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La causalité en santé environnementale Denis Zmirou-Navier Université de Lorraine, Inserm U1085-IRSET Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

La causalité en santé environnementale · 12/6/2017 · dit ‘Paracelse’ (1493-1541) Des « doctrines » interrogées par l’évolution des connaissances * Nota : le principe

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La causalité en santé

environnementale

Denis Zmirou-Navier Université de Lorraine, Inserm U1085-IRSET

Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

• Accidents/incidents

• Evolutions temporelles/historiques

• Comparaisons spatiales

• Epidémiologie « étiologique »

• Expérimentation cellulaire

• Expérimentation animale

• Expérimentation sur volontaires

• Synthèse: « le poids de l’évidence »

Un panorama

Les accidents,

les drames

Plus de 4 000 décès étaient attribuables au "Great London Smog" de décembre 1952.

(Wikipédia):

En 1907, le fondateur de la compagnie Chisso, Jun Noguchi, installe une usine

pétrochimique à Minamata, au sud-ouest du Japon. L'oxyde de mercure est utilisé

comme catalyseur pour la synthèse de l'acétaldéhyde CH3CHO.

Vingt ans plus tard, les premiers symptômes apparaissent (de nombreux problèmes

liés au système nerveux, par exemple la perte de motricité); la première description

de la maladie remonte à 1949.

Suite notamment à la consommation de poissons, on compta près de 900 décès

de 1949 à 1965.

Durant toute cette période (1932-1966), environ 400 tonnes de mercure furent

rejetées dans la baie.

Aujourd'hui, 60 ans après le début officiel de la maladie (mai 1956), on compte

plus de 2000 morts; plus de 13 000 malades reconnus par l'entreprise et l'État

Minamata

Le début de l’épidémiologie:

le lieu, le temps, les gens

John Snow,

1813-1858

More than 500 fatalities due to

cholera

in 10 days

Southwark-Vauxhall

Company pump (inner city)

Lamberth Waterworks

Company pumps

(up-flow)

Une recherche pluridisciplinaire

pour l’identification du danger. Synthèse: le « poids » de l’évidence

ADN Cellule

Tissu

Organisme/personne Animal Homme

Population Générale

Professionnelle

Recherche clinique Epidémiologie In vivo

In S

ilic

o*

In vitro

* QSAR; ex: le MPTP (1-méthyle 4-phényl 1,2,3,6-tétrahydro pyridine), molécule chimique proche du paraquat

(pesticide) = excellent modèle expérimental de la maladie de Parkinson chez l'animal et chez l'homme

Aucune étude seule ne permet de conclure:

confirmer, confronter

Une illustration :

champs électromagnétiques

liés à la téléphonie mobile (radiofréquences)

EMF-RF et épilepsie ? GSM radiation triggers seizures and increases

cerebral c-Fos positivity in rats pretreated with

subconvulsive doses of picrotoxin

Lopez-Martın E et al. Neuroscience Letters 398 (2006): 139–144 / NeuroToxicology, 2011

LF, left frontal; RF, right frontal; LO, left occipital and RO, right occipital.

Myoclonic jerks & spike-and-wave trains during seizures

DAS:

0.15-1.3 W/kg

4 groupes rats:

- Contrôles

- RF 2 heures

- Picrotoxin*

- Picrot. + RF

* GABA antagonist,

Peut déclencher crises EEG

Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the

INTERPHONE international case–control study International Journal of Epidemiology 2010;1–20

“A reduced OR related to ever having been a regular mobile phone user was seen for

glioma [OR 0.81; 95% CI 0.70–0.94] and meningioma (OR 0.79; 95% CI 0.68–0.91),

possibly reflecting participation bias or other methodological limitations. No elevated

OR was observed 10 years after first phone use (glioma: OR 0.98; 95% CI 0.76–1.26;

meningioma: OR 0.83; 95% CI 0.61–1.14). ORs were <1.0 for all deciles of lifetime

number of phone calls and nine deciles of cumulative call time. In the 10th decile of

recalled cumulative call time, >1640 h, the OR was 1.40 (95% CI 1.03–1.89) for

glioma, and 1.15 (95% CI 0.81–1.62) for mening.; but there are implausible values of

reported use in this group. ORs for glioma tended to be greater in the temporal lobe

than in other lobes of the brain, but the CIs around the lobe-specific estimates were

wide. ORs for glioma tended to be greater in subjects who reported usual phone use on

the same side of the head as their tumour than on the opposite side.

Overall, no increase in risk of glioma or mening. was observed with use of mobile

phones. There were suggestions of an increased risk of glioma at the highest exposure

levels, but biases and error prevent a causal interpretation. The possible effects of long-

term heavy use of mobile phones require further investigation.”

Analyse

d’ensemble :

Lyon, France, May 31, 2011

The WHO/International Agency for Research on Cancer (IARC) has classified

radiofrequency electromagnetic fields as possibly carcinogenic to humans

(Group 2B), based on an increased risk for glioma, a malignant type of brain

cancer, associated with wireless phone use.

"Given the potential consequences for public health of this classification

and findings," said IARC Director Christopher Wild,

"it is important that additional research be conducted into the long‐term,

heavy use of mobile phones. Pending the availability of such information,

it is important to take pragmatic measures to reduce exposure such as hands‐free

devices or texting. "

« Rien n’est poison, tout est

poison, ce qui fait le poison,

c’est la dose »*

Théophraste von Hohenheim

dit ‘Paracelse’ (1493-1541)

Des « doctrines » interrogées par

l’évolution des connaissances

* Nota : le principe « la dose fait le poison » est mis au défi par les Perturbateurs Endocriniens,

surtout pour des « fenêtres d’exposition critique »

Exemple: les perturbateurs endocriniens et les âges précoces de la vie

• Organisation de la sécurité sanitaire: agences, conseils

(Anses, HCSP …)

• Comités d’experts (gestion des conflits d’intérêt;

transparence; collégialité)

• Revue de l’évidence : tous les travaux (approches

expérimentales et épidémiologiques); analyse critique de la

qualité; jugement d’expert (cf doc annexe sur « évidence »)

De la science à la gestion du risque : expertise

• Perturbateurs endocriniens (PE) : substances qui interfèrent avec le

fonctionnement des hormones, avec de possibles effets nocifs

(développement neurologique, reproduction, cancer, obésité ...)

Une variété de PE sont présents dans un grand nombre

de produits: pesticides, contenants alimentaires, produits

de consommation (cosmetiques, pigments, plastifiants …).

Exposition est maintenant ubiquitaire.

Appel de sociétés savantes pour réglementation internationale (UE+:

REACh), basée sur l’accumulation de données scientifiques (Endocrine

Society; Royal College of Obstetricians and Gynecologists; the ‘2013 Berlaymont’ Declaration on endocrine

disruptors …) + EU NGOs

… En face de lobbies industriels puissants (European Crop

Protection Association, European Chemical Industry Council…)

! 5 Juillet 2017, définition vague de PE, rendant difficile une règlementation

Sciences et décision: un (grand) pas

• Des connaissances en constante évolution

• Le « risque » : un objet scientifique et politique

• L’expertise : produire une information non biaisée

appuyée sur la science

• Arbitrage : balance bénéfices/risques;

intervention légitime des groupes d’intérêts;

responsabilité finale du « politique »

Conclusions