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LA FONTAINE, LA MORT ET LE BUCHERON (Fables, I, 16)

IntroductionLa fable appartient au sous genre de l’apologue : à travers un récit plaisant, elle

dispense au lecteur une réflexion relevant de domaines aussi variés que la religion, lapolitique, la morale…

Héritée de l’antiquité dont elle constituait un genre mineur, elle acquiert ses lettresde noblesse avec La Fontaine qui, en s’inspirant d’Esope et de Phèdre, publie sesrecueils en 1668 et 1678.

Elles nous apparaissent aujourd’hui comme un condensé de la sagesse populaire. Lespréceptes qui les accompagnent sont souvent devenus des proverbes ; nous avons tousappris dans notre enfance Le Lièvre et la Tortue ou Le Corbeau et le Renard et noussavons depuis que « Rien ne sert de courir/ Il faut partir à temps » ou que « Toutflatteur vit au dépens de celui qui l’écoute ».

Dans « La Mort et le Bûcheron » nous retrouvons un bûcheron, âgé et pauvre, quirentre chez lui chargé de bois. Il réfléchit à son sort qu’il trouve le pire de tous etappelle la mort. Toutefois, une fois la Mort venue, il change d’avis et la prie de l’aiderà « recharger » son fardeau. La fiction est suivie d’une moralité qui proclame lasupériorité de la vie sur la mort.

LECTURE

Problématique

I- L'habileté du narrateur pour raconter ce qu’est la condition humaine.

A) La Fontaine attire tout de suite l'attention du lecteur et la maintient en éveil.

Portrait en mouvement qui attire l'attention.- Pas de cadre spatio-temporel Début in medias res.

Le bûcheron "marche" et semble arriver dans le lointain. - Progression : Sa silhouette se précise peu à peu : La "ramée" (amas de branchages) devient "fagot" (fait de sa main) au v.2. Il est enfin là tout près de nous. - Passage de l'imparfait lointain "marchait" (v.3), "tâchait" (v.4) au présent "il met bas", "il songe" (v.6).

Poussant plus avant le procédé (cf. dans une certaine mesure le "travelling" avant cinématographique), La Fontaine pénètre dans les pensées de l'homme (v.7 à 12) :

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- emploi du style indirect libre pour ne pas déflorer le mystère de la rêverie = « Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ? ».

- Le v.4 donne une impression de mouvement long et lent, pénible."tâchait" de : valeur dramatique. On sent l'effort, la tension de l'effort.

Rythme de la marche // rythme des vers-Les 4 1ers vers ressemblent à une didascalie (= régularité des vers = rendre perceptible la marche du personnage).Le rythme régulier de l’alexd se poursuit sur avec des jeux d’enjambements et de césures, mimant la régularité du pas du bûcheron.Etude du rythme :

Un pauvre /Bûcheron/ tout couvert/ de ramée, Tétramètre régulier 3/3/3/3Sous le faix/ du fagot/ aussi bien/ que des ans Tétramètre régulier 3/3/3/3

Gémissant /et courbé /marchait à /pas pesants, Tétramètre régulier 3/3/3/3Et tâchait /de gagner /sa chaumine/ enfumée. Tétramètre régulier 3/3/3/3

+ Enjambement vers 2 à 3

Personnification de la Mort (majuscule)

B) La Fontaine éveille notre sympathie et notre pitié à l'égard du bûcheron.

Le bûcheron = symbole de la misère de la condition humaine- Déjà le 1er hémistiche nous présente un "pauvre" homme, adjectif antéposé.

- Mais à la fin du 1er vers, c'est l'apparition monstrueuse de cet être "tout couvert de ramée" dont l'humanité semble écrasée sous les branchages.

- L'adverbe "tout" insiste sur le fait que l'homme disparaît entièrement sous l'amas des branchages.- v.1 allitération en [R] : rudesse.

Un travail aussi pénible que celui des bêtes de somme Ce bûcheron qui "marche à pas pesants" et "n'en peut plus d'effort et de douleur" ressemble fort aux "six forts chevaux" du "coche", à cet "attelage" qui "suait, soufflait, était rendu" (Le Coche et la mouche VII, 7). Il attire notre respect car on le voit lutter :"tâchait de", "effort".

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-V2 Comparaison entre la lourdeur du fagot et des ans : le poids de l’âge.

Mais c'est un vieil homme écrasé par les ans. Le poids des ans s'ajoute à celui du fagot. On en est que plus sensible à ses "gémissements".

A la pauvreté et à la souffrance physique s'ajoute le sombre accueil d'une "chaumine enfumée", c'est-à-dire une chaumière bâtie de bois et de boue, ayant un trou pour cheminée, toute noire de fumée aveuglante. Valeur du choix de ce mot "chaumine"

C) La Fontaine est habile également à ménager la progression du récit

Tout va tendre à rendre vraisemblable l'appel à la mort. - Passage de la tension de l'effort "tâchait de …" à "n'en pouvant plus". Sa volonté estvaincue, il cède.- Chemin faisant sa souffrance physique (effort) s'est grossie de son découragement (douleur) v.5.

- Au v.6, il en vient tout naturellement, après avoir posé son fardeau, à méditer sur son infortune :"son malheur", le mot des grands désespoirs est lâché.= Les réflexions qui vont suivre seront une prise de conscience de son malheur.

- Aux vers 7 et 8, la véhémence des deux questions est à la mesure de son désespoir. Et par une démarche naturelle, le bûcheron va passer en revue les maux qui l'accablent. (deux longs alexandrins).

- V.9, les deux adverbes (chiasme de "quelquefois" et "jamais") marquent une progression tragique.

« Point de pain quelquefois et jamais de repos » 1° réflexion : tant travailler pour n'avoir même pas de quoi manger à sa faim! -L'absence de verbe rend plus sensible encore cette impression de dénuement.

- V.10 et 11 : il n'y a plus ici de pittoresque : chaque mot suffit pour éveiller l'image d'une souffrance. C'est l'effet d'accumulation qui traduit la montée du désespoir.

« Sa femme/, ses enfants/, les soldats/, les impôts, Tétramètre régulier 3/3/3/3Le créancier,/ et la corvée »

-Et le v. 10, avec ses 4 mots de 2 syllabes et le tétramètre régulier, suggère par leurs 4 accents autant de coups assenés sur le pauvre homme.

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-L'octosyllabe du vers 11 couronne cette énumération impitoyable par des évocations plus appuyées (4 + 4) parce que plus odieuses encore.

- V.12 :"lui font d'un malheureux" : retour du thème du malheur cf. v.6.

Conclusion du portrait en situation « la peinture achevée » L’auteur nous montre bien qu’il voulait faire un portrait emblématique.

La Fontaine sait que par cette récapitulation, le malheureux accroît le sentiment deson infortune, ce qui rend vraisemblable le mouvement impulsif qui le porte à "appeler la Mort" (v.13).

Dans la fable d'Esope, ce coup de folie est à peine justifié ; et Boileau semble moins vrai lorsqu'il nous présente un bûcheron qui "souhaite la mort"… pour n'avoir pas à recharger son fardeau.

La condition humaine peinte comme douloureuse et misérable à l’excès (âge, pauvreté, douleur).

II ) L'habileté du narrateur se double de la vérité du récit.

A) Le pittoresque au service de la morale .

La Fontaine rend son personnage d'autant plus vivant et pittoresque qu'il nous fait suivre le détail de sa respiration pendant toute cette scène.

-Dès le vers 2, il nous met en présence d'un homme qui halète sous le fardeau-grand nombre de monosyllabes

-l'allitération en [f] "faix - fagot".

- Le rythme des alexandrins nous permet aussi de suivre le souffle du bûcheron.

-v.3 : inversion et rejet : rupture dans l'énoncé // essoufflement « Gémissant et courbé marchait à pas pesants, »

-v.5 « Enfin,/ n'en pouvant plus d'effort et de douleur/ »,"Enfin", vers coupé après deux syllabes alors que l'on vient d'avoir un long quatrièmevers.

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Dernier halètement avant de déposer le fagot ; fin du vers : longue expiration : il abandonne.

-v.6 « Il met bas son fagot,// il songe à son malheur. »=Vers coupé en deux de façon très nette. = Une longue détente respiratoire sépare les deux hémistiches. = Même structure grammaticale : il + verbe + complément. Détente qui suit l'extrême tension physique…

Mais au v.7 long soupir d'épuisement. Question posée en un seul souffle.« Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? »

- v8 : « En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?v.8 idem : unique soupir pour tout le vers.

-v9/11 : « Point de pain quelquefois, et jamais de repos. Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,Le créancier, et la corvée »

Au v.9 et surtout aux vers 10 et 11, l'effroi que lui inspire la vision de chacune de ses souffrances secoue à nouveau sa respiration. ici l'effort physique qui le fait haleter.

- v12 « Lui font d'un malheureux la peinture achevée.»v.12 il reprend son souffle , long vers.

- v13 : « Il appelle la mort, elle vient sans tarder, »

14Lui demande ce qu'il faut faire

- Le 1er hémistiche du v.13 n'est qu'un CRI, phrase rapide.

-v.15 « C'est, dit-il, afin de m'aider »- rythme hâtif mais d'abord il ne sait que répondre.

La Fontaine lui laisse le temps de reprendre son sang froid, par l'incise "dit-il" (1 + 2+ 5 + 6). Le prétexte trouvé est vite lancé.

B) Le pittoresque des gestes.

Pittoresque de l'apparition monstrueuse du 1° vers : "tout couvert de ramée".

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= Image pour le moins singulière autour de laquelle tous les détails viendront par la suite se composer pour camper dans son cadre la condition pitoyable du "pauvre bûcheron".

Vers.2 et 3 et 4 = lourdeur de sa marche pénible suggérée par - Sous le faix/ du fagot /aussi bien/ que des ans 3+3+3+3

Gémissant/ et courbé /marchait/ à pas/ pesants, 3+3+2+2+2Et tâchait/ de gagner/ sa chaumine/ enfumée. » 3+3+3+3

- la longueur de la 1° phrase = 4 vers.- L'inversion- Le rythme très marqué des alexandrins : v2 : monosyllabes : 3+3+3+3 / v.3 :

3+3+2+2+2 : rupture / v.4 : 3+3+3+3 : effort continu- Allitération "marchait à pas pesants" (2+2+2)

= Misère physique du vieil homme : poids du "fagot", poids des "ans".

- v.3 notations auditives et visuelles des termes du rejet .

- v.4 Démarche rendue maladroite par la tension de l'effort et l'épuisement du bûcheron. Tension : reprise du rythme 3+3+3+3 après 2+2+2. "tâchait de gagner" -"tâchait" valeur dramatique ; "gagner" sens du verbe.- Valeur évocatrice des mots "chaumine en fumée" : derniers éléments du décor, tout en précisant l'éclairage.

v.6 "il met bas son fagot" : précision descriptive du geste, de l'expression - passage de l'imparfait au présent.

B) Réalisme historique.

v.9 "Point de pain quelquefois" = 15 famines sous Louis XIV de 1660 à 1715.

v.10 "Sa femme, ses enfants" : tableau de misère

"les soldats" : troupes ravageant la campagne (cf. le Jardinier et son seigneur), logeant chez le paysan, notamment quand il ne paie pas ses impôts, ils avaient le droit d'exiger la nourriture.

= Au XVIIe siècle, les armées qui voyagent vivent de rapines. Les autorités logent les soldats chez les habitants pour briser les révotes.

"les impôts" mis en valeur en fin de vers, car les impôts (la taille au roi, la dîme au curé, les redevances au seigneur) écrasent toute la vie du bûcheron.LA La mort et le bûcheron page 6 /10

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"le créancier", = auquel on ne peut échapper, puisqu'on est obligé d'emprunter pour payer les impôts, cercle vicieux.

"la corvée" : droit seigneurial d'autant plus révoltant que c'est un travail dû au seigneur et pour lequel on n'est pas payé : il faut pourtant manger !

La Fontaine "n'a pas pris pour héros, comme Phèdre ou Esope (cf textes), des êtresabstraits qui ne sont d'aucun temps et d'aucun lieu, sortes de porte-voix chargés de publier une morale. Il a été de son temps, il a peint les hommes qui l'entouraient tels qu'ils étaient." (Taine, La Fontaine et ses fables, p.1568)

III° Une éthopée à valeur morale

Ethopée = Récit qui consiste à peindre des personnages et en même temps leurs mœurs et leurs passions.

A) Le fabuliste met ici l'accent sur la complaisance avec laquelle l'homme, tout homme, s'attendrit sur son malheur.

La méditation de cet homme en détresse qui en vient à appeler la Mort a la valeur d'un document humain.

Il s’agit d’une véritable éthopée.

- v.7 « Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? »-"quel plaisir" : exagération injuste d'une âme simple toute livrée aux impressions du moment : il oublie les plaisirs que, comme tout homme, il a pu goûter dans son existence.-"Depuis qu'il est", ce n'est pas lui qui a demandé à vivre.

- v.8 "En est-il un plus pauvre…" même exagération-le comparatif "plus pauvre" prend par son emploi une valeur superlative. = La comparaison avec d'autres détresses console souvent les malheureux. Ici le désespoir du bûcheron est tel qu'il ne peut croire qu'un autre homme soit plus pauvre que lui - "en la machine ronde". Cette expression populaire convient dans une réflexion simple, née des circonstances et sans prétention philosophique.= Périphrase pour évoquer la terre- Aux v.10 et 11 Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,

Le créancier, et la corvée »Ce sont des visions qui traversent l'esprit du malheureux comme il arrive, dit-on, à l'heure de la mort.

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Cependant, le songe du bûcheron est un mensonge (cohérent avec le reste des Fables) Il se caractérise par le recours à qq procédés qui transforment la réalité.-Interrogation rhétorique « En est-il de plus pauvre… »-Périphrase globalisante « en la machine ronde »-Accumulation des 6 substantifs « Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, / Le créancier, et la corvée »

Le perso est devenu, par l’effet de son art verbal, l’archétype du malheur sur terre

B) La réaction du malheureux devant la Mort

Cette réaction manifeste une grande vérité humaine.- Au v.13 "il appelle la Mort" : en fait ce cri spontané, irréfléchi, n'attendait pas de réponse. Il ne pense pas vraiment ce qu'il dit.

La Fontaine manie alors l'humour noir pour rendre plus évidents encore les véritables souhaits de l'homme.-v. 13, 2° hémistiche = intervention du merveilleux. La Mort personnifiée, apparaît comme si cela était la chose plus normale du monde. La rapidité du rythme correspondà la légèreté de l'apparition(2° idée sous-jacente : toujours prête à saisir les mortels, la Mort accourt au 1° appel,sans se faire prier Boileau (:"cent fois il l'appelle")

- v.13 même nombre de syllabes dans les deux hémistiches : la Mort a mis le même temps pour venir que le bûcheron pour l'appeler.

v.14 "Lui demande ce qu'il faut faire" La Mort semble se jouer de lui dans sa question,car enfin, que peut-elle faire d'autre que de l'emmener ?

Cette intervention du merveilleux permet de mieux deviner la terreur de l'homme dont le vœu a été exaucé au-delà de toute espérance. Il est mis au pied du mur, il ne s'agit plus de mots, de plaintes.On va pouvoir se rendre compte jusqu'à quel point son désir de mourir était vrai, réel.

- La réponse de l'homme est sur un rythme hâtif, car il a peur mais il ne sait pas bien encore ce qu'il va dire. Il lui faut inventer un motif plausible à son appel au secours. L'instinct de conservation le rend ingénieux et il trouve tout à coup le prétexte du fagot à terre, qui ne trompe personne. Comme s'il ne voyait pas l'aberration de demander à la Mort … un acte de vie.

"Tu ne tarderas guère" reprend le même terme qu'au vers 13 ; qu'elle parte aussi vite qu'elle est venue ! obséquiosité de l'homme qui veut apaiser le courroux de la

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Mort qu'il a dérangée inutilement ; surtout hâte de la voir disparaître.

Chute de la fable = le bûcheron a des pouvoirs (pouvoir de faire apparaître et disparaître la mort)Mais en même temps il a ces pouvoirs que POUR AUTANT qu’il assume pleinement sa condition, càd accepte la vie misérable qui est la sienne !

C) La vérité humaine de la morale.

17 Le trépas vient tout guérir ;18 Mais ne bougeons d'où nous sommes.19 Plutôt souffrir que mourir,20 C'est la devise des hommes.

Les quatre derniers vers : -C’est la morale ou moralité de la fable, -un quatrain d’heptamètres sur le mode du discours. -Présent de vérité générale et de l’énonciation.

Nous englobant l’auteur et le lecteur. Sonnant comme un aphorisme du fait des paronymies et de l’utilisation du mot « devise ». Une vision assez janséniste (La Fontaine l’était) de la condition humaine selon laquelle vivre ici-bas, c’est souffrir.

Ce n'est ici qu'une constatation. Elle tire les enseignements de l'anecdote. Le vocabulaire est grave : "trépas… souffrir… mourir".

Mais ici encore La Fontaine utilise l'humour. Contraste établi entre la vérité banaledu v.17 phrase affirmative dont la Mort est sujet. Et la pirouette du v.18 qui sert à définir la sagesse humaine.

-Impératif : ton familier du conseil pressant (la Mort, le trépas n'est plus sujet ! L'homme qui s'est peut-être laissé aller un moment, reprend les affaires en mains).

Même le rythme a changé, l'homme s'est ressaisi. - Rythme impair (4 vers de 7 syllabes) qui confère ici à l'expression épigrammatique

(épigramme : trait mordant, satirique) une plus grande fermeté ; qui s'oppose à l'abandon du bûcheron dans les vers précédents.

- -Passage à des rimes croisées comme dans les vers où le bûcheron prend peur.Cette morale rapide et ironique formule la "devise des hommes" comme une maxime deLa Rochefoucauld.

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Ce savoir acquis permet au poète une assomption de la condition humaine, càd une sorte de montée au ciel, d’éloge absolu de cette CH (La Fontaine janséniste)

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