi décrire leurs capacités, leurs opinions, leurs croyances et leurs

connaissances envers le sujet défini.

Les participants à cette étude ont été choisis pour leur statut de représentant de l’industrie

du journalisme. En tant que directeurs ou rédacteurs, il est à espérer que leurs opinions

donneraient un aperçu légitime de l’utilisation actuelle des médias sociaux et leur impact du

point de vue de l’utilisateur et dans les salles de rédaction. Les personnes sélectionnées

pour répondre à l’étude se positionnent en tant qu’expert et sont donc en mesure de

répondre efficacement aux questions considérées.

De nombreuses études décrivent l’évolution des modes de consommation de l’information, le

taux d’adoption des médias sociaux et leurs avantages comme outils d’information.

Cependant, les croyances des journalistes concernant les médias sociaux et leur utilisation

spécifique en tant qu’outils journalistiques restent en grande partie inexpliquée.

C’est pourquoi, cet article de recherche tente de répondre à plusieurs questions :

Question 1 : que pensent les journalistes de l’utilisation des médias sociaux dans leur

travail ?

Question 2 : comment les journalistes utilisent les médias sociaux dans leur travail ?

Question 3 : quelles directives doivent suivre les journalistes avec l’utilisation des médias

sociaux ?

Question 4 : pourquoi certains journalistes rejettent l’utilisation des médias sociaux ?

Les données de cette étude ont été collectées auprès de journalistes francophones en

France et en Espagne. Les répondants faisaient tous partie de journaux ou magazines basés

dans des métropoles telles que Paris, Lyon, Barcelone, Valence ou Madrid. Au total, 129

journalistes et directeurs de rédactions ont été invités à participer à l’étude, par le biais du

réseau social LinkedIn ou à par mail à l’aide de contacts personnels, 43 ont répondu

favorablement. Les données ont été recueillies auprès de journalistes issus de la presse

généraliste puisqu’ils traitent de sujets différents au quotidien. Ils seraient donc plus

susceptibles de mettre en valeur les forces et les faiblesses des réseaux sociaux. Toutes les

données ont été récoltées entre juillet et septembre 2016.

12

3. Analyse des résultats

3.1 Collecte des données socio-démographiques

Le questionnaire a été réalisé à l’aide de l’outil Google Forms de Google, dont chacune des

questions étaient à réponse obligatoire. La première partie de l’enquête portait sur les

caractéristiques des répondants, afin de collecter les données socio-démographiques des

participants. Cette première phase est importante pour la suite, elle permet de déterminer si

l’échantillon est représentatif de la population et donc si l’étude est viable.

Ainsi, la première question concernant le sexe, sur les 43 personnes interrogées, 25 sont

des hommes et 18 sont des femmes. De plus, 14 appartiennent à la catégorie 18-24 ans, 18

appartiennent à la catégorie 25-39 ans, et enfin, 11 ont 40 ans ou plus. La troisième question

portait sur le niveau d’éducation des questionnés, 2 n’ont pas de diplôme, 10 ont un niveau

baccalauréat, 17 ont un niveau licence, et 14 ont un niveau master ou plus (voir tableau 1).

Tableau 1 : niveau d’éducation des personnes interrogées

3.2 Evaluation des réseaux sociaux les plus utilisés

La seconde partie de l’étude cherchait à déterminer quels réseaux sociaux étaient les plus

utilisés pour la recherche et le partage d’informations. Les questions impliquaient la

couverture d’un événement récent et non-local puisque bien que francophones, les

personnes interrogées exercent le métier de journalistes dans deux pays différents, la

France et l’Espagne. Ainsi, l’événement choisi est le Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne

de l’Union européenne votée le 23 juin 2016. A la question, « quel(s) réseaux social avez-

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vous le plus utilisé pour vous informer lors de cet événement ? », Twitter arrive en première

position avec 86%, Facebook arrive en seconde position avec 71% (voir tableau 2).

Tableau 2 : réseaux sociaux les plus utilisés lors du Brexit

De même, 76% des journalistes interrogés avouent avoir utilisé le réseau Twitter pour

diffuser de l’information lors du Brexit. L’étude a révélé plusieurs raisons à cela. Tout

d’abord, pour certaines organisations, le but principal à l’utilisation de Twitter est la

promotion de contenu papier ou en ligne (Blasingame, 2011). Aussi, Twitter est l’outil parfait

pour couvrir l’actualité, il permet aux médias d’être à jour et donc de concurrencer la

télévision (Ahmad, 2010). De plus, si le journaliste possède une communauté partageant des

intérêts communs, ils peuvent rapidement fournir des réponses aux questions posées et

peuvent être d’une grande aide dans la recherche de sources. Trouver des sources peut être

une perte de temps considérable pour un journaliste de la vieille école, un journaliste utilisant

Twitter peut les trouver en quelques minutes. Le réseau social permet également d’entamer

la conversation avec les utilisateurs et ainsi les fidéliser. Enfin, un tweet possédant un lien

vers un site internet génère du trafic, les lecteurs cherchent à en savoir plus que les 140

caractères autorisés.

La plupart des journalistes interrogés affirment que l’aspect le plus intéressant dans

l’utilisation des réseaux sociaux comme distributeur de contenu est l’atteinte du public. L’outil

vidéo en direct lancée par Facebook cette année permet aux utilisateurs de suivre l’actualité

en temps réel et de se sentir plus proche des journalistes. Aussi, les tendances, les hashtags

14

et les recherches avancées du réseau social Twitter rassemblent les communautés autours

d’un même intérêt en peu de temps.

Concernant les risques pris par les individus et les organisations lors de la diffusion

d’information sur les réseaux sociaux, tous s’accordent à dire que l’exactitude du contenu est

le risque principal. Le manque de contrôle sur l’information et le besoin de vérification en

sont la source, un journaliste confie que « le risque principal à l'utilisation des réseaux

sociaux pour la collecte d’information est l'exactitude. Quant à la distribution du contenu,

vous perdez le contrôle de vos informations à chaque étape de la transmission. Les gens

condensent, déforment, interprètent et commentent tout au long du processus ».

Tableau 3 : utilisation des réseaux sociaux par les journalistes

Les réponses au questionnaire ont également identifié trois utilisations principales des

réseaux sociaux par les journalistes (voir tableau 3).

- Gérer son image en étant présent sur internet

- Générer du trafic vers un site personnel ou d’entreprise

- Faire de la veille afin d’être à jour sur les dernières actualités

Ainsi, plus de trois-quarts des personnes interrogées, 77,5%, s’accordent à dire que les

réseaux sociaux participent à l’élaboration d’un « meilleur journalisme », ils sont devenus un

15

outil important pour la promotion de l’actualité dans le futur. 15% pensent qu’ils ne sont pas

utiles pour l’instant mais le seront dans le futur, et seulement une minorité ne sont pas

certains de l’importance des réseaux sociaux (voir tableau 4).

Perception de l’utilité des réseaux sociaux dans le domaine du journalisme

%

1 Très utiles dès aujourd’hui 77,5

2 Seront utiles dans le futur 15

3 Ne se prononcent pas 7,5

Tableau 4 : perception de l’utilité des réseaux sociaux

3.3 Les blogs dans le journalisme

Le dictionnaire Larousse définit le blog comme un « site web au contenu textuel court qui

permet de communiquer en temps réel, notamment depuis un téléphone mobile, une

messagerie instantanée ». Selon Duffy et Bruns (2006), l’activité de publier sur un blog, un

service en ligne permettant aux utilisateurs de créer facilement un site web personalisé dans

le but de maintenir de publier régulièrement, s’appelle le blogging. Dans sa forme la plus

simple, le blog est un site web contenant des entrées datées et présentées dans un ordre

chronologique inversé. L’auteur d’un blog est le blogueur, alors que le fait d’écrire un blog se

nomme bloguer.

L’étude a également révélé que le fait de bloguer est une activité populaire chez les

journalistes interrogés. Le nombre de journalistes possédant leur propre blog ou écrivant sur

d’autres blogs est assez élevé. Près de la moitié des personnes interrogées, soit 45%,

entretiennent leur propre blog, et 49% participent à l’écriture de blogs d’autrui. La majorité

étant des journalistes de presse écrite. Leur plus grande motivation est la capacité à être

subjectif concernant les sujets évoqués par leurs propres médias. Plus de la moitié des

journalistes de blogs avouent posséder un blog dans le but d’exprimer leurs sentiments sur

les sujets d’actualités, c’est d’ailleurs la raison principale (voir tableau 5).

16

Tableau 5 : Motivation à posséder un blog

17

4. Discussion

4.1 Nouvelle tendance, l’équipe d’un seul

Les résultats de l’étude suggèrent que les journalistes commencent à tirer parti des médias

sociaux pour recevoir, rassembler et distribuer de l’information eux-mêmes. Certains pigistes

ont indiqué qu’il est encore difficile de trouver un emploi ou de promouvoir leur travail à

travers les médias sociaux, la plupart comptent encore sur des contacts professionnels ou

personnels. Certains pensent également que la classification en tant que journaliste papier

ou en ligne appartiendra bientôt au passé. Ces jours-ci, ils écrivent et produisent du contenu

aussi bien pour l’impression, la télévision, la radio et internet, en particulier les journalistes

appartenant à des conglomérats de presse. La tendance est au journalisme digital, une

équipe constitué d’un seul homme portant le micro, la caméra, l’appareil photo, l’ordinateur

portable et les lumières.

Les médias changent avec le temps et les journalistes s’en rendent compte. Le journalisme

doit évoluer au même titre que la technologie et la culture. La plupart des personnes

interrogées disent ne pas s’inquiéter de cette transition, beaucoup d’entre eux s’y préparent

d’ors et déjà par l’apprentissage de nouvelles compétences.

4.2 Vers une dépendance envers les médias sociaux

Djerf-Pierre, Ghersetti et Hedman examinent un certain nombre de questions telles que

l’usage des médias sociaux par les journalistes et leurs changements à travers le temps,

leurs usages en fonction de la situation personnelle de l’utilisateur, etc. En 2012 et 2014, les

auteurs ont mené une enquête avec des journalistes suédois. Ils ont constaté que l’utilisation

journalistique des médias sociaux a légèrement augmenté entre ces deux années. Ces

résultats montrent que leur usage dans le journalisme sont en constante évolution. Plusieurs

facteurs influencent le type et le niveau d’usage journalistique des médias sociaux. Par

exemple, un journaliste ayant de solides connaissances sur un sujet aura un avantage

conséquent. Les organisations utilisent cet avantage afin d’augmenter l’effet de réseau et

ainsi se positionner sur plusieurs sujets.

Une enquête menée par l’agence de relations publiques Cision en 2010 révèle qu’une

majorité de journalistes et rédacteurs dépendent aujourd’hui de sources provenant des

médias sociaux lors de la recherche de sujets. Par exemple, parmi les journalistes

interrogés, 89% disent se tourner vers les blogs et 52% vers les plateformes de

microblogging telles que Facebook, LindedIn et Twitter. Le sondage a également révélé que

61% des sondés se réfèrent à l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Bien que les résultats

démontrent une croissance rapide des médias sociaux comme source d’information pour les

journalistes, ils révèlent également le besoin de vérification récurent lors de leur utilisation.

18

84% des sondés ont avoué des sources émanant de médias sociaux étaient «un peu moins»

ou «beaucoup moins» fiable que des sources traditionnels.

19

5. Conclusion

Les résultats de l'étude montrent avec peu de doute le rôle important qu’ont les médias pour

l'avenir du journalisme.

Les répondants ont identifié diverses utilisations journalistiques des médias sociaux. Ils sont

utilisés pour distribuer de l’information, en tant que source d’idées et d’informations, et ils

fournissent également des feedback de la part des utilisateurs. Ils contribuent aussi à la

promotion du travail, et ils participent à la construction d’une communauté d’utilisateurs se

sentant connecté au journaliste et à son organisation.

Après cette étude, il est évident que les médias sociaux facilitent un type de journalisme où

le public est d’avantage impliqué dans le processus de création de contenu, où les

commentaires et critiques se font en temps réel et où les utilisateurs ont la chance d’interagir

les uns avec les autres. Ces interactions pourraient potentiellement créer de nouvelles

expériences plus riches pour l’utilisateur, en particulier envers les médias traditionnels où

une communication à sens unique est souvent privilégiée.

Bien que les agences de presse les utilisent pour diffuser l’information, tels qu’ils sont

aujourd’hui, ces outils ne facilitent pas un journalisme impartial et informé, ils ne sont pas

faits pour cela. Cependant, la valeur réelle des médias sociaux réside dans leur inter

connectivité. En se connectant sur les bons canaux, un journaliste peut trouver une source

dans n’importe quel domaine et donc trouver les dernières informations tout en échangeant

avec les lecteurs sur le sujet.

Un des changements les plus importants dû à la montée d’internet dans la sphère du

journalisme est l’augmentation de la charge de travail pour les journalistes (Bakker, 2002). Ils

doivent être de plus en plus flexibles et polyvalents. En raison des réorganisations courantes

dans l’industrie, l’efficacité et la réduction des coûts sont des caractéristiques du journalisme

contemporain à ne pas négliger.

Comprendre comment les journalistes s’adaptent aux technologies en ligne est une étape

importante pour comprendre comment le champ peut rester pertinent et utile à son public. En

apprenant comment les lecteurs utilisent les technologies telles que les médias sociaux, les

journalistes peuvent adapter leur processus afin de répondre à leurs attentes. Le flux

d’information se déplace rapidement, aussi, le contenu est fournit par toute personne ayant

une connexion internet. En apprenant à travailler avec les lecteurs, les journalistes peuvent

s’adapter à leurs changements d’identités.

Cette étude fournit un point de départ pour les journalistes souhaitant augmenter leur

éfficacité sur les médias sociaux, en adoptant les bonnes pratiques identifiées par d’autres

journalistes. Cela peut se faire petit à petit, poser des questions ou réagir aux commentaires

des lecteurs. Tout ceci peut les aider à bénéficier du potentiel croissant des médias sociaux.

Cependant, des recherches plus approfondies peuvent être faites afin de définir des moyens

de surmonter la peur de l’engagement de certains journalistes.

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6. Références

Articles

Aubert A. (2009). Le paradoxe du journalisme participatif. Motivations, compétences et

engagements des rédacteurs des nouveaux médias. Terrains & travaux, 15, 170-190.

Bakker, P. (2008). The simultaneous rise and fall of free and paid newspapers in Europe.

Journalism Practice, 2(3), 427–443.

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