La Métaphysique Orientale

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    MTAPHYSIQUEORIENTALE

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    OUVRAGES DE REN GUNONL'Erreur SpiriteAperus sur I'lnititionAperus sur l'sotrisme chrtienL'Homme et son devenir selon le VdntaLo mtaphysique orientaleSaint-BernardInitiation et Ralisation SpirituelleEtudes sur la Franc-Maonnerie (l'" volume)Etudes sur la Franc-Maonnerie (2' volume)Le ThosophismeEtudes sur I'Hindou:smeComptes Renduslntroduction gnrale l'tude des doctrin s hindouesl,es Etats multiples de I'EtreLe symbolisme de la CroixAutorit Spirituelle et Pouvoir TemporelOrient et OccidentLe RgDe de la Quantit et les signes des TepsLa Crise du Monde l\{oderneLa Grande TriadeL'sotrisme de DanteLe Roi du MondeLes pdncipes du calcul infinitsimalSymboles fondamentaux de la Science sacreFormes Traditionnelles et Cycles CosmiquesSymbolisme de la Croix (en l0 x 18)Aperus sur l'sotrisme islmique et le TaoismeMlnges

    AYANT TRAIT A REN GUENONLe N' spcial des Etudes Traditionnetlcs paru cn l95l I'occasioode la mort de Ren Gunon redit en fac-simil (19E2).De Paul CHACORNAC :La Vie simple de Ren GuBoDDe Eddy BATACHE:Surralisme et TraditionLa Pense d'Andr Breton jug selon I'cuvre de Ren GuoooDe Jear TOUIi.NIAC :Propos sur R.en GunonDe Jean-Pierre LAURANT :Le senr cach dans I'ceuvre de Ren Gunon

    R.EN GUNON

    LAMETAPHYSIOUEORIENTALEa,6 olrloN

    EDITIONS TRADITIONNELLES11, Quai Saint-Michel, PARIS V.

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    Tous droils dc traduction, d'edptrtion at d acp.oductiotrrsarvaa pour tout Pays-

    LA IrTAPHYSTQUE ORTENTALEf '^r pris comme sujet de cet expos la. rntaphvsiqueU orientale; peut-tre aurait-il mieux ralu dire simple-ment la mtaphysique sans pithte, cr, en rrit, l mta-physique pure, tant par essence en dehors et au del detoutes les formes et de toutes les contingences, n'est niorientale ni occidentale, elle est unirerselle. Ce sont seu-lement les formes extrieures dont elle est rertue pour lesncessits d'une exposition, pour en exprimer ce qui estexprimable, ce sont ces formes qui peuvent tre soit orien-tales, soit occidentales ; mais, sous leur diersit, c'est ulrfond identique qui se retrouve parlout et toujorrrs, prloutdu moins oir il y a de la mtaphysique vraie, et ccla pourla simple raison que la vrit est une.S'il en est ainsi, pourquoi paller plup_spcialemen t derntaphysique orientale? C'est que, dans les conditionsiutellectuelles oir se trouve actuellement le monde occiden_

    tal, la mtaphysique y est chose oublie, ignore en gn_ral, perdue peu prs entirement, tandis que, en Or.ient,elle est toujours I'objet d'une connaissance ellectie. Si I'ouveut savoir ce qu'est la mtaphysique, c'est donc I'Orient

    I'est aujourd'hui, c'est surtout I'aide des doctrines orien_tales et par comparaison avec cclles-ci que l,on pour.ra yparvenir, parce que ces doctrines sont les seules qui, tlans

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    -6-cc donraine nlaphysique, puissent encore tre tudiesdirectenrent. Seulement, pour cela, il est bien vident qu'ilfaut les tudier comme le font les Orientaux eux-nmes,et llon point en se livrant des interprtations plus outroins hypothtiques et parfois tout fait fantaisistcs; ononblie lrop souvent que les civilisations orientales existentLoujours et qu'elles ont encore des reprsentants qualilis,auprs desquels il su(ffrait de s'informer pour savoir vri-tablernent de quoi il s'agit.J'ai dit mtnphysique orientale, et non uniquementmtaphysique hiudole, car les doctrines de cet ordre, avectout ce qu'elles impliquent, ne se rucontrent pas que dansl Inde, contrairemenl ce que semblent croire certins,qui d'ailleurs ne se rendent gure conrpte de leur vritablenature. Le cas de I'Inde n'est nullement exceplionnel sousce rpnort; il est exactcureut celui de toutes les cililisa-tious qui possdeut ce qu'on peut ppeler une base tradi-tioDnelle. Ce qui est exceplionDel et anolmal, ce sont uconlraire des civilisations dpourvues d'une lelle base; et rlai dire, nons n'en connaissons qu'une, la civilisationoccidentalc moderne. Pour ne considrer gue les prin-cipales civilistions de I'Orient, l'quiralent de la mta-physiquc hindoue se trouve, en Chine, dans le TaoTsme;il se ll'ouve aussi, d'un utre ct, dans cerlairres colessotriques de I'Islam (il doit tre bien entendu, d'ailleurs,que cet sotrisme islamique n'a rien de commun avec laphilosopltie extrieure des Arabes, d'inspiration grecquepoul la plns grande partie). La serrle diffrence, c'est que,prtout illeurs que daas I'Inde, ces doctrines sont rser-ves ir une lite plus restreinte et plus ferure ; c'est ce quicut lieu aussi en Occident u moyen ge, pour un so1-t isure assez cornparable celui de I'lslam bien des gards,et aussi purement mtaphysique que celui-ci, mais dontles tnodernes, pourla plupart, ne souponnent mmeplusl'exislence. Dans I'Inde, on ne peut parler d'sotrisme uselrs pl'opre de ce mot, parce qu'ol! n'y trouve pas une doc-

    -7 -trine deux faces, \otrique et sotrigue; il ne peut treguestion que d'un sotrisme Daturel, en ce sens que cha-cun approlontlira plus ou moins la doclrine et i ra plus oumoius loin selon la tnesur.e de ses propres possibilitsin tel lectuel les, car il v , porrr certaitres individualilshumaines, des linril.ations qui sont inhrentes leur nafuremtne et qu'il lerrr cst irnpossible de l'ranchir.Naturcllemcnt, lcs forrnes changent d'une citilisation une autr, puisqu'clles doiYeut tre adapteel desconditions difli!r.entes ; mais, tout en talrt plus habituaux formes hindoues, jc n'prouve aucuu scrupule enmployer d'autres au besoin, s'il se trouvequ'elles puissentaider la comprhension sur certains poirrts : il n'y a cela

    sance.

    physique ) signifie li .ralement ( au del de la physique >,en prcnnt < ph1'sique > dans I'acceptiol quc ce termeavait toujonr.s pour lcs anciens, cellq rle < science de lnnatrrre ) dans toute sa gDralit. La physique esl l'tudede tout ce qui apparlient au dornaine c ia riaturc ; ce quiconerne la mtrphysique, c'est ce qui est au del dc lanature. Comtrrent donc certins pcut,cnl.-ils prtendre quela connaissance mtaphysique est une contraissance natu-relle, soit quaut son objet, soit quaut aux facults partesquelles elle est obtenue ? Il y a l un vr.itable contre-

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    . -8-sens, une contradiction dens les termes Elnes ; et pour-tant, ce gui est le plus tonnant,il arrive que cette con-fusion esi commise mme par ceux qui devraient aroirgard quelque ide de la vraie mlaphysique et savoir li"tingitur plus netlement de la pseudo-mtaphysique desphikisophes modernes.Mais, dira-t-on peut-tre, si c mot c mtaphysique udonne lieu de telles confusions, ne vaudrait-il pas mieuxrenoncer son emploi et lui en substituer un autre quiaurait moins d'inconvnlents? A la vdt, ce serait fcheux'prce que, par sa formatlon, ce mot convielrt parfaitement ce dontil s'aBit; et ce n'est gure possible' Parce qneIes langues occidenlales ne possdent aucun' autre termequi s cetment onnfait d tenexcellence, la seule qui soit absolument dignc de ce nom'il n'y faut gure songer, car ce seralt encore bcaucoupmoins clair pour des Occidentaux' qui, en fait de connais-sance, sont habitus ne rien envisager en dehors dudomaine scientilique et rtionnel. Et puis est-il ncessairede tant se proccuper de I'abus qui a t fait d\rn mot ?Si I'on devait rejetel'tous ceuxqui sontdans cecas,combienen aurail-on encore sa disposition ? Ne sullit-il pas deprendre les prcautions voulues pour catter lcs mpriseset les nralentendus ? Nous n tenons pas plus au mot< mlaphysigue ) qu' n'importe quel utre ; mais, tantqu'on ne nous aur pas propos un meilleut telmc pout lerem$ltccr, nous continuerons nous en sert'il comme'nous I'avons fait jusqu'ici'Il est mlheuresement des geus qui ont la prtentionde < juger > ce qu'ils ignorent, et qui, parce qu'ils donnentle nom de

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    -10-purement intellectuel, imposer une convition qirelconque;la meilleure argumentalion ne saurait, cet gard' tenirlieu de la connaissance directe et efrective.Maintenant, peut-on dIinir la mtphysique telle quenous I'entendons ? Non, car dfinir, c'est touiours limiter'et ce dont il s'agit est, en soi, vritablement etabsolumentillirnit, donc ne saurait se laisser enfermer dans aucuneformule ni dans aucun systme. On peut caractriser lamtaphysique d'une certaine faon, par exemple en diSantqu'elle est la connaissance des principes universels ; maisce n'est pas l une dlinition proprement parler, et celane peut du reste en donner gu'une ide assez r''ague'Nous y ajouterons quelque chose si nous disons que cedomaine des principes s'tend beaucoup plus loin que neI'ont pens certains Occidentaux qui cependant on fait dela mtaptrysique, mais d'utle manire partielle et incom-plle. Ainsi, quand Aristote envisageait la mtaphysiquecomme la connaissance de l'tre en tnt qu tre, il l'iden-tiliait I'ontologie, c'est--dire qu'il prenait la partie pourle tout. Pour la mtaphysique orientale, l'tre pur n'estpasle premierni le plus uuirersel des principes, car ilest dj une dterminalion ; il faut donc aller au delde l'tre, et c'est mtne l ce qui importe le plus. C'estpourquoi, en toute conception vraiment mtaphysique, ilfaut toujours rserver la part de l'inexprimable ; et mmeloutce qu'on peut exprimer n'est littrlement rien auregard de ce qui dpasse toute expression, comme le fini,quelle quc soit sa grandeur, est nul vis--vis de I'Infini.On peut suggrcr beaucoup plus qu'on n'exprime, et c'estl, en somme, le rle quejouent ici les formes extrieures ;toutes ces formes, qu'il s'agisse de mots ou tle symbolesquelconques, ne constituent qu'uIr supPort, un point d'ap-pui pour s'lever des possibilits de conception qui lesdpassent incomparabletnent ; nous revicndrons l-dessuslout I'heure.Nous parlons de conceptions rrtaphysiques, faute

    - ll -d'avoir un autre terme notre disposition pour nous fairecomprendre ; mais qu'on n'aille pas croire pour cela qu'ily ait l rien d'assimilable des conceptions scienliliquesou philosophiques ; il ne s'agit pas d'oprer des ( bstrac-tions >> quelconques, mais de prendre une connaissancedirecte de la vrit telle qu'elle est. La science est la con-naissance rationnelle, discursive, lonjours indirecte, uneconnaissance par reflet; la mtaphysique est la connais-sance supm-rationnelle, intuitive et immdite. Cetteintuitios intellectuelle prre, sns lnquelle il n'y a pas derntaphysique vraie, ne doit d'aillerrrs aucrrnernent treassimile I'intuition dont prlent ccrtains philosoirhescontempolains, car celle-ci est, u conlraire, infra-r'ation-nelle. Il ya nne intuition iutellectuelle et une intuitionsensible; I'une est au rlei de la ra"ison, mis l'utre est ende; cette dernire ne perrt saisir qrre le monde du chan-gement et du deenir, c'est--dire lr nature, ou plutt uneinlime partie de Ia nalure. Le domaine de I'inluition intel-lecluelle, au contraire, c'est le donraine des principeslernels et immuablcs, c'est le domaine mlaphysique.L'inlellect transcendnt, pour saisir dircctement lesprincipes univcrsels, doit tre lui-mme d'ordre univer-sel; ce n'est plus une facrrll individuelle, ct lg considrercornme tel serait conlradictoire, car il ne peut tredans lespossibilits de I'individu de dpasser ses propres limites,de sortir des conditions qui le dfinissent en tant qu'indi-vidu. La rison est ne fecult proprelnent et spcifique-ment humaine; mais ce qui est au del de la raison estvritblement ( non-humain ); Cest ce qui rend possiblela connaissance mlaph1'sique, et cclle-ci, il faut le redireencore, n'est pas une connaissance humaine. En d'autrestermes" ce n'est pas en lant qu'homme que I'homme peutv parvenir; mais c'est en tant que cet tre, qui est humaindans un de ses tts, est en mme temps autre chose etplus qu'un tre humain; et c'est la prise de conscience effec-tive des tats supra-individuels qui est I'objet rel de la

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    -72-mtaphysique, ou, mienx encore' qui est Ia connaissancemtaphysique elle-mme. Nous arrivons donc ici undes points les plus essentiels, et il est ncessaire d'y insis-ter: si I'individu tit un tre complet, s'il constituait unsystme clos la faon de la mouade de Leibnitz, il n'yaur'it pas de lntaphysique possible; irrmdiablementenferm cn lui-nrrne, cet tre n'urait aucun moyen deconnitre ce qui n'est pas de I'ordre d'existence atrquel ilppl'tient. Mais il n'en est pas ainsi : I'individu ne rept'-sente en ralit qu'une manifestation transiloire et contin-gentc de l'tre veritble; il n'est qu'un tat spcial parmiune multitude inrlhnie d'autres lats dr.t mme tre ; etcct tre est, etr soi, absolument indpendant de toutes sesmnifestations, de mme que, pour employer une colnpa-laison qui levient chaquc instant dans les textes hin-dous, le solcil est absolument indpendant des multiplesinrages dans lesquelles il se rllchit, Telle est I distinc-tion fondamentale d.i ( Soi > et du , de la person-nalit ct de I'iudividualit ; et, de mme que les imagessont relies par les layous Iumincux la source solailesans laquelle elles n'ul'aient aucune existence et aucuneralit, de rnme I'individualit, qu'it s'asisse d'ailleursde I'individuatit humaine ou de tout autre tat analoguede manifestation, est relie la personnalit, au centreprincipiel de l'tre, par cel intellect transcendant dont ilvient d'tre question. Il n'est pas possible, dalrs lcs limitesde cet expos, de dvelopper plus compltement ccs con-sidrations, ni de donner une ide plus prcise de la tho-rie des tats rnulti.ples de l'tre ; misje pense cependanten avoir dit ssez pour en faitc tout u mins pressentirI'irnportance capitale dans toute doctrine vritablementmtaphysique.Tholie, ai-jc dit, mais ce n'est pas seulement de tho-rie qu'il s'agit, et c'est l encore uu point qui demande tre expliqu. La connaissance thol'ique, qui n'est encorequ'indirecte et en quelque sorte symboliquc, n'est qu'une

    -13-prparation, d'aillerrrs indispensable, de la vritable con-naissance. Elle est du reste l seule qui soit communicabled'une certaine faon, et encore ne I'est-elle pas compl-tement ; c'est pourquoi loute expositiotr n'est qu'un mo1'end'approcher de Ia connaissancc, et celte connaissttrce,qui n'est tout d'abord que rirtuelle, doil. ensuite tre ra-lisc efTectivcment. Nous trourons ici une nouvelle diff-reuce atec cettc rnt:rphysique parlielle Iaquelle tronsvons lit allusion prcdemurent, cclle d'Aristole parexernple, dj tholiquement inconrplte en ce qu'elle selimite l'tle, ct o, de plus, la thiolic scruble bien treprsente cornme se sumsalrt ir ellc-rntne, u lieu d'treortlonne expressrnent eu vuc tl'une rri:rlisaliou cotlcspon-dantc, ainsi qu'ellc I'cst touiouls tlans toutes lcs doctritlcsolieutales. Poultnt, urrnc tlnus cettc urtnl)h)'sique im-ptlfaite, nous scrions lent dc dite ccttc derni-mtphy-sique, on rcncontrc parfois de5 alfirrnalions qui,si ellcs\,aient t bien cornpl.iscs, aul'aicDI d corrduilc ir dclout autrcs cousquenccs : ailrsi, Alistote ne rlit-il pas net-tcnrcnt qu'uh tre est tont ce 11u'il connait? Cettc aflirma-tion de I'identilication par la connaissance, c'est le pliu-cipe mmc de la ralisation rntaphysique; mais ici ceprincipe reste isol, il n'a que la valcur d une dclarationtoute thorique, on n'en tire ancun palti, et il semble que,apt's I'avoir pos, ou n'y pcnse mrne plus : commcnt sefait-il qrr'AIistote Iui-mme t ses continuteurs n'aientpas mieux vu lout cc (lui y dtait irnpliqu? It est vrai qu'iln cst dc nrme eu bien (l'rull'es cas, et qu'ils paraissentoublicr parlois des choses aussi cssentielles que la distinc-tion tle I'intellcct pur et dc la raison, aprs les avoil cepen-dant fornrulcs non moins explicitement; ce sont ld'tranges lacuncs. I.'aut-il y voir I'eflet dc ccrtaines limi-ttions qui seraicnt inhirentcs I'esprit occidental, saufdcs crccptions plus orr moins rares, mais toujoul's pos-siblcs? Cela peu[ trc vrai dans une cerlaitre mesure,mais poullant il ne Ihul. pas croirc

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    - 14-occidentle ait t, en gnral, aussi troitement limiteautrefois qu'elle I'est l'poque moderne. Seulement, desdostrines comme celles-l ne sont aprs tout que des doc-trines extrieures, bien suprieures beaucoup d autres,puisqu'elles renferment malgr tout une part de mtaphy-sique vraie, mais toujours mlange des considrationsd'un autre ordrc, qui, elles, n'ont rien de mtaphysique,..Nous avons, pour notre pat, la certitude qu'il y a eu autrechose que cela en Occident, dans I'antiquit et au moyenge, qu'il y a eu, I'usage d'une lite, des doctrines pure-ment mtaphysiques et que nous pouvons dilc compltes,y compris cette ralisation qui, pour'la plupart des mo-dernes, est sans doute une chose peine concelable ; siI'Occident en a aussi totalement perrlu le souenir', c'estqu'il a rompu avec ses propres traditions, et c'cst pourquoila civilisation moderne est une civilisation anormale etdr'ie.Si la connaissance purement thoriqu dtait elle-mmesa propre lin, si la mtephysique devit en rester l, ceserait dj quelque chose, assurnrent, mis co semit tout fait insullisant, Iin dpit de la certitude rritable, plusforte encore qu'une certitude mathmatique, qui est alta-che dj une telle connaissance, ce ne serait en somme,dans un ordre incomparablement suprieur, que I'analoguede ce qu'est dans son ordre infrieur, terrestre et humain,la spcultion scientifique et philosophique. Ce n'est pasl ce que doit tre la mtaphysique; que d'autres s'int-ressent un < jeu de I'esprit ) ou ce qui peut sembler tel,c'est leur laile; pour nous, les choses de ce genre noussont plutt indiffrentes, et nous pensons que les cur.iosi-ts du psychologue doivent tre parfailement trrgresau mtaphysicien. Ce dont il s'agit pour celui-ci, c'est deconnaitre ce qui est, et de le connaitre de telle faon qu'onest soi-mme, rellemen et effectisement, tout ce que I'onconnit.

    Quant aur moyens de la alisation mtaphysique, nou3

    -15-savons bien quelle objection peuvent faire, en ce qui lesconcerne, ceux qui croit devoir contester la possibilit decette ralistion. Ces movens, en effetr doivent tre laporte de l'homme; ils doivent, pour les premiers stadestout au moius, tre adpts aux conditiorrs de l'tt hu-main, puisque c'est daus cct tat que se trouve actuelle-mcnt l'tre qui, partant tlc l, devra prerrdre possessiondes tats snprieurs. C'est donc dans rles formes ppr'le-nant cc monde oir se situc sa manil'estation pr(rsente quel'lre prenth'a un point d'appui pour s'lever arr-dessus dece tnonde mme; mots, signes s1'rnl-roliqur's, riles ou pro-cds prparatoires quclconques, n'out pas tl'nutre raisond'tre ni d'arrtre fonctiou : cornrne nous l'lvous ddri dit,ce sont L\ des supports et rien rle plus. r\ais, dirout cer-tins, coDrment se Peut-il que ccs moycls purelnent con-tiugents ploduisent uu e{Tet qui les drlpasse irrrnrcnsnrent,qui est d'un tout autre ordrc

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    - 16-Nous ne voyons donc aucune diflicult reconnilrequ'il n'y a pas de commune mesure entre Ia ralisationmtaphysique et les moyens qui y conduisent ou, si I'onprfre, qui la prparent. C'est.d'ailleurs pourquoi nul deces moyens n'est strictement ncessaire, d'une ncessitabsolue : ou du moins il n'est gu'nne seule prparationvraimenl indispensble, et c'est la connaissance tholigue.Celle-ci, d'autle prt, ne surit aller bien loin sans unmoycn que nous devons ainsi considrel comme celnigui jouela Ie rle le plus important et le plus constnt : cemoyen, C'est Ia concentmtion ; et c'est l quelque chosed'absolument tranger, de contraire mme aux hbitudesmentales de I'Occident moderne, oir. tout ne tend qu' ladispersion et u charrgement incessanl. Tous les autresnroyens ne scrt que secondaires pat rapport ri celuil :ils scryent surtout faYoriser la concentration, et aussi liharmoniser entre eux les divers lments de I'inditidua-lit humaine, afin de prparer la communication elfectiveentre cette individualit et les tats suprieurs de l'tre.Ccs moyens pourront d'ailleurs, au point de dpr't, trevalis plesque indfiniment, car, pour chaque individu,ils dcyront tre appropris s nature spciale, conformes ses aptitudes et ses dispositions parliulires. Ensuite,les dillrences iront en diminuant, car il s'git de voicsmultiples qui tendent toutes vets un rnnre but ; et, par-tir d'un celtain stadc, toute multiplicit aur dispr'u ;nrais alors les moyens continBents et individuels aurontachev de temirlir leul rle. Ce lole, pour montrer qu'iln'est nullement ncessaire, certins lextes hindous lecomparent celui d'un cheval I'aide duquel un hommeparviendra plus vite et plus facilement u terme de sonroyage, mais sans lequel il pourrait aussi y parvenir. Lesrites, les procds dilers indiqus en vrre de la ralisationmtaphysique, on pourrait les ugligel et rrnmoins, parla seule fixation conslante de I'esprit et de toutes les puis-sances de l'tre sur le but de cetle rlisation, tteindre

    -77-linalement ce but suprme ; mais, s'il est des moyens quirendent I'elfort moins pnible, pourquoi les ngligel volon-tairement ? Est-ce confondre le contingent et I'absolu quede tenir compte des conditions de l'tat humain, puisquec'est de cet tat, contingent lui-mme, que nous sommesctrellement obligs de parlir pour la conqute des tatssuprieurs, puis de l'tat suprme et inconditionn ?Indiquons mintenant, d'aprs les enseignements quisont co.mmuns toutes les doctrines traditionnelles deI'Orient, les principales tapes de l ralisation mtaphy-sique. La premire, qui n'est que prlinrinaire en quelquesorte, s'opre dans le dornaine humain et ne s'tend pasncore au del des limites ile I'individualit. Elle consisledans une extension indfinie de cette individualil, dontla modlit corporelle, la seule qui soit dveloppe chezI'homme ordinaire, tre reprsente qu'une portion tles mi-nirne ; c'est de cette modalit corporclle qu'il faut partiren fait, d'oir I'usage, pour colnmenccr, de moyens cmprun-ts I'ordre sensible, mais gui deyront d'ailleurs avoirune rpercussion dans les autres modalits de l'trehumain. La phase dont nous parlons est en somme laralisation ou le dveloppement de toutes les possibilitsqui sont virtuellement contenues dans l'individualithumaine, qui n constituent 'comrne des prolongementsmultiplqs s'tendant en divers sens au del du domainecorporel et sensible; et c'est par cei prolongements quepourra ensuite s'lablir Ia communication avec les autrestats,Cette ralisation de I'indiridualit intgrale est dsignepar toutes les tradiiions cornme la restauration de cequ'elles appellent l'< tat plirnordial )' tat qiri est regardcomme celui de I'homme vrilble, et qui chappe dj cedines des limitations carctristiques de l'tat ordi-naire, nolamment celle qui est due la condition tem-porelle, Utre qui a tteint cet ( tat primordial > n'estncore qu'un individu humain, il n'est en possession effec-.

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    live d'aucun lat supra-individuel ; t pourtant il est dslors afirqnchi du temps, la succession apparente deschoses s'est transmue pour lui en simultanit ; il pos-sde consciemmenl nne facult qui est inconnue I hommeordinaire et que I'on peut appeler le < sens de l'ternit ).Ceci est d'une extrme importance, car celui qui ne peutsortir du point de rue de la succession lemporelle et envi-sager toules choses en rnode simultan est incapable dela moindre conception de l'ordlc mtaphysique. La pre-mire ehose Iaire pour qui veut parvenir vrilablement la connaissance nrtaphysique, c'est de se placer horsdu teDrps, nous dirions voloDlicrs dans le < non.temps >si une telle expression ne derail pas paritre trop singu-lire et inusite. Cette conscience de I'intemporel peutd'aille[rs tre tteinte d'une ce aine faon, sans doutetrs incomplte, nrais dj relle poul'int, bien avant quesoit obtenu dans sa plrritude cet ( tat primordial > dontnons venous de paller.On demaudera peut-tre : pourquoi cette dnominationd' c tat primordil ) ? C'est que toules les traditions, ycompris celle de I'Occident (car la Bible elle-mme ne ditpas autre chose), sorrl d'accord pour enseigner que cet tatest celui qui tait normal aux origines de I'hurnanit,tandis que l'tt prsent n'est que le rsultat d'une d-chance. l'efiet d'une sorte de matrialisation progressi vequi s'est produite au cours des ges, pcndant la dured'un certain cycle. Nous ne croyons pas l' ( \iolution ),eu seus que les modernes donnent ce mot; les hypo-thses soi-disant scientiliques qu'ils ont imagines necorrespOndnt nullement la ralit. Il n'est d'ailleurspas possible de faire ici plus qu'une simple allusion lathorie des cycles cosmiques, qui est particulirementdveloppe dans les doclrines bindoues; cc serait sortirde notre sujet, car Ia cosmologie n'est pas la mtaphy-sique, bien qu'elle en dpende assez troitement ; elle n'encst qu'une application I'ordre physique, et les vrpies

    -19-lois naturelles ne sont que des consquences, dans undomaine rclatif et contingent, des principes universels etncessaires.Revenons la ralisation mtaphysique : sa secondephase se rpporte aux !ts supra-individuels, mais encoreconditionns, bien que leurs conditions soient tout utresque celles de t'tat hulnain. Ici, le monde de I'homme, oirnous tions encore au stade prcdent, est entirementet dtinitivement dpass. Il faut dire plus: ce qui estdpass, Cest le mondc des formes dans son acception laplus gnrale, comprenant tous les tats individuels quelsqu'ils soient, car la forme est la condition commune tous ces tats, celle par laquelle se dfinit I'individualitcomm telle. L'tre, gui rie peut p'tus tre dit humain, est

    dsormais sorti du < courant des formcs ), suivant l'gx-pression extrme-orientale. Il y aurait d'ailleurs encored'autres distinctions faire, cr cette phase peut se sutrdiviser : elle comporte en ralit plusier.rrs tapes, dcpuisl'obtention d'tats qui, bien qu'infomrels, appartienhentencore I'existence manifeste, jusqu'au degr d'univer-salit qui est celui de l'tre pur.Pourtant, si levs que soient ces tats par rpport l'tat humain, si loigns qu'ils soient ile celui-ci, ils nesont encore que relatifs, et cela est vrai mme du Plushaut d'entre eux, celui qui correspond au principe detoute manifestation. Leur possession n'est donc qu'unrsultat transitoire, qui ne doit pas tre confondu alec lebut dernier de la ralisation mlphysique; Cest au delde l'tre que rside ce but, par rapport auquel tout le resten'est qu'acheminement et prparation. Ce but suprme,Cest l'tat absolument inconditionn' afrrnchi de toutelimitation ;.pour cette raison mme, il est enlirementinexprimable, et tout ce qu'on en peut dire ne se lrduitque par des termes de forme ngative: ngation deslimites qui dterminent etdffnissent toute existeDce dahssa relativit, L'obtention d cet tat, c'est ce que lat -+-

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    _20_doclrine hindoue appelle Ia r, quand elle Iaconsidre pat rapport aux tats conditionns. et aussil'< Union >, quand elle lenvisage par.rapport au'pfincipesuprme.

    Dans cet tat inconditionn, tous les au tres tals de l,trese relrouvent d'ailleurs en pr.incipe, mais lrnsforms,dgags des conditions spciales qui tes aCtern.,inaieni enlant qu'tats partictiliers. Ce gui subsiste, c,est tout cequ.i a.une rlil positi, puisque c'est l que tout a sonprincipe ; I'tr.e < dlivr D est vl.iment etr posscssion de laplnitude de scs possibilits. Ce qui a disparu, ce sont seu_lement les conditions linritatives, dont la ralit est toutengative, puisqu'elles ne reprscntcnt qu'une < priation >au sens o Aristote enteudait cc mot. Aussi, bien loind'tre une sorte d'anantissemeut comme le croientquelgues Occidentaux, cet tat linal est au contmireI'absolue plnitude, la rdalit suprrne vis_-vis de laquelleloul Ie reste n'cst qu'iilusion.Atoutons encore que lout rsultt, mme prtiel, obtenupr l'tre au cours de Ia r.alisatiorr mtaphysique l,estd'une faon dilinitive. Ce rsultat consfitue pour. cet Ctreune acquisilion Pcrnlanenle, que rien ne pcut jaurais luifairepeldre; le travail accornpli dans cei orjre, m_es'il vient ir lre interlompu ant le ten)re linal, est litunc fois lrour tonles, par. l rnmc qu,il est hors dutentps. Ccl esl vra i mnre de la sirn plc connaissauce tho_rique,- car Loutc conrtaissance porte sotr fruit en elle_nrme,bicn difl,rentc en cela de l,action, qui n'est qu,une modi_Iication rnonrcntane de l'tre et qui est toujours spa_rc tle ses ell'ets. Ceux.oi, dn restc, sont du rnme dornaineetrlu nrrne ordr.e d'existence que ce qui les a produils;I'action trc peut avoir pour. cfl.et de librcr de lctiorr, eises consrluences ne s'tendelrt pas au del tles linrites del'inrlilidualil, cnvisai;e rl'ailleur.s rlans I,intgr.alif deI'ex tension dout elle est srrsccptible. L'aclion, queilequ,cllesoil, n'tnt)t pas opposde I'ii;norance qui cst la racine de

    _ 2l_toute limittidn, ne saurait [a faire vanouir: seule laconnaissance dissipe l'ignorance comme la lumire dusoleil dissipe les tnbres, et c'est alors que le cSoi>,I'immuable et ternel principe de tous les tats manifes-ts et non-manifejsts, appamit dans sa suprme ralit.Aprs cette esquisse lrs impar.faite et qui ne donneessurment qu'une bien faible ide de ce que peut tre laralisation mtaphysique, il faut faire une remarque quicst tout .lit essentielle pour viter de graves erreursd'interprta lion : c'st que tout ce dont il s'agit ici n'aaucun rapport avec des phnomnes quelconques, plusou rnoins extraordinaires. Tout ce qui esl phnomne estd'ordre plrysique; la mtaphysique est au del des ph-nomnes; et nous prenons ce mot dans sa plus grandegnralit. Il rsulte de l,entre sutres consquences, queles tals dont il vient d'tr-e parl n'out absolument riende < psycbo{ogiquc ); il fatt le dirc nettenrent, parce qu'ils'est parfois produit cel gard de singulires confusions.La psychologie, par dlinition mnrc, ne saurit avoifde plise

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    -22-r|odernes, habituellement, neconnaissent et nerecherclrentgure que les phnomnes; Cest ceux-ci qu'ils stitrtrcssentpresque exclusivement, comme en tmoigne d'ailleurs ledveloppement qu'ils ont donn aux sciences exprimen-tales ; et leur inaptitude mtaphysique procde de la mmetendance, Sans doute, il peut arriver que certains phno-mnes spciaux se produisent dans le travail tle ralisationmtaphysique, mais d'une faon tout accidentelle : c.est lun rsultat plutt fcheux, car les choses de ce genre nepeuvent tre qu'un obstacle pour celui qui serait tent d'yattacher quelque importance. Celui qui se laisse arrter etdtourner de sa roie par leS phnomnes, celui surtout tluise laisse aller rechercher des oummc tle simples movens prliminaires, et l'tre qui estparvenu aux tats correspondanls ces stades ou qui em-ploie ces rnoyens pour y parvenir. I\lais comment pourrait-on soutcnil qu'uu mot dont le seus premier est < Union >dsigne proplement et primitivement des exercices respi-ratoires ou quelque antrc chose de ce genre ? Ces exercices

    -23-et d'utres, bass 8nmlement str ce que nous pouvonsappeler la science du rythme, Rgurent elfectivement parrniles moyens les plus usits en vue de la ralisation mtaphy-sique; mais qu'on ne pFenne pas Pour la fln ce qui n'cstqu'un moyen contingent et accidentel, et qubn ne prennepas non plus porlr la signification originelle d'un mot cequi n'en est qu'une acception secondaire et plus oumoins dtourne.En parlant de ce qu'est primitivement le ( Yoga )), et endisant que ce mot a toujours dsign essentiellement lamme chose, on peut songer poser une question dontnous n'avons rien dit jusqu'ici: ces doctrines mtaphysiquestraditionnelles auxquelles nous empruntons toutes les don-nes que nous exposons, quelle en est I'origine? La rponseest trs simple, encore gu'elle risque de soulever les pro-testations de ccux qui voudraient tout envisager au pointde vue hislorique : Cest qu'il n'y a pas d'origine ; nous vou-lons dire par l qu'il n'y a pas d'origine humaine, suscep-tible d'tre dtermine dans le temps. En d'autres termes'I'origine de la tradition, si tant est que ce mot d'origineait encore une raison d'tre en pareil cas, est(non-bu-maine > comme la mtapbysique elle-rnme. Les doclrinesde cet ordre n'ont ps apparu un moment quelconque deI'histoire de l'humanit : I'allusion que nous avons faite.l'( tat primordial >, et aussi, d'autre part, ce que nousavons dit du caractre intemporel de tout ce qui est mta'physique, devraient permettre de le comprendre sans tropde diflicult, la condition qu'on se rsigne adnrettre,contrairement certains prjugs, qu'il y a des choses aux-quelles le pointdevue historique n'est nullementapplicable'La vrit mtaphysique est ternelle; par l mme, il y atoujours eu des tres qui ont pu la connatre rellement ettotalement. Ce qui peut changer, ce ne sont que des formesextrieures, des moyens contingents ; et ce changementmme n'a rien de ce que les modernes appellent ( volu-tion >, il n'est qu'une simple daptation telles ou tellest

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    _24 _circonslances particulires, auxconditions spciales d'unerace ou d'une poque dtermine, De l rsulte la multipl!cit des formes ; mais le fond de la doctrine n'en est aucu-nement modift ou affect, pas plus que I'unit et I'identitessentielles de l'lre ne sont altrees par la multiplicit deses tats de manifestalion.La connaissance mtaphysique, et la ralisation qu'elleimplique pour tre vraiment tout ce qu'elle doit tre, sontdonc possibles parlout et toujours, en principe tout aumoins, et si cette possibilit est envisage d'une faonabsolue en quelque sorte; mais en fait, pratiquement sil'on peut dire, et en un sens relatif. sont-elles glementpossibles dans n'imporle quel milieu et sans tenir lemoindre compte des contingences ? L-dessus, nous sefonsbeaucoup moins alnrmatif, du moins en ce qui concernela ralisation ; et cela s'explique par le fait que celle-ci, son commencement, doit prendre son point d appui dansI'ordre des contingences,Il peut y al'oir des conditions par-ticulirement dfavorables, comme celles qu'offre le mondeoccidental moderne, si dfavorables qu'un tel travail y est peu prs impossible, et qu'il pourfait mme tre dan-gereux tle I'entreprendre, en l'absence de tout appui fournipar le milieu, et dns uue ambiance qui ne peut que con-trarier ct mme annihiler les efforts de celui qui s'y livre-rait, Pr contre, les civilisations que nous appelons tradi-tionnelles sont organises de telle faon qu'On peut yrensontrer une aide efiicace, qui sans doute n'est pasrigouleusemcnt indispensable, pas plus que tout ce qui estextrieur, mais sans laquelle il estcependant bien difliciled'obtenir des rsultats ellectifs. Il y a l quelque chose quidpasse les forces d'un individu humain isol, mme sicet individu possde par ailleurs lcs qualifications requi-ses; aussi ne voudrions-nous encourager personne, dansles conditions prsentes, s'engager inconsidrmentdans une telle entleprise ; el ceci va nous conduire direc-tement notre conclusion.

    -25 -Pour nous, la grande diffrence entr l'Oent et I'Occi'dent (et ll s'agit ici exlusivement de I'Occident moderne)'la seule diffrence mme qui soit vriment essenlielle' cartoutes les autres en sont drives, c'est clle-ci : d'une part'conservation de la tradition avec tout ce qu'ellc implique ;de I'autrei oubli et perte de cette meme lradition; d'unct, maintien de la connaissance mtaplrysique ; del'autre'ignorance complte de tout ce qui se rapporle ce domaine.Entre des civilisations qui ouvrent leur lite les possi-bilits que nous avons ssay de faire entlevoir, qui luidonnent les moyens les plus appropris pour raliser efrec-tivement ces possibilits, et qui, quelq[es-uns tout aumoins, permettent ainsi de les raliser dans leur plnltude'entre ces civilisations traditionnclles et une clvilisationqui s'est dveloppe dans un sens purement matriel, com-ment pourmit-on irouver une commtlne mesure ? Et qnidonc, moins d'tre aveugl parje ne sais quel parti pris;osera prtendre que la suprioril rnatrielle compenseI'infriorit intellcctuelle ? Intellectirelle, disons-nous;mais en entendant par l la vritabl intellecttlalit, cellqui ne se limite pas I'ordre humain ni I'ordre naturel;cel)e qui rend possible la connaissance mtaphysique puredans son absolue transcendance. Il me sembl qu'il suflltde rflchir un instant ces questions pour n'avoir aucundoute ni aucune hsitation sur la rpdnse qu'il convientd'y pporter.La supriorit matrielle de I'Occident moderne n'estpas contestable ; personne ne la lui contest non plus,mais personne ne la lui envie, Il faut aller plus loin : cedveloppemett matriel excessif, I'Occident risque d'enprir tt ou tards'il ne seressaisit temps, et s'il n'en vient envisager srieusement le < retour aut orl8ines )i srli'vnt une elpression qui est en usa6e dans certaines colesd'sotrisme islamigue. De divers cts' on parl beau:coup aujourd'bui de < dfense de I'Occident D ; rnis,tfll.heureusement, on ne setble pss aomprendre que c'est

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    -26-contre lui-Eme surtout que I'Occident a besoin d'tredfendu, que c'est de ses propres tendeDces actuetls queTienlent les principaux et les plus redoutables de tousles dangera qui le menacent rellement. ll serait bo! demditer l-dessus un peu profondment, et lbn tre saumittrop y intiter tous ceux qui sont encore capables de rfl-chir. Aussi est-ce par l que je terminerai tnon expos,henreur sij'ai pu fairc, ainon comprendrc pleinement, dumoins pressentir quelque choss de cette irrtellestualitorientele dont l'quivalent ne se trouve plus en Occident,ct donner uE apru, si imparfait soit-il, de ce qubst lamtaphysique vraie. la connaissance per ercellence, quiest, conne le digent les tertes sacrs de I'Inde, seuleeltirenent vriteble, absolue, in0Die etEuprme.