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FLASH-INFORMATIONS La prévention par l’alimentation des caries dentaires E. Moulis, M.-C. Goldsmith Service d’odontologie pédiatrique, UFR d’odontologie de Montpellier, France Si les patients sont conscients que le sucre est l’ennemi des dents, ils ignorent bien souvent les comportements cariogènes tels le grignotage, l’usage fréquent de boissons sucrées ou la prise d’un biberon de lait nocturne pour les plus jeunes. Connaître les comportements à risques en fonction de l’âge des patients et savoir donner des conseils, à la fois adaptés au risque individuel et faciles à suivre par les familles, doivent être les objectifs pour lutter efficacement contre la maladie ca- rieuse. En 2003, l’amélioration de la qualité de vie et de l’état de santé des populations est bien l’un des objectifs principaux du ministère délégué à la santé. En ce sens, une alimentation variée et équi- librée et un minimum d’activité physique sont des facteurs de protection contre différentes maladies telles le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète ou l’hypercholestérolémie. La santé buccodentaire fait partie intégrante de la santé, et parmi les étiologies de la carie den- taire, le facteur alimentation est également pri- mordial. Or, face à la recrudescence des cas de polycaries, tous les partenaires de santé publique et en particulier le pharmacien, ont un rôle à jouer. La carie dentaire : une maladie mais pas une fatalité ! La carie est un processus infectieux d’étiologie multifactorielle qui résulte de l’adhésion à la sur- face de l’émail des dents, de bactéries cariogènes appartenant à la flore buccale normale (Streptoco- coccus mutans, lactobacilles). Les quatre facteurs étiologiques de la carie dentaire sont donc aujourd’hui clairement identifiés et comprennent ; l’hôte (la dent, la salive), les bactéries cariogènes, l’alimentation et le temps ; le facteur alimentaire et en particulier la consommation de glucides étant un facteur de risque déterminant pour le dévelop- pement de la maladie carieuse. Comment se forment les caries ? Dans la bouche, en moins de cinq minutes, les bactéries cariogènes transforment les glucides fer- mentescibles apportés par l’alimentation, en aci- des responsables d’une baisse du pH de la salive et de la plaque dentaire. Ces acides déminéralisent les surfaces dentaires et initient les lésions carieu- ses. Cette acidité salivaire détermine ainsi une zone à risque carieux. Dans un second temps, en 40 minutes, la salive par son pouvoir tampon (bicarbonates, phospha- tes…) corrige cette acidité et favorise la reminéra- lisation des lésions carieuses initiales, en ramenant le pH salivaire dans une zone sans risque carieux. Les glucides cariogènes : attention aux sucres cachés ! Parmi les aliments, seuls les glucides fermentesci- bles par les bactéries cariogènes sont capables d’induire une diminution du pH de la plaque den- taire et d’être à l’origine du processus carieux. Or ces glucides sont très nombreux dans l’alimentation moderne et souvent cachés ! Ainsi, le saccharose et le glucose largement utilisés, mais aussi le lactose du lait, le fructose des fruits ou l’amidon des céréa- les peuvent être tout aussi cariogènes. De plus, les bactéries cariogènes vont proliférer d’autant plus Adresse e-mail : [email protected] (C. Romain). Journal de pédiatrie et de puériculture 17 (2004) 120–124 www.elsevier.com/locate/pedpue doi: 10.1016/10.1016/j.jpp.2003.11.005

La prévention par l'alimentation des caries dentaires

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FLASH-INFORMATIONS

La prévention par l’alimentation des cariesdentaires

E. Moulis, M.-C. GoldsmithService d’odontologie pédiatrique, UFR d’odontologie de Montpellier, France

Si les patients sont conscients que le sucre estl’ennemi des dents, ils ignorent bien souvent lescomportements cariogènes tels le grignotage,l’usage fréquent de boissons sucrées ou la prised’un biberon de lait nocturne pour les plus jeunes.Connaître les comportements à risques en fonctionde l’âge des patients et savoir donner des conseils,à la fois adaptés au risque individuel et faciles àsuivre par les familles, doivent être les objectifspour lutter efficacement contre la maladie ca-rieuse.En 2003, l’amélioration de la qualité de vie et de

l’état de santé des populations est bien l’un desobjectifs principaux du ministère délégué à lasanté. En ce sens, une alimentation variée et équi-librée et un minimum d’activité physique sont desfacteurs de protection contre différentes maladiestelles le cancer, les maladies cardiovasculaires,l’obésité, le diabète ou l’hypercholestérolémie.La santé buccodentaire fait partie intégrante de

la santé, et parmi les étiologies de la carie den-taire, le facteur alimentation est également pri-mordial. Or, face à la recrudescence des cas depolycaries, tous les partenaires de santé publiqueet en particulier le pharmacien, ont un rôle à jouer.

La carie dentaire : une maladie mais pasune fatalité !

La carie est un processus infectieux d’étiologiemultifactorielle qui résulte de l’adhésion à la sur-face de l’émail des dents, de bactéries cariogènesappartenant à la flore buccale normale (Streptoco-coccus mutans, lactobacilles). Les quatre facteurs

étiologiques de la carie dentaire sont doncaujourd’hui clairement identifiés et comprennent ;l’hôte (la dent, la salive), les bactéries cariogènes,l’alimentation et le temps ; le facteur alimentaireet en particulier la consommation de glucides étantun facteur de risque déterminant pour le dévelop-pement de la maladie carieuse.

Comment se forment les caries ?

Dans la bouche, en moins de cinq minutes, lesbactéries cariogènes transforment les glucides fer-mentescibles apportés par l’alimentation, en aci-des responsables d’une baisse du pH de la salive etde la plaque dentaire. Ces acides déminéralisentles surfaces dentaires et initient les lésions carieu-ses. Cette acidité salivaire détermine ainsi unezone à risque carieux.Dans un second temps, en 40 minutes, la salive

par son pouvoir tampon (bicarbonates, phospha-tes…) corrige cette acidité et favorise la reminéra-lisation des lésions carieuses initiales, en ramenantle pH salivaire dans une zone sans risque carieux.

Les glucides cariogènes : attention auxsucres cachés !

Parmi les aliments, seuls les glucides fermentesci-bles par les bactéries cariogènes sont capablesd’induire une diminution du pH de la plaque den-taire et d’être à l’origine du processus carieux. Orces glucides sont très nombreux dans l’alimentationmoderne et souvent cachés ! Ainsi, le saccharose etle glucose largement utilisés, mais aussi le lactosedu lait, le fructose des fruits ou l’amidon des céréa-les peuvent être tout aussi cariogènes. De plus, lesbactéries cariogènes vont proliférer d’autant plusAdresse e-mail : [email protected] (C. Romain).

Journal de pédiatrie et de puériculture 17 (2004) 120–124

www.elsevier.com/locate/pedpue

doi: 10.1016/10.1016/j.jpp.2003.11.005

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que l’hygiène est mauvaise et que ces bactériestrouvent dans l’alimentation le substrat nécessaireà leur métabolisme : les glucides.Le potentiel cariogène d’un aliment est donc

défini comme étant sa faculté à favoriser le déve-loppement des caries par production d’acides, il estlié à plusieurs facteurs :

• la nature chimique de l’aliment :C sa concentration en glucides : une concen-tration très faible en sucre de 10 % suffit àamener une baisse de pH de la plaque bacté-rienne en-dessous du seuil critique de 5,5 età créer des conditions cariogènes ;

C le type de glucides ;C le saccharose très cariogène : gâteaux,confiseries, céréales, sucre de table ;

C le glucose également très cariogène : confi-series, miel, boissons sucrées, fruits, jus defruits, ketchup ;

C le fructose : fruits, miel ;C le lactose : lait ;C l’amidon : polysaccharides (plusieurs centai-nes d’oses) : pain, pâtes, céréales, riz, pom-mes de terre (chips) en plus de leur pouvoiracidogène, ils adhèrent très fortement auxsurfaces dentaires ;

C son acidité propre : citron, soda (mêmelight !) ;

• les associations avec d’autres constituantspeuvent modifier la cariogénicité du sucre. Parexemple, les tanins du cacao, en inhibant lemétabolisme des bactéries, ont un effet ca-riostatique. Les lipides diminuent la rétentiondes aliments sur les surfaces dentaires, de plusils exercent un pouvoir tampon sur le pH buc-cal, ces deux propriétés diminuent le pouvoircariogène des aliments sucrés consommés si-multanément, ainsi, la tartine pain beurreconfiture est moins cariogène que celle d’unepâte à tartiner ;

• l’ordre d’ingestion des aliments au cours d’unrepas a une grande importance, le fromageconsommé après un dessert sucré permet dediminuer la production d’acide, et les protéi-nes (caséine) se lient à l’émail et diminuentainsi sa déminéralisation ;

• la nature physique de l’aliment : la naturephysique de l’aliment conditionne sa rétenti-vité aux surfaces dentaires et son temps derétention en bouche. Plus ce temps est long etplus il y aura production d’acides par les bac-téries. Les caractéristiques physiques sont laviscosité, la solubilité et la texture. Il ne fautpas confondre ce qui colle au doigt et ce quireste longtemps en bouche ; par exemple uncaramel sera plus vite dissout que des fruits

secs ou du pain. Enfin les aliments durs etfibreux stimulent le flux salivaire et ainsil’autonettoyage de la cavité buccale.

Les comportements alimentairesfavorisant les caries

La fréquence des prises quotidiennes

Plus encore que la quantité de sucre ingérée, lafréquence des prises quotidiennes est responsabledu développement du processus carieux. En effet,après l’ingestion de glucides, la remontée du pHvers des zones propices aux reminéralisations,grâce aux bicarbonates salivaires, est beaucoupplus lente que la production d’acidité propice auxcaries, ce qui explique que les grignotages répé-tés, ou l’usage abusif de boissons sucrées entreles repas, maintiennent les dents dans la zone àrisque carieux par une acidification constante. Lessodas type cola apportent une grande quantité desucre, jusqu’à 15 morceaux, et abaissent très for-tement le pH. Les sodas light ne contiennent pas desucres fermentescibles mais sont acides, ce qui lesrends cariogènes, de même, les jus de fruits mêmenaturels sont acides et sucrés.

Le moment de prise des glucides

Il intervient également. En effet, le débit salivaireest très diminué au cour de la nuit, ainsi, lesaliments pris le soir au coucher stagnent dans lacavité buccale et la prise de sucre au coucher estdonc la plus néfaste. Elle doit impérativement êtresuivie d’un brossage minutieux des dents. Deuxexemples d’habitudes particulièrement cariogè-nes.

Le biberon de lait nocturne, même sans chocolatest particulièrement néfaste (lactose), de mêmeun allaitement maternel prolongé au-delà de sixmois et répété trop souvent pendant la nuit.

Les apports énergétiques des sportifs

Les apports énergétiques des sportifs pris sousforme de fruits, de barres aux céréales, de fécu-lents ou de boissons énergétiques sucrées sont par-ticulièrement cariogènes. En effet, le fractionne-ment de ces prises énergétiques entre les repaspermet d’augmenter les performances du sportif,mais sont assimilables à un comportement grigno-teur.

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Comportements alimentaires cariogènes :• le grignotages répétés sucrés ou salés ;• les boissons sucrées absorbées entre les repas ;• l’ingestion de sucres le soir au coucher ;• les prises répétitives de médicaments sucrés ;• les apports énergétiques successifs et répétésdes sportifs.

Les médicaments et leurs excipients

Les médicaments pour enfants (antalgiques, anti-tussifs, antibiotiques…) se présentent le plus sou-vent sous forme de sirops pédiatriques sucrés etsont pris le soir au coucher. Ce type de sirop peut,dans les cas d’utilisation prolongée, être responsa-ble de véritables carie du médicament. De même,les granules homéopathiques ou certaines pastillesà sucer, parfois administrées tout au long de lajournée, contiennent du sucre et peuvent devenircariogènes. Certains laboratoires, ayant déjà prisconscience de cet inconvénient, ont modifié laformule de leurs médicaments dont l’excipient su-cré, le saccharose, a été remplacé par des sucresde substitution non acidogènes, tel le xylitol.Plus encore que les différents partenaires de

santé, le pharmacien est à même, non seulementde choisir des spécialités édulcorées, mais aussi derappeler aux mamans la nécessité d’un brossageavec un dentifrice fluoré après la prise d’un médi-cament sucré, en particulier le soir au moment ducoucher. Enfin, les partenaires de l’équipe offici-nale doivent être vigilants sur les différentes confi-series sucrées vendues en officine et portant desallégations de santé (calcium, fluor…), mais restantcariogènes par leur contenu en sucre.

Le cas particulier des caries précoceschez les très jeunes enfants

Certaines mauvaises habitudes données très tôt parles mamans peuvent être particulièrement nociveset cariogènes, et être à l’origine de polycariesprécoces des dents temporaires autrefois appeléescaries du biberon. Parmi ces pratiques alimentairesinappropriées, la prise d’un biberon à contenulacté ou sucré lors de l’endormissement de l’en-fant est particulièrement répandue. Or les mamansont rarement connaissance du potentiel cariogènedu lait couramment utilisé pour ces biberons noc-turnes. De même, la mise à disposition de l’enfanttout au long de la journée d’un biberon de bois-son sucrée ou de jus de fruits, ou la mise en placeprécoce d’un comportement grignoteur sont des

comportements cariogènes. À côté de ces compor-tements alimentaires, il faut également signalerque la pratique prolongée et mal conduite del’allaitement maternel peut être cariogène. Unebonne pratique de l’allaitement maternel doit par-venir à quatre prises alimentaires dès l’âge desix mois, et éviter un allaitement à la demandeet/ou prolongé au cours de la journée ou de la nuit.Dans ces conditions, l’allaitement maternel mêmeprolongé après six mois, lorsque l’enfant a desdents, n’amène pas à une plus grande incidence decaries précoces.Pour éviter ce type de caries infantiles précoces,

quelques conseils alimentaires simples et accessi-bles doivent être donnés aux mamans afin que lesenfants puissent acquérir de bonnes habitudes dèsle plus jeune âge :

• éviter les biberons lactés ou sucrés aucoucher ;

• habituer les enfants à boire de l’eau ;• éviter les tétines sucrées (miel, pâte àtartiner…) ;

• ne pas nourrir les enfants en dehors des repas ;• ne pas mettre de biberons sucrés à dispositiondes enfants ;

• supprimer le biberon dès que possible et passerau verre ;

• favoriser une alimentation solide et variée dèsque possible.

Une alimentation équilibrée pour desdents protégées

Dans le cadre de la prophylaxie dentaire, les re-commandations diététiques sont donc une part im-portante de la prévention de la maladie carieuse.Mais ces recommandations ne doivent jamais êtrefondées sur la peur ou la culpabilisation. En effet,une attitude répressive, des conseils trop sévèreset des interdictions ne seraient pas suivis. Les dif-férents acteurs de santé doivent informer et sensi-biliser les patients sur le potentiel cariogène desaliments et des mauvaises habitudes alimentairescomme le grignotage. Il s’agit donc moins d’inter-dire que d’apprendre à consommer intelligem-ment, les conseils donnés étant réalistes, applica-bles et compatibles avec une bonne santébuccodentaire :

• ne pas grignoter entre les repas et favoriserune alimentation équilibrée et variée :C au maximum cinq prises alimentaires quoti-diennes, soit trois repas principaux et deuxcollations ;

C respecter les horaires des repas, en effet lemode de vie moderne et la déstructurationdes repas favorise le grignotage ;

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C éviter les aliments trop mous et qui collentaux dents, préférer une alimentation solidequi favorisera l’autonettoyage des dents etde la cavité buccale ;

• préférer l’eau à toutes autres boissons, enparticulier en dehors des repas elles sont par-ticulièrement cariogènes ;

• consommer les glucides de préférence pendantles repas ;

• préférer si possible les sucres de substitutionsnon fermentescibles, en particulier le xylitolqui ne produit pas d’acidité et qui possède uneactivité bactériostatique sur les bactéries ca-riogènes (Streptococcus mutans). De plus,l’utilisation du xylitol sous forme de chewing-gum augmente le flux salivaire ce qui permetd’augmenter la vitesse d’élimination des su-cres sur les surfaces dentaires ;

• conseiller un brossage des dents avec un den-tifrice fluoré après la prise d’aliments ou deboissons sucrés.

En bref : l’ABCD de la santébuccodentaire

L’étiologie de la maladie carieuse étant multifacto-rielle, sa prévention se fera naturellement autourde quatre points capitaux.

A comme alimentation

Le respect de l’équilibre alimentaire et des com-portements non cariogènes est un facteur détermi-nant de prévention de la maladie carieuse, maissera également un élément de prévention de l’ap-parition de pathologies systémiques telles que lediabète ou l’obésité.

B comme brossages

Deux brossages quotidiens minimum, selon unetechnique enseignée par un professionnel et maîtri-sée, sont un facteur essentiel pour la santé bucco-dentaire. Ces brossages sont à effectuer dès l’appa-rition des dents ; chez les plus jeunes enfants(moins de 6 ans) ils doivent être effectués par lesparents pour être réellement efficaces.La brosse à dent doit être souple ou médium et sa

taille adaptée à celle de la bouche, quel que soitl’âge du patient.

C comme contrôles réguliers

Des visites de contrôle régulières et annuelles chezle chirurgien-dentiste seront le garant du maintien

de l’hygiène buccodentaire et des bonnes pratiquesalimentaires par la réalisation d’une véritable en-quête mettant en évidence les habitudes alimen-taires cariogènes. De plus, ces contrôles annuelspermettent un dépistage précoce des lésions ca-rieuses. Pour les enfants, la toute première visitechez un chirurgien-dentiste devrait être réaliséedès les 18 mois de l’enfant.

D comme dentifrice fluoré

L’utilisation quotidienne d’un dentifrice fluoré per-met par un apport topique de renforcer l’émail desdents ; d’une part en réduisant le taux de dissolu-tion de l’émail par les acides bactériens et d’autrepart en favorisant la reminéralisation de la surfacede l’émail. Il existe également des solutions fluo-rées à utiliser en bains de bouche après le brossage,capables d’améliorer encore cette fluoration lo-cale. Cet apport quotidien par voie locale est bienresponsable de l’effet carioprotecteur majeur dufluor.Cependant, chez les enfants, un apport de fluor

par voie systémique peut être conseillé par le chi-rurgien-dentiste ; mais ces prescriptions ne sontpas systématiques, elles doivent être personnali-sées et adaptées au risque carieux individuel et àl’âge de l’enfant. Ces prescriptions doivent êtreprécédées par un bilan fluoré afin de respecter leprincipe d’une seule et unique voie d’apport defluor par voie générale et d’éviter ainsi les surdo-sages responsables de fluoroses.

Conclusion

En conclusion, plus encore que les soins des dentscariées effectués par le chirurgien-dentiste, le trai-tement de la maladie carieuse elle-même apparaîtcomme primordial à l’aube du troisième millénaire.En effet, une prévention efficace de la maladiecarieuse doit intervenir en amont, avant mêmel’apparition des caries. Or, la gestion des compor-tements alimentaires est dans ce contexte un élé-ment essentiel permettant d’abaisser le risque ca-rieux. Parmi tous les partenaires de santé publique,les pharmaciens, en recevant les jeunes mamans etles femmes enceintes, doivent être à même d’éva-luer les comportements alimentaires cariogènes defaçon précoce et de donner les principales règles debonnes pratiques alimentaires.Enfin, la responsabilisation des patients dans le

développement de la maladie carieuse ne sauraitêtre écartée, elle permet leur implication, leuradhésion aux méthodes de prévention, qui, seules,seront garantes du maintien de leur santé dentaire.

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