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Le Colonel André DJOHOUN est face à sa destinée, qu’il a commencé à construire dans les Forces Armées Béninoises au cours de ses 35 années au service de la Nation. Il y a achevé sa carrière en qualité d’Inspecteur Général des Armées, avec rang de Chef d’État-major Général. Il a fait ses adieux aux armes, le 01 Octobre 2013, étant doublement Commandeur dans l’Ordre National du Bénin et dans l’Ordre du Mérite.Dorénavant, ayant fendu l’armure, il s’engage résolument en politique, en prévision des prochaines échéances électorales au Bénin dont la présidentielle, prévue en 2016.Il expose ici sa volonté et son ambition de conduire la remise en ordre du Bénin autant que de combler les attentes des Béninois.Après avoir dressé, sans complaisance, l’état des lieux caractérisé par une gouvernance pervertie, le Colonel André DJOHOUN, pour qui, il n’y a rien d’inéluctable, pourvu que la volonté soit réaffirmée, dit non au déclin du pays, et prône le Renforcement de l’Etat de Droit, la Normalisation de la vie publique, et une Nouvelle Politique d’Investissement et de Grands Travaux.Il appelle toutes les forces vives, jeunes, femmes, paysans, cadres, diaspora, retraités, artistes, artisans, opérateurs économiques, agents de l’Etat, société civile, et tous autres citoyens, à se réunir à lui, et à construire ensemble, autour du projet de société qu’il a articulé en dix LIGNES DE FORCE appelées ses REFERENTS STRUCTURANTS, le Bénin debout qui relève la tête.
Citation preview
1
Colonel Kokou André Cyriaque DJOHOUN Expert certifié en stratégie, sécurité et défense nationales
Collection Avidea
LA GARDE MONTANTE
Projet de société
2
Ouvrage autoédité sous le label
Tous droits réservés pour tous pays
@éditions Romar, 2015
ISBN 978 – 99919 – 0 -146 - 6
5
SOMMAIRE
Prologue
POURQUOI JE M’ENGAGE………………07
Première partie
ETAT DES LIEUX : LA MEDIOCRITE TUE !…17
Deuxième partie
LES RAISONS D’ESPERER………………..31
Troisième partie
MON AMBITION POUR LE BENIN……...47
Epilogue
UN HOMME, UN JOUR………….………135
8
Au deuxième semestre de l’année 1978,
après la formation commune de base au camp de
Ouidah, alors que j’étais jeune recrue, je fus
désigné de garde à la poudrière de la caserne,
pour la toute première fois de ma carrière
militaire.
En ce lieu qui me paraissait alors reculé et
lugubre de la caserne, il fallait grimper
l’échelle, et se positionner haut perché sur le
mirador pour avoir une grande capacité
d’observation. Ce poste de surveillance, non
seulement permettait une très bonne vue, mais
aussi d’éviter à la sentinelle une vulnérabilité.
Les deux heures de mon tour de faction
honorées, je m’attendais à être relevé mais
personne ne vint. Dans le silence assourdissant
de la nuit, au milieu d’une verdure touffue, je
descendis de là-haut, sous la rosée du petit matin
et commençai comme il nous a été appris
9
quelques semaines plus tôt, de crier à gorge
déployée: Relève ! Relève ! Relève ! Ce que je
fis, peu après deux heures du matin jusqu’aux
environs de trois heures et demi, avant de voir
apparaître le gradé de quart, celui-là même qui
avait pour tâche d’assurer la bonne exécution de
la relève. Il s’est vu obligé, gêné qu’il fût, de
marmonner qu’il s’était assoupi.
Bien qu’ayant le sentiment que la sécurité
de la garnison incombait à ma modeste
personne, en mon état de jeune recrue à peine
sortie de formation, et que le poids d’une si
lourde responsabilité pesait sur mes frêles
épaules, j’avais tout de même envie de rendre le
tablier à la fin de mon tour de faction, à l’heure
fixée. Chacun devait jouer son rôle pour qu’il en
fût ainsi.
Le soldat qui va prendre son tour de
faction doit s’y apprêter ; et le gradé de relève,
10
lui, se faire le devoir, puisqu’il en a la
responsabilité, de veiller à la préparation de la
rotation et son exécution en temps et en heure,
par un soldat frais.
En tant que gradé de quart, il doit
s’assurer que le tour de faction s’effectue dans
les temps et qu’en conséquence, la rotation par
la sentinelle descendante et la montante se fait
en respectant chacune des périodes de deux
heures consécutives.
Toute l’opération, basée sur la stricte
application du règlement du service de garnison,
pendant le service de garde de vingt-quatre
heures, se fait sous l’autorité et l’œil vigilant du
Chef de poste, que coiffe un sous-officier
immédiatement subordonné à l’ officier de
permanence, celui-ci étant délégué du
commandant de garnison, commandant d’armes
de la place.
11
C’est ainsi qu’il doit en être à l’échelon
national et au sommet de l’Etat. La ‘’garde
montante’’ devrait assurer, en dépit des
évènements, la permanence, l’équilibre des
institutions, et le moment venu, organiser à
bonne date l’alternance de la gouvernance de la
nation. C’est une question de bon sens et de
responsabilité ; et aucune structure, aucune
institution chargée du suivi et/ou du contrôle de
‘’la relève’’ au sommet de l’Etat ne doit se
donner un temps de repos, ni de complaisance,
encore moins d’assoupissement.
Pendant longtemps, j’ai obéi aux ordres
de ma hiérarchie. C’est en effet, le devoir sacré
de tout citoyen engagé sous les drapeaux. Obéir
aux ordres peut être parfois gratifiant, ou
éventuellement frustrant. Mais, le règlement
militaire fait obligation d’exécuter les ordres
sans état d’âme, sauf le cas manifeste d’un ordre
illégal.
12
Je dois à la vérité de dire qu’il m’est
arrivé d’exécuter certains ordres avec
enthousiasme ; mais il y eut également des cas
où j’ai dû me plier par loyauté au règlement
militaire.
Il n’y a pas lieu d’évoquer, ici, le contenu
de cette seconde catégorie d’instructions reçues
et exécutées, sous peine d’enfreindre le secret
professionnel auquel je suis tenu, en ma qualité
d’officier supérieur, avec le grade de Colonel,
ayant occupé en fin de carrière le poste
d’Inspecteur Général des Armées avec rang de
Chef d’Etat-major Général des Forces Armées
Béninoises, du 02 janvier au 30 Septembre
2013, avant de faire mes adieux aux armes le
lendemain, 1er
Octobre .
En revanche, pendant mes longues années
d’activité (35 ans), les dernières notamment à
l’Etat-major Général à partir de 1999, j’ai pu
13
constater les imperfections, voire certaines
perversions de la gouvernance de notre beau
pays. J’ajouterai que j’y ai été parfois confronté
en raison même de ma proximité, au regard de
mes fonctions, avec les décideurs de la nation.
Mais, en tout état de cause, je tiens à
affirmer ici que je ne ressens aucune aigreur ; et
que tout au contraire, mon enthousiasme à servir
mon pays au travers des Forces Armées
Béninoises a nourri l’ambition que j’ai
désormais de me mettre à la disposition du pays
pour encore mieux le servir.
Etant à l’Etat-major, j’ai animé quatre
différents bureaux, avant d’être, à partir de Mars
2009 au 31 Décembre 2010, Conseiller aux
opérations du Chef d’Etat-major Général des
Forces Armées Béninoises ; puis Sous-chef
d’Etat-major Général chargé des opérations, de
Janvier 2011 à Décembre 2012.
14
Au cours de cette période, j’ai été affecté
à deux reprises au Ministère de la Défense
nationale, séjours entrecoupés par des missions à
l’étranger :
- la première, pendant vingt mois, en
qualité d’observateur militaire de l’Union
Africaine au sein du mécanisme conjoint
de contrôle et de vérification des
allégations entre la République
Démocratique du Congo et le
Rwanda (Avril 2005- Décembre 2006);
- la seconde, pendant une année, en
qualité de Commandant de la brigade
multinationale du Katanga, au sein de la
MONUC (Mission de l’Organisation des
Nations Unies pour le Congo), incluant
un contingent béninois (Juillet 2007-
Juillet 2008).
15
Ayant fait mes adieux aux armes le 1er
Octobre 2013, j’ai décidé, dorénavant, en mon
âme et conscience, dans un esprit de
responsabilité, d’apporter ma contribution
citoyenne et démocratique à l’établissement
d’une ‘’garde montante’’ et d’une ‘’relève’’ à la
tête de mon pays.
Cette ambition requiert une remise en
cause et un renouvellement de nos méthodes de
travail, de nos idées souvent plombées par nos
pesanteurs et déviances comportementales trop
longtemps entretenues.
Mais avant tout, encore faut-il repenser
nos têtes, ce qui doit nous conduire à examiner
l’état du pays, ce que nous en avons fait, pour
déterminer s’il n’y a pas lieu d’aller plus loin et
en mieux.
Ma conviction est que notre pays, le
Bénin, a impérativement besoin d’une remise
en ordre : c’est l’essence de mon combat.
18
La gouvernance du Bénin est tombée
dans la médiocrité, à telle enseigne que l’état
actuel du pays est la chronique d’une déchéance
annoncée, à défaut de sursaut.
« Nous sommes aujourd’hui en face d’un
peuple qui entend, mais ne voit pas souvent et ne
croit plus en ce qu’on lui dit ; un peuple qui
souffre parfois de l’action des responsables
politiques et administratifs, pourtant investis de
la mission de son développement ; un peuple qui
exprime souvent le sentiment d’abandon ; un
peuple qui exprime des sentiments
d’incompréhension et de déception, face à la
multiplication des actes et des scandales de
corruption et de malversation, et face à
l’inaction apparente des responsables et services
19
compétents; bref, un peuple au moral très bas et
qui semble perdre confiance en lui-même et en
ses acteurs et décideurs politiques… »
« … L’action politique, qui devrait lui
procurer le mieux-être, est menée avec des
moyens et des méthodes perfectibles et de plus,
celle-ci est souvent marquée par d’importants
actes de corruption et de gaspillage de fonds
publics chèrement acquis, et par l’impunité
permanente. Nos concitoyens des villes et des
campagnes en parlent entre eux et avec leurs
députés. Ils désenchantent et s’emmurent parfois
dans la prison du silence. La presse s’en fait
souvent l’écho. »
« La représentation nationale reste très
sensible à ces critiques et à ces attentes du
peuple. Elle crie et tire la sonnette
d’alarme…afin d’être plus écoutée. Elle veut
20
être mieux entendue afin de contribuer à
corriger, avec le Gouvernement, là où il y a
maldonne, là où il y a faute, là où il y a crime. »
« Selon qu’elles sont perçues comme
justes ou partiales, nos analyses et nos décisions
peuvent contribuer à l’apaisement ou à
l’aggravation de la situation. »
Ainsi s’exprimait le Président de
l’Assemblée Nationale, à l’occasion de la
présentation des vœux de nouvel an de
l’Assemblée Nationale au Chef de l’Etat, en
Janvier 2014.
L’on ne saurait mieux décrire la situation
de notre pays, caractérisée par des tensions
sociopolitiques, la crise économique et
financière, la crise de confiance à l’égard de la
gouvernance actuelle.
21
Ceux qui se permettent de priver, à tort,
les béninois de liberté, ont-ils eux-mêmes jamais
expérimenté le poids de la privation de liberté ?
Ceux dont les actions causent ou aggravent la
précarité des paisibles populations, au lieu de la
réduire, se représentent-ils seulement le poids
d’angoisse et la vulnérabilité autant physiques
que morales dans lesquelles ils précipitent tant
de familles béninoises !
La gouvernance du pays souffre
incontestablement, tant en raison des moyens
utilisés, lesquels sont parfois inadaptés, que des
méthodes mises en place. Ceci constitue un
handicap de nature à freiner le développement
du pays. Ces moyens, en effet, lorsqu’ils
existent, sont d’une part insuffisamment
exploités, et d’autre part mal utilisés, au mépris
de critères évidents de rationalité.
22
Quant aux méthodes, elles ne sont pas
toujours clairement et préalablement établies,
discutées, acceptées et comprises par tous. On a
l’impression d’une méthode directive et solitaire
de gestion des affaires publiques, au lieu d’une
gestion associative ou participative suscitant
l’adhésion de toutes les parties concernées.
Ainsi peut-on déplorer le harcèlement
fiscal des opérateurs économiques nationaux
dont certains se voient contraints de délocaliser
leurs structures. De même, peut-on s’étonner de
facilités accordées par les pouvoirs publics à
quelques hommes d’affaires étrangers, parfois,
au détriment de nos nationaux, et même de nos
finances publiques.
Le gaspillage des fonds publics et les
importants actes de corruption constituent une
gangrène préjudiciable à l’économie nationale.
23
En particulier, la corruption augmente indûment
le coût des projets d’une part, et entraîne d’autre
part, une déperdition des recettes de l’Etat. Si
l’on n’y prend garde, ces obstacles pourraient
vite devenir insurmontables.
L’opinion béninoise a encore, en
mémoire, la destruction de l’épargne populaire
collectée par des structures de placement
auxquelles les populations ne pouvaient que
croire, dès lors que les autorités au plus haut
sommet de l’Etat s’affichaient avec certains
promoteurs de ces fameuses structures, qui font
aujourd’hui l’objet de procédures judiciaires.
On ne dira jamais assez que la corruption
opère comme un impôt négatif et que son
éradication ne peut que contribuer à relancer
notre économie qui en a bien besoin.
24
Toutes nos femmes savent que le panier
de la ménagère coûte de plus en plus cher, toutes
les denrées de première nécessité ayant doublé
de prix, ou quasiment, ces dernières années.
En outre, le taux de croissance de notre
Produit Intérieur Brut qui a pu atteindre, dans le
passé, des niveaux de 7 à 9 % stagne à l’heure
actuelle à des taux de 4 à 5 % ; on est loin des
taux à deux chiffres allègrement promis et
scandés par les actuels gouvernants.
Plus insidieux, mais tout aussi grave,
même dangereux, le régionalisme voire
l’ethnocentrisme, diffuse goutte à goutte le
venin de la division dans le tissu sociologique du
pays, menaçant la cohésion sociale si l’on n’y
prend garde.
25
Une gouvernance qui désenchante la
population, ne saurait conduire au
développement. Un peuple qui souffre et ne croit
plus en ses dirigeants, glisse, peu ou prou, sur la
pente du déclin.
Dans ces conditions, la gouvernance du
pays doit être attentive à ne pas contribuer à
l’aggravation des sentiments d’insatisfaction des
populations.
Or, les faits sont têtus et la réalité ne
saurait être escamotée ; les maux dont souffrent
les béninois ont pour noms :
- chômage et sous-emploi;
- vie chère ;
- baisse de l’activité, donc des recettes de
l’Etat ;
26
- accentuation des vulnérabilités sociales
et de la précarité ;
- échec scolaire : à titre d’exemple,
concernant l’année scolaire 2013-2014,
on rappellera le taux d’échec d’environ
77 % au baccalauréat, session unique
de Juillet 2014; faiblesse notable des
taux de réussite au BEPC et au CEP,
cette même année ;
- universités aux effectifs pléthoriques,
ce qui nuit manifestement à la qualité
des formations ;
- défaut de cadastre en de trop nombreux
endroits ; `
- spéculation foncière ;
- habitat insalubre : il n’est que de voir
les complications et l’inconfort des
populations submergées par des
inondations lors des saisons pluvieuses,
27
non seulement dans les campagnes,
mais encore dans certains quartiers de
villes, y compris Porto-Novo, Cotonou,
Parakou, etc.;
- Corruption ;
- harcèlement fiscal et tracasseries
administratives de tous ordres, jusque y
compris, sur les réseaux routiers ;
- services et infrastructures insuffisants,
notamment pour l’accès à l’eau, à
l’énergie, aux soins médicaux et à
l’école, ainsi que les dessertes routières.
Quant au domaine des libertés publiques
et des droits humains, il n’a jamais connu un tel
recul depuis le renouveau démocratique que ces
dernières années :
- on a pu, ainsi, observer un traitement
différencié à l’occasion de
28
manifestations publiques, certaines
étant autorisées, d’autres interdites,
selon qu’elles sont favorables ou non au
pouvoir en place ;
- des manifestations syndicales ou
associatives régulièrement autorisées
ont été inopinément empêchées ou
brutalement réprimées par les forces
de l’ordre ;
- des personnes poursuivies, à tort ou à
raison, ont été maintenues
abusivement en détention, malgré des
décisions judiciaires ayant ordonné
leur remise en liberté ;
- des journalistes ont été parfois
poursuivies pour leurs activités, les
délits de presse étant encore
susceptibles de poursuite pénale;
29
- des nominations sont proposées dans
l’administration, sans égard aux textes
règlementaires, ni aux statuts des
personnels concernés : chacun se
souvient des perturbations intervenues
dans la magistrature du Bénin, générées
par des nominations contestées.
La force d’une démocratie réside, entre
autres, dans la tenue des élections à bonne date,
et ce, avec régularité et dans la transparence : tel
n’aura pas été le cas des élections municipales et
locales qui auraient dû intervenir à l’expiration
du mandat des élus en Avril 2013, dont
l’organisation a été différée.
En outre, l’élaboration de la LEPI (liste
électorale permanente informatisée) d’une part,
et sa correction d’autre part, ont connu des
vicissitudes échappant à la logique élémentaire,
30
de sorte qu’on ne peut qu’être réservé sur
l’efficacité de l’outil autant que sur les réelles
intentions de ses promoteurs.
Vingt-cinq ans après la Conférence
nationale des forces vives de notre pays, certains
veulent-ils saborder le renouveau
démocratique ? L’on est enclin à penser que
notre renouveau démocratique a été pris en
otage par certains politiciens, aux visées
obscures et inavouables.
La gouvernance déficiente de notre pays,
qui a produit de trop nombreuses déceptions, ne
saurait rester sans solution.
Le déclin du Bénin ne saurait être
inéluctable.
32
IL n’y a pas de pays pauvre, et le Bénin
n’échappe pas à la règle. Notre pays recèle de
nombreuses et importantes potentialités
insuffisamment explorées et exploitées.
S’agissant de son animation et sa gouvernance,
le Bénin dispose d’institutions démocratiques.
Mais au premier rang de ses richesses figurent
les hommes et les femmes.
1. Ressources humaines
Il va sans dire que cinquante-cinq ans après
l’accession de notre pays à la souveraineté
internationale, l’on ne saurait s’exonérer
d’établir un état des lieux de la gouvernance du
pays à tous les niveaux, depuis l’Exécutif, en
passant par l’administration générale et centrale,
33
sans exclure les personnels hospitaliers et les
fonctionnaires de l’administration territoriale.
Cet état des lieux sera nécessairement
contrasté. Mais les griefs que l’on peut nourrir à
cet égard, tiennent, non pas à la qualité des
hommes, ni à leur formation, mais aux
pesanteurs qui ont trop souvent plombé notre
administration.
Le défi consiste donc à éveiller chez nos
agents publics, à tous les niveaux, le retour aux
fondamentaux du service public.
Tel est l’enjeu, si l’on veut dans ce pays,
pratiquer une gouvernance apaisée, impartiale,
efficace et respectueuse des missions relevant de
l’administration.
34
Mon propos est de dire que notre
administration dispose d’un capital humain
remarquable, dont les performances pourraient
toutefois être améliorées.
J’ai, en effet, rencontré au cours de mes
trente-cinq années de carrière, des fonctionnaires
de qualité, hommes et femmes remplissant leurs
missions avec compétence, sérieux et
enthousiasme en dépit d’un environnement qui
n’était pas toujours au diapason.
Dans mon esprit, il n’y a pas lieu de jeter le
bébé avec l’eau du bain, encore moins de
procéder à une quelconque chasse aux sorcières.
La qualité des personnels de l’administration
béninoise constitue, à mon sens, l’une des
raisons d’espérer, pourvu que la gouvernance
35
par l’Exécutif soit de nature à les entraîner de la
meilleure manière qui soit.
Plus généralement, au-delà de la fonction
publique, les hommes et femmes de notre pays, y
compris dans le secteur privé ou associatif, jusque
dans la diaspora débordent d’idées et d’énergie ; la
vie quotidienne a pu offrir, à cet égard, beaucoup
d’exemples.
2. Institutions démocratiques
L’institution la plus emblématique dans notre
pays est le Président de la République, dont la
Constitution du 11 Décembre 1990 a fixé les
conditions de l’élection et les pouvoirs.
En particulier, selon la Constitution, « il est le
Chef du Gouvernement, et à ce titre, il détermine et
36
conduit la politique de la Nation. Il exerce le
pouvoir règlementaire. »
C’est dire le rôle éminent et primordial du
Président de la République. C’est donc lui qui
donne l’impulsion et qui fixe les orientations du
pays.
En particulier, il conviendrait de ne pas sous-
estimer l’impact des mesures règlementaires,
relevant de l’Exécutif, dans le domaine des
activités économiques impliquant le secteur privé
et les milieux associatifs.
Assisté du Gouvernement, c’est sur lui, au
premier chef, que repose la responsabilité
d’entrainer à sa suite, les forces vives, y compris
l’administration, dans l’œuvre de développement
du pays.
37
A cet égard, les nominations seront
démonstratives de l’Etat d’esprit du Président, qui
ne devrait pas se départir du principe d’impartialité,
s’il veut réussir sa mission.
Il va sans dire que les résultats dépendront de
l’homme et de ses capacités à convaincre et à
rassembler.
C’est, là, une autre raison d’espérer.
Notre pays dispose, en outre, d’une Assemblée
Nationale, également fixée par la Constitution,
avec pour rôle primordial, de voter la loi et de
contrôler l’action du Gouvernement.
Etant élus au suffrage universel comme le
Président de la République, les députés sont
nécessairement et directement au contact des
populations et peuvent dès lors recueillir les
doléances et les sentiments de celles-ci. Ils
constituent ainsi une courroie de transmission en
38
même temps que les premières soupapes de
décompression des populations.
Le Bénin compte, enfin, d’autres
institutions, certaines prévues par la Constitution,
comme la Cour Constitutionnelle, les institutions
judiciaires, le Conseil Economique et Social, la
Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la
Communication. D’autres encore ont été créées par
la loi et les règlements, notamment le Médiateur de
la République, la Grande Chancellerie de l’Ordre
National du Bénin, l’Autorité de Régulation des
Marchés Publics, le Haut Conseil de l’Education,
l’Autorité de Régulation des Communications
Electroniques et de la Poste(ARCEP), etc.
Certaines des institutions établies sont
perçues comme des organes de contre-pouvoir ; ce
39
qui, là encore, est de nature à favoriser la prise en
compte de l’expression et des attentes des citoyens.
3. Société civile
Notre pays se caractérise par le foisonnement
d’associations et moult organismes divers et variés,
sous le statut d’organisations non
gouvernementales (ONG), quasiment dans tous les
secteurs d’activités, essaimés sur toute l’étendue du
territoire.
La plupart de ces ONG sont créées et
composées par des béninois ; certaines ont un
dynamisme, et une notoriété solidement établie, qui
expliquent qu’elles mènent souvent des missions et
des activités, de concert avec certaines institutions
internationales, telles le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD), et certaines
ambassades, sensibles au secteur associatif.
40
Il convient également de souligner la présence
au Bénin d’ONG internationales, et de leur
contribution significative et reconnue, qui forcent
le respect, en raison de leur intégration au milieu
dans leurs domaines respectifs.
Sans être exhaustif, on peut rappeler que les
domaines d’activités de toutes ces ONG concernent
aussi bien les droits humains, les droits de
l’homme, la lutte contre la corruption , la
vulgarisation des lois, des actions de formation à
destination des élus locaux, etc., que le mieux-être
des populations par des activités domestiques,
telles le forage de puits ; la construction
d’infrastructures scolaires , l’aide aux femmes et à
la petite enfance, des formations diverses et variées
dispensées aux populations, etc.
41
Ces ONG, pour certaines, très actives,
témoignent de l’implication des citoyens béninois
dans la vie de la cité, et de leur désir constant de
participer à la fois aux débats qui s’instaurent dans
le pays, et à l’œuvre de développement devant
bénéficier aux populations.
L’on ne saurait passer sous silence, au carrefour
des populations actives et des ONG, les syndicats
professionnels, qui au Bénin sont très actifs et
notablement influents.
Dans les grands moments de l’histoire du
pays, singulièrement à l’occasion des événements
qui ont conduit au renouveau démocratique, leur
apport autant que leur mobilisation ont été
déterminants.
Outre la compétence des hommes et des
femmes, et la mise en place d’institutions
démocratiques, le développement d’un pays
nécessite des potentialités économiques; c’est une
42
chance si celles-ci peuvent être diverses et variées :
c’est le cas du Bénin.
4. Potentialités économiques
On a coutume de dire que le budget général
de l’Etat est pour l’essentiel constitué de recettes
douanières et fiscales. Cette particularité fait du
Bénin une plateforme d’importation et de
distribution ; pour l’importation, à partir du port
autonome de Cotonou, à destination des pays de
l’hinterland ; pour la distribution, à partir du
marché international de Dantokpa.
A côté de ces deux poumons dont
l’importance n’est plus à démontrer, notre pays est
connu pour pratiquer une culture de rente basée sur
le coton.
On peut ajouter dans une moindre mesure,
les productions d’anacarde, d’ananas, etc.
43
L’on ne saurait passer sous silence le
palmier à huile dont la culture et la production ont
contribué de manière notable, dans un passé
malheureusement oublié, à tort, à l’économie
nationale, suscitant même un grand intérêt des pays
étrangers, dont la Côte d’Ivoire et la Thaïlande,
notamment, venus dans notre pays s’imprégner de
notre savoir-faire.
Au cours des meilleures années, le secteur
agro-alimentaire a pu représenter 75 % des recettes
d’exportation de notre pays.
L’on ne m’enlèvera pas de l’esprit, que
l’agriculture et ses dérivés constituent la première
richesse de notre pays. Cela devrait nous conduire,
d’une part, à la sécurité alimentaire, d’autre part à
développer, en les rationnalisant, nos cultures
d’exportation.
La diversité des produits tirés de notre sol
est de nature à nourrir beaucoup d’espérance : outre
44
ceux déjà cités (coton, ananas, anacarde), on peut
répertorier notamment les céréales (maïs, sorgho,
riz, mil, etc.), les tubercules et plantes à racines
telles igname, manioc, patate douce, pomme de
terre, tarot ; les légumineuses à graines ; les
oléagineux et les cultures maraîchères et fruitières.
On ne saurait écarter les filières Elevage et
Pêche qui mériteraient une action plus soutenue et
constante dans la durée.
L’un des avantages sous-estimés et sous-
évalués jusqu’ici dans la gouvernance économique
de notre pays, réside dans le fait que ces activités
liées à l’agriculture, l’élevage et la pêche, et leurs
dérivés, redonnent vie à nos campagnes en y
apportant dynamisme, en fixant les populations sur
les lieux de production, ce qui est de nature à
freiner l’exode rural, et enfin cela crée des emplois
et des revenus pour les familles.
45
Quant à notre sous-sol, il nourrit depuis
longtemps beaucoup de fantasmes : il me semble
qu’il y a une grande œuvre de salubrité civique à
entreprendre sans délai, consistant à répertorier enfin,
de manière claire et officielle la nature, les quantités
évaluées et les sites de nos ressources minières.
- qu’il s’agisse du fer, dont on nous vente le site de
loumbou-loumbou ;
- de l’or, évoqué à Tchantangou, dans la région de
Perma non loin de Natitingou ;
- des phosphates, dans le département du Plateau, dont
l’évaluation des quantités est imprécise ;
- enfin et surtout des hydrocarbures, pétrole et gaz,
dont on nous annonce régulièrement, depuis des
décennies, la mise en exploitation prochaine, alors
que le peuple ne voit rien venir de consistant à ce
jour.
Dans ce tableau non exhaustif de nos
potentialités économiques, l’on ne saurait occulter les
matériaux de construction tirés de nos carrières,
46
secteurs d’activités dont nos opérateurs économiques
nationaux semblent exclus, ni les activités liées au
tourisme et à l’artisanat qui mériteraient, elles aussi
des actions fortes et inscrites dans la durée.
En outre, s’agissant du tourisme et de
l’artisanat, il nous faut repenser nos moyens et nos
méthodes à destination de ces deux filières.
Je terminerai l’évocation des raisons d’espérer en
un avenir radieux pour le Bénin en mentionnant notre
secteur tertiaire composé d’opérateurs dynamiques,
qu’il s’agisse de banques, assurances, téléphonie,
nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC), de nos commerçants, et
autres entrepreneurs prestataires de services.
En soi, tous ces acteurs, formant le tissu
social, politique et économique du Bénin constituent,
à mes yeux, en raison de leur engagement et de leur
dynamisme, des motifs d’espérer le sursaut
nécessaire de notre pays.
48
Aujourd’hui, se pose à mes yeux, la
question de savoir comment préparer la relève et
organiser la garde montante, à la tête du pays.
En d’autres termes, comment préparer
l’alternance au sommet de l’Etat ; et surtout,
pour quoi faire, une fois l’élection acquise.
Cette question a longtemps nourri ma
réflexion, au regard de mes longues années
d’expérience où il m’a été donné de constater les
perversions du système de gouvernance dans
notre pays.
A mon sens, le grand défi du prochain
Président de la République qui sortira des urnes
49
en 2016, sera de procéder à une véritable remise
en ordre du pays.
Je considère que notre pays peut être
gouverné autrement, et l’alternance démocra-
tique prévue à partir du 6 Avril 2016 doit y
ouvrir la voie.
Pour moi, l’élection à la Présidence de la
République ne saurait être un bâton de Maréchal
ou un titre suprême en forme de décoration, que
l’on se contenterait d’exhiber ou de clamer au
gré des circonstances, comme une fin en soi.
C’est au contraire le commencement d’une
lourde responsabilité faite d’engagements pris
devant la Nation, qu’il convient maintenant de
mettre en œuvre en y associant toutes les forces
vives du pays.
50
Et dans ce dessein, pour parvenir à des
résultats probants, le critère primordial qui doit
guider le Président élu, réside dans le respect des
principes, au premier rang desquels
l’impartialité dans sa gestion des affaires de
l’Etat et des intérêts en présence.
Quel Président ?
C’est dire qu’avant de mettre en œuvre le
classique catalogue de ses propositions et
mesures, le Président élu devra d’abord
réaffirmer les principes sur lesquels sera fondée
et jugée sa gouvernance.
Il devra avoir une grande vision du futur
et le sens du leadership, celui-ci compris comme
une aptitude au commandement et une capacité
51
à motiver et mobiliser des hommes et des
femmes dans l’action, mais sans brutalité, en
évitant l’écueil de l’exercice solitaire du
pouvoir.
Il devra de même être pénétré de nos
valeurs démocratiques, se montrer scrupuleux du
respect des libertés publiques et des droits
fondamentaux de la personne humaine,
clairement réaffirmés dans notre Constitution
dont il devra être le premier défenseur, au lieu
d’en être le fossoyeur impénitent.
Il y a lieu d’espérer, qu’au cours de sa
mandature, l’on n’assistera plus à des appels
intempestifs et incompris de l’opinion, tendant à
opposer les béninois entre eux, sur des critères
ignominieux d’appartenance régionale ; ni au
non-respect de décisions de justice, foulées au
52
pied, rendues en toute indépendance par des
magistrats et tribunaux dont c’est le rôle.
Le Président élu devra avoir le sens du
devoir, être un homme engagé et déterminé vers
l’épanouissement de notre nation, son éclat et
son rehaussement. A cet égard, il devra se tenir
radicalement éloigné de toutes tendances et
tentatives régionalistes vers lesquelles ne
manqueront pas de le pousser ses thuriféraires,
courtisans et autres partisans.
Il devra être soucieux et connaisseur des
nouveaux défis et des attentes concernant la
sécurité globale. En effet, à notre époque
moderne, les risques auxquels sont confrontés
les Etats ont augmenté de manière exponentielle,
survenant hélas, n’importe où et à tout moment.
53
Il convient d’y être attentif et de cultiver un
esprit et des procédures d’anticipation.
Le Président élu devra avoir, chevillée au
corps, la ferme et constante volonté de bâtir et
soutenir une économie concurrentielle et
ouverte, étant le premier, convaincu de notre
capacité à associer nos moyens et nos
intelligences pour la construction d’un Bénin
meilleur. Dans ce registre, il devra œuvrer en
permanence, non pas de manière épisodique et
désordonnée selon la météo sociale, pour un
environnement de stabilité, de lisibilité et
d’anticipation, nécessaire au développement
des affaires.
Il devra se montrer sans a priori négatif,
ni parti pris, à l’égard des opérateurs
économiques nationaux.
54
Enfin, il ne saurait être Président de la
République, s’il n’a pas à cœur le bien-être
collectif, notamment des plus vulnérables.
Il devra donc être un homme aimant les
gens, tout particulièrement attentif au sort de la
jeunesse, avenir du pays, et promoteur
infatigable de l’autonomie des femmes, qu’il ne
s’agit pas de flatter, ni d’amadouer par des
paroles mielleuses.
Le temps est venu, d’une pratique de la
gouvernance du pays au plus haut sommet de
l’Etat, respectueuse de notre Constitution du 11
Décembre 1990, et encore plus, des idéaux
retenus par la Conférence des forces vives de la
nation.
55
La poursuite et l’amélioration du
renouveau démocratique du pays sont à ce prix.
Un peuple ne saurait vivre uniquement de
pain et des jeux, mais également de principes
structurant la vie sociale, et en premier lieu,
l’organisation et la gestion de la cité, de la chose
publique, la res publica : c’est le fondement
même de la démocratie. Nul ne saurait en priver
les béninois.
Ces principes étant rappelés, encore faut-
il que le Président élu ait un grand dessein pour
le Bénin.
Président, pour quoi faire ?
L’état du pays requiert des actions fortes, qui
devront impérativement être inscrites dans la
56
durée. Chacun doit comprendre que dorénavant,
nous sommes embarqués, et que l’histoire nous
jugera.
Je considère qu’il n’y a plus un instant à
perdre pour le Président élu, investi le 6 Avril
2016 au matin.
Les béninois doivent donc être
préalablement éclairés sur les choix, les
objectifs, les orientations, et le calendrier de tout
prétendant à la fonction.
Pour ma part, je crois indispensable de fixer,
plus que des priorités qui apparaîtraient
conjoncturelles, mes LIGNES DE FORCE qui
formeront l’ossature d’une nouvelle
gouvernance, susceptibles d’être mes
REFERENTS STRUCTURANTS et les points
d’ancrage de l’action gouvernementale, autour
57
desquels les béninois pourront se reconnaître et
se réunir.
1. Renforcement de l’Etat de droit
Ce doit être le socle de notre vivre
ensemble, dans le respect de nos droits et de nos
différences.
Notre pays devra être exemplaire sur ce
registre.
Organiser à bonne date, toutes les
élections, à divers niveaux, prévues
par la Constitution, les lois et
règlements.
A cet effet, le Gouvernement devra
assurer, en tant que de besoin, et dans les
délais les plus appropriés, tous les
58
financements éventuellement sollicités
par les organes en charge de
l’organisation des élections en cause ; le
Gouvernement se fera l’impérieux devoir
de tenir les délais et d’éviter tout retard ;
Organiser une réflexion nationale sur le
financement public des élections
présidentielles, élargie au plafonnement
des dépenses et à leur contrôle a
posteriori ;
Favoriser et instituer un statut de
l’opposition parlementaire;
Garantir, protéger et promouvoir les
libertés publiques, les droits
fondamentaux de l’homme, la dignité de
la personne humaine, et la justice, comme
le commande notre Constitution.
S’agissant tout particulièrement de
l’exercice des libertés publiques, il ne
59
saurait y avoir deux poids, deux mesures :
une pour les affidés du pouvoir, une autre
pour ceux qui penseraient différemment,
ou même parce qu’ils seraient opposants.
La garantie de l’Etat et la
protection légale doivent être égales pour
tous.
Au demeurant, c’est un impératif
constitutionnel, et le Président élu devra
mettre un point d’honneur à le
promouvoir, et entraîner, à sa suite, le
Gouvernement et les pouvoirs publics ;
Respecter les décisions de justice et
favoriser leur exécution diligente.
Il ne saurait y avoir de résistance ou
d’indifférence des OPJ (Officiers de
Police Judiciaire) à exécuter les mandats
60
et autres réquisitions ou décisions
émanant des juges et tribunaux dont c’est
la fonction.
Nul ne saurait être détenu ou maintenu
indûment en détention par le seul fait du
prince ;
Donner les moyens suffisants à
l’institution judiciaire et respecter le
statut des magistrats comme de tous les
personnels concourant au service public
de la Justice ;
Assurer en concertation avec les
magistrats et autres professionnels du
secteur, leur sécurité ;
Garantir et permettre l’accès à la justice
pour tous, en développant le système de
l’aide judiciaire ou juridictionnelle,
consistant en la prise en charge par l’Etat,
de la totalité ou partie des frais de justice
61
incombant aux justiciables les plus
défavorisés ;
Proposer une réflexion nationale, apaisée,
sur la nécessité d’une même justice pour
tous, y compris pour les hommes
politiques, avec pour corollaire la
suppression de la Haute Cour de Justice ;
De manière générale, veiller au respect et
à l’application, à tous les niveaux, des
lois et règlements en vigueur ;
Il y a nécessité et urgence à mettre fin,
dans notre pays, au laxisme généralisé qui se
nourrit de la culture de l’impunité.
L’exemple doit venir d’en haut.
A tous les niveaux de l’administration,
comme dans les rapports de celle-ci avec les
usagers, et/ou le secteur privé, l’on doit
62
retrouver les principes d’impartialité et
d’équité.
De même, devra-t-il être rappelé que
tous les béninois et autres justiciables sont à
égalité de droit et de devoir.
L’application de la Loi n’est ni la
raison du plus fort, ni affaire de passe-droit.
C’est tout simplement un devoir
civique
et républicain : il est plus que temps de
procéder, dans notre pays, à ce retour aux
fondamentaux.
Et, bien entendu, la coercition devra
être appliquée aux récalcitrants et autres
contrevenants, mais dans la stricte mesure
prévue par la Loi et non selon l’humeur du
temps.
63
Dès lors que les textes existent, il relève
de la volonté des gouvernants, et il y va de leur
responsabilité, de veiller à leur application,
notamment en matière de corruption, d’abus de
pouvoir et pour faire échec à l’impunité.
Développer la conscience patriotique
et civique des citoyens et cadres, par
des campagnes d’explication, des
formations adaptées et des
incitations ;
Travailler à l’unité nationale en
réduisant les méfaits du régionalisme
et de l’ethnocentrisme.
‘’Colmater les brèches’’ après les
risques avérés de division et
d’exclusion ethnique qui se sont de
plus en plus développés au fil des ans
depuis près d’une décennie ;
64
A cet égard, pourquoi ne pas réfléchir
à la formalisation de la participation et
de la représentation de nos rois et
chefferies traditionnelles dans la
gouvernance du pays ; l’on pourrait,
par exemple, à cette fin,
institutionnaliser le haut conseil des
rois en l’intégrant au nombre des
institutions de la nation, à caractère
consultatif.
2. Sécurité nationale
En réalité, il faut parler de défense globale,
comprise comme la prise en charge de
l’ensemble des questions de sécurité relatives à
tous les domaines d’activités de la vie nationale.
Elle comprend donc les Forces Armées
Béninoises incluant la Gendarmerie nationale
pour les questions de défense nationale, d’une
65
part ; et d’autre part, la Gendarmerie et la Police
nationales pour la sécurité des personnes et des
biens, auxquelles s’ajoutent les personnels des
Douanes et Droits indirects, et ceux des Forêts et
Ressources Naturelles pour les attributions
spécifiques qui sont les leurs.
La sécurité requiert le concours de toute
la population et les forces ci-dessus
indexées ne constituent en réalité que le
bras armé de la nation.
Il ne saurait donc y avoir de divorce, de
mésentente ou d’opposition aussi bien
entre les diverses forces, ni entre celles-
ci et la population.
En outre, les populations doivent être
davantage sensibilisées et s’impliquer
dans les questions de sécurité, de telle
sorte d’être à même de participer, à leur
66
niveau, dans les quartiers et les
arrondissements, à la prise en charge de
ces questions, en soutien à l’action des
forces de l’ordre.
S’agissant tout particulièrement des
Forces Armées Béninoises, la
Constitution du 11 Décembre 1990, tout
en rappelant leurs fonctions spécialisées
de défense de l’intégrité territoriale,
leur a assigné celle de participer au
développement économique de la nation
et à toutes autres tâches d’intérêt public.
L’Exécutif devra dès lors s’attacher,
d’une part, à ne pas détourner nos
Forces Armées de leur mission
traditionnelle de défense nationale ou
affaiblir leurs capacités en ce domaine,
d’autre part, à ne pas les affecter
67
inconsidérément à des activités
purement économiques, au détriment
des intervenants naturels du secteur
privé, dont c’est le métier.
Il convient, en outre, de travailler à
l’intégration plus prononcée des
Forces Armées dans le tissu
sociologique de la nation, ce qui
nécessite d’éduquer nos populations à
l’esprit de défense.
L’esprit de défense n’est pas
spontané ; il n’est pas non plus réservé
aux seuls militaires.
Il y a donc lieu d’y associer et
intéresser les citoyens en développant,
à leur niveau, des actions de formation
à la citoyenneté.
68
Par ailleurs, les nécessités de notre sécurité
nationale postulent des actions fortes :
Augmenter massivement les moyens
financiers, les personnels et
équipements des diverses structures
concernées ;
Réfléchir à l’élaboration, après une
large concertation, des statuts
particuliers de chacune des
composantes des Forces de défense,
des forces de sécurité et assimilées.
3. Normalisation de la vie publique
Trop de mauvaises habitudes se sont
durablement installées. Le défi à relever est
immense ; mais il y va de l’efficacité de notre
administration.
69
Toutes les énergies doivent être mobilisées
pour une prise de conscience, à l’effet de
participer à l’œuvre de modernisation aussi
salutaire que nécessaire. A titre d’illustration, on
rappellera qu’en 2013 comme en 2012 sur 176,
dans le classement de Transparency
International, notre pays apparaissait au 94ème
rang sur 177 ; même si en 2014, il vient d’être
80ème
sur 175 pays. Il est manifeste que les
performances de notre pays en la matière sont
très moyennes : il conviendrait dès lors d’y
remédier.
Promouvoir la compétence en toute
impartialité, et avec équité: l’homme
qu’il faut à la place qu’il faut, dans
tous les secteurs ;
En tout état de cause, toutes les
autorités, à tous les niveaux, doivent
70
être scrupuleuses, à la fois sur la
compétence et l’impartialité, à
l’occasion des recrutements et
nominations.
Développer des méthodes, des
procédures, tout particulièrement dans
la rénovation de la gestion de nos
finances publiques, ressources
budgétaires et fiscales, dans un souci
de rigueur, de transparence et
d’efficacité ;
Réduire le train de vie de l’Etat, de
manière générale, et à tous les
niveaux ;
A titre emblématique, formation d’un
gouvernement restreint, prenant en
71
compte l’état de notre pays aux
ressources budgétaires limitées ;
Promouvoir la transparence et la
cohérence des rémunérations et
avantages consentis aux membres du
Gouvernement, y compris le Président
de la République ;
Procéder à l’audit des ministères, des
sociétés d’Etat, et de toutes les régies
financières, le but étant de réduire les
pesanteurs, et d’alléger les procédures,
en vue d’améliorer la performance des
résultats;
Redonner à l’administration ses lettres
de noblesse, en procédant au
toilettage, à la relecture et à la
modernisation du statut général de la
fonction publique, ainsi que des
statuts particuliers, sans porter atteinte
72
aux droits acquis ; développer les
plans de carrière des personnels;
Aménager dans les grilles de
programmes des chaînes de
radiodiffusion et de télévision
publiques, l’égalité d’accès et du
temps de parole aux partis politiques,
y compris de l’opposition, répertoriés
à l’Assemblée Nationale ;
Favoriser et promouvoir la stabilité et
la clarté des textes législatifs et
règlementaires, tout particulièrement
en matière économique, dans les
relations entre l’administration et le
secteur privé, à savoir le partenariat
public-privé(PPP);
Veiller scrupuleusement à la
transparence et au respect des règles et
73
procédures en matière de marchés
publics et d’appels d’offres ;
Instituer et promouvoir la tolérance
zéro en matière de corruption ou
d’enrichissement illicite commis dans
l’exercice des fonctions et/ou à
l’occasion de marchés publics ;
Saisir la justice, de tous les cas de
malversation et de corruption ;
4. Développement humain
Sous cette rubrique, seront développées les
questions relatives à l’éducation, la santé
publique et la protection sociale, la promotion
du Genre liée à la condition féminine, et la
jeunesse.
74
4.1 Education
On n’évitera pas de faire le constat de la
sclérose de notre système éducatif, depuis
l’enseignement maternel et primaire jusqu’à
l’enseignement supérieur, en passant par
l’enseignement secondaire.
Les effectifs des classes et des
amphithéâtres sont pléthoriques, le nombre des
enseignants et des professeurs est manifestement
insuffisant, obligeant l’administration à recourir
plus que de mesure, au recrutement d’agents
contractuels maintenus dans la précarité.
Cet état de fait ne peut que nuire à la qualité
des enseignements et des formations ; en dépit,
il est vrai, de certains îlots de performance
réalisés au sein de nos universités.
75
La question qui vient constamment à l’esprit
est celle-ci : l’école reste-t-elle encore le lieu
d’acquisition des connaissances, et l’université,
haut lieu du savoir et temple de la science ?
L’école a perdu de son prestige. Son image
s’est altérée. Au regard de la croissance
démographique, il ne semble pas que les
gouvernements successifs aient pris la mesure
des choses et accordé à l’école les moyens
suffisants en terme d’infrastructures,
d’encadrement et de frais de fonctionnement.
Cette problématique s’observe avec plus
d’acuité au niveau de l’enseignement supérieur.
Les diplômes ont perdu de leurs prix au fil des
ans.
C’est donc véritablement un état d’urgence
qu’il faut décréter dans notre système éducatif.
76
Il y faut des moyens massifs
(budgétaires, infrastructures,
personnels) ;
Il y faut une large concertation avec les
élèves et étudiants, les parents d’élèves,
les enseignants et tous les syndicats du
secteur ;
Il y faut, enfin et surtout, un plan étalé
sur la durée, auquel toute la nation
pourrait être associée, et dont l’on
procèderait périodiquement à
l’évaluation, par exemple tous les trois
ou quatre ans.
Cet effort de tous doit avoir des objectifs
clairement affirmés :
Renforcer chaque niveau d’ensei-
gnement (maternel et primaire,
77
secondaire, supérieur) à l’effet
d’obtenir par chaque apprenant, en fin
de cycle, à la fois, le niveau requis
des connaissances acquises et la
maîtrise des savoirs correspondants.
Le même investissement doit être
réalisé en matière d’enseignement
technique et professionnel, auquel il
conviendra d’arrimer les systèmes de
formation continue ou en alternance ;
Il est en effet nécessaire de réaffirmer
le rôle fondamental de l’école qui
est l’acquisition de connaissances,
et de l’université; ceci doit avoir
pour corollaire la revalorisation de
l’enseignement technique et profes-
sionnel ;
78
Maximiser l’encadrement de
proximité et de qualité des
apprenants ;
Développer les procédures
d’orientation, avant l’entrée et en
cours de cycles ;
A l’occasion de cette remise en ordre
de
notre système éducatif, il conviendra
d’être particulièrement attentif à
mettre en place des formations et des
filières adaptées à notre économie
nationale et au marché sous régional ;
ceci limitera le gonflement inutile et
improductif de certaines filières de
formation n’ouvrant aucun débouché
aux apprenants ;
79
Favoriser, développer et promouvoir
l’alphabétisation de nos populations
dans nos langues nationales, qu’il
convient d’intégrer de manière
formelle et progressive dans les
programmes scolaires ;
Il sera nécessaire de promouvoir la
recherche en encourageant tout
particulièrement les travaux de
recherche dans nos universités, dans le
sens d’un partenariat avec les
entreprises, et les administrations ;
La recherche fondamentale et la
recherche appliquée ne doivent plus se
tourner le dos. Nos universitaires
doivent, par leurs travaux de haut
niveau, alimenter autant les réflexions
80
et la prise de décisions dans
l’administration que les performances
dans les entreprises.
4.2 Santé publique et Protection sociale
Ce secteur n’échappe pas au même
constat que l’éducation.
Les infrastructures publiques
hospitalières sont pour la plupart vétustes, et la
construction récente de l’hôpital militaire de
Parakou et le réaménagement du pavillon des
urgences du CNHU Hubert Koutoukou MAGA,
sont manifestement utiles mais hélas
insuffisants.
Plus préoccupant est l’état
d’obsolescence, et de vétusté, de la plupart des
matériels en usage dans nos hôpitaux et centres
81
de santé ; il y a tout lieu de craindre, à ce titre,
des implications négatives dans la qualité des
soins dispensés aux malades.
Ici encore, les places ou lits de malades,
comme les effectifs des personnels sont
insuffisants, au regard des missions à accomplir
et compte tenu du dynamisme de notre
démographie.
Il y faut, en conséquence, comme sous
la rubrique précédente, un plan
d’urgence et massif (personnels,
infrastructures, plateau technique),
conçu en concertation avec les
personnels hospitaliers et leurs
syndicats, étalé sur la durée, et objet
également d’une évaluation périodique ;
82
Promouvoir et développer des politiques
sectorielles tendant au renforcement du
système de santé, ainsi qu’à la prise en
charge des soins, notamment à
destination de la mère et de l’enfant,
ainsi que des populations les plus
démunies.
En particulier, il y a lieu
d’améliorer nos performances dans la
réduction de la mortalité maternelle,
infantile et néo-natale ;
Il nous faut nous adosser aux OMD
(Objectifs du Millénaire pour le
Développement) et aux ODD (Objectifs
du Développement Durable) et
promouvoir des politiques spécifiques
d’accès aux soins et de protection
83
sociale en faveur des populations les
plus déshéritées ;
Cette politique de protection sociale ne
doit pas exclure les personnes du
troisième âge ;
Trop souvent négligées, des mesures de
prophylaxie sociale devront être
développées et amplifiées, par des
campagnes massives d’information, en
matière d’hygiène notamment, et des
actions fortes de prévention ;
Encore plus négligés, les handicapés
devront être érigés comme priorité de
l’action publique sanitaire, de telle sorte
que soient mises en place des structures
adaptées à la prise en charge des
différents types de handicap.
84
4.3 Condition féminine et Promotion du
Genre
Les femmes constituaient, lors du dernier
recensement, un peu plus de la moitié de la
population de notre pays.
Mais leurs situations sont très inégales.
Surtout, en raison de nos pesanteurs
sociologiques, elles se voient infliger des
handicaps à leur épanouissement, parfois à leurs
ambitions.
Or, c’est toute notre société qui serait
durablement handicapée si les freins au
développement des femmes et de nos filles ne
sont pas levés.
Des efforts soutenus doivent être consacrés à
la promotion de la femme, trop souvent traitée
dans notre société de manière inégalitaire.
85
Se préoccuper de scolariser les filles
et les maintenir à l’école, en traitant
les causes de leur déscolarisation
(pesanteurs sociologiques, situation
financière des parents, grossesses non
désirées) ;
Mener des politiques ciblées à
destination des femmes les plus
défavorisées à l’effet de les sortir de
leur situation de précarité ;
Promouvoir des actions fortes,
centrées sur la famille, intégrant aussi
bien les questions liées au planning
familial, à la protection sociale, et à la
solidarité ;
Promouvoir et augmenter l’accès et le
niveau de représentation des femmes
dans les conseils d’administration des
sociétés, et autres instances de
86
décisions, ainsi que dans les fonctions
politiques ;
Formaliser l’égalité des droits
homme-femme en favorisant une
législation sur la parité, s’agissant des
listes électorales ;
Eriger en cause nationale, la lutte
contre les violences faites aux
femmes.
4.4 Jeunesse
La jeunesse, c’est l’âge de tous les rêves,
de tous les espoirs, du tout possible. Ainsi, la
finalité de l’engagement des jeunes est leur
volonté d’agir, leur désir de changer ou de faire
progresser les choses dans la société. Ils ont des
87
idées et des convictions qu’ils veulent faire
valoir; faire valoir leur vision de la société.
Les jeunes estiment qu’après la famille et
l’école, les milieux associatifs sont un élément
important et un espace pertinent pour exercer
leur citoyenneté, donc la démocratie. C’est
l’occasion pour eux de faire la quête de leur
compétence et mettre en pratique les valeurs
d’égalité, de solidarité et de respect d’autrui.
Ce sont en outre les futurs dirigeants, qui
ont encore l’ambition de changer le monde. A
cet égard, ils sont capables de développer leurs
potentialités pour un meilleur sens du
leadership, améliorer leur sens de responsabilité,
mieux s’engager activement dans la société. Ils
peuvent être une force active du changement
social.
88
On constate que les jeunes dépendent plus
longtemps de leurs parents au point de vue
économique. Leur insertion dans la vie sociale
n’est réalisée ni par le système scolaire, ni par
les structures économiques, conséquence du
chômage, du sous-emploi, de la conjoncture
économique aléatoire et de l’inadéquation entre
la formation et les emplois offerts sur le marché.
Eu égard à la forte croissance de la
jeunesse, il y a lieu de trouver un exutoire à la
spontanéité de cette frange dont il faut nourrir
l’ambition en lui trouvant des débouchés.
Ainsi, par l’éducation, il faut forger des
jeunes et des citoyens fiers de leur culture
africaine.
Les enquêtes récentes des Nations Unies
ou d’autres organisations internationales
89
démontrent que l’Afrique a la population la plus
jeune au monde, et que cette tendance ira en
s’accroissant de telle sorte que la catégorie des
jeunes formera la majorité de la population.
Notre pays n’échappe pas à cette tendance.
La responsabilité et le devoir d’un
gouvernement soucieux du bien-être de ses
populations est de prendre en compte cette
réalité.
Outre la politique ci-avant développée en
matière d’éducation, des actions spécifiques
s’imposent :
L’Etat doit notamment encourager et
favoriser l’entrepreneuriat des jeunes
pour réduire le taux de chômage ;
90
Promouvoir et institutionnaliser un
système d’échanges culturels, avec des
écoles, des universités, ou autres
institutions à l’étranger;
Renforcer la participation des jeunes à la
vie politique du pays, en les associant
davantage aux travaux des diverses
institutions (Conseils municipaux,
Conseil économique et social, Chambre
du Commerce et de l’Industrie,
Assemblée nationale, etc.), ce qui
contribuera incontestablement à les
préparer à la relève ;
En matière de sport, repenser nos
méthodes en y intégrant la pratique
systématique et généralisée de détection,
dès l’école, des jeunes présentant des
91
aptitudes, sans remettre en cause le sport
de masse ;
Mettre en place des structures pour les
suivre au long de leur scolarité et créer
les conditions pour les amener à
éclosion ;
Favoriser la mise en œuvre d’un sport
professionnel et aménager un statut, ou
tout au moins, des conditions spécifiques
pour les sportifs professionnels et les
sportifs de haut niveau.
*
* *
Mon objectif clairement affirmé, étant de
parvenir à un taux de l’IDH (Indice de
Développement Humain) traduisant une
92
amélioration notable des conditions de vie de
nos populations.
Dans le rapport annuel 2014 du PNUD
sur le développement humain, notre pays est au
165eme
rang sur 187, avec un IDH de 0,476
contre 0,436 en 2013.
De 1980 à 2013, cet indice a évolué de
0,287 à 0,436.
Il y a donc nécessité de développer des
politiques volontaristes, à l’effet de combattre
les vulnérabilités du cycle de vie, et réduire les
inégalités.
5. Investissements
Aucune œuvre de développement d’un
pays ne peut produire de résultat sans la
croissance.
93
Nous devons marteler que le moteur, la
condition préalable, le déterminant de la
croissance, ce sont les investissements. A défaut
d’investissements, il ne saurait y avoir
d’activités. A défaut d’investissements, il ne
saurait y avoir d’emplois. A défaut
d’investissements, il ne saurait y avoir
développement.
Le rôle éminent de l’Etat doit être, d’une
part, de créer un environnement favorable à la
pratique des activités économiques, d’autre part,
de déterminer les secteurs sur lesquels doivent
se porter les efforts d’investissements.
5.1 Commerce et environnement des
affaires
Trop longtemps, dans notre pays, le
désordre, la confusion, l’informel et
94
l’improvisation ont caractérisé la pratique des
activités économiques de toutes natures.
Il y a lieu, dès lors, de sauvegarder les
intérêts des opérateurs économiques nationaux
en leur créant des conditions qui garantissent la
sécurité juridique de leurs opérations et
investissements.
En effet, il ne saurait y avoir de progrès
économique et social sans sécurité juridique
préalable : celle-ci suppose l’établissement de
règles juridiques, économiques, financières et
budgétaires ayant une certaine permanence,
qui n’excluent pas les évolutions
éventuellement nécessaires.
Dans nos sociétés contemporaines, c’est le
secteur privé qui crée les emplois, et la richesse
mesurée par le Produit Intérieur Brut (PIB).
95
C’est dire que tout opérateur économique en
quête d’efficacité pour son entreprise a besoin
de stabilité, de lisibilité et d’anticipation qui lui
permettent d’être rassuré, et en conséquence, de
planifier ses investissements et ses activités à
moyen et long termes.
Il ne saurait être soumis aux aléas des
improvisations et autres approximations, encore
moins aux changements intempestifs des
règlements ou des politiques publiques.
Si les pouvoirs publics, à juste titre, peuvent
s’inquiéter du taux de chômage, ce sont les
opérateurs économiques qui, par leurs activités,
sont susceptibles de créer des emplois.
Dans ces conditions, outre la stabilité de la
règlementation à laquelle l’Etat doit veiller, il est
impératif d’instaurer une réelle concurrence
96
dans la vie économique, par des textes clairs,
adaptés et respectés de tous.
Ces textes doivent envisager, notamment :
- les conditions de création d’entreprise ;
- les conditions d’accès au marché ;
- les conditions d’une concurrence libre,
saine et transparente;
- la fiscalité et les taxes ;
- la législation sociale et du travail ;
- le droit du crédit et les garanties y
afférentes ;
- les systèmes de contrôle et, les sanctions
en cas de manquement.
A cet égard, on ne comprendrait pas qu’en
matière d’appel d’offres, les règles prévues
soient dévoyées de telle sorte que
97
l’adjudicataire retenu soit ultérieurement
évincé par tel concurrent, dans des conditions
manifestement opaques. L’Etat ne saurait, au
gré de l’humeur des gouvernants, détricoter
le lendemain ce qui a été tricoté la veille.
Une remise en ordre s’impose, sans délai.
C’est un devoir autant qu’une mission de
salubrité publique.
La place du Bénin, dans les profondeurs
du classement annuel établi par les institutions
internationales sous l’appellation DOING
BUSINESS, est révélatrice de l’ampleur du
redressement à faire.
A titre d’exemple, pour les années 2012,
2013 et 2014, notre pays était classé
respectivement 176ème
, 175ème
et 174ème
sur 185.
98
Des actions fortes doivent donc être
menées :
• Procéder à l’évaluation de notre arsenal
législatif, règlementaire, juridique de tous
ordres, régissant les activités
économiques ;
• Privilégier une législation et une
règlementation adaptées aux secteurs
d’activités visés ;
• Simplifier les procédures administratives,
et formalités ;
• Réduire les délais et les coûts des
formalités ;
• Repenser et améliorer le G.U.F.E.
(Guichet Unique de Formalité des
Entreprises), qui en réalité, n’a pas
supprimé les intermédiaires entre le
99
créateur d’entreprise ou l’opérateur
économique, et le R.C.S. (Registre du
Commerce et des Sociétés) ou le
R.C.C.M. (Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier) ;
• Par-dessus tout, veiller au respect et à
l’application des lois, règlements et
procédures administratives prévus, dont le
contournement est devenu un sport
national.
En matière de Politiques Publiques
d’Investissements, c’est à l’occasion du choix de
ses priorités, que l’Etat doit marquer sa stratégie
pour les années à venir.
C’est autour de ses orientations que le
Gouvernement doit mobiliser et motiver les
populations, en tout premier lieu, les opérateurs
économiques et les travailleurs des filières
répertoriées.
100
Pour ma part, je retiendrai trois secteurs :
agriculture, industrie et infrastructures.
5.2 Agriculture, élevage, pêche et
activités dérivées.
Comme il a été précédemment évoqué,
l’agriculture et ses dérivés constituent la
première richesse de notre pays. Il suffit de se
rappeler l’importance que revêt la culture du
coton ainsi que son incidence sur les recettes de
l’Etat.
Mais rien ne justifie que notre pays
s’enferme dans cette monoculture de rente : une
politique de promotion de la diversité agricole
doit être envisagée et développée avec constance
sur la durée.
Le Gouvernement devra se fixer pour but,
à la fois, d’atteindre la sécurité
101
alimentaire ; de développer nos cultures
d’exportation ; et de fixer les populations
rurales sur leurs lieux de vie, au travers
des emplois générés sur place par les
activités du secteur ;
Le Gouvernement doit intégrer ce but
dans ses critères d’analyse en vue de la
prise des décisions d’orientation des
investissements dans ce secteur ;
A cette fin, il est plus qu’opportun de
définir une loi d’orientation agricole,
accompagnée d’un budget massif
pluriannuel, après concertation avec
toutes les parties concernées ;
Veiller à la diversification maîtrisée des
cultures et autres activités du secteur ;
102
Envisager le développement, à nouveau,
de la culture du palmier à huile ;
Encourager la formation de coopératives
et de regroupements volontaires ;
Veiller à développer en la matière, un
partenariat public-privé harmonieux, sans
acrimonie ni agressivité, de part et
d’autre ;
Mener des actions fortes en vue de
développer de manière intégrée la vallée
de l’Ouémé, terre éminemment fertile, et
aux atouts touristiques et
environnementaux d’importance,
manifestement sous exploitée ;
Les activités, relatives à l’élevage et à la
pêche nécessitent d’être repensées et
réorganisées avec pour finalité, un
103
développement intégré desdites filières
avec l’agriculture.
En particulier, il conviendra de préserver nos
producteurs nationaux, notamment, éleveurs,
aviculteurs, pécheurs contre les effets de
certaines importations massives mettant en péril
la pérennité de leurs exploitations.
Ceci passe par une plus grande rigueur de la
qualité de leurs méthodes d’exploitation, et de
leurs produits, et par une efficience des services
vétérinaires et de contrôles d’hygiène dépendant
de l’Etat.
5.3 Industrie
Le but que doit se fixer le Gouvernement,
outre les emplois générés par le secteur, doit être
impérativement la recherche de la valeur
ajoutée.
104
A cette fin, l’on devra viser la
transformation sur place de la
production tirée de nos ressources
agricoles, d’élevage, halieutiques et
minières ;
Il y a urgence à répertorier et délimiter
nos réserves minières et
d’hydrocarbures, et nos sites de
matériaux de construction (argile,
calcaires, marbres, etc.) ;
S’agissant des ressources minières, le
Gouvernement devra proscrire la gestion
confidentielle des conventions de
partenariat public-privé, signées avec les
opérateurs économiques du secteur ;
De manière générale, s’agissant de
l’implantation d’usines et autres unités
105
de production, l’on devra veiller à la
cohérence des projets envisagés ;
En tout état de cause, il doit être procédé
à la révision de notre code minier pour
l’adapter aux règles habituelles de la
concurrence, communément pratiquées à
l’international, avec le souci impérieux de
préserver à la fois les intérêts du pays et
de nos populations.
Les décrets et règlements formant notre
code minier, ne sauraient avoir pour
conséquence de créer des distorsions dans la
concurrence, ni de favoriser la braderie
échevelée du patrimoine national, en raison des
avantages exorbitants, voire inconsidérés,
accordés de manière discrétionnaire à tel
opérateur économique, alors qu’ils sont
inhabituels dans les relations commerciales.
106
5.4 Infrastructures
Voilà encore un domaine dans lequel notre
pays a incontestablement pris du retard.
La question des infrastructures ne saurait être
dissociée de la problématique de l’aménagement
du territoire et de l’environnement.
Doter un pays d’infrastructures, c’est
procéder à la réalisation d’équipements
d’importance, permettant le développement.
Ces équipements doivent être répartis de
manière harmonieuse sur toute l’étendue du
territoire, irriguant le pays depuis la capitale
jusqu’au plus lointain village, du sud côtier
jusqu’à la pointe nord, de l’est à l’ouest.
Une réflexion globale et préalable doit donc
conduire à la prise en compte des paramètres
ressortissant aussi bien à l’aménagement du
107
territoire, à l’environnement, et à la
décentralisation.
La finalité d’une politique d’infrastructures
intégrée est d’améliorer le bien-être des
populations, aussi bien dans leur habitat que
dans leurs diverses activités de toutes natures.
Cela doit intégrer :
- l’accès à l’eau et à l’énergie ;
- un réseau routier permettant la
circulation des personnes et des biens ;
- ports maritimes ou fluviaux ;
- aéroports ;
- établissements administratifs, scolaires
et universitaires, de santé ;
- etc.
Trop de régions restent enclavées, et notre
réseau routier est inadapté au trafic de plus en
108
plus important généré par le dynamisme
économique de notre sous-région.
L’Etat devra définir une politique de
GRANDS TRAVAUX, intégrée dans le cadre
de la DECENTRALISATION, et tenant compte
des besoins de l’AMENAGEMENT DU
TERRRITOIRE.
Ce programme devra notamment porter sur
l’extension de notre réseau routier et autoroutier.
Le risque serait de focaliser les énergies et
les ressources financières uniquement vers les
grosses infrastructures d’importance nationale
au détriment de structures locales telles,
établissements scolaires, centres de santé,
centres culturels, marchés, bâtiments
administratifs, complexes sportifs, etc.
109
L’on aurait tort de sous-estimer l’importance
et la nécessité d’une couverture généralisée de
l’ensemble du territoire : ceci n’est pas sans
incidence sur les conditions de vie de nos
populations.
Par ailleurs, l’Etat doit afficher une réelle
politique des frontières en marquant sa
présence, notamment par l’installation
systématique et généralisée de services de l’Etat
à toutes nos frontières terrestres.
6. Environnement et Aménagement du
territoire
Nos populations ne sauraient être
dépossédées de leurs territoires, soit par la vente,
à des intérêts privés, d’hectares innombrables
par les pouvoirs publics, soit encore par les
110
méfaits de la pollution, ou les conséquences du
réchauffement climatique.
C’est dire l’importance et l’urgence des
questions liées à l’environnement et à
l’aménagement du territoire.
Il s’agit d’un impératif affirmé par la
Constitution du 11 Décembre 1990, qui dispose
que « toute personne a droit à un environnement
sain, satisfaisant et durable, et a le devoir de le
défendre. L’Etat veille à la protection de
l’environnement. »
Il y a donc nécessité pour les pouvoirs
publics de mener des actions de nature à
favoriser la réappropriation de leurs territoires,
par les populations
Nécessité de répertorier les ventes
intervenues des terres rurales et procéder
à la réévaluation de ces opérations ;
111
Dégager des ressources financières
conséquentes, sur la durée, pour la
protection et la préservation de notre
littoral contre le phénomène naturel et
bien connu d’érosion côtière, qui a déjà
détruit et emporté beaucoup de propriétés
sur son passage ;
Prendre des mesures drastiques contre les
actes de déboisement sauvage et de
déforestation ; et dans le même temps,
favoriser et développer des campagnes et
programmes de reboisement, en
répertoriant, à cette fin, des sites adaptés ;
Mener une action vigoureuse contre
l’utilisation et l’abandon des sachets
plastiques, trop souvent jetés sur la voie
publique et constituant de véritables
112
plaies polluantes du cadre de vie des
béninois.
A cet effet, le Gouvernement ne devra pas
fléchir si cela doit conduire à interdire
l’importation de ces sachets ;
Il conviendra de participer de manière
plus marquante, aux conférences
internationales, relatives aux effets du
réchauffement climatique, en y associant
notamment les initiatives et les
expériences tirées du vécu de nos
populations.
S’agissant tout particulièrement de
l’aménagement du territoire :
Il y a lieu, pour l’Etat, de développer une
véritable politique de décentralisation
113
comportant, à la clé, des transferts de
compétences, et de fonds, à destination
des collectivités territoriales et locales,
dans le souci de rapprocher les lieux de
prise de décisions des lieux d’exécution ;
l’Etat devra agir de concert avec les
collectivités territoriales et locales, tout
spécialement en matière d’urbanisme et
d’habitat, pour réduire les nuisances
récurrentes trop souvent subies par nos
populations, en raison des inondations en
saison pluvieuse, et de l’insalubrité ;
L’Etat devra également être aux côtés des
populations pour mettre fin à la gestion
parfois anarchique, voire illégale, des
ventes de parcelles de terrain, et des
opérations de recasement par de
nombreuses collectivités locales ;
114
De manière générale, il est plus qu’urgent
pour l’Etat, d’organiser un vrai service
public du cadastre comportant des
moyens modernes d’informatisation : ceci
serait de nature à réduire les problèmes
fonciers et l’important contentieux qui en
découle.
Un cadastre informatisé me paraît un outil
préalable et indispensable à l’application de
notre code foncier et domanial.
Promouvoir une véritable politique
d’assainissement ;
Développer des systèmes éprouvés de
traitement des ordures, plutôt que de les
déverser en vrac, à l’air libre, dans le
voisinage immédiat de l’habitat des
populations.
115
7. Eau et Energie
Bien que faisant l’objet, sous cette rubrique,
d’un développement particulier en raison de son
importance, la question de l’eau et de l’énergie
ne saurait être dissociée de la réflexion,
nécessairement globale, relative aux
infrastructures, à l’aménagement du territoire et
à l’environnement.
Notre pays n’échappe pas, hélas, à la
problématique de l’accès à l’eau et à l’électricité
pour nos populations, dans nos villes comme
dans nos campagnes ; et la croissance soutenue
de notre démographie a accentué l’acuité du
problème.
La production-distribution de l’eau et de
l’électricité procède d’activités qui ne sont pas
de même nature ; et il est heureux que dans notre
116
pays, ces deux secteurs, gérés pendant
longtemps par une structure unique connaissent
dorénavant une gestion séparée, l’eau par la
SONEB (Société nationale des eaux du Bénin),
l’électricité, par la SBEE (Société béninoise
d’énergie électrique).
Mais cela n’a malheureusement pas réglé les
difficultés de nos populations, encore trop
souvent, et parfois durablement, victimes de
coupures et de délestages intempestifs dans la
fourniture d’eau ou d’électricité, aussi bien pour
leurs besoins domestiques que pour leurs
activités économiques.
En outre, le maillage du territoire est
manifestement insuffisant, de nombreuses
localités n’étant pas raccordées aux réseaux de
distribution d’eau et d’électricité.
117
Les défis à relever sont importants, voire
énormes.
Il faut y engager, en premier lieu, des
moyens financiers colossaux en termes
d’investissement ; à cet effet, le
Gouvernement doit rechercher sans
relâche, et avec empressement, des
investisseurs nationaux ou étrangers, prêts
à travailler sur la durée ;
Le Gouvernement ne doit pas s’interdire
d’étudier la possibilité de l’ouverture à la
concurrence des secteurs de l’eau et de
l’électricité ;
Il faudra envisager cette éventualité dans la
clarté et non de manière confidentielle et
insidieuse, limitée à certains cénacles.
Dans cette hypothèse, il conviendra
d’élaborer, d’une part, des termes de
118
référence (TDR) fixant très nettement les
objectifs à atteindre, d’autre part, un cahier
des charges propres à chacune des
activités, comportant des conditions
protectrices des intérêts du pays, des
consommateurs et des travailleurs
concernés.
Concernant l’eau
le Gouvernement devra inciter les
opérateurs du secteur à multiplier les
usines de production ou les unités
d’approvisionnement;
compléter les infrastructures de
production-distribution par des unités de
forage domestique dans les villages, et
partout où ce système serait adapté.
119
S’agissant de l’énergie
il y aura lieu d’engager des études, puis
des actions fortes tendant à la recherche
et au développement de sources
alternatives de production d’énergie,
notamment solaire et éolienne, gaz,
biogaz, etc.
Enfin, il devient impératif de dégager des
moyens financiers massifs, pour accélérer
la rénovation ou le remplacement des
réseaux de distribution devenus, à
certains égards, vétustes.
8. Culture
La richesse et la diversité de la culture de
notre pays ne sont plus à démontrer.
Cette diversité se constate par le
foisonnement et la multiplicité de manifestations
120
irriguant toutes nos régions, faisant vivre les
rites traditionnels, rythmes, danses et arts de nos
populations.
En cela, notre culture est une véritable
richesse, et ce patrimoine mérite d’être conservé,
et valorisé.
Il y va de la préservation de la mémoire
collective. Un peuple ne peut pas se développer
dans la culture d’autrui.
Le rôle de l’Etat en la matière doit être
d’accompagner nos artistes et artisans, et
tous les protagonistes de la filière.
Cela nécessite, d’une part, la mise à
disposition du secteur, d’un budget
radicalement revalorisé, d’autre part, des
actions et de véritables programmes de
promotion de nos valeurs et traditions
culturelles, élaborés en concertation avec
121
nos artistes et artisans, et tous les
membres des diverses associations et
autres groupes d’animation.
A cet égard, le Gouvernement doit
impérativement faire en sorte que le
FITHEB (Festival International de
Théâtre du Bénin) retrouve ses lettres de
noblesse.
Ce festival, événement culturel
panafricain, nécessite un reposition-
nement de son ambition d’être le plus
grand festival de théâtre d’Afrique. Son
rayonnement ne saurait être freiné ou
assombri par un défaut de financement de
l’Etat, ou des querelles subalternes.
Il en est de même du MAIDA (Marché
International de la Danse) dont l’activité
doit être revigorée et recentrée, avec, en
122
tant que de besoin, la mise à disposition
des fonds par l’Etat.
Nos musées nationaux ou publics ne
doivent pas tomber dans l’oubli, ni être
laissés à l’abandon : là encore, une action
vigoureuse des pouvoirs publics doit être
menée sur la durée, en concertation avec
les responsables des établissements.
Envisager la création d’un musée national
d’art contemporain.
Eriger au rang d’impératif par le
Gouvernement, la généralisation des
centres culturels sur toute l’étendue du
territoire, tout particulièrement à l’égard
de la jeunesse.
S’agissant tout particulièrement de
l’artisanat, cette activité représentait à une
époque récente, 13% de notre PIB ; c’est
123
donc le troisième secteur pourvoyeur
d’emplois au Bénin.
L’Etat doit donc, de manière
significative, contribuer à la promotion
des produits artisanaux, tout
spécialement, à l’occasion du SNAB
(Salon National de l’Artisanat du Bénin),
et ne saurait dès lors, ignorer les
doléances des artisans qui se plaignent, à
juste titre, de manière récurrente, d’un
manque d’appui institutionnel.
Sans doute conviendrait-il de mettre en
place un Fonds de Soutien pour la
Promotion de l’Artisanat (FNPA).
Ce fonds pourrait notamment servir au
soutien des professionnels pour leurs
besoins en matières premières.
124
En outre, l’Etat pourrait se montrer
exemplaire pour la promotion des
produits artisanaux, en réservant aux
professionnels nationaux, une quote-part
significative des commandes de mobiliers
et accessoires de bureaux acquis par
l’administration.
9. Communication et TIC (Technologies
de l’Information et de la Communi-
cation)
Le monde étant devenu un grand village
planétaire, les technologies de l’information et
de la communication constituent un moyen
privilégié d’échanges, de communication,
d’acquisition de connaissances, autant qu’un
grand marché immédiatement accessible.
125
Aucun pouvoir politique n’est indifférent
aux questions liées à l’information, ni aux
technologies nécessaires à son traitement.
L’information relève de la presse, mais
l’évolution, ces dernières années, des
technologies de la communication, ont fait
exploser les sources d’information, et modifié le
traitement de l’information.
Notre organisation juridique en la matière
s’est enrichie par l’institution de la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et de la
Communication (HAAC), ainsi que de
l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique
dans les Medias (ODEM) et de l’Autorité de
Régulation des Communications Electroniques
et de la Poste (ARCEP).
126
Les patrons de presse sont également
associés à la régulation du secteur au travers du
Conseil National du Patronat de la Presse et de
l’Audiovisuel (CNPA).
L’action du Gouvernement doit être en
premier lieu de préserver la presse, donc
les journalistes, en élaborant un statut de
la presse en concertation avec les
professionnels ;
Le Gouvernement doit s’engager sans
état d’âme dans la dépénalisation des
délits de presse. Ce serait en outre une
véritable avancée de l’Etat de droit ;
Sans doute, conviendrait-il de procéder à
une clarification des missions de la HAAC,
s’agissant de son pouvoir de contrôle et
d’injonction sur les medias du service
public, notamment pour assurer l’égalité de
127
traitement et d’accès à tous les courants, y
compris de l’opposition parlementaire ;
S’agissant des technologies, l’Etat doit
promouvoir des politiques incitatives à
destination des opérateurs économiques et
professionnels du secteur, et, en ce qui le
concerne, dégager des ressources
financières suffisantes pour développer
l’accès à internet haut débit de qualité, et le
numérique.
L’on ne devrait pas sous-estimer
l’envahissement du secteur par une kyrielle
de structures non habilitées, semant la
confusion et faisant une concurrence
déloyale aux professionnels du secteur ;
l’Etat, au travers de son bras armé,
l’ARCEP, doit y veiller pour y faire échec ;
128
Promouvoir l’économie numérique ainsi
que les nombreux avantages qu’elle
comporte et organiser des campagnes
d’information et des stages.
10. Diplomatie
A notre époque moderne, les risques
auxquels sont confrontés les Etats ont augmenté
de manière exponentielle, survenant hélas,
n’importe où et à tout moment. Il convient d’y
être attentif et d’élaborer des mesures
d’anticipation.
Pour un pays comme le Bénin, la politique
étrangère doit tenir compte, à la fois de nos
intérêts propres, de notre environnement sous
régional, et des nouveaux risques identifiés au
niveau de la communauté internationale.
129
Le sort du Bénin ne saurait être
indissociable de celui de nos voisins immédiats
de la sous-région.
Dans celle-ci, se développent sous nos
yeux, ces dernières années, de nouveaux risques,
tenant au terrorisme, à la piraterie maritime, et
même à des pandémies.
Sous cet angle, notre diplomatie doit être
repensée et recentrée, de telle sorte que la
présence du Bénin soit réellement ressentie et
notre leadership réaffirmé, mais sans aucun
antagonisme.
En élargissant la perspective, nous ne
saurions exister qu’en bâtissant des
convergences avec nos partenaires, dans le souci
bien compris des intérêts de nos populations.
130
Notre diplomatie devra s’attacher à
restaurer et à préserver la lisibilité du Bénin et
de sa politique étrangère.
Plus que jamais, celle-ci sera servie par
des diplomates de carrière, formés à cette fin,
dont c’est le métier. L’Etat doit mettre un point
d’honneur, non pas à bouleverser, mais à
préserver la carrière et les fonctions de nos
diplomates, notamment, de ceux en poste à
l’étranger.
L’on devra mettre fin à la valse
intempestive ou inopinée de nos ambassadeurs,
hélas, parfois moqués comme des
« représentants épisodiques en
sédentarisation », dont certains postes restent
vacants contre toute logique.
131
Il conviendra d’institutionnaliser une
Conférence des Ambassadeurs, selon une
périodicité régulière et bien établie, par exemple
tous les deux ou trois ans.
De manière générale, et par principe,
l’Etat devra définir et adopter une stratégie
claire en matière de politique étrangère, en
poursuivant des relations et des échanges apaisés
avec nos alliés et amis traditionnels, tout en
développant des partenariats avec les nouveaux
pays émergents.
La stratégie du Bénin en matière de
politique étrangère devra également intégrer les
institutions techniques ou spécialisées, parmi
lesquelles :
- La Banque Mondiale ;
- Le FMI ;
132
- Le PNUD ;
- La BAD ;
- La BCEAO ;
- La BOAD ;
- La BID
- Etc.
Dans la mesure où les décisions
éventuelles de ces institutions impactent notre
économie, l’Etat béninois ne peut qu’accroître
ses échanges et son partenariat avec elles.
*
* *
En conclusion de mon ambition pour le
Bénin, j’ajouterai que la mauvaise gestion des
problèmes peut être souvent liée à des
contraintes politiques, mais la mauvaise gestion
des rouages administratifs et politiques de l’Etat
133
est une affaire de leaders politiques voulant
satisfaire les intérêts de leurs partis ou de leur
coalition au détriment de l’intérêt général.
Le réel obstacle aux réformes
systémiques n’est pas le manque d’idées ou de
textes, mais le défaut de méthode.
Une nation ne saurait se passer d’une
grande espérance, d’une vision agissante du
futur.
Mais les populations africaines, et
béninoises en particulier, doivent-elles se
résigner à la veille de chaque rendez-vous
électoral, à boire jusqu’à la lie, le calice de la
démagogie qui leur promet des lendemains qui
chantent, des discours de puissance aussi
consternants que dangereux !
134
Faire vivre une vision collective et y
croire dur comme fer, ce n’est pas promettre
naïvement du rêve mais c’est se donner les
moyens de dissiper les inquiétudes de ses
concitoyens.
136
La destinée d’un homme, comme celle
d’un pays, ne s’improvise pas, elle se construit
d’abord, elle se réalise ensuite.
Quant à moi, le moment est venu de
fendre l’armure.
J’ai servi mon pays, droit dans mes
bottes, avec enthousiasme, toujours avec
discipline et respect. Respect à l’égard de mes
chefs, puis de la haute hiérarchie militaire de
mon pays, comme à l’étranger, à l’occasion de
mes missions internationales. Discipline au
regard des devoirs de ma charge d’officier des
Forces Armées de mon pays.
Au fil des ans, et de mon expérience, j’ai
acquis la conviction, chevillée au corps, qu’il
137
n’y a dans la vie des hommes comme des Etats,
rien d’inéluctable, dès lors que la volonté
demeure et précède l’action.
Ma volonté est entière, nourrie par mes
observations résultant de mes diverses fonctions
et de ma proximité professionnelle avec nos
dirigeants nationaux autant qu’au niveau de
l’Union Africaine. Cette volonté a parfois
rencontré des frustrations, tant certaines
décisions de gouvernance me paraissaient
inadaptées, et en tout état de cause, impropres à
régler les problèmes du pays.
Mais cette volonté a tout aussi bien nourri
mon ambition, le moment venu, d’exposer à
l’opinion publique béninoise, ma part de vérité,
et encore plus, mon rêve de voir enfin ce pays
relever la tête, être debout, fier de notre histoire
commencée et léguée par nos anciens, que nous
138
devons poursuivre avec responsabilité et
enthousiasme : tresser la nouvelle corde au
bout de l’ancienne, est une leçon de nos pères
que nous aurions tort d’oublier.
Telle est la première raison, constituant la
base de la pyramide porteuse de mon ambition :
celle d’un homme, un jour… qui se lève et qui
dit non.
Non à l’incivisme.
Non à la médiocrité.
Non à la corruption.
Non à l’impunité.
Non au laxisme.
Non aux abus.
Cette ambition, encore et surtout, est
portée vers l’avenir, celui du Danxom, plus tard
139
Dahomey, aujourd’hui, Bénin. Cette ambition
pour l’avenir du Bénin consolide le socle de la
pyramide et constitue ma seconde raison
d’œuvrer à un Bénin à nouveau debout.
Notre cher Bénin, riche de sa diversité
par ses filles et fils du nord comme du sud, du
centre et de toutes nos belles contrées.
Notre cher Bénin, riche de sa jeunesse
enthousiaste, qui ne demande qu’à apprendre, à
agir, à s’intégrer dans ce monde en mouvement,
non en tant que sujets passifs et consommateurs
de ce qui leur serait imposé, mais en acteurs
volontaires et réfléchis, responsables de leur
développement et de leur émancipation.
Notre cher Bénin, riche de ses femmes
entreprenantes, pleines d’énergie et
140
d’abnégation, capables de fulgurance et en
même temps remplies de délicatesse. Elles sont
dans nos marchés, au bord des voies, se levant
tôt, à l’ouvrage avant que le jour ne paraisse,
exerçant deux ou trois métiers et parfois
davantage dans la même journée, pour enfin se
coucher tard le soir, les dernières, lorsque les
vicissitudes de la vie leur en laissent l’occasion.
Notre cher Bénin, riche de ses paysans
qui travaillent sans compter pour nourrir nos
populations, et en outre produire des cultures
qui rapportent au pays des recettes
d’exportation ; mais il est incontestable que leur
sort mérite d’être amélioré et leur travail
revalorisé.
Notre cher Bénin, riche de ses cadres de
toutes catégories, du secteur privé comme de
l’administration, qu’il s’agisse d’agents
141
permanents de l’Etat, ou de fonctionnaires
territoriaux ou locaux.
Notre cher Bénin, riche de sa diaspora qui
a essaimé partout dans le monde, avec
compétence, énergie et enthousiasme, toujours
prête et disponible à consolider le
développement du pays par ses expériences
diverses et variées.
Notre cher Bénin, riche de ses retraités,
hommes et femmes d’expérience qui ont
consacré beaucoup d’années de leur vie au
développement et à la prospérité du pays, et qui
en retour mériteraient le respect, la considération
et la totale solidarité de la population active.
Notre cher Bénin, riche de ses artistes de
toutes obédiences aux talents affirmés et
reconnus en Afrique et au-delà, éminents
142
ambassadeurs de notre culture et de l’identité
béninoise ; on ne saurait leur donner tort quand
ils considèrent ne pas être suffisamment
soutenus par les autorités du pays, au premier
rang desquelles, leur ministère de tutelle.
Il en est de même de nos artisans,
détenteurs d’un réel savoir-faire, parfois
ancestral, qui auraient bien besoin d’un soutien
significatif pour préserver et améliorer leurs
techniques qui leur garantissent une meilleure
compétitivité aux plans continental et
international.
Notre cher Bénin, riche de ses opérateurs
économiques, actifs et inventifs, travailleurs et
persévérants, trop souvent corsetés par une
paperasserie administrative devenue aussi
inexplicable qu’inextricable.
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Notre cher Bénin, riche de ses Forces de
Défense, boucliers de la nation, ses Forces de
Sécurité et assimilées, personnels au
dévouement insuffisamment reconnu, et qui
pourtant mériteraient d’être encouragés par une
mise à disposition de moyens suffisants pour
leurs missions, complétée par des rémunérations
revalorisées, équitables et adaptées.
Notre cher Bénin, riche de ses
intellectuels, dont le rayonnement en Afrique et
ailleurs, a pu valoir à notre pays d’être appelé
‘’le quartier latin de l’Afrique’’. J’en appelle à
leur réveil, à la nécessaire rupture de
l’assujettissement de leurs idées au pouvoir de
l’argent, à la réaffirmation de leur liberté, et
surtout de leur indépendance de pensée.
Enfin, notre cher Bénin, riche de sa
spiritualité, attestée tout spécialement
par notre Constitution qui fait obligation au
144
Président de la République élu, de prêter
serment « …Devant Dieu, les Mânes des
Ancêtres… » .
L’on ne saurait dès lors, ne pas associer à
la gouvernance du pays, tous les responsables
religieux qui ont un rôle éminent dans la
formation des consciences ; aussi bien, ceux de
nos chefferies traditionnelles et hauts dignitaires
des cultes endogènes, dépositaires et gardiens
jaloux de nos traditions, que les hauts
responsables de toutes autres obédiences et
religions monothéistes, évêques, pasteurs,
imams, rabbins, prédicateurs, évangélistes,
prophètes, etc.
A ce Bénin-là, un homme, un jour…, et
ce jour approche, dit son ambition de le servir,
sans le trahir, sans marchander sa loyauté ni son
civisme, ni ses idées au pouvoir de l’argent, ni à
quelque groupe de pression ou d’intérêt que ce
soit.
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A ce Bénin-là, un homme, un jour… se
lève pour dire sa détermination à défendre ici et
ailleurs, ses intérêts dans le respect et l’esprit de
la Constitution du 11 Décembre1990, suscitée
par la Conférence des forces vives de la Nation,
tenue à Cotonou, du 19 au 28 Février 1990.
A ce Bénin-là, un homme, un jour…se
lève et appelle tous ses fils et filles, jeunes,
femmes, paysans, cadres, diaspora, retraités,
artistes, artisans, opérateurs économiques, forces
de défense, forces de sécurité et assimilées,
intellectuels, chefs traditionnels et responsables
religieux, à se réunir à lui, pour ensemble, porter
l’espoir et bâtir de l’œuvre de remise en ordre
tant attendue de notre beau pays.
Cet homme-là, j’ai l’humilité et
l’ambition de l’incarner.
Cotonou, le 30 Novembre 2014
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Achevé d’imprimer en Janvier 2015
Sur les presses de l’Imprimerie PHOCASER-Bohicon
Dépôt légal N° 7526 du 21 Octobre 2014
Quatrième trimestre- Bibliothèque Nationale du Bénin
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Le Colonel André DJOHOUN est face à sa destinée, qu’il a
commencé à construire dans les Forces Armées Béninoises au cours
de ses 35 années au service de la Nation. Il y a achevé sa carrière en
qualité d’Inspecteur Général des Armées, avec rang de Chef d’État-
major Général. Il a fait ses adieux aux armes, le 01 Octobre 2013,
étant doublement Commandeur dans l’Ordre National du Bénin et
dans l’Ordre du Mérite.
Dorénavant, ayant fendu l’armure, il s’engage résolument en
politique, en prévision des prochaines échéances électorales au Bénin
dont la présidentielle, prévue en 2016.
Il expose ici sa volonté et son ambition de conduire la
remise en ordre du Bénin autant que de combler les attentes des
Béninois.
Après avoir dressé, sans complaisance, l’état des lieux
caractérisé par une gouvernance pervertie, le Colonel André
DJOHOUN, pour qui, il n’y a rien d’inéluctable, pourvu que la
volonté soit réaffirmée, dit non au déclin du pays, et prône le
Renforcement de l’Etat de Droit, la Normalisation de la vie publique,
et une Nouvelle Politique d’Investissement et de Grands Travaux.
Il appelle toutes les forces vives, jeunes, femmes, paysans,
cadres, diaspora, retraités, artistes, artisans, opérateurs économiques,
agents de l’Etat, société civile, et tous autres citoyens, à se réunir à lui,
et à construire ensemble, autour du projet de société qu’il a articulé en
dix LIGNES DE FORCE appelées ses REFERENTS
STRUCTURANTS, le Bénin debout qui relève la tête.