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LA CONSCIENCE Formateur : Yves LIOGIER Collection Philosophique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Septembre 2013

LA CONSCIENCE

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A première vue, il paraît évident que personne ne peut être tenu pour responsable de ce dont il n'a pas conscience. Des expressions banales comme "Je ne savais pas ce que je faisais", "Je n'étais pas conscient de cela", etc., constituent un argument que l'on voudrait définitif pour dégager sa responsabilité. Toutefois il arrive que la justice condamne des personnes comme responsables de faits délictueux commis sans qu'elles en fussent conscientes, ou pleinement conscientes ; il peut aussi arriver que j'éprouve du remords pour un acte des conséquences duquel je n'avais pas conscience. La question se pose donc de savoir si je suis ou non responsable de ce dont je n'ai pas conscience.

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Page 1: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Septembre 2013

Page 2: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEConscience vient du latin

« conscientia », formé de « cum » (avec)

et de « scire » (savoir, connaître).

Collection Philosophique

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Etymologie

Page 3: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEL’idée de conscience enveloppe ainsi

celle de CONNAISSANCE : la conscience, écrit Alain,

« c’est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de juger. »

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitions

Page 4: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCELa conscience est liée non seulement aux

notions de PERSONNE et de JUGEMENT, mais encore à celles, d’une part, d’AUTRUI (car si pour moi autrui se détache comme personne

des objets formant le monde, c’est bien parce qu’il est comme moi une conscience, ce qui

pose alors le problème de la communication de nos consciences et donc du LANGAGE),

et, d’autre part, de DEVOIR (car le savoir me dicte des

obligations morales), de VOLONTE et de LIBERTE.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitions

Page 5: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEPar ailleurs savoir, c’est aussi

percevoir : la conscience renvoie en conséquence

également à la PERCEPTION et donc à l’ILLUSION.

En outre, la conscience en cherchant à connaître cherche à découvrir le SENS

des choses, étant elle-même productrice de sens.

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4

EtymologieDéfinitions

Page 6: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEEnfin,

la conscience s’oppose à ce qui n’est pas elle :

l’INCONSCIENT.

Collection Philosophique

5

EtymologieDéfinitions

Page 7: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCECes notions s’articulent autour d’une

distinction majeure : 1) La conscience psychologique,

connaissance, plus ou moins claire, qu’a directement un sujet de lui-même et des

objets extérieurs, quels qu’ils soient. 2) La conscience morale, capacité de porter des jugements d’ordre éthique

sur ses actes (et ceux des autres), c’est-à-dire le pouvoir de distinguer ce qui est

bien de ce qui est mal. Collection

Philosophique6

EtymologieDéfinitionsNotions

Page 8: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCESuis-je responsable de ce dont je

n’ai pas conscience ?

Collection Philosophique

7

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

Pour commencer cette séance, relisons encore une fois cette question…

Pour y répondre, nous allons prendre en compte les deux aspects fondamentaux de la responsabilité : responsabilité juridique et responsabilité morale ;

nous allons aussi distinguer les deux sens fondamentaux de la conscience : conscience

psychologique et conscience morale. Bien que liés, tous ces concepts ne doivent pas être confondus :

maintenant, montrons comment ils s’articulent entre eux, c’est ce qu’il s’agit de faire dans ce

cours.

Page 9: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCESuis-je responsable de ce dont je n’ai pas

conscience ?

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

Introduction

A première vue, il paraît évident que personne ne peut être tenu pour responsable de ce dont il n’a pas

conscience. Des expressions banales comme « Je ne savais pas ce que je

faisais », « Je n’étais pas conscient de cela », etc., constituent un argument

que l’on voudrait définitif pour dégager sa responsabilité.

Page 10: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCESuis-je responsable de ce dont je n’ai pas

conscience ?

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

Introduction

Toutefois il arrive que la justice condamne des personnes comme responsables de faits

délictueux commis sans qu’elles en fussent conscientes, ou pleinement conscientes ; il

peut aussi arriver que j’éprouve du remords pour un acte des conséquences duquel je

n’avais pas conscience. La question se pose donc de savoir si je suis ou non responsable

de ce dont je n’ai pas conscience.

Page 11: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEa) Les diverses sortes de responsabilité

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

De façon générale, la responsabilité d’un individu consiste en ce que cet individu

doit supporter lui-même les conséquence de ses propres actions.

Les conséquences de ces actions étant de diverses espèces, selon qu’elles

s’exercent sur l’individu lui-même ou sur autrui, on peut distinguer deux grandes

sortes de responsabilité.

Page 12: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEa) Les diverses sortes de responsabilité

Responsabilité morale

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

C’est une responsabilité intérieure, qui consiste dans la satisfaction ou l’insatisfaction de la conscience

morale, dans le sentiment d’avoir bien ou mal agi, d’éprouver ou non du

remords, etc, mais qui ne reçoit pas de sanction effective et actuelle.

Page 13: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEa) Les diverses sortes de responsabilité

Responsabilité juridique

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

C’est une responsabilité physique dont les conséquences retombent sur autrui :

l’action de l’individu a alors des conséquences sociales et entraîne des

obligations ou des peines définies par la loi.

C’est la responsabilité légale, civile ou pénale.

Page 14: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEb) Principes et conditions

des responsabilités morale et juridique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Le principe de la responsabilité morale, c’est le libre arbitre du sujet ; ses conditions sont la liberté

physique et métaphysique, et la connaissance de la loi morale (du bien et du mal).

La responsabilité morale suppose donc une pleine conscience, conscience et de la loi morale et de

ses actes, conscience tant au moment de leur accomplissement (puisque l’acte doit être

volontaire) qu’après leur accomplissement (c’est-à-dire qu’elle implique une mémoire de l’acte).

Page 15: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEb) Principes et conditions

des responsabilités morale et juridique

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Les conditions de la responsabilité juridique sont définies par la loi (définition de la personne

juridique, définition des infractions aux lois, de la volonté libre, etc.). La responsabilité juridique

peut ainsi porter soit sur des actes que l’on n’a pas commis soi-même (par exemple, les parents sont responsables de leurs enfants), soit sur des actes que l’on a commis involontairement, c’est-

à-dire sans en être conscient (par exemple une blessure accidentelle).

Page 16: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEb) Principes et conditions

des responsabilités morale et juridique

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Alors que la responsabilité morale réside surtout dans l’intention, la volonté, la responsabilité

juridique réside essentiellement dans l’action (je ne suis pas responsable devant la loi si

j’ai voulu l’enfreindre dès lors qu’il n’y a pas eu commencement d’exécution ; je le suis en revanche devant ma conscience simplement

si j’ai voulu transgresser la loi morale).

Page 17: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEb) Principes et conditions

des responsabilités morale et juridique

Collection Philosophique

16

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

La responsabilité morale s’étend à toute notre conduite ; la responsabilité

juridique seulement à ceux de nos actes que considèrent les lois positives,

ceux qu’elles interdisent et punissent.

Page 18: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEBien qu’elle établisse le plus souvent un

lien entre l’acte et la volonté libre, la responsabilité juridique n’implique pas

nécessairement la conscience de l’acte accompli, non plus que le libre arbitre

du sujet, la responsabilité juridique étant possible

même dans l’hypothèse métaphysique d’un déterminisme absolu – hypothèse

dont la loi ne se préoccupe au reste pas.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridique

Page 19: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCELa responsabilité juridique n’est pas même incompatible avec l’ignorance des lois positives, nul n’étant censé

ignorer la loi :

je suis donc responsable devant la loi, même si je n’ai pas conscience de

l’enfreindre.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridique

Page 20: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCECependant, même si la conscience de mes

actes n’est pas nécessaire pour entraîner ma responsabilité juridique,

il n’en reste pas moins que le droit reconnaît, nous l’avons vu,

l’importance du caractère volontaire, donc conscient, des actes qu’il

considère. Par ailleurs, le législateur légifère nécessairement en fonction

d’une morale sociale qu’il reflète dans ses lois, et cette morale sociale évolue

plus ou moins elle-même en fonction des progrès des connaissances.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridique

Page 21: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEOr les sciences humaines ont largement réduit

l’aire de la conscience et de la responsabilité en découvrant des

déterminismes cachés, notamment sociologiques et psychologiques. Ces

progrès de la connaissance tendent donc à retentir sur l’interprétation juridique de la

responsabilité. Néanmoins, d’un point de vue juridique, ce n’est pas à moi non plus qu’au philosophe

de décider si je suis responsable de ce dont je n’ai pas conscience, - ni même de décider

du caractère conscient et inconscient de mes actes, cela revenant aux seuls experts (médecins, psychiatres, etc.) que la justice

désigne. – Cette tâche relève du seul législateur.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridique

Page 22: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCENous avons vu que la responsabilité

morale se distingue de la responsabilité juridique dans la mesure où cette responsabilité morale suppose

une pleine conscience et de nos actes et de la loi morale.

Il semblerait donc que je puisse légitimement affirmer n’être pas

moralement responsable de ce dont je ne suis pas conscient.

Cependant il convient de prendre garde à ne pas se laisser leurrer par ce que l’on

peut nommer de fausses inconsciences. Collection

Philosophique21

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Page 23: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEa) L’ignorance volontaire

Je puis en effet n’avoir pas conscience de quelque chose tout en étant responsable de

mon ignorance de cette chose. Je puis ignorer un fait grave pour n’avoir pas

cherché à le connaître, pour n’en avoir pas pris conscience parce que je ne voulais pas

en prendre conscience. « Je ne savais pas » est une mauvaise excuse

devant la conscience morale, car cette excuse ne signifie fort souvent autre chose que : « je ne voulais pas savoir ». Le « nous ne savions pas » de nombre de consciences

devant, par exemple, les déportations et les camps d’extermination nazis, dégage-t-il réellement leur responsabilité morale ?

Collection Philosophique 22

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Page 24: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEb) Inconscient et mauvaise foi

L’existence d’un inconscient psychique tel que l’a défini Freud a en apparence

singulièrement réduit le champ de notre responsabilité en ce sens que, selon Freud,

nombre de nos actes relèvent non de la conscience, mais de cet inconscient

psychique. Cependant l’existence d’un tel inconscient a

été contestée, notamment par Sartre, qui estime que l’attitude de la mauvaise foi

suffit en réalité à expliquer les conduites dont Freud voulait rendre compte par son

hypothèse de l’inconscient, Sartre réintroduisant ainsi notre liberté quant à ces actes, et donc notre responsabilité.

Collection Philosophique 23

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Page 25: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn mensonge à soi-même

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

En effet, qu’est-ce que la mauvaise foi sinon un mensonge à soi ?

Tandis que dans le simple mensonge je masque consciemment la vérité à autrui, « dans la

mauvaise foi, c’est à moi-même que je masque la vérité. Ainsi la dualité du trompeur et du trompé

n’existe pas ici. La mauvaise foi implique au contraire par essence l’unité d’une conscience »

(L’Être et le Néant, p 87).

Page 26: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn mensonge à soi-même

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Mais, demandera-t-on, comment cette unique conscience peut-elle se mentir à elle-même, puisqu’elle sera nécessairement consciente de son mensonge ?

En effet, observe Sartre, « Je dois savoir en tant que trompeur la vérité qui m’est masquée en tant que je

suis trompé. Mieux encore, je dois savoir très précisément cette vérité pour me la cacher plus

soigneusement – et ceci non pas à deux moments différents de la temporalité – mais dans la structure

unitaire d’un même projet. »

Page 27: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn mensonge à soi-même

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Sartre : « Comment donc le mensonge peut-il subsister si la

dualité qui le conditionne est supprimée ? A cette difficulté s’en ajoute une autre qui dérive de

la totale translucidité de la conscience. Celui qui s’affecte de mauvaise foi doit avoir conscience

(de) sa mauvaise foi puisque l’être de la conscience est conscience d’être. Il semble donc que je doive être de bonne foi au moins en ceci que je suis conscient de ma mauvaise foi. Mais

alors tout ce système psychique s’anéantit »(L’Être et le Néant, p. 87-88).

Page 28: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn mensonge à soi-même

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

A ces difficultés, Sartre répond en faisant observer que la mauvaise foi, toujours précaire et

évanescente, est une sorte de mouvement psychologique ambigu qui joue continuellement

sur les dualités propres à l’être humain. L’homme est en effet à la fois un corps (une chose)

et une conscience (un esprit, une âme). Il est à la fois, une facticité, c’est-à-dire quelque

chose de déjà fait (il est un passé, ce qu’il a été) et une transcendance, il est

fondamentalement un projet, une continuelle nouveauté (il est ce qu’il se fait).

Page 29: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn mensonge à soi-même

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Il est un être pour lui (à son propre regard), mais il est aussi un être pour autrui (au

regard d’autrui). L’attitude de mauvaise foi, par laquelle on

refuse de synthétiser ou de coordonner ces doubles propriétés, consiste à glisser continuellement de l’une à

l’autre, afin de pouvoir soutenir que nous ne somme pas ce que nous

sommes.

Page 30: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Sartre prend l’exemple d’une femme qui a accepté un rendez-vous avec un

homme :

Lire l’extrait de la page 94 à 95 du livre « L’Être et le Néant »

Page 31: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Lecture du texte : « Elle sait fort bien les intentions que l’homme qui

lui parle nourrit à son égard. Elle sait aussi qu’il lui faudra prendre tôt ou tard une décision. Mais elle n’en veut pas sentir

l’urgence : elle s’attache seulement à ce qu’offre de respectueux et de discret l’attitude

de son partenaire. […] Elle est profondément sensible au désir qu’elle inspire, mais le désir cru l’humilierait et lui ferait horreur. Pourtant, elle ne trouverait aucun charme à un respect

qui serait uniquement du respect. » […]

Page 32: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Lecture du texte (suite) : « Mais voici qu’on lui prend la main. Cet acte de son

interlocuteur risque de changer la situation en appelant une décision immédiate : abandonner

cette main, c’est consentir de soi-même au flirt, c’est s’engager. La retirer, c’est rompre cette

harmonie trouble et instable qui fait le charme de l’heure. Il s’agit de reculer le plus loin possible

l’instant de la décision. On sait ce qui se produit alors : la jeune femme abandonne sa main, mais ne

s’aperçoit pas qu’elle l’abandonne. Elle ne s’en aperçoit pas parce qu’il se trouve par hasard

qu’elle est, à ce moment, tout esprit. »

Page 33: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Lecture du texte (fin) : « Elle entraîne son interlocuteur jusqu’aux régions les plus élevées de la spéculation

sentimentale, elle parle de la vie, de sa vie, elle se montre sous son aspect essentiel :

une personne, une conscience. Et pendant ce temps, le divorce du corps et de l’âme est accompli ; la main repose inerte entre

les mains chaudes de son partenaire : ni consentante ni résistante – une chose. »

Sartre, L’Être et le Néant, p. 94-95

Page 34: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Cette femme, dit Sartre, est de mauvaise foi. Cette jeune femme joue en effet ici sur la dualité

corps-esprit : « tout en sentant profondément la présence de son

propre corps – au point d’en être troublée peut-être – elle se réalise comme n’étant pas son

propre corps et elle le contemple de son haut comme un objet auquel les événements

peuvent arriver, mais qui ne saurait ni les provoquer ni les éviter, parce que tous ses

possibles sont hors de lui » (id.).

Page 35: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEUn exemple

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale

Ainsi donc, l’attitude de mauvaise foi, c’est poser notre réalité comme étant ce qu’elle n’est pas, et

n’étant pas ce qu’elle est ; « c’est fuir ce qu’on ne peut pas fuir, pour fuir ce qu’on est ».

Mais la mauvaise foi est précaire en ce sens que la conscience peut à tout moment prendre

conscience de sa mauvaise foi et la ruiner ainsi instantanément (ce qui n’est pas possible dans

l’hypothèse freudienne de l’inconscient, lequel par définition est ce qui échappe à la conscience).

La mauvaise foi est donc une fausse inconscience qui ne saurait dégager notre responsabilité.

Page 36: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEDu point de vue juridique, celui du droit positif, il est manifestement impossible de dire si, dans l’absolu, je suis ou non

responsable de ce dont je n’ai pas conscience, puisqu’il n’existe pas un droit positif universel et immuable.

De ce point de vue, prise absolument, la question n’a donc guère de sens :

il revient à chaque droit positif particulier de définir précisément les relations

qu’il pose entre conscience et responsabilité et, s’il établit un lien

entre elles, le degré ou les formes de conscience qu’implique la

responsabilité. Collection

Philosophique35

EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale Conclusion

Page 37: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEMais ce qui vaut pour le droit ne vaut-il pas

aussi pour la morale ?

On le niera (et c’est sans doute là l’avis le plus commun) si l’on pose que la loi morale n’a

de sens que si elle se fonde sur le libre arbitre, donc sur la conscience (morale) pût

exister sans conscience (psychologique). On l’affirmera, en revanche, si l’on admet

qu’une telle conception de la morale n’a pas une valeur absolue, qu’il existe pas plus de morale universelle que de droit

universel, et que dans ces conditions l’on peut fort bien concevoir des morales

avançant que la culpabilité ne nécessite point la conscience.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale Conclusion

Page 38: LA CONSCIENCE

LA CONSCIENCEEt de fait, de telles éthiques,

la plupart d’inspiration religieuse, n’ont pas manquées d’être soutenues.

Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsNotionsQuestion

IntroductionAnalyse de la responsabilité

Conscience et responsabilité

juridiqueConscience et responsabilité

morale Conclusion

Page 39: LA CONSCIENCE

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