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7 JOURNÉES D’ARCHÉOLOGIE EN WALLONIE NAMUR 2017 JAW 2017 NAMUR 23~24 NOV. ‘17

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JOURNÉES D’ARCHÉOLOGIE EN WALLONIENAMUR 2017

JAW 2017NAMUR 23~24 NOV. ‘17

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RappoRtsaRchéologie

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éDiteUR RespoNsaBlepierre paquet,

inspecteur général f.f.

cooRDiNatioN éDitoRialeMadeline VotioN

coNceptioN gRaphiQUe De la collectioN

Ken Dethier

Mise eN pageJean-François lemaire

iMpRiMeRieNuance 4, Naninne

coUVeRtUReR. gilles, © archeolo-J

Détail de l’anse d’un vase trouvé à la Villa gallo-romaine « sur le hody » à hamois

collectif 2017, Pré-actes des Journées d'Archéologie en Wallonie, Namur 2017, Namur, service public de

Wallonie (Rapports, archéologie,7).

En cas de litige, Médiateur de Wallonie : Marc Bertrand

tél. : 0800.191.99 — le-mediateur.be

AvertissementDepuis le 1er août 2008, les nouvelles appellations « service

public de Wallonie. Direction générale opérationnelle de l’aménagement du territoire, du logement, du patrimoine et de

l’énergie. Département du patrimoine » remplacent « Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l’aménagement du

territoire, du logement et du patrimoine. Division du patrimoine ».

tous droits réservés pour tous paysNo de dépôt légal : D/2017/11802/72

La série ARCHÉOLOGIE de la collection RAPPORTS est une publication

du DÉPARTEMENT DU PATRIMOINE (spW/Dgo4)

service public de WallonieDirection générale opérationnelle

de l’aménagement du territoire, logement, patrimoine et énergie

Département du patrimoinepierre paquet, inspecteur général f.f.

Rue des Brigades d’irlande, 1-3B - 5100 Jambes

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collectif

RAPPORTS, Archéologie, 7

Namur, 2017

Service public de WallonieDirection générale opérationnelle de

l’aménagement du territoire, logement, patrimoine et énergie

Département du patrimoine

pRé-actes Des JoURNées D'aRchéologie eN WalloNie,

NaMUR 2017

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Sommaire

CHaPiTre 1 : CommuNiCaTioNS 11Archéologie préventive sur lA plAce de Moustier-sur-sAMbre 11Élise Delaunois

Fouilles préventives sur le site des « hAleurs » à Ath 13Isabelle Deramaix, Solène Denis, Olivier Collette, Ivan Jadin, Anne-Lise Sadou et Martin Zeebroek

Fouilles dAns lA zone AéroportuAire de bierset : cAMpAgne 2017 14Sophie De Bernardy de Sigoyer, Claire Goffioul et Jean-Philippe Marchal

intervention Archéologique dAns le châteAu de MirwArt (sAint-hubert) 16Denis Henrotay

lA déMAtériAlisAtion de lA source MonuMentAle : reconstruction des ArcAdes de l'Ancienne phArMAcie de l'AbbAye de brAbAnt à villers-lA-ville 17Romuald Casier

le cloître de l'AbbAye de leFFe (dinAnt) 19Patrice Gautier, Louise Hardenne et Christophe Maggi

en MArches… les cAves du châteAu de wAlhAin, leur Apport à lA coMpréhension du site 22Laurent Verslype et Erika Weinkauf

preMiers résultAts des exAMens Archéologiques Au cloître sAint-JeAn à liège 25Denis Henrard, Caroline Bolle, Geneviève Coura et Guillaume Mora-Dieu

lA neF de lA collégiAle notre-dAMe à dinAnt : dérouleMent du chAntier et nouvelles hypothèses chronologiques 28Aline Wilmet et Antoine Baudry

les sondAges MécAniques à herMAlle-sous-ArgenteAu : Méthodologie et preMiers résultAts 30Mona Court-Picon, Paul Spagna, Stéphane Pirson et Pierre van der Sloot

coMMent évAluer le potentiel Archéologique d’un vAste territoire boisé Avec peu de Moyens ? le doMAine du bois d’Arlon 33 Olivier Collette et Christelle Draily

les therMes de wArcq, preMiers résultAts 34Julien Bruyère

teMples d'Angkor: une contribution de l'Archéologie wAllonne 36Olivier Collette

Intra muros. les preMiers enseigneMents de l’exploitAtion du Fonds André d'hAyer (Asbl pAsquier grenier) 37Laurent Verslype, Céline Hermans et Fabienne Vilvorder

lA dendrochronologie et l'Archéologie du bois à l'irpA, bilAn et perspectives en région wAllonne 39Pascale Fraiture, Sarah Crémer, Christophe Maggi et Armelle Weitz

réinterprétAtion et nouvelles pAges d'histoire pour lA chApelle sAinte-odile, AncienneMent sAint-reMi, d'hAMerenne (rocheFort) 42Christian Frébutte

preMiers résultAts de l'étude Anthropologique des squelettes de lA chApelle sAinte-odile de hAMerenne (rocheFort) 47Hélène Déom

Fouilles Archéologiques Au croiseMent des rues des sœurs et du culot à quévy-le-grAnd (2015–2016) 49Véronique Danese, Corentin Massart et Benjamin Van Nieuwenhove

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un Four de potier du preMier Moyen âge à quévy-le-grAnd. structure et production 52Sylvie de Longueville, Véronique Danese, Corentin Massart et Benjamin Van Nieuwenhove

les puits du châteAu renAud à virton. deux enseMbles de MAtériel exceptionnels de l'Antiquité tArdive 53Frédéric Hanut et Philippe Mignot

l'origine de liège 55Marcel Otte

diAgnostic et Fouille Archéologique dAns le zoning du crAchet à FrAMeries : hAbitAt et toMbe à enclos circulAire du second âge du Fer Au lieu dit « belle vue ». 56Nicolas Authom, Marceline Denis et Alain Guillaume

explorAtion de cAMpeMents MilitAires liés Aux sièges de lA ville de Mons (Fin 16e–18e siècle ?), Au site « belle-vue » à FrAMeries 58Nicolas Authom et Marceline Denis

les stAtuettes de divinités gAllo-roMAines en AlliAge cuivreux de wAllonie : inventAire et AnAlyse 59Nicolas Paridaens, avec la collaboration d'Antoine Darchambeau

hAvelAnge/Flostoy : lA villA gAllo-roMAine de « lizée » et son Four de potier 60Sophie Lefert et Frédéric Hanut

lA cérAMique du ciMetière Mérovingien de viesville (pont-à-celles, ht) 63Line Van Wersch et Gaëlle Dumont

le grognon, à nAMur : coMpte-rendu et preMiers résultAts en cours d'opérAtion 64Dominique Bosquet, Raphaël Vanmechelen, Antonin Bielen, Élise Delaunois, Céline Devillers, Pierre-Benoît Gérard, Carole Hardy, Ignace Incoul, Philippe Lavachery, Sophie Loicq, Fanny Martin, Amandine Pierlot, Stéphane Ritzenthaler, Jonathan Robert, Julie Timmermans, Muriel Van Buylaere, Charlotte Van Eetvelde et Nelly Venant

le dépôt de soy (erezée, prov. de luxeMbourg) : le bronze FinAl iii en belgique et ses rAMiFicAtions 68Eugène Warmenbol et Luc Van Impe

un AsseMblAge levAllois vers 450 kA dAns le bAssin de lA hAine, est-ce bien rAisonnAble ? coMpArAisons Avec lA soMMe, le bAssin MosAn et le rhin Moyen 69Paul Haesaerts, Christian Dupuis, Paul Spagna, Freddy Damblon, Ivan Jadin, Philippe Lavachery, Stéphane Pirson et Dominique Bosquet

CHaPiTre 2 : PoSTerS 73clés et serrures Mérovingiennes du ciMetière de bossut-gottechAin 73Olivier Vrielynck, Muriel Van Buylaere et Hélène Blanpain

lA sélection du bois dAns l’ArMeMent Mérovingien - résultAts préliMinAires d’AnAlyses des restes ligneux Associés Aux épées, scrAMAsAxes et pointes de Flèches du ciMetière de bossut-gottechAin 75Koen Deforce, Olivier Vrielynck, Natalie Cleeren, Muriel Van Buylaere et Cristel Cappucci

Article à destinAtion de : Journées d’Archéologie en wAllonie, 2017.bâtiMent MédiévAl et pion d’échec à JAMbes, rue MAzy 76Raphaël Vanmechelen, Julie Timmermans, Céline Devillers et Olivier Collette

vAses à encens de lA collégiAle sAint-georges d'AMAy : nouvelles données 78Sophie Challe et Eugène Thirion

étude des restes incinérés provenAnt de lA toMbe du second âge du Fer issue du site du crAchet (FrAMeries, prov. de hAinAut) 79Nathan Van Kerkhoven, Caroline Polet, Quentin Goffette, Koen Deforce, Yvan de Meeûs d'Argenteuil, Chantal Henry, Nicolas Authom, Solène Denis et Alain Guillaume

enregistreMent des données spAtiAles sur le site Archéologique du grognon 80Céline Devillers, Stéphane Ritzenthaler, Julie Timmermans et Dominique Bosquet

CHaPiTre 3 : iNDex DeS auTeurS 83

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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JOURNÉES D’ARCHÉOLOGIE EN WALLONIE 2017palais Des coNgRÈs, NaMUR

JEUDI 23 NOvEmbRE

08:30 accueil des participants

09:00 Introduction aux Journées d’Archéologie par alain guillot-pingue, Directeur f.f. De l’archéologie

Présidence de séance : alain guillot-pingue

Directeur f.f. De l’archéologie

09:20 Archéologie opérationnelle au quotidien par Christian Frébutte, Denis henrotAy, Jean-marc léotArd, martine souMoy et Didier willeMs, responsables Des services De l’archéologie, Directions extérieures, Département Du patrimoine Du service public De Wallonie

09:40 Archéologie préventive sur la Place de moustier-sur-Sambre par élise delAunois

10:00 Fouilles préventives sur le site des Haleurs à Ath, présentation du site et occupations historiques par isabelle derAMAix

10:20 Fouilles préventives sur le site des Haleurs à Ath, les occupations du néolithique ancien par Solène denis

10:40 Pause-café

Présidence de séance : Jean-marc léotArd

responsable Du service De l’archéologie De la Direction extérieure De liège 1

11:00 L'origine de Liège par marcel otte

11:20 Résultat des recherches menées au château de mirwart, commune de Saint-Hubert par Denis henrotAy

11:40 La reconstruction des arcades de l’ancienne pharmacie de l’abbaye de brabant à villers-la-ville : données, traitement et diffusion par romuald cAsier

12:00 Le cloître de l’Abbaye de Leffe : évaluation du potentiel patrimonial pour une rénovation éclairée par Patrice gAutier, Louise hArdenne et Christophe MAggi

12:20 En marches… les caves du château de Walhain, leur apport à la compréhension du site par Laurent verslype

12:40 Questions/réponses

12:50 repas de midi

Présidence de séance : Christian Frébutte

responsable Du service De l’archéologie De la Direction extérieure De namur

14:00 Premiers résultats des examens archéologiques au cloître Saint-Jean à Liège par Caroline bolle, Denis henrArd et Guillaume MorA-dieu

14:20 La nef de la collégiale Notre-Dame à Dinant : déroulement du chantier et nouvelles hypothèses chronologiques par antoine bAudry et aline wilMet

14:40 Les sondages mécaniques à Hermalle-sous-Argenteau : méthodologie et premiers résultats par mona court-picon

15:00 bois d’Arlon, contribution géomorphologique à l’évaluation archéologique d’un domaine forestier par olivier collette

15:20 Pause-café

JAW 2017NAMUR 23~24 NOV. ‘17

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Présidence de séance : Denis henrotAy

responsable Du service De l’archéologie De la Direction extérieure D’arlon

15:40 Archéologie préventive d’un balnéaire romain dans le département des Ardennes en France par Julien bruyere

16:00 Temples d’Angkor vat : une contribution de l’archéologie wallonne par olivier collette

16:20 Intra muros. Les premiers enseignements de l’exploitation du fonds André D’Hayer (fondation Pasquier Grenier) par Laurent verslype

16:40 La dendrochronologie et l’archéologie du bois à l’IRPA, bilan et perspectives en région wallonne par Pascale FrAiture

17:00 Questions/réponses

17:10 Fin de la journée

vENDREDI 24 NOvEmbRE

08:30 accueil des participants

Présidence de séance : martine souMoy

responsable Du service De l’archéologie De la Direction extérieure De mons

09:00 De nouvelles pages d’histoire pour la chapelle Saint-Odile d’Hamerenne (Rochefort) par Christian Frébutte

09:20 Étude anthropologique des squelettes de la chapelle Saint-Odile à Hamerenne (Rochefort) par Hélène déoM

09:40 Deux campagnes de fouilles à Quévy-le-Grand par Véronique dAnese

10:00 Un four de potier du premier moyen Âge à Quévy-le-Grand par Véronique dAnese et Sylvie de longueville

10:20 Les puits de virton « Château-Renaud », deux ensembles de matériel exceptionnels de l’Antiquité tardive par Frédéric hAnut et Philippe Mignot

15:00 Un assemblage Levallois vers 450 ka dans le bassin de la Haine, est-ce bien raisonnable ? par Paul hAesAerts

11:00 Pause-café

Présidence de séance : Didier willeMs

responsable Du service De l’archéologie De la Direction extérieure De Wavre

11:20 vestiges d’habitat du second Âge de Fer et tombe à enclos circulaire au lieu dit « belle vue », zoning du Crachet par Nicolas AuthoM, marceline denis et alain guillAuMe

11:40 Exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de mons (fin 16e–18e siècle ?), zoning du Crachet, site « belle-vue » par Nicolas AuthoM, marceline denis et alain guillAuMe

12:00 Les statuettes de divinités gallo-romaines de Wallonie : état de la question par Nicolas pAridAens

12:20 Le logis de la villa gallo-romaine de Lizée à montegnet (Havelange) par Sophie leFert

12:40 repas de midi

Présidence de séance : Pierre pAquet

inspecteur général f.f. Département Du patrimoine

13:45 La céramique du cimetière de viesville par Line vAn wersch

14:05 Le Grognon, à Namur : compte-rendu et premiers résultats, en cours d’opération par Dominique bosquet et raphaël vAnMechelen

14:25 Le dépôt du bronze final à Soy par eugène wArMeMbol

14:45 Fouilles dans la zone aéroportuaire de bierset : campagne 2017 par Sophie de bernArdy de sigoyer, Claire goFFioul et Jean-Philippe MArchAl

15:05 Pause-café

15:20 Posters – Clés et serrures mérovingiennes du cimetière de bossut-Gottechain par olivier vrielynck

15:30 Posters – La sélection du bois dans l’armement mérovingien - Résultats préliminaires d’analyses des restes ligneux associés aux épées, scramasaxes et pointes de flèches du cimetière de bossut-Gottechain par Koen deForce

15:40 Posters – bâtiment médiéval et pion d’échec à Jambes, rue mazy par Céline devillers, Julie tiMMerMAns et raphaël vAnMechelen

15:50 Posters – vases à encens de la collégiale Saint-Georges d’Amay : nouvelles données par Sophie chAlle

16:00 Posters – Étude des restes incinérés provenant de la tombe du second âge du Fer issus du site du Crachet à Frameries par Caroline polet

16:10 Posters – La faune des puits du site de Château Renaud à virton par Fabienne pigière

16:20 Posters – Enregistrement des données spatiales sur le site archéologique du Grognonpar Dominique bosquet, Céline devillers, Stéphane ritzenthAler et Julie tiMMerMAns

16:30 Questions/réponses

16:45 Conclusions par monsieur rené collin

ministre Du patrimoine

17:00 Fin de la journée et verre de l’amitié

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lieU : palais des congrés de Namur, 1, place d’armes, B-5000 Namur

coNtact : service events service public de Wallonieaménagement du territoire, logement, patrimoine et énergie 1, rue des Brigades d’irlande, B-5100 Jambestel. : +32 (0)81 33.21.37 / +32 (0)81 33.22.59e-Mail : [email protected]

iNscRiptioN : http://spw.wallonie.be/dgo4/colloques

Photo : r. Gilles, © archeolo-J. Détail de l’anse d’un vase trouvé à La Villa gallo-romaine « Sur le Hody » à Hamois.Carte © Google 2017.

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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CommuNiCaTioNS

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archéologie préventive sur la place De moustier-sur-sambre

Élise Delaunois

introduction

La Commune de Jemeppe-sur-Sambre a entrepris début janvier 2016 de rénover la place de Moustier-sur-Sambre. Une opération archéologique préalable aux travaux a été réalisée par le Service de l'Archéologie de la Direction extérieure de Namur (SPW) en raison du haut potentiel archéologique du lieu. Moustier-sur-Sambre a en effet été fondé au 7e siècle par des moniales qui y ont établi une abbaye. Dans le courant du 13e  siècle, le monastère est converti en chapitre de chanoinesses nobles. Ce chapitre a perduré jusqu'en 1787, année où il est réuni au chapitre d'Andenne et transféré à Namur.

La Place de Moustier est le cœur ancien du village. L'ancienne église paroissiale, entourée d'un cimetière, s'y dressait avant sa destruction en 1863. À l'est se trouvaient la collégiale Saint-Pierre et les bâtiments claustraux. La place est aujourd'hui encore bordée par d'anciennes maisons canoniales des 17e et 18e siècles.

l'occupation médiévale

Les fouilles ont révélé les fondations d'un bâtiment d'environ 40 m de long, pourvu de plusieurs pièces. Il s'agit, en chronologie relative, des vestiges construits les plus anciens mis au jour sur le site. La fonction de cet imposant édifice pose question. Compte tenu de ses dimensions imposantes, il s'agit sans nul doute d'un édifice associé

au monastère. Si le plan ne semble pas correspondre à celui d'une église, il pourrait peut-être être rapproché des structures du secteur d'accueil.

L'église paroissiale médiévale n'a quant à elle laissé quasiment aucune trace. D'après les archives dépouillées par J.-L. Javaux, elle aurait été entièrement rasée au 18e siècle et ses matériaux récupérés pour la construction d'un nouveau lieu de culte. Quelques sépultures peuvent toutefois être attribuées à cette phase d'occupation. Elles présentent une alvéole céphalique, caractéristique généralement attribuée aux inhumations du Haut Moyen Âge.

D'autres vestiges associés à l'époque médiévale témoignent des importants chantiers de construction qui se sont tenus sur la place de Moustier. Un malaxeur à mortier et un four à chaux ont été dégagés sur la place. Le malaxeur à mortier se

CHaPiTre 1 : CommuNiCaTioNS

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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présente sous la forme d'une structure circulaire constituée d'une fine couche de mortier. Au centre de celle-ci se trouvait le négatif du poteau central qui soutenait un bras horizontal. Sur ce bras étaient fixées des pales servant au malaxage qui ont laissé des stries au fond du malaxeur. De la céramique retrouvée dans le comblement du trou de poteau situerait l'abandon du malaxeur vers le 9e siècle. Le four à chaux, de forme circulaire, mesurait 3,20 m de diamètre. Son tunnel d'entrée et l'amorce de la voûte étaient conservés. Les résidus de la dernière cuisson de chaux, en partie inachevée, recouvraient la sole. Selon l'analyse archéomagnétique réalisée par le Centre de Géophysique du Globe, la dernière mise à feu du four aurait eu lieu entre 1047 et 1186.

les temps modernes : une nouvelle église et des bâtiments communaux

La nouvelle église, dont le chœur est placé à l'ouest, présente un chevet hémicirculaire, à pans coupés. Seules les fondations en moellons de grès, recoupant des sépultures plus anciennes, ont subsisté. Selon les sources écrites (le cahier des charges de la reconstruction a pu être retrouvé par J.-L. Javaux), l'édification de l'église a eu lieu entre 1759 et 1762. C'est également à cette époque que le mur de clôture du cimetière est réalisé.

Les vestiges de deux autres bâtiments implantés dans l'emprise du cimetière ont été dégagés à l'ouest de l'église. Il s'agit de l'école du village et d'une grange appartenant au curé de Moustier puis passée dans le domaine communal.

À l'est, à proximité immédiate de l'ancienne collégiale Saint-Pierre, le suivi des travaux de voiries a révélé les ruines de deux édifices supplémentaires. Le premier était construit en pan de bois et a été incendié. La céramique retrouvée dans le dernier niveau d'occupation est attribuée au 16e ou au début du 17e siècle. Du second édifice ne subsistaient que quelques éléments de la façade occidentale ainsi qu'un fragment de sole de cheminée faite de petites plaquettes de grès posées sur chant.

les 19e et 20e siècles

Dès 1824, l'église Notre-Dame est jugée trop exiguë pour accueillir convenablement les paroissiens. Le chœur hémicirculaire est alors détruit et reconstruit selon un plan assez original : un chevet plat sur les côtés duquel sont greffées deux petites sacristies, conférant à l'ensemble une forme de « T ». Une quarantaine d'années après ces transformations, l'église est encore une fois devenue trop petite. Les autorités s'accordent sur son démantèlement

(il  aura lieu en 1868) et la construction d'une nouvelle église sur une parcelle à l'ouest de la place.

Les aménagements plus récents de la place consistent essentiellement en chemins et diverticules reliant la nouvelle église à la maison communale, construite à l'est, près de l'emplacement de la collégiale. Un abri anti-aérien de la seconde guerre mondiale a également été dégagé lors du terrassement des nouvelles voiries.

et la collégiale ?

La collégiale Saint-Pierre, remontant probablement à l'époque romane, est connue par quelques plans anciens et documents d'archives. Elle fut rénovée à plusieurs reprises, notamment aux 16e et 17e siècles suite aux dégâts causés par les calvinistes puis les armées françaises. Vendue à un particulier en 1798 avec la maison abbatiale, elle est rasée la même année. Aujourd'hui, il ne reste rien de cette église… Ou presque. Lors des fouilles, les propriétaires de l'une des maisons situées à l'est de la place (que nous tenons ici à remercier sincèrement) nous ont signalé la présence d'arcades et de maçonneries anciennes dans leur rez-de chaussée. Après visite du bâtiment et comparaison des plans cadastraux, il s'est avéré que cette maison est en réalité un réaménagement de l'avant-corps de la collégiale, dont la structure est encore clairement perceptible dans l'agencement des pièces.

conclusion

Les premiers résultats obtenus en 2016 à Moustier-sur-Sambre sont particulièrement intéressants tant pour l'histoire que pour la structuration du village et du monastère qui lui a donné son nom. Les vestiges découverts couvrent une large période, du 9e au 20e siècle, et témoignent de la vie quotidienne et religieuse comme de l'évolution du parcellaire. Les techniques de construction ne sont pas en reste puisque des données particulièrement intéressantes pourront être tirées de l'étude croisée des mortiers mis en œuvre, du four à chaux et du malaxeur à mortier, une structure typiquement associée au Haut Moyen Âge.

De nombreuses questions restent en suspens, notamment en ce qui concerne la fonction du vaste bâtiment primitif. Les réponses pourront se trouver dans les études post-fouille à venir. Il sera également nécessaire d'appré-hender ces éléments en regard de leur relation avec les bâtiments claustraux et la collégiale afin d'obtenir une vision globale de l'évolution du monastère, chapitre et village de Moustier-sur-Sambre.

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CommuNiCaTioNS

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Remerciements

Nous adressons nos plus vifs remerciements à la Commune de Jemeppe-sur-Sambre pour son excellente collaboration tout au long du chantier. Toute notre gratitude va également à nos collègues J.-L. Javaux et A.-S. Landenne pour leurs recherches en archives et le partage de précieuses informations.

Bibliographie

Delaunois E. & Hardy C., 2017. Jemeppe-sur-Sambre/Moustier-sur-Sambre : découverte de vestiges médiévaux, modernes et contemporains lors des fouilles préventives de la place de Moustier. Chronique de l'Archéologie wallonne, 25 (à paraître).

Despy G., 1949. Moustier-sur-Sambre. Abbaye mérovin-gienne, Annales de la Société archéologique de Namur, 45, p. 147–161.

Dierkens A., 1985. Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse : viie-xie siècles. Contribution à l'histoire religieuse des campagnes du haut Moyen Âge, Sigmaringen (Beihefte zu Francia, 14).

fouilles préventives sur le site Des « haleurs » à ath

Isabelle Deramaix, Solène Denis, Olivier Collette, Ivan JaDin, Anne-Lise saDou et Martin Zeebroek

Depuis mai 2015, la Direction de l'archéologie du Service public de Wallonie a entamé une opération de fouilles préventives préalablement au vaste projet immobilier des « Haleurs » à Ath. Cette intervention s'est déroulée en trois phases. La première a eu lieu en 2015 et a été dirigée par le service de l'archéologie du SPW en province de Hainaut. Elle a consisté en l'évaluation de 3,8 ha sur les 6,3 ha concernés par le projet et la fouille partielle du site. La seconde a été confiée en 2016 à l'asbl Recherches et Prospections Archéologiques et a permis d'évaluer les parcelles non explorées en 2015. La troisième a été menée par l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique durant l'année 2017 pour terminer la fouille engagée en 2015.

Un vaste site daté du Néolithique ancien a été mis au jour. Il s'étend sur environ 1 ha et à, ce titre, il s'agira du plus grand village de cette période étudié dans la région d'Ath

(Hauzeur, 2009, p. 130). En outre, il constitue le premier gisement établi le long du bras oriental du cours d'eau (Constantin & Burnez-Lanotte, 2008).

Tout comme le site d'Irchonwelz « Trau al Cauche » (Demarez, Deramaix & Wegria, 1992), le gisement se situe à 150 m du ruisseau, sur un plateau en légère pente. Une couche de colluvions (0,30 à 0,40 m en moyenne) recouvre cette occupation. L'érosion est relativement importante par endroits et l'identification de bâtiments est rendue difficile. On dénombre toutefois l'emplacement d'au moins deux habitats. Près de 200 faits appartenant à cette période ont été recensés. Un premier examen du matériel met en évidence la coexistence sur le site des deux cultures du Néolithique ancien : Rubané et Groupe de Blicquy. Cette proximité est exceptionnelle car jusqu'à présent, les installations de ces deux groupes étaient distantes au minimum d'une centaine de mètres. L'étude complète du site permettra donc de mieux comprendre les relations entretenues par ces deux groupes néolithiques ; relations qui font débat de longue date dans la communauté scientifique tant belge que française (Constantin & Burnez-Lanotte, 2008, p. 52 et suiv. ; Jadin, 2003, p. 480).

L'autre apport des fouilles du site des « Haleurs » est d'ordre plus historique pour la cité athoise. En effet, le lieu des découvertes se trouve à peine à 500 m du bourg primitif de la ville, appelé aujourd'hui « Vieux Ath », où une église était dédiée à Saint Julien de Brioude dont le culte s'est développé à l'époque mérovingienne. L'autel de l'église est connu dès 1076 (Dupont, 2009) ; cependant plusieurs historiens attribuent une origine celtique au toponyme « Ath » (Cannuyer, 2014, p. 37 et suiv. ; Descamps, 1908, p. 2 et suiv.). Outre l'occupation préhistorique importante qui témoignerait des « premiers habitants » de la ville, des fosses d'époque romaine ainsi que médiévale ont été repérées. De même un tronçon du chemin primitif menant d'Ath en direction de Chièvres et Mons a été identifié.

Fig. 2. Coupe d'un silo. Cliché S. Denis © SPW-DGo4-Hainaut i

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Quelques indices indiqueraient que ce dernier a été emprunté dès l'époque romaine. Il y a donc une relative continuité d'occupation dans ce quartier depuis la période néolithique.

Enfin, plusieurs tranchées liées aux sièges que la ville a subis entre la fin du 17e siècle et le milieu du 18e siècle ont été mise au jour.

Bibliographie

Cannuyez C., 2014. Les origines légendaires de la ville et du nom d'Ath. In : Cannuyez C. & Dupont A. (dir.), La description de la ville d'Ath l'an 1610 par Jean Zuallart, Ath (Études et Documents du Cercle royal d'Histoire et d'Archéologie d'Ath et de la région, XXI), p. 31–46.

Constantin C. & Burnez-Lanotte L., 2008. La mission archéologique du ministère des affaires étrangères français en Hainaut et en moyenne Belgique : bilans et perspectives. In : Burnez-Lanotte L., Ilett M. & Allard P. (dir.), Fin des traditions danubiennes dans le Néolithique du bassin parisien et de la Belgique (5100–4700 av. J.-C.), Paris (Mémoire de la Société préhistorique française, XLIV), p. 35–56.

Demarez L., Deramaix I., Wegria M., 1992. Nouvelle découverte blicquyenne en Hainaut occidental, Notae Praehistoricae, 11/1991, p. 103–110.

Descamps G., 1908, Les communes de l'Arrondissement d'Ath, particularités onomastiques et étymologiques, I., Mons.

Dupont A., 2009. Ath-Chièvres-Lessines. In : Mariage F. (coord.), Desmaele B. et Cauchies J.-M. (dir), Les institutions publiques régionales et locales en Hainaut et Tournai/Tournaisis sous l'Ancien Régime, Bruxelles (Miscellanea Archivistica, Studia, 119), p. 293–306.

Hauzeur A., 2009. Céramique et périodisation : essai de sériation du corpus blicquien de la culture Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain. In : Burnez-Lanotte L., Ilett M. & Allard P. (dir.), Fin des traditions danubiennes dans le Néolithique du bassin parisien et de la Belgique (5100–4700 av. J.-C.), Paris (Mémoire de la Société préhis-torique française, XLIV), p. 129142.

Jadin I., 2003. Trois petits tours et puis s'en vont…La fin de la présence danubienne en Moyenne Belgique, 2e éd, Liège (ERAUL, 109).

fouilles Dans la zone aéroportuaire De bierset : campagne 2017

sophie De bernarDy De sigoyer, Claire goffioul et Jean-Philippe marChal

En 2017, le Service de l'archéologie de la Direction extérieure de Liège 1 (DGO4/Département du patrimoine) a poursuivi ses recherches préalablement à l'extension de la zone aéroportuaire de Bierset, conformément aux accords pris avec la SOWAER.

Les interventions se localisent au sud de l'autoroute E42 et à hauteur du croisement de la rue Diérain Patar et du chemin de Fexhe (coord. Lambert : 227124 est/148008 nord), c'est-à-dire de part et d'autres des fouilles archéologiques menées en 2001 et 2002 (Loicq & Marchal, 2002 ; Marchal & Loicq, 2003) et en continuité avec les recherches entamées depuis 2014 (Goffioul & Marchal, 2015, Goffioul et al., 2016 et Marchal et al., à paraître). En zone sud no 3, des fouilles dans les terrains destinés aux entreprises ont débuté au mois de juin et sont toujours en cours. Dans la zone d'extension sud no 4, une dernière campagne de fouilles de 4 mois a été menée au printemps dans les terrains destinés aux entreprises entre la rue Diérain Patar et la nouvelle voirie récemment aménagée.

Zone d'extension sud no 3

L'intervention archéologique vient juste de reprendre dans ce secteur qui se révèle particulièrement riche en vestiges rubanés. En 2016, ce sont ainsi plus de 600 structures potentielles qui ont pu être localisées sur une superficie d'environ 6300 m2 avec, comme résultat principal, la découverte de deux maisons tripartites aux plans presque complets. Le reste de ce secteur, environ 7500 m2 est actuel-lement en cours de décapage et une troisième maison a d'ores et déjà pu être localisée. Conformément aux accords pris avec la SOWAER, les fouilles réalisées en 2016 se sont concentrées sur l'emprise directement concernée par les travaux de voirie. Elles ont permis de confirmer le bon état de conservation général du site à cet endroit de même que la présence de plusieurs phases d'occupation perceptibles via des recoupements fréquents entre structures.

Zone d'extension sud no 4

La campagne 2017 clôture nos investigations au sein du village préhistorique dans ce secteur. Les vestiges

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CommuNiCaTioNS

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archéologiques apparaissent dispersés sur toute la surface, soit sur 16.000 m². Devant des délais d'intervention serrés et la stratigraphie connue assez simple du chantier, la fouille a été systématiquement mécanisée selon le méthodologie appliquée depuis plus de 25 ans en Lorraine (Blouet & al., 2013, p.21–22). Parmi les 170 structures potentielles dégagées en surface de décapage, plusieurs illustrent les plans d'au

moins trois nouvelles maisons, portant à 10 le nombre total minimum d'édifices repérés dans la zone d'extension sud no 4. Le dégagement complet et systématique des diverses fosses a permis de récolter des informations intéressantes en terme de conservation et d'extraction. Le tamisage des sédiments stockés est prévu d'ici quelques semaines, en partenariat avec le Prehistomuseum et Carmeuse.

conclusion

La campagne 2017 devrait voir s'achever notre intervention au sein de la vaste occupation rubanée à Bierset. Pour autant que les différents secteurs fouillés depuis 15 ans puissent être mis en relation, le village préhistorique surplombant la vallée de la Meuse s'étendrait sur une dizaine d'hectares, vaste surface permettant d'appréhender en partie son schéma d'implantation global. À ce jour (25 septembre 2017), les 14 maisons repérées depuis 2001 illustrent des plans multiples aux dimensions variées qu'il conviendra de confronter aux données typo-chronologiques issues des études ultérieures.

Au fur et à mesure des interventions, la méthodologie de fouilles s'est diversifiée sur base de critères archéologiques stricts mais aussi en tenant compte des impératifs de l'aménageur. La comparaison entre les diverses méthodes sur un même site permet de dégager des pistes intéressantes en terme d'utilisation d'engins mécaniques sur chantier archéologique.

1 km

1992200120022014201520162017

rue D

iérain

Patar

Chemin de F

exhe

Zone sud n°3

Zone sud n°4

A15-E42

AEROPORT DE BIERSET

Fig. 4. Zone aéroportuaire de Bierset — Zone d’extension sud no 4, zone 4. Campagne 2017. Vue générale de la méthodologie de fouilles (photo : Sophie De Bernardy de Sigoyer, © SPW-DGo4)

Fig. 3. Zone aéroportuaire de Bierset. Plan de localisation des campagnes de fouilles au sud de l’e42 (infographie : Felicidad Giraldo martin, © SPW-DGo4)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Bibliographie

Blouet V., Klag T., Petitdidier M.-P. & Thomashausen L., 2013. Le Néolithique ancien en Lorraine. Volume II : inventaire des sites et planches céramique, Mémoire de la Société préhistorique française, n° LV, p. 21–22.

Goffioul C. & Marchal J.-P., 2015. Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne : intervention dans la zone aéroportuaire de Bierset, campagne 2014, Chronique de l'Archéologie wallonne, 23, p. 210–212.

Marchal J.-Ph., Collette O., de Bernardy de Sigoyer S. & Goffioul C., à paraître. Grâce-Hollogne/Grâce-Hollogne et Mons-lez-Liège : intervention dans la zone aéroportuaire de Bierset, campagne 2016, Chronique de l'Archéologie wallonne, 24.

intervention archéologique Dans le château De mirWart (saint-hubert)

Denis Henrotay

Le château de Mirwart est un monument classé qui vient enfin de trouver un propriétaire décidé à rendre tout son lustre à un édifice livré au pillage depuis des décennies. L'aspect général de la demeure correspond à celui du début du XVIIIe siècle avec d'importants ajouts au siècle suivant, mais les fondations sont bien plus anciennes et remontent au Moyen Age. La famille comtale d'Ardenne-Verdun est présente à Mirwart comme avoués de l'abbaye de Saint-Hubert dès le milieu du XIe siècle. La chronique de l'abbaye dite Cantatorium rédigée vers 1100 est une source incontournable pour l'histoire du château et les enjeux territoriaux de cette terre faisant partie de la principauté de Liège.

Les mesures d'assainissement de l'intérieur du bâtiment ont fait l'objet d'un suivi archéologique. C'est ainsi que les fondations circulaires d'une tour ont été mises au jour à l'angle sud-est du château. Cette tour est liée à une façade médiévale dont l'orientation est décalée par rapport à celle du bâtiment actuel. L'intérieur d'une autre tour semi-circulaire, celle dite de Dinant, a été débarrassé des enduits modernes dévoilant une ancienne baie et une cheminée avec un contrecoeur en tiers-point. Cette dernière est antérieure à la charpente datée des années 1674–1694 par dendrochronologie. L'ensemble a fait l'objet d'un relevé pierre à pierre.

La cour d'honneur est enserrée par les trois ailes du château et domine la basse-cour de plusieurs mètres. Les sondages réalisés par le service de l'archéologie en 2009 y avaient localisé la motte médiévale et les restes d'un donjon en pierres. L'été 2017 a été mis à profit pour mener des recherches préventives sur toute la surface de la motte médiévale. Le donjon possède des murailles épaisses de 2,85 m et est comblé par une couche de démolition constituée de gros blocs et de débris de mortier jaune. Une série de pions de trictrac a été découverte dans ce niveau. Ces éléments finement ciselés dans des rondelles de bois de cerf sont caractéristiques de ce jeu qui se répand comme les échecs aux XIe et XIIe siècles dans le milieu aristocratique. Les motifs ornant les objets découverts sont ceux d'un bestiaire fantastique. Le jeu de table appelé tabula au Moyen Age était composé de 15 pions par joueur.

La démolition du donjon est recouverte par une couche d'occupation très charbonneuse contenant beaucoup de restes animaux issus des rejets des cuisines du château. Les débris de céramique mis au jour sont typiques des ateliers mosans et sont attribuables à la période d'Andenne Ib datée de la fin du XIe siècle jusqu'au troisième quart du XIIe siècle. Une monnaie liégeoise a également été mise au jour dans cette couche d'occupation, elle confirme cette datation. Il s'agit d'un denier en argent d'Albéron II de Chiny-Namur prince-évêque de Liège émis entre 1135 et 1145 (identification par Luc Engen). Le donjon correspond peut être à la fortification rasée en 1084 ou à celui bâti à grand frais par l'évêque Otbert vers 1096.

Fig. 5. Pions de trictrac

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la Dématérialisation De la source monumentale : reconstruction Des arcaDes De l'ancienne pharmacie De l'abbaye De brabant à villers-la-ville

Romuald Casier

A la suite d'un accident automobile, ayant provoqué l'effon-drement de l'ancienne pharmacie de l'abbaye de Brabant le 22 octobre 2013, l'Institut du Patrimoine Wallon a désigné un auteur de projet pour la reconstruction du monument au départ des 361 fragments récupérés.

L'équipe de maîtrise d'œuvre, dirigée par l'architecte du patrimoine Romuald Casier, a regroupé les compétences pluridisciplinaires d'un archéologue, d'un ingénieur en stabilité et d'un géomètre spécialisé dans les techniques de scan tridimensionnel.

L'équipe de maîtrise d'œuvre devait établir une méthodologie permettant de faciliter la manipulation, l'identification, la classification, le traitement et la diffusion de l'étude établie autour des 361 fragments de pierres éparpillés au pied du monument.

etat de la source documentaire

La première étape a consisté au dépouillement de la source documentaire. Les iconographies, photographies anciennes et relevés antérieurs, permirent de progressivement identifier l'aspect et l'intégrité de l'objet à reconstruire. Outre cette information essentielle pour l'identification et le remontage des fragments lapidaires, cette étude archivistique permit de retracer l'évolution mouvementée et atypique du monument.

Construit en 1784, l'ancienne pharmacie fut victime d'un premier accident automobile en 1974 ayant provoqué l'effondrement de sa façade Ouest. Documenté par un relevé photogrammétrique, cet accident entraîna une reconstruction de la façade dès 1976.

Dans le cadre du projet global d'accessibilité et d'accueil des visiteurs sur le site de l'abbaye, une campagne de tachéométrie procéda aux relevés de l'ancienne pharmacie en 2013, afin d'implanter une passerelle en bois à travers le monument. Cette même année, le second accident provoque l'effondrement immédiat de la façade Est, et le démontage préventif de la façade Ouest. Dans un souci de documentation, un scan 3D fut réalisé à la suite de l'accident, juste avant le démontage de la façade ouest. La passerelle en bois fut finalement implantée en juin 2015, alors que les fragments étaient entreposés à proximité du monument.

Outre les 233 ans d'histoire du monument, la consul-tation des archives documentaires retraça l'évolution des techniques de représentations graphiques et des techniques de mesurages utilisées sur le patrimoine bâti du XVIIIe siècle à nos jours. En pratique, si la façade Est est précisément documentée par un relevé photogrammétrique de 1974, la façade Ouest est quant à elle documentée par un scanning 3D de 2013.

etat de la source monumentale

La deuxième étape, établie pour la reconstruction de l'ancienne pharmacie, porte directement sur l'expertise de la source monumentale. Le modèle, à reconstruire, ayant été identifié par les sources documentaires, il s'agissait de mettre en place une méthodologie permettant de manipuler les 361 fragments, tout en garantissant un traitement efficace de l'information à diffuser.

Comment identifier, documenter et archiver 361 fragments lapidaires ?

La pluridisciplinarité de l'équipe de maîtrise d'œuvre permit de croiser les compétences de chacun et d'établir une stratégie opérationnelle méthodique.

Alors que l'archéologue recherchait les éventuelles marques de poses, types de tailles, mode d'assemblages et de manutentions, l'ingénieur en stabilité recensait quant à lui l'état général des fragments à réemployer, tout en établissant un mode opératoire pour la reconstruction du monument implanté au cœur d'un site touristique, et qui plus est au-dessus d'une voie automobile fortement fréquentée.

Fig. 6. Fragments lapidaires de l'ancienne pharmacie de l'ab-baye de Brabant, janvier 2016 (Photo © romuald Casier)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Le géomètre s'attela au relevé minutieux de chacun des fragments, à l'aide d'un scan tridimensionnel manuel. L'objectif était alors de convertir l'ensemble des fragments matériels en une documentation vectorielle, beaucoup plus légère en vue d'un traitement informatique et d'une diffusion plus aisée.

L'architecte mandataire du groupement pu alors établir, sous forme d'un carnet de synthèse, des fiches systématiques pour chacun des fragments. Ces fiches, réalisées au départ des scans 3D, rassemblent l'ensemble des informations récoltées par l'équipe, sous forme de carte d'identité aux pierres à pierres.

De manière générale, la méthodologie consista à « dématé-rialiser la source monumentale », afin de s'affranchir des contraintes inhérentes au patrimoine bâti. Plus concrètement il s'agissait de troquer 361 pierres lourdes à dimensions variables et entreposées dans un espaces extérieur, contre 361 fiches synthétiques converties in fine en format PDF.

projet de reconstruction

Sur base de ces 361 fiches, il fut alors possible de graduel-lement établir un classement, une hiérarchisation et finalement une identification de chacun des fragments. Les pierres, conservées en vrac, purent progressivement retrouver leur position d'origine au sein du monument virtuellement reconstitué.

Notons qu'il s'agit bien là d'une reconstruction optimale, partant de l'hypothèse d'une remise en place intégrale des fragments récupérés. En pratique, cette première approche et classification permit par la suite d'établir des cartographies thématiques et techniques capables de

distinguer les diverses opérations à effectuer sur chacune des pierres (greffes, broches, collages, remplacement,…)

La reconstruction virtuelle du monument constitue également un outil extrêmement efficace dans le processus de discussion et de prise de décision auprès des différentes institutions compétentes de l'urbanisme et du patrimoine.

Alors qu'il s'agissait au départ d'un outil d'expertise pour l'équipe d'auteur de projet, les 361 fiches pourront également faciliter les opérations à effectuer lors des travaux de reconstruction, ainsi qu'in fine alimenter les archives documentaires du monument.

Fig. 7. Scan manuel des pierres de l'ancienne pharmacie de l'abbaye de Brabant, réalisé par aBT Group, janvier 2016 (Photo © romuald Casier)

Fig. 8. Fiche modèle d'identification des fragments lapidaires de l'ancienne pharmacie de l'abbaye de Brabant © romuald Casier

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CommuNiCaTioNS

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le cloître De l'abbaye De leffe (Dinant)

Patrice gautier, Louise harDenne et Christophe maggi

Préalablement à une réflexion sur les circulations des différents volumes composant aujourd'hui l'abbaye des prémontrés de Leffe (Dinant), une étude du bâtiment a été commanditée par le propriétaire aux Musées royaux d'Art et d'Histoire en hiver 2016–2017. Cette étude a consisté en une lecture – non intrusive – du bâti de l'ensemble de l'abbaye (classée depuis 1937), afin de dresser la «  carte d'identité » de chacun des volumes en présence.

Ce travail fut l'occasion d'une collaboration avec le Laboratoire de dendrochronologie de l'Institut royal du Patrimoine artistique pour l'étude de plusieurs charpentes du cloître de l'abbaye afin de dater leur mise en œuvre et de poser les bases d'une nouvelle chronologie du site (Maggi C. & Fraiture P., 2016).

Du cloître médiéval et tardo-médiéval, il ne reste que peu de vestiges encore visibles en élévation. Dans l'aile ouest — seule à être entièrement conservée en élévation — des fenêtres bouchées, visibles sur d'anciennes photographies de chantier, ou encore une partie d'arc mitré surmonté d'un arc de décharge apparaissent comme des témoins de l'élévation ancienne. De plus, sur la façade orientale du même bâtiment, des décrochements au nu du mur surmontant les baies du rez-de-chaussée, couplés à des pierres de grandes dimensions (anciens culots ?) pourraient indiquer la présence d'anciens arcs de la galerie du cloître (?). Pour rappel, l'église est incendiée et le couvent détruit durant le sac subi par la ville de Dinant en 1466 sous les coups de boutoirs de Charles le Téméraire (Gérard E., 1936, p. 139–140). Les vestiges observés peuvent dater tant d'avant cette date qu'après. Seule une intervention archéo-logique intrusive permettrait de trancher.

la reconstruction du cloître à partir du XVie siècle sur base des édifices médiévaux.

À partir du XVIe siècle débuteront à l'abbaye de Leffe les grandes transformations du site. À l'image d'autres abbayes, comme celle de Villers-en-Brabant (Coomans T., 2000, p. 418), certains édifices logés à l'ouest du cloître, accueillant à l'origine les frères convers (dortoirs, latrines, infirmerie des convers…), étaient probablement sous-utilisés en raison de la diminution croissante du nombre de leurs frères. Ces bâtiments seront transformés profondément au tournant des XVe et XVIe siècles. En effet, ce complexe — de surcroît tourné vers l'entrée de l'abbaye — apparaît comme le lieu idéal pour le développement de résidence de l'abbé voire la création d'un véritable « palais abbatial ». C'est probablement le scénario rencontré à l'abbaye de Leffe. Ce « palais abbatial » sera magnifié au XVIIe siècle par la construction de bâtiments qui formeront une cour d'honneur — face à la basse-cour. Le nouveau palais dominera le flanc oriental de cette cour.

Sur base des édifices médiévaux et/ou tardo-médiévaux, l'aile occidentale sera reconstruite. Les niveaux de circulation augmentant, le nouveau bâtiment de plan similaire, sera néanmoins plus haut que le précédent. Vers l'ouest, une nouvelle façade en calcaire de Meuse — de cinq travées et de deux niveaux — est plaquée contre l'ancienne construction. Elle est construite en pierre de taille, disposées en lits de hauteur variable (appareil réglé). L'élévation se termine par une suite de corbeaux moulurés en pierre. D'étroits bandeaux de pierre — trois par niveaux — marqueraient l'emprise des fenêtres à croisée, à hauteur de leur appui, traverse et linteau. Vers la droite, un petit jour, aujourd'hui bouché, indiquerait probablement la présence de la circulation verticale à cet endroit. La façade orientale est quant à elle réalisée en petits moellons de

Fig. 9. Gravure de remacle Leloup, Vue de l’abbaye de Leffe proche de Dinant à la Meuse, vers 1740 (KiK-irPa, cliché m199421)

Fig. 10. Photo de l’ancienne aile occidentale du cloître médiéval de l’abbaye de Leffe, paroi ouest, avec le millésime 1747 de l’abbé augustin Lambrecht (hArdenne L., 2016)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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pierre calcaire. Sa datation reste problématique : vestiges du bâtiment antérieur et/ou mise en œuvre moins soignée apportée au mur-gouttereau tourné vers le cloître ?

Le nouveau bâtiment sera couvert d'une nouvelle charpente de type à fermes et pannes. Se développant du nord au sud, la structure, contreventée par des arbalétriers de chambrée, est composée de huit fermes à portique trapézoïdal surmonté d'une fermette. Les six fermes au centre forment un groupe homogène tandis que celles aux extrémités semblent un peu perturbées. De nombreuses marques sont dispersées à travers l'ensemble. Parmi celles-ci se trouvent bien entendu les marques d'assemblages. Le système à patte d’oie qui est utilisé dans ce cas est assez inhabituel. Un ou plusieurs (un de plus pour chaque ferme) petits traits sont posés en oblique du chiffre romain I formant ainsi une patte d'oie ou un trident. La latéralisation est donnée par

l'ajout d'un autre I parallèlement au premier pour le versant ouest. Une autre marque gravée faiblement à la pointe sèche et presque dissimulée revête un caractère atypique parce qu'elle associe chiffres romains et chiffres arabes. Cette marque « A m ccccc 49 » a pu être interprétée à la lumière des résultats dendrochronologiques. Il s'agit ni plus ni moins du millésime de la charpente. Il est couplé à des initiales, peut-être celles du maître charpentier, signant et datant son œuvre.

Au total, 22 échantillons ont été prélevés pour la dendro-chronologie dans ce volume, dont 13 conservent leur cambium autorisant de fait une très grande précision de datation. La dendrochronologie a ainsi permis de faire remonter l'élévation de la charpente à l'année 1549 (sous l'abbatiat de Gérard Titeux de Mouhiermet, abbé de Leffe de 1545 à 1557). Du point de vue de l'histoire de la construction et de la gestion de chantier, remarquons l'étendue de la période d'abattage qui commence en hiver 1548–1549 et qui se poursuit, contrairement aux recommandations prescrites dans les traités de charpenterie (Epaud F., 2007), au printemps suivant.

Fig. 11. Coupe transversale d’une ferme de la charpente de l’aile occidentale du cloître médiéval de l’abbaye de Leffe (hArdenne L. et gAutier P., 2016 ; © mraH)

Ouest Est

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CommuNiCaTioNS

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Les entraits inférieurs du portique de la charpente suppor-taient des plafonds à voussettes en berceau, façonnées à l'argile.

la poursuite des reconstructions du cloître au XViie siècle

Au XVIIe siècle, la « reconstruction » du cloître va se poursuivre. Après l'aile ouest et la création d'un palais abbatial, c'est au tour de l'aile sud du cloître à être rebâtie. De cette aile – abritant traditionnellement le réfectoire des religieux – sont conservées dans les combles deux fermes de charpente (dans la partie ouest, dont le volume a intégré aujourd'hui l'ancienne aile ouest du cloître). Les deux fermes sont numérotées 6 et 5 (d'ouest en est), également grâce à un système de pattes d'oies. Elles sont couplées à l'enrayure de l'ancien campanile du réfectoire encore partiellement préservé dans les combles. La datation dendrochronologique fournie par l'IRPA – 1626d – indique que la reconstruction fut réalisée dans le premier quart du XVIIe siècle sous l'abbatiat de Jean Noizet (abbé de Leffe de 1610 à 1636). La silhouette du bâtiment – garnit de ce campanile octogonal surmonté d'un bulbe piriforme – s'observe sur le dessin « Vue de l'abbaye de Leffe proche de Dinant à la Meuse » de Remacle Leloup (vers 1740). L'une des grandes baies à croisée du rez-de-chaussée est encore aujourd'hui conservée. Vers la cour d'honneur, le pignon à croupette du bâtiment de l'aile sud du cloître s'observe encore au-dessus de la bâtière du bâtiment voisin. L'élévation ici est en brique surmontée d'une frise redentée, encadrée de corbeaux en pierre.

Pour la suite des travaux du cloître, le Catalogue des religieux de l'abbaye mentionne encore, en 1705, les restau-rations à l'aile orientale (Quinaux C. J., 1884, p. 62).

Mise au goût du jour au XViiie siècle… et au XiXe siècle

La façade du « palais abbatial » vers la cour d'honneur, alors entièrement encadrée de bâtiments (principalement du XVIIe siècle), est mise au goût du jour. De nouvelles fenêtres à croisée, plus hautes et plus larges que les précédentes du XVIe siècle, sont repercées. Les encadrements de calcaire de Meuse des nouvelles baies sont en légère saillie du mur traduisant peut-être la pose d'enduits extérieurs. Au-dessus de la porte médiane, un oculus avec la devise de l'abbé Augustin Lambrecht (abbé de Leffe de 1743 à 1748) « Pax huic domui – 1747 » est installé.

Enfin au XIXe siècle, après la suppression et le pillage de l'abbaye, l'aile est et une partie de l'aile sud sont abattues.

Les croisées des fenêtres de la façade orientale de l'ancien palais abbatial sont supprimées. La façade acquière la forme qu'on lui connait encore aujourd'hui. Sur l'ancienne façade « côté cloître » de nouveaux percements sont réalisés.

perspectives

Suite à la réalisation de cette étude à destination du propriétaire des lieux et d’un futur maître d’œuvre, les perspectives en termes historique et archéologique restent nombreuses. L’analyse réalisée est avant tout un travail préliminaire à la compréhension d’un site abbatial de grande ampleur, encore aujourd’hui largement méconnu. Ce travail devrait toutefois fournir un cadre aux futurs projets et à de (possibles) prometteuses études d’archéologie préventive, tant en sous-sol qu’en élévation.

Bibliographie sélective

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Epaud F., De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie. Evolution des techniques et des structures de charpenterie aux XIIe-XIIIe siècles, CRAHM, Caen, 2007.

Gérard E., Histoire de la ville de Dinant, Namur, 1936.

L’Abbaye Notre-Dame de Leffe. Dinant, éd. Gaud, Moisenay, 2002.

Lamy H., Glanes historiques sur l’abbaye de Leffe, Tongerloo, s.d. (1949).

Le Patrimoine Monumental de la Belgique. Wallonie. Namur. Arrondissement de Dinant, 222, Namur, 1996, p. 492–498 (Abbaye de Leffe).

Maggi C. et Fraiture P., Rapport d’analyse dendrochrono-logique : charpentes des ailes ouest et sud de l’ancien cloître de l’abbaye de Leffe, Dinant, dossier dendro P636, dossier KIK-IRPA 2016.13187, 8 novembre 2016.

Quinaux C. J., Notice historique sur l’abbaye de Leffe, Namur, 1884.

Pacco M., L’abbaye Notre-Dame de Leffe à Dinant, 1978.

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en marches… les caves Du château De Walhain, leur apport à la compréhension Du site

Laurent Verslype et Erika Weinkauf

Les fouilles du chantier école de l'Université catholique de Louvain ont à nouveau été menées dans la haute cour du château de Walhain, durant quatre semaines en 2015 avec la participation d'Eastern Illinois University, et durant trois semaines en 2016 avec des étudiants de l'Université catholique de Louvain. Ces fouilles, courtes et destinées à une majorité de stagiaires néophytes d'universités belges, américaines et dans une moindre mesure, françaises, sont programmées presque annuellement depuis 1998, tantôt dans la basse cour, tantôt dans l'enceinte castrale. Elles sont facilitées par la coopération sans faille de l'asbl Les Amis du château de Walhain présidée par Y. Bauwens, et la Commune de Walhain-Saint-Paul. Depuis 2013, l'essentiel des recherches se concentre dans deux zones, à l'origine recouvertes d'un épais remblai et d'une végétation arborée qui ont fortement ralenti les déblaiements

manuels. Le premier secteur se situe à l'est de la haute cour, au niveau de l'aile méridionale de la résidence établie près de la tour maîtresse, et est exploré en vue d'une meilleure connaissance des modifications du programme de construction en sous-sol de cet édifice (fig. 12). La deuxième zone est localisée en vis-à-vis, le long du mur de la courtine ouest contre lequel a été construite une série d'annexes, dont un plan d'ensemble peut désormais être proposé. On peut ajouter à ces secteurs le sondage pratiqué entre l'angle sud-ouest de la résidence moderne et la porte du 14e  siècle, bouchée, de la tour maîtresse. Il a en effet permis l'observation d'une large ouverture sous arc surbaissé en pierres de taille dans la fondation du pignon de la résidence. Ce portail, dont le sommet était suspecté au plan d'arasement des élévations ruinées, demeurait masqué par une voûte en briques à l'intérieur de la cave, et par le remblai précédant le pavement de la cour, à l'extérieur. Cette découverte, associée à l'ensemble des données décrites plus bas, éclaire d'un jour totalement inédit les circulations anciennes dans la moitié occidentale de la cour.

La partie la plus visible et spectaculaire des ruines modernes du site est la façade de la résidence des deuxième et troisième quarts du 16e  siècle, dont la comptabilité, partiellement publiée par W. Ubregts (1976), a entièrement été réexaminée en 2004. Ses sous-sols ont été totalement dégagés entre 2013 et 2015. Ils ont livré deux celliers

Fig. 12. Vue générale des sous-sols de l'aile méridionale de la résidence du 16e siècle, près de la tour maîtresse (Zone 1, 2015), photographie © uCL/CraN

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CommuNiCaTioNS

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successifs et remaniés à plusieurs reprises, ainsi que deux escaliers intérieurs les reliant au rez-de-chaussée (fig. 13). Deux accès extérieurs plus anciens, établis environ 2 m sous les niveaux de circulation postérieurs, ont été fouillés en 2016. La construction la plus ancienne semble antérieure au corps de logis du milieu du 16e siècle et remonterait au plus tôt à la fin du 15e siècle, soit à une période durant laquelle était utilisée la première résidence post-médiévale. Il s'agit d'une cave voûtée bien conservée de forme quadrangulaire (4,86  × 2,90  m), orientée nord-est/sud-ouest (A). Elle est composée de murs en moellons de grès quartzite recouverts d'un enduit, et sur lesquels repose une voûte formée de claveaux schisteux. Un niveau de sol en briques, partiellement conservé, couvre la pièce dont la hauteur

atteint 1,55 m. L'entrée de cette cave est placée au sud-ouest, en direction de la tour maîtresse conservée en élévation. Il s'agit d'une ouverture de 1,36 m de large au départ de laquelle deux murs sont construits indépendamment sur une longueur de 1,70 m (B). Ils forment un couloir doté de quelques marches qui relient actuellement ce cellier à la cave qui s'y greffe perpendiculairement à l'est (C ; 8,12 × 3,52 m), contemporaine de la résidence érigée au 16e siècle. L'accès au sous-sol n'est clairement documenté qu'à partir de cette phase d'aménagement.

Un premier escalier (D) a été construit au revers de la façade sud-est de la nouvelle résidence monumentale, côté douves. étroit, il est composé d'une longue volée de marches (l. : 0,64 m) qui reliaient la grande salle du rez-de-chaussée du palas décrite dans les sources et sa nouvelle cave (C). Les fouilles de 2016 ont en outre permis de confirmer l'existence d'une circulation entre le complexe formé par

Fig. 13. Plan général phasé des sous-sols de l'aile méridionale de la résidence du 16e siècle (Zone 1), infographie © uCL/CraN

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le premier cellier voûté en pierre, la nouvelle cave qui s'y additionne et la partie occidentale de la cour, à un niveau établi environ 2 m sous son pavement du 17e siècle. Cette circulation transversale est établie entre, d'une part, un large arc surbaissé (E) construit en pierres de taille qui ménage un portail ouvert dans la fondation du pignon sud-ouest de la résidence, au pied de la tour maîtresse (l. ext. : 3,03 m ; l. int. : 2,26 m ; haut. estimée 2,15 m) et, d'autre part, une cage d'escalier extérieure (F) débouchant dans l'angle nord-est du sous-sol (l. : 1,90 m au sommet, 1,50 m au niveau des deux marches inférieures). Les piédroits d'une porte intérieure (G) font face à l'arc décrit. La facture de leurs pierres de taille est similaire. L'un d'eux, encore visible, est liaisonné avec le mur de fondation nord-ouest de la résidence tandis que seule la base de son pendant symétrique est conservée en relation avec le couloir (B) du premier cellier (A) auquel elle est greffée. Cette porte (G) relie la cave à un petit local, long de 2,40 m, formant sas (H) entre ce couloir (B) et le passage (I) ouvert à travers la fondation de la façade nord-ouest de la résidence. Cette ouverture en sous-sol débouche dans la cage d'escalier extérieure (F) creusée dans la cour, au pied de cette façade. L'emmarchement qui permet d'accéder à la cave est articulé, à mi-hauteur, avec les quelques degrés et le seuil menant à un bâtiment établi au centre de la cour actuelle, totalement inédit (J). Une série de niches intramurales caractérise enfin les parements intérieurs de la cave (C) du 16e siècle, alors couverte d'un plafond plat dont l'articulation avec la voûte du cellier (A) est indéterminée. Son niveau de pose horizontal correspond à l'extrados de l'arc du portail (E) au plan d'arasement des fondations actuellement conservées.

Un troisième aménagement du sous-sol est documenté au plus tard au 17e siècle. Le cellier (C) est alors intégralement voûté en briques. Les reins de cette structure sont ancrés dans ses murs longitudinaux sud-ouest et nord-est, dont les parements sont doublés par des murs de soutien. Ceux-ci

occultent plusieurs des niches intramurales précédemment décrites et bouchent l'escalier intérieur (D) établi dans l'angle nord-est. Les maçonneries de son cloisonnement sont conservées à la base et la cage d'escalier, condamnée, est ensuite remblayée. Ce remaniement semble contemporain du nivellement général de la haute cour et de son pavement uniforme. La voûte en briques et son parement de soutien condamnent simultanément le grand portail (E), alors rebouché, et son accès remblayé. Du côté occidental, le passage (I) en sous-sol de la façade nord-ouest est rebouché à son tour, à l'aide d'une maçonnerie grossière en pierres sèches qui accompagne le remblai de la cage d'escalier (F). Le pavement de la cour, uniforme, atteint alors le pied de la façade de la résidence et des fils d'eau sont constitués le long de tous les bâtiments périphériques, dont les annexes dont il sera question plus bas (fig. 14).

Ces transformations profondes induisent le quatrième aménagement du sous-sol, désormais aveugle. Il convient d'équiper cave moderne et cellier ancien d'un nouvel accès au départ du rez-de-chaussée de la résidence. Il prend la forme d'un nouvel escalier intramural (K) creusé dans l'épaisseur du mur de façade nord-ouest, tandis que le parement de rebouchage du passage extérieur (I) s'y aligne. Cet escalier (K) remplace donc celui qui, au revers de la façade symétrique (D), avait été simultanément condamné. Un aménagement est réalisé au débouché de cette volée de marches au rez-de-chaussée, pour établir la relation de l'escalier avec le revers de la façade. Une porte (L) y semble notamment percée, ouvrant vers la cour, là où le vide de l'escalier (F), désormais remblayé, ne le permettait pas précédemment. Seul subsiste donc, aux 17e et 18e siècles, cet escalier intérieur (K).

Les fouilles antérieures avaient déjà démontré le rempla-cement des pavements d'origine par des niveaux de briques posées de champ, le cloisonnement de la grande salle du rez-de-chaussée en plusieurs locaux distincts, la condamnation de la grande cheminée monumentale et sa réduction en un foyer plus modeste associé à un de ces nouveaux locaux, plus réduits. Ces travaux accompagnent la profonde transformation de l'ancienne résidence seigneuriale, naguère réservée au bailli, alors que la ferme dite de la basse-cour était délocalisée en 1614. La cour totalement nivelée et pavée, les édifices des 15e et 16e siècles précédemment implantés au milieu de la cour sont abandonnés et remblayés. Les articulations de leurs fondations et de leurs cages d'escaliers, observées pour la première fois en 2016, feront l'objet de la poursuite des recherches en 2018.

Ubregts W., 1976. Quelques comptes architecturaux du XVIe siècle (1536–1569) concernant le château et la cense de Walhain, Wavriensia, 25, p. 49–144.

Fig. 14. Vue générale de l'aile méridionale de la résidence du 16e siècle et de l'accès extérieur condamné (Zone 1, 2016), photographie © uCL/CraN

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CommuNiCaTioNS

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premiers résultats Des examens archéologiques au cloître saint-Jean à liège

Denis henrarD, Caroline bolle, Geneviève Coura et Guillaume mora-Dieu

introduction

La collégiale Saint-Jean l'Évangéliste est fondée à la fin du 10e siècle à l'initiative de l'évêque Notger qui y sera inhumé en 1008 conformément à sa propre volonté (Kupper, 2015, p. 71–79 ; Deckers, 1981). L'édifice est implanté en dehors de la première enceinte urbaine de Liège, sur un îlot alluvionnaire isolé du noyau primitif de la cité par le bras de Meuse de la Sauvenière. L'église actuelle, de plan centré à nef en rotonde, est reconstruite a fundamentis au 18e siècle ; seul l'avant-corps occidental, de style roman, subsiste de l'édifice médiéval. La formule architecturale adoptée aux Temps modernes perpétue dans les grandes lignes la construction médiévale, dont l'inspiration à partir de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle a été soulignée de tout temps (Lahaye, 1921, p. 3–4 et Genicot, 1981, p. 48–50).

Jusqu'à présent, l'église et ses dépendances n'avaient encore fait l'objet d'aucune recherche archéologique approfondie. Au milieu des années 2000, une fouille préventive menée au « Rivage Saint-Jean » avait pu appréhender, dans les alentours de la collégiale, l'émergence progressive du

parcellaire urbain à partir du milieu du 11e siècle, puis l'implantation de riches demeures au sein de l'enclos canonial (Mora-Dieu, 2007). Depuis le début 2016, le Service de l'Archéologie de Liège (SPW-DGO4) conduit des recherches dans le cloître de la collégiale, en préalable à la réaffectation du lieu par la Ville de Liège et dans le cadre d'un Certificat de Patrimoine. L'emprise des sondages en sous-sol est malheureusement restée très limitée, alors que les questions soulevées par la fouille auraient justifié une appréhension extensive de l'espace (fig. 15). Une analyse des bâtiments a pu être conjointement menée dans les ailes occidentale et méridionale du cloître. Le décapage des maçonneries, succédant à une analyse des enduits et badigeons (Job, 2016), a permis la mise au jour de nombreux vestiges épargnés par la refonte drastique des bâtiments au milieu du 19e siècle, après la réaffectation de la collégiale en église paroissiale.

la question de la mise en place du cloître à galeries

D'après Richard Forgeur, l'espace situé à l'ouest de l'avant-corps accueille des bâtiments destinés au chapitre canonial, notamment le réfectoire et la salle capitulaire (Forgeur,

caveaux tombes en cercueil maçonneries découvertes 0 10m

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Fig. 15. Plan de l'église et du cloître (d'après Forgeur, 1967, p. 33 et aC&T, 2015) avec situation des sondages et des prin-cipaux vestiges. La numérotation renvoie au texte (infographie F. Taildeman, Serv. archéologie, Dir. ext. Liège 1, © SPW-DGo4)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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1967, p. 24–25). Par ailleurs, la vocation funéraire de cet espace ne fait aucun doute : les sondages ponctuels implantés dans la cour du cloître ont livré une trentaine d'inhumations, s'échelonnant entre le début du 11e siècle et l'Époque moderne.

La configuration et l'évolution architecturale des encloîtres restent cependant très mal connues. Le cloître à galeries actuel est traditionnellement attribué au 16e siècle, tout en notant d'importantes transformations aux 18e et 19e siècles (Forgeur, 1967, p. 23–27). Par ailleurs, l'historiographie présuppose généralement l'existence d'un cloître occidental dès l'époque romane, sans réel argument objectif en ce sens (Forgeur, 1967, p. 7 ; Genicot, 1981, p. 52).

Sur la base des données récoltées sur terrain (principa-lement l'observation des contextes stratigraphiques et des maçonneries, notamment les techniques de tailles avec l'expertise de Frans Doperé), nous pouvons dresser le constat que la mise en place du cloître à galeries, dans son agencement actuel, est assez tardive, certainement pas antérieure au Moyen Âge tardif. À ce titre, notons que deux caveaux funéraires maçonnés à l'aide d'un petit appareil en grès, F47 et F56 (fig. 15, respectivement 3 et 4), sont recoupés par les galeries sud et ouest. Leurs dépouilles ont été soumises à une analyse radiométrique qui donne une datation, après calibration à deux sigmas, entre 965 et 1035 AD pour F47 (RICH-23860 ; 1029 +-26 BP) et entre 1040 et 1220 AD pour F47 (RICH-24913 ; 888 +-27 BP).

Dans la galerie sud, les voûtes à liernes et tiercerons et les colonnettes parées des armoiries d'Érard de la Marck (prince-évêque de Liège, 1505 à 1538), sont mises en œuvre dans une galerie préexistante. L'analyse des parements en calcaire de Meuse — taillés à la fine broche et au ciseau grain d'orge avec fine ciselure périphérique — permet d'estimer qu'elle aurait été érigée au 14e ou au début du 15e siècle. De plus, les arcs des baies donnant sur le préau étaient plus trapus. Enfin, l'extrémité occidentale de sa façade nord était dotée d'un arc brisé monumental (fig.  15: 5 et fig. 16). Cet arc, reposant à l'ouest sur un bâtiment plus ancien en grès houiller, aurait dicté la largeur de la galerie occidentale dont la mise en place ne date pourtant que du 16e siècle. La galerie nord, présentant les mêmes caractéristiques architecturales et techniques que la galerie occidentale, aurait également été construite au 16e siècle. Ces deux dernières galeries ne reçoivent leurs voûtes actuelles que dans le courant du 18e siècle, période de reconstruction de l'église. Enfin, la galerie orientale est, quant à elle, construite a fundamentis à la même époque, en recoupant d'ailleurs des tombes de la fin du Moyen Âge.

le réfectoire ou la chapelle dite « des bénéficiers »

Le bâtiment médiéval en moellons de grès houiller qui borde la galerie ouest du cloître a été largement remanié au 19e siècle : l'espace a été redistribué en trois logements distincts, le mur gouttereau occidental a été réédifié en retrait et des caves ont été implantées en sous-œuvre. Lors de ces travaux, le curé Charles du Vivier de Streel a sommai-rement signalé la découverte de nombreuses tombes, tout

Fig. 16. arc brisé monumental en Calcaire de meuse à l'extrémité ouest de la galerie méridionale (photo et infographie : P.-m. Warnier, © SPW-DGo4)

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en qualifiant cet espace de « chapelle des bénéficiers ». L'épitaphe et le haut-relief funéraire du chanoine Guillaume de Wavre, mort en 1457, ont été retrouvés dans le même contexte (du Vivier de Streel, 1854, p. 492). Le testament de Guillaume de Wavre stipule la volonté du défunt d'être enterré dans le réfectoire (AÉL, Coll. Saint-Jean, reg. 19, f. 53r ; Lahaye, 1921, t. 1, p. 412). L'appellation de « réfectoire » pour un espace funéraire interpelle cependant. Il est possible que cette qualification rappelle, encore au 15e siècle, une fonction révolue du bâtiment, ou encore qu'elle fasse référence à une affectation ambiguë au regard de nos propres catégories interprétatives. À ce titre, il est peut-être significatif que le haut-relief de Guillaume de Wavre, qu'il décrit lui-même dans ses dernières volontés, représente une scène de repas des évangiles, à savoir Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ chez Simon le Pharisien (AÉL, Coll. Saint-Jean, reg. 19, f. 53r ; Stiennon, 1968, p. 578). Un dépouillement des sources archivistiques de la collégiale est en cours afin de préciser le statut de cet espace au cours du temps, ainsi que la qualité de son recrutement funéraire. Ces recherches ont déjà permis d'identifier la fondation en 1361 d'un autel par le chanoine Jean Lardenois, pourvu le 23 mars 1352 et décédé le 31 juillet 1360, dans un lieu aussi qualifié de réfectoire. Cet autel, vraisemblablement fondé par disposition testamentaire, est dédié à Saint-Jérôme, Saint-Bernard et Sainte-Agathe (AÉL, Coll. Saint-Jean, reg. 924 ; Lahaye, 1921, t. 1, p. lii).

La « chapelle des bénéficiers » a pu être restituée par la fouille et l'analyse des élévations (fig. 15: 1). Il s'agit d'un édifice oblong de grande dimension (22/9 m) dont l'implantation, axée sur l'église et son avant-corps, semble privilégiée. Sa façade orientale, en petit appareil de moellons équarris et assisés, est dotée de chaînes d'angle en calcaire de Meuse. Les caractéristiques de leurs tailles permet d'estimer que l'ouvrage a été élevé au 13e siècle ou au début du 14e siècle. Quoi qu'il en soit, ce bâtiment est assurément en place entre la seconde moitié du 14e siècle et la première moitié du 15e siècle, même s'il a pu réutiliser des éléments architec-turaux plus anciens : un sondage au pied du pignon sud montre que son soubassement est déjà érigé entre le milieu du 11e et le milieu du 12e siècle après Jésus-Christ.

L'espace intérieur de la « chapelle des bénéficiers » accueille des inhumations orientées est-ouest et réparties selon deux rangées contre son gouttereau occidental (fig. 15). Une première génération de tombes prend la forme de caveaux maçonnés à l'aide de blocs de tuffeau finement façonnés. Un de ces caveaux occupe une position singulière, isolée au chevet sud de la pièce (emplacement privilégié au pied d'un autel ?). Des inhumations en cercueil complètent ensuite cette organisation systématique en rangées. Dans un second temps, des tombes orientées nord-sud bouleversent ce lotissement funéraire originel.

Une fosse de coulée de cloches

La fouille de la « chapelle des bénéficiers » a mis au jour la base d'une structure rubéfiée clairement assimilable à une fosse de coulée de cloches en bronze (fig. 15: 2 et fig. 17). Cette dernière était arasée par un caveau funéraire en tuffeau. Un maigre assemblage céramique associé à son remblai de destruction suggère une datation entre la fin du 11e et le 12e siècle. Des analyses archéomagnétiques et radiométriques sont en cours afin de préciser cette attribution chronologique.

En l'état de la recherche, nous ne sommes pas en mesure de restituer l'environnement ayant accueilli l'atelier temporaire du fondeur. En outre, l'état d'arasement des vestiges ne permet pas d'appréhender les aménagements au sol qui équipaient nécessairement son atelier (par exemple le four de fusion du métal). La fosse de coulée elle-même n'a pu être que partiellement dégagée en plan. Ses caractéristiques correspondent admirablement au descriptif technique de fabrication des cloches fourni par le moine Théophile dans son traité Schedula diversum artium, rédigé au tournant des 11e et 12e siècles (Gonon, 2002, p. 119–126). Le moule de la cloche (noyau, fausse-cloche et chape) est installé dans la fosse sur un soubassement d'épaisses dalles. Ces dernières sont disposées afin de ménager un conduit de chauffe qui permet de cuire le moule avant l'opération de fonte à proprement parlé.

La fosse de coulée de Saint-Jean a permis la fonte simultanée d'au moins deux cloches dont le diamètre à la base avoisine respectivement 100 à 120 cm et 130 à 140 cm, ce qui leur confère des dimensions particulièrement imposantes pour l'époque (Gonon, 2002, p. 143–145).

Fig. 17. Fosse de coulée de cloches F155 en cours de dégagement

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Bibliographie

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Sources

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Job E., 2016. Études des finitions décoratives de certains volumes constitutifs du cloître Saint Jean, KIKIRPA n° dossier 2016.12996, rapport inédit, octobre 2016.

la nef De la collégiale notre-Dame à Dinant : Déroulement Du chantier et nouvelles hypothèses chronologiques

Aline Wilmet et Antoine bauDry

La nef de l'ancienne collégiale Notre-Dame à Dinant est traditionnellement datée de la seconde moitié du XIIIe siècle sur base de critères typo-chronologiques dépassés et d'une libre interprétation de textes médiévaux (Schayes, 1840, p. 93 ; Hayot, 1950, p. 52–53). Cette proposition a récemment fait l'objet d'une remise en question au sein de deux études, l'une portant sur la façade du monument (Baudry, 2016), l'autre, sur le décor sculpté des édifices gothiques de la vallée mosane (Wilmet, 2017). La présente contribution expose les premiers résultats d'une réflexion commune engagée sur le chantier des parties occidentales de l'église, dont l'étude se heurte à divers obstacles, telles l'absence de sources écrites, de charpentes primitives, et enfin, une homogénéité apparente couplée à la permanence de l'élévation adoptée dans le chœur au début du XIIIe siècle. La méthodologie développée dans le cadre de cette collaboration allie une lecture approfondie de l'ornement sculpté à un examen comparatif des procédés de façonnage des maçonneries en calcaire de Meuse. Les résultats obtenus sont mis en perspective avec les deux portails de la nef, ainsi qu'avec un vantail médiéval préservé.

Le chantier de la nef se scinde en quatre phases distinctes, échelonnées entre le deuxième quart du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle. La première phase comprend le premier registre des cinq travées, l'arrêt des travaux se situant probablement sous le cordon inférieur du triforium. Les maçonneries ordinaires de cette partie du bâtiment sont façonnées à la broche employée en taille pointée à gros éclats ou en taille brochée oblique, et sont par ailleurs pourvues de ciselures périmétrales variant entre 1,5 et 2 cm. L'étude des traces d'outils sur les chapiteaux révèle l'emploi d'une taille pointée fine entreprise à la broche ou au ciseau grain d'orge dans les bas-côtés, et d'une taille brochée fine à la broche ou au ciseau bédane dans le vaisseau central. Quant aux bases, elles sont majoritairement taillées à l'aide de la broche ou du ciseau grain d'orge en taille pointée fine. Ces outils sont courants durant le XIVe siècle et tranchent avec l'usage de la broche et du ciseau grain d'orge employés en taille pointée fine et de la gradine, plus caractéris-tiques du milieu et de la seconde moitié du XIIIe siècle (Wilmet, 2016, p. 14–34 ; Doperé, 2006, p. 60–77). Les formes ornementales privilégiées dans la nef témoignent également d'une certaine homogénéité. Les bases simples, de plan octogonal, disposent d'une base moulurée à corps de moulures torique. Quant aux chapiteaux à crossettes,

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CommuNiCaTioNS

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le modelé du feuillage est caractéristique du XIVe siècle (Wilmet, 2017, p. 143). Dans le bas-côté sud, un culot orné d'un buste féminin offre des similitudes avec la statuaire mosane des années 1330–1340 (Didier, 1995, p. 127–136), les écoinçons du triforium de la collégiale Saint-Paul à Liège (1328–1330d), de même qu'avec un masque feuillu ornant le portail sud de la collégiale dinantaise (Wilmet, 2017, p. 216–217). Ainsi, cette première campagne de construction s'avère être contemporaine des portails méridional et occidental, parfaitement liaisonnés avec le bâti et datés respectivement vers 1340 et 1350 (Deleau, 2009, p. 79).

La deuxième phase de construction voit l'érection du premier étage de la tour nord et l'ensemble du triforium nord, peut-être jusqu'au seuil des baies du clair-étage, au cours de la seconde moitié du XIVe siècle. Les parements des maçonneries ordinaires portent majoritairement les traces de la taille pointée à gros éclats avec une ciselure périmétrale variant entre 2,5 et 3 cm, la taille brochée demeurant minoritaire. Quant aux chapiteaux à crossettes du triforium, ils se caractérisent par l'usage de feuilles rubanées animées d'un relief modéré et disposées en corolle sur un plan. Ce traitement est comparable à celui des chapiteaux du cloître de la collégiale de Tongres (milieu du XIVe siècle) ou encore à ceux des églises des dominicains (1392–1397d) et des franciscains de Maastricht (1392d). Ils sont taillés à l'aide de la broche ou du ciseau grain d'orge, à l'instar des fûts de colonnettes et de la majorité des arcatures trilobées.

Le premier étage de la tour sud et le triforium sud, peut-être jusqu'au seuil des baies du clair-étage, sont érigés au cours d'une troisième phase située chronologiquement entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. Les maçonneries ordinaires sont majoritairement façonnées en taille pointée à gros éclats avec une ciselure périmétrale oscillant entre 3 et 4 cm. La taille brochée, toujours présente, demeure encore minoritaire au cours des travaux. Le décor du triforium sud tranche nettement avec celui de son homologue nord. D'abord, les chapiteaux sont caractérisés par une proéminence globulaire située à l'intersection entre les limbes qui nie la disposition en corolle de deux rangées de feuillage. Cette formule rencontrera un succès intense aux XVe et XVIe siècles, particulièrement dans le milieu paroissial, ou la distinction entre les limbes n'est plus visible, donnant à la corolle de feuille un aspect côtelé (Wilmet, 2017, p. 219). Ensuite, c'est la taille ciselée qui est privilégiée pour la taille des bases, des fûts de colonnettes et des arcatures. Enfin, ces chapiteaux disposent d'une taille de finition brochée, menée au ciseau bédane ou à la broche, caractéristique de la fin du XIVe siècle (Wilmet, 2016, p. 15).

La quatrième et dernière phase de construction de la nef voit l'édification du deuxième étage de la tour nord, du clair

étage et, probablement, des voûtes du vaisseau principal, reconstruites vers 1480–1495 (Baudry & Joly, 2016, p. 123–137). Cette phase se caractérise par un emploi plus égalitaire de la taille pointée à gros éclats et de la taille brochée, avec des ciselures périmétrales comprises entre 3,5 et 4 cm. Ces indices ancrent l'édification de ces parties au XVe siècle, comme le confirme également le modelé des culots du deuxième étage de la tour, ornés de feuilles rubanées grossièrement taillées à la broche. La chronologie du deuxième étage de la tour nord n'est pas déterminée faute d'accessibilité à cette partie du bâtiment.

Compte tenu du déroulement atypique du chantier médiéval, la nef gothique ne put être accessible aux fidèles qu'une fois la quatrième phase achevée, au XVe siècle, avant le sac de la ville en 1466, les restaurations de la fin du XVe siècle attestant de l'achèvement de l'église avant cette date (Baudry & Joly, 2016, p. 131). Le vantail du portail sud, aux ferrures millésimées 1445, témoigne probablement de la clôture de ce chantier de longue haleine. Des sondages archéologiques et des relevés en élévation se révèleraient pertinents pour déterminer si la nef précédente fut conservée durant les travaux ou intégralement démolie lors de la première phase de construction.

L'étude du décor sculpté, couplée à une analyse des maçonneries ordinaires et à une réflexion sur la construction des deux portails et d'un vantail primitif préservé, permet de proposer une nouvelle lecture du chantier médiéval des parties occidentales de la collégiale. Traditionnellement considérées comme homogènes et datées de la seconde moitié du XIIIe siècle, celles-ci résultent en réalité de la succession de quatre phases principales, organisées en strates horizontales et échelonnées entre le deuxième quart du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle. Des recherches plus approfondies, épaulées par des relevés et des échafaudages, permettraient d'affiner cette première approche du chantier de la nef dinantaise.

Bibliographie

Baudry A., 2016. La façade occidentale de la collégiale Notre-Dame de Dinant : montée des marches du bâti médiéval. Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, t. 27, Liège, p. 59–88.

Baudry A. & Joly E., 2016. La restauration de la collégiale Notre-Dame à Dinant après le sac de 1466. Saint-Amand P. & Tixhon A. (dir), « Ici fut Dinant ». Autour du sac de 1466, Dinant, p. 123–137 (numéro spécial de la revue Les échos de Crèvecoeur, 44).

Bessac J.-C., 1993. L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’Antiquité à nos jours, Paris.

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Deleau V., 2009. Les portails de la collégiale de Dinant. Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, t. 21, Liège, p. 59–89.

Didier R., 1995. Le portail polychrome dit « Le Bethléem » à Huy, Bruxelles.

Doperé F., 2006. Apport de l'analyse des techniques de taille des pierres dans l'étude des chantiers de châteaux médiévaux mosans. La chronologie de la taille des pierres pour les pierres calcaires. Les chantiers des châteaux de Poilvache, de Vêves et de Spontin. Les Cahiers de l’Urbanisme. Mélanges d’archéologie médiévale. Liber amoricum en hommage à André Matthys, Namur, p. 60–77 (hors-série).

Hayot É., 1950. La collégiale Notre-Dame à Dinant. Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, t. 2, Bruxelles, p. 8–75.

Schayes A. G. B., 1840. Mémoire sur l’architecture ogivale en Belgique, Bruxelles.

Wilmet A., 2016. Pour une lecture affinée du chantier gothique en région mosane : étude archéologique de l'ornement sculpté, Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites, et Fouilles, t. 27, Liège, p. 7–58.

Wilmet A., 2017. Le décor sculpté des supports de l’archi-tecture gothique en vallée mosane. Analyse des formes et des techniques pour une approche renouvelée du chantier médiéval, thèse de doctorat inédite, Université de Namur.

les sonDages mécaniques à hermalle-sous-argenteau : méthoDologie et premiers résultats

Mona Court-piCon, Paul spagna, Stéphane pirson et Pierre Van Der sloot

Dans le cadre du projet Trilogiport, implanté une douzaine de kilomètres au nord de Liège, le site d'Hermalle-sous-Argenteau a fait l'objet de fouilles préventives de 2010 à 2014 sous la houlette du Service public de Wallonie, avec la collaboration de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (par ex. : van der Sloot et al., 2014, 2015). L'emprise concernée par le projet dépassait 100 hectares, dans la plaine alluviale de la Meuse, entre le fleuve et le Canal Albert. L'ensemble des prospections a mis en évidence une grande richesse et une variété importante de contextes archéologiques, appartenant à plusieurs occupations de périodes distinctes, allant du mésolithique au Mérovingien.

L'implantation de populations dans un tel environnement fluviatile, a priori fréquemment inondé, pose la question de la reconstruction paléoenvironnementale. Des coupes et sondages profonds dédiés à l'étude géologique des sédiments fluviatiles ont donc été aménagés sur l'ensemble des secteurs. Ils ont notamment permis la mise en évidence, vers l'ouest, à proximité du lit de l'actuel ruisseau qui traverse le site (le Prehy), d'une importante couche d'argile bleutée carbonatée (parfois plus de 2m d'épaisseur) surmontant un niveau tourbeux (proche de 1 m d'épaisseur), intercalés entre des limons argilo-sableux de couverture et les galets sous-jacents (van der Sloot et al., 2014).

De tels dépôts sont propices aux études paléoécologiques (palynologie, carpologie, anthracologie, malacologie, entomologie…). Ils présentent donc un grand potentiel pour documenter le paléoenvironnement de la plaine alluviale et en jalonner chronologiquement la séquence, ce qui a conduit à des tests de faisabilité sur quelques échantillons directement prélevés dans le godet de la pelleteuse. Un échantillon malacologique (argile) et trois échantillons palynologiques (limon, argile et tourbe) ont ainsi été analysés. Ces tests ont montré des sédiments riches en restes végétaux et fauniques, très bien conservés qui n'ont posé aucun problème d'identification et dont la représentativité paléoécologique a pu être considérée comme fiable (van der Sloot et al., 2014). Vu la rareté des sites en bord de Meuse avec de tels potentiels paléoéco-logiques et les résultats très encourageants des premières analyses, il a été décidé de poursuivre les investigations par la réalisation de deux carottages mécaniques près du cours naturel du Préhy, là où l'épaisseur des couches argileuses et tourbeuses était la plus importante. L'objectif de ces sondages est de documenter en continu et à haute résolution temporelle l'évolution du paysage de la plaine alluviale au fur et à mesure de son anthropisation.

D'un point de vue palynologique, on peut plus particuliè-rement espérer :

— retracer l'évolution de la végétation sur la longue durée, avant, pendant et après les différentes occupations du site depuis le Mésolithique jusqu'à la Période Moderne et caractériser l'impact de ces fréquentations sur le milieu,

— comprendre l'économie végétale des différentes populations ayant occupé le site, c'est-à-dire appréhender les relations homme-milieu et les différentes formes d'exploitation de cette végétation,

— identifier et caractériser plus finement l'environnement autour des différents établissements du site et ce à différentes échelles spatio-temporelles.

Cette communication a pour objectifs principaux 1) de discuter d'aspects méthodologiques liés aux prélèvements

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Fig. 18. FiG. 1. Log synthétique des unités lithostratigraphiques étudiées sur le site du Trilogiport à Hermalle-sous-argenteau (Dao P. Spagna, d'après vAn der sloot et al., 2014)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

sur carottages, et 2) de présenter quelques résultats prélimi-naires obtenus sur un des deux sondages, en particulier des résultats lithostratigraphiques et palynologiques.

Bibliographie

van der Sloot P., Collette O., Coquelet C., Court-Picon M., Deforce K., Goffette Q., Marchal J.-P., Pirson S. &

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van der Sloot P., Court-Picon M., Deforce K., Goffette Q., Marchal J.-P., Pirson S. & Spagna P., 2014. Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B). Résultats prélimi-naires, Notae Praehistoricae, 34, p. 65–95.

Fig. 19. FiG. 2. Carottages mécaniques spécialisés effectués à Hermalle-sous-argenteau au lieu-dit « au Buisson » (photos P. Spagna et Q. Goffette, irSNB, 2012)

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comment évaluer le potentiel archéologique D’un vaste territoire boisé avec peu De moyens ? le Domaine Du bois D’arlon

Olivier Collette et Christelle Draily

Le Domaine du Bois d’Arlon se trouve en Lorraine belge dans la province de Luxembourg. Il s’agit d’un château au sein d’un territoire de 250 ha. Ce territoire est constitué principalement de forêts anciennes, c’est-à-dire qu’il est resté boisé depuis au moins le 18e siècle. Il y a 15 ans, ce vaste domaine a été mis à blanc en vue de la vente des arbres abattus et cela sans réaménagement. Depuis lors, la végétation a repris ses droits, le terrain est actuellement couvert de landes et de taillis particulièrement denses. Monsieur Schintgen, homme d’affaire luxembourgeois, ayant acquis le Domaine a proposé la construction d’un double golf. Une procédure de modification du plan de secteur est en cours et devrait être prochainement adoptée par le gouvernement wallon. Cette modification fera basculer les parcelles du Domaine de zone forestière en

zone récréative. Une demande du permis de bâtir suivra et devrait permettre le début des travaux printemps 2018.

Le service de l’archéologie en province de Luxembourg a été mis au courant de ce projet par la presse. Il a rapidement marqué son intérêt suite à des découvertes de matériel mésolithique situé dans le camp militaire voisin de Lagland. Dès la fin 2016, un dossier décrivant le contexte naturel du domaine et le potentiel de conservation des vestiges archéologiques a été réalisé. Des anomalies du relief bien visibles grâce aux données Lidar ont révélé un potentiel archéologique riche et varié. Parmi les anomalies morphologiques certaines coïncident avec la présence d’une cuirasse de fer connue et exploitée dans la région depuis longtemps. D’autres traces dessinent un ancien parcellaire au sein d’une poche de sols favorables à la culture. Cinq thématiques ont été établies : les vestiges d’occupations mésolithiques, l’exploitation d’oxydes de fer, une occupation agricole ancienne, l’extraction de matériaux sableux et argileux et, de façon secondaire, la présence d’anciennes charbonnières.

Face à ce potentiel, le service de l’archéologie a décidé d’effectuer une évaluation. Au vu de l’environnement particulier du terrain, de ses dimensions et des ressources disponibles une évaluation classique n’était pas envisa-geable. En effet, un aussi large territoire demande des

Fig. 20. relief du Domaine du Bois d’arlon à partir des données Lidar

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moyens humains et matériels importants ainsi que des délais considérables afin de mener une découverture suffisamment étendue. De plus, la végétation nécessitait des opérations de débroussaillage et d’abattage qui ne pouvaient être menées par les services de l’archéologie.

Après une rencontre avec l’aménageur, particulièrement coopérant, il a été décidé d’effectuer une série de sondages ponctuels. Ces sondages permettaient de vérifier le potentiel des zones identifiées. La couverture végétale était un obstacle à l’emplacement précis des sondages. Il a pu se faire par géo-localisation grâce aux images Lidar chargées sur une tablette équipée d’un gps (modèle commercial classique). Cette méthode d’implantation a permis l’exécution d’opérations au cours des printemps et été 2017. Quelques centaines de sondages tarières ont été réalisés et décrits, une dizaine de petites tranchées ont été creusées et observées, des dizaines d’échantillons ont été tamisés et examinés sur place et de nombreux prélèvements ont été récoltés. Ces opérations et les informations obtenues ont donné lieu à un rapport de pré-évaluation. Ce rapport a recommandé une phase d’évaluation mécanique ciblée, consistant au creusement de six tranchées. On est loin d’une découverture de 2ha équivalent à 10% de la surface considérée !

Ces tranchées à la pelle mécanique ont été creusées début septembre. Elles ont permis de vérifier plus en détail le potentiel archéologique des secteurs étudiés. A peine deux jours de pelleteuse ont été utilisés pour cette opération. Les informations récoltées durant l’ensemble des interventions ont confirmé la présence de minerais exploitables, d’un parcellaire antérieur au moins au 18e siècle et d’activités forestières diverses (aires de fauldes, sablières…). Cependant, aucune structure ni matériel

archéologique n’a été découvert. Ceci a permis de décider la fin des opérations et de libérer le terrain, sous réserve de découvertes fortuites. En définitive, malgré l’ampleur de la surface à évaluer les moyens humains et matériels se sont révélés suffisants pour mener à terme l’évaluation archéologique.

L’expérience du Domaine du Bois d’Arlon est instructive dans le sens où elle montre que dans certaines conditions une phase de préparation suffisamment poussée permet de faire face à des défis considérés au départ comme diffici-lement réalisables.

les thermes De Warcq, premiers résultats

Julien bruyère

La fouille de Warcq « Simonelle,  Sous le chemin de Tourne » fait suite à un projet d'aménagement routier, qui relie l'autoroute A 304 à la route nationale RN 43 dans le département des Ardennes en France. Cette opération, qui s'est déroulée au printemps 2017, portait sur une surface de 3 400 m2. Les vestiges gallo-romains se concentrent uniquement au nord-est de l'emprise sur près de 300 m2. Ils forment plusieurs espaces maçonnés qui évoquent une partie des bâtiments d'une villa gallo-romaine (pars urbana). Les études de mobilier sont toujours en cours mais il semblerait que l'occupation s'étende entre le IIe et le IVe siècles de notre ère. Le site est implanté à une altitude moyenne de 150 m NGF et situé à environ 500 m au nord de la rivière la Sormonne. La situation géologique est originale, celui-ci se situant à la rencontre de deux niveaux bien distincts. La partie sud du site renferme des alluvions anciennes liées au cours d'eau, tandis que la partie nord se compose d'une alternance de couches d'argile et de calcaires à gryphées de la période du Sinémurien supérieur. La fouille a permis de mettre en avant l'existence

Fig. 21. Sondage à la tarière et tamisage sur place

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de réaménagements : on distingue précisément 4 phases d'occupation.

Le premier état renvoie uniquement à la partie orientale des vestiges et comprend un espace ouvert et une cave. Ils occupent une superficie supérieure à 70 m2 avant de disparaitre sous la berme d'emprise. L'espace ouvert, situé dans la partie sud, prend une forme rectangulaire circonscrite par des maçonneries, bâties en parement blocage, larges d'un mètre. La cave offre une surface de 15,75 m2 (4,50 x 3,50 m hors murs). Elle est accessible par une volée de 4 marches, monolithes calcaires d'une épaisseur moyenne de 0,30 m. Les maçonneries sont conservées sur près d'1,80 m de hauteur. Les parements sont en opus vittatum avec des joints tirés au fer. Les différents murs de la cave sont agrémentés de niches voûtées. Le mur nord est doté d'un soupirail.

La seconde phase d'occupation consacre un édifice thermal constitué de 3 pièces et de 2 pièces de service. Ce balnéaire, de forme allongée, vient s'appuyer sur le mur occidental de la phase précédente. Les pièces de bains, toutes en enfilade, offrent les mêmes dimensions soit 3,30 m de long pour 2 m de large, excepté le frigidarium qui se distingue avec une longueur de 5,50 m. Le système de chauffage était assuré par le praefurnuium. Cette pièce (3,30 m de long pour 1,50 m de large), destinée à faire du feu, est précédée d'un tout petit espace en forme de « L » (2 m x 1,50 m) qui devait servir simplement d'accès au personnel. La présence de mortier de tuileau (1,30 m x 1m) sur le sommet du canal de chauffe évoque la possibilité d'une réserve d'eau chaude (testudo alvei). Le caldarium et le tepidarium offrent un excellent niveau de conservation. Ces deux pièces sont bâties sur des hypocaustes encore partiellement en place. L'implantation ainsi que les dimensions des pilettes diffèrent entre les 2 salles. Elles sont de forme carrée pour le tepidarium et de dimensions variables pour le caldarium. La circulation de l'air entre la pièce et chaude et la pièce froide s'effectue au moyen de deux passages dans le mur. Les tubulures sont disposées contre 3 des 4 murs de chaque pièce. Le mur occidental, non pourvu de tubuli, servait d'appui à un bassin en mortier de tuileau. Les ornementations des salles pourvues de bains étaient composées pour l'essentiel de marbre. On peut mentionner la présence de marbre blanc sur les murs et l'utilisation de décors stylisés avec une palette restreinte de marbres pour les sols.

La troisième phase d'occupation du site consacre l'agran-dissement du frigidarium aux dépens de la cave, dont il est impossible de dire si elle était abandonnée à ce moment-là. La pièce froide prend alors une forme rectangulaire de 3,80 m de long pour 2,90 m de large (sans compter la piscine). La partie orientale est composée d'une banquette couvrant l'intégralité du mur. Le sol est particulièrement bien

conservé avec la présence partielle d'un opus sectile. Cet aménagement de sol, constitué d'un assemblage de dalles de marbre carrées et rectangulaire de diverses couleurs, renvoie à un exemplaire identique trouvé dans la villa de Damblain dans les Vosges (Boulanger, 2014).

Le dernier agencement est effectué dans la partie septen-trionale du balnéaire avec l'apparition d'un vestiaire. Il prolonge les murs de la cave et vient s'insérer en amont de la pièce froide. Il se présente sous la forme d'une pièce rectan-gulaire de 4 m de long pour 2,70 m de large (hors mur). L'entrée, large d'un mètre s'effectue par l'ouest. Les niveaux de sol ne sont pas conservés mais on observe néanmoins un niveau de préparation caractérisé par une couche de béton de tuileau épaisse d'une dizaine de centimètre. Elle affiche la particularité d'être entrecoupée par quatre tranchées transversales de 0,30 m de large et 0,20 m de profondeur. Ce système laisse à penser qu'il pourrait être le négatif d'une structure en matériaux périssables (lambourdes de plancher ?). Cette nouvelle construction est légèrement surélevée par rapport aux bains, on passe de l'apodytorium au frigidarium en descendant une marche.

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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temples D'angkor: une contribution De l'archéologie Wallonne

Olivier Collette

Fin 2016 un protocole d'accord a été signé entre l'École française d'Extrême Orient (EFEO) et le Service Public de Wallonie représenté par la DGO4 sur le site des temples d'Angkor au Cambodge. Cet accord porte sur le dévelop-pement d'une coopération avec l'institution française. En pratique, il consiste à mettre à disposition un géo-pédologue deux semaines par an pour assister aux fouilles de l'EFEO. La première mission de coopération a eu lieu début 2017. Elle avait comme objet principal l'assistance géo-pédologique à la fouille d'un ashram angkorien bordant le Baray oriental (premier grand réservoir d'eau).

Angkor est un site archéologique composé d'un ensemble de ruines rassemblant les différentes capitales de l'Empire khmer qui ont existé approximativement du 9ème au 15ème siècle. Le site s'étend sur environ 400 km². A son apogée, la capitale khmère comptait pas moins de 750 000 habitants et couvrait une superficie d'environ 1000 km². Avec des monuments impressionnants dont le célèbre temple d'Angkor Vat, de nombreux plans urbains anciens et d'imposants aménagements hydrauliques (baray, canaux) le site témoigne d'une civilisation exceptionnelle. Il est classé patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992. Un vaste programme de sauvegarde du site et de son environ-nement accompagne ce classement.

L'Ecole Française d'Extrême Orient fondée en 1900 a pour mission la recherche interdisciplinaire sur les civilisations asiatiques. Elle est présente dans douze pays asiatiques, de l'Inde au Japon. Au Cambodge, ses archéologues et architectes illustres ont été à la base de la redécouverte et de la restauration des temples angkoriens. Actuellement, les activités du centre d'Angkor contribuent à la connaissance du Cambodge ancien. Parmi les actions, des travaux de restauration menés sur le Mebon occidental et une dizaine d'autres projets gérés par une équipe locale. Dominique Soutif, archéologue basé à Siem Reap, organise depuis plusieurs années des fouilles et prospections autour du Baray oriental. En 2017, c'est principalement sur l'ashram de Prei Prasat que des opérations de fouille ont eu lieu. Des interventions plus limitées sur un ashram voisin et sur la digue du Baray ont également été menées.

Autour du Baray oriental se positionnent des petits temples destinés à la protection de l'immense réservoir de la capitale angkorienne. Ces temples se trouvent au sein d'ashrams, petites entités communautaires structurées en

trois parties: une zone cultuelle, une zone d'occupation et une zone de subsistance. Les vestiges de l'ashram de Prei Prasat sont connus. Déjà au début du 20éme siècle les ruines ont été partiellement dégagées. Il subsiste cependant de nombreuses inconnues quant à son organisation et son occupation. Mis à part les ruines du temple, constituées de matériaux latéritiques, il ne reste que très peu de structures et de matériel archéologique pour répondre à ces questions. Parmi les inconnues, l'origine, la caractérisation et l'évolution de la plateforme sur laquelle l'ashram est installée s'adresse directement au géo-pédologue.

La fouille a eu lieu durant 20 jours en février-mars 2017. Elle a été menée par quatre archéologues et une équipe importante d'opérateurs locaux. L'étude géo-pédologique s'est concentrée dans la zone d'occupation, celle contenant le moins de vestiges. Des tranchées y ont été creusées manuellement sur plusieurs dizaines de mètres. Elles ont permis de récolter des informations utiles à la compréhension de la structure de l'ashram. De nombreux sondages à la tarière manuelle ont également été creusés au sein de l'ashram et aux alentours. Des échantillons ont été récoltés en vue d'analyses spécifiques. Des sondages ponctuels dans un ashram voisin, Prasat Komnap, fouillé les années précédentes, ont été menés afin d'harmoniser les observations géo-pédologiques. Suite à une prospection pédestre, une anomalie du relief a été fouillée au sommet de la digue du baray et a fait l'objet d'un suivi

Fig. 25. Les ruines de Prei Prasat

Fig. 26. Le temple d’angkor Vat

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géo-pédologique. Les informations récoltées lors de cette intervention portent notamment sur la structure interne de la digue et des problèmes d'instabilités qui y sont liés. Parallèlement à ces interventions de terrain, les données Lidar de l'ensemble du site d'Angkor a été mis à disposition. Ces données, résultant d'une acquisition à haute résolution, ont apporté de précieuses informations. Leur analyse a notamment permis de replacer ces sites dans leur contexte géomorphologique et d'opérer des analyses spatiales sommaires.

Des analyses physico-chimiques doivent encore être menées. Elles apporteront de précieux renseignements sur les thématiques abordées. Ceci étant dit, les premiers résultats obtenus par l'étude de terrain et les analyses spatiales proposent déjà des éclaircissements innovants. Ils doivent encore faire l'objet de confrontations avec les données archéologiques. Parallèlement à ces résultats on peut déjà conclure que la mission présente un bilan positif. En effet, les nombreuses discussions avec les acteurs de terrain, la confrontation avec les méthodes d'interventions sur sites internationaux, les échanges d'informations et les contacts avec des intervenants hautement qualifiés ont permis l'acquisition d'une expérience unique au sein d'un site exceptionnel. Du côté de l'EFEO l'expérience a également été appréciée, les responsables souhaitent la poursuivre. Pour les prochaines missions – pour autant qu'elles puissent avoir lieu - il est envisagé plusieurs actions : la poursuite de l'assistance aux fouilles à venir, la mise en place d'une méthode d'échantillonnage systématique, la tenue d'une communication sur la géo-pédologie appliquée à l'archéologie, la visite d'autres sites angkoriens non-EFEO et une introduction officielle auprès d'APSARA, autorité nationale de la gestion des temples d'Angkor. A terme, il est même envisagé l'accompagnement d'un étudiant local ou étranger en sciences de la terre. La modeste contribution de l'archéologie wallonne auprès des temples d'Angkor semble être reconnue et appréciée, et par là la Wallonie à l'échelle internationale.

Intra muros. les premiers enseignements De l’exploitation Du fonDs anDré D'hayer (asbl pasquier grenier)

Laurent Verslype, Céline hermans et Fabienne VilVorDer

Pendant plus d'un demi-siècle, les Tournaisiens ont pris l'habitude de voir André D'Hayer sillonner la ville de Tournai, charrette attelée ou cageots arrimés à sa bicylette, pour récolter les objets archéologiques qui émergeaient des déblais de nombreux chantiers de construction ou d'aménagement d'infrastructures. Souvent ignorés, dans la frénésie des travaux de remembrement urbain consécutifs à la reconstruction d'après-guerre (immeubles, redressement de l'Escaut, percée de voiries, énergie et fluides…), ou même glanés sur quelques chantiers archéologiques, à la limite d'une légalité qui n'était pas encore encadrée comme elle l'est aujourd'hui sur le plan régional, ce sont désormais plusieurs dizaines de palettes de cet héritage qui ont été conditionnées par l'asbl Pasquier Grenier en vue de son sauvetage et de son exploitation en 2012 et 2013. En effet, toutes ces trouvailles furent initialement entreposées dans une quincaillerie, propriété du prospecteur urbain, sise rue du Vieux-Marché-au-Jambon. Or, le bâtiment fut mis en vente en 2012. Le contenu des caisses et cageots qui y étaient entreposés était aussi diversifié que la nature des contenants : de la céramique, des objets en métal, de la verrerie, des éléments lithiques sculptés et autres objets singuliers. Ce fonds hétéroclite et dénué de toute contextualisation, possède plusieurs caractéristiques qui nous ont convaincu de la pertinence d'une étude sélective dont les premiers pas sont présentés ici. Cette étude du fonds a été confiée par l'asbl au CRAN de l'UCL en 2014 qui l'a entreprise, notamment par le biais de stages et de travaux d'étudiants. Le SPW (DGO4) a facilité le transfert des collections en assurant son transport jusqu'au campus de Louvain-la-Neuve, deux véhicules lourds étant chargés pour l'occasion. Ce ne sont finalement pas moins de 1042 caisses de mobilier dont 854 de céramique, la plupart sans provenance précise avérée, dont l'étude progresse à grands pas.

Les points de collecte de l'ensemble se situent intra muros de la seconde enceinte communale élevée au XIIe siècle, ce qui, compte tenu de la masse inédite de mobilier, de sa diversité et de l'état de conservation de la plupart des artefacts concernés, présente un intérêt évident pour la connaissance de la culture matérielle urbaine antique, médiévale et moderne en dépit de leur documentation lacunaire. Seuls deux sites référencés se situent en périphérie : Allain, en amont de la ville sur les berges de l'Escaut, et Froyennes, plus loin en aval le long de l'Escaut également, à l'emplacement de l'actuel zoning commercial.

Fig. 27. Fouille à Prei Prasat

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Plusieurs bénévoles furent chargés de conditionner l'ensemble de la collection en vue de son transport. Les anciens cageots ou caisses en bois où dormaient les vestiges récoltés furent remplacés par des caisses cartonnées, numérotées et empilées sur des palettes standardisées. Ce rangement fut accompagné d'un minutieux travail d'inventaire sur tableur pour la relocalisation des vestiges conditionnés en fonction de plusieurs critères d'identi-fication (matériau, datation approximative, éventuelle localisation, date de découverte présumée). Signalons d'emblée que le lapidaire antique, médiéval et moderne (meules, statuaire, décors architectoniques) n'a pas encore été analysé ni la rare verrerie, les objets métalliques ferreux ou en alliages cuivreux, voire la sculpture décorative ou les décors de sols et pariétaux en terre cuite.

Les préceptes du tri/élimination furent ici appliqués sans détour, étant donné les lacunes documentaires déjà dénoncées et en fonction de l'intérêt des pièces mêmes. Ainsi, aucun traitement statistique conventionnel ne s'avérait pertinent au déballage des innombrables fragments de panses de récipients en terre cuite toutes périodes confondues, dénués de toute provenance. L'approche céramologique a donc été adaptée en fonction des quantités et de la qualité intrinsèque des objets.

L'ensemble du matériel archéologique de l'Antiquité a été trié et réparti, en fonction des lieux de découverte, au sein des grandes catégories de mobilier. Une grande partie du corpus provient des sondages réalisés par André D'Hayer au cours des années 1961 à 1964 sur le site de La Loucherie qui a abrité, dès le IIe siècle ap. J.-C., un bâtiment officiel sur lequel viendra s'adosser l'enceinte urbaine du IVe siècle. D'un point de vue céramologique, il s'agit de la plus grande collection réunie à ce jour à Tournai, couvrant le début de l'époque augustéenne (sigillée italique, proto-terra nigra…) jusqu'au IVe siècle ap. J.-C. (terre sigillée argonnaise décorée à la molette et dérivées…) et dont une petite partie a déjà fait l'objet d'études ponctuelles (céramiques indigènes précoces, vases à bustes...) . Riche en mobilier divers (enduits peints, mosaïque, plaque de marbre, fibules…) cette collection nécessite des études spécifiques). Si le mobilier de la fin de l'Antiquité tardive et de l'époque mérovingienne est quasi inexistant, un lot de rebus de cuisson de céramiques du haut Moyen Âge provenant du site même de La Loucherie, atteste la présence probable d'un atelier de potier.

Pour le Moyen Âge et la période moderne, les catégories sont tout à fait représentatives du corpus tournaisien. L'étude a été réalisée par Céline Hermans, dans le cadre d'un téméraire mémoire en archéologie et histoire de l'art à l'UCL. Elle a inventorié systématiquement les récipients en etrre cuite du fonds en privilégiant une illustration photographique systématique pour chaque entrée catalographique. Plusieurs caisses, non sélectionnés ou cataloguées en détail, ont par ailleurs été reconditionnées par ensembles, en vue d'une étude postérieure complé-mentaire, dès que des éléments singuliers ou leur rareté mais représentativité insuffisante l'imposaient. Les formes utiles à la cuisson se retrouvent aussi bien en terre cuite grise avec les pots globulaires qu'en terre cuite rouge avec ceux à anse verticale, les marmites, les casseroles tripodes, les poêlons et les poêles. Mentionnons également les couvercles qui se retrouvent en assez grande quantité. Plusieurs formes en terre cuite grise étaient utilisées pour le stockage : les pots globulaires, un exemplaire unique de pot verseur et les vases réserves. Ces récipients de stockage se retrouvent pour certains également en terre cuite rouge.

Fig. 28. Vue des collections dans la quincaillerie D'Hayer en 2012–2013 © asbl Pasquier Grenier

Fig. 29. Vue des collections en transfert au CraN/uCL avec l'aide du SPW (DGo4)

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Pour la préparation des plats, les terrines et tèles, généra-lement fréquentes, se retrouvent en effet en grand nombre au sein du fonds D'Hayer. On peut leur ajouter la passoire ou le vinaigrier, formes connues mais peu représentées. Pour la consommation ou la présentation des plats à table, on dénombre des assiettes, plats, écuelles, coupes, qu'on retrouve en terre cuite rouge et dès lors surtout à partir du XVIe siècle. Le décor à la barbotine et/ou a sgraffito de plusieurs d'entre eux est particulièrement intéressant. À table étaient également placés les chauffe-plats. Enfin, on ne s'en étonnera pas, le service et la consommation des liquides sont bien représentés grâce à de nombreux pichets, des cruches, des gobelets, des coupes et des tasses, en excellent état de conservation. Une gourde peut leur être associée. Enfin, plusieurs objets servent au confort domestique et à l'hygiène. Citons les pots de chambre à anse verticale, les lampes à huile, les pots à anse de panier servant de couvots, les bacs à graines ou à épices, les pots de fleurs, les pots à pharmacie telles les albarelles, ou encore les couvre-feux. On notera l'absence du lèchefrite du corpus ainsi constitué, pourtant bien connue à Tournai. Les grès variés caractérisent évidemment les assemblages surtout postérieurs au XVIe siècle. Quant aux majoliques et faïences, elles sont actuellement étudiées par Claire Dumortier et Patrick Habets que nous remercions pour leur intérêt et travail en cours. L'objectif de cette étude qualitative, et dont l'approche céramologique approfondie (pâtes, techniques, fabriques) reste à accomplir, est d'en valoriser le fonds par voie de publication et d'exposition, selon les choix thématiques qu'il offre d'illustrer dans un paysage muséal tournaisien en mutation et encore incertain. Le fonds D'Hayer présente à cet égard un grand intérêt puisqu'il est notamment caractérisé par un effet de série. Celui-ci est capital dans l'approche de cette collection abondante de l'intra muros, sur le plan de l'approche technologique, sociale et économique à un niveau global, étant donné que les cercles et milieux de consommation demeurent inconnus (maisons bourgeoises, milieu hospitalier…). Mais les ensembles constitués par quartier, quand ils sont mieux documentés, par exemple au centre-ville à La Loucherie, ou au quartier portuaire de la rive droite au Luchet d'Antoing, permettent d'aborder cette forme de topographie culturelle de la ville, tenant compte de la variété du corpus et des chronologies concernées. Au-delà de la techno-typologie, des fonctions et des usages, l'aspect visuel de ces assemblages virtuels sont en outre plaisants voire spectaculaires, un atout indéniable pour une exploitation muséale par exemple. Parmi plusieurs pistes d'exploitation thématique plus originales figurent l'étude des dînettes dont la représentation est significative vu le nombre d'objets concernés dans ce vaste fonds, et l'étude des traces d'usage dont les récipients portent les divers stigmates.

la DenDrochronologie et l'archéologie Du bois à l'irpa, bilan et perspectives en région Wallonne

Pascale fraiture, Sarah Crémer, Christophe maggi et Armelle WeitZ

Le laboratoire de dendrochronologie de l'IRPA a vu le jour dans les années 1970s, essentiellement dédié à l'étude des œuvres d'art (Fraiture P., 2007). Parallèlement à cette compétence, plus de soixante sites archéologiques, datant de la période gallo-romaine au XVIIIe siècle, ont été investigués en région wallonne, principalement à la demande de la Région (en partie via des conventions depuis 2011) ou, plus sporadiquement, d'autres instances et propriétaires privés. Une quinzaine d'analyses portent sur des vestiges issus de l'archéologie du sous-sol (bateaux, pieux, canalisations, cercueils…), les autres sur des bâtiments historiques (maisons, fermes, églises, abbayes, moulins…), incluant du gros œuvre (charpentes, planchers…) comme des éléments de second œuvre (lambris, portes, linteaux…). Au cours de ces deux dernières années, ce ne sont pas moins de 14 études qui ont été menées sur du patrimoine wallon, incluant gros-œuvre (10 sites), second œuvre (5 sites) et/ou sous-sol (4 sites).

L'objectif principal de la majorité des demandes qui nous sont adressées concerne la datation. La dendrochronologie permet en effet un résultat à l'année près selon la qualité de l'échantillonnage. Il peut s'agir de la datation d'une structure (pieux de la grotte de Han-sur-Lesse : [798–812d]1 ; Moulin de l'Abbaye du Val Dieu : hiver 1730–1731d)2 ou du phasage de la construction d'un bâtiment ou d'un site

1 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2016.13312, code P644), 10/02/17, inédit, pour le CRAF.

2 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2016.12999, code P601), 25/01/16, inédit, pour le Moulin Hick.

Fig. 30. Vue d'un assemblage caractéristique du quartier portuaire du Luchet d'antoing, photographie C. Hermans

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(charpente de l'aile méridionale de l'Evêché, à Liège : trois zones identifiées archéologiquement et dendrochronolo-giquement : [1405–1409d], [1419–1420d] et [1423–1427d])3.

Il faut préciser qu'en l'absence de datation sûre, le recours à une datation radiocarbone, à partir des échantillons prélevés pour la dendrochronologie, est aisé à mettre en œuvre au sein de l'IRPA. La concertation entre les spécia-listes des deux techniques permet alors de localiser au mieux le prélèvement à soumettre au C14 pour maximiser la précision et aider à l'interprétation du résultat livré au commanditaire. Cette analyse complémentaire a l'avantage de garantir une datation au commanditaire là où la dendrochronologie faillit, même si le résultat obtenu est moins précis (poutre de fondation, Place Maurice Servais, Namur : [1470–1640] pour 95,4% de probabilité, fig. 31)4.

Une datation dendrochronologique apporte également des informations à d'autres niveaux, comme celui de la gestion forestière. L'étude de la Vieille Ferme à Godinne

3 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2012.11583, code P500), 09/05/17, inédit, pour le SPW.

4 Radiocarbon dating report, KIK (van Strydonck M. and Boudin M.), in Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2016.13106), 02/09/16, inédit, pour le SPW.

l'illustre par deux aspects5. D'une part, ce sont des arbres abattus au cours de trois hivers successifs (1685d, 1686d et 1687d) qui ont été mis en œuvre dans une même structure. D'autre part, les pièces de bois ont été sélectionnées selon leur fonction finale dans la structure, à savoir l'emploi de pièces issues d'arbres à croissance lente et régulière pour la confection des planchers de circulation, et de pièces à croissance rapide, beaucoup plus résistantes, pour les charpentes.

La datation d'une structure en bois peut aussi servir de repère chronologique pour d'autres éléments du bâti tels que le décor, comme en témoigne l'étude de la Maison Lambrette à Verviers, pour laquelle la charpente et les pans-de-bois ont livré un terminus post quem en 1637d aux décors peints6.

Pour rester dans le domaine des finitions, le développement des études dendro-archéologiques de structures de second œuvre, longtemps considérées comme le parent pauvre en histoire de la construction et en archéologie du bâti (Fraiture P. et al., 2016), apporte quantité d'informations relatives aux bâtiments, comme l'évolution des axes de circulations (Musée du Fer à Saint-Hubert : datation d'une cage d'escalier [1765–1771d], et de la porte principale, 1791d TPQ, fig. 32)7, et permettent de documenter les matériaux utilisés, par exemple le choix des essences (emploi inédit du hêtre pour un lambris à pans coupés dans la charpente de l'Évêché à Liège, 1417d TPQ, fig. 33) (Bolle et al., 2017).

Le bilan de ces deux dernières années ne se limite pas à la seule datation. L'exemple précédent illustre, d'une part, les possibilités d'étude dendrochronologique pour des essences autres que le chêne (ici le hêtre, mais aussi le sapin, le pin et l'épicéa) et, d'autre part, le service d'identification de bois européens fourni par le laboratoire, en collaboration avec le service de paléobotanique de l'ULg/CEA.

Les recherches en dendro-provenance ne sont pas en reste. Chaque nouveau site étudié apporte de nouvelles données exploitables selon un principe relativement simple : des bâtiments de type vernaculaire et/ou proches de ressources forestières fournissent des chronologies dont le bois qui les constitue est supposé originaire des alentours du site.

5 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2015.12885, code P595), 25/05/16, inédit, pour le SPW.

6 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2015.12835, code P578), 01/12/15 ; Job E., Maison Lambrette : étude des finitions décoratives intérieures, IRPA (dossier 2014.12467), 03/16 ; inédits, pour le SPW.

7 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2015.12780, code P580), 15/03/2016, inédit, pour la province du Luxembourg.

Fig. 31. Section de poutre de fondation, réemployée d'une baie de pan-de-bois, Place maurice Servais, Namur. Photo : Labo Dendro irPa, photo de travail, 2016 © irPa, Bruxelles

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Plus nos bases de données s'enrichissent de ce type de chronologies (Saint-Hubert, ferme à Trois-Pont8, Godinne, Val Dieu), mieux elles permettent de localiser le matériau mis en œuvre dans des édifices plus éloignés des ressources forestières : en agglomération (Château des Quatre Tourettes à Liège9, Maison rue des Alliés à Verviers10) ou dans des ensembles approvisionnés par des ressources privées plus ou moins distantes (Évêché à Liège, Abbaye de Leffe11, Château de Jehay12).

Enfin, le laboratoire a mis en place deux nouveaux axes de compétence liés à l'archéologie du bois : l'étude de la mise en œuvre du bois d'éléments de second œuvre (Fraiture P., 2015) et de gros œuvre (Crémer S. et al., 2016), ainsi que l'étude des éléments métalliques dans les charpentes (Maggi C., 2014). Ces deux nouveaux développements sont appliqués en région bruxelloise depuis 201313 ; et il ne

8 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2016.13139, code P623), 24/10/16, inédit, pour le SPW.

9 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2013.11976, code P521), 18/04/17, inédit, pour le SPW.

10 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2015.12942, code P598), 03/02/16, inédit, pour le SPW.

11 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2016.13187, code P636), 08/11/16, inédit, pour les MRAH.

12 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 201713383, code P496), 13/03/17, inédit, pour la province de Liège.

13 Pôle de dendrochronologie ULg-IRPA, projet « Dendro_2013 » financé par le SPRB entre 2013 et 2016, puis convention SPRB 2017.

fait pas de doute que leur potentiel en région wallonne est important, comme en témoigne l'examen du métal dans les structures charpentées au Musée du Fer à Saint-Hubert ou au Cloître de la cathédrale Saint-Paul à Liège14, puisqu'il a, entre autres, permis un pré-phasage du site utile à la mise en place du plan d'intervention.

Dans le bilan dressé, un constat s'impose : les analyses réalisées jusqu'ici en région wallonne proviennent majori-tairement des provinces de Liège (64 %) et de Namur (17 %). Le Hainaut, le Brabant wallon et le Luxembourg sont peu représentés dans notre corpus. Cette disparité pourrait venir de la réputation qu'ont certaines régions d'être peu aptes à la dendrochronologie, « difficiles à dater ». Or la méthodologie a grandement évolué ces dernières années, tant en pratique (techniques d'échantil-lonnage) qu'au niveau du traitement des données (logiciels de datation, enrichissement des bases de données…). Les probabilités d'obtenir des résultats, même pour des sites présumés difficiles, sont à présent réelles. La Flandre15 et la région bruxelloise (Hoffsummer  P. et  al., 2017), considérées indatables par dendrochronologie il y a une dizaine d'années, comptent en effet à l'heure actuelle nombre de sites datés avec succès. La mise en place d'une méthodologie adaptée aux spécificités des sites wallons,

14 Rapport de dendrochronologie IRPA (dossier 2015.12865, code P588), 25/11/15, inédit, pour le SPW.

15 Rapport de dendrochronologie IRPA, Hôtel de Ville d’Anvers (dossier 2016.13188, code P637), 23/05/17, pour la Ville d'Anvers ; Rapport de dendrochronologie IRPA, Huis van de Vrije Schippers te Gent (dossier 2016.13141, code P625), 17/08/16, pour Monument.

Fig. 32. Halle à charbon, Fourneaux Saint-michel, Saint-Hubert. Photo : Labo Dendro irPa, photo de travail, 2015 © irPa, Bruxelles

Fig. 33. aile méridionale de l'ancienne abbaye des prémontrés de Beaurepart, évêché, Liège : reconstitution du lambris de la zone orientale (vue depuis l'est). infographie © SPW-DGo4, C. Bolle, 2017

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associée à l'ensemble des compétences disponibles au laboratoire de l'IRPA, devrait ainsi contribuer à une meilleure connaissance de l'utilisation du matériau bois dans chacune de nos provinces.

Bibliographie

Articles publiés

Bolle C., Fraiture P., Crémer S., Léotard J.-M., Van Acker J., Van den Bulcke J. & Weitz A, 2017. Liège/Liège. Nouveaux apports de l'étude interdisciplinaire de la charpente médiévale de l'Evêché à Liège (aile méridionale de l'ancienne abbaye des prémontrés de Beaurepart), Chronique de l’archéologie wallonne 25, sous presse.

Crémer S., Fraiture P., Hoffsummer P., Modrie S., Maggi C., Sosnowska P., Weitz A., 2016. Bois, brique et fer : Approche multi-disciplinaire de la charpente de l'église Notre-Dame du Sablon, Bruxelles, Archaeologia Mediaevalis 39, p. 151–153.

Fraiture P., 2015. Le second œuvre étudié par dendrochro-nologie : prémices d'un domaine prometteur, in Bolle C., Coura G. & Léotard J.-M. (éds), L’archéologie des bâtiments en question. Un outil pour les connaître, les conserver et les restaurer. Actes du colloque international, Liège 9–10 novembre 2010, Etudes et Documents 35, p. 141–161.

Fraiture P., Charruadas P., Gautier P., Piavaux M., Sosnowska P. (eds), 2016. Between Carpentry and Joinery. Wood finishing work in European Medieval and Modern Architecture, Scientia Artis 12, Royal Institute for Cultural Heritage, Brussels, 272 p.

Hoffsummer P.,Weitz A., Charruadas P., Crémer S., Fraiture P., Modrie S., Maggi C., Sosnowska P., 2017. Du nouveau à propos de la typo-chronologie des charpentes médiévales en région Bruxelles-Capitale, Archaeologia Mediaevalis 40, p. 88–90.

Thèses de doctorat (inédites)

Fraiture P., 2007. Les supports de peintures en bois dans les anciens Pays-Bas méridionaux de 1450 à 1650 : analyses dendrochronologiques et archéologiques, Thèse de doctorat, Université de Liège, 3 vol.

Maggi C., 2014. Fers et bois dans les combles médiévaux et modernes du sud de la Belgique : contribution à l'histoire de la construction en Europe occidentale, Thèse de doctorat, Université de Liège.

réinterprétation et nouvelles pages D'histoire pour la chapelle sainte-oDile, anciennement saint-remi, D'hamerenne (rochefort)

Christian frébutte

contexte général

Hamerenne se situe entre Rochefort et Han-sur-Lesse, sur un plateau délimité à l'ouest, au nord et à l'est par la vallée de la Lomme, et au sud-ouest par celle de la Lesse.

Le patrimoine archéologique de cette partie de la Famenne est extrêmement riche. En ce qui concerne Hamerenne et les abords immédiats de ce hameau, des traces d'occu-pations mésolithique et néolithique (Dricot, 1971 ; Toussaint et al., 2014, p. 39–40) y ont été relevées, ainsi que des marchets non datés et un cimetière mérovingien (Mahieu, 1895, p. 474). De plus, la campagne est traversée par un chemin d'importance régionale dont l'origine pourrait remonter à l'Antiquité, voire à une période plus ancienne (Mahieu, 1895 ; Corbiau, 2014). Au 11e siècle, les lieux appartiennent à la famille seigneuriale de Han et dépendent du Comté de Luxembourg. Suite à un accord établi avec Jean Ier, roi de Bohême et comte de Luxembourg, Thierry IV de Walcourt, seigneur de Rochefort, reçoit confirmation en 1317 de possessions dans la seigneurie foncière d'Hamerenne (Roland, 1893, p.  384–385). Selon le Materlogue de 1408 et jusqu'à la fin de l'Ancien régime, la propriété de la seigneurie est partagée indivisément entre les seigneuries de Han et celle à domination liégeoise de Rochefort, laquelle est élevée au rang de comte en 1494 (Lanotte, 1893, p. 226 ; Roland, 1923, p. 11–12).

présentation du site

Le hameau possède une chapelle romane classée comme monument depuis 1946. Sa dédicace à sainte Odile a supplanté le patronage primitif de saint Remi au début du 18e siècle. L'introduction du culte de la sainte alsacienne s'explique par la ferveur particulière que lui vouait Jean-Ernest de Loewenstein, comte de Rochefort, évêque de Tournai et par ailleurs grand doyen de la cathédrale de Strasbourg (Bourgeois & van Iterson, 1967, p. 7–8).

Les écrits se rapportant au lieu de culte sont malheureu-sement peu nombreux et pour la plupart postmédiévaux. La chapelle n'aurait reçu aucune juridiction paroissiale,

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n'étant qu'une simple annexe de l'église-mère de Behogne (Rochefort), chef-lieu de doyenné (Nemery de Bellevaux, 1983, p. 19-20).

Dans son état actuel, l'édifice comprend une nef (5,40 m sur 10,20 m) de 3 travées — la travée occidentale étant surmontée d'un clocheton — et un chœur (5,40 m sur 6,30 m) à abside semi-circulaire précédée d'une travée droite. Les arcades bouchées visibles sur ses flancs témoignent de la disparition de collatéraux.

Le site a fait l'objet de trois phases d'interventions archéolo-giques en 1963–1964, en 2000 et 2002 et entre 2014 et 2017.

les fouilles de 1963–1964

En 1963, le propriétaire J. Lafontaine sollicite une intervention du Service national des fouilles, préala-blement à des travaux de restauration. Dirigés sur terrain par F. Bourgeois et supervisés par J. Mertens, des sondages ponctuels sont réalisés durant cette année et la suivante à l'extérieur et à l'intérieur de l'église. Ils permettent d'établir le plan des bas-côtés dotés d'absidioles et de dégager les fondations imposantes d'une tour de plan barlong (7,70 m sur 11 m) précédant l'église et de même largeur que la nef et les collatéraux. A l'intérieur de la nef, des groupes de pierres sont identifiés à des dispositifs de calage de poteaux évoquant un bâtiment primitif auquel est associé un niveau de sol rubéfié.

L'interprétation globale des vestiges est présentée dans un article paru en 1965 (Bourgeois & Mertens, 1965). La tour est considérée comme un logis seigneurial attribuable au 10e siècle. Son antériorité par rapport à l'église s'appuie sur le fait que leurs fondations respectives ne sont pas chainées. Le bâtiment primitif — peut-être une première chapelle — aurait été érigé contre son pignon oriental. Au 12e siècle, la résidence seigneuriale aurait été transférée à quelques dizaines de mètres au nord du site. Ce déplacement aurait été suivi de la destruction de la tour et du bâtiment primitif pour faire place à l'église romane.

Nous nous devons de signaler qu'une lettre de F. Bourgeois, rédigée probablement vers 1964–1965 et retrouvée dans les archives du Département du patrimoine (SPW), démontre que celui-ci n'était pas complètement convaincu d'une partie de ce scénario : il observe en effet que le pignon oriental de la tour est en partie conservé en élévation — puisqu'il correspond à la façade occidentale de l'église — et que cette maçonnerie est « liée » aux assises des murs de la nef de l'église romane. Cette observation n'est pas mentionnée dans l'article.

archéologie du bâti en 2000 et 2002

En 2000 et 2002, la Division du patrimoine (MRW) entame une étude du bâti de la chapelle qui comprend des analyses dendrochronologiques de la charpente commandée auprès de l'ULg (Eeckout & Houbrechts, 2002) et des décapages ponctuels au revers de la façade (Mignot et al., 2003). Les travaux de P. Mignot, J.-L. Javaux et D. Henrotay aboutissent à l'abandon de l'idée d'une tour résidentielle isolée pour celle d'une tour symbole du pouvoir seigneurial et qui, tel un avant-corps, serait contemporaine de la construction romane du 12e siècle (Mignot, 2005 ; Javaux, 2013).

L'examen des données dendrochronologiques permet de dater la charpente de la nef entre 1514 et 1534, le surhaus-sement du chœur des années 1561–1573 et l'aménagement du clocheton de 1714–1735. Ce dernier aménagement constitue un terminus antequem pour la démolition de la tour.

La disparition des bas-côtés est attribuée au début du 16e siècle.

les interventions archéologiques en cours depuis 2014

A partir de 2014, le Service de l'archéologie (SPW, Dir. ext. Namur) a entrepris des fouilles préventives et le suivi de terrassements dans le cadre d'une demande, puis d'une délivrance de certificat de patrimoine. Le chantier de restauration découle de la volonté de l'abbaye Notre-Dame de Saint-Remy, propriétaire depuis 1998, de résoudre les problèmes de stabilité et d'humidité dont souffre l'édifice.

En 2014, l'emprise d'un futur puits perdu est fouillée dans l'angle nord-est de la parcelle (C. Hardy) ; les restes de six individus y sont dégagés. En janvier et février 2017, des terrassements sont encadrés en bordure de la façade, le long du côté sud de la nef et, à l'intérieur de celle-ci, le long des fondations des arcades bouchées au Temps modernes (E. Delaunoy). Ce suivi met en évidence des maçonneries de chaînage, des traces d'un niveau incendié — apparenté à celui repéré en 1963–1964 — et une sépulture coupée par les fondations de la tour. Il révèle en outre que la stratigraphie du bas-côté sud a été profondément bouleversée par la pose sauvage d'un drain au début des années 2000, ce qui y explique la pauvreté, voire l'absence de vestiges.

L'année 2017 a intégré deux autres campagnes archéolo-giques. De mars à mai, les investigations se sont portées sur le collatéral nord et sur une zone située au nord et à l'est du chœur, préalablement à l'exécution d'une tranchée destinée notamment à accueillir un nouveau drain ; l'intérieur du chœur a également suscité un sondage. Enfin,

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la surface précédant la façade de l'église a été étudiée d'août à septembre, avant le dessouchage de deux tilleuls. Les résultats engrangés dans ces secteurs sont abondants et touchent à l'essor et à l'évolution du site. A ce stade, l'on peut discerner quatre phases qui se succèdent avant les chantiers du 16e siècle.

Phase 1

L'existence d'un premier édifice de culte est indirectement suggérée par deux tombes découvertes dans l'emprise du bas-côté nord.

Alignées sur un axe ouest/est, elles ont été aménagées dans le banc schisteux. L'une est une simple fosse (75 cm sur 220 cm) dans laquelle a été déposé un adulte ; son remblayage épais de 50 cm se compose de blocs de calcaire parmi lesquels étaient éparpillés quelques ossements humains. L'autre est de loin plus complexe ; il s'agit d'une sépulture à caisson (100 cm sur 205 cm) aux parois soigneusement parementées et destinée à recevoir le corps d'un adulte conservé dans un cercueil. A l'origine fermée par des dalles de couverture, cette tombe a accueilli ultérieurement les cadavres de deux bébés et d'un enfant de 6 à 8 ans (Déom, 2017). Ces cinq individus étaient tous couchés en décubitus dorsal et orientés tête à l'ouest et pieds à l'est.

La superposition des églises des seconde et troisième phases (cf infra) incite à localiser le lieu de culte associé à ces tombes au niveau de la nef actuelle. Cette hypothèse tendrait, avec prudence, à réinterpréter les dispositifs de calage de poteau enregistrés en 1964 comme des vestiges de cette construction.

Phase 2

Des fondations constituées de pierres calcaires cimentées par un mortier jaune et épaisses en moyenne de 70 à 80 cm dessinent le plan d'une église orientée ouest-sud-ouest/est-nord-est. Sa longueur extérieure minimale s'élève à 14,50 m, sa limite occidentale n'étant pas assurée. La nef s'étend sur une largeur de 7,2 m et sur une longueur minimale de 9,20 m ; quant au chœur, il se caractérise par un chevet plat et mesure 4,8 m de large sur vraisembla-blement 5,50 m de long. Des tronçons maçonnés de cette nef avaient déjà été relevés en 1963 ; ils sont cités dans le compte-rendu des fouilles et repris sur le plan général, sans plus de développement.

De l'autel subsiste la partie inférieure de la paroi nord large de 1 m. La hauteur conservée qui atteint 60 cm se subdivise pour moitié en assises de fondation et en assises d'élévation. Ces dernières sont recouvertes par un enduit dégradé par un violent incendie.

Cet événement qui a causé la destruction de l'église est aussi attesté par les sols rubéfiés rencontrés ci-et-là depuis 1963.

Phase 3

A la fin du 11e siècle ou au 12e siècle est édifiée l'église romane qui nous est parvenue. Son emprise au sol est clairement conditionnée par celle de l'édifice antérieur : son chœur s'appuie sur les fondations du précédant et sa nef, quoique plus étroite, se superpose quasiment à l'ancienne. Ce chevauchement renforcé par l'emplacement du nouvel autel traduit le respect de l'affectation sacrée des lieux.

La découverte majeure pour cette construction est la restitution de son plan primitif favorisée par le dégagement d'une tour carrée. Celle-ci s'inscrit dans le prolongement occidental de la nef sur une longueur de 5 m. La présence de ce volume implique d'ajouter une travée supplémentaire à la nef et porte la longueur totale de l'édifice à 24 m.

Phase 4

A une date qui demeure indéterminée — en l'état du postfouille —, la tour carrée et la première travée ouest de la nef sont détruites pour être remplacées par la tour de plan barlong. Une ouverture percée en hauteur dans son pignon oriental assurait l'accès protégé aux étages supérieurs. Ce passage, conservé au dos de la façade actuelle, sous la charpente de la nef, et l'épaisseur de 2 m des fondations suggèrent une fonction de refuge fortifié ostensiblement monumental.

Fig. 34. Sépulture à caisson de la phase 1. Photo C. Frébutte © SPW, Direction du Patrimoine

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Les sépultures

Au 18e siècle, le plan dressé à l'initiative du comte de Ferraris démontre l'étendue de la superficie consacrée au cimetière entourant l'église.

Près d'une soixantaine de sépultures ont été fouillées en 2017 (Déom, 2017). La majeure partie a été rencontrée le long du bord nord du chœur et derrière son chevet. A l'exception

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Phase 2 Phase 3

Phase 4 Etat actuel

5 m0

Fig. 35. relevé en plan des principales phases de construc-tion et de réaménagement du site. Dao o. Gailly et a. Peltier © SPW, Direction du Patrimoine

Fig. 36. Vue zénithale des fondations du bas-côté nord et des tours situées à l'ouest de la nef. Photo P.-m. Warnier © SPW, Direction de la Géomatique

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des deux tombes de la première phase, il n'est pas possible pour l'instant de discerner avec certitude si certaines inhumations — il s'agit d'une minorité — pourraient être associées à la seconde phase de construction ou si toutes les sépultures sont postérieures à la troisième, voire à la quatrième phase. Des analyses C14 pourraient affiner cette approche.

Il convient de saluer la prise en charge financière par l'asbl Abbaye Notre-Dame de Saint-Remy des prestations d'une anthropologue, Hélène Déom, qui a étroitement collaboré avec notre équipe dès la phase de terrain et dont l'étude en laboratoire est en cours.

conclusions

Réinvestiguer un site archéologique partiellement ou «  totalement » exploré par le passé est-il pertinent  ? La question met parfois en doute l'intérêt scientifique de la démarche et interpelle sur la priorité des interventions dans le contexte d'une realpolitik de l'archéologie préventive. Le cas de la chapelle d'Hamerenne constitue un exemple supplémentaire pour répondre de manière positive à une telle interrogation : les résultats engrangés en 2017 débouchent sur une réflexion d'ordre méthodologique et sur une réinterprétation globale des occupations.

Sans vouloir critiquer les archéologues qui nous ont devancés en 1963–1964 et qui subissaient d'autres contraintes, il est clair que l'analyse d'un site par des sondages ponctuels impose inévitablement des limites strictes à son interprétation. Sans ce filet de protection, les hypothèses deviennent des convictions qui altèrent longtemps, voire définitivement la connaissance.

La stratigraphie encore présente sur le lieu de culte, malgré les trop nombreuses perturbations qui l'ont affecté, témoigne d'une histoire plus complexe que celle connue jusqu'à aujourd'hui et qui comprend au moins quatre phases antérieures au 16e siècle.

Deux phases distinctes précèdent la construction de la fin du 11e siècle/début du 12e siècle. Même si aucun indice de chronologie absolue n'a été recueilli, la proposition de l'essor du culte durant le Haut Moyen Age est envisageable, supposition que renforce le patronage de saint Remi.

L'apport des fouilles pour la troisième phase est la restitution du plan initial de l'église romane avec le dégagement d'une tour occidentale carrée.

Quant à l'imposante tour de la quatrième phase, elle dépasse le symbole seigneurial. Sa monumentalité évoque

une importance stratégique dans une région de marches entre Principauté de Liège et Comté de Luxembourg et qui a connu de fortes tensions géopolitiques.

L'ancienneté présumée du lieu de culte d'Hamerenne et une persistance matérialisée par des édifices aux dimensions respectables invitent inévitablement à réfléchir sur le statut réel de cet endroit au sein du doyenné de Behogne . Ainsi, a-t-il vraiment été dépourvu d'une charge paroissiale durant tout le Moyen Age ?

A ce stade, l'étude nécessite des recherches historiques approfondies et des analyses C14 d'une sélection d'ossements qui permettront peut-être d'éclairer plus précisément la chronologie des occupations successives.

Remerciements

Nous tenons à remercier les membres de la Communauté de l'abbaye Notre-Dame de Saint-Remy pour leur soutien ; P.-H. Tilmant, C. Hardy, S. Jurdant et J.-M. Nenquin (SPW, DPat) pour l'accompagnement du dossier patrimonial ; E. Delaunois (SPW, DPat) pour les premiers suivis archéo-logiques, (SPW, DPat) ; P.-M. Warnier (SPW, Géomatique) pour l'enregistrement 3D et les photos par drone ; O. Gailly, A. Peltier et C. Vilain (SPW, DPat) pour le traitement topographique et la DAO ; H. Déom pour l'assistance anthropologique ; J. Cousin, P. Fontaine, E. Hancq, M. Hulin, T. Misson et D. Tombu pour leur participation de qualité à la fouille.

Bibliographie

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Bourgeois F. & van Iterson A., 1967. A Hamerenne (Rochefort) souvenirs historiques et Trésors d’art, Cercle culturel et historique de Rochefort (Monographie, 15), 16 p. (= Parcs nationaux, 22).

Corbiau M.-H., 2014. Le réseau routier secondaire à l'époque gallo-romaine dans la commune de Rochefort. In : Frébutte C. (dir.), Coup d’œil sur 25 ans de recherches archéologiques à Rochefort, de 1989 à 2014, Namur, Institut du Patrimoine wallon, p. 111–115.

Déom H., 2017. Premiers résultats de l’étude anthropologique des squelettes de la chapelle Sainte-Odile de Hamerenne (Rochefort), voir ce volume.

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Dricot J.-M., 1971. Un gisement de surface mésolithique à la Laide-Fosse (Hamerenne, prov. Namur), Bulletin de la Société royale belge d’Anthropologie et de Préhistoire, 82, p. 53–64.

Javaux J.-L. & Buchet J., 1998. Hamerenne (Rochefort). Chapelle Saint-Remi. In : Javaux J.-L. & Buchet J., L’architecture romane en province de Namur. Inventaire raisonné, Namur, Musée des arts anciens du Namurois (Monographies, 17), p. 75.

Lanotte G., 1893. Etude historique sur le Comté de Rochefort, Namur, Ed. Delvaux, 581 p.

Mahieu A., 1895. Renseignements relatifs aux établis-sements antiques, nécropoles, etc., qui figurent sur la carte archéologique des environs de Jemelle, Annales de la Société archéologique de Namur, 21, p. 463–474.

Mignot P., 2005. Rochefort, Hamerenne. La chapelle Saint-Remi. In : Maquet J. (dir.), Le patrimoine médiéval de Wallonie, Namur, Institut du Patrimoine wallon (Patrimoine de Wallonie), p. 268–269.

Mignot P., Javaux J.-L. & Bossicard D., 2003. Rochefort/Rochefort : chapelle Saint-Remi à Hamerenne, Chronique de l’Archéologie wallonne, 11, p. 183.

Nemery de Bellevaux E., 1983. L'ancien doyenné de Rochefort des origines à 1559 (suite), Annales de la Société archéologique de Namur, 63, p. 6-77.

Roland C. G., 1893. Les seigneurs et comtes de Rochefort (suite), Annales de la Société archéologique de Namur, 20, p. 329–448.

Roland C. G., 1923. La seigneurie de Han-sur-Lesse, Annales de la Société archéologique de Namur, 36, p. 1–88.

Toussaint M., Jadin I. & Pirson S., 2014. Aperçu de la Préhistoire de Rochefort. In : Frébutte C. (dir.), Coup d’œil sur 25 ans de recherches archéologiques à Rochefort, de 1989 à 2014, Namur, Institut du Patrimoine wallon, p. 33–47.

Sources

Déom H., 2017. Synthèse anthropologique des squelettes de la chapelle Saint Remy de Hamerenne, mars-juillet 2017, 37 p.

Eeckout J. & Houbrechts D., 2002. Rapport d’analyse dendrochronologique. La chapelle Saint-Remi à Hamerenne (Rochefort), ULg, Laboratoire de dendrochronologie, 21 p.

Javaux J.-L., 2013. Note sur la chapelle Saint-Remi à Hamerenne (Rochefort) et sur l’enlèvement de son autel, 5 p.

premiers résultats De l'étuDe anthropologique Des squelettes De la chapelle sainte-oDile De hamerenne (rochefort)

Hélène Déom

contexte

De février à septembre 2017, la chapelle romane Sainte- Odile de Hamerenne a fait l'objet d' interventions archéologiques par le Service de l'archéologie (SPW, Dir. ext. Namur) dans le cadre d'un chantier de restauration. Les vestiges rencontrés appartiennent à quatre phases de constructions médiévales successives dont la première serait attribuable au Haut Moyen Age (Frébutte, 2017). Le cimetière associé au lieu de culte a probablement été utilisé jusqu'au 18e siècle.

Méthodes

Grâce au soutien de l'asbl Abbaye Notre-Dame de Saint-Remy, l'équipe du SPW a pu compter sur la présence de l'anthropologue sur terrain afin d'observer et d'enregistrer les données nécessaires à une étude efficace. L'analyse anthropologique réalisée est macroscopique : les données de conservation, pratiques funéraires, démographie et santé ont été identifiées sur terrain, lorsque cela était possible, puis complétées en laboratoire.

Résultats

Les fouilles ont permis de mettre au jour plus de 60 sépultures et 70 défunts, principalement localisés en bordure septentrionale du chœur et directement à l'est de celui-ci ; quelques tombes ont été mises au jour devant la façade actuelle et dans le bas-côté nord. L'étude montre une répartition démographique composée d'une majorité de juvéniles (exemple en fig. 37). Les fœtus, bébés et enfants sont rarement aussi bien représentés sur un site archéo-logique. Quant aux adultes, il y avait à peu près autant d'hommes que de femmes.

Ces défunts ont fait l'objet de pratiques funéraires chrétiennes standards : allongés sur le dos, ils étaient orientés ouest/est, sans mobilier funéraire, en linceul et/ou en cercueil, voire en caveau.

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Un certain nombre de défunts juvéniles étaient enterrés à proximité du chœur. Cette situation d'inhumations a déjà été observée dans d'autres sites de même époque (Leroy, comm. pers. ; Péters & Taildeman, 2002 ; Verbeek et al., 2006) ; cela suggère un certain privilège pour les défunts et confirme le baptême de fœtus et bébés avant la mise en terre (Carron, 2016).

Un peu plus de la moitié des individus analysés montre des traces de pathologies sur leurs os. Les maladies qui ont affecté les squelettes de ces individus varient selon leur âge : les enfants sont plutôt atteints d'infections ou de carences, tandis que les adultes sont plutôt affectés par des maladies articulaires, traumatismes ou des problèmes de posture. Ce profil pathologique est retrouvé dans d'autres sites médiévaux et post-médiévaux en Belgique, notamment en Flandres (Van Cant, comm. pers.).

En effet, plusieurs jeunes hommes présentent des séquelles osseuses dues au port de charges lourdes et à des activités physiques importantes (Waldron, 2008). D'autres individus montrent des traces d'événements traumatiques accidentels ou violents (Lovell, 1997).

Une jeune femme sort du lot  avec une condition congénitale : deux de ses dernières phalanges du pied gauche sont fusionnées. Cette pathologie indolore est appelée « symphalangie » (Nakashima et al., 1995).

Quant aux enfants, certains portent les traces de carence (Brickley & Ives, 2008 ; Walker et al., 2009) en fer (anémie), en vitamines C (scorbut) et D (rachitisme). Leur métabolisme étant ainsi affaibli, il est possible qu'ils aient succombé à une infection ou autre maladie qui n'a pas laissé de traces sur les os. D'autres enfants présentent des lésions (Boocock et al., 1995 ; Lewis, 2004) attribuées à des infections des sinus ou des méninges, par exemple.

La plupart des dents des adultes sont touchées par des caries et partiellement recouvertes de tartre, soulignant un régime alimentaire plutôt riche en glucides et en protéines (Alexandre-Bidon, 2002). Les dents d'une dizaine d'adultes ont été perdues durant leur vie ; ce processus est parfois accéléré par des stress biologiques tels qu'une maladie virulente, un accouchement ou un traumatisme grave (Ogden, 2008).

Nous avons là un ensemble très intéressant de défunts d'âges variés, enterrés autour d'une chapelle rurale. Certains détails de leur vie ont pu être observés sur leurs ossements, ce qui permet de reconstituer toujours un peu plus les modes de vie de ces populations du passé. Les données démographiques et pathologiques présentent un intérêt anthropologique indéniable pour la recherche en Belgique.

Bibliographie

Alexandre-Bidon D., 2002. Compte-rendu : Caroline Polet & Rosine Orban. Les dents et les ossements humains. Que mangeait-on au Moyen Âge ? Turnhout Brepols, 2001, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 57/5, p. 1365–1367.

Boocock P., Roberts C.A. & Manchester K., 1995. Maxillary Sinusitis in Medieval Chichester, England, American Journal of Physical Anthropology, 98, p. 483–495.

Brickley M. & Ives R., 2008. The Bioarchaeology of Metabolic Bone Disease, London, Elsevier Academic Press.

Carron D., 2016. Résurrections de nourrissons le temps du baptême catholique : mythes et réalités du sanctuaire

Fig. 37. un squelette d'enfant, du cimetière de la chapelle Sainte odile de Hamerenne : jeune enfant d'environ 3 ans (© Frébutte C.)

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à répit comme lieu d'inhumation. Tout petit précis sur les sanctuaires « à répit  » à l'attention de l'archéologue pressé. In : Portat E., Detante M., Buquet-Marcon C. & Guillon M. (dir.), Rencontre autour de la mort des tous-petits : actes de la 2e Rencontre du groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire, 3–4 déc. 2009, Saint-Germain-en-Laye. Condé-sur-Noireau, Gaaf, p. 259–269 (Publication du Gaaf, 5).

Frébutte C., 2017. Réinterprétation et nouvelles pages d'histoire pour la chapelle Sainte-Odile, anciennement Saint-Remi, d'Hamerenne (Rochefort), ce volume.

Lewis M.E., 2004. Endocranial Lesions in Non-adult Skeletons: Understanding their Aetiology, International Journal of Osteoarchaeology, 14, p. 82–97 (doi : 10.1002/oa.713).

Lovell N., 1997. Trauma Analysis in Paleopathology, Yearbook of Physical Anthropology, 40, p. 139–170.

Nakashima T., Hojo T., Suzuki K. & Ijichi M., 1995. Symphalangism (two phalanges) in the digits of the Japanese foot, Annals of Anatomy, 177(3), p. 275–278.

Ogden A., 2008. Advances in the palaeopathology of teeth and jaws. In: Pinhasi R. & Mays S. (ed.), Advances in human palaeopathology, Chichester, John Wiley and Sons, p. 283–308.

Péters C. & Taildeman F., 2002. Huy/Huy : étude archéo-logique de l'église Saint-Mort, Chronique de l’Archéologie wallonne, 10, p. 122–125.

Van Cant M., 2015. Scrutiny of Osteological Analyses of Medieval populations in Rural Flanders (Belgium), in comparison with North-Western European case studies, based on the osteological analysis of the skeletal remains from Moorsel and Oosterweel, assemblage, p. 25–40.

Verbeek M., Malevez-Schmitz A. & Yernaux G., 2006. Dinant/Thynes : suivi de chantier dans le cimetière de l'ancienne église Saint-Nicolas, Chronique de l’Archéologie wallonne, 13, p. 244–247.

Waldron T., 2008. Palaeopathology, Cambridge: Cambridge University Press (Manuals in Archaeology).

Walker P., Bathurst R., Richman R. & Gjerdrum T., 2009. The Causes of Porotic Hyperostosis and Cribra Orbitalia : A Reappraisal of the Iron-Deficiency-Anemia Hypothesis, American Journal of Physical Anthropology, 139, p. 109–125.

fouilles archéologiques au croisement Des rues Des sœurs et Du culot à quévy-le-granD (2015–2016)

Véronique Danese, Corentin massart et Benjamin Van nieuWenhoVe

En 2012, suite à la demande d'un permis d'urbanisme pour l'aménagement d'un lotissement sur un site de 2 ha dans la commune de Quévy-le-Grand, la Direction extérieure du Hainaut 1 (SPW/DGO4/Département du patrimoine) a commandité une évaluation du potentiel archéologique de cet espace. Vu l'importance des découvertes réalisées dès les premières tranchées, l'évaluation a été interrompue et une fouille extensive a été entamée. Elle a duré de juillet à décembre 2012 et a porté essentiellement sur la documen-tation d'une maison forte et d'un petit édifice lié à la métallurgie. Une seconde opération, évaluation et fouille, s'est déroulée de mai à novembre 2015 le long de la rue du Culot et de la rue des Sœurs. Vu le nombre de structures mises au jour, une ultime campagne de fouille a été programmée d'août à décembre 2016. Les deux évaluations et les trois campagnes de fouille ont été réalisées par des équipes d'archéologues, de techniciens et d'opérateurs de l'asbl Recherches et Prospections archéologiques (RPA), secondées par du personnel du Service de l'archéologie de la Direction extérieure du Hainaut 1.

Cette présentation donne un bref aperçu des campagnes de 2015 et 2016, dont les vestiges mis au jour datent de la période romaine à nos jours.

De la période romaine subsistent au minimum deux tronçons de canalisation, une fosse et un trou de poteau ayant fourni très peu de mobilier. Les canalisations, surement de petits aqueducs, sont constituées d'éléments architecturaux en terre cuite de section en « U » liés au mortier hydraulique et bordés de moellons grossiè-rement équarris. Aucune couverture n'est conservée sur ces tronçons de canalisation, pourtant suivis sur plus de 20 m. Toutefois, de nombreux fragments de tegulae ont été découverts dans les remblais postérieurs et des « encoches » ont été identifiées dans les aménagements en moellons. Cela laisse à penser que des tuiles ont recouvert les éléments architecturaux en terre cuite et qu'elles ont dû faire l'objet d'une récupération systématique à une époque indéterminée.

Davantage de structures documentent l'occupation du Haut Moyen Âge, dont la plus notable est un four de potier daté de la transition entre les périodes mérovingienne et

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carolingienne. Ce four et sa production font l'objet d'une présentation et d'un article individuel. D'autres vestiges sont attribués à cette période : des trous de poteaux formant des alignements ou de possibles plans de bâtiments en bois sur poteaux dressés, des fosses, dont certaines ont été identifiées comme des silos et des tronçons de fossés sur lesquels les données sont trop partielles pour proposer une organisation spatiale. Ces vestiges illustrent l'existence, dès cette époque, d'un habitat à proximité de l'actuel centre villageois de Quévy-le-Grand.

La plupart des structures fouillées lors de la campagne de 2012 datent de la période comprise entre le 11e et le 15e siècle. En 2015 et 2016, de nombreuses structures excavées telles que des fosses, des silos et de petits celliers sur

poteaux semi-enterrés sont venues compléter le corpus des découvertes datées de cette époque. Les silos, d'un diamètre variant de 1,5 à 3 m, sont parfois conservés sur plus de 1 m de profondeur et présentent un comblement multiple. La construction sur poteau semi-enterrée la mieux préservée mesure 1,90 m sur 1,40 m et est conservée sur 60 cm de profondeur. Le creusement présente un fond plat et des parois verticales. Il est aménagé de poteaux d'angle et d'un plancher en bois séparé du sol encaissant par un vide ventilé d'une vingtaine de centimètre de haut. Deux cruches de terre cuite presque entières datant du 15e siècle ont été découvertes dans le comblement.

La majorité des vestiges mis au jour lors des campagnes de 2015 et 2016 peut être attribuée aux époques modernes et contemporaines et est à mettre en relation avec une ferme organisée autour d'une cour trapézoïdale. Cinq édifices principaux s'organisent autour de cette cour, parmi lesquels le corps de logis, la grange et une possible écurie.

Fig. 38. Plan simplifié des fouilles 2012 ; 2015–2016

1

2

3

rue des soeurs50 mètres

N

Fouilles 2012

Fouilles 2015-2016

Quévy-le-Grand

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La fouille mit également au jour un abreuvoir maçonné, les aménagements en bois et en maçonnerie du cours d'eau qui l'alimentait, ainsi que diverses annexes maçonnées.

En lien avec l'exploitation de cette ferme, un certain nombre de structures non bâties ont été découvertes. Il s'agit princi-palement d'inhumations d'animaux renfermant quelques équidés et en grande majorité des caprinés, renseignant dès lors sur le type d'élevage pratiqué.

Sont actuellement en cours, ou programmées à très court terme, l'étude du mobilier et des structures archéologiques découverts à Quévy-le-Grand durant ces trois campagnes de fouille, aussi qu'une brève recherche dans les sources textuelles. Cette dernière documente essentiellement l'évolution des parcelles et de leurs propriétaires ainsi que les liens éventuels entre le complexe agricole et la maison-forte fouillée en 2012.

Fig. 39. aqueduc en moellon et terre-cuite architecturale datant de l'époque romaine

Fig. 40. Plan et coupe d'un cellier semi-enterré datant du Bas moyen âge

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un four De potier Du premier moyen âge à quévy-le-granD. structure et proDuction

Sylvie De longueVille, Véronique Danese, Corentin massart et Benjamin Van nieuWenhoVe

En 2015 et 2016, des fouilles se sont déroulées à Quévy-le-Grand, sur les parcelles comprises entre les rues des Sœurs et du Culot (voir l'article dans ce même volume : Danese V., Massart C. et Van Nieuwenhove B., Fouilles archéologiques au croisement des rues des Sœurs et du Culot à Quévy-le-Grand (2015–2016)). Les recherches, comman-ditées par le Service de l'archéologie de la Direction extérieure du Hainaut 1, ont été réalisées par une équipe de l'asbl Recherches et Prospections archéologiques (RPA).

Parmi les nombreuses structures mises au jour, un four, de petite dimension, est composé d'une aire de travail, d'un alandier et d'une zone de cuisson (fig. 41). Il est creusé dans un substrat composé de limon argileux et sa zone de travail a été quasi totalement perturbée par le creusement d'un large fossé. L'alandier, petit couloir de 20 cm de long sur 15 cm de large, mène de l'aire de chauffe à la zone de cuisson. Cette dernière est de plan subcirculaire, d'un diamètre de

75 à 82 cm et présente un profil en « cloche » conservé sur 50 cm de profondeur. Au centre de la zone de cuisson, un pilier circulaire d'un diamètre de 42 cm et d'une hauteur de 32 cm est entièrement conservé. L'encaissant de la zone de cuisson et le pilier central sont rubéfiés sur 1 à 15 cm d'épaisseur et par endroit indurés. Comme ils ne présentent aucune trace d'arrachage et qu'aucun vestige d'un système de support n'a été retrouvé dans le comblement du four, on peut penser que le four ait été aménagé sans sole, qu'elle soit fixe (type sole perforée) ou amovible (« boudins » reposant sur le pilier central et un ressaut de la paroi latérale de l'aire de cuisson).

Après son abandon, le four a été comblé par près de 1150 tessons, que les recollages ont réduit à minimum 61 individus (fig. 42). Il ne s'agit pas de la dernière cuisson qui aurait mal tourné et abandonnée sur place puisque aucun récipient n'est complet, malgré une fouille et une restauration minutieuses. La raison pour laquelle ces pots ont été rejetés et non commercialisés est donc liée à leur état au sortir de la cuisson, les rendant impropres à une bonne utilisation. Plusieurs portent en effet des traces caractéristiques de ratés de cuisson : déformations, coups de feu, fissures ou éclats sur la surface.

Le répertoire de formes est diversifié : pot à cuire globulaire ou ovoïde, pichet à bec verseur tréflé ponté, urne carénée ou globulaire, tèle à bec verseur, écuelle. Quelques décors particuliers, peut-être la marque de cet atelier, exécutés en relief à l'aide d'un bâtonnet n'ont encore jamais été retrouvés dans la région. Ces récipients sont utiles aux fonctions de préparation, de cuisson et de service des aliments et des boissons.

L'usage de ce four et des céramiques doit se situer entre la fin du VIIe siècle et le milieu du VIIIe siècle, soit encore bien ancré dans la tradition de fabrication de l'époque mérovingienne, tout en s'en écartant, par une évolution des formes et des décors. En effet, ces récipients ne sont pas comparables à ceux que l'on retrouve dans les sépultures mérovingiennes du VIIe siècle telles que celles des nécropoles de Harveng, Harmignies, Maurage, Nimy, Ghlin, Trivières, Tournai ou Neuville-sur-Escaut pour ne citer que quelques exemples régionaux. Ils sont aussi différents de ceux produits à Awoingt, dans le Cambraisis, au VIIe siècle. Par ailleurs, ils ne sont pas encore assimi-lables non plus à ceux de la fin du VIIIe siècle et du début du IXe siècle, par exemple aux phases précoces de l'habitat de Proville.

Une exportation à grande distance est clairement à exclure ; il faut plutôt voir ici une production occasionnelle de vaisselle destinée à la consommation locale. L'étude en cours des argiles exploitées dans le cadre de cette

Fig. 41. Petit four aménagé dans le sol, à pilier central réservé (photo © rPa asbl)

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production va nous permettre de lui donner une carte d'identité et d'utiliser celle-ci comme référence pour l'étude des pâtes de céramiques retrouvées sur le site et sur d'autres, à l'échelle locale ou régionale.

les puits Du château renauD à virton. Deux ensembles De matériel exceptionnels De l'antiquité tarDive

Frédéric Hanut et Philippe Mignot

Le Château Renaud est une butte naturelle qui culmine à 362 m. Entouré de pentes abruptes, le sommet d'une superficie de près de 2 ha fut fortifié durant l'Antiquité tardive. Le Service National des Fouilles sous la conduite d'Anne Cahen y mena les recherches de 1977 à 1979. Un premier puits (puits 1) fut localisé à l'extrémité occidentale du site. Sa vidange se poursuivit en 1981 et 1984 pour s'inter-rompre à -14,20 m. En 1989, Gérard Lambert, qui venait d'être promu archéologue responsable du tout nouveau service de l'archéologie en province de Luxembourg, reprit la fouille du puits. Cette intervention mobilisa cette fois des moyens opérationnels adaptés pour atteindre le fond l'année suivante à -31,60 m. Entretemps, un second puits (puits 2) avait été repéré au centre de l'espace fortifié. Sa vidange fut menée dans la foulée, le fond fut atteint à -33,65 m. C'est de ce puits que sont sortis des trouvailles inhabituelles comme deux autels en pierre (haut. 0,76 et 1,17 m), une dizaine de fragments d'une statue du dieu Mercure et surtout la statue en bronze de Cupidon (haut. 0,485 m). Cette œuvre d'art exceptionnelle dans nos régions

récompensait des années de persévérance mais occultait le reste du matériel du comblement voire des faits qui ont marqué l'occupation du site.

Les deux puits furent creusés dans le calcaire tendre à charge sablonneuse qui facilita le creusement mais moins sa stabilité. Ceci explique la nécessité de parementer les parois de petits moellons retrouvés en place sur les derniers 4,50 m. Le puits 1 avait un diamètre de 2,20 m et le fond avait reçu un cuvelage de 19 planches. Le puits 2 avait été parementé sur toute sa hauteur et réduisait le diamètre à 1,50 m. Une partie du cuvelage s'effondra sur une dizaine de mètres en cours d'utilisation. Les prélèvements de planches du fond n'ont pas permis de dater le puits 1 mais bien le second : 291–301 apr. J.-C. (laboratoire de dendrochro-nologie de l'université de Liège).

Fig. 42. echantillon de céramiques issues du four (photo © r. Gilles, SPW/DGo4)

Fig. 43. Le puits 1 en cours de fouille, avec le cuvelage maçonné (diam. 1,20 m) à -26 m.Photo G. Lambert © Patrimoine, SPW

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Comme souvent, il est délicat d'interpréter le comblement du puits et de suivre sa taphonomie. Pour les deux puits, l'essentiel des trouvailles sont apparues en dessous des -15 m. La partie sommitale du remplissage des puits se compose d'un remblai assez pauvre en matériel.

L'étude de toutes les catégories de mobilier (céramique, verre et métal) date de la même époque le comblement des deux puits. On dénombre un total de 13 monnaies pour le puits 1. Cette série s'interrompt avec un aes 2 de Magnus Maximus frappé à Trèves entre 383 et 388. Il a été retrouvé à proximité du fond du puits, à une profondeur comprise entre 29,80 m et 30,50 m. Parmi les 8 monnaies du puits 2, les deux frappes les plus récentes sont des aes 4 gaulois du type VICTORIA AVGGG émis entre 388 et 402 ; un des deux a été retrouvé à une profondeur comprise entre 23,10 m et 23,80 m. La numismatique situe donc le comblement des puits après 380. Le mobilier céramique, quoique peu abondant et fragmentaire, précise même une utilisation probable jusqu'au début du 5e siècle. Quoique très fragmentaire, la verrerie des deux puits rassemble des formes de vases à boire caractéristiques des années 380–450. Elle est comparable à celle des cimetières de la fin de l'Antiquité tardive comme ceux de Vireux-Molhain, Vieuxville et Thon-Samson.

La date de 420 constitue un bon terminus ante quem pour l'abandon des deux structures. Le comblement des deux puits doit être mis en relation avec la désertion de la fortifi-cation par son contingent militaire au cours du premier quart du 5e siècle.

Du matériel organique a pu être préservé en raison des conditions de conservation particulières de ces deux contextes : restes carpologiques, éléments de seaux en bois, chaussures en cuir, pièces d'un siège pliant en bois, etc.

La découverte dans les deux puits de plusieurs dizaines d'objets en métal est beaucoup plus surprenante. L'inventaire comporte des séries de contrepoids en plomb. Le fer est illustré par de l'armement (pointes de lances et de flèches, couteau), de l'outillage pour les travaux agricoles (fourche, faux, axe de meule rotative), le travail du bois (haches, herminette, gouge, ciseaux, mèches à cuiller), du métal (marteaux de forge, limes, poinçons) et de la pierre (pic, masse de carrier) et d'autres objets divers comme plusieurs moyeux et boîtes de moyeux de roues, des cerclages de seaux, des chaînes et des cadenas, une hipposandale et plusieurs clarines trapézoïdales pour le bétail. En plus de quelques éléments de parure en alliage de cuivre, le mobilier métallique compte également de la vaisselle, le plus souvent fragmentaire, en étain et en bronze. La position stratigraphique de tous ces objets

en métal nous apprend que la majorité d'entre eux se concentraient à des profondeurs bien précises : entre -28 et -30,50 m pour le puits 1 et entre -22,40 et -24,30 m pour le puits 2. La statue en bronze de Cupidon a été découverte à la même profondeur que la plupart des pièces métalliques du puits 2. Ces objets métalliques hétéroclites, retrouvés groupés, semblent avoir été rassemblés pour leur masse pondérale (30,322 kg pour le puits 1 et 32,330 kg pour le puits 2) et non leur spécificité ni leur valeur intrinsèque. Chaque ensemble est à rapprocher du contenu des caches intentionnelles d'objets métalliques destinés à la refonte et qui correspond aussi au contenu des butins pillés comme ceux de Neupotz, Hagenbach et Lingenfeld (seconde moitié du 3e siècle) retrouvés dans d'anciens bras du Rhin (Der Barbarenschatz, 2006).

Il n'en va pas de même des éléments à caractère cultuel issus du puits 2. Ils ont été mis au jour entre -17 et -22,40 m, c'est-à-dire juste au-dessus de la concentration des artefacts métalliques. Il s'agit de deux autels en pierre et d'une douzaine de fragments d'une statue du dieu Mercure un peu plus grande que nature en calcaire de Norroy. Ces trouvailles posent la question de la fonction du site du Château-Renaud avant son occupation durant la seconde moitié du 4e siècle par l'armée romaine. La présence d'un sanctuaire de hauteur, déjà évoquée antérieurement (Mignot, 2001), tel qu'on en connait dans la cité des Trévires, où plusieurs sanctuaires de hauteur furent par la suite fortifiés, est une hypothèse vraisemblable.

Une étude en cours des deux puits doit aboutir à une publication exhaustive des structures et de leur mobilier. Plusieurs spécialistes sont associés à l'entreprise : Fabienne

Fig. 44. Clarines en fer issues du puits 2.Photo r. Gilles © Patrimoine, SPW

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Pigière (IRSNB) pour l'étude de la faune, Koen Deforce (IRSNB) pour les éléments en bois, Sidonie Preiss (IRSNB) pour les macrorestes végétaux, Éric Goemaere (IRSNB, Service géologique de Belgique) pour l'analyse du matériel lithique et Johan van Heesch (Cabinet des Médailles, Biblioth èque royale de Belgique) pour les monnaies.

Bibliographie

Brulet R., 2008a. Fortifications de hauteur et habitat perché de l'Antiquité tardive au début du Haut Moyen-Age, entre Fagne et Eifel. In : Steuer H. & Bierbrauer V. (éd.), Höhensiedlungen zwischen Antike und Mittelalter von den Ardennen bis zur Adria, Berlin/New-York (Ergänzungsbände zum Reallexikon der Germanischen Altertumskunde, 58), p. 13–70.

Brulet R., 2008b. Virton, Virton. Le Château Renaud. In : Brulet R. (dir.), Les Romains en Wallonie, Bruxelles, p. 499–501.

Cahen-Delhaye A. & Massart C., 1993. La fortification Bas-Empire du Château Renaud à Virton. In : L’Archéologie en Région wallonne, Namur (Dossier de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, 1), p. 66–69.

Cahen-Delhaye A., Lambert G. & Massart C., 1997. La fortification tardive du « Château Renaud ». In : Corbiau M.-H. (coord.), Le Patrimoine archéologique de Wallonie, Namur, p. 398–400.

Geraubt und im Rhein versunken. Der Barbarenschatz, Catalogue d'exposition publié par le Historisches Museum der Pfalz de Speyer, Stuttgart, 2006.

Lallemand J., 1993. Les monnaies de Château Renaud. In : L’Archéologie en Région wallonne, Namur (Dossier de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, 1), p. 70.

Lambert G., 1990. Le Luxembourg romain. Documents choisis, Andenne.

Lambert G., 1993. Virton : les puits de la forteresse de « Château Renaud », Chronique de l’Archéologie wallonne, 1, p. 86–87.

Mignot P., 2001. Aspects de la romanisation dans la partie occidentale de la cité des Trévires. In : Lodewijckx M. (éd.), Belgian Archaeology in a European Setting II, Album Amicorum Prof. J.R. Mertens, Leuven (Acta Archaeologica Lovaniensia. Monographiae, 13), p. 69–80.

l'origine De liège

Marcel otte

L'origine d'une ville médiévale relève d'un double mystère : sa vocation et son éclosion. Comment deux systèmes de pensées aussi différents que l'Antiquité et le Moyen-Âge, ont-ils pu coïncider, puis se féconder d'une façon si puissante qu'à Liège ? Une sorte de magie du lieu s'est emparée de la place dès les temps les plus reculés, voici cent mille ans. La permanence d'installation est évidente depuis le septième millénaire au mésolithique, puis des agriculteurs installent un village vers 5.300 ans. Et l'habitat est là, perpétuel. Le défrichement fait le site, il l'humanise. De vastes maisons s'y bâtissent, on y cultive, on y vit. Les ruines successives matérialisent une histoire continue, où tous les évènements ultérieurs doivent se passer, et s'y passeront effectivement.

Perdant son facteur « naturel », la géographie devient humaine, et toutes les époques défilent au même emplacement devenu sacré par sa seule existence continue. Les Romains installent une villa raffinée sur le village celtique, tel le symbole du basculement opéré dans la pensée sociale, et dans la manifestation d'un pouvoir centralisé. Mais dès après, le mythe romain fascine les barbares qui « consacrent » l'édifice antique en y installant la demeure d'un saint, un oratoire, un baptistère, des cellules. Le prestige de l'Antiquité se transpose aux valeurs chrétiennes, comme s'il leur donnait une légitimité supplémentaire

Fig. 45. Baptistère mérovingien de Liège installé dans les bâti-ments romains, incarnant la perpétuité du lieu, au passage entre les deux ères

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Tous les bâtiments romains sont utilisés à Liège dès les Mérovingiens, et même les premières églises y sont inscrites. C'est là où l'évêque Lambert a choisi de vivre et de mourir, sanctifiant les mêmes murs antiques. C'est là encore que la cathédrale sera érigée en son honneur, exactement au même emplacement. La crypte de Notger descendait dans le bâtiment romain. Une réminiscence antique a imposé la persistance du sanctuaire principal, toujours à l'Occident, dans la villa et dans le lieu de martyre qui s'y concentraient. C'est là encore que les festivités liégeoises se poursuivent aujourd'hui, dans une incons-cience collective. D'ailleurs, l'étymologie de Liège dérive des « laetes », mercenaires germains et libres qui protégeaient les limites au Bas-Empire. Liège a donc toujours été rebelle et cosmopolite…

Diagnostic et fouille archéologique Dans le zoning Du crachet à frameries : habitat et tombe à enclos circulaire Du seconD âge Du fer au lieu Dit « belle vue ».

Nicolas authom, Marceline Denis et Alain guillaume

Sous l'impulsion de l'intercommunale IDEA, la Zone d'activité économique du Crachet à Frameries est appelée à connaître, dans quelques années, un important développement territorial sur plus de 17 ha. Un diagnostic archéologique a dès lors été entrepris par le Service de l'Archéologie de la Direction extérieure du Hainaut  1 (DGO4 / Département du Patrimoine), en novembre 2015, sur les terrains visés par le projet.

Une occupation protohistorique y a été mise au jour, installée sur le sommet et le versant est d'un plateau au nom évocateur : « Belle vue ». Vingt structures en creux et une sépulture ont été explorées au cours de la fouille. Elles ne révèlent aucune réelle concentration ou organisation. Une première expertise du mobilier archéologique permet d'affirmer que la présence humaine sur le site s'étale de manière presque ininterrompue entre la transition Hallstatt / La Tène et la fin de la culture laténienne, voire la période romaine pour certains comblements d'abandon. Pour l'examen approfondi de certains ensembles clos et l'interprétation chronologique, nous renvoyons vers la bibliographie (Authom, Denis & Guillaume, 2017).

la sépulture à incinération

Une découverte remarquable accompagne cette occupation : une sépulture à enclos circulaire juchée en

bordure est du plateau et occupant une position topogra-phique privilégiée. L'enclos est globalement circulaire avec un diamètre externe de 7,90 m à 8,00 m pour une largeur comprise entre 0,13 m et 0,40 m. Aucune ouverture ou aménagement palissadé n'a été identifié le long de son tracé. Un poteau isolé de 0,35 m de diamètre, situé à 1,00 m au sud-est de l'enclos, pourrait participer à un dispositif de signalement de la sépulture.

La tombe est positionnée au centre de l'enclos. La fosse est de plan quadrangulaire (2,44 m × 1,96 m), ses angles marquant les points cardinaux. Ses parois sont verticales et le fond plan, légèrement incliné vers le sud-ouest. Elle est conservée sur une profondeur maximale de 0,30 m.

Aucun coffrage de la fosse ne semble avoir été mis en œuvre. La sépulture était toutefois protégée par un dispositif de couverture constitué de planches reposant sur 4 piquets appariés, inscrits à l'intérieur de la fosse. Aucun indice d'un plancher, ni de trace d'un tapis végétal ou textile n'ont été observés. L'organisation interne est soignée, scénique, probablement codifiée.

Les restes cinéraires sont amoncelés en position centrale dans la moitié sud-ouest de la tombe. L'étude anthro-pologique a identifié les restes osseux comme ceux d'un individu d'âge adulte de sexe indéterminé ; les ossements ont été ramassés après l'incinération et replacés sans tri particulier.

La moitié nord-est de la sépulture est quant à elle réservée au mobilier funéraire qui compte six récipients en terre cuite et un couteau en alliage ferreux. Le vide relatif de la sépulture s'explique de toute évidence par la disparition des offrandes en matériaux périssables. Quelques analyses biochimiques menées sur les céramiques et certains sédiments ont déjà permis l'identification de dépôts de nature organique. Au niveau d'un sédiment gras et compact (I), des molécules de produit laitiers offrent ainsi diverses pistes d'interprétation (fromage ? beurre ?...).

Deux récipients (A et B) sont incomplets (arasement au moment des décapages). Leurs fonds sont plats et leurs parois concaves. Ce type de profil est habituel-lement présent sur des céramiques hautes, carénées ou à épaulement. L'objet C correspond à une céramique à épaulement et bord fortement rentrant. Son volume est imposant, son profil est large et surbaissé. La céramique D, en position isolée, s'est effondrée sur elle-même. Elle possède un bord évasé, un col lissé et un décor digité sur la panse d'aspect assez ancien (des pincées dans la pâte encore fraîche). Les analyses biochimiques effectuées sur ces quatre contenants révèlent qu'ils ont été imperméa-bilisés grâce à l'application d'une cire mêlée à de la cendre

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végétale et qu'ils avaient été placés au sein de la tombe remplis de vin (à l'exception du vase D). Lors de l'effon-drement du couvercle de la tombe, les céramiques fendues ou brisées ont laissé échappé le vin qui s'est répandu à l'intérieur de la tombe, jusqu'à imprégner le sédiment reposant sous l'incinération.

Enfin, deux autres pots complètent le mobilier : un vase balustre ou pot piriforme (E) d'allure plutôt récente avec un pied annulaire, un profil sinueux à épaulement et un petit col concave et une écuelle à col concave (F). Le vase balustre comporte des traces de bouillons gras et également de vin mais en très faible quantité, indiquant un contact assez bref avec ce liquide. Idem pour l'écuelle où sont observés en faible quantité du raisin associé à des résidus d'un matériau gras et végétal (huile ?). Dans les deux cas, une utilisation

brève de ces vases comme gobelet pourrait être envisagée au cours du rituel funéraire.

Les céramiques présentes dans la tombe semblent assez tardives. Si le décor couvrant au doigt (récipient D) est de tradition plus ancienne, la facture du vase piriforme invite à ne pas faire remonter la date de l'ensemble funéraire trop haut. À titre d'hypothèse, c'est une attribution aux alentours du 2e siècle que nous retiendrons.

Bibliographie

Authom N., Denis M. & Guillaume A., 2017. Vestiges d'habitat du second Âge du Fer et tombe à enclos circulaire sur les hauteurs de Frameries, Lunula, Archaeologia protohistorica, XXV, p. 101–106.

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exploration De campements militaires liés aux sièges De la ville De mons (fin 16e–18e siècle ?), au site « belle-vue » à frameries

Nicolas authom et Marceline Denis

Le déploiement d'un important projet de zoning de plus de dix-sept hectares sur les hauteurs de Frameries a amené le Service de l'Archéologie de la Direction extérieure du Hainaut  1 (DGO4/Département du Patrimoine) à entreprendre un vaste diagnostic sur le site. La découverte de vestiges de campements militaires sur une parcelle proche (Denis, 2014), avait déjà permis l'identification de secteurs particulièrement favorables au positionnement de troupes militaires lors des sièges de la ville de Mons. En effet, la position s'avère stratégique : le site « Belle-vue » domine les vallées environnantes, se positionne à moins de six km des remparts de la cité tout en disposant de voies de communication directes avec celle-ci.

Septante-quatre structures témoignent de la présence de campements militaires temporaires. Elles se rencontrent sur l'ensemble du site, aussi bien en position dominante sur le plateau que sur les flancs de celui-ci. Quelques concentrations de vestiges se dessinent, sans pour autant permettre l'identification d'une occupation structurée.

Une première analyse du site permet de sérier ces structures en 4 catégories dans lesquelles des sous-groupes typolo-giques pourront être identifiés au terme de l'étude.

La première catégorie représente la majorité des structures : il s'agit de foyers simples avec ou sans fosse contigüe (A). Ils correspondent vraisemblablement à de petits feux de camp, destinés à l'éclairage, le chauffage et la préparation des repas. Le matériel découvert dans les niveaux d'abandon est rare et systématiquement fragmentaire : il est principalement constitué de rejets de combustion (clous et ossements).

La deuxième catégorie de vestiges présente un creusement plus complexe, des dimensions plus importantes et un ou plusieurs foyers associés, internes ou débordants.

a

c

b

d

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CommuNiCaTioNS

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Ces structures sont qualifiées « d'abris semi-excavés » (B). Dans cette catégorie sont regroupés tous les aménagements en creux, peu ou assez profonds, à fond plat et adoptant des plans quadrangulaires. Dans certains cas, les dimensions et le plan des fosses suggèrent la présence d'un abri couvert au dessus de la fosse (tente, hutte, cabanons…). Le mobilier recueilli dans les niveaux d'occupation et d'abandon de ces structures évoque clairement un épisode militaire : balles et coulées de plomb, accessoires vestimentaires, pipes en terre cuite, monnaies, rejets alimentaires documentent le quotidien des troupes.

De grandes excavations, dotées de banquettes, forment la troisième catégorie de structures. Qualifiés de « grands feux » ou « feux de veillées » (C), ils semblent, par leurs dimensions, destinés à un usage collectif. À l'exception d'une structure carrée, les autres exemplaires présentent un plan globalement circulaire. Un foyer central ou aménagé contre une paroi repose sur un îlot d'une quinzaine de centimètres de haut, réservé au fond de la fosse. Intensément rubéfié, il est enserré par un cendrier comblé d'une épaisse couche cendreuse. Des dépôts similaires, formés par le piétinement, se retrouvent également sur les banquettes périphériques. Le matériel découvert ne diffère pas des autres contextes.

Enfin, la quatrième catégorie de vestiges comporte diverses fosses oblongues, observées sur une portion congrue du site (D). Ces fosses qui atteignent jusqu'à 5,60 m de long pour une faible profondeur, ont été comblées par des rejets de substrat rubéfiés, du charbon de bois ou encore des rejets alimentaires. À ce stade de l'étude, une fonction de fossé de drainage périphérique autour de grandes tentes rectangulaires semble pouvoir leur être attribuée.

Les secteurs investigués au cours de cette campagne ont parfois subi un arasement important. Le nombre de structures dégagées n'offre probablement qu'une image très partielle de la densité initiale des vestiges et de l'étendue des campements. L'étude du matériel devrait permettre un phasage des contextes afin de les relier aux différents sièges subis par la ville de Mons, entre la fin du 16e  siècle et le 18e  siècle. Toutefois, l'indigence des ensembles matériels, caractéristique de ce type de contexte, entrave considérablement l'identification d'un événement militaire précis.

Bibliographie

Denis M., 2014. Frameries/Frameries, Vestiges de campements militaires (fin 16e-d.17e s.), Chronique de l’Archéologie Wallonne, 21, p. 130–133.

les statuettes De Divinités gallo-romaines en alliage cuivreux De Wallonie : inventaire et analyse

Nicolas pariDaens, avec la collaboration d'Antoine DarChambeau

Dans le cadre de travaux menés sur la religion gallo-romaine, le CReA-Patrimoine de l'ULB a procédé à l'inventaire des statuettes de divinités en alliage de cuivre trouvées sur le territoire de la Wallonie. Cette catégorie d'objet, malgré l'apparent prestige qu'elle suscite, demeure mal connue du grand public et est parfois marginalisée par les spécialistes de la religion gallo-romaine, au profit de la sculpture et de l'épigraphie. Pourtant, si dans le contexte polythéiste romain la découverte d'une statuette n'apporte que peu d'information, un recensement exhaustif à l'échelle d'une région a amené une série de constats, qu'il convient évidemment d'examiner en filigrane du cadre institutionnel et religieux gallo-romain. Cette recherche, financée en partie par le Service public de Wallonie, a consisté, à ce jour, au dépouillement systématique de la littérature disponible, à l'examen des collections muséales et au recensement de plusieurs collections privées. L'ensemble des données a été intégré dans un S.I.G.

Depuis le travail de G. Faider-Feytmans (G. Faider-Feytmans, Les bronzes romains de Belgique, Mainz am Rhein, 1979), mentionnant 49 statuettes issues de Wallonie, le corpus a considérablement été augmenté, totalisant à ce jour 119 individus (+ 7 fragments indéterminés). D'autres exemplaires, surtout issus de collections anciennes, ont par contre été écartés, en raison d'un lieu de découverte indéterminé ou d'une authenticité douteuse. Plusieurs divinités ont été réattribuées et plusieurs pièces, considérées comme perdues, ont été retrouvées et/ou mieux documentées.

Toutes ces statuettes, fixées à l'origine sur des petits socles d'alliage de cuivre, représentent systématiquement le dieu seul avec ses attributs. L'iconographie apparait bien codifiée, répondant aux besoins des dévots qui recherchent un lien permanent avec leurs dieux, ici personnifiés, et à qui l'on s'adresse quotidiennement. Au sein du territoire étudié, les statuettes de divinités se répartissent de manière égale entre les contextes d'habitat et les lieux sacrés, témoignant d'une utilisation de ces objets tant au sein des laraires domestiques qu'en guise d'offrandes dans les sanctuaires. Elles sont en revanche absentes des nécropoles. Plusieurs concentrations de statuettes ont par ailleurs permis d'iden-tifier des zones d'activités religieuses sur certains sites, voire de reconsidérer certains sites archéologiques.

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Comme souvent dans les Provinces romaines occidentales, Mars et Mercure sont les dieux les plus représentés (50 % du corpus). Néanmoins, la répartition de Mars est inégale à l'échelle des cités. Viennent ensuite d'autres divinités comme Jupiter, Hercule, Fortune, Victoire, Apollon, Diane, Génie et d'autres encore. Quelques rares exemplaires représentent aussi des divinités locales ou inconnues, renvoyant à une mythologie qui nous échappe en partie. Au niveau technique, quasi toutes ces statuettes en alliage de cuivre ont été réalisées en fonte pleine et ne dépassent que rarement les quinze centimètres, probablement en raison

de contraintes techniques, du coût de fabrication mais peut-être aussi de codes religieux ; on semble, en effet, noter un choix préférentiel de l'alliage de cuivre pour la représen-tation du panthéon gréco-romain, alors que d'autres dieux, comme les dieux locaux ou les Déesses-Mères, sont plus systématiquement représentés sur pierre ou terre cuite. D'une statuette à l'autre, le travail de finition est très inégal et les traits peuvent être très détaillés comme à peine ébauchés, l'important étant surtout d'identifier la divinité au premier regard.

Cette recherche, toujours en cours, doit beaucoup à la collaboration des Musées archéologiques de Wallonie, de quelques collectionneurs privés et de nombreux collègues, que nous tenons à vivement remercier ici.

havelange/flostoy : la villa gallo-romaine De « lizée » et son four De potier

Sophie lefert et frédéric hanut

Le Service de Jeunesse archeolo-J réalise depuis 2014 des recherches sur le site de la villa gallo-romaine de Lizée. Les parties centrale et occidentale d'un petit logis ont actuel-lement été mises au jour.

Une première occupation du site en matériaux légers est matérialisée par quelques négatifs de poteaux. Elle est scellée par un épais remblai gris beige, provisoi-rement daté du 1er s. apr. J.-C. et interprété comme un aménagement du site préalable à la construction du logis en maçonnerie.

Le logis de la villa de Lizée est de type classique à salle centrale, il est pourvu de deux galeries de façade, reliant chacune deux pièces d'angle. Un premier niveau de sol est aménagé au moins en partie à l'aide d'empierrements grossiers ou de cailloutis.

L'intérieur du logis est ensuite fortement rehaussé par l'apport d'un remblai jaune très peu anthropisé. Ce second niveau de sol est matérialisé soit par quelques lambeaux discontinus d'un béton de sol en tuileau très arasé, soit par la présence d'un four domestique, rectangulaire et formé de fragments de tegulae, soit enfin par des traces éparses de rubéfaction.

L'ajout des bains du côté occidental entraîne un réaména-gement considérable de la pièce d'angle nord-ouest. Sa partie sud-ouest est excavée afin d'y installer la chambre de chauffe du caldarium et son mur méridional est percé par

Fig. 49. Statuette d'apollon tenant une lyre et un plectre, prove-nant de Liberchies. Haut. : 9 cm (© université libre de Bruxelles)

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le canal de chauffe. Les bains ont alors un plan classique en enfilade avec du nord au sud : la chambre de chauffe, un petit caldarium sur hypocauste muni d'une exèdre et un frigidarium s'ouvrant sur une petite piscine froide. Par  la suite, ils vont subir trois modifications importantes. Le sol de la baignoire froide, constitué à l'origine de carreaux de pilettes va être rehaussé à deux reprises, le deuxième dallage étant formé de tegulae à bords cassés et le dernier de dalles en terre cuite. A une époque encore indéterminée, la chambre et le canal de chauffe du caldarium vont être déplacés de la pièce d'angle vers la salle occidentale du logis. Le premier canal de chauffe est alors rebouché de façon grossière et le mur occidental du logis est percé afin d'y aménager le nouveau canal de chauffe. C'est probablement à la même période que l'exèdre occidentale du caldarium est détruite et son accès soigneusement rebouché. Ces transformations suggèrent un changement notable dans l'organisation du logis.

0 10 m

Partie du logis restituée (d'après plan de D. Materne)

Fosses empierrées et contreforts tardifs

Foyers domestiques, fours et structures rubéfiées

A

Emprise des fouilles d’archeolo-J

Emprise des fouilles anciennes

B C

D

Fig. 50. Plan provisoire du logis partiellement restitué sur base du plan des fouilles anciennes de D. materne : a. Bains ; B. Four de potier ; C. Puits ; D. Fosse liée à un atelier de métal-lurgie (S. Lefert © archeolo-J)

Fig. 51. ensemble thermal en enfilade avec, à l'avant-plan, la première chambre de chauffe (S. Lefert © archeolo-J)

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Le secteur central subit lui aussi d'importantes modifi-cations après le relèvement de son niveau de sol. Dans la grande salle centrale, le sol est recoupé par une vaste structure circulaire au creusement en entonnoir identifiée comme un puits. L'installation de ce puits à l'intérieur du logis atteste à nouveau une réorganisation considérable de son fonctionnement, d'autant plus que ce puits vient recouper un mur intérieur. Les deux salles occidentales et la grande salle centrale sont ainsi unifiées en un seul grand espace. Les niveaux de sol supérieurs sont alors recouverts d'un remblai comprenant de nombreux fragments de tuiles ainsi que, à hauteur de la salle centrale, des scories et des rejets de fours. Ce réaménagement de la structure du logis a nécessité un renforcement de la toiture. Cinq grandes fosses carrées empierrées, alignées sur la faitière et complétées par des contreforts le long des murs, ont servi de base à des poteaux massifs venus soutenir la charpente.

La salle occidentale du logis est probablement en partie à ciel ouvert. S'y installent en effet à une date indéterminée la chambre de chauffe du caldarium mais aussi un four de potier dont un échantillon de la production a été récemment analysé.

La production inédite de ce four consiste exclusivement en assiettes en céramique fine fumée ; il s'agit d'une production spécialisée et standardisée. Les pâtes sont surcuites, de couleur jaune blanc avec un noyau gris blanc, et les surfaces sont sombres ou claires. Le potier a utilisé la derle du Condroz16.

16 Les gisements connus les plus proches de la villa, ceux de Gesves/Gramptinne et de Havelange/Ossogne, sont localisés à environ 5 km. Calembert 1945.

Deux grands types d'assiettes sont représentés. Le premier type se caractérise par une paroi haute et arrondie qui se termine par une lèvre rentrante à léger épaississement interne. Les dimensions sont variables, avec des diamètres d'ouverture compris entre 13,5 et 28 cm - même si une majorité d'assiettes ont un diamètre de 20–25  cm. Ces assiettes du type I sont de loin les plus nombreuses ; elles correspondent au type Tongeren 56817. Le type II est illustré par quelques petites assiettes à paroi évasée et lèvre rentrante, coudée vers l'intérieur. Leur diamètre est de 13–15 cm. Cette forme s'apparente à l'assiette Tongeren 570. Il s'agit d'une vaisselle de qualité, destinée à la table ; plusieurs assiettes montrent des surfaces soigneusement lissées, presque lustrées. Quelques exemplaires sont décorés : il s'agit de couronnes de guillochis imprimés sur la face interne du fond.

Nous datons cette production du milieu ou de la seconde moitié du 3e  s. apr. J.-C. Ces deux types d'assiettes ont été fabriqués en abondance par les ateliers mosans. Ils apparaissent notamment dans les niveaux de destruction ou d'abandon (250–280 apr. J.-C.) des villas du Condroz, notamment à Champion (Hamois). Le creusement d'un

four de potier au sein même du corps de logis de la villa de Montegnet participe vraisemblablement de la diversifi-cation des activités du domaine à la fin du Haut-Empire, alors que le bâtiment principal conserve partiellement sa fonction résidentielle, au prix de modifications ou de réaménagements. La situation isolée du four est surprenante compte tenu du caractère très spécialisé de la production. Un répertoire composé uniquement d'assiettes en céramique fine fumée signifie que cette production n'était pas destinée à la seule consommation de la villa. Cependant, les assiettes de Montegnet n'ont

17 Vanvinckenroye 1991.

Fig. 52. Production du four de la villa de « Lizée » : une assiette du type  i/Tongeren  568 et une petite assiette du type  ii/Tongeren 570 (photo r. Gilles © SPW)

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vraisemblablement pas connu une large diffusion autour de l'atelier. Il pourrait s'agir d'un artisanat sans lendemain qui, pour diverses raisons, n'a pas pu s'imposer sur le plan commercial.

Le secteur situé à l'ouest du logis a été appréhendé dans une emprise restreinte. D'importants remblais de démolition s'y accumulent. Sur l'apport de terre gris-beige antérieur au logis viennent ainsi se superposer un remblai comprenant de nombreux moellons, puis une couche constituée de fragments de béton de tuileau et de tubulures, et qui pourrait dès lors être contemporaine d'une réfection des bains. Ces différents remblais sont recoupés par une vaste fosse profonde et à fond plat. Partiellement fouillée, elle a livré de nombreuses scories. L'installation d'un atelier de métallurgie dans ce secteur pourrait expliquer les modifi-cations importantes apportées à l'ensemble thermal. Trois foyers sont en effet présents dans la pièce d'angle nord-ouest dont l'un fortement rubéfié recoupe le comblement final de la première chambre de chauffe.

Dans les années à venir, les recherches se poursuivront vers l'est afin de dégager la suite du logis. Une étude systématique est prévue afin de cerner l'étendue et l'organisation générale de ce logis. L'établissement d'une chronologie complète permettra en outre de cerner les conditions d'implantation, de développement et d'abandon de la villa de Lizée.

Tous nos remerciements vont à Mr Etienne de Francquen, propriétaire, ainsi qu'à Mr Daniel Materne qui nous a permis d'examiner la production du four de potier.

Bibliographie

Calembert L., 1945. Les gisements de terres plastiques et réfractaires d’Andenne et du Condroz, Liège.

Lefert S., 2015. Havelange/Flostoy : la villa gallo-romaine de «  Lizée  », Chronique de l’Archéologie wallonne, 23, p. 271–273.

Lefert S., 2016. Havelange/Flostoy : la villa gallo-romaine de «  Lizée  », Chronique de l’Archéologie wallonne, 24, p. 257–259.

Lefert S. & Hanut F., 2017 (à paraître). Havelange/Flostoy :  la villa gallo-romaine de « Lizée », Chronique de l’Archéologie wallonne, 25.

Vanvinckenroye W., 1991. Gallo-Romeins aardewerk van Tongeren, Tongeren (Publicaties van het Provinciaal Gallo-Romeins Museum, 44).

la céramique Du cimetière mérovingien De viesville (pont-à-celles, ht)

Line Van WersCh et Gaëlle Dumont

Fouillée entre septembre 2005 et décembre 2006, la nécropole de Viesville a livré 145 sépultures dont 97 renfer-maient de la céramique. Un corpus de 152 individus en bon état de conservation et aux contextes de découverte bien documentés présente de nombreux avantages pour une étude céramologique.

Plusieurs variantes techniques et morphologiques, dont certaines sont propres à l'ouest de la Belgique, ont été mises en exergue. Sans doute issues de productions régionales, les différentes pâtes révèlent des possibilités d'approvi-sionnement variées. Au sein d'une même tombe, les vases ont rarement la même origine et des importations, telles que des sigillées tardives, côtoient des produits régionaux. Parmi les pots biconiques, des vases issus d'un même atelier ont pu être repérés (fig.  53). Une « même main » étant responsable de leur fabrication, ils permettent de regrouper des sépultures proches sur le plan chronologique.

L'étude de la céramique met en évidence au moins trois phases chronologiques. La première correspond au début de l'époque mérovingienne et rassemble les tombes contenant les sigillées tardives, la céramique modelée et les cruches ovoïdes. Elles sont localisées dans la partie au nord-est de la nécropole. Ce secteur est bordé au sud-ouest par une zone intermédiaire où sont implantées des fosses renfermant de petits pots biconiques gris ornés

Fig. 53. Vase issu d'une série de 5 pots potentiellement fabriqués par le même artisan

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de cannelures (fig. 53). Enfin, en périphérie, se trouvent des pots biconiques décorés à la molette et des petits pots ovoïdes rouges pouvant être datés du début du 7e siècle. L'occupation de la nécropole de Viesville ne se prolonge pas au-delà de cette période.

Simultanément à l'évolution des formes et techniques, les modifications des pratiques funéraires peuvent être observées. De moins en moins de vases sont placés aux côtés des défunts. Ceux-ci premièrement accompagnés d'un service plus complet se voient par la suite dotés d'un seul pot biconique. L'association des différents types montre aussi que la céramique modelée, traditionnellement désignée comme « germanique », peut être accompagnée de formes tournées et de sigillées tardives, posant la question de sa potentielle signification ethnique.

le grognon, à namur : compte-renDu et premiers résultats en cours D'opération

Dominique bosquet, Raphaël VanmeChelen, Antonin bielen, Élise Delaunois, Céline DeVillers, Pierre-Benoît gérarD, Carole harDy, Ignace inCoul, Philippe laVaChery, Sophie loiCq, Fanny martin, Amandine pierlot, Stéphane ritZenthaler, Jonathan robert, Julie timmermans, Muriel Van buylaere, Charlotte Van eetVelDe et Nelly Venant

contexte et modalités opérationnelles

Le site du Grognon, au confluent de la Sambre et de la Meuse, à Namur, fait aujourd'hui l'objet d'un vaste projet, initié par la Ville de Namur, incluant un parking souterrain de 650 places développé sur quatre niveaux et les aménagements de surface attenants. Dans la foulée du suivi archéologique réalisé d'août à novembre 2016 lors du déplacement préalable des impétrants, le début de l'intervention archéologique sur l'emprise du parking a été fixé à mars 2017, soit six mois avant le début des travaux du Concessionnaire. Le début des travaux de terrain en cohabi-tation avec l'aménageur a été fixé, quant à lui, à l'entame de la réalisation de la paroi périphérique de l'ouvrage, qui a eu lieu le 16 août dernier. À cette date, le délai de 12 mois octroyé à l'équipe pour arriver au substrat géologique sur les 5000 m² du parking a commencé à courir.

Les quatre mois compris entre la fin du suivi archéologique préalable et le début de la phase préventive ont été mis à profit pour finaliser la préparation logistique de l'opération

Rue de Grognon

Rue St Hilaire

Rue du Pont

Place St-Hilaire

Porte de Grognon

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Côté Sambre

Côté Meuse

1. Rue gallo-romaine (IIe - IIIe s.)2. Bâtiment romain avec cave (IIe - IIIe s.)3. Stratigraphie Bas-Empire (IVe - Ve s.)4. Empierrement de rue carolingienne (IXe - Xe s.)5. Chapelle Saint-Hilaire (VIIIe - XIVe s.)6. Puits Saint-Hilaire (XVe - XVIIIe s.)7. Bâtiment Médiéval (XIe s. ?)8. Rempart de la première enceinte (Xe - XIIe s.)9. Rempart de la deuxième enceinte (XIIIe)10. Maisons de la Rue du Pont (XIIe - XIXe s.)

11. Maisons du Quartier Saint-Hilaire (XIIe - XIXe s.)12. Forge et Café Dombret (XVIIe - XXe s.)13. Placette de Grognon (XVIIIe - XXe s.)14-15. Hotel du Faisan (maison patricienne) et son jardin (XVIe - XXe s.)16. Maisons récentes (XIXe - XXe s.)17. Esplanade du Port de Grognon (1847- 48)18. Ecole communale du Rempart (1867)

10 m

Fig. 54. Vue générale des recherches archéologiques avec les principaux points d’intérêt (mars-juillet 2017 ; orthophotoplans assemblés : P.-m. Warnier – SPW/DGo4, Direction de la Géomatique, infographie D. Bosquet)

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CommuNiCaTioNS

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et recruter l'équipe de 30 personnes appelée à relever le challenge. Comme la Direction de l'archéologie s'y était engagée, l'équipe était opérationnelle le 1er mars 201718.

Une fois les conditions réunies en interne, la réussite d'une opération de cette ampleur tient à la qualité du dialogue établi entre les intervenants principaux, à savoir la Ville de Namur, Interparking, l'association momentanée Degraeve-Nonet-Duchêne et la Direction de l'archéologie. À ce titre, une confiance certaine s'est installée entre tous et, malgré les frictions et les points de blocage rencontrés jusqu'ici — et inévitables lorsque les objectifs sont à ce point antagonistes — des solutions consensuelles ont toujours été trouvées.

Pour ce qui est du mode opératoire, les niveaux à atteindre et les surfaces à analyser sont déterminés par la nécessité de constituer des plateformes de travail et de circulation pour les engins de chantier au fur et à mesure de la construction ; délais et modalités opérationnelles de ce phasage du chantier sont déterminés par les seules contraintes de l'aménageur, et non de la stratigraphie archéologique. La première phase de recherches a ainsi consisté à atteindre le fond de coffre correspondant à la piste de forage des pieux sécants (paroi périphérique) sur une surface de 3384 m² et à une profondeur comprise entre 2 et 4 m de profondeur par rapport à la surface actuelle. À ce jour, 10.000 m³ de déblais ont été excavés pour arriver à ce résultat. La surface de circulation ayant été établie sur la moitié occidentale du site à la mi-août, date de pose du premier pieu, l'intervention archéologique s'est poursuivie jusque début octobre sur la moitié opposée. Cette zone, qui correspond aux développements de la Porte de Grognon, a alors été rendue au Concessionnaire, tandis que l'examen archéologique a repris sur la moitié occidentale jusqu'à la cote correspondant cette fois au niveau de mise en place des pieux de soutien du plafond et des étages du parking, située 2 m plus bas.

L'aire investiguée jusqu'ici n'a jamais fait l'objet de recherches archéologiques auparavant, si l'on excepte un secteur limité étudié par l'ULB en 1968–1972 sous la direction de Pierre-Paul Bonenfant et l'opération menée sous l'ancienne Place Saint-Hilaire, par le Service de l'archéologie du SPW, à l'initiative de Jean Plumier, de 1991 à 1995.

Une documentation considérable a déjà été rassemblée depuis le mois de mars : 1392 faits et 4668 US ont été enregistrés sur la surface de 15 zones. Pour arriver à ce rendement, les méthodes ont dû être adaptées, en particulier en ce qui concerne l'enregistrement graphique,

18 Les nombreux agents du SPW qui se sont investis sans compter dans la mise en œuvre de l'opération doivent ici être remerciés.

photographique et topographique des données (voir Devillers et al., ce volume).

Résultats archéologiques

En dépit du caractère incomplet des données et du manque de recul parfois nécessaire à leur interprétation, les premiers acquis engrangés permettent d'ores et déjà d'évoquer plusieurs problématiques significatives, qui conduisent à ébaucher les lignes de force majeures de la topographie ancienne du site. Les données avancées sont évidemment à considérer comme autant d'hypothèses, à valider sur terrain dans les mois à venir ou à l'issue des recherches post-fouilles.

La morphologie naturelle du site se voit progressivement complétée de nouveaux éléments. L'affleurement rocheux (grès carbonifères du Namurien) apparaît à moins de 2 m de profondeur sous le sol actuel, en limite occidentale de l'emprise. Il subit d'importants arasements dès la période romaine, tandis que les caves médiévales et modernes de l'ancienne rue du Pont l'ont profondément entaillé. L'avancée originelle de l'éperon rocheux du Champeau s'en trouve mieux définie et apparaît plus proéminente qu'attendu. Quelques reliquats de sédimentation limoneuse ont été ponctuellement atteints. Aucune trace d'occupation préhistorique n'y a été décelée jusqu'à présent.

Le premier élément véritablement significatif de la topographie urbaine du quartier est apparu sous le tracé de l'ancienne rue du Pont, dans l'axe de l'actuel Pont du Musée. L'espace compris entre les façades des maisons modernes a en effet révélé une succession de plusieurs surfaces de circulation, témoignant de la pérennité d'une même voie de communication. Le premier état reconnu date du Haut-Empire et peut être daté de la fin du 1er ou du

Fig. 55. rue gallo-romaine du Haut-empire (2e–3e s.), sous le tracé de l’ancienne rue du Pont (Photo : é. Delaunois – SPW/DGo4, Direction de l’archéologie)

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courant du 2e siècle. La surface de roulage, constituée d'un empierrement damé de galets et de fragments de tuiles, est délimitée latéralement par de profonds caniveaux et bordée de trottoirs dallés - soit une largeur totale de 4,5 m. Les éléments de datation écrasés à la surface de l'empierrement attestent de son usage jusqu'à la fin du 3e siècle. Orientation et morphologie de la voie invitent à y reconnaître l'artère principale de l'agglomération antique de Namur ; son prolongement en direction du sud soulève la question du franchissement de la Meuse.

Un grand bâtiment en pierre aligne son flanc le long de la voie, juste avant la rive de Sambre. Reconnu sur une longueur minimale de 18 m, il s'assimile aux grands bâtiments rectangulaires caractéristiques des agglomé-rations secondaires. L'arrière de la construction, vers le sud, présente un angle coupé obliquement, probablement contraint par une voie secondaire desservant l'habitat de la pointe du confluent. Cet angle est occupé par une cave à l'architecture particulièrement soignée, avec niche cintrée, soupirail et escalier d'accès.

Plusieurs niveaux d'occupation, stratifiés et généralement sombres, se sont accumulés à la surface de la voie antique. Des ornières y trahissent le passage d'un charroi prolongé

durant les 4e, 5e et peut-être 6e siècles. D'autres empier-rements ponctuent l'usage de la rue, tout au long du Premier Moyen Âge.

L'emplacement de la chapelle Saint-Hilaire, vraisem-blablement établie au centre du portus dans le courant du 8e siècle, semble lui-même conditionné par cet axe de circulation d'origine antique. Plusieurs inhumations périphériques à l'édifice viennent s'ajouter au corpus étudié précédemment. Leur orientation nord-sud déroge à la règle en vigueur, du fait probablement de l'exiguïté de l'espace disponible entre la voirie et la façade de la chapelle.

La Première Enceinte de Namur ceinture le quartier portuaire depuis le 10e siècle. Trois phases de construction avaient été définies précédemment, jusque dans le courant du 12e siècle. Son prolongement vers le confluent a maintenant été reconnu en rive de Sambre sur une longueur de 24 m. Dans l'état d'avancement actuel des recherches, seuls trois éléments de maçonnerie peuvent être attribués au bâti établi dans le courant du 11e siècle, conjointement à cette première ligne de fortification.

Un nouveau front défensif protège le portus dès la fin du 12e siècle. Tout récemment dégagée, la muraille bénéficie par endroits d'un état de conservation remarquable. Deux pans de rempart à l'appareil de moellons calcaires se rejoignent à angle obtus, face aux eaux du confluent. Une tour de flanquement circulaire, d'un diamètre de 4,6 m,

Fig. 56. rempart et tour de flanquement circulaire du 2e front fortifié du confluent (fin du 12e s.)(Photo : é. Delaunois – SPW/DGo4, Direction de l’archéologie)

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CommuNiCaTioNS

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renforce la jonction des courtines. À considérer la nature de ses maçonneries, elle fait assurément partie du dispositif originel. Directement contiguë à la tour, une interruption de la courtine marque l'emplacement de la Porte de Grognon, ouvrant la ville sur le port fluvial. Les archives mentionnent cette nouvelle enceinte dès 1289, la Porte de Grognon en 1364 et sa tour de flanquement en 1385. Sa chronologie se trouve aujourd'hui étoffée de nouveaux éléments qui, confrontés à la typologie architecturale et au contexte politique, invitent à en placer la construction durant la dernière décennie du 12e siècle. Elle restera en usage jusqu'en 1601.

L'organisation du bâti médiéval intra-muros se dévoile, au fur et à mesure des travaux de terrain. Ainsi, la trame parcellaire de l'ensemble du quartier aurait été mise en place dans le courant du 12e siècle. Au-delà de plans généra-lement lacunaires, quelques maisons sont plus complètent, avec sols, sous-sols et basses fosses de latrines. Elles alignent leurs façades de part et d'autre de la rue du Pont et de la rue Saint-Hilaire. D'autres sont construites dans le courant du 13e siècle, le long de la rue de Grognon, sur l'espace gagné par la démolition de la Première Enceinte et au terme d'une opération immobilière d'initiative probablement comtale. Six habitations au moins portent les marqueurs d'un incendie violent, provisoirement daté par la céramique de la fin du 13e siècle.

Tout au long du Second Moyen Âge, chaque maison va suivre son évolution propre, au gré de reconstructions, totales ou partielles, et parfois de modifications parcellaires. À en croire les archives, la population tardo-médiévale du quartier affiche un niveau social relativement élevé :

composée de marchands, de bateliers et d'artisans, elle compte même quelques familles de l'entourage comtal.

C'est sur subside de Charles Quint, octroyé à la Ville de Namur en 1521, qu'une nouvelle fortification est mise en chantier : le Rempart Ad Aquam. La porte médiévale est alors toujours en usage, mais une seconde porte est ouverte latéralement, livrant accès aux terrées d'artillerie de la nouvelle fortification, puis à la Neuve Rue. Un nouveau mur est mis en chantier à la fin du 16e siècle au devant de la porte médiévale, de manière à rationaliser les circulations depuis le port. Une porte s'y ouvre, face au confluent. À l'arrière des courtines, des espaces publics sont aménagés, recouverts de pavés calcaires. Cette porte aurait été fortement endommagée lors de la grande inondation de décembre 1740.

La construction d'une quatrième et dernière Porte de Grognon est ensuite confiée à Denis-Georges Bayar, architecte et sculpteur namurois. Les plan et élévation du projet ont été retrouvés dans les archives ; tandis que les bases de l'ouvrage ont été mises au jour lors de l'inter-vention archéologique : massifs de fondations, base des pilastres en pierre de taille de grand appareil, crapaudines de la porte et logement de ses vantaux donnent matérialité aux données iconographiques. De part et d'autre de la porte, des murs de pierre ferment la ville, tandis qu'à ses

Fig. 57. La 4ème Porte de Grognon, réalisée sur les plans de l’architecte et sculpteur namurois Denis-George Bayar, en 1754 : bases en pierre de taille d’une grande porte monumen-tale et rampes pavées d’accès au port fluvial (Photo : i. incoul – SPW/DGo4, Direction de l’archéologie)

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pieds de nouvelles rampes pavées aménagent les rives du port. Les derniers éléments de la Porte de Grognon seront démolis en octobre 1858.

L'habitat moderne se déploie, à l'arrière des fronts fortifiés, sur la trame parcellaire héritée du Moyen Âge. Plusieurs réalignements de façades, imposés par les autorités urbaines, dictent des phases de travaux ou de réfection du bâti, notamment pour une propriété remarquable, établie en bord de Sambre : l'hostellerie du Faisan. La démolition du Refuge de Waulsort et de plusieurs maisons de la rue du Rempart, le long de l'Hospice Saint-Gilles, en vue de la création, en 1907, de la place F. Kegeljan, constitue sans doute la dernière opération urbanistique mise en œuvre au Grognon.

Remerciements

À Alain Guillot-Pingue, Pierre Paquet et Annick Fourmeaux pour leur soutien,

à Jean Plumier pour son implication dans le projet et son soutien, notamment lors des négociations avec le Concessionnaire,

à Michel Jehaes et Nicolas Simon de la Ville de Namur pour leur efficacité et leur soutien constructif,

à Olivier Mareschal, de l'entreprise De Graeve pour les efforts importants consentis afin d'établir un planning des travaux prenant en compte autant que possible l'investi-gation archéologique, et à Jean-François Macq, pour son efficacité et son amabilité dans la gestion journalière du chantier,à Serge Tonneus d'Interparking pour son soutien au projet archéologique,

à Jean-Louis Antoine, Emmanuel Bodart, Nicolas Bruaux, Vincent Bruch, Sophie Challe, Sylvie de Longueville, Ken Dethier, Frans Doperé, Romain Gilles, Jean-Louis Javaux, Francis Tourneur, Madeline Votion, Olivier Vrielynck et Pierre-Michaël Warnier, pour leur aide précieuse sur terrain et leur expertise,

à Didier Alexandre et Cédric Van Rossum, contremaîtres, et Mamadou Balde, Mamadou Barry, Brahim Bellahbib, Damiano Danese, Saïkou Diallo, Jean-Pol Fournier, David Garray, Didier Maestre, Donavan Legat et Federico Tendola, opérateurs, pour l'énorme travail déjà fourni, dans une constante bonne humeur,

et bien sûr, à Valérie Closset, notre mère à tous.

Pour en savoir plus

Site internet : www.archeogrognon.be

le Dépôt De soy (erezée, prov. De luxembourg) : le bronze final iii en belgique et ses ramifications

Eugène Warmenbol et Luc Van impe

C'est en juillet 2011 que M. Pascal Smeets (Opoeteren, Stad Maaseik) découvrit, au lieu-dit La Forêt sur l'ancienne commune de Soy (Érezée, prov. de Luxembourg), un nombre d'objets en bronze, rassemblés à une dizaine de centimètres de profondeur seulement.

L'emplacement du dépôt se situe au Sud de l'église Saint-Martin de Soy, non loin de la rue du Calvaire, sur une plateau d'une hauteur d'environ 350 m, dominant à l'Est la vallée de l'Isbelle, qui est un affluent droit de l'Ourthe.

Cinq ans plus tard, par l'entremise de Mme. Christelle Draily (DGO4), suite à une réunion organisée chez M. Pascal Smeets, la collection fut finalement entièrement mise à disposition de son propriétaire légitime, c.à.d. la commune de Jalhay (prov. de Liège), qui en a confié l'étude à l'Université libre de Bruxelles, avant qu'elle rejoigne celles du Grand Curtius à Liège.

Avec une cinquantaine d'objets, dont une vingtaine de petits anneaux, le dépôt de Soy compte parmi les plus importants découverts en Belgique. Il s'agit en bonne partie (en ne tenant pas compte des anneaux) d'objets fragmentés, voire fragmentaires, mais une partie des objets est intacte. La diversité de sa composition est frappante, puisqu'il contenait entre autres cinq haches, cinq pointes de lance, diverses parures, dont une dizaine de bracelets, trois rasoirs, ainsi que deux culots de coulée (« lingots »).

Pour comparaison, vient immédiatement à l'esprit le dépôt de Jemeppe-sur-Sambre Trieu des Cannes (prov. de Namur), qui est composé, entre autres, de quatre haches à douilles, deux bracelets (creux) à palettes « fusionnées », de tubes spiralés et d'anneaux, que nous retrouvons tous dans le dépôt de Soy. Il n'est pas assuré que ce dépôt nous est parvenu dans son entièreté.

La nouvelle découverte présente donc des affinités avec les dépôts « atlantiques » signalés précédemment en Belgique, tel aussi celui de Spiennes Camp à Cayaux (prov. de Hainaut), entre autres par la présence de haches à douille du type du Plainseau, de bracelets à palettes « fusionnées », voire de la grande épingle (?) à tête spiralée. Son originalité réside dans sa composante « Sarre-Lorraine », sous la forme de haches à ailerons subterminaux (?) et celle de bracelets de type Balingen et de type Vaudrevange.

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CommuNiCaTioNS

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un assemblage levallois vers 450 ka Dans le bassin De la haine, est-ce bien raisonnable ? comparaisons avec la somme, le bassin mosan et le rhin moyen

Paul haesaerts, Christian Dupuis, Paul spagna, Freddy Damblon, Ivan JaDin, Philippe laVaChery, Stéphane pirson et Dominique bosquet

La séquence des nappes alluviales de la Haine établie entre 1975 et 1984 intègre quatre nappes, étagées entre les graviers de la Trouille vers 24 m d'altitude à Spiennes et la cuesta d'Harmignies vers 80 m. Elle comprend les nappes du Pa d'la l'iau (75 m), de Petit-Spiennes (68 m), de Mesvin (60–58 m) et le cailloutis de la carrière Hélin (vers 45 m). Divers assemblages lithiques y sont associés : l'Acheuléen moyen à composante Levallois pour Petit-Spiennes (Cahen et al., 1985 ; Van Baelen & Reyssaert, 2011) et le Paléolithique moyen avec Levallois bien affirmé pour

Mesvin IV et la nappe de Mesvin (Cahen et al., 1979). Sur base des arguments biostratigraphiques et chronologiques, l'ensemble fut situé entre SIM 12 (Pa d'la l'iau) et SIM 7a (Hélin), les cailloutis de Mesvin étant attribués au SIM 8 vers 280 ka (Haesaerts, 1984).

Nous montrerons ici comment les nouvelles données réunies en 2016 pour les nappes de la Haine et leurs dépôts de couverture modifient le cadre chronologique de la séquence, en accord avec les enregistrements de la Somme et de la terrasse du Rhin à Ariendorf (Haesaerts et al., sous presse). C'est le cas, en particulier, d'une nappe complémentaire dénommée nappe du Fief, mise en évidence à l'altitude de 50 m le long du versant oriental de la Wampe, en contrebas de la nappe de Mesvin (fig. 59). L'intégration de ces données à l'échelle régionale conduit dès lors à rapporter l'assemblage lithique Levallois de Mesvin IV (fig. 60) au SIM 10 vers 350 ka et le matériel Levallois de la nappe de Petit-Spiennes (fig. 61) associé à l'Acheuléen moyen, au SIM 12 vers 450 ka.

Fig. 58. Quelques éléments du dépôt de Soy : deux des bracelets à palettes « fusionnées » (11 et 12), le fragment de bracelet de type Vaudrevange (18) et un fragment de bracelet de type non (encore) identifié (29) (dessins rob Vanschoubroek, échelle 2/3)

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Bibliographie

Cahen, D. (1984), Paléolithique inférieur et moyen en Belgique. Peuples chasseurs de la Belgique préhistorique dans leur cadre naturel, IRSNB, Bruxelles, p. 133–155.

Cahen, D. et al. (1984), An Early Middle Palaeolithic Site at Mesvin IV (Mons, Belgium). Its Significance for Stratigraphy and Palaeontology. Bull. IRSNB, sc.de la terre, 55, 5, p. 1–20.

Cahen et al. (1985), La nappe alluviale de Petit-Spiennes et le début du débitage Levallois dans la vallée de la Haine. Archaeologia Belgica, 1, p. 7–16.

Haesaerts, P. (1984), Les formations fluviatiles du bassin de la Haine (Belgique). Bull. AFEQ, 17–18–19, p. 19–26. Haesaerts P. et al. (2017), Révision du cadre chronostra-tigraphique des assemblages Levallois issus des nappes alluviales du Pléistocène moyen dans le bassin de la Haine (Belgique). Bull. Soc. Préh. Franç., sous presse.

Van Baelen A. & Reyssaert C. (2011), The Early Middle Palaeolithic of Belgium. ERAUL, 128, p. 197–212.

Fig. 59. La séquence revisitée des nappes alluviales de la Haine (2015–2016)

Fig. 60. mesvin iV (Sim 10) : nucléus, lame et éclat Levallois (cAhen, 1984, fig. 49)

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CommuNiCaTioNS

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Fig. 61. Petit-Spiennes (Sim 12) : assemblage Levallois issu des cailloutis de la nappe ; nos 3 et 4 : Fouilles de 1984 (cAhen et al., 1985) ; nos 5 à 8 : tranchée de l'irSNB, 1981 (cAhen, 1984)

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PoSTerS

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clés et serrures mérovingiennes Du cimetière De bossut-gottechain

Olivier VrielynCk, Muriel Van buylaere et Hélène blanpain

La serrurerie mérovingienne a été peu étudiée jusqu'à présent, pour la simple raison que les découvertes de serrures sont rares en contexte funéraire et quasiment inexistantes en contexte d'habitat. Avec six serrures de différents modèles identifiées, le cimetière de Bossut-Gottechain offre l'occasion de faire un état des lieux des connaissances sur le sujet.

Les serrures en contexte funéraire sont associées à des coffres et coffrets déposés dans certaines tombes féminines privilégiées. Leur identification n'est pas toujours facile, les pièces en fer du mécanisme étant corrodées, voire dispersées et fragmentées lorsque les tombes ont été pillées. Les coffre(t)s sont plus faciles à identifier lorsqu'ils possèdent des ferrures (cornières, charnières, poignée) mais ce n'est pas toujours le cas. En outre, celles-ci peuvent être confondues avec des éléments de cercueil. Un rapide dépouillement des principaux cimetières du domaine rhénan, de Belgique et de France a permis d'inventorier une cinquantaine de serrures.

À Bossut-Gottechain, des serrures accompagnaient des coffre(t)s dans les tombes 12, 146, 353, 354, 402 et 413. Le coffre de la tombe 413 est l'un des plus grands connus dans le royaume mérovingien, avec une surface au sol de c. 80 x 60 cm (fig. 62). Il était équipé de 4 cornières, de 2 charnières, d'une poignée et d'une serrure. Les autres tombes ont livré chacune un coffret. Ceux des tombes 353 et 402 sont munis de cornières, ceux des tombes 12, 353 et 354 d'une poignée. L'absence de charnières et de poignée dans les tombes 146 et 402 indique peut-être l'emploi de couvercles à glissières.

La plupart des coffrets étaient « vides ». Seuls un hachoir et une fusaïole se trouvaient dans l'espace occupé respec-tivement par le coffre de la tombe 413 et le coffret de la tombe 402. Cette pauvreté apparente est habituelle : les rares coffrets à l'intérieur desquels des matières organiques étaient conservées (e.g. Dame de Cologne) indiquent qu'ils contenaient surtout du linge et des vêtements. La présence d'ustensiles liés au travail du textile (forces, fusaïoles) ou à la coiffure (peignes) est plus occasionnelle.

L'art de la serrurerie a subi un net déclin à la fin de l'époque romaine. Les serrures mérovingiennes se réduisent à deux types simples qui existaient déjà auparavant : les serrures à ressort de renvoi en paillette soudé au pêne et les serrures à ressort de renvoi en paillette non solidaire du pêne (cf. typologie de Mathieu Linlaud, 2014). Dans les deux cas les ressorts sont de simples lamelles en fer (« paillette ») et les mécanismes fonctionnent avec des clés rudimentaires à une ou deux dents. Toutes les pièces sont en fer.

Serrures à ressort soudé au pêne (T. 12, 353, 354 et 413 ; fig. 63a)

Le mécanisme de ces serrures comporte deux pièces principales : le pêne auquel est soudé un ressort, suspendu

CHaPiTre 2 : PoSTerS

Fig. 62. Ferrures du coffre de la tombe 413 : cornières, char-nières, poignée et serrure. Photo r. Gilles © SPW

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au couvercle ; une plaque percée d'un ou deux trous pour les dents de la clef, munie d'un rebord (butoir) pour bloquer le ressort du pêne. Cette plaque est fixée à l'intérieur du coffre, derrière la façade. En position fermée l'extrémité du pêne est logée dans une encoche du bois de la façade, contre la plaque, ressort coincé contre le butoir. La clef permet de sortir le ressort du butoir et d'extraire le pêne de son logement en soulevant le couvercle à l'aide de la poignée.

Serrures à ressort non solidaire du pêne (T. 146 et 402 ; fig. 63b)

Le pêne est ici une pièce mobile, sorte de verrou, composée d'une plaque percée de trous pour la clef, munie d'un butoir et prolongée sur deux côtés opposés par une tige. Il est appliqué contre la paroi interne du coffre par deux goupilles en fer fixées dans le bois et dans lesquels coulissent les tiges. En position fermée, le pêne est bloqué par une ou deux lamelles légèrement courbes (ressorts) fixées sur le bois du coffre et dont les extrémités s'appuient contre le butoir. La clef permet de repousser le ou les ressort(s) hors du butoir et de débloquer le pêne. Il faut ensuite utiliser la clef comme manche pour déplacer le pêne et libérer le couvercle.

Le premier type de serrure fonctionne avec une clef en U à une ou deux dents, le second type avec une clef en U (à une ou deux dents) ou avec une clef en T à deux dents. Dans ce dernier cas le pêne possède une fente entre les deux trous pour la clef (T. 146 ; fig. 64).

Les clefs issues des tombes mérovingiennes proviennent uniquement de sépultures féminines, où elles sont habituellement suspendues à une châtelaine. Elles sont relativement rares mais plus nombreuses que les serrures.

Les types les plus fréquents sont les clefs à dents corres-pondant aux serrures mentionnées plus haut. D'autres clefs en fer ne correspondent à aucune serrure connue. Ce sont principalement des clefs à crochet (en « C ») présentes à Bossut-Gottechain en trousseaux de trois exemplaires identiques (T. 31, 65 et 137). On pourrait leur attribuer un rôle de « lève-loquet » mais une fonction non utilitaire semble plus probable. Le rôle symbolique de la clef est en effet bien attesté parmi les populations germaniques, par exemple chez les anglo-saxons où de fines clefs décorées en métal noble sont régulièrement présentes dans les tombes féminines, toujours par paires identiques.

Bibliographie

Koch U., 1990. Das Frankische Graberfeld von Klepsau im Hohenlohekreis (Forschungen und Berichte zur Vor- und Fruhgeschichte in Baden-Wurttemberg).

Linlaud M., 2014. Serrures médiévales. VIIIe-XIIIe siècle.

Ypey J., 1964. Ein merowingerzeitliches Kastenschloss in einem Frauengrab aus Rhenen, Prov. Utrecht, Berichten van de Rijksdienst voor het Oudheidkundig Bodemonderzoek 14, 84–88.

Fig. 63. a. Proposition de reconstitution de la serrure de la tombe 354. B. Proposition de reconstitution de la serrure de la tombe 402. La disposition de la serrure dans la tombe, l'orientation des traces ligneuses sur le pêne et l'absence de charnières permettent de proposer un coffret à couvercle coulissant et un pêne disposé verticalement. Ces deux serrures fonctionnent avec le même type de clef, en u à deux dents

Fig. 64. Serrure et clef du coffret de la tombe 146, comportant le pêne, deux picolets et deux lamelles-ressorts. La serrure est en position ouverte

A B

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PoSTerS

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la sélection Du bois Dans l’armement mérovingien - résultats préliminaires D’analyses Des restes ligneux associés aux épées, scramasaxes et pointes De flèches Du cimetière De bossut-gottechain

Koen DeforCe, Olivier VrielynCk, Natalie Cleeren, Muriel Van buylaere et Cristel CappuCCi

Entre 2003 et 2006, 436 tombes à inhumation ont été fouillées dans le cimetière mérovingien de Bossut-Gottechain (commune de Grez-Doiceau, prov. de Brabant Wallon) par le SPW et l'asbl RPAW. Ces fouilles ont révélé un grand nombre d'objets en métal parmi lesquels de nombreuses armes. Au contact de plusieurs de ces objets, des restes ligneux ont étés préserves dans la couche de corrosion, provenant des parties en bois originellement associées à ces armes.

À ce jour ont étés analysés les restes ligneux des fourreaux d'épées et de quelques scramasaxes préservés dans la couche de corrosion sur les lames (fig. 65) et les restes de bois des tiges de flèches préservés à l'intérieur des douilles (fig. 66). Sur les 17 épées et scramasaxes étudiés, 10 ont donné des résidus de bois identifiables (Fig. 2A). La plupart des fourreaux étaient fabriqués en bois d'aulne (Alnus sp.) ou aulne/noisetier (Alnus/Corylus). Le hêtre (Fagus sylvatica) et le saule/peuplier (Salix/Populus) ont aussi été identifiés. Sur les 103 pointes de flèches examinées, 71 ont donné des résidus de bois (fig. 67B). La plupart des restes de tiges (49) ont étés identifié comme du frêne (Fraxinus excelsior). Trois étaient fait en noisetier (Corylus avellana) et un en hêtre (Fagus sylvativa). Le bois de 18 pointes de flèches, était trop mal conservé et n'a pas pu être identifié.

Les résultats montrent que l'aulne et le frêne étaient les bois préférés pour la fabrication respectivement des fourreaux et des tiges de flèches pendant l'époque mérovingienne. Ces résultats obtenus pour le cimetière de Bossut-Gottechain corroborent ceux d'études menées sur d'autres cimetières de cette période en Belgique (Haneca et al. 2012 ; Haneca & Deforce, sous presse ; Henrard et al. 2015) et en France (Tegel et al. 2016).

Fig. 65. Détail de l’épée de la tombe T345 avec restes ligneux sur la lame

Fig. 66. Pointe de flèche avec résidu de bois provenant de la tige, conservé à l’intérieure de la douille (GD/04/BoGo F312, T128, n°2)

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Fraxinus excelsior Corylus avellana Fagus sylvatica indet0

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Alnus sp. Alnus/Corylus Fagus sylvatica Salix/Populus

A B

Fig. 67. identification des restes ligneux sur la surface des lames des épées et scramasaxes (gauche) et à l’intérieure des douilles des pointes de flèches (droite)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

Bibliographie

Henrard D., de Bernardy de Sigoyer S., Goffioul C., Hanut F., Deforce K. (2015) Wanze/Wanze : Golf Naxhelet – une nécropole mérovingienne sur les traces d'un vaste établissement du Haut-Empire romain. Chronique de l’archéologie wallonne 23, 230–235.

Haneca K., Deforce K., Boone M.N., Van Loo D., Dierick M., Van Acker J., Van Den Bulcke J. (2012) X‐ray sub‐micron tomography as a tool for the study of archaeological wood preserved through the corrosion of metal objects. Archaeometry 54, 893–905.

Haneca K. & Deforce K. (sous presse) Gemineraliseerd hout op grafgiften. In: Annaert R. (ed.) Het merovingische grafveld van Broechem, Relicta monografie.

TEGEL W., MUIGG B., & BüNTGEN U. (2016). The wood of Merovingian weaponry. Journal of Archaeological Science 65, 148–153.

article à Destination De : Journées D’archéologie en Wallonie, 2017.bâtiment méDiéval et pion D’échec à Jambes, rue mazy

Raphaël VanmeChelen, Julie timmermans, Céline DeVillers et Olivier Collette

Le projet d'aménagement du Grognon, à Namur, prévoit notamment la construction d'une passerelle cyclo-piétonne enjambant la Meuse. Sa retombée sur la rive droite, en quai de Meuse côté Jambes, a suscité une courte opération d'archéologie préventive en mai 2017 (fig. 68). Elle a essentiellement révélé un bâtiment rural médiéval, auquel plusieurs indices semblent conférer un statut social particulier.

Face au quartier portuaire du Grognon, la plaine de Jambes se caractérise par un substrat particulièrement fertile. Jusqu'au 19e siècle, elle accueillera les maraîchers dans un paysage ouvert, demeuré largement rural au-dehors du petit bourg développé autour de l'église Saint-Symphorien.

Une longue coupe stratigraphique, obtenue à la faveur des terrassements, a d'abord permis de dresser localement le profil sédimentaire des alluvions de la Meuse, au creux du large méandre qu'elle dessine à l'opposé du confluent. Trois grandes séquences y ont été déterminées. À la base de la coupe, un niveau de galets grossiers partiellement remanié résulte manifestement d'un régime dynamique, correspondant au lit Pléistocène du fleuve. Par-dessus, l'accumulation sédimentaire montre une alternance de lits de sable grossier et de limon sableux, caractéristique d'un système fluviatile instable à chenaux en tresse, tels qu'on en rencontre aux périodes périglaciaires. Cette séquence intermédiaire est enfin scellée par un important niveau de limon sableux jaune-brun, résultant de dépôts d'inon-dation successifs, une fois la Meuse stabilisée dans son chenal principal. Un grand enlèvement latéral y témoigne d'une période de hautes eaux plus intense. C'est à la surface de ces dépôts limoneux que se sont succédé les occupations humaines.

Plusieurs fragments de céramiques mérovingiennes, voire carolingiennes, présents sur le site à titre résiduel, pourraient témoigner d'une première installation durant le Premier Moyen Âge. La seule structure archéologique qui puisse éventuellement lui être attribuée consiste en un trou de poteau.

Vers la fin du 11e ou le début du 12e siècle, un bâtiment a été implanté dans le même secteur, à 16 m de distance à peine du bord actuel du fleuve (fig. 69). La construction bénéficiait d'un sous-sol partiellement excavé, dont les trois parois reconnues étaient maintenues par des parements de pierre liés au mortier de chaux gris beige. Parallèle à la berge, ce cellier est de plan rectangulaire, large de 3,10 m intra muros pour une longueur d'au moins 6,78 m – soit une surface intérieure de plus de 21 m². Au rez-de-chaussée, le bâtiment était peut-être plus étendu, construit en pan-de-bois et en torchis. Dans le cellier, un sol en terre battue recouvre les traces d'un premier incendie ; une seconde destruction par le feu met définitivement fin à l'occupation du complexe, vers la fin du 12e siècle.

Fig. 68. Deux opérations d'archéologie préventive concomi-tantes, de part et d'autre de la meuse : sur le quartier portuaire du Grognon et dans la plaine de Jambes, en rive droite (Photo : r. Gilles - SPW/DGo4, Direction de l’archéologie)

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PoSTerS

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Outre les éléments issus de la démolition du bâtiment lui-même, le cellier comportait un matériel archéologique relativement abondant. La céramique est caractéristique des productions disponibles sur le marché local. Par contre, deux objets, incorporés au sol en terre, dénotent un statut social particulier (fig. 70) : une clé de coffret en alliage de cuivre et un pion d'échec en ivoire. Originaire d'Inde au 6e siècle, le jeu d'échec se répand en Occident, au gré de l'expansion arabe, pour atteindre nos contrées à partir du 11e  siècle. Tous les pions d'échec des 11e et 12e  siècles, découverts en France et en Allemagne notamment, proviennent de châteaux ou d'habitats privilégiés, liés à l'aristocratie — a  fortiori s'ils sont en ivoire. Le pion de Jambes, caractérisé par son appendice latéral, représente vraisemblablement le cavalier. Dans l'état actuel des recherches, il s'agirait de la première pièce d'échec médiévale en ivoire trouvée en contexte archéologique en Wallonie. L'analyse de l'objet, actuellement en cours (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), devrait

en confirmer le matériau et en préciser l'origine animale (éléphant ou morse), données utiles à sa datation comme à la juste appréciation de sa valeur sociale.

Cette découverte exceptionnelle, ajoutée à la qualité architecturale du bâtiment et à sa situation, face au portus du Grognon et au château, suggère l'établissement d'un membre de l'élite namuroise, voire de l'environnement comtal, dans la plaine jamboise, vers 1100. Le bâtiment au cellier en pierre ne constituerait qu'une part ou une annexe d'un complexe plus étendu. Sa position, dans le prolon-gement de la voie gallo-romaine récemment révélée au Grognon, et dont la pérennité au Premier Moyen Âge est maintenant manifeste, repose les questions de topographie historique liées au réseau voyer, au franchissement de la Meuse et à leur relation au système défensif.

Les artéfacts les plus tardifs, intégrés au comblement final du bâtiment, ne remontent guère au-delà du début du 13e  siècle et ne suffisent pas à avérer la persistance d'un habitat à cet endroit. Un niveau humifère noirâtre recouvre ensuite les alluvions de Meuse comme les vestiges médiévaux arasés. Associé à deux fosses ou chablis, il correspond aux vergers ou aux zones maraîchères des 18e et 19e siècles. Enfin, un puits au cuvelage en briques, comblé au 20e siècle, appartient à l'une des maisons démolies dans le cadre du permis d'urbanisme octroyé pour la construction de la passerelle.

Fig. 69. Le bâtiment, établi en bord de meuse à la fin du 11e ou au début du 12e siècle, disposait en sous-sol d'un vaste cellier, aux parois maçonnées de pierre (Photo : r. Vanmechelen – SPW/DGo4, Direction de l’archéologie).

Fig. 70. Parmi le matériel archéologique abandonné dans le cellier du bâtiment, une clé de coffret en alliage de cuivre et un pion d'échec en ivoire (le cavalier ?) dénotent le statut élitaire de ses occupants. reste à les identifier… (Photos : m. Van Buylaere ; infographie : F. Cornélusse – SPW/DGo4, Direction de l’archéologie)

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

vases à encens De la collégiale saint-georges D'amay : nouvelles Données

Sophie Challe et Eugène thirion

En 1994–1995, des fouilles préalables aux travaux de stabilisation de l'avant-corps de la collégiale Saint-Georges d'Amay furent entreprises sous la responsabilité commune de l'Administration communale d'Amay, le Cercle Archéologique Hesbaye-Condroz et le Service des Fouilles du Ministère de la Région wallonne. Ces investigations permirent notamment la découverte sous le mur est du parvis d'une tombe maçonnée (T6) orientée sud-ouest et perturbée par des structures plus récentes. Cette sépulture contenait les membres inférieurs d'un individu adulte en décubitus dorsal ainsi qu'un dépôt de céramiques funéraires.

Quatre pichets et deux pots globulaires furent déposés à la droite du corps. Leur forme correspond au répertoire typologique des vaisselles domestiques produites dans la vallée mosane entre le second quart du 13e siècle et la première moitié du 14e siècle (périodes type Andenne IIIa et IIIb). Leur contenu riche en charbon de bois a fait l'objet d'une datation 14C précise à 95 % de probabilité entre 1220 et 1285 (RICH-23844 : 755±26BP). La présence de ces charbons, les traces calcinées visibles sur les parois internes ainsi que les cols des pichets manquants, ce qui sans conteste a pour effet d'améliorer le tirage, sont autant d'éléments attestant de leur utilisation comme vases à encens.

Ce nouveau dépôt funéraire vient utilement compléter un inventaire récemment dressé pour le Second Moyen Âge sur le territoire de la Belgique qui compte actuellement près de deux cents occurrences. Il n'est toutefois pas le premier mis au jour sur le site de la collégiale Saint-Georges d'Amay. En effet, une dizaine d'autres vases à encens, tous datés de la première et de la seconde moitié du XIVe siècle, ont

d'ores et déjà été publiés nous permettant de tirer quelques constats préliminaires sur ce rituel funéraire à Amay. Les sépultures à vases sont réparties, au sein de la collégiale Saint-Georges et de son cimetière périphérique, de façon aléatoire. Elles ne semblent donc pas répondre uniquement à une catégorie de défunt de rang plus élevé cherchant à être enseveli en position privilégiée, à l'intérieur de l'église, au plus près de l'autel. Les vases funéraires d'Amay furent pour la plupart déposés dans des sarcophages maçonnés, ce qui pourrait par contre indiquer que ce rituel ne concerne pas ou peu les classes sociales les plus basses dont les individus sont plus généralement enterrés en pleine terre.

Le dépôt de vases à encens de la tombe T6 se démarque toutefois des précédentes découvertes, notamment par le nombre de céramiques déposées par tombe, au moins six pour la tombe T6 pour seulement deux ou trois par tombe ailleurs sur le site, où ils sont parfois plutôt jetés que déposés. Il s'agit également de la seule sépulture amaytoise ayant livré les restes de pichets ainsi que de fonds pincés. Ces particularités sont sans doute liées à la chronologie plus ancienne du dépôt de la tombe T6.

L'étude globale des fouilles archéologiques anciennes au sein de la collégiale Saint-Georges à Amay et son cimetière est actuellement annoncée. Cette synthèse permettra sans doute de repréciser les datations et les contextes des anciennes découvertes et même d'alimenter le corpus de vases funéraires amaytois. Ces nouvelles données permettront d'étayer nos hypothèses et alimenter nos connaissances sur le mobilier funéraire du Second Moyen Âge dans cette région.

Bibliographie

Challe S. avec la collaboration de De Groote K. et Leblois E, 2017. Les céramiques funéraires en Belgique entre le xiie et le début du xve siècle. In : Bocquet-Liénard A., Chapelain de Seréville C., Dervin S. & Hincker V. (eds), Des pots dans la tombe (ixe-xviiie s.). Regards croisés sur une pratique funéraire en Europe de l’Ouest, Actes du colloque, Caen, 30–31 mai 2012 (Collections de CRAHM), Caen.

Thirion E., Crahay D. & Delay J., 1995. Amay : collégiale Saint-Georges, Chronique de l'Archéologie wallonne, 3, p. 94–96.

Thirion E. & Willems J., 1985. Contribution à l'étude des dépôts funéraires dans les sépultures, du Moyen Âge jusqu'à l'aube du classicisme, Les Études Classiques, t. LIII, n° 1, p. 171–183.

Fig. 71. Fig. Collégiale Saint-Georges d'amay : vases funéraires de la Tombe 6 (cliché romain Gilles, © SPW)

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PoSTerS

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étuDe Des restes incinérés provenant De la tombe Du seconD âge Du fer issue Du site Du crachet (frameries, prov. De hainaut)

Nathan Van kerkhoVen, Caroline polet, Quentin goffette, Koen DeforCe, Yvan De meeûs D'argenteuil, Chantal henry, Nicolas authom, Solène Denis et Alain guillaume

Le site du Crachet, situé dans l'entité de Frameries, fut l'objet en 2015 d'un diagnostic archéologique réalisé par le Service de l'Archéologie de la Direction extérieure du Hainaut  1 (DGO4  /  Département du Patrimoine). Ce diagnostic révéla la présence de nombreux restes témoignant des divers conflits militaires qui se déroulèrent dans cette région ainsi que les traces d'une occupation protohistorique. Cette dernière fut fouillée entre mai et octobre 2016. Vingt structures en creux et une sépulture à incinération à enclos circulaire ont été explorées au cours de la fouille. La présente communication porte sur l'étude des restes incinérés issus de cette tombe qui a été attribuée au second Âge du Fer sur base du mobilier funéraire (Authom et al. 2017). Dans un contexte régional, il s'agit d'un cas unique car aucune tombe datée de cette période n'a été fouillée selon une méthode scientifique.

Les restes cinéraires ont été prélevés en bloc (40×30×20cm). Leur étude qui s'est déroulée durant les mois de juin et juillet 2017, avait pour but de répondre aux questions suivantes :

— la sépulture renfermait-elle des restes humains, animaux et/ou végétaux ?

— combien d'individus y étaient-ils déposés ? — qui étaient-ils : adulte(s) ou enfant(s), homme(s) ou

femme(s) ? — les restes avaient-ils été déposés dans un contenant ?

Elle débuta par une analyse radiographique et tomodensito-métrique (scanner) de la motte de terre contenant les restes aux cliniques de l'Europe (site de Saint-Michel à Etterbeek).

L'examen radiologique s'avéra non concluant probablement suite à la trop grande épaisseur du bloc de terre. L'examen tomodensitométrique, par contre, permit de visualiser la répartition des restes au sein de la motte : ils sont rassemblés en une nappe peu épaisse ne dépassant pas les 5 centimètres d'épaisseur (fig. 72).

Il a donc été décidé de fouiller la motte de manière planimé-trique par bandes de 5cm dans le sens de sa longueur. Ceci permettait d'étudier la répartition des restes ainsi que de réaliser une série de coupes stratigraphiques afin

de mettre en évidence la présence d'un éventuel contenant en matière périssable. Pour chaque bande, les restes ont été photographiés, prélevés, nettoyés au bain à ultrasons et tamisés. Les sédiments ont été prélevés lors des tamisages et stockés dans des sachets hermétiquement fermés. Nous avons ensuite procédé au tri, remontage et identification des restes incinérés. Les restes osseux humains de plus de 2 mm furent mesurés, pesés et inventoriés.

Les résultats indiquent l'absence de contenant et de restes animaux. Seuls quelques morceaux de charbon de bois ont été retrouvés. L'amas osseux était constitué de 1786 fragments de plus de 2 mm pour un poids total de 1153,17 g. La majorité de ces fragments sont de petites dimensions (de l'ordre du cm). Ils appartiendraient à un seul individu humain dont pratiquement tous les restes furent transférés du bûcher dans la tombe. Ce dernier était un adulte de sexe indéterminé ayant atteint au moins une vingtaine d'années au moment de son décès. La majorité des restes sont de couleur blanche indiquant une crémation homogène à des températures atteignant au moins 700°C durant minimum 1h30. La distribution spatiale des restes ne semble pas révéler de regroupement selon le type d'os indiquant que les restes auraient été transférés dans la tombe sans respecter une logique anatomique.

Bibliographie

Authom, N., Denis, M. et Guillaume, A., 2017. Vestiges d'habitat du second âge du Fer et tombe à enclos circulaire sur les hauteurs de Frameries. Lunula 25 : 101–106.

Fig. 72. examen tomodensitométrique de la motte de terre réalisé avec le scanner Brillance 64 de la Clinique Saint-michel. a : reconstitution 3D en vue supérieure ; B : coupe verticale. on peut observer que les restes incinérés sont rassemblés en une nappe peu épaisse cantonnée sur la partie supérieure du bloc

A b

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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enregistrement Des Données spatiales sur le site archéologique Du grognon

Céline DeVillers, Stéphane ritZenthaler, Julie timmermans et Dominique bosquet

En préparation à l'intervention archéologique de la Direction de l'archéologie (SPW) consécutive au démarrage du projet Confluence, deux contraintes majeures se sont imposées en ce qui concerne l'enregistrement spatial des données de terrain. D'une part, arriver à ce que les relevés puissent suivre le rythme de fouille effréné, dicté à la fois par le délai d'intervention et l'obligation de cohabiter avec l'entreprise de construction (voir Bosquet et al., ce volume). D'autre part, permettre à tout un chacun d'enregistrer les structures qu'il rencontre dans un canevas homogène et cohérent, afin d'optimiser l'efficacité de l'équipe. Une méthode de travail rigoureuse, facilement assimilable et efficace a alors été mise en place, adaptée au mieux à la gestion du volume considérable de données engendrées et permettant leur exploitation aisée.

Pour ce faire, nous avons choisi de combiner des relevés topographiques traditionnels à des procédures de photogrammétrie terrestre et aérienne dont les résultats sont intégrés dans un système d'information géographique.

Sur le terrain, de façon classique, la position en trois dimensions de chaque fait archéologique est mesurée par topométrie avec une station totale Trimble® M3. Les relevés sont directement géoréférencés dans le système géodésique national belge Lambert 72 (coordonnées x, y) et dans le système altimétrique du Deuxième Nivellement Général (coordonnée z). Un réseau de points de référence implantés par les géomètres de la Ville de Namur sert de référentiel commun à tous les intervenants du projet Confluence. Une configuration personnalisée des outils de mesure permet d'améliorer le travail d'enregistrement sur le terrain. Ainsi, une partie des informations concernant les vestiges archéo-logiques est directement encodée sur le site (numéro de fait, d'US et code sémantique). Par ailleurs, un code de contrôle (début de ligne, fin de ligne, interruption,…) est associé à chaque point topographique, qui permet à la station totale de produire instantanément un plan consultable à l'écran.

Au terme du levé, les données sont exportées dans deux formats standards : un fichier texte et un fichier vectoriel. Ce choix est motivé par la volonté de traiter les informations à la fois avec un logiciel SIG (QGIS) et un logiciel DAO

Fig. 73. Superposition d’une photogrammétrie par drone et du levé topographique (S. ritzenthaler et P.-m. Warnier, SPW)

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PoSTerS

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(Autocad). Ces formats sont complémentaires : ils nous permettent d'obtenir des informations directement visuali-sables et des données chiffrées complètes et pérennes. Après archivage dans ces formats standards, les relevés sont traités et intégrés dans un système de gestion de base de données. À terme, l'architecture logicielle utilisée pour traiter, consulter et partager les données spatiales sera basée sur la complémentarité des logiciels gratuits QGIS et Postgresql/PostGIS.

La quasi-totalité des vestiges fait également l'objet d'enre-gistrements photogrammétriques à partir de prises de vues numériques manuelles. Le traitement est réalisé avec le logiciel Agisoft Photoscan®. Il en résulte des orthoimages de précision centimétrique, elles aussi directement géoréfé-rencées, mais également des produits tridimensionnels, tels que des modèles 3D et des modèles numériques de terrain (MNT). Les images (vues en plan, élévations, coupes), tirées sur papier, servent alors de minutes de chantier et sont annotées sur le site. Couplées aux données vectorielles topographiques systématiques dans le logiciel de DAO Autocad®, elles permettent la réalisation de dessins précis des faits archéologiques, « pierre à pierre » compris, dont, par prudence, l'emplacement est systématiquement contrôlé en les superposant au plan topographique classique pris à la station. Dans l'idée d'une gestion globale, non seulement des données spatiales mais aussi de l'ensemble des informations archéologiques, notre choix s'est porté sur ce logiciel de dessin vectoriel pour deux raisons principales : conserver la géométrie précise des données et permettre leur connexion par SIG aux autres ressources. Les résultats serviront ensuite à illustrer les interprétations selon différents critères (périodes, matériaux, etc.). Par ailleurs, les dessins de précision (pierre à pierre, contours détaillées,…) sont eux aussi intégrés dans une base de données Postgresql/PostGIS, qui autorisera la consul-tation et l'interrogation de l'information notamment par l'intermédiaire de QGIS. L'utilisation de cet outil libre et gratuit permet, outre un traitement efficace des données, de faciliter le partage du travail réalisé. Notons toutefois que le relevé sur papier millimétré n'est pas complètement abandonné et qu'il peut s'intégrer comme tout autre support aux compilations lors des mises au net. Dans la mesure où sa situation topographique est bien renseignée, il reste une minute de valeur équivalente aux autres supports.

En collaboration avec la Direction de la Géomatique du SPW-DGO4, le site du Grognon est régulièrement survolé par un drone. Outre des vues d'ensemble du site et de son environnement et des enregistrements vidéo du chantier, l'orthoimage globale qui en résulte vient compléter la documentation spatiale de la fouille. Nous combinons donc des levés photogrammétriques de détail, pris depuis le sol sur des ensembles de faits plus ou moins restreints et le plus

souvent peu étendus, et des levés photogrammétriques larges des différentes phases de chantier, pris par drone. Il va sans dire qu'il s'agit là d'un outil et d'un gain de temps précieux pour obtenir à la fois des supports d'illustration et des documents métriques de qualité. Un modèle 3D des vestiges en l'état est également produit à cette occasion et mis en ligne avec des annotations pour une première transmission des résultats de la fouille au grand public via le site internet de l'intervention (archeogrognon.be).

Fig. 74. a : image issue d’une photogrammétrie ; B : pierre à pierre vectorisé sur base de l’image (les couleurs corres-pondent aux matériaux de construction ; P.-B. Gérard, SPW)

5 m

A

b

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Par ailleurs, tous les archéologues et les techniciens de l'équipe sont graduellement formés à l'acquisition, au traitement et à l'exploitation des données. Des tutoriels spécifiques ont été créés pour que chacun puisse être indépendant dans son travail et trouver le support nécessaire en cas de question ou d'hésitation. Le système utilisé a en effet pour but de rendre l'équipe archéologique collectivement et individuellement opérationnelle à tout moment. Jusqu'à présent, la procédure mise en place répond de manière adéquate aux besoins et aux exigences, tant en terme de rapidité d'exécution que de qualité des données.

Le chantier étant en cours, de nouveaux besoins et paramètres non envisagés seront encore rencontrés, notamment quand la fouille devra se poursuivre sous les dalles de béton du parking. La procédure mise en place est donc appelée à évoluer. De même, le cas échéant, l'application de ces méthodes à une plus large échelle et dans d'autres contextes archéologiques en Wallonie ferait très certainement émerger de nouvelles réflexions et remarques, que l'équipe en charge au Grognon souhaiterait vivement pouvoir partager avec les collègues.

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iNDex DeS auTeurS

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Authom NicolasService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (direction ext. Hainaut I)[email protected]

Baudry AntoineUniversité de Liè[email protected]

Bielen AntoninService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Blanpain HélèneAtelier Hélène Blanpain Conservation-Restauration [email protected]

Bolle CarolineService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Bosquet DominiqueService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Bruyère JulienCellule Archéologique du Conseil départemental des [email protected]

Cappucci CristelService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Casier RomualdAtelier [email protected]

Challe SophieService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Cleeren NatalieArcheologische [email protected]

Collette OlivierService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Coura GenevièveService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Court-Picon MonaInstitut Royal des Sciences Naturelles de [email protected]

Crémer SarahInstitut Royal du Patrimoine [email protected]

Damblon FreddyInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Danèse VéroniqueRecherches et prospections archéologiques asbl [email protected]

De Bernardy De Sigoyer SophieService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

De Longueville SylvieService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

de Meeûs d'Argenteuil YvanClinique [email protected]

Deforce KoenInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Delaunois EliseService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Denis SolèneService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Hainaut I)[email protected]

Déom HélèneTIBIA (Productions Associées asbl, Smartbe)[email protected]

Deramaix IsabelleService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Hainaut I)[email protected]

CHaPiTre 3 : iNDex DeS auTeurS

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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Devillers CélineService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Draily ChristelleService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Dumont GaëlleService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (direction ext. Brabant wallon)[email protected]

Dupuis ChristianFaculté polytechnique de [email protected]

Fraiture PascaleInstitut Royal du Patrimoine [email protected]

Frébutte ChristianService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. de Namur)[email protected]

Gautier PatriceMusées Royaux d’Art et d’[email protected]

Gérard Pierre-BenoîtService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Goffette QuentinInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Goffioul ClaireService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Guillaume AlainService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (direction ext. Hainaut I)[email protected]

Haesaerts PaulInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Hanut FrédéricService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Hardenne LouiseMusées Royaux d’Art et d’[email protected]

Hardy CaroleService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Henrard DenisService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Henrotay DenisService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Arlon)[email protected]

Henry ChantalClinique [email protected]

Incoul IgnaceService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Jadin IvanInstitut Royal des Sciences Naturelles de [email protected]

Lavachery PhilippeService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Lefert [email protected]

Loicq SophieService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Maggi ChristopheInstitut Royal du Patrimoine [email protected]

Marchal Jean-PhilippeService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Martin FannyService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Massart CorentinRecherches et Prospections archéologiques [email protected]

Mora-Dieu GuillaumeService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Direction ext. Liège I)[email protected]

Otte MarcelUniversité de Liè[email protected]

Paridaens NicolasCReA-Patrimoine, Faculté de Philosophie et Sciences [email protected]

Pierlot AmandineService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Pigière FabienneInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Pirson StéphaneService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Polet CarolineInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Ritzenthaler StéphaneService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

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iNDex DeS auTeurS

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Robert JonathanService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Sadou Anne-LiseInstitut royal des Sciences naturelles de Belgique, DO Terre et Histoire de la Vie,  Anthropologie & Pré[email protected]

Spagna PaulInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Thirion EugèneCercle archéologique [email protected]

Timmermans JulieService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Van Buyalere MurielRecherches et Prospections archéologiques asblService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Van Eetvelde CharlotteService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Van Impe [email protected]

Van Kerkhoven NathanInstitut royal des Sciences naturelles de [email protected]

Van Nieuwenhove BenjaminRecherches et Prospections archéologiques [email protected]

Van Wersch [email protected]

Vanmechelen RaphaëlService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Venant NellyService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’archéologie (Projet Grognon)[email protected]

Verslype LaurentCentre de recherches d’archélogie nationale, Université catholique de [email protected]

Vrielynck OlivierService public de Wallonie – Patrimoine – Direction de l’arché[email protected]

Warmembol EugèneUniversité libre de [email protected]

Weinkauf ErikaCentre de recherches d’archélogie nationale, Université catholique de [email protected]

Weitz ArmelleInstitut Royal du Patrimoine [email protected]

Wilmet AlineUniversité de [email protected]

Zeebroek MartinInstitut royal des Sciences naturelles de Belgique, DO Terre et Histoire de la Vie,  Anthropologie & Pré[email protected]

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pré-actes des journées d'archéologie en wallonie, namur 2017

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