Journée mondiale de lutte contre le paludisme

25 avril 2015

Communiqué de presse | 23 avril 2015 La journée mondiale de lutte contre le paludisme sera célébrée le 25 avril 2015. A cette occasion, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à un engagement de la communauté internationale pour vaincre cette maladie parasitaire responsable de près de 600 000 décès dans le monde en 2013. Mobilisé depuis plus de 50 ans dans la lutte contre ce fléau, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) souhaite sensibiliser le grand public aux recherches conduites avec ses partenaires pour améliorer le diagnostic, la prévention, les stratégies de lutte antivectorielle et les traitements. Un enjeu de santé publique mondial Le paludisme est une maladie transmise à l’homme par la piqure de moustiques du genre Anopheles infectés par des parasites, les Plasmodium. Responsable de plus de 198 millions de cas et de 584 000 décès par an, principalement chez les enfants en Afrique subsahariennei

Alors que des progrès notables ont été enregistrés au niveau mondial - baisse de 47 % du taux de mortalité par rapport à 2000 - les efforts doivent se poursuivre pour atteindre les objectifs fixés par l’OMS pour 2030 - diminuer de 90 % le nombre de cas et de décès dus au paludisme. La recherche joue un rôle majeur dans le combat contre cette maladie, en améliorant des traitements et les stratégies de lutte contre les vecteurs.

, le paludisme reste un problème de santé publique majeur. Il constitue également un frein au développement économique et social des pays du Sud.

Une lutte sur plusieurs fronts Les équipes de l’IRD collaborent avec leurs partenaires des pays du Sud, en Afrique subsaharienne - Sénégal, au Cameroun, au Burkina Faso, au Bénin et en Côte d’Ivoire - et en Asie du Sud-Est - Thaïlande, Laos, Cambodge -, pour proposer de nouvelles stratégies de lutte contre cette maladie en constante évolution. Pluridisciplinaires, les recherches visent à :

• Comprendre la maladie et identifier les populations cibles :

L’épidémiologie permet de mieux connaître la répartition, la fréquence et la prévalence de la maladie, afin d’identifier les individus qui doivent être protégés en priorité. Les facteurs climatiques et anthropologiques susceptibles de favoriser la propagation du paludisme sont aussi étudiés, pour élaborer des modèles d’analyse et de prédiction de la distribution spatiotemporelle de la maladie.

• Améliorer le diagnostic de la maladie :

Diagnostiquer rapidement les infections palustres s’avère essentiel dans la lutte contre le paludisme. Actuellement, le diagnostic repose principalement sur l’examen par microscopie d’échantillons sanguins (goutte épaisse) et sur l’utilisation de tests de diagnostic rapide (TDR) recommandés par l’OMS. Mais ces techniques manquent de sensibilité, notamment pour déceler les faibles concentrations de parasites dans le sang.

Lutte contre le paludisme : l’IRD mobilisé

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Pour faire face à ce problème, les chercheurs de l’IRD testent l’efficacité de nouvelles méthodes de diagnostic, comme les techniques de biologie moléculaire (amplification en chaîne par polymérase) ou de spectrométrie de masse. Un autre projet vise à développer, en partenariat public/privé, un appareil numérique permettant un comptage plus facile et plus fiable de la densité parasitaire chez les personnes infectées.

• Améliorer la prévention en luttant contre les moustiques :

La lutte antivectorielle vise à détruire ou repousser le moustique à l’origine de la transmission du parasite. Elle passe par l’élimination des larves ou des insectes adultes. L’IRD possède une expertise de longue date internationalement reconnue dans ce domaine. Mises au point par ses chercheurs, les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont aujourd’hui largement utilisées et demeurent un instrument incontournable de prévention de la maladie. Cependant, la recherche est confrontée au développement des résistances aux pyréthrinoïdes, principale famille d’insecticides utilisée. Les équipes de l’IRD tentent de développer des moustiquaires imprégnées de répulsifs associés à des insecticides non pyréthrinoïdes, moins polluants et à un coût

raisonnable. Par ailleurs, les chercheurs s’intéressent à la biologie et la génétique des moustiques vecteurs. En effet, la connaissance de ce matériel génétique améliore la compréhension des mécanismes d’adaptation des vecteurs à l’homme et à leur environnement. Elle est indispensable pour contrôler la transmission du paludisme. Enfin, des chercheurs ont mis au point des marqueurs de piqûres de moustiques (anticorps dirigés contre les protéines de la salive du moustique) extrêmement utiles dans l’évaluation de la lutte antivectorielle.

• Utiliser le moustique pour tuer le parasite : De recherches exploratoires se consacrent actuellement aux interactions entre le moustique et le parasite, à travers l’étude de l’immunité du moustique et celle des stratégies évolutives des parasites. Elles ouvrent la voie à la lutte génétique, prometteuse pour l’avenir.

• Mettre au point de nouveaux traitements : La résistance aux antipaludéens est un problème récurrent, particulièrement en Afrique subsaharienne. Dès l’apparition des résistances à la chloroquine, traitement le plus répandu dans les années 90, les chercheurs de l’IRD se sont tournés vers des associations médicamenteuses, principalement les bithérapies. Les associations de médicaments contenant de l’artémisinine et ses dérivés sont aujourd’hui les antipaludiques à action très rapide les plus efficaces et les mieux tolérés. Cependant, leur coût important et l’apparition de résistances en Asie du Sud-Est conduisent les chercheurs à mettre au point de nouveaux traitements, en explorant notamment l’efficacité des remèdes traditionnels. Par ailleurs, des chercheurs de l’IRD cherchent à limiter la transmission mère/enfant. Plusieurs pistes pour prévenir le paludisme de la femme enceinte sont explorées, notamment la mise au point d’un vaccin, à l’étude au Bénin. Des structures en partenariat national et international La lutte contre le paludisme est conduite en partenariat, aux niveaux régional, national et international. Ainsi, les chercheurs de l’IRD participent à différentes infrastructures, comme par exemple :

• Le Centre national d'expertise sur les vecteurs (CNEV), à Montpellier

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• La Plateforme régionale de recherche sur les maladies infectieuses transmissibles et émergentes en Asie du Sud-Est (PRR-Asie)

• Le Centre international de recherche médicale de Franceville (CIRMF) au Gabon • Le laboratoire mixte international (LMI) « Maladies à vecteurs en Afrique de l'Ouest » (LAMIVECT), au

Burkina Faso • Le Centre de lutte contre le paludisme (CLIP) et le laboratoire de lutte intégrée contre le paludisme (LMI

LLIP) au Bénin Des résultats de recherche récents

• Le maintien de la prévalence de l’infection chez le moustique favorise la transmission à l’homme

Des chercheurs de l’IRD, en collaboration avec l’Imperial College de Londres, ont analysé les données collectées pendant prés de 20 ans à Dielmo, au Sénégal, entre 1990 et 2008, date de mise en place de stratégies de lutte antivectorielle. Ils ont mis en évidence un paradoxe : alors que la prévalence de l’infection palustre chez les sujets humains a fortement baissé au cours des deux dernières décennies – passant de 70 % à 20 % -, la prévalence d’infection chez les moustiques vecteurs est restée constante. Ces résultats révèlent un frein à l’efficacité des campagnes de lutte contre le paludisme menées sur le terrain. En effet, le maintien de l’infection chez les moustiques favorise la stabilité de la transmission et complique le contrôle du paludisme. Ils confirment l’intérêt des stratégies de lutte visant à bloquer la transmission de l’homme aux moustiques (médicaments ou vaccins). Référence

: T.S. Churcher et al. Human-to-mosquito transmission efficiency increases as malaria is controlled, Nature Communications, 2015. Doi:10.1038/ncomms7054

• L’impact des infections palustres submicroscopiques pendant la grossesse confirmé Une étude scientifique conduite au Bénin par des chercheurs de l’IRD et du Centre d’étude et de recherche sur le paludisme associé à la grossesse et à l’enfance (CERPAGE, Bénin) confirme les impacts néfastes des infections palustres submicroscopiques pendant la grossesse : anémie maternelle, naissances prématurées et faible poids de naissance des enfants. Les chercheurs montrent par ailleurs que les techniques de biologie moléculaire s’avèrent plus sensibles que les

examens microscopiques classiques pour diagnostiquer les infections palustres, avec 40 % des infections détectées pour les premières, contre 16 % pour les secondes. Référence

doi: 10.1093/cid/civ122 : Cottrell G. et al. Submicroscopic Plasmodium falciparum infections are associated with maternal

anemia, premature births and low birthweight, Clinical Infectious Diseases , 2015.

• Paludisme : un nouveau traitement pour retarder les résistances Afin de retarder l’apparition de parasites résistants aux médicaments, il est essentiel de ne pas constamment exposer le pathogène aux mêmes molécules. Pour ce faire, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires camerounais de l’OCEAC testent de nouveaux traitements. Ils viennent de montrer l’efficacité d’une bithérapie, qui associe l’artésunate (un dérivé de l’artémisinine préconisée par l’OMS) à la Malarone® (ou Malanil®). Cette dernière était administrée jusqu’à présent uniquement en prophylaxie chez les voyageurs ou en traitement dans les pays développés, du fait de son prix élevé. La tombée dans le domaine public de son brevet en 2013 permet d’envisager son utilisation thérapeutique pour les populations en zone d’endémie.

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Référence

: R. Tahar et al. Randomized trial of artesunate-amodiaquine, atovaquone-proguanil, and artesunate-atovaquone-proguanil for the treatment of uncomplicated falciparum malaria in children. Journal of Infectious Diseases ,2014: 1962–1971. doi:10.1093/infdis/jiu341

• Lutte contre le paludisme : 16 nouveaux génomes de moustiques séquencés Le génome complet de 16 espèces d'anophèles originaires des cinq continents vient d’être séquencé. Dix ans de recherches ont permis à un consortium international, coordonné par l'Université du Michigan et l'Université de Notre Dame (Etats-Unis) et associant des chercheurs de l’IRD et de l’Inserm, de séquencer l’ADN de ces moustiques, vecteurs du paludisme. Ces résultats ouvrent la voie au développement d’études de génomique comparative et permettront d’améliorer les stratégies de lutte

antivectorielle, incontournables pour contrôler la maladie en l’absence de vaccin. Références

MC. Fontaine et al. Extensive introgression in a malaria vector species complex revealed by phylogenomics, Science Express, 27 novembre 2014. Doi:10.1126/science.1258524

: DE. Neafsey et al. Highly evolvable malaria vectors : the genomes of 16 Anopheles mosquitoes, Science Express, 27 novembre 2014. Doi:10.1126/science.1258522

Sélection de ressources documentaires

• Retrouvez la sélection de photographies libres de droit pour la presse

• Exposition Vaincre le paludisme : un défi pour la recherche

• Ouvrages aux éditions de l’IRD Des moustiques et des hommes La lutte antivectorielle en France

Initiation à la génétique des populations naturelles Protection personnelle antivectorielle

• Films IRD et vidéos en ligne Canal IRD Alerte moustiques

Paludisme, le serial killer L’IRD se mobilise contre le paludisme

L’insecte vecteur pique toujours deux fois

• Journal Sciences au Sud Irréductible moustique Peut-on éradiquer le paludisme à moyen terme ?

Retrouvez toutes les ressources de l’IRD sur le site internet de l’IRD, rubrique Médiathèque.

Laboratoires de recherche

→ Maladies infectieuses et vecteurs, écologie, génétique, évolution et contrôle (MIVEGEC) → Mère et enfant face aux infections tropicales (MERIT) → Pharmacochimie et pharmacologie pour le développement (PHARMA-DEV) → Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (URMITE)

Contact presse

→ IRD siège : Cristelle Duos | presse@ird.fr | T : (+33) 04 91 99 94 87

i Source : OMS, 2013

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